Somebody help us ? Or not... (FT. Archie)

Cela faisait bien quelques semaines que William n'avait pas recroisé Archie. Il en avait déduit que le sportif avait finalement réussi à arranger la situation avec son petit ami, Owen. Il aurait du être content pour lui, mais en vérité, c'était tout l'inverse. Il avait clairement les boules que ça se soit arrangé entre eux, parce que du coup, il pouvait tirer une croix de façon définitive sur leur relation. Alors ces derniers temps, William se montrait particulièrement infect avec tout le monde, à commencer par ses plans culs, qu'il multipliait. Hommes, femmes, il ne comptait plus vraiment le nombre de conquêtes éphémères qu'il effectuait. Il tâchait de s'envoyer en l'air au moins une fois par jour, pour évacuer sa frustration et sa colère. Parce que Richter s'en voulait d'avoir été sensible au point d'imaginer qu'avec Archie, ça pouvait fonctionner. Il s'en voulait d'avoir tous ces sentiments... de sentir son coeur brisé. Difficile de se remettre en question quand on s'appelle William. Alors du coup, c'était les autres qui morflaient. Avec les hommes, il se montrait particulièrement plus mauvais qu'avec les femmes. Dernièrement, il était sorti avec un jeune étudiant de vingt ans. Will l'avait pourri peu après leur ébat, en appuyant là où ça faisait mal : sur le physique, là en l'occurence sur la virilité. "Pas le temps de chercher son vermicelle", lui avait-il jeté au visage. Et forcément, il avait fini la nuit tout seul. C'était clairement ce qu'il recherchait. William ne voulait non plus entendre parler de crosse... Il n'allait plus aux entrainements. Il avait coupé les ponts, comme Archie l'avait proposé ce fameux jour où ils avaient enterré Dick. Si quelqu'un avait le malheur de parler de ce sport, William se mettait en mode bulldozer et massacrait tout sur son passage, rien qu'avec des mots acerbes et cassants. Non, clairement, on ne pouvait pas dire qu'il respirait la joie. Avec les femmes, il se faisait moins cruel, plus doux même, conscient que celles que l'on classait dans le sexe faible, n'y étaient pour rien si les mecs étaient de vrais connards. Encore que, dans le cas d'Archie, c'était lui qui s'imaginait des choses...

Ce soir, il avait donné rendez-vous à Jordan, une jeune femme très mignonne qui étudiait la littérature et avait pour projet de faire journaliste. Pour profiter un peu de l'été indien qui durait sur Los Angeles, ils se donnèrent rendez-vous dans un bar-terrasse, culminant en haut d'un grand immeuble, avec vue imprenable sur l'océan pacifique. L'endroit était encore assez fréquenté. William et Jordan se posèrent au bar et commandèrent respectivement un Gin Tonic et un Bloody Mary. Le feeling passait plutôt bien. Rapidement, Richter découvrit que son rencard n'était pas farouche. En même temps, il veillait toujours à ce que le profil corresponde, avant de se rencontrer physiquement. Il était évident qu'il y avait une certaine attraction entre eux. Le désir monta davantage à mesure qu'ils enchainaient les verres. Ils remarquèrent qu'un coin de la terrasse était inoccupé. Ils se levèrent pour s'y rendre. L'endroit était parfait pour avoir un peu de tranquilité, peu visible de l'intérieur et assez bien isolé du reste de la terrasse. William n'avait pas regardé dans la salle s'il connaissait quelqu'un. Dans l'immédiat, il s'en foutait pas mal. Alors qu'ils s'installèrent côte à côte sur un transat, William se cala contre le dos de Jordan. Et là, les choses s'enchainèrent. Après quelques minutes, les deux se retrouvèrent complètement à poil. Heureusement qu'ils pouvaient compter sur les plantes vertes et la pénombre pour masquer un peu leur nudité. Par contre, pour ce qui est du son, il n'y avait pas grand chose pour rendre tout ça plus discret. Les couinements du transat se mélèrent aux râles étouffés et aux morceaux de musique qui venaient de l'intérieur. Quand leur partie de jambes en l'air fut terminée, William resta allongé sur le transat, pour reprendre un peu contenance. Ils se rhabillèrent. Jordan lui indiqua qu'elle devait se rendre aux toilettes. Quand elle fut partie, il se rhabilla et se dirigea vers l'ascenseur et la sortie. Ok, ça n'était pas très gentil, mais mieux valait qu'ils se quittent comme ça, de toute façon, William avait bien précisé que ce serait juste le temps d'un soir. Il n'avait pas fait attention que sa braguette était ouverte. Il sortit son téléphone.

