You can be a part of my world (Minca#3)

Quand Mika n’était encore qu’un pseudo, Shadow, et que nous discutions sur The Chart j’avais bien évidemment imaginé comment pourrait être notre rencontre. Ça a prit du temps avant d’en arriver là. C’est après un long silence de sa part nous avons finalement franchis le pas et c’était encore bien mieux que ce que j’avais pu imaginer. Le feeling était là, l’attirance aussi, au point d’enchainer deux rendez-vous dans la même journée et finir la soirée nos lèvres scellées. Impatients l’un comme l’autre de passer du temps ensemble, nous nous sommes revus plusieurs fois, développant d’avantage notre complicité, tissant un lien plus fort au fil des rencontres. Nous n’avons rien officialisé, mais il y a déjà longtemps que mon cœur a choisit, avant même notre premier rendez-vous. J’apprécie chaque moment passé en sa compagnie, j’ai l’impression qu’on est un peu dans une petite bulle, la notre. Ce soir c’est un peu différent, invitée à une fête organisée par des amis, j’ai proposé à Mika de m’accompagner. Je suis à la fois impatiente et un peu stressée de lui faire rencontrer mes amis. Il vient me chercher devant chez moi à l’heure prévue, et comme chaque fois qu’il arrive je ne peux empêcher un large sourire d’orner mes lèvres « Timing parfait, je viens juste de descendre. » indiqué-je en prenant le casque qu’il me tend, ça fait plusieurs fois que je le mets, mais il est toujours obligé de m’aider, ce truc ne connaît que son maitre. Arrivés à destination je parviens quand même à me faire obéir pour retirer le casque seule, sous le regard amusé du jeune homme « Je commence à le comprendre. » dis-je avec un petit air satisfait avant de jeter un œil à mon reflet dans le rétroviseur de la moto. Je remets un peu d’ordre dans mes cheveux puis me redresse venant pincer gentiment les côtes de Mika « Te moques pas, tu veux pas arriver au bras d’un épouvantail quand même ? » je dépose un rapide baiser sur ses lèvres et lui prend la main, l’entrainant à ma suite vers l’entrée de l’immeuble où se passe la soirée. « Ça va ? Pas trop stressé à l’idée de te retrouver au milieu de gens que tu ne connais pas ? » demandé-je alors que nous sommes dans l’ascenseur nous menant au bon étage. J’étais un peu tendue, ça s’est dissipé dès son arrivée, il a ce pouvoir de me faire me sentir bien. Je sonne à la porte de l’appartement où se déroule la petite fête, elle s’ouvre sur une de mes amies, Ellie, qui s’empresse de m’offrir une accolade chaleureuse « Ça me fait plaisir que tu sois venue ! » c’est vrai qu’avec mon boulot au restaurant c’est compliqué de me libérer le soir, ou seulement tard. Elle se tourne et sourit au jeune « Et tu es le fameux plus un, Mika, c’est ça ? » pourquoi elle me grille comme ça d’entrée de jeu ? Je lui adresse un regard faussement noir, ça la fait rire.

