Consequences (Spencia#7)

J’ai été stupide, je l’ai encore un peu plus compris en recevant une lettre de convocation de mon supérieur hiérarchique. Qu’est-ce que je croyais ? Que toute cette histoire passerait inaperçue ? Oui. Naïvement je l’ai cru, je pensais qu’en dépit des risques prit rien ne s’ébruiterait. J’étais très loin d’imaginer que les choses iraient si loin. Mise à pied le temps d’un enquête interne avec audition des différentes parties. Au final c’est moi que l’on considère comme une sorte de criminelle. Pourquoi ? Parce que Tamara a mis ses menaces à exécution alors même que Mia et moi ne nous sommes pas revues depuis ce jour où je l’avais convoqué dans mon bureau. J’imagine que la Russe à dû recevoir le verdict suite à l’enquête et mon rapport sur son dossier… J’ignore si Mia a demandé le divorce ou non, finalement tout est flou hormis une chose, je vais sans doute perdre mon boulot. Je déteste le sentiment d’échec qui se rattache à cette éventualité, pourtant il y a un moment déjà que je ne me sens plus vraiment bien dans ce boulot, la politique liée à l’immigration s’est durcie, c’est loin de mes idées mais je me disais que depuis l’intérieur je pouvais faire ma part… une sorte d’infiltration. Je ne sais pas bien à quoi je jouais au final, mais ça va me coûter cher. Je suis perdue, tiraillée par des sentiments contradictoires, et le stress de l’audition approchant n’aide en rien. Ça va déjà faire cinq jours que j’ai été mise à pied, je tourne en rond dans mon appartement. J’ai la force et l’envie de rien, je me sens comme une vraie ratée. Ça ne me ressemble tellement pas, et à bien y réfléchir depuis ma rencontre avec Mia j’ai fait bien des choses qui ne me ressemblent pas. Et ce qui n’arrange rien c’est de ne pas arriver à ne pas penser à elle… J’ai tout fait pour l’épargner au maximum et j’espère n’avoir pas fait ça pour rien. J’ai trouvé comme seule occupation viable de m’offrir la compagnie de Netflix et ses multiples programmes. Pour le chill on en est pas là, je m’occupe l’esprit comme je peux, surtout. Je n’attends personne et pourtant on sonne à l’interphone, je ne prends même pas la peine de demander l’identité de mon visiteur appuyant directement sur le bouton pour déverrouiller l’accès à la résidence. Je ne suis plus à une connerie près, non ? Finalement c’est bien à ma porte que l’on vient sonner. Un regard sur ma tenue, heureusement que j’ai eu comme un pressentiment ce matin et qu’après ma douche j’ai abandonné mon pyjama au profit d’un jean et un t-shirt. Je vais ouvrir, sur l’instant j’ai l’impression que mon esprit me joue des tours « Mia ? » le mirage ne disparaît pas, alors soit je suis totalement fêlée du bocal, soit elle est bien devant moi « Qu’est-ce que tu fais ici ? ».

C’est comme si Tamara avait fini par montrer son vrai visage. Après mon dernier rendez-vous avec spencer, j’ai pris quelques jours pour réfléchir à la meilleure solution. Mais la brune avait raison, la seule qui soit viable pour tout le monde, c’était de demander le divorce. J’ai bien essayé de lui en parler calmement mais elle est sortie de ses gonds, au point que dès le petit matin, j’ai amené Ugo chez ma mère pour quelques jours. Impossible de le laisser sous la surveillance de Tamara, j’ignore désormais de quoi elle est capable. Elle a essayé de m’en dissuader, et puis elle a fini par me menacer, moi aussi, après avoir utilisé les mêmes armes contre Spencer il y a quelques semaines. L’atmosphère est tendue, et pour ne rien aider, j’ai reçu une convocation à la préfecture pour notre dossier. J’ai bien essayé d’appeler Spencer mais elle ne répond pas à mes appels et je commence à bouillir. Le rendez-vous approche, il se déroulera demain, et il n’est pas question que j’arrive sans savoir à quelle sauce je vais être mangée. Alors je prends la décision de quitter le boulot un peu plus tôt ce soir, et après avoir retrouvé l’adresse de Spencer que j’avais gardée dans un de mes tiroirs, je me rends directement chez elle.

Quelques coups frappés à sa porte, le coeur battant, je tremble presque qu’elle me referme la porte au nez. On avait plutôt été claires, ou en tout cas, elle l’avait été. Il ne fallait plus qu’on se voit, c’était mieux pour tout le monde. Mais là c’est différent, je ne viens pas pour la supplier de me donner une seconde chance. La porte s’ouvre finalement et je tente une esquisse de sourire en entendant mon prénom quitter ses lèvres. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » Bonne question ! J’ai presque oublié tellement je viens de me prendre une vague de son aura en pleine tête. C’est fou ce qu’elle est belle, c’est fou comme je l’ai dans la peau. « Bonjour Spencer, j’espère que je te dérange pas ? » Au cas où elle ne soit pas seule ? Je ne la laisse pas dans l’incompréhension bien longtemps et lui fais part de la raison de ma visite. « J’ai été convoquée, je voulais savoir pourquoi, pour me préparer, mais tu m’as jamais répondu, alors je me suis dit que le mieux c’était de venir te demander directement… » Le mieux, je sais pas, mais c’est le choix que j’ai fait en tout cas…

