Kind of the old time (dylake#5)

J’ai merdé l’autre soir au bar en draguant ouvertement Blake. Je mets ça sur le compte de l’alcool parce qu’il est évident que sobre je n’aurais jamais agis ainsi, cependant si je l’ai fait une fois désinhibée par quelques verres ce n’est sans doute pas pour rien. Quoi qu’il en soit j’ai décidé de présenter des excuses à la concernée et lui proposer de me faire pardonner. Je ne veux pas tout faire foirer, Blake compte pour moi, j’ai envie que ce truc d’amitié fonctionne. C’est elle qui propose notre activité, un cours de tennis. Je valide l’idée aussitôt, c’est parfait pour entretenir notre complicité, et puis je ne peux nier que ce petit retour dans le passé me fait plaisir. Quand nous étions ensemble il m’arrivait de lui donner des cours, toujours à sa demande, et j’appréciais réellement qu’elle souhaite découvrir et partager un peu de ce qui a été ma vie pendant de nombreuses années. C’était une autre vie, de la même manière que notre histoire, j’ai l’impression qu’un nouveau chapitre de mon existence s’est ouvert à mon arrivé à L.A, à moi de l’écrire en essayant d’éviter les ratures. La veille de notre rendez-vous, j’ai fouiller dans les cartons de mes affaires de tennis… C’est con mais je n’arrive pas à m’en séparer, bien que ce soit derrière moi. Elles sont là, encore enfermées, attendant un potentiel nouveau déménagement. Ce qui n’est pas au programme. C’est avec une petite pointe de nostalgie que je redécouvre des tenues, des paires de baskets… Si je les ai gardé c’est qu’elles ont une importance, une signification à mes yeux. Je trouve enfin celle que je cherchais, cette tenue que j’ai porté pour mon tout dernier tournoi du grand Chelem à Roland Garros. Après ça j’ai mis un terme à ma carrière professionnelle, j’ai débuté une nouvelle vie et puis j’ai rencontré Blake.
J’arrive au Griffith Park un peu avant l’heure convenue, sac de sport sur une épaule, mes raquettes sur l’autre. Blake ne tarde pas à arriver, me retrouvant devant les vestiaires près des courts, je lui adresse un large sourire alors qu’elle s’approche « J’espère que tu es aussi en forme que tu en as l’air. » je ne dis pas ça pour la flatter, j’ai l’impression de sentir sa motivation. Nous rejoignions les vestiaires et je lui sors la tenue que j’ai amené pour elle « Voilà. Mon dernier Roland Garros. » j’esquisse un sourire en coin « La jupette te convient ? ». Elle prend les affaires, et je m’éclipse dans le vestiaire d’à côté pour me changer pour éviter toute situation étrange. Nous nous retrouvons sur le court et je n’ai bien évidemment pas oublié ce que mon ex a déclaré concernant ma forme physique, ni la promesse faite de lui prouver le contraire « On va commencer par un petit échauffement tranquille. Se serait bête que les vieilles trentenaires que nous sommes se claquent dès le début. » dis-je en riant avant de débuter notre échauffement.

J'ai le coeur en vrac, les idées un peu à l'envers. Depuis l'autre soir, je n'arrive pas à m'enlever Dylan de la tête. Je ne fais que me repasser la scène du bar en boucle. Ma jalousie incontrôlée quand je l'ai vu avec une autre, et puis le flirt qui s'en ai suivi. Quelle idée elle a eu de me draguer ouvertement comme ça aussi. Merde quoi, c'est pas comme si ça me laissait complètement de marbre. Je crois même que j'ai bizarrement apprécié - peut-être trop d'ailleurs. Mais c'est pas bien, c'est pas comme ça que je devrais réagir. Le problème, c'est que c'est quelque chose que je suis incapable de contrôler. C'est plus fort que moi, plus fort encore que la raison. Et c'est en train de me dépasser totalement. Je crois qu'il y aura toujours une part de moi qui restera attachée à elle. Quoi que je puisse faire, quoi qu'il puisse arriver, Dylan est sans aucun doute la personne la plus importante à mes yeux, et dans mon cœur. Et ça, ça change tout. Voilà pourquoi je suis faible face à elle. C'est comme si je perdais totalement le contrôle de moi-même pour me laisser guider par une force intérieure impossible à maîtriser. C'est une sensation un peu étrange. Et entre nous, je ne suis pas certaine que cette idée de cours de tennis particulier soit une excellente idée. Ça me rappelle encore une fois beaucoup trop de souvenirs. Des souvenirs de notre vie à deux à San Francisco, de notre amour. De ces moments de complicité que tout ça pouvait représenter pour nous. Pour autant quelque chose me pousse à ne pas trop réfléchir à ça. J'ai besoin d'écouter mon cœur et mes envies. Et peu importe si ce n'est pas la meilleure des choses à faire. C'est motivée, voir même un peu surexcitée comme une ado, que je retrouve Dylan devant les vestiaires près des courts. « J’espère que tu es aussi en forme que tu en as l’air. » Je hoche vivement la tête, un large sourire aux lèvres. « T'imagines même pas. » Dans les vestiaires, la jeune femme me tend la tenue promise, celle de Roland Garros, et je ne peux m'empêcher de sourire. C'est un geste anodin en soit, mais pour moi ça représente beaucoup. Bien évidemment qu'elle me convient cette jupette, quelle question. Nous nous changeons chacune de notre côté avant de se retrouver. « Elle est parfaite, même si de toute évidence je ne la porte pas aussi bien que toi. » Un compliment déguisé dans un petit sourire en coin. Bon allez, c'est parti. Sur le court, Dylan propose de commencer par un petit échauffement. « On va commencer par un petit échauffement tranquille. Ce serait bête que les vieilles trentenaires que nous sommes se claquent dès le début. » Je pouffe de rire avant de lever un peu les yeux au ciel. « Parle pour toi. Je me suis échauffée pendant des heures avant de venir, j'ai le corps d'une jeunette de vingt ans moi. » Ouais ou pas. Mais c'est bien de vouloir faire illusion. Une fois l'échauffement terminé, c'est limite si je suis pas déjà cuite. Elle veut me tuer ou quoi ? « Bon ok... j'ai peut-être perdu un peu de mon endurance. » Ajoutais-je en riant. C'est un fait. « Mais n'essaye pas d'en profiter. » Ouais parce que je la connais hein. Après ça, elle se place de l'autre côté du filet, m'envoyant tranquillement des balles pour commencer. Mais je me rends compte très vite que c'est une catastrophe. Je n'ai pas joué depuis longtemps, et ça se voit. J'ai vraiment honte. « Non mais c'est pas possible d'être aussi nulle. Tu veux pas venir me remontrer les bases ? » Autant reprendre les gestes de base depuis le début, parce que là, ça ressemble à rien.