J’ai eu beau crier haut et fort que je n’étais pas le genre de personne à s’engager, à vouloir vivre une histoire d’amour sérieuse avec quelqu’un, je crois que la vie n’a pas été très d’accord avec moi sur ce point. Parce que dans mon cheminement, elle a glissé dans mon quotidien quelques indices pour trouver Bianca. Au fond de moi, je sais que je fais quelque chose de mal, parce que je ne suis pas celui qu’elle croit, mais je suis incapable de mettre un terme à tout ça. Parce que je suis trop bien avec elle, parce que je ne me suis jamais sentie aussi bien auprès de quelqu’un je dois dire. Alors forcément, je repousse l’instant où il faudra bien lui dire la vérité. Peut-être que j’espère une chose : que les sentiments soient plus forts que le mensonge, et qu’elle me pardonne, qu’elle accepte. Ça me semble pourtant bien impossible, mais je dois me raccrocher à cet espoir si je ne veux pas tout lâcher. Je profite de chaque instant avec elle, ne recule devant rien. Ce soir, Bianca a voulu que je l’accompagne à une soirée chez des amis à elle, c’est un peu stressant, mais ça fait partie du processus. J’ai toujours peur que quelqu’un me reconnaisse, m’ait déjà vu quelque part, au boulot par exemple. La probabilité n’est pas nulle, et ça m’angoisse un peu, mais je ne peux m’en prendre qu’à moi-même après tout. J’arrive en vas de chez Bianca et son sourire égaye déjà ma soirée. Elle grimpe derrière moi et me guide jusqu’à la soirée. Je ris un peu lorsqu’elle réussit à retirer son casque elle-même. « P’tetre qu’il a compris que t’étais pas juste de passage.. » Je sais pas pourquoi je dis ça, quelque chose qui venait du fond du coeur pourtant. La jeune femme remet de l’ordre dans ses cheveux et me demande de ne pas me moquer, ce qui me fait rire. Je lève mes mains prouvant mon innocence et secoue la tête. « Mais j’ai rien dit ! Et puis même en épouvantail t’es magnifique alors… » Charmeuse, comme toujours. Je reçois son baiser et j’y prends plaisir, puis nous avançons vers l’appartement où ses amis nous attendent. La main de Bianca dans la mienne, je sens mon coeur qui s’accélère à mesure que les secondes s’égrainent. « Ça va ? Pas trop stressé à l’idée de te retrouver au milieu de gens que tu ne connais pas ? » Je hausse un peu les épaules et la regarde en souriant. « Oh, c’est pas le fait que je les connais pas qui me fait peur, c’est surtout le fait qu’ils pourraient potentiellement ne pas m’aimer… »[/color] Je fais une petite moue et me tourne vers elle avant qu’elle ne sonne à la porte pour lui voler un baiser à mon tour. La porte s’ouvre et j’assiste aux retrouvailles entre Bianca et son amie, avant que l’attention ne soit tournée vers moi. « Et tu es le fameux plus un, Mika, c’est ça ? » Je tente un sourire un peu gêné, glisse une main dans ma tignasse et hoche légèrement la tête. « Ouais, c’est moi. Pourquoi ? Bianca vous a parlé de moi ? » Je regarde la principale intéressée en lui souriant, fondant totalement pour sa petite bouille à la fois gênée, voulant se passer pour innocente. Je ris et m’approche pour déposer un baiser sur sa tempe, ma main dans le creux de son dos, et nous avançons vers l’intérieur de l’appartement où les présentations sont faites avec les autres invités. J’essaie d’être le plus détendue possible, déjà je ne connais personne, c’est un premier point. « Bon, j’espère que vous avez des anecdotes croustillantes à me donner sur Bianca, parce que pour le moment je me demande si elle a pas du sang de licorne ou un truc comme ça… » Faire le clown, ça je sais faire…