Trouver Mia devant ma porte est aussi inattendu que risqué. J’ai d’abord l’impression que mon esprit me joue des tours, qu’à force de penser à elle je finis par la voir, mais ça n’a rien d’une illusion, la jolie brune est bien là. Elle espère ne pas me déranger, je secoue la tête à la négative « Non, non, du tout. » j’ai juste eu à mettre mon épisode sur pause, rien de bien fou. Face à mon air toujours perplexe la jeune femme m’explique les raisons de sa visite. Elle a été convoqué pour une audience et mon portable étant en silencieux depuis ma mise à pieds je n’ai effectivement pas daigné lui répondre ou la rappeler, alors la voilà devant ma porte. Je soupire, hoche la tête et m’écarte pour la laisser entrer « Je vais t’expliquer. ». Je referme derrière elle, jette un coup d’œil global sur l’état de mon appart, c’est un peu le bordel mais c’est propre, c’est toujours ça. Je devrais m’en foutre, mais je n’ai pas envie de montrer à Mia une mauvaise image de moi. Je désigne le canapé, l’invitant à s’asseoir « Je t’en prie. Tu veux boire quelque chose ? Un verre d’eau ? Un thé ? Un café ? » elle n’est pas là pour ça mais c’est aussi un moyen de gagner un peu de temps. Je préfère rester debout pour pouvoir bouger, mais surtout pour ne pas me retrouver trop proche de la jeune femme. Je soupire, passe la main dans mes cheveux, elle attend mes explications « La convocation c’est… Pour moi. » je vois bien qu’elle ne comprend pas vraiment ce que je veux dire par là, je dois être plus claire. « Ça n’a rien à voir avec ton dossier… Enfin un peu, mais c’est sur moi qu’ils enquêtent. Parce que ta f… Tamara a mis ses menaces à exécutions. » je hausse les épaules « J’ai été mise à pied il y a cinq jours et je vais probablement perdre mon boulot. » mais au final c’est un moindre mal, les choses pourraient être pire « C’est toujours mieux ça que la prison. » quoi qu’au moins en prison on est nourri et logée. Je secoue la tête, dépitée par ce constat. Comment j’en suis arrivée là ? Comment une si belle rencontre a pu devenir si compliquée et finalement me conduire directement à ma perte ? Je repose mon regard sur Mia, elle a l’air un peu sonné par ce que je viens de lui dire. Je hausse les épaules « Tu n’y es pour rien. J’aurais dû apprendre de mes précédentes erreurs. Je m’étais promis de ne plus m’investir personnellement dans aucune affaire, tu sais ? La dernière fois ça m’a coûté de me faire tabasser… cette fois... » nouveau soupir, nouveau haussement d’épaules, témoins de mon impuissance « Tu as juste à leur dire ce qu’il s’est passé, on s’est rencontrées avant que je sois en charge de ton dossier, ton mariage était un échec… Ça a été bref, on a tout arrêté. » il y a une légère part de mensonge là dedans mais il vise à la protéger elle plus que moi finalement.

Je lui demande quand même si je la dérange, au cas où, on sait jamais. Je ne suis pas là pour ça, enfin quoi que, si, quand on y pense un peu, mais j’ai besoin de savoir. Elle me laisse entrer, en me promettant de m’expliquer ce qu’il se passe. « Je t’en prie. Tu veux boire quelque chose ? Un verre d’eau ? Un thé ? Un café ? » Je ne m’attendais pas à ce qu’elle me propose quelque chose à boire, autant que je ne m’attendais pas à ce qu’elle me laisse entrer, des explications sur le palier m’auraient suffit. « Je euh… oui un verre d’eau, merci. » Un verre d’eau ça s’avale d’une traite, si je dois partir rapidement. On sait jamais. J’attends son retour, immobile dans le salon, et voilà qu’elle lâche la bombe. La convocation, c’est la sienne. Ils enquêtent sur elle parce que ma femme - en passe de devenir ex-femme - a mis ses menaces à exécution. « Que…quoi ? » je suis sous le choc, mes mains commencent à trembler, de nerfs, de rage, de peur aussi un peu sans doute. Elle a perdu son boulot, à cause de moi, et voilà que madame culpabilité vient foutre le bordel dans mes entrailles. « C’est toujours mieux ça que la prison. » Mon regard s’embue immédiatement. « Oh mon dieu je suis désolée… » « Tu n’y es pour rien. J’aurais dû apprendre de mes précédentes erreurs. Je m’étais promis de ne plus m’investir personnellement dans aucune affaire, tu sais ? La dernière fois ça m’a coûté de me faire tabasser… cette fois... » Il y a tellement de choses que je ne sais pas la concernant, que je ne saurai d’ailleurs jamais je crois. « Tu as juste à leur dire ce qu’il s’est passé, on s’est rencontrées avant que je sois en charge de ton dossier, ton mariage était un échec… Ça a été bref, on a tout arrêté. » Tout ça me chamboule plus encore que ce que je voudrais le montrer. Je m’approche d’elle, doucement, hésitante. « Je dirai ce que tu voudras que je dise, si je dois mentir pour te couvrir j’en suis capable… j’ai aucune envie que tout ça t’attire des ennuis… » Bien sûr que je me sens coupable, je n’aurai jamais dû me laisser aller à mon attirance pour elle, il était évident que ça finirait pas causer des problèmes. Elle m’a éviter la prison, à moi d’en faire de même. Ils ne feraient pas ça, quand même, si ? Je viens poser ma main sur son bras, comme un soutien, comme… j’en sais rien. « Je suis désolée, j’aurai jamais pensé que ça puisse en arriver là… » Mes doigts se serrent légèrement sur son bras avant que je ne le retire. « Je crois qu’elle a pas apprécié que je lui donne les papiers du divorce… » Un soupir s’extirpe de mes lèvres, j’ose à peine la regarder. « Si je peux faire quoi que ce soit… » Cette fois je replonge mon regard dans le sien, avec un peu plus d’intensité encore. Mon dieu ce qu’elle est belle…