Au moment où les portes allaient se refermer, quelqu'un entra. Sur le moment il ne le regarda pas. Une fois les portes fermées, il vit Archie. Que foutait-il ici ? Il semblait éviter son regard. William avait de tout façon décidé de jouer au con. Il alluma une cigarette et d'une voix glaciale, il dit :

- On se connait, je crois... Richie c'est ça ?

En vérité, il savait bien comment il s'appelait. Mais en se trompant de prénom, William savourait une forme de vengeance... oh oui, il jubilait à l'idée de lui envoyer une pique. Et en matière de revanche, il ne manquait jamais d'imagination. La lumière au plafond grésilla et l'ascenseur s'arrêta d'un coup. Le cadran était totalement sombre lui aussi ce qui plongeait l'habitacle dans le noir total. La seule lueur était la clope de William, sans doute responsable de ce qui se produisait, puisque l'appareil s'était visiblement mis en sécurité. La commande d'appel ne fonctionnait pas, malgré les appuis répétés de Richter, qui pesta :

- Génial... y'a plus qu'à attendre que des gens s'aperçoivent que l'ascenseur ne fonctionne pas.

Et il riva les yeux sur son écran de téléphone. Sans vraiment cacher ce qu'il faisait, il parcourait les applications de rencontre, faisant défiler mecs et nanas comme s'il changeait de chemise. Et pour Archie ? Il ne lui destinait que du mépris... seulement cette situation risquait bien de ne pas durer, au vu des longs instants d'attente qui s'annonçaient.

En temps normal, William aurait appliqué sa méthode préférée : le mépris et l'ignorance. C'était comme ça qu'il s'y prenait avec les gens pour lesquels il n'avait que peu d'intérêt. Seulement, voilà, Archie n'était pas n'importe qui, en dépit de tout ce dont il tentait de se persuader depuis des semaines. Et voilà qu'il se retrouvait confronté à la réalité des choses, sans s'y être préparé ou attendu. Oui, il éprouvait des sentiments pour le sportif et son silence l'avait blessé, c'était une évidence. Aujourd'hui, il ressentait une profonde entaille dans son égo démesuré mais pas que... il était en colère, fou de rage après cet homme dont il s'était épris. Il avait pourtant toujours su qu'avec Owen, il avait un concurrent sérieux. Et en plus il détestait perdre. Du coup, ça le rendait irascible ! Alors non, Richter, dans cet ascenseur, n'avait plus rien de sympathique et de cordial. Il était froid, glacial même. Et manque de bol, ils se retrouvaient coincés dans un endroit clos, sans possibilité de sortir pour l'instant... enculé de destin ! Levant les yeux de son téléphone, il décocha à Archie un regard assassin, que son interlocuteur put voir grâce à la lueur de son écran. Ce qui le révoltait, ça n'était pas qu'il fasse comme si de rien n'était, mais qu'il se surprenne à être touché par son attitude. Dans sa tête, la rancune demeurait trop présente pour qu'il consente à tourner la page. Cinglant, il rétorqua :

- La gueule ? Moi ??? Non ! Pourquoi je ferais la gueule ? Ce serait absurde, non ?! Oh mais attends, laisse-moi deviner... parce que je me retrouve dans le même ascenseur qu'un connard qui m'a ignoré du jour au lendemain ? Oh, ouais, ça doit sans doute être ça, qu'est-ce que t'en penses Captaine Obvious ? Enfin, si t'as pas laissé tes neurones au vestiaire...