Je crois que Mika a un don, celui de me faire sentir unique, importante. Il ne m’avait pas sembler si séducteur lorsque nous discutions sur l’application, mais dans la réalité il ne cesse de me faire chavirer d’avantage par ses petites remarques et compliments. Tout est naturel, et si en temps normal je trouverais peut-être ça un peu rapide, je crois que les mois passés à échanger virtuellement, puis son silence m’ont donné l’envie de ne plus perdre de temps et simplement vivre les choses à fond. A vrai dire je n’ai plus vraiment l’impression d’être totalement maitresse de moi-même, portée par la force de mes sentiments, c’est clairement mon cœur qui décide. Je voulais que Mika m’accompagne à cette soirée, qu’il rencontre mes amis à qui j’ai déjà parlé de lui, incapable de garder secrète ce début de relation si intense. J’ai un peu peur de m’emballer parfois, mais c’est tellement bien d’être avec lui… J’espère qu’il n’est pas trop stressé à l’idée de se retrouver au milieu d’inconnus, mais en réalité ça crainte est qu’ils ne l’apprécient pas. Je lui souris après qu’il m’a volé un baiser « Ça c’est impossible. » ils vont l’adorer, je le sais. Il est de toute façon trop tard s’il voulait reculer, la porte s’ouvre et même pas besoin de vraie présentation, Ellie comprend tout de suite qui est le jeune homme, prenant un malin plaisir à m’afficher. Bien sûr il en rajoute et j’affiche un air aussi innocent que possible alors que mes joues rosies par la gêne me trahissent « Peut-être. » dis-je dans un petit haussement d’épaules et mon amie d’ajouter avec une pointe d’amusement « Oh juste un peu. ». Nous entrons, la séance de présentation se fait tout naturellement et Mika a l’air à l’aise, c’est un bonne chose. J’ai autant confiance en lui que mes amis pour que son intégration se passe au mieux. D’ailleurs il semble dans son élément, réclamant déjà des anecdotes sur moi, de quoi écorner un peu mon image, prouver que je ne suis pas un créature imaginaire. Au moins il me fait rire, moi et le reste des invités qui ont l’air plutôt partant pour cette mission. Je donne un petit coup dans l’épaule du jeune homme avant de lui tendre le verre que je viens de lui servir « En fait t’es peut-être pas si sortable que ça. » lui dis-je avec un petit sourire amusé. Mais évidemment il l’est et la soirée se passe au mieux. Sociable, drôle, il n’a aucun mal discuter avec les autres et une de mes amies me prend en flagrant délit de le regarder sûrement avec un air idiot, des étoiles dans les yeux, un truc dans le genre. « On dirait bien que quelqu’un est amoureuse par ici. Arrêtes de le regarder comme ça, tu vas l’user. » plaisante t’elle. Je hausse les épaules « Je plaide coupable. Ça fait longtemps que je n'ai pas ressenti ça. » pour ne pas dire jamais. « Et tu as entièrement raison d’en profiter. » elle rit et ajoute « C’est drôle, j’aurais pas cru que les cheveux mi-longs, c’était ton truc. » mon rire se joint au sien « A vrai dire moi non plus… Mais… Il me plait, vraiment. ». Notre conversation est interrompue par la sonnette de la porte d’entrée vers laquelle mon amie se dirige pour ouvrir. Habituellement c’est moi la retardataire, celle qui arrive à la fin de son service, quand je ne finis pas trop tard. Cette fois c’est Jane laquelle ne tarde pas d’être accueillie comme il se doit. Je termine de me servir de quoi grignoter, prenant soin de prévoir pour Mika, pendant qu’elle salue tout le monde. Je n’ai aucune idée de ce qui se passe à quelques mètres à peine. Jane arrive face à Mika et c’est Ellie qui le présente comme étant mon mec. Je les rejoins, assiette à la main pour saluer mon amie à mon tour « Le mec de Bianca… » répète-t-elle dans un sourire que je ne sais trop comment interpréter, un truc cloche. Je les regarde tour à tour « Vous vous connaissez ? » demandé-je, ne voyant que cette seule explication à l’ambiance un peu étrange qui semble flotter dans l’air.