Je m’étais fait la promesse de totalement dissocier ma vie personnelle de ma vie professionnelle et j’y parvenais plutôt bien jusqu’à ma rencontre avec Mia. Après tout n’est-ce pas le destin le vrai fautif ? Nous mettre sur la même route, pas pour un simple croisement mais une vraie collision. Comment repartir indemne ? Faire comme si rien ne s’était passé ? Impossible. Ai-je manqué de volonté ? Peut-être. J’aurais dû me raccrocher à mes résolutions, mes principes jusqu’ici si efficaces, quitte à être blessante, ça aurait rendu les choses plus simples, peut-être. Au lieu de ça j’ai foncé, tête baissée, comme une enfant capricieuse qui ne tolérait pas de ne pas avoir ce qu’elle désirait. La seule chose qui a fini par me faire renoncer, ça a été de protéger Mia et son fils, leur éviter tout risque d’être séparés. Maintenant c’est moi qui suit sur cette planche, marchant vers le bord en sachant ce qui m’attend. On ne me forcera pas à sauter, non. On va me pousser et je vais devoir me démener pour remonter à la surface, puis pour regagner la berge. Qui sait, c’est peut-être la chance d’un nouveau départ ? A vrai dire je n’avais pas imaginé les choses ainsi. La jolie brune est sous le choc lorsque je lui apprends que c’est désormais à mon tour d’être l’objet d’une enquête. Elle s’en veut, et j’essaie d’inverser la tendance avec un discours que je veux rassurant. C’est moi qui n’ai pas su apprendre de mes erreurs et m’en tenir à ma ligne de conduite, celle-ci même que je brandissais comme un étendard. Mais ça m’a finalement joué plus de tours que ça ne m’a protégé. J’assume mes erreurs, je l’ai toujours fait. Je ne vais pas forcer Mia à mentir, déformer un peu la vérité tout au plus pour que le timing soit plus en ma faveur, mais je ne veux pas qu’elle prenne de risque. Elle est pourtant prête à me couvrir si besoin, capable de mentir si c’est nécessaire pour m’éviter trop d’ennuis. C’est trop tard, autant ne pas aggraver les choses. Je soupire, lui souris et secoue doucement la tête « Non. Pas de mensonges. Tu as trop à perdre et ce serait bête que j’ai fait ça en vain, tu ne crois pas ? » pour moi les dés sont quasiment jetés et hormis cette sensation d’échec, une part de moi est prête à accepter mon sort positivement. Elle s’est approchée de moi, traduisant sa volonté de me témoigner son soutien, et je le sens, il est réel. Pour autant ça ne facilite pas les choses, remuant ma frustration quant à cette relation trop vite sabordée par des incompatibilités ridicules. Une nouvelle fois Mia me présente des excuses « Arrêtes d’être désolée, c’est pas toi qui a tout balancé. » c’est sa femme, future ex-femme si j’en crois ce qu’annonce la brune. La russe a réagit à la demande de divorce. Le contact fugace de sa main sur mon bras laisse une emprunte sur celui-ci, la sensation d’une douce chaleur dont j’aimerai n’avoir jamais eu à me priver. « Oui, je pense qu’on peut affirmer qu’elle ne l’a pas très bien pris. » dis-je avec un léger sourire, tentant de dédramatiser la situation, après tout ça pourrait être pire. Son regard accroche le mien, une nouvelle fois elle affirme son soutien auprès de moi. Je me perds dans ses yeux, l’intensité de son regard est à la fois une offrande et une torture. « Tu ne peux rien faire… » dis-je, esquissant un sourire « En tout cas rien qui soit une bonne idée. » ajouté-je dans un souffle. Je crève d’envie de l’embrasser, de m’enfoncer encore un peu plus dans les conneries puisque de toute façon je n’ai à priori plus grand chose à perdre. Mais je lutte, parce que c’est un mauvais timing, comme depuis le début, depuis notre rencontre. Sauf qu’il est terriblement séduisant ce mauvais timing, et que malgré les erreurs faites, il est encore plein de mystère… « J’ai répondu à tes interrogations ? » demandé-je pour éviter à la situation de prendre un tournant interdit « Ne t’inquiète pas, ça ira. » je l’espère.