La motivation de Blake est palpable et fait plaisir à voir, dans ces moments là elle est comme une gamine, j’ai toujours trouvé ça adorable. Tout autant que le regard qu’elle pose sur la tenue que je lui tends, sa joie est communicative et vient s’ajouter au plaisir que j’ai d’être là, de savoir que l’on va passer du temps ensemble. Pour autant je n’ai pas prévu de la ménager, je sais très bien qu’elle n’est pas la pour ça, elle me connaît. Ce n’est pas son petit compliment qui va m’attendrir – un peu quand même – et je lui propose de débuter l’échauffement sans attendre. A la fin de celui-ci la brunette semble déjà un peu fatiguée, elle admet avoir perdu en endurance ce qui me fait sourire « Elle est où la jeunette de vingt ans ? » je regarde autour de nous, taquine et Blake m’affirme que je ne dois pas profiter de sa faiblesse. Je secoue la tête amusée « Comme si c’était mon genre. » ça l’est totalement. Mais je le fais toujours dans un bon esprit « Allez, passons au vif du sujet. » je lui donne une raquette, prend la mienne ainsi que des balles et me place de l’autre côté du filet. J’y vais tranquille pour les premiers échanges, le temps qu’elle reprenne ses marques. Elle me retourne une balle sur quatre, les autres finissant soit derrière elle, soit dans le filet. Finalement Blake, dépitée par son niveau réclame une petite révision des bases… Je crois effectivement que ça s’impose si je ne veux pas passer de prof à ramasseuse de balles. « Oui, revoyons les bases. » je la rejoins de son côté du court « Tu es trop rigide, on dirait un playmobile. » dis-je en riant « Tu peux bouger tu sais, c’est le but. » je lui redonne des explications sur le positionnement, détaille les gestes. Le tennis a été mon métier mais avant cela il a toujours été ma passion, alors quand il s’agit de ce sport j’oublie tout le reste, y compris que la situation puisse de nouveau être bizarre entre Blake et moi. Je n’hésite pas une minute à me rapprocher pour me placer derrière elle, une main sur sa hanche « Mais détends toi. » lâché-je en riant, tout en accompagnant le mouvement qu’elle est censée faire « Je l’avais dit, y’a que ton planning qui est souple. » la taquiné-je. Je guide son geste plusieurs fois, et finalement c’est en sentant les effluves de son parfum que je prends conscience de notre proximité. Je m’éloigne doucement « Refais le. » dis-je en restant dans mon rôle de prof « C’est mieux. Sois plus mobile sur tes pieds, ça sera plus facile. On réessaie de taper quelques balles ? Ou tu as d’autres questions ? ».

Je n'ai jamais été une grande joueuse, loin de là. Mais disons qu'à l'époque j'étais capable de renvoyer quelques balles et faire deux ou trois échanges. Mais là, c'est catastrophique. Je ne sais pas comment me placer, et mon timing est vraiment mauvais. Faut croire que le tennis, c'est pas comme le vélo, au fil des années les réflexes se perdent. Ou du moins au tout début. Je crois que j'ai besoin de revoir la technique des gestes de base pour essayer de retrouver un semblant de repères. C'est là que l'expérience de Dylan doit intervenir. « Oui, revoyons les bases. » Elle vient de mon côté du filet pour peaufiner ses explications. « Tu es trop rigide, on dirait un playmobile. » Elle se fout de ma gueule, mais c'est de bonne guerre. Et vu mon niveau, je ne peux trop rien dire. « Oh ça va hein. » Mon rire se mélange au sien, alors qu'elle vient se positionner juste derrière moi, sa main se posant sur ma hanche. « Mais détends toi. » Je serais peut-être plus détendue si elle n'était pas aussi proche de moi... « Je l’avais dit, y’a que ton planning qui est souple. » Bon ok, c'est pas faux. Mais bizarrement cette proximité me rend toute chose. La sentir aussi près de moi, mon corps se collant contre le mien, ça me fait bizarre. Je crois que je n'étais pas prête pour ça... « Je suis détendue pourtant. » Ou pas. Mon corps est figé, un peu comme paralysé. Dylan me guide à plusieurs reprises sur les différents gestes pour répéter, alors que mon cœur, lui, s'emballe. Je ne peux pas vraiment me concentrer dans ces conditions. C'est pas ma faute non plus. « Mais c'est pas du jeu, tu me déconcentres aussi avec tes conneries. » Je fais passer ça sur le ton de l'humour par rapport aux petits piques qu'elle m'envoie. Mais en réalité, c'est vrai, je suis perturbée. Elle me perturbe. Son corps entier me perturbe. Son odeur, ses mains sur moi... Elle s'éloigne un peu, et j'essaye de mettre tant bien que mal en application les consignes qu'elle vient de me donner. « Refais le. » C'est pas super bon, mais c'est déjà moins pire. Même si y'a encore quelque chose que je n'arrive pas à bien sentir. « Y'a un truc qui va pas. » Je la regarde, une grimace au coin des lèvres. « Sur le coup droit, j'ai l'impression d'avoir le bassin bloqué. Je sais pas pourquoi, mais c'est pas naturel. » Je sais pas si c'est la position de mes jambes, ou si c'est lié à l'action du haut de mon corps, mais effectivement ça coince. Et comme je suis un peu perfectionniste dans mon genre, j'ai envie de savoir ce qui va pas. « Je fais un truc de travers ? » Même si pour ça, elle doit revenir près de moi. Peut-être qu'inconsciemment c'est le but de la manœuvre en fin de compte... et alors ?