On pouvait lui reprocher tout un tas de choses, mais William avait pour habitude de parler franchement et de cartonner les autres avec une attitude implacable. Et il fallait le dire, un certain talent. Avec son caractère bien trempé, il envoyait des missiles nucléaires sur ses cibles, et en général, non seulement il visait juste mais il laissait peu de chances à ses interlocuteurs de survivre. Il méritait bien son surnom de WOR. En fait, mieux valait l'avoir dans ses amis qu'en ennemi. Parce que William ne se privait de rien, ni des piques, ni de la cruauté, qu'il pouvait manier à la perfection. Tandis qu'Archie se souciait des notifications, le blond leva les yeux au ciel. Là encore, avec la lueur de son écran, impossible de passer à coté :

- Dis donc, deux trucs intelligents que t'arrives à dire dans la même minute, bravo ! Fais gaffe à la crise d'épilepsie !

Ah ça, William lui en mettait plein la gueule. Son attitude était à la hauteur de la souffrance sentimentale qu'il avait ressenti. Il espérait bien qu'Archie réplique, parce que maintenant qu'il le savait dans le même endroit, il n'avait qu'une envie, en découdre, se défouler. Qui aime bien châtie bien, disait-on ! Il tira sur sa cigarette en laissant échapper un nuage de fumée odorante. Que Lewis soit gêné par ça ? Il s'en moquait complètement ! Au contraire, si en prime il pouvait le faire suffoquer, alors il n'allait pas s'en priver.

- Qu'est-ce que ça peut te foutre que ça soit les notifs de The Chart ? J'ai des comptes à te rendre maintenant ?

Ne parvenant plus à se concentrer sur son appli, il enchaina, sur un ton cassant :

- Donc c'est tout ce que tu trouves à dire ? T'as même pas eu les couilles de me dire que tu ne voulais plus qu'on se voie ou qu'on se parle. En fait, t'es qu'un gros lâche... alors tu sais quoi, laisse-moi avoir des couilles pour toi. Va te faire foutre, j'ai plus rien à te dire !

- Mes conseils ? Je t'ai conseillé de parler à Owen, de te foutre un coup de pied au cul pour que tu choisisses... pas de couper les ponts... Je sais pas, on aurait pu rester en contact... Ou tu aurais pu simplement me dire ça à ce moment là, plutôt que me traiter comme une merde. Je ne te reproche pas d'avoir parlé à Owen, mais d'avoir fait comme si je n'existais plus, du jour au lendemain. J'avais cru comprendre qu'on était quand même amis. Faut croire que je me suis trompé.

William était piqué au vif. Il sentait la colère en lui, nourrie par le fait que Lewis le qualifie de dangereux. Et qu'il n'ait pas eu la franchise de le lui dire. S'il détestait bien un truc, c'était les faux-culs ! Ça le touchait d'autant plus qu'Archie était le premier mec envers lequel il s'était ouvert, lui qui d'ordinaire, s'enfermait sous son épaisse carapace pour broyer les autres sans leur laisser la possibilité de riposter. D'un côté, c'était risqué. Il se brûlait finalement les ailes. Mais il y avait quand même eu un espoir pour que, quelque part, sa démarche soit payante. Les sentiments qu'il éprouvait pour Lewis, ils étaient forts, bien plus que pour les autres. Et il ne voyait pas trop comment il pouvait ressentir la même chose pour quelqu'un. Lui, il avait un truc qui le distinguait. Un trait de sa personnalité, une aura. Aux yeux de l'interne, ça comptait beaucoup. Aujourd'hui, il était blessé de s'être autant dévoilé, et d'avoir été traité de la sorte par le sportif. Ça dépassait la jalousie, ça apportait le tourment dans son esprit. Cinglant, Richter rétorqua :