« Non. Pas de mensonges. Tu as trop à perdre et ce serait bête que j’ai fait ça en vain, tu ne crois pas ? » Je ne parviens pas à la lâcher des yeux, c’est comme si je me raccrochais à elle, comme un navire en pleine mer agitée fixerait le phare au loin pour être sûr de ne surtout pas s’égarer. Je m’excuse à nouveau, j’en ressens le besoin, parce que je me sens fautive, en un sens. Les choses auraient peut-être pu se passer d’une manière différente, mais on ne le saura jamais. « Oui, je pense qu’on peut affirmer qu’elle ne l’a pas très bien pris. » dit-elle avec un léger rictus un peu triste au coin des lèvres. Je n’aurai jamais pensé que Tamara puisse me faire une chose pareille, un tel retournement de situation alors que je l’ai aidée toutes ces années, au péril de ma sécurité, celle de mon fils. Si j’avais su… Mais avec des si on referait le monde. J’aimerai faire quelque chose pour elle, et je lui témoigne cette envie, ce besoin de me sentir utile alors que j’ai toujours la sensation d’avoir ruiné sa carrière, dans un sens. « Tu ne peux rien faire… En tout cas rien qui soit une bonne idée. » L’attirance est toujours aussi présente, la connexion palpable, nous ne sommes pas dupes, et pourtant nous savons très bien que ce n’est pas une bonne idée. Elle vient de le dire, je le pense aussi, et pourtant je ne parviens pas à garder mon regard pleinement fixé dans le sien, il bifurque systématiquement sur ses lèvres, et je m’en veux pour ça, de ressentir encore cette envie de m’en emparer, au risque que les choses empirent. « J’ai répondu à tes interrogations ? » demande-t-elle sans doute pour briser le silence, éviter que l’une de nous ne choisisse de faire le genre de bêtises qu’on avait l’habitude de faire depuis notre rencontre. « Ne t’inquiète pas, ça ira. » Je soupire en ferme les yeux un instant, hochant légèrement la tête comme pour encaisser ses mots, les assimiler, espérant sans doute qu’ils réussissent à se frayer un chemin dans ma tête. « Je… » Je fais claquer ma langue contre mes dents dans un son très caractéristique. « Je déteste cette sensation. » Je réouvre les yeux pour accrocher son regard un instant encore. « Ce sentiment d’inachevé, quelque chose qu’on a, et qu’on nous retire sans qu’on n’ait le choix… » C’est tellement frustrant, tellement désagréable. « J’aurai aimé que les choses se passent différemment. » Et je crois que c’est la même chose pour elle, et lui résister me semble tellement difficile, c’est comme si l’envie était plus forte encore. Je m’approche, je sais que c’est pas bien mais j’en ai beaucoup trop envie, il m’est totalement impossible de résister à ce que je peux ressentir quand je suis près d’elle. « Spencer… » J’avance encore, nos peaux se frôlent, mon coeur s’accélère et mon souffle aussi. J’ai l’impression d’être au bord d’une falaise. « Embrasse-moi… » j’aurai presque pu rajouté ‘pitié’ tellement la sentir aussi près est un supplice.

Nous avons déjà assez fait de conneries comme ça, je ne veux pas que Mia prenne à nouveau des risques pour me couvrir, je souhaite qu’elle se protège, que je n’ai pas fait ça pour rien. Finalement ma carrière n’a que peu d’importance, je me fais à cette idée qu’il est peut-être temps de prendre un nouveau départ même si celui-ci est un peu provoqué par le destin. Il nous en aura fait baver ce con là… C’est dingue, non ? Ce qui nous arrive. Notre rencontre, ce mauvais timing, cette situation plus que compliquée et notre incapacité à garder la raison. La jolie brune me propose son aide, encore, je sais qu’elle veut se racheter en quelque sorte, mais il est préférable de s’en tenir là. De toute façon il n’y a rien qu’elle puisse faire. Mais nous sommes aussi impuissantes face à la situation que face à notre attirance, elle passe dans ce regard fixé l’une sur l’autre, par cette tension que je ressens dès que Mia est dans les parages. Je ne dois pas céder, je la rassure une dernière fois et il faut qu’elle parte. Cependant elle reste là, immobile, tentant de se convaincre que j’ai raison, que tout ira bien. Je ne sais pas moi-même si c’est une illusion que je veux me donner où si j’y crois vraiment. En tout cas pour elle ça ira et c’est tout ce qui m’importe. Il y a longtemps que je n’ai plus fait passer quelqu’un avant moi, que je n’ai pas ressenti ça. La frustration n’en est que plus grande, mais l’interdit est sans doute également un moteur dans cette histoire perdue d’avance. Ses mots viennent faire échos à mes pensées, j’aurais préféré qu’elle ne dise rien. « Moi aussi. » soufflé-je, si je pouvais revenir en arrière je ne prendrais jamais ce dossier. C’est de plus en plus difficile de lui faire face, de dresser ce constat avec elle, nous faire du mal en alimentant la frustration. Mia s’approche, j’aimerai faire un pas en arrière mais j’en suis incapable parce qu’une par de moi veut la sentir plus près encore. Mes yeux se ferment un peu plus longuement en la sentant juste là, sa peau frôlant la mienne, son prénom soufflé entre ses lèvres que je rêve de posséder à nouveau, juste une dernière fois. Presque comme une supplique elle réclame ce baiser, geste défendu. Mais par qui ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui nous en empêche maintenant que je suis sur le point de tout perdre ? Je lutte, mais ma volonté s’affaiblie au profit de l’envie de céder à la tentation. C’est une connerie, une de plus, je le sais mais mon cœur fait de tel bond dans ma poitrine que c’est lui qui me pousse à franchir ces derniers petits centimètres pour venir presser mes lèvres contre celles de Mia. Une main sur sa joue, la seconde au creux de son dos, j’ai besoin de la sentir près de moi, contre moi. Mon souffle est déjà court et pourtant c’est comme si je respirais enfin. Notre échange s’intensifie, ma langue cherchant la sienne, le désir mordant un peu plus mes entrailles à chaque seconde qui s’écoule. « Arrêtes-moi maintenant… Ou… » je serai incapable de renoncer ensuite, mais je ne crois pas qu’elle ai plus de volonté. Mes lèvres se perdent dans son cou, mon souffle chaud contre son oreille « J’ai tellement envie de toi, c’est une torture. » je ne peux être plus sincère. Je n’ai plus rien à perdre, c’est un peu la dernière volonté d’une future condamnée.