Les difficultés de Blake sont plutôt faciles à identifier, elle a perdu tout repère, ne sait plus comment se placer, ni même à quel moment frapper la balle et puis elle est aussi très statique et rigide. Je lui fais part de mon diagnostique en la taquinant gentiment et tente de lui faire changer d’attitude. Ce n’est pas un franc succès, elle est tendue et forcément ça influe négativement sur la qualité de ses gestes. Et elle finit par déclarer que c’est de ma faute, ou plutôt celle de mes conneries je hausse les épaules « Tu sais bien que je ne sais pas faire sans. » je lance toujours des petites vannes, c’est comme ça. Pour l’aider à se concentrer, mais surtout pour éviter que les choses deviennent étranges, je m’éloigne, lui proposant de refaire les mouvements sans que je ne dise ou fasse quoi que ce soit. Il y a un peu de mieux, ce n’est pas parfait, évidemment et ça le serait au prix d’heures de travail j’en sais quelque chose. Je lui laisse le choix de retenter quelques échanges, mais Blake n’est pas encore assez à l’aise, un truc cloche sur son coup droit, selon elle. Je la regarde attentivement, elle a raison ça bloque au niveau de son bassin. Est-ce qu’elle fait un truc de travers ? Je secoue la tête en souriant « Non tu apprends c’est tout. Bon regarde, toi tu fais ça. » je lui donne une illustration un peu exagérée de sa manière de faire « Alors qu’il faut plutôt faire ça. » je lui montre le bon geste mais je vois bien que ça ne l’aide pas vraiment. Je m’approche à nouveau « C’est là que ça coince. » mes mains se pose sur ses hanches « Il faut que tu accompagnes avec ton bassin… » je guide à nouveau ses mouvement, mais si plus tôt j’étais totalement détachée de qui elle est, et de ce que cette proximité pourrait provoquer, cette fois j’ai bien plus de difficulté à rester de marbre. « Le truc c’est que justement tu te mets pas assez de travers » dis-je en riant légèrement, mes lèvres tout près de son oreille. J’ai l’impression d’être de retour plusieurs années en arrière, et ce n’est pas une bonne chose, j’en suis parfaitement consciente. « Recommence. » lui dis-je, accompagnant une nouvelle fois son geste, mais cette fois avec tout mon corps pour la pousser à l’accentuer. « C’était mieux. Non ? » on va peut-être finir par pouvoir les taper ces balles… Il serait préférable que je retourne de mon côté du filet assez rapidement, je n’ai pas bu mais le passé est parfois tenace.

Quand quelque chose ne fonctionne pas comme je le voudrais, ça m'énerve. J'ai tendance à m'investir à 100% dans ce que je fais, et ce peu importe le domaine. Et là, c'est frustrant. Surtout quand je sais qu'à l'époque j'y arrivais beaucoup mieux que ça. Alors je sais pas si j'ai rouillé avec les années... ou si mon corps est trop tendu pour une raison bien particulière, mais j'ai envie de réussir. Mais ça c'était sans compter cette proximité soudaine avec la blonde qui me renvoie quelques années en arrière. Cette scène-là, ce n'est pas la première fois qu'elle a lieu. Avant, c'était même un peu tendancieux à chaque fois que je lui demandais de venir m'aider d'un peu plus près. Parfois même, c'est elle qui s'approchait volontairement pour me guider, coller son corps contre le mien. C'était un jeu pour nous. Un jeu complice de couple. Mais aujourd'hui, c'est plus la même histoire. Pourtant je me surprends à en retrouver les mêmes sensations. Les mêmes saveurs. Et je crois que c'est pour ça que mon cerveau fait un blocage. Trop de tension, pas assez de relâchement. C'est dur d'arriver à se libérer complètement quand on sait ce qui nous a lié par le passé. « Non tu apprends c’est tout. Bon regarde, toi tu fais ça. » Elle me montre ce que je fais. « Alors qu’il faut plutôt faire ça. » Et me montre ensuite le bon geste à faire. Mais je reste perplexe. J'ai du mal à saisir le truc si je n'essaye pas de le mettre en place en même temps. Dylan se rapproche à nouveau, posant ses mains sur mes hanches. « C’est là que ça coince. » Cette fois, mon corps ne se raidit pas. Je me laisse faire, essayant de me libérer de toutes ces pensées qui m'envahissent pourtant de tous les côtés. « Il faut que tu accompagnes avec ton bassin… » Ses mains poussent alors mes hanches en avant pour mimer le geste de l'accompagnement. Je sens son visage tout près du mien, derrière moi, à tel point que je peux même ressentir son souffle effleurer mon cou. Un frisson incontrôlé vient se loger dans le bas de mon dos, alors qu'une boule s'immisce dans le creux de mon ventre. Pendant quelques secondes, je me laisse complètement aller, à ses mouvements qui me guident, à sa voix qui me transporte dans un autre monde. « Recommence. » Et nous recommençons le mouvement en question ensemble, son corps venant s'appuyer contre le mien pour accentuer le geste. « C’était mieux. Non ? » Je tourne légèrement la tête pour croiser son regard, alors que je sens mon cœur tambouriner dans ma poitrine. Nos visages sont brusquement plus proches que jamais, à quelques centimètres l'un de l'autre maintenant. Et c'est comme si le temps s'arrêtait pendant une fraction de seconde. Mon regard bloque un instant sur ses lèvres avant de venir se plonger dans le sien. Merde, là, c'est bizarre. La tension est vraiment palpable. « Je crois que j'ai compris le truc. » Et j'avance finalement pour m'éloigner, répétant le geste dans l'air pour le mémoriser. « On peut réessayer de faire des échanges si tu veux. » Ouais, c'est peut-être mieux de se retrouver de part et d'autre du filet en fait. Comme pour mettre une espèce de distance de sécurité. Une barrière à ne surtout pas dépasser. Je trottine alors jusqu'au côté opposé, me mettant en position d'attention, prête à recevoir les balles. Cette fois, c'est la bonne.