Je suis un peu stressée, ce serait normal pour n’importe qui qui rencontre les amis proches de son compagnon ou de sa compagne. Surtout que même si c’est pas dans mon tempérament, putain j’y tiens à cette fille. Je me suis jamais sentie aussi bien, et d’autant plus depuis la mort de mon frère jumeau. « En fait t’es peut-être pas si sortable que ça. » lâche-t-elle avec humour après que j’ai demandé des dossiers sur elle. Forcément, en voyant que je ne connais personne ou que personne ne se soit aperçu d’une quelconque supercherie, je me sens rassurée, et davantage moi-même. Le courant passe plutôt très bien avec ses amis, on a des conversations diverses et variées, et même lorsque Bianca s’éclipse pour un ravitaillement, pile au moment où un retardataire fait son entrée. Une retardataire de toute évidence en entendant sa voix. Le problème, c’est au moment où mon regard accroche la silhouette de la jeune femme que je comprends que toute mon histoire de merde ne tient qu’à un fil. « Le mec de Bianca… » répète-t-elle après son amie en ne me lâchant pas des yeux. J’ai deux choix. Fuir, ou camper sur mes positions en trouvant un nouveau mensonge auquel je commence déjà à réfléchir. « Vous vous connaissez ? » demande alors Bianca qui vient de revenir parmi nous. Je regarde ma petite amie, puis cette fille à nouveau en secouant légèrement la tête. « Euh, non, enfin pas que je sache. » Je fronce un peu les sourcils, le coeur battant à tout rompre, par peur d’être percée à jour. « Tu bosses dans un garage non ? » Je joue les indignée, continuant de camper sur mes positions. « Oui. On s’est déjà croisés là bas ? J’ai pas la mémoire des clients, je suis désolé. » Elle hoche la tête, mai ce sourire en coin ne m’annonce rien de bon, le pire dans tout ça c’est que je ne me souviens même pas d’elle, putain. Bon, je crois avoir un back up possible si besoin, en attendant, l’idéal serait de laisser couler, même si je sens le regard de la jeune femme franchement insistant. Bianca me rejoint et je la laisse prendre place près de moi, posant ma main naturellement sur sa cuisse, étrangement je me sens un peu moins à l’aise qu’un peu plus tôt. La soirée se poursuit et l’autre tarée revient à la charge.  « Alors, vous nous racontez comment vous vous êtes rencontrés tous les deux ? » J’ai la sensation qu’elle m’attend au tournant c’est très désagréable. Je tourne la tête vers Bianca et lui adresse un petit sourire, un de ceux qui ne sont destinés qu’à elle. « Je t’en prie, tu raconteras ça mieux que moi… » Je m’attends à un revirement de situation à tout moment…