Je me suis retrouvée là parce que j’avais peur, parce que j’ai la sensation que mon avenir est incertain, tout ça à cause d’une mauvaise décision que j’ai prise il y a quelques années, celle de procéder à un mariage blanc pour ‘sauver la peau’ d’une amie, ou du moins, que je considérais comme étant une amie. Aujourd’hui les choses sont bien différentes, et je ne peux nier avoir certains regrets. Spencer tente de me rassurer, mais savoir qu’elle est dans cette situation à cause de moi me met horriblement mal à l’aise. Elle a perdu son boulot en voulant me couvrir, à cause de mes conneries. J’aimerai pouvoir faire quelque chose pour elle, l’aider comme je peux à mon tour, pour que les dégâts ne soient pas trop difficiles. La culpabilité est tellement présente que j’ai du mal à faire la part des choses, je serai même prête à mentir… J’aurai tellement aimé que les choses se passent autrement, j’aurai aimé pouvoir vivre ce qu’on avait à vivre elle et moi, parce que ça avait bien commencé, et j’ai tendance à un peu trop penser à elle lorsque mon esprit vagabonde, c’est plus fort que moi… Je m’approche, je sais que c’est dangereux, soit parce qu’elle va me dire qu’on ne doit pas et mon coeur s’en trouverait à nouveau bouleversé, soit parce qu’elle pourrait flancher autant que moi, et je sais que je ne serai pas en mesure de m’arrêter une fois commencé. C’est trop tard, les mots s’échappent d’entre mes lèvres, j’ai envie qu’elle m’embrasse, j’en ai presque besoin même. Et enfin la délivrance. Spencer met un terme à l’attente et à la distance qui séparait encore nos lèvres. Je lâche alors un soupir comme pour témoigner de tout cet air que j’avais gardé contenu dans ma poitrine, jusqu’à ce que je puisse respirer à nouveau. Impossible de s’en tenir à un simple baiser, l’échange prend de l’ampleur, nos langues se cherchent, s’épousent, se caressent, ma main dans son dos l’agrippent un peu plus et je sens la morsure du désir me dévorer les entrailles. « Arrêtes-moi maintenant… Ou… » Les yeux clos, le souffle anarchique, je la laisse continuer de parsemer ma peau de baisers ardents. « Ou quoi..? » que je souffle simplement alors que j’ai juste envie qu’elle poursuive. « J’ai tellement envie de toi, c’est une torture. » Un léger gémissement franchir la barrière de mes lèvres en entendant ses mots et mes doigts se perdent déjà dans sa chevelure. « Alors arrête de te torturer… » Je reviens chercher ses lèvres et une main s’immisce un peu timidement sous son haut, pour venir caresser sa peau, son ventre, son dos. J’ai envie de la découvrir d’une nouvelle manière, j’ai envie d’arrêter de me mettre des barrières, je veux vivre sans me prendre la tête, je veux profiter de ce qui nous lie, de cette attirance trop longtemps mise au placard. J’ai envie d’elle moi aussi, et je crois que je n’ai même pas besoin de le dire…