C’est pas bon de faire remonter ces souvenirs… Enfin si ça l’est, mais c’est dangereux parce que l’on pourrait s’y perdre. Moi qui lui proposait de se voir pour rattraper mon comportement de la dernière fois, je sais pas si on est mieux présentement. Bien sûr notre complicité et cette proximité sont au service du cours que je lui donne… C’est à des fins purement pratique. Tu parles ! Je suis typiquement en train de faire ce que j’avais promis de m’interdire à tout prix, surtout ne pas tomber dans l’ambiguïté. Sauf qu’il s’agit de Blake et ça change tout, mes bonnes résolutions les premières. Lorsqu’elle tourne la tête pour me regarder et que nous nous retrouvons face à face, nos visages bien trop près l’un de l’autre, c’est le coup de grâce. Mon cœur s’accélère, j’ai bien plus chaud. Je me perds dans son regard, ça fait longtemps que je ne l’ai pas soutenu, pas aussi intensément. Je la vois regarder vers mes lèvres, dans deux secondes je vais faire une connerie si aucune de nous ne bouge. Heureusement Blake dit un truc, que je ne comprends même pas vraiment, mais qui suffit à me ramener à la réalité, puis elle s’éloigne. Je la regarde refaire le geste que l’on vient de travailler puis elle part se placer de l’autre côté du file avant même que j’ai le temps de penser à le faire moi-même. Ok. Apparemment on a toutes les deux vécues le côté bizarre de la situation. C’est logique, et je ne lui en veux pas de fuir, au contraire. Il est temps de voir si ce petit rappel des bases a été bénéfique, à en croire le retour des balles, oui. Ce n’est pas parfait mais on arrive à faire quelques échanges, ses repères ont l’air de revenir petit à petit. J’en profite, m’amusant à la faire courir un peu plus « Ça va ? Tu tiens le rythme ? » demandé-je après plusieurs longs échanges. Je donne de ma personne aussi pour sauver quelques balles maladroitement renvoyées par Blake. Finalement j’arrête le jeu après une bonne séquence, elle a besoin de souffler un peu « Petite pause méritée » déclaré-je en me dirigeant vers mon sac. J’en sors une bouteille d’eau, bois quelques gorgées puis pose à nouveau mon regard sur la brunette « On dirait que ça revient doucement. » je lui souris, je parle évidemment de son jeu « Je ne suis pas une si mauvaise prof pour une joueuse du dimanche. » dis-je en faisant référence à notre conversation par sms.

J’étais à deux doigts de faire une connerie - ou à deux centimètres plutôt. C’est pas possible d’être aussi proche d’elle comme ça. Surtout quand mon regard fait un blocage intensif sur ses lèvres. Non mais qu’est-ce qui me prend ? Je souffle un peu, tentant de reprendre mes esprits, avant de me diriger de l'autre côté du filet, le cœur battant. On en reviendra toujours au même point elle et moi. Comme si nos destins étaient liés, nos cœurs attirés comme des aimants. Nos corps aussi surtout. Parce que là, il y a eu rapprochement. Il y a eu contact. Et c’est justement ça qui m’a fait perdre la tête. Elle ne peut plus être aussi parfaite à mes yeux… pas après tout le mal qu’elle m’a fait. Alors pourquoi je ne peux m’empêcher de chercher à être proche d’elle ? On dirait que c’est plus fort que moi. Il se serait passé quoi si j'avais essayé de l'embrasser ? Après la scène du bar, je ne suis pas certaine qu'elle m'aurait repoussé. Et c'est bien ça le problème. Fais chier putain. J'ai pas le droit de penser à ça. Finalement, au fil des échanges, je commence à reprendre doucement mes repères. Je ne rate plus aussi souvent qu'au début, même si c'est loin d'être parfait. On a au moins le mérite de jouer un peu, c'est déjà ça. Dylan se fait d'ailleurs un malin plaisir à me faire courir, droite, gauche, devant, derrière, et je suis déjà au bout du rouleau. « Ça va ? Tu tiens le rythme ? » Elle en profite en plus, et ça m'énerve. Mais je donne du coup le meilleur de moi-même pour essayer de ne pas être trop ridicule. Après une bonne séquence, il est temps pour moi de souffler. Une minute de plus, et je crois que je crachais mes poumons. « Petite pause méritée » Je tente de calmer mon rythme cardiaque, en buvant un coup. « On dirait que ça revient doucement. » Je lui souris, tout en hochant la tête. Oui, ça commence à revenir. Et ça me fait quand même plaisir. J'aime bien jouer au tennis, pas parce que c'est son sport à elle, mais un peu quand même. « Je ne suis pas une si mauvaise prof pour une joueuse du dimanche. » Je m'assois sur le banc avant de relever un peu la tête dans sa direction. « Ça va, t’es pas si mal. » Comme prof bien évidemment. Quoi d’autre ? « Même si t’es pas super tendre avec moi quand même... » J’ai encore du mal à retrouver un semblant de respiration après ce qu’elle vient de me faire subir. Sérieux, je suis vraiment si peu endurante que ça ? C’est grave quand même. « J’ai l’impression que j’ai déjà les jambes en compote. » Je pose les mains sur mes genoux, faisant mine de tirer la langue d’épuisement. « Ne parlons même pas de mon dos, je crois que je me suis coincée un nerf. » De toute évidence c’est plutôt moi la sportive du dimanche. « Je vais mettre cinq jours pour m’en remettre. » Ajoutais-je en pouffant de rire pour me foutre légèrement de ma gueule, posant ma main dans le bas de mon dos.