Je rejoins Mika, à peine vient il d’être présenté à une autre de mes amies, Jane. Je sens immédiatement qu’il y a un truc et demande s’ils se connaissent. Le jeune homme me regarde, puis à nouveau notre interlocutrice, laquelle me sourit et il déclare que non, ils ne se connaissent pas, selon lui. Mais la jeune femme a l’air convaincue du contraire, apparemment ils ont dû se croiser au garage où bosse Mika. Il n’en a pas le souvenir, mais Jane, elle, a l’air d’avoir toujours en mémoire cette rencontre si j’en crois son petit sourire. Je ne me formalise pas, après tout ils peuvent s’être déjà croisé. La soirée se poursuit, je ne sais pas si je me fais des idées mais j’ai l’impression qu’un truc a changé malgré tout, depuis l’arrivée de Jane. Mika semble beaucoup moins à l’aise, même s’il continue de participer aux discussions. D’ailleurs une nouvelle conversation se lance, sur notre rencontre, apparemment ça intéresse surtout Jane, quelques uns de mes autres amis sachant déjà comment j’ai rencontré le jeune homme. Ce dernier m’invite à prendre en charge le récit, parce que je vais faire ça mieux que lui. Bah voyons. J’esquisse un petit sourire et hausse les épaules avant de regarder plus particulièrement celle ayant posé la question « C’est assez simple en fait… On s’est rencontré sur une application. The Chart. » je n’en ai pas honte, ce n’est plus le genre de truc que l’on cache « On a discuté pendant un long moment… Et puis Monsieur a disparu quelques temps. » je lui adresse un petit regard en coin et poursuis « Il est réapparu, on a décidé de se rencontrer et… » je lève les mains, la conclusion est évidente « Bin voilà quoi ! » je me mets à rire, il n’y a rien à dire de plus, les choses se sont faites tout naturellement. Je vois aux sourires de mes amis qu’ils sont contents pour moi, mais Jane ne peut s’empêcher une petite remarque, son regard passant de Mika à moi plusieurs fois « C’est drôle je ne pensais pas que c’était ton genre… » de quoi ? Lui ? Qu’est-ce qu’elle en sait ? On ne se côtoie qu’assez peu toutes les deux « …Aller sur un site de rencontre. » je sens Mika se relâcher, comme soulager par la réponse de la jeune femme. Je me contente de profiter du moment, mais je n’en démords pas, il y a un truc qui cloche entre eux. L’heure est déjà bien avancée, la soirée n’est pas encore terminée et elle se prolongera jusqu’au petit matin je n’en doute pas, mais j’en envie de profiter d’un peu de temps juste à deux… Avec, je ne le cache pas, une petite idée en tête pour le reste de la nuit. « Si on y allait ? » demandé-je dans un aparté en déposant un baiser sur la joue de Mika. Il accepte et nous prenons congés après avoir saluer tout le monde et récupérer nos affaires. Même après avoir quitté l’appartement je sens toujours ce petit truc, comme de la tension de la part du jeune homme. Je prends sa main « C’est bon, détends toi, ils t’ont adorés. » dis-je avec un large sourire. Alors que nous arrivons à hauteur de sa moto je me plante devant lui, passant les bras autour de son cou « Je m’en fous. » il me regarde avec perplexité « Que tu connaisses Jane… et même s’il s’est passé un truc entre vous. Sois pas mal à l’aise pour ça. » je viens chercher ses lèvres brièvement, c’est suffisant à éveiller un peu plus mon désir. Je recule, laissant mes mains glisser de ses épaules sur son torse « Allez, ramènes moi avant que je me transforme en citrouille. » dis-je, amusée.