Je n’avais jamais imaginé en rencontrant Mia à ce cours de self-défense que les choses prendraient un tel tournant. Pourtant j’avais compris dès les premiers échanges, les premiers sourires complices, qu’elle allait avoir un rôle à jouer dans ma vie. Ou peut-être était-ce une envie ? S’en est suivi une série de choix, déraisonnables pour la plupart mais motivés par la sincérité, notre incapacité à lutter contre l’attirance. Je me pensais à l’abri, ici, chez moi, enfermée jusqu’au moment où j’allais enfin connaître l’issue de toute cette histoire, et encore une fois les cartes ont été rebattues. Je ne pensais pas un instant que la brune puisse venir jusqu’ici, mais je crois qu’à la manière de deux aimants, on ne peut rester trop longtemps loin l’une de l’autre, nous finissons toujours par nous trouver. Sa présence est un nouveau défi, une nouvelle épreuve que je ne suis pas certaine de pouvoir relever. Mes doutes grandissent quand elle se rapproche, et prennent le pas sur toute ma volonté dès l’instant où elle me supplie de l’embrasser. Je n’ai plus rien à perdre après tout, la tentation est la plus forte et j’y cède. Ce baiser devient rapidement plus passionné, catalyseur de toutes notre frustration, elle se transforme en désir puissant dont je sens la chaleur irradier dans tout mon corps. Je me nourris de son contact, prends ma dose pendant que je le peux. Si Mia souhaite faire marche arrière, si elle a encore une once de volonté, de raison, c’est maintenant qu’elle doit m’arrêter. Lasse de lutter, je suis prête à céder à toutes mes envies qui je crois sont aussi les siennes. Me retenir encore est un supplice, mais la jolie brune me libère de mes dernières entraves. Ses mots sont libérateurs, ses gestes enivrants. Je sens ses doigts sur ma peau, j’ai terriblement chaud. Je recule vers le couloir menant à ma chambre, l’entraine avec moi, séparant nos lèvres un court instant pour retirer mon haut avant de faire subir le même sort au sien. Sentir sa peau contre la mienne, combien de fois je l’ai voulu ? Sûrement à chaque moment passé avec elle. Je découvre ses courbes, les imprime sur mes paumes, caresse son corps comme un objet précieux dont la découverte me plonge dans un état second. Je recule jusqu’à buter le bord de mon lit m’asseyant sur celui-ci, rompant notre échange pour quelques secondes, relevant le regard sur Mia « Tu es encore plus belle que je ne l’avais imaginé. » lâché-je dans un sourire, avant de l’attirer à nouveau vers moi, incapable de rester trop longtemps loin de ses lèvres, je m’en suis trop privée.

Il y a trop longtemps que nous cherchons à repousser cette attirance. Elle est pourtant là depuis le début, depuis les premières minutes. A peine nos regards se cont croisés, la complicité, l’attirance, c’était quelque chose de naturel et je n’ai jamais réussi à vraiment m’en détacher. Combien de fois je me suis réveillée le matin en me souvenant qu’elle était apparue dans mes rêves, combien de fois je me suis mise à laisser mon esprit divaguer, même en plein boulot, pour le laisser la rejoindre. J’ai tellement rêvé de ce moment que j’ai presque du mal à y croire, et je n’aurai de toute manière pas été capable de la repousser, et repousser ce moment que j’attends tellement. Spencer m’entraîne avec elle plus loin dans son appartement, je la suis sans réfléchir, je veux juste rester près d’elle, contre elle le plus longtemps possible. Elle retire son haut, j’en frissonne, et laisse à mes mains tout le loisir de la caresser. Mon haut subit le même sort et c’est encore plus enivrant de sentir la chaleur de sa peau désormais nue contre la mienne. Et puis le contacte se trouve rompu lorsqu’elle s’assied sur le lit, légèrement déséquilibrée, me laissant seule debout face à elle, sous son regard brûlant. « Tu es encore plus belle que je ne l’avais imaginé. » Je rougis comme une adolescente, et je n’en ai même pas honte. Elle m’attire à elle à nouveau et bien sûr je ne résiste pas, prenant place au-dessus d’elle pour revenir chercher ses lèvres avec envie. Ses caresses sont incroyablement douces, charnelles, sensuelles, et mon corps brûlant de désir. J’ai du mal à croire que nous sommes en train de faire ça, vu toutes les difficultés qui se sont mises sur notre chemin depuis notre rencontre. Mais je n’ai aucun scrupule, aucune peur, je suis là parce que j’en ai envie, et je ne compte pas écourter ce moment, certainement pas. « Je crois que je rêve de ça depuis le premier jour… » lui dis-je dans un murmure alors que j’embrasse son cou tendrement. Il y a longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi bien dans les bras de quelqu’un, et c’est grisant. J’ignore encore ce que l’avenir pourra nous réserver, il n’a pas été vraiment clément jusqu’à aujourd’hui, et c’est pour cette raison que je compte en profiter au maximum, ne sachant pas de quoi demain sera fait. De mes doigts fins et délicats, je déboutonne son pantalon et le lui retire avant de revenir chercher la chaleur de son corps. J’entends un téléphone qui sonne au loin, je n’arrive pas à connecter mon cerveau pour savoir si c’est le mien ou non, à vrai dire je m’en fous, je n’ai pas envie de le savoir, je n’ai pas envie de sortir de ma bulle.