On est passé à un rien de faire un truc stupide, mais heureusement Blake a su reprendre ses esprits suffisamment vite pour éloigner la menace. Mieux vaut se concentrer sur la raison principale de notre présence ici : le tennis. Le jeu devient plus fluide, les balles me reviennent de mieux en mieux et je me permets même de mettre la brune un peu plus en difficultés pour qu’elle sache pourquoi elle est là. A quoi bon venir faire du sport si ce n’est pour ne pas mouiller un peu le maillot, hein ? Je la provoque un peu, la défie pour la voir se donner à fond. Pas par sadisme, mais parce que j’ai toujours eu plaisir à voir à quel point c’est une battante, quelqu’un de déterminé, quitte à parfois en faire trop. Là c’est à moi de freiner un peu le rythme et de proposer une pause, pour la ménager. Le but n’est pas de se faire mal. Je souligne que son niveau s’est bien amélioré au fil des échanges, accompagnant cet encouragement par une pointe d’humour sur mes compétences en tant que prof. Blake acquiesce, je m’en sors bien malgré ma tendance à lui en faire baver un peu « C’est comme ça qu’on progresse… Et être tendre je garde ça pour d’autres contextes. » mais pourquoi tu ne la ferme pas un peu parfois Dylan ? Je bois encore, espérant sans doute que ça fasse passer inaperçue ma remarque débile. La brune accuse le coup, faut dire qu’elle se donne vraiment à fond et avec le manque de pratique l’endurance n’est plus trop au rendez-vous. Les jambes fébriles c’est une chose, mais le plus embêtant c’est l’aveu fait concernant son dos. Mon regard se fait plus inquiet « Tu as mal ? » a en croire sa manière de se tenir le bas du dos, je pense que oui, ou en tout cas à froid elle va le sentir passer. « Je crois que c’est mieux qu’on s’en tienne là pour aujourd’hui, non ? » ça me paraît plus raisonnable en tout cas « Je voudrais pas que tu ne puisses plus bosser à cause de tes courbatures et encore moins que tu te sois coincée le dos. » je me sentirais clairement responsable. Finalement je ne lui laisse pas le choix, récupérant sa raquette pour la ranger, tout comme la mienne « On va s’étirer un peu et quand on sera au vestiaire je te donnerais une crème que j’ai pour les contractures musculaires et trucs dans le genre. » l’expérience fait que je suis prévoyante. Nous nous étirons, je vois bien que Blake grimace un peu par moment « Ça va aller ? » demandé-je alors que je récupère les affaires avant de prendre la direction des vestiaires. « Profites de la douche chaude, ça aide. » lui dis-je avant de la laisser et regagner le vestiaire où je me suis changée plus tôt. Je prends une douche puis rejoins à nouveau la brunette, elle a pris un peu plus de temps que moi sans doute pour suivre mon conseil, et lorsque j’arrive elle est en serviette. « Pardon. » je me retourne « J’ai la crème. » dis-je en agitant la main dans laquelle je tiens le tube « Si tu veux en mettre avant de te rhabiller. » pensant que pour l’appliquer dans son dos elle risque de galérer j’ajoute « Je peux t’aider si besoin. » proposé-je.