- Il ne se passera rien entre nous. Il ne se serait rien passé entre nous, tant que tu étais avec Owen. Je te l'ai déjà dit et répété. J'ai probablement pas du parler la même langue. Mais ravi de savoir que tu m'as blacklisté. Ca fait plaisir, vraiment ! Tout comme d'apprendre que je suis dangereux ! Tu aurais du demander un mandat judiciaire m'interdisant de t'approcher à moins d'un kilomètre... voire m'imposant de déménager dans un autre pays ! Sait-on jamais, des fois que... Enfin, tu sais ce que je pense ? Que tu ne TE fais pas confiance. Tu essaies de montrer le contraire, mais au fond, TU te chies dessus parce que TU ne sais pas si tu es fiable ou non. Il se serait passé quoi si j'avais accepté qu'on couche ensemble ? On aurait baisé, une fois, trente fois, plus peut-être, dans le dos d'Owen... Parce que tu serais pas allé le voir pour lui en parler. Tu as peur de toi-même. Mais ne viens pas me désigner comme dangereux, parce que personnellement je n'étais pas le type prêt à tromper son mec dans l'histoire.

L'ambiance s'avérait plutôt délétère. Et la dernière phrase d'Archie n'aida pas vraiment à calmer le jeu. Sa tentative de renverser la table se heurta de plein fouet à l'amertume de l'interne. Celui-ci voyait le coup venir à des kilomètres. C'était une tactique basse, dégueulasse, même, pour lui. Lewis sous-entendait des choses pour oublier que dans cette histoire, l'attraction ne venait pas que d'un seul côté. William laissa échapper un ricanement narquois.

- Je t'ai dit ce que j'en pensais. Va te faire foutre. Oh et si tu veux aller plus loin dans la réflexion, j'en pense que t'es un sacré connard.

Étrangement ça lui coûtait de lui dire ça, parce que il ressentait toujours quelque chose pour lui. Archie n'avait jamais vraiment vu William piqué au vif de la sorte. C'était la première fois que l'interne le désignait comme cible de sa colère et de sa rage. La réaction était à la hauteur des sentiments. Il ajouta, désabusé :

- Ce qui me met le plus en colère dans cette histoire c'est que j'ai fait un truc que je fais jamais d'habitude avec quelqu'un. J'ai été sincère et entier, je t'ai pas fait de coup de pute, je crois même que je t'ai rendu service. Je l'ai pas fait dans le but de te sauter, si ça avait été le cas, j'y serais allé comme avec tous les autres, et une fois vidé, je t'aurais laissé avec ta conscience, bien dans la merde. Bref, s'il y a quelque chose que je peux te dire en plus, c'est merci. Parce que maintenant, grâce à toi, je suis bien vacciné. C'est pas demain la veille qu'on m'y reprendra à avoir de l'affection pour quelqu'un d'autre. Plus jamais de ma vie je ferais cette connerie.

William avait une voix au fond de lui qui hurlait de toutes ses forces. Il devait rejeter cette main, l'envoyer paître, peut-être même lui coller un marron dans les dents. Mais il n'en fit rien, il n'écouta pas les vociférations de son cerveau, qui vivait cette situation comme un parfait outrage. Il se contenta d'écouter Archie en silence, le visage fermé et dur. Non, il n'avait pas envie de souffrir encore, comme il avait souffert ces derniers jours. Parce que mine de rien, dans cette histoire, oui, il avait cru possible que Lewis quitte Owen, qu'il revienne à son appartement et qu'ils baisent pendant des heures. Parce que la tension sexuelle qui s'était installée entre eux, elle était si intense et phénoménale qu'il ne pouvait y avoir d'autre issue. Eclairés par la lumière du téléphone de l'interne, leurs regards se croisèrent. Il existait une telle intensité, un tel magnétisme que c'était vraiment un miracle de la nature que rien n'ait déjà dégénéré ! Richter tenait bon, il avait une volonté de fer et en dépit du côté facile qu'on pouvait lui attribuer du fait de ses extravagances, il n'en restait pas moins quelqu'un de déterminé et d'entêté. Il avait pris une résolution et il s'y tiendrait. Il finit par lâcher la main de Lewis lorsque celui-ci eut fini de parler.