J’ai besoin de le lui dire, que Mia entende combien je la trouve belle et la voir rougir me fait craquer encore un peu plus – comme si c’était nécessaire. Si ma contemplation est des plus agréable, je ne peux rester loin de son corps bien longtemps. Sentir sa peau contre la mienne, je l’ai souvent voulu et les circonstances se sont toujours interposées entre nous… Cette fois je ne veux pas laisser filer ma chance, ni perdre une seconde de ce moment. Si ça doit être une première et une dernière, je ne veux rien regretter. Et par mes gestes je traduire toute l’importance que je donne à cet instant, je ne peux pas être plus dans l’ici et maintenant. Inutile de dire qu’il n’y a nulle part autre ou je voudrais être. Notre connexion est réelle, elle a survécu à tous ces obstacles pour nous mener jusque là, quand c’était presque le plus inespéré. Ses lèvres dans mon cou, mon souffle se fait plus court, il y a longtemps que je n’ai pas goûté à ce mélange équilibré de passion et de tendresse qu’elle m’offre. Son aveu me fait sourire « Ce cours de self défense était plutôt suggestif… » lâché-je avec légèreté avant de venir rechercher ses lèvres pour l’embrasser avec encore un peu plus d’envie. Ses doigts se fraient un chemin jusqu’à la ceinture de mon pantalon le bouton desserre son étreinte, la fermeture descend de même que le tissus qu’elle fait glisser sur mes jambes. Une sonnerie retentie au loin, ce n’est pas mon téléphone, il n’a plus de batterie et je ne l’ai pas rallumé. Je secoue la tête « Ne songe même pas à vouloir aller décrocher. » et pour la dissuader totalement je fais subir à son pantalon le même sort qu’au mien, trop avide de la sentir encore plus contre moi. Mes mains sur ses hanches, glissant dans le creux de son dos, je rapproche nos corps dans une proximité toujours plus grisante, ponctuée d’oscillations faisant monter progressivement la température. Des mois d’actes manqués, de désir frustré, mis en cage, ce flirt avec l’interdit semble décupler l’envie alors que ce qui nous lie donne une saveur particulière à chaque sensation. Mes lèvres apprivoisent la douceur de son épiderme, je libère l’accès à des parcelles clés en faisant de sa lingerie un souvenir, reprenant notre échange à mon compte. Guidée par ses souffles et le rythme des soulèvements de sa poitrine que je découvre avec minutie, je me mets à l’écoute de son plaisir et m’y dévoue volontiers.

Je lui avoue avoir rêvé de ce moment depuis le premier jour. D’un sourire mutin elle appuie sur le fait que ce cours de self défense était quand même suggestif, et elle a raison de le souligner. D’ailleurs, ça me fait rire. Et alors que nos corps se réchauffent, j’entends une sonnerie lointaine. Une sonnerie de téléphone. « Ne songe même pas à vouloir aller décrocher. » Je n’en avais pas l’intention, surtout pas en si bon chemin. Je crois que nous avons assez attendu pour devoir encore abandonner l’idée de profiter de ce moment. Nos vêtements deviennent un vieux souvenir, et c’est avec tendresse que nous nous mettons mutuellement à nues. Nos corps se réclament, la danse qu’ils instaurent entre eux ne semble plus faire partie de la partie très volontaire de notre cerveau. Pour ma part, c’est quelque chose de plus instinctif, quelque chose de naturel, comme si je laissais enfin mes envies guider mes pas, mes actions, mes caresses. Nos baisers s’intensifient et la température en fait de même, au même titre que ma respiration se raccourcit. Spencer ne perd pas de temps et fort heureusement parce que je n’aura pas eu la patience d’attendre plus longtemps. Ses lèvres s’emparent de mon corps tout entier et je suis à sa merci. Plus rien n’existe, il n’y a plus qu’elle et moi. Pas même mon téléphone qui se remet à sonner une nouvelle fois. Le souffle court je m’adresse à la jeune femme « T’arrête pas… » Pas en si bon chemin. J’ai l’impression que je n’ai pas pris autant de plaisir depuis longtemps. Très longtemps. Trop longtemps. Nouvelle sonnerie de téléphone, mais cette fois elle s’accompagne de la sonnerie de l’appartement. « Non… reste avec moi… » J’ai l’impression d’être comme dans un rêve, un rêve qui s’apprête à toucher à sa fin, un réveil qui sonne et qui pousse le rêve à s’estomper. La sonnerie de l’appartement retentit à nouveau, avec plus d’insistance, alors que j’approchais du plaisir ultime, mais ça fait tout redescendre. Nouvelle sonnerie de mon téléphone, le sort s’acharne. « Fait chier… » Je sors de notre bulle, j’y suis forcée et ça m’agace. J’embrasse la jeune femme de manière furtive avant de m’adresser à elle. « Va ouvrir, on sait jamais. Je vais voir qui m’harcèle… » Que je lui fasse vivre un enfer… Je me lève de son lit, complètement nue, à la recherche de mon téléphone. Mais il doit être dans le salon, dans mon sac. Alors j’enfile à la hâte mon jean et le t-shirt de spencer pour aller dans le salon récupérer mon téléphone qui continue de sonner. C’est l’école d’Ugo, ça pue…