Fait chier. Tout allait bien avant que cette fille arrive, et le pire c’est que j’ai vraiment aucun souvenir d’elle quoi… Je sens bien que je suis différente depuis qu’elle est arrivée, j’essaie de chercher dans ma mémoire, mais rien ne vient, je suis incapable de me souvenir de tous les clients du garage, même si c’est une fille, et qu’elle est plutôt mignonne. Logiquement ce sont deux critères qui font que je me souviens de quelqu’un, mais là, rien. Elle demande comment on s’est rencontrées Bianca et moi, je lui laisse le privilège de cette explication, et je ne peux m’empêcher de la regarder en souriant, sans doute un peu trop de sentiments dans le regard. Mais c’est plus fort que moi. « C’est drôle je ne pensais pas que c’était ton genre… » fini par lâcher Jane alors que je me raidis instantanément. Son genre quoi ? De quoi elle parle ?? Je la fixe, attendant la suite, et elle avoue parler des sites de rencontre. Pouah, c’était moins une. Je me relâche un peu, et la soirée se poursuit. Pas trop longtemps, parce que Bianca semble vouloir déjà rentrer. J’ai bien peur de comprendre pourquoi. J’en ai envie, c’est évident, mais je repousse ce moment depuis assez longtemps maintenant, pour la simple et bonne raison que je suis une putain d’imposture. Nous saluons tout le monde, récupérons nos affaires et quittons finalement la soirée. Je reste silencieuse, j’ai du mal à être détendue, je sais que je vais devoir bientôt rompre le charme, et ça me fait peur. Terriblement peur. Parce que je sais que ça mettra un terme à tout ça, et je ne suis pas prête à ça… Sa main dans la mienne, elle me demande de me détendre. Ses amis m’ont adorée. Enfin, ils ont adoré le Mika que j’ai présenté, qui n’est pas tout à fait moi en réalité, et ça commence à me ronger. « Je m’en fous. » me dit-elle en venant entourer mon cou de ses bras avant que nous n’ayons enfilé nos affaires pour reprendre la moto. Je fronce un peu les sourcils, mais entoure quand même sa taille de mes bras. « Que tu connaisses Jane… et même s’il s’est passé un truc entre vous. Sois pas mal à l’aise pour ça. » Je secoue la tête. « Mais non j’te jure je la connais pas, enfin je me souviens pas d’elle en tout cas. A moins qu’il se soit passé quelque chose un soir où j’étais franchement bourré, ce qui est pas trop mon style non plus… je vois pas. » Je hausse un peu les épaules. Elle m’embrasse et je sens bien qu’elle n’a pas été plus perturbée que ça d’imaginer que je puisse déjà connaître son amie, ça ne l’aurait même pas dérangée que j’a eu une histoire avec elle. Faut vraiment qu’elle m’apprécie. « Allez, ramènes moi avant que je me transforme en citrouille. » Je ris un peu, tentant de me détendre du mieux que je peux. « En citrouille, intéressant, j’adore la citrouille. » Je lui souris finalement, malicieuse, et la laisse grimper derrière moi. Une fois en bas de chez elle, je sens mon coeur qui s’affole, je sais qu’elle va me proposer de monter, je sais ce qu’elle attend, j’en ai envie sans doute autant voire plus qu’elle, mais avant cette étape il va falloir passer aux aveux, et je ne suis pas sûre d’être prête pour ça. J’ai trop peur que ça foire tout, et je sais que c’est l’issue. J’hésite un instant quand elle me propose de monter, je peux fuir pour repousser encore l’échéance, ou monter et tenter la discussion. Je choisis d’affronter mes conneries. Sauf que ce que je n’avais pas prévu, c’est le désir qui grimpe vite, trop vite. Est-ce que je la laisse découvrir qui je suis toute seule ? C’est lâche putain… Deux pieds dans son appartement, la porte qui se referme, nos lèvres scellées et le souffle anarchique. « Tu aimes les défis ? » J’ai plus qu’à espérer qu’elle accepte…

Sentant toujours cette légère tension de la part de Mika je me décide à lui dire franchement que je me fous qu’il connaisse Jane et même qu’ils aient pu avoir une aventure. Mais il nie l’avoir déjà croisé, du moins il ne s’en souvient pas et n’étant pas du genre à finir bourré au point d’oublier une soirée entière, ça le laisse perplexe. De mon côté je n’ai pas envie d’y penser, mon envie est ailleurs, je pense qu’il l’a compris. Jusqu’ici le jeune homme s’est montré très patient voire même très peu entreprenant, ce qui tranche avec son côté charmeur. Et si j’apprécie son attitude, les sentiments et le désir se mêlent, me donnant envie de plus ce soir. Nous arrivons en bas de chez moi, sans grand suspens j’invite Mika à monter. Il ne semble pas surpris mais marque un temps d’hésitation qui me laisse perplexe pour le court instant qu’il dure. Finalement il accepte, nous montons jusqu’au deuxième étage, pas d’ascenseur et c’est d’un pas rapide que nous gravissons les marches qui nous séparent de chez moi. A peine la porte ouverte, je l’attire à l’intérieur, prenant possession de ses lèvres avec passion, le guidant directement vers ma chambre. Entre deux baisers, le souffle saccadé il me demande si j’aime les défis, je lui souris « Il a intérêt à être intéressant ton défi… » j’embrasse son cou « Parce que j’ai déjà des idées. » pas mal d’idées « Dis moi. » s’il fait trop durer le suspense je ne suis pas certaine de tenir. Gardant mon corps contre le sien je recule juste assez pour pouvoir le regarder dans les yeux « Allez… » qu’est-ce qu’il cherche ? Me faire languir encore un peu plus ? Je ris et le pousse doucement pour entrer dans la pièce « Fais pas gaffe au bordel, j’ai pas eu le temps de ranger. » je hausse les épaules, sourire mutin aux lèvres « Mais au moins tu sais que je ne suis pas une licorne ou autre créature imaginaire, surnaturelle et parfaite. ». J’ai dû mal à rester loin de ses lèvres, tout comme la morsure du désir me pousse à vouloir le découvrir d’avantage, mes mains entreprenant de le délester de son blouson.