- C'est dans ma nature, de souffler le chaud et le froid. Je suis comme ça... je pensais que tu l'avais compris. Mais faut croire que non... j'arrive pas à croire que tu aies pu penser que tu n'étais qu'un jouet... tu crois que si j'avais voulu jouer avec toi, je t'aurais encouragé à parler à Owen ? C'est complètement con comme raisonnement, mec ! Des mecs, des nanas, quand je veux me taper quelqu'un, j'en trouve sans problème et je me prends pas la tête à m'intéresser à leurs vies ! On tire un coup, et chacun retourne chez soi ! Toi, c'est différent. Je t'apprécie et moi aussi, je tiens à toi.

Il secoua la tête de gauche à droite, en poursuivant :

- Je ne sais pas où on en est. Je m'attendais à ce que tu recolles les morceaux avec Owen, c'était une possibilité. Ca me déplaisait, mais je ne regrette pas ce que je t'ai dit. Je persiste à croire que c'était le bon choix, que d'aller lui parler et de régler ça une bonne fois pour toutes. Penses-en ce que tu veux, mais j'aurais jamais pu constuire quelque chose avec un mec qui préfère tromper son petit ami plutôt que de lui dire la vérité. Mais je m'imaginais qu'on puisse au moins continuer à se voir et à se parler, comme des amis...

Il soupira. La colère était redescendue pour laisser place au dépit. William ne savait pas trop où cette conversation allait les mener. Il voulait quand même clarifier un point essentiel et il leva le doigt pour stopper Archie qui semblait vouloir reprendre la parole :

- J'ai toujours été sincère avec toi. Oui, tu me plais, oui j'ai bien tenté de te séduire, en espérant ardemment que ça fonctionne. Oui, je t'ai chauffé, j'ai énormément apprécié que tu y sois réactif. Oui, j'ai envie de toi mais ça, tu le sais déjà. Je te l'ai dit, la dernière fois qu'on s'est vus. Et j'ai voulu aussi te préserver, en te poussant à parler Owen. Parce que je ne voulais pas que tu fasses une connerie, qui t'aurait fait avoir des remords et qui t'aurait fait de la peine. Je ne suis pas dupe, je sais que tu l'aimes Owen, qu'il est important pour toi. Je l'envie. Il a la chance d'être ton petit ami. C'est comme ça... Ca sert à rien qu'on se leurre.

William parlait avec une sincérité déconcertante et sans mettre le moindre filtre. Il partait du principe que ça ne servait à rien. Parce que de toute façon, leur situation s'avérait bien plus complexe maintenant. En fait, il aurait mieux valu qu'ils ne se revoient plus jamais. Sauf qu'ils se retrouvaient dans cet ascenseur, face à face... avec aucun moyen de sortir.

- Je n'envisage rien d'autre que de l'amitié tant que tu seras avec Owen. Donc à défaut de te faire confiance, tu peux me faire confiance à moi. Je ne vais pas promettre d'arrêter de t'allumer, parce que voir l'effet que ça te fait, c'est jubilatoire. Je ne vais pas te promettre d'arrêter de te mater non plus, pourquoi je m'en priverais ? Par contre je peux te promettre, que je t'empêcherai de faire un truc que tu peux regretter. La décision t'appartient. Je préfère que tu me dises franchement ce que tu veux faire plutôt que me tourner le dos sans un mot, comme tu l'as fait. Parce que ça m'a blessé, à un point que tu n'imagines pas, Archie...