A vouloir essayer de ne pas paraître trop ridicule à ses yeux, je crois que j'ai voulu trop forcer. Et avec le manque de pratique, clairement, mon corps a du mal à encaisser. Surtout mon dos en l’occurrence d'ailleurs. Le reste c'est pas trop grave en soit, quelques courbatures n'ont jamais fait de mal à personne. « Tu as mal ? » Je grimace un peu avant de hocher la tête. « Ça va passer. » Ou pas... généralement c'est pire quand c'est froid. Dylan décide d'arrêter là pour aujourd'hui, jugeant sans doute que c'est plus raisonnable pour moi. Ça m'énerve de ne pas pouvoir aller jusqu'au bout des choses, c'est frustrant. Mais dans le fond, je sais qu'elle a raison. Ça serait pas très intelligent de continuer à forcer le destin pour se retrouver vraiment bloquée du dos et ne plus réussir à bouger. Elle range les affaires, et nous prenons quelques minutes pour faire des étirements. Bon ok, là, j'ai vraiment une pointe dans le dos. La douleur reste supportable, même si à mon avis elle risque de me tenir compagnie un moment. Je n'ai pas fait les choses à moitié. Nous regagnons alors les vestiaires, profitant chacune de notre côté d'une douche bien méritée. La sensation de l'eau chaude sur mon corps est agréable. Dylan avait raison, ça fait du bien. Et j'en profite pour rester un peu plus longtemps. Je ne peux m'empêcher de repenser à tout à l'heure. A notre proximité troublante, et à ce moment où mon regard a flanché sur les lèvres de la jeune femme. C'était qu'un moment de flottement, rien de plus. Un petit moment de faiblesse. En tout cas c'est comme ça que j'essaye de me rassurer. Et pourtant... mon corps tout entier avait envie de l'embrasser, c'est indéniable. Je secoue un peu la tête, voulant à tout prix chasser ces pensées de mon esprit, avant de m'enrouler dans une serviette pour sortir de la douche. Mon regard se fige lorsque Dylan fait son apparition. C'était moins une encore... « Pardon. » Elle se retourne par réflexe, et agite la crème entre ses mains. « J’ai la crème. » Ah oui... la crème. J'avais oublié. « Si tu veux en mettre avant de te rhabiller. » Je grimace un peu, consciente que ça risque de ne pas être une mince affaire pour m'en mettre dans le dos. « Je peux t’aider si besoin. » Comment refuser ? « Oui je veux bien. » Mais avant qu'elle se retourne, j'ai besoin d'un peu de temps. « Attends. » Je me dépêche pour enfiler une culotte avant de laisser tomber ma serviette sur le sol, mes deux mains venant recouvrir ma poitrine. « C'est bon. » Elle se retourne et je fuis inconsciemment son regard. « Tu préfères que je m'assois peut-être ? » Ajoutais-je en désignant le banc des vestiaires d'un signe de la tête. Ça serait quand même peut-être plus pratique. Je m'exécute sans attendre son aval, me tournant pour lui donner accès à mon dos dénudé. Je ne la vois pas, mais je la sens s’asseoir derrière moi, ses mains se posant sur ma peau.

Dépasser ses limites, trop forcer, je sais ce que c’est et j’en connais parfaitement les conséquences. C’est bien pour ça que je mets fin à la séance, Blake a déjà mal au dos, c’est inutile de poursuivre au risque d’aggraver les choses. Une bonne douche chaude relâchera un peu ses muscles et je lui propose d’utiliser ensuite une crème faite pour ce genre de douleur. Après avoir pris ma douche je la rejoins dans le vestiaire qu’elle occupe, une nouvelle fois mon timing est hasardeux mais je suis passée maître dans l’art de pivoter sur mes talons pour me retourner à la vitesse de l’éclair. Je n’ai rien vu, promis. De toute façon, je l’ai déjà vu nue, j’ai même connu par cœur son corps… Stop Dylan, ne pense pas à ça, surtout pas. J’agite le tube de crème pour justifier ma présence, et lui propose mon aide pour l’appliquer. Elle accepte tout aussi consciente que moi des difficultés à accéder correctement soi-même à son dos. J’allais me retourner, la brune me demande d’attendre, sans doute pour s’habiller un minimum, et je ne lui fais face qu’une fois autorisée. Effectivement, elle porte le minimum… ses bras cachant sa poitrine, ça suffit à ce que je déconnecte un très bref instant. Qu’elle s’assoit ? Je reprends mes esprits « Comme tu… » soufflé-je sans poursuivre puisque Blake s’est assise. Je prends place derrière elle, frotte un peu mes mains l’une contre l’autre pour qu’elles ne soient pas froides et mets un peu de crème dans ma paume pour ensuite enduire le dos de la jeune femme. « Tu me dis si je te fais mal. » je m’applique à faire preuve de douceur, mais je ne sais pas ce qu’il en est de l’intensité de la douleur et le passage sur une contracture peu être désagréable je le sais. Je masse son dos avec application, sentant sur mes mains l’effet chauffant de la crème. A vrai dire il n’y a pas que mes mains qui se réchauffent, être si proche de Blake est difficile, j’essaie de rester de marbre mais c’est impossible en sentant sa peau sous mes doigts, contre mes paumes, la savoir presque nue. Je me suis interdit de la désirer, à cause du mal que je lui ai fais… Mais ce n’est pas si simple parce que tout mon corps la réclame, d’autant plus en sachant qu’elle ressent aussi cette attraction, je l’ai senti l’autre soir, ou même un peu plus tôt sur le court. Je me concentre sur mes gestes, veillant à ne pas aller trop loin le long de ses côtes, sur ses hanches ou le bas de son dos. Mes mains ne glissent plus aussi facilement sur sa peau, signe que ce massage touche à sa fin. Je les laisse posées contre son dos, immobiles « Tu n’aurais pas dû tant forcer. T’avais rien à me prouver. » faudrait que je recule, que je me lève là, non ?