« Il a intérêt à être intéressant ton défi… Parce que j’ai déjà des idées. » Je me doute bien qu’elle a des idées, je suis pas abrutie. Et bordel, si la situation était pas ce qu’elle était, il y a longtemps qu’on aurait consommé. Le désir me consume, je le sens qui me ronge de tous les côtés, il gronde en moi comme le tonnerre une nuit d’été. Je laisse la jeune femme me parler du bordel, et moi je souris, même si au fond je suis juste complètement paniquée à l’idée qu’elle se rende compte de quoi que ce soit. « Mais au moins tu sais que je ne suis pas une licorne ou autre créature imaginaire, surnaturelle et parfaite. » « Merde. Moi qui pensait que j’avais enfin trouvé le moyen de faire des trucs avec une licorne… » Ok cette phrase est super cheloue. Je grimace et secoue la tête en riant. « Ok oublie ce que je viens de dire. » Je reviens l’embrasser, je suis au pied du mur. Vite. Je soulève son t-shirt et le lui retire sans tarder, revenant prendre ses lèvres d’assaut, sans perdre de temps par peur qu’elle cherche à en faire de même avec le mien. « Mon défi, c’est qu’aucun de nous deux ne doit utiliser ses mains pour toucher l’autre à partir de maintenant. » Je lui souris, mordille sa lèvre inférieure, et poursuis sans tarder. « Et ça, c’est pour décupler les sensations. » Je pose son t-shirt enroulé sur ses yeux, et le noue derrière sa tête. Je joue gros, j’en ai conscience, mais je me devais d’essayer quelque chose pour repousser le moment fatidique. Je m’approche d’elle et la pousse sur le lit juste à l’aide de mon buste, avant de prendre position sur elle, évitant trop de proximité de mon entre-jambe avec elle. Faudrait pas qu’elle se rende compte qu’il me manque un truc essentiel, quand même… J’approche mes lèvres de son oreille, jouant juste un peu avec son lobe et murmure à son oreille sans plus tarder. « Déshabille-toi… » Je la laisse faire, parsemant son corps de baisers langoureux, jouant de ma langue en suivant ses vêtements qu’elle retire un à un pour mon plus grand plaisir. Je reviens m’embrasser, retire mon pantalon histoire que ce ne soit pas trop suspect non plus, pouvoir frôler sa peau avec la mienne, faire grimper encore la température. Je souris en voyant ses doigts se refermer sur le drap pour contrôler son envie de me toucher, et moi j’en profite pour continuer de l’embrasser, perdant le nord pour rejoindre le sud. Sans jamais utiliser mes mains comme le demande le défi, j’immisce ma tête entre ses jambes et ne tarde pas à lui donner un acompte de tout ce que je serai capable de lui offrir. Sa peau réagit, la lumière n’est pas allumée mais je peux sentir son épiderme se transformer sous les frissons que ma langue lui procure. Je sais pas trop bien à quoi je joue, je sais que ça finira mal, je ne vois d’autre issue. Mais en attendant, je lui aurai donné quelque chose, quelque chose de vrai, quelque chose de moi.

Faire des trucs avec une licorne ? Je me mets à rire, Mika se rattrapant sur le fait que ces propos peuvent vraiment sonner comme très bizarres « Oui, j’ai rien entendu. » lui dis-je complice, et déjà occupée à savourer ce nouveau baiser. Enfin il me débarrasse de mon t-shirt, je sens ses mains sur moi pour un court instant seulement. Frustration. Son défi est simple, interdiction d’utiliser nos mains pour se toucher. J’arque un sourcil, étonnée par ce challenge qu’il veut nous lancer « Hum… je suis joueuse, tu as de la chance. » lui aussi, j’ai eu le loisir de m’en rendre compte. Et il ne s’en tient pas là, nouant mon t-shirt autour de ma tête pour me priver de la vue aussi « Ah oui, tu es comme ça, toi ? » je me mords la lèvre, ce jeu m’excite terriblement. Il faut vraiment que j’ai confiance en lui pour accepter son défi pour notre premier moment intime. Son corps fait pression contre le mien, je recule, heurte le bord du lit et m’y allonge, toujours guidé par ses mouvements. J’aime sentir le poids de son corps au dessus du mien, pourtant j’aimerai un contact plus franc, mais j’ai accepté de me prêter au jeu alors je continue de suivre ses règles. Il me demande de me déshabiller ce que je fais, sentant ses lèvres parcourir mon corps. La