talk to me (dawn)

Les choses devenaient de plus en plus compliquées à gérer. Amir ne savait plus vraiment où donner de la tête, entre son travail de comptable pour la société de son paternel et son propre projet de salle de sport, il était perdu au milieu de la paperasse qui, tous les jours, lui filait un mal de crâne pas possible. Il ne se souvenait même plus de la dernière fois où il avait pris le temps de se poser, tranquillement, de souffler tout simplement. C'était difficile de tout faire en même temps et surtout de devoir le cacher à ses proches. Il aurait bien demandé un peu d'aide à sa sœur, même si elle était pas mal occupée de son côté, mais il ne voulait pas lui parler de ce projet avant d'en avoir parlé à leur père. Non pas qu'il n'avait pas confiance en elle, bien au contraire, mais il préférait ne pas risquer qu'il y ait une fuite. Si son père apprenait de la bouche de quelqu'un d'autre que son fils bien aimé ne souhaitait plus travailler pour lui, sa réaction serait encore plus à craindre. Il n'était pas fier de décevoir son père, Amir, loin de là. Toute sa vie avait justement été basée sur le bon vouloir de ce dernier sur ce qu'il penserait s'il faisait telle ou telle chose. Il avait toujours veillé à ne pas le décevoir, à suivre le chemin qu'il avait pris soin de tracer pour lui. Il avait désormais décidé de vivre sa propre vie, celle qu'il avait choisi tout seul, celle qui lui plairait vraiment. Ce projet, il en était fier, il y tenait vraiment, et il se battrait toujours pour celui-ci. Ce soir, le syrien se décidait enfin à se reposer un peu, levant le nez de tous ces documents qui lui troublaient la vue. Une bière attrapée dans le frigo et il se laissait nonchalamment tomber sur le canapé dans un soupir de soulagement. Ça faisait un bien fou de décrocher, de penser un peu à autre chose. Et alors qu'il s'apprêtait à allumer la télévision pour regarder un épisode d'une fameuse série de zombies, la sonnette retentissait. C'est ouvert ! criait-il à quiconque se trouvait derrière la porte. Oui, tout le monde pouvait entrer chez lui comme bon lui semblait. Souvent, c'était Lamia qui débarquait à l'improviste, il n'avait pas besoin d'aller jusqu'à la porte d'entrée pour l'accueillir, elle connaissait trop bien le chemin. La porte s'ouvrait et se refermait et Amir reconnaissait directement ces pas, cette démarche qu'il avait si souvent entendue. Ce n'était pas celle de sa sœur, mais bien celle de sa meilleure amie. Voilà la plus belle. Il l'invitait à le rejoindre avec un large sourire. Sourire qui s'estompait dès lors qu'il posait ses yeux sur Dawn. Quelque chose clochait et il pouvait le deviner en un coup d'œil. Il la connaissait par coeur, assez pour savoir qu'elle n'était pas bien. Il se redressait pour mieux la regarder, inquiet. Qu'est-ce qui se passe ? Ça va pas ? Un geste pour l'inviter à s'installer à côté de lui, elle semblait ailleurs, paniquée, et Amir commençait sérieusement à s'inquiéter. Son regard pleins d'interrogations se faisait insistant pendant que dans son esprit, il imaginait déjà le pire.

Amir, c’était probablement la seule personne en qui elle pouvait avoir confiance. La seule personne qui pouvait la comprendre. Celui qui pouvait l’aider à ne plus lui ressembler, à elle, à sa mère. Celui qui pouvait calmer ses peines, qui pouvait l’aider à affronter ses peurs, qui pouvait lui faire du bien, par un simple regard. celui qui avait eu une histoire, avec elle. un ex, devenu un ami. Ou un ami devenu un ex, redevenu un ami. Plus qu’un ami, il était le meilleur. Celui qui savait déceler quand quelque chose n’allait pas, celui qui voyait toujours plus loin que les autres. Celui qui savait déceler chaque sourire, chaque larme. Il était son ancre, il était celui dont elle avait besoin, là. et alors qu’elle se rendait chez lui, elle savait que ce ne serait pas facile, que parler serait douloureux. Mais elle en avait besoin, et il était là. elle en avait besoin, et lui seul savait comment l’adoucir, quand elle allait mal. Alors elle sonna. Savait que c’était toujours ouvert, chez lui, mais elle ne voulait pas non plus le surprendre et lui donner la peur de sa vie. Elle attendit qu’il l’invite à entrer, et se glissa à l’intérieur de sa demeure, de son foyer. Elle le retrouvait facilement, assis sur le canapé, et elle se lança à son encontre, ne parlant pas, ne sachant comment le faire sans que des larmes ne vacillent sur ses joues. Et puis, il comprit immédiatement. Et alors qu’il demandait ce qu’il se passait, elle sentit qu’elle ne tiendrait plus, et se faufila à ses côtés, plaçant doucement sa tête contre lui, laissant son étreinte et sa chaleur la rassurer, alors qu’elle laissait sa petite voix parcourir la pièce. non, ça ne va pas… elle était tel un animal, cherchant le réconfort dans les caresses et les attentions. Elle se comportait de manière très tactile, avec lui. Il était son tout, son roc, et elle avait besoin de ses mots doux, elle avait besoin de sa tendresse. Et ses cheveux venaient s’étaler contre lui, alors qu’elle se plaçait mieux, posait sa tête contre ses jambes, et laissant son petit corps chercher la chaleur dont elle avait besoin. Avant de fondre en larmes.
Littéralement.
Et cela ne lui ressemblait pas. Elle était une femme forte, dawn. Elle se battait contre son esprit, elle se battait contre sa vie, elle se battait contre son passé, contre cette mère qui lui ressemblait trop, contre la douleur qui s’emparait d’elle. elle était forte, et jamais elle ne faiblissait, à moins que le mal ne s’empare d’elle. lorsqu’elle avait été agressée, elle avait pleuré. L’une des rares fois, la seule devant amir. Et pourtant, elle était en larmes, laissait tout son corps évacuer le chagrin, la tristesse. Elle avait encore mal, elle avait des séquelles sur sa peau, celle-ci couverte d’une robe noire assez courte, d’une veste rose assez longue. Elle avait des séquelles, dans son esprit, une âme fracassée, et l’incapacité à se sauver, à se soigner, à s’en sortir. elle n’avait que lui, pour l’aider. elle n’avait personne d’autre, même lenka ne pouvait pas la rassurer, cette sauvage qui restait toujours plus longtemps dans son esprit. Elle ne savait pas quoi faire, et sans amir, qui savait ce qu’elle aurait été tenté de faire, de s’infliger. Son corps lui faisait mal, son cœur lui faisait mal, son esprit lui faisait mal. Elle avait mal, tout simplement. La douleur d’une âme esseulée, à qui l’on arrachait le cœur, d’une fée isolée, à qui on arrachait les ailes.
Et elle ne s’arrêtait pas, lourdes larmes qui s’écrasaient contre lui, alors qu’elle craquait, qu’elle n’arrivait plus à se battre, à repousser le torrent de chagrin qui s’abattait alors.