Elle a un don pour débarquer toujours pile au moment où je sors de la douche ou quoi ? Elle doit avoir un radar, c'est pas possible autrement. Non, parce que là franchement, je me demande presque si elle ne le fait pas exprès. Nouveau moment de gêne, alors que dans ma tête le tourbillon de mes pensées recommence. A croire que dès que mon ex est dans les parages, c'est reparti. Je ne vais jamais réussir à m'en sortir avec ces conneries. Comme si le sort prenait un malin plaisir à s'acharner sur nous. Ou peut-être est-ce une histoire de destin ? Honnêtement je ne préfère pas penser à ça, parce que c'est encore pire dans ma tête. Faut vraiment que ça s'arrête sinon je vais devenir folle. Dylan m'a déjà vu nue, et pas qu'une fois, je n'ai donc plus rien à lui cacher. Mais les circonstances étaient différentes, et c'est là toute la différence. Maintenant ce n'est plus vraiment approprié. Dos à elle, je m'efforce de rester la plus détachée possible, de garder un minimum de distance. Mais c'est tout le contraire de ce genre de contact. Un massage, c'est déjà beaucoup trop intime dans notre situation. « Tu me dis si je te fais mal. » Elle pose ses mains dans mon dos, et je frissonne à son contact. La crème est fraîche, c'est pour ça. Oui, oui, bien sur. Et on en parle de la douceur de ses mains ou pas ? Cette sensation me ramène des années en arrière, encore une fois, alors que je me surprends à me laisser aller à fermer les yeux. Je ne peux m'empêcher de nous revoir, ensemble, dans nos moments d'intimité. Et rien que de repenser à ça, je prends un coup de chaud. Ouais, là, clairement, c'est dur de rester indifférente. C'est même mission impossible. « Non, t'inquiètes, c'est parfait. » Ma voix est inconsciemment plus suave, trahissant ce sentiment de bien-être absolu. Plus les minutes défilent, et plus je me sens perdre pied. Le minimum de contenance que j'essayais tant bien que mal de garder jusqu'à présent s'est définitivement envolée. Bercée par ses caresses, je me laisse emporter par cette agréable sensation de chaleur qui vient s'immiscer dans mon corps. « Tu n’aurais pas dû tant forcer. T’avais rien à me prouver. » Elle s'arrête, et j'ouvre les yeux à contre cœur. « C'est plus fort que moi, tu sais bien que je ne sais pas faire les choses à moitié. » Elle me connait, elle sait que je me donne toujours à fond. « Et puis tu critiques déjà ma souplesse, j'allais pas en plus te donner l'occasion de critiquer mon niveau. » Je laisse échapper un petit rire d'entre mes lèvres. Je tourne la tête pour croiser son regard en pivotant légèrement mon corps, mais ce mouvement de côté provoque par inadvertance un frôlement de ses mains sur mon ventre. Elle les enlève, comme par réflexe, alors que je viens inconsciemment les rattraper entremêlant mes doigts entre les siens. Je ne sais pas du tout ce qui me prend, mais je ne réfléchis pas. Je réduis la distance qui nous sépare, posant délicatement mes lèvres sur les siennes. Un baiser furtif, volé, qui ne dure qu'une demi-seconde, mais suffisamment pour provoquer en moi une tornade de sentiments. « Merci. » Que je souffle du bout des lèvres en guise de remerciement. « Pour la crème. » Ouais, pour ça. Je souris sans la lâcher du regard.

C’est parfait. Bon ok, alors je continue à masser son dos avec délicatesse, sans me contenter non plus de juste caresser sa peau, là ce serait bizarre. Cela dit, un peu plus un peu moins, je crois qu’à ce stade on est plus à ça près ! Si. Peut-être, pour notre bien, pour garder un semblant de raison parce que clairement c’est de plus en plus difficile. Le silence s’installe, il n’a rien de gênant, c’est juste que ce moment semble suspendre un peu le temps, parce qu’on est plus proche et intime que l’on ne l’a plus été depuis des années. Forcément des souvenirs remontent, si c’est vrai pour moi je pense que ça l’est pour Blake aussi. Je mets fin au massage en constatant qu’il n’y a plus de crème, et souligne à la brune qu’elle n’avait pas besoin d’en faire autant, surtout pas pour m’impressionner ou je ne sais quelle autre raison. Mais c’est vrai, je la connais assez pour savoir qu’elle ne sait pas faire dans la demi-mesure « Ouais… » confirmé-je en souriant, c’est une évidence, Blake ne fait rien à moitié et j’adore ça chez elle. Et puis je lui ai donné des raisons de faire ses preuves en critiquant sa souplesse, mon rire fait écho au sien « Je ne critique pas je constate. » elle se tourne un peu, mes mains glissent sur son ventre, mon rire se stoppe en même temps que je romps ce contact. Mais Blake me surprend en venant s’en saisir, entremêlant nos doigts, et par la même occasion laissant sa poitrine totalement à la merci de ma vue. Je me concentre sur ses yeux, elle s’approche et dépose un bref baiser sur mes lèvres, suivit d’un remerciement. Les paupières closes, c’est plus facile pour ne pas flancher, je me pince les lèvres « De rien… » je rouvre un œil, puis l’autre. Erreur son regard, son sourire c’est définitivement plus que ce que je suis capable d’encaisser. Je me mords la lèvres dans une ultime tentative de résister, sauf qu’à ce stade j’ai épuisé mes ressources et surtout je crois que je n’ai plus envie de lutter. Cette fois c’est moi qui comble la faible distance entre nous, venant chercher ses lèvres. Et puis merde ! Ce baiser n’a rien de furtif, il est appuyé, assumé et l’une de mes mains quitte la sienne pour se glisser dans sa nuque. Mon cœur bat si fort dans ma poitrine j’ai l’impression qu’il va en sortir, il n’y a définitivement qu’elle pour provoquer ça. Et je sais que je vais me laisser emporter beaucoup trop loin si je ne m’arrête pas maintenant, clairement c’est déjà une connerie, alors je recule. Mes yeux accrochent les siens, face à l’envie de l’embrasser à nouveau ils bifurquent un peu malgré moi vers sa poitrine, brièvement avant de remonter mon regard vers le sien « Merci pour… la vue ? » finalement je regarde le plafond en riant « Pitié, enfiles quelque chose. ». A choisir je veux bien la voir nue même qu’à moitié, mais là c’est pas du tout une bonne idée.

