lay your hands on me - indianahilde

une honte. Désastre qu’elle n’avait pas prévu, désastre qu’elle aurait peut-être pu éviter, mais la question avait été posée. Et on avait abusé de son temps. Elle détestait cela. Elle haïssait se retrouver dans cette situation, à avoir l’impression d’avoir bosser gratuitement. Elle n’était pas un ange, elle n’était pas la bonne fée, et elle avait passé assez de temps avec ce rustre pour en être écœurée. Qu’il n’aille pas se plaindre, après coup. Parce qu’elle s’était défendue, jeune démone au sourire ravageur, et à la colère destructrice. Elle s’était défendue, un coup de talon là où elle savait qu’il aurait mal, et un départ en furie, comptant son argent. Il fallait vraiment qu’elle trouve un moyen de s’occuper des mauvais payeurs.
Enragée, les yeux rouges, et le regard noir, elle sortait de l’hôtel dans lequel il lui avait donné rendez-vous, tout en réajustant sa veste. Elle était habillée d’une charmante tenue, veste en jeans, et haut moulant, noir. Pantalon foncé, et talons. De quoi avoir l’air casual, tout en exerçant ce qu’on voulait d’elle. Le charme qu’elle devait porter. Elle était là pour cela, après tout. Paraître. Illusion qui se reflétait dans son regard, tandis qu’elle hochait la tête, qu’elle parlait mensonges, qu’elle se rendait parfaite, pour mieux tromper. Le boulot d’une escort. De quoi transformer ses clients en de véritables stars. Qui pouvaient se vanter d’avoir une belle amie, choses qui parfois pouvaient déraper. Un regard, un toucher, et l’argent était doublé. Elle pouvait se permettre de glisser ses mains sur la peau douce d’une femme qui l’avait payée, elle pouvait se permettre de laisser son corps danser sur celui qui l’avait engagée. Rarement, elle se réveillait dans un autre lit. Mais elle pouvait s’amuser, trouver un moyen d’augmenter sa paie de la façon la plus simple possible.
Et c’était presque ce qui avait failli se passer.
Ordure.

Et la voilà, désormais. En fuite d’un hôtel, la tête embrumée, et l’envie débordante de se frotter à des lippes qu’elle ne connaissait que trop bien. Elle n’était pas loin. Aussi laissa-t-elle quelques messages à la rouquine qu’elle voulait trouver, celle qu’elle voulait pour passer d’horrible nuit à merveilleuse nuit. Quelques messages emplis de désir. Quelques messages bien vite retournés. Et un sourire à ses lèvres. Lorsque, cinq minutes plus tard, elle sonnait à sa porte.
Attendant presque le plus impatiemment du monde de voir son visage.
De se réfugier dans ses bras.
De venir chercher ses lèvres.
Et d’aller goûter sa peau.
Indiana était de celles qu’elle adorait plus que de raison. Et ce n’était pas le genre d’anahilde de se rapprocher ainsi. Mais entre étudiantes, et avec sa gentillesse, cette beauté qui venait ravir le regard de la newman, la moon avait réussi à gagner plus que son corps. Anahilde avait un besoin, presque nécessaire, de passer plusieurs nuits dans ses bras.
Une façon de se retrouver, une façon de se détendre. Des baisers, des caresses, aucun sentiment amoureux, et du bon temps. Un moyen de se réveiller, le matin, avec le sourire. Un moyen de s’endormir, le soir, après un orgasme.
Une folie qui les habitait depuis quelques temps, désormais.
Et lorsque la porte s’ouvrit, ce fut avec un grand sourire que la jeune bibliothécaire la salua, s’avançant tout naturellement. coucou ! tu vas bien ? un rapprochement de plus, et une parole réduite au chuchotement. Un souffle contre les lèvres d’Indiana, et un premier baiser. Comme pour lui faire savoir.
Qu’elle avait envie d’elle.
Terriblement envie.