Ca, c'était dit. William s'exposait mais il en avait gros sur le coeur. Il fallait que ça sorte et il valait mieux que ça soit le cas de manière posée et "calme" plutôt qu'avec rage et violence comme  quelques instants plus tôt. Estimant que le temps des lamentations était terminé, Richter esquissa un sourire mesquin. Et sa pique ne tarda pas à venir, signant le retour de leur "amitié" ? Peut-être... en tout cas, il visa un point qu'il savait faible :

- Puis bon, je veux pas dire, mais depuis que tu me snobes, t'es devenu une vraie brelle sur le terrain. Va falloir qu'on retourne faire un footing pour te remettre en forme. T'as jamais été aussi plein d'énergie qu'en suivant mon cul musclé pendant de bonnes foulées.

- Tu sais ce que j’en pense du « pour vivre heureux, vivons cachés ». Je vais pas rouvrir ce débat. Mais oui, à la différence d’Owen, cette situation ne m’aurait pas du tout convenu. Personnellement, j’aurais été clairement le genre à te mettre une main au cul sur le banc de touche.

William avait déjà expliqué sa position sur ce sujet. Il était contre l’idée de cacher sa nature pour sa carrière. Et le fait qu’Archie admette que cela ne le rendait pas vraiment heureux le confortait clairement dans son opinion initiale. Il pouvait comprendre que le sportif n’en soit pas au même stade de réflexion. Après tout cela relevait du cheminement personnel de chacun. Par contre, s’ils avaient fini ensemble, Richter ne se serait pas privé de le faire savoir à tout le monde. Pour marquer son territoire. Drôle de façon de penser pour quelqu’un qui enchaînait les coups d’un soir. Fun fact : Lewis était le seul pour qui il pouvait se battre. Un signe que cette amitié dont il avait parlé n’était pas vraiment que ça ! Quand Archie reconnut son erreur d’avoir coupé le contact, William apprécia. Bon, dans les faits, avec n’importe qui d’autre, il aurait envoyé chier le mec de façon violente et ferme. Il haussa les épaules, ok, c’était oublié. Par contre, pas question de renoncer aux taquineries, il s’y refusait. Aussi, il répliqua mi-cinglant, mi-amusé :

- Ca fait partie du package, donc va falloir t’y habituer ! Au pire, je peux t’apprendre quelques réparties, vu que bon, c’est pas trop ton fort ça non plus...

Il lui lança un regard brillant, avec une moue amusée. Clairement, il le piquait, parce qu’il aimait ça. La suite, il ne s’y attendait pas vraiment. Et un peu plus, il pensa qu’Archie allait l’embrasser. Drôle de ressenti. Il fut déçu car il avait envie de faire de sentir ses lèvres sur les siennes. Mais également soulagé car il aurait du le repousser pour respecter ses principes. Mine de rien, cette étreinte apportait beaucoup à leur relation. Jusqu’à maintenant, les contacts des deux hommes s’étaient limités à l’entrejambe et aux fesses du sportif. Ils avaient franchi un cap ! Moins sexuel. Enfin... la tension sexuelle restait présente, ils arrivaient juste à la contrôler. Il esquissa un sourire alors qu’ils se détachaient l’un de l’autre.

- Une bromance ? Sérieusement ? Mec, tu t’es cru dans une sitcom ou quoi ? Tu m’as regardé ? Je te rappelle que je t’ai touché la bite un nombre incalculable de fois ! En général, un bro’ fait pas ça ! Ah putain, c’est crade ! T’es vraiment un pervers !

Bon, concrètement, il marquait un point. Leur tandem n’avait rien d’une bromance. Avec un aplomb considérable, William ajouta :

- Bon du coup, puisque tu dois te faire pardonner, tu vas m’inviter. Resto, bar, je te laisse choisir. A ta guise !

Il se contenta d’un clin d’oeil et considérant qu’il n’avait pas le choix, il enchaina sur un autre sujet :

- Et ta cheville ? Elle a l’air d’aller mieux. T’as pas eu d’autres complications depuis la dernière fois ?