Je sais pas ce qui me prend au juste, mais je crois que je suis en train de faire une connerie. Une belle connerie. Je perds totalement le contrôle de la situation. Parce que je n'ai plus envie de résister, je n'ai plus envie de lutter. La tentation est trop forte, et ça fait déjà un moment que ça me titille. Je ne réfléchis pas, je ne réfléchis plus, écoute simplement mon cœur et vient déposer ce baiser sur ses lèvres. Le baiser est rapide, mais terriblement intense en émotion. Je crois que je n'ai pas ressenti ça depuis des années. Et il ne m'en faut pas plus pour comprendre que c'est exactement ce dont j'ai envie. Et bien plus encore. Et pendant l'espace d'un instant, je ne pense pas aux éventuelles conséquences. A la culpabilité qui me rongera sans doute plus tard, par rapport à Morgan. Là, je m'en fous, ça n'a aucune importance. Je ne pense qu'à elle, à moi, à nous. « De rien… » Nos regards se croisent, et le temps s'arrête une nouvelle fois. Mon cœur est sur le point d'imploser dans ma poitrine, alors que Dylan s'empare à son tour de mes lèvres. Cette fois-ci, le baiser est appuyé, intense. Et quand l'une de ses mains se faufile dans mon cou, je ne peux que sentir ma peau frissonner. Et alors que j'en voulais plus, toujours plus, la blonde se recule, me laissant comme un arrière goût d'inachevé. Une frustration qui me ronge de l'intérieur. Ça ne me suffit pas, j'en veux plus... je veux pouvoir à nouveau goûter à ses lèvres, sentir sa langue contre la mienne. Je souffle un peu, pour reprendre mes esprits. Même si je ne pense définitivement qu'à recommencer. Le regard de mon ex bifurque sur ma poitrine, et je me mords un peu les lèvres. « Merci pour… la vue ? » Elle détourne le regard, et ça me fait rire. C'est vraiment elle la plus gênée de nous deux ? Comme quoi tout peut arriver. « Pitié, enfiles quelque chose. » Mon rire se mélange au sien, alors que je tente de tourner la situation à mon avantage. Bah quoi ? C'est quand même trop tentant. « Pourquoi, ça te plait pas ? » Je penche un peu la tête, l'air joueuse, tout en souriant. Non mais stop maintenant, faut arrêter les conneries. Et pourtant, c'est plus fort que moi. C'est quelque chose que je ne contrôle pas. Au lieu d'arrêter, je continue à jouer avec le feu en me levant du banc, effleurant légèrement ma poitrine contre elle. Je me pose devant elle pendant quelques secondes, la défiant un peu du regard. J'ai envie que ça soit elle qui craque. Pas moi. Pour me donner en quelques sortes bonne conscience. C'est peut-être complètement con comme raisonnement, mais de toute évidence je ne suis plus à ça près. « Bon, ok, tant pis pour toi. » Je me baisse pour récupérer un haut dans mes affaires, dans un dernier regard lancé en direction de Dylan. C'est maintenant ou jamais.

Je parviens à retrouver un semblant de lucidité et achève ce baiser dont l’intensité allait crescendo. Je me connais, un peu plus et j’aurais eu bien des difficultés à m’arrêter, du moins jusqu’à ce que Blake me repousse. L’aurait-elle fait ? A cet instant j’en doute, parce que je lis le désir dans ses yeux, mais aussi la frustration que j’ai créé en reculant trop rapidement à son goût. Mais tout ça c’est beaucoup trop de choses à gérer, rien qui ne simplifie cette relation déjà bien assez compliquée à laquelle on essaie tant bien que mal de fixer un cadre. Je crois que là on un peu brouillé les limites, effacées quelques lignes tracées à la craie. Rien n’est gravé dans le marbre, mais je dois me rendre à l’évidence, je l’ai toujours dans la peau. Cependant, je dois garder la tête froide, ce que je lui ai fait reviendra sur le tapis tôt ou tard, et finalement s’en tenir là nous protègera toutes les deux. J’essaie de m’en convaincre, c’est difficile avec sa poitrine nue sous mes yeux alors je la supplie de s’habiller. Blake se montre joueuse, me provoquant gentiment « Si. Bien sûr, c’est ça le problème. » répondis-je en la regardant bien dans les yeux. Je connais ce regard, je sais qu’elle ne va pas s’en tenir là et j’ai de moins en moins confiance en mon self-control. Ce n’est pas n’importe qui, c’est Blake, la seule femme à avoir réussi à ce que je me pose, capable de me faire ressentir des émotions que je pensais impossible à retrouver. Elle se lève, me frôle, et je ne perds pas une miette de ses mouvements. Elle se plante devant moi, simplement vêtue d’une culotte et je m’évertue encore à vouloir résister « Blake… » soufflé-je en lui adressant un regard qui trahit le dilemme auquel je fais face intérieurement. Je lis le défi dans son regard, elle se tourne pour aller fouiller dans ses affaires, déclarant que c’est tant pis pour moi. Elle me regarde une dernière fois, s’en est trop, je me lève, lui prends son t-shirt des mains pour le laisser retomber dans son sac alors que mes lèvres viennent retrouver les siennes avec une envie non contenue. Je rapproche son corps du mien, caresse ses hanches, ses côtes, laisse flirter le bouts de mes doigts juste à la limite de sa poitrine. J’intensifie le baiser, ma langue retrouvant la sienne, après tant d’année de séparation. J’oublie que c’est une connerie, qu’elle le regrettera peut-être ensuite, elle m’a bien dit de saisir ma chance, non ? J’ai hésité, mais désormais je m’y accroche comme si ma vie en dépendait.