les cours sont terminés et l’internat a débuté. oui, l’internat a débuté il y a quelques semaines. tout a changé je dois le reconnaître comme une nouvelle page, celle d’un nouveau chapitre. je ne suis plus la petite étudiante lambda. non, maintenant j’ai des patients, j’ai des gens en charge. et c’est tout aussi flippant qu’agréable. bien évidemment je ne suis pas encore dans le service où j’aimerai travailler mais c’est normal. c’est le début, je dois déjà me faire à ce nouveau style de vie. je m’adapte plutôt bien en général et c’est une force dans ce genre de moment. pour autant il y a un lieu dont je ne peux pas me passer, c’est la bibliothèque. véritable havre de paix. même si je n’ai plus besoin de potasser mes cours comme avant pour mes examens, j’ai encore des choses à apprendre. je n’arrêterai jamais d’apprendre de toute façon. j’aime trop ça. le savoir. même si je reste bien souvent dans la rangée qui répertorie tout ce qui concerne la médecine il m’arrive parfois de m’aventurer dans les autres rayons. mais pas aujourd’hui. il faut que je revois un détail sur l’anatomie de l’oreille interne. je sais que sur google je pourrai trouver tout ce que je souhaite mais je préfère les vieux ouvrages poussiéreux, c’est comme ça. et puis sur internet il n’y a pas de jolie bibliothécaire blonde. lorsque j’ouvre la porte, comme à chaque fois ou presque je suis accueillie par son sourire. ana est là. les jours où ce n’est pas elle à ce poste je dois avouer être déçue quand même. ” coucou ! tu vas bien ? “ continuant son approche de moi, jusqu’à ce que nos lèvres se rencontrent. ” hey. ça va et toi ? “ comme une conversation anodine. il n’en est jamais rien. on a toujours des choses à se dire et lorsque les paroles ne sont plus suffisantes ce sont les actes qui prennent le relai. ” tu comptes me laisser bosser aujourd’hui ? “ parce que je la connais cette lueur dans son regard. je la connais pour l’avoir vu plus d’une fois. loin de me déranger, bien au contraire. en ce moment tout est un peu confus, compliqué. j’ai aussi besoin de cette parenthèse enchantée. de sa douceur et sa fougue. tout ce qui fait d’anahilde cette complexité étrange qui m’intrigue tant.

Une réponse, douce voix chatoyante qui caressait ses oreilles, mélodie déjà envoûtante qui l’emmenait dans un autre monde. Elle aimait l’écouter, l’entendre, surtout lorsqu’il s’agissait de gémissements. Mais elle aimait encore plus ce regard, ce baiser qu’elle échangea, ce frisson qu’elle ressentit. Tout ce qui faisait d’indiana la fille incroyable qu’elle aimait tant. Pas de romance, mais elle ne savait pas se détacher d’elle quand elle était dans les parages, se fondant toujours plus dans ses bras, se lovant, et la regardant avec cette lueur. Cette lueur dans ses yeux qui voulait tout dire. Ce besoin, de l’avoir, ce besoin de la toucher, de la sentir, et de la serrer dans ses bras. ce besoin, qui ne s’évadait jamais vraiment, d’être avec elle. parce qu’indiana, c’était comme la lune qui lui donnait ce merveilleux nom de famille. Indiana, elle avait cette capacité à charmer, cette capacité à aider, tout oublier dans ses bras devenait aisé, quand elle venait passer ses doigts le long de sa joue. Indiana, elle n’avait pas la connasse devant elle, celle qui jouait avec le cœur de sa sœur, qui jouait avec l’âme de lennon. Non, indiana, elle avait la véritable anahilde devant elle, cette douceur et cette fougue, dans un brin de folie, qui la taquinait doucement, avec un petit j’ai bien envie de te dire non… mais je peux tout aussi bien me glisser sur tes cuisses tandis que tu feuillettes le bouquin de ton choix… tu penses que tu arriverais à te concentrer ? sourire en coin, et mouvement d’épaule suivant son regard, pour en dévoiler une partie, la veste tombant à moitié, sans jamais toucher le sol. Elle jouait de ses charmes, la newman. Elle savait pertinemment qu’elle faisait effet, elle savait qu’une fois entre les soins de la moon, elle n’aurait plus qu’à fermer les yeux pour se croire au paradis. Elle s’amusait, ana. Elle s’amusait, voulait la voir tenter de résister, voulait la voir entrer dans ce jeu de séduction qui permettait de déjà lui faire oublier le rustre qu’elle avait attaqué.
Elle voulait la sentir, aussi taquine que d’habitude. Elle voulait l’entendre lui répondre, avec panache. Elle voulait jouer sur les mots, avant de jouer avec la langue, bien qu’elle ne fut pas en mesure de s’arrêter lorsqu’elle vint à nouveau chercher les lèvres d’indiana, de quoi la revigorer, la booster. Après tout, le goût sucré de ces belles lippes était toujours aussi prenant.
Elle ne s’en lasserait probablement jamais.
Tout comme de cette langue.
Tout comme de cette chevelure, qu’elle venait caresser.
Tout comme ce cou, qu’elle venait effleurer.
Tout comme ces formes, qu’elle rêvait de posséder. Encore. Et encore.
tu veux tenter ? ou tu admets ta défaite ?
Amusement sur le visage, elle se laissa glisser près de la table où reposait le bouquin, attendant patiemment de voir ce que ferait la rouquine.
Choisirait-elle de se donner aux flammes, telle sa chevelure le montrait ? ou d’embraser son corps directement par quelques caresses indiscrètes ?
Un dilemme qu’il lui fallait résoudre.
Et un regard hypnotisant de la belle anahilde.
Qui voulait vite retrouver sa chaleur, peu importe comment.
Qui voulait vite la retrouver, elle.