Moi aussi j’ai rêvé ce moment, maintenant que nous y sommes je sais que rien ne vaut la réalité. Hors de question de laisser quoi que ce soit s’interposer une nouvelle fois entre nous. Désormais c’est juste elle et moi, je finis par ne même plus entendre les sonneries de son téléphone. Tout ce qui m’importe ce sont ses soupirs, et les indices que me donnent son corps quant au plaisir que je lui donne. M’arrêter ? Ce n’était pas dans mon programme. Mais lorsque la sonnerie de mon appartement retentie, je perds le fil quelques secondes. Mia me demande de rester avec elle, ses désirs sont des ordres auxquels je me plie volontiers. C’est sans compter sur ce putain de destin qui a tout l’air de s’acharner, sous la forme de cette insistance avec laquelle son téléphone persiste à sonner de même que la sonnerie à l’entrée de chez moi. Ce moment pourtant parfait se range dans la longue liste d’actes manqués qui ponctuent notre relation. Mia fini par renoncer à ignorer cette petit machine dont on est esclave qu’est le téléphone. Je soupire longuement, lasse, frustrée. La brune m’invite à aller ouvrir alors qu’elle va voir qui la harcèle de coup de téléphone. Je hoche la tête « Ouais… » on ne sait jamais… En cinq jours personne à par elle ne s’est pointé chez moi, et c’est pile aujourd’hui qu’on a décidé de m’emmerder ? Karma de merde. Je me lève, enfile un pantalon de jogging à la hâte ainsi qu’un t-shirt. Moins glamour tu meurs, mais je vais pouvoir prétexter être malade. Mia est dans le salon, elle regarde son portable, ça sonne encore « J’arrive ! » que je gueule pour faire cesser l’agiter de la sonnette. Je me tourne vers la jeune femme et lui à voix basse « Tu devrais retourner dans la chambre… Au cas où… » au cas où on a vraiment été maudites. J’attends qu’elle s’éclipse et ouvre la porte, j’y trouve deux de mes collègues « Ah bah t’es encore en vie ! On s’est inquiété pour toi Spence ! Tu réponds plus au téléphone ? » je secoue la tête « Désolée, je l’ai laissé je ne sais pas où, il doit plus avoir de batterie. » « Et ça va sinon ? C’est pas bon de rester seule comme ça, on voulait t’inviter à aller boire un verre. » je secoue la tête « C’est gentil mais j’ai un peu la crève en plus de tout le reste alors… » mes collègues se montrent compréhensifs « Ah. C’est vraiment une semaine de merde. » je hoche la tête « Ouais, c’est clair. » ils sont loin d’imaginer à quel point et comment ils viennent d’y contribuer, mais leur visite part d’une bonne intention « On va te laisser alors. » j’esquisse un vague sourire « Oui, j’vais retourner comater devant Netflix. Merci d’être passé, c’est sympa. » « On est avec toi tu sais ? » je hoche la tête « Je sais. Merci. Bye. » je referme la porte et prend ma tête entre mes mains en répétant « C’est pas possible. » je secoue la tête, je suis à bout, et c’est ridicule mais j’aurais presque envie de pleurer de colère. Point positif Mia est toujours là, d’ailleurs je la rejoins dans la chambre, elle vient de raccrocher « Désolée, des collègues qui s’inquiétaient d’avoir aucunes nouvelles… Mais c’est bon ils sont partis. » je glisse une main sur sa hanche, soulevant le tissu de mon t-shirt avec la seconde « Il te va bien mais je te préfère sans. ». Je vois à son regard qu’un truc cloche, j’échappe un petit rire nerveux « Tu dois y aller, c’est ça ? ».

Ça me rend dingue, j’essaie de ne pas y voir de signe, de ne pas croire que c’est la vie qui cherche encore à nous tenir éloignées l’une de l’autre. Est-ce que je dois y croire, écouter ce putain de destin qui nous sépare encore, au meilleur moment ? C’est mon coup de téléphone qui me le dira. A moitié habillée - ou déshabillée - je cherche mon portable et une fois trouvé, Spencer me chope au passage pour me proposer de rejoindre la chambre, au cas où. Je hoche la tête et quitte le salon, tirant la porte pour la laisser tranquille, et rappeler l’école d’Ugo. Comme j’avais peur de m’y attendre, je dois aller chercher le petit garçon parce qu’il est malade, une histoire d’allergie, j’ai pas tout compris. Avant, je pouvais appeler ma vraie fausse femme pour qu’elle s’en occupe, là je n’ai plus le choix. D’autant plus qu’Elijah est parti vivre à l’autre bout du monde. Pas le choix, je dois partir d’ici, même si je le fais à reculons. Elle revient et s’excuse en me disant que ses collègues voulaient des nouvelles, c’est gentil ça. Elle se rapproche, je la laisse faire, entourant mes bras autour de sa nuque. « Tu dois y aller, c’est ça ? » Je fronce mon nez dans une petite grimace mignonne. « Mon fils a fait une allergie, je dois aller le chercher à l’école. »[/color] Je viens embrasser la jeune femme, en essayant de ne pas refaire monter le désir. « On se rattrapera, il est pas question qu’on en reste là. » Je voudrais juste lui faire comprendre que je n’abandonne pas pour autant, sous prétexte que la vie cherche à nous empêcher de poursuivre cette histoire. Je me décolle d’elle pour finir de m’habiller. Je récupère mon haut que je lui tends en souriant. « Je garde le tiens. T’as qu’a garder le mien. Comme ça ça me fera une raison de venir le récupérer, ou toi de récupérer le tien. » Je choisis de prendre les choses avec légèreté, je préfère, plutôt que de plomber l’ambiance. « Je propose qu’on laisse passer la convocation, et on se voit après, quand tout ça sera derrière nous, ça te convient ? » Une fois fini de me rhabillée, je me rapproche d’elle et glisse une main tendre sur sa joue. « J’ai déjà hâte.. » Et je l’embrasse une dernière fois avant de quitter son appartement pour rejoindre l’école d’Ugo, la tête sur une autre planète.