température monte, mon souffle se saccade un peu plus, bientôt je n’y tiendrai plus. J’agrippe le drap pour m’empêcher de le toucher, j’en crève d’envie, c’est une torture, mais il a raison, chaque sensation est décuplée. Chaque empreinte laissée par ses lèvres sur ma peau est délicieusement brûlante et douce à la fois. Traçant un chemin vers mon intimité, je frisonne, soupire, il me fait perdre pied. Mon corps se tend sous les effets du plaisir, mes poings se serrent d’avantage. Bordel il est sacrément doué… De quoi me donner encore plus envie de poursuivre cette nuit. Enfin pour l’instant je ne suis plus en mesure de penser avec une quelconque lucidité, mon esprit est ailleurs, loin, comme sorti de mon corps par cette vague puissante de plaisir qui me traverse. Je renoue avec la réalité, toujours plongée dans cette obscurité grisante « Le défi est toujours en cours ? » demandé-je, remontant une jambe le long de son corps, comme une invitation en faire de même. Je retire ce qui faisait office de bandeau, juste pour pouvoir capter son regard, me redressant légèrement pour venir retrouver ses lèvres « Je crois que tout ça manque d’égalité, non ? » il porte toujours son t-shirt et son boxer, alors que je suis totalement nue « Je n’ai jamais essayé de retirer un t-shirt avec les dents, mais il y a un début à tout. » dis-je en riant « C’est difficile de résister à l’envie de te toucher… » soufflé-je, l’embrassant à nouveau avec une envie non dissimulée, cherchant d’avantage de proximité avec son corps, ce que j’ai l’impression qu’il évite.

Je pousse le vice, peut-être un peu trop loin, et je risque de me brûler les ailes. Mais qu’importe, j’ai envie de vivre ce moment quand même, coûte que coûte. Alors je tente le tout pour le tout, lui proposant un défi, nouant son t-shirt autour de ses yeux. Heureusement, elle est joueuse et accepte de se laisser faire. Je pourrai être un putain de psychopathe, mais elle me fait confiance. C’est peut-être même pire de penser à ça. Ok, fermez vos gueules, pensées de merde ! Je réussis à avoir ce que je veux, une partie en tout cas. Elle se laisse faire et je ne réfléchis plus, je lui donne ce que j’ai envie de lui donner, ce que j’estime qu’elle mérite. Et j’aurai tant à lui donner encore… pourtant je crois que j’arrive à mes propres limites dans la supercherie. « Le défi est toujours en cours ? » demande-t-elle en faisant accélérer mon corps. Vite, je dois prendre une décision. M’enfuir lâchement ou rester et lui laisser découvrir la vérité. Elle estime que nous manquons d’égalité, logique, elle est nue et il me reste encore mon boxer et mon t-shirt, qui ce dernier dissimule un bandeau pour planquer ma poitrine. « Je n’ai jamais essayé de retirer un t-shirt avec les dents, mais il y a un début à tout. C’est difficile de résister à l’envie de te toucher… » Je récupère ses lèvres, le coeur battant davantage, me sentant au bord du gouffre. Vite ! Il faut agir ! Et alors que j’allais finir par prendre une décision, j’entends mon téléphone qui sonne dans la poche de mon pantalon, par terre. Ça fait un bruit dingue, j’avais pas conscience que la sonnerie de mon portable était si forte. « Merde, c’est la sonnerie d’urgence pour mon frère, attends… » Une aubaine. Mon frère, elle en a entendu parler déjà, mon frère malade. Même si je me suis pas épanchée sur le sujet. Je quitte le lit, cherche mon téléphone et raccroche à l’appel en numéro masqué, tout en faisant mine de décrocher, portant l’appareil à mon oreille. Je prends un ton grave et finis par raccrocher. « Il est à l’hôpital, j’dois y aller, je suis désolé. » J’enfile mon jean à la hâte et repose sur elle mon regard, la rejoignant pour venir l’embrasser. « J’aurai préféré rester, crois-moi. Je t’appelle quand j’aurai sorti la tête de l’eau. » Je prends son visage entre mes mains pour l’embrasser tendrement et lui offre un demi-sourire avant de quitter la pièce tout en récupérant le reste de mes affaires. Je sais pas trop ce que je suis en train de faire, tout prend une tournure bien trop compliquée, et bien sûr, ça aurait été plus facile si j’étais pas amoureuse de cette fille, bordel…