It's hard to believe in coincidence, but it's even harder to believe in anything else. (knox/solène)

J’ai pas l’habitude de rendre ce genre de service. C’est mon métier, et on le sait tous, faire son métier de manière bénévole, on en retire pas toujours de gratitude. Mais je fais une exception, parce que l’air de rien, Romy m’a plus d’une fois sauvé la mise, et même apporté quelques jolis contrats. Et puis je n’ai aucune obligation de résultat. Le but, c’est juste de changer les idées de son amie qui vient d’être maman et qui, j’imagine, subit comme beaucoup le baby blues. Enfin ça, je ne fais que l’imaginer, je n’en sais pas plus, à part le fait que ce soit compliqué avec le père du gamin. Je sais même pas s’ils sont encore ensemble ou pas, s’ils l’ont déjà été, bref, j’en sais rien. Tout ce que je sais, c’est que la nana en question est vraiment jolie, et je crois que c’est ce qui m’a poussé à accepter au final. J’ai plus qu’à me démerder pour la croiser et l’aborder de manière naturelle. L’actrice m’a donné quelques tuyaux, son adresse, et quelques unes de ses habitudes. Je me rends alors au parc à deux pas de chez la rouquine, espérant qu’elle y sera dans l’après-midi pour promener son bébé. Je guette, ayant mon idée en tête, et lorsque je l’aperçois enfin, je me mets en condition. Pas de doute, c’est elle. J’attends qu’elle passe et fais quelques étirements, ayant enfilé mon plus bel ensemble de sport que je risque de ruiner très rapidement. Elle est passée, top départ. Je me mets à trottiner et lorsque j’arrive à son niveau, je me fais un croche pattes à moi même pour simuler une chute et me viande munumentalement, quasiment à ses pieds. Je savais qu’elle était infirmière, j’ai plus qu’à espérer qu’elle soit dans un bon jour et qu’elle veuille bien me venir en aide. Je me suis pas loupée en plus, le genou droit et la paume de ma main bien amochés. Rencontre dans trois… deux… un…

Je n'avais pas réalisé à quel point c'était dur d'être maman. Déjà il y a le fait d'avoir la vie d'un être humain littéralement entre mes mains. C'est incroyable et terrifiant. Puis il y a cet amour inconditionnel, cette impression qu'on pourrait carrément être prête à tuer pour le protéger. Et ça aussi c'est un peu terrifiant. Mais au fond ce n'est pas le plus difficile. Non, le plus difficile c'est cette image. Cette image que les gens ont de la mère parfaite, cette image qu'on voit partout sur les réseaux sociaux, puis le regard des gens si on a le malheur de déroger à ces "règles". J'avoue que j'ai vite arrêté d'aller sur Instagram. Voir ces femmes qui font des petits gâteaux parfaits, des sessions de jeux, des photoshoots, des écharpes en laine bio sans gluten je ne sais quoi... Mon dieu. C'est si facile de se croire une mauvaise mère quand on est confronté à ce genre d'images à longueur de journée... Je sais pas trop si c'est pour arrêter de regarder ces images, ou pour m'y conformer, mais j'ai décidé de sortir aujourd'hui. Au fond je ne crois pas que ça ait tant d'importance que ça, si ? Le plus important c'est que je vais aller me promener avec mon petit prince, c'est tout ce qui compte. Alors, je le laisse dans son maxi cosy le temps d'aller prendre une douche. Je laisse la porte ouverte, le rideau de douche à moitié tiré pour jeter un coup d'oeil toutes les trois secondes. Je crois que je suis un peu angoissée sur les bords. Je met une petite robe fluide, des bottines - sans talon, je ne suis pas si maso que ça -, une veste en jean. Puis vient le tour de Timmy. Je décide de lui mettre un des ensembles que Romy a acheté pour lui. Elle a du dépenser une fortune ! Autant que ça lui serve avant que ce soit trop petit... Une fois installé dans la poussette, je n'ai plus qu'à prendre les huit cent mille affaires nécessaires - et inutiles aussi pour les 3/4 mais vaut mieux prévenir que guérir. Et nous voilà partis !

Tout se passe bien. On se balade dans le parc, je lui parle un peu. Je me sens un peu bébête à parler à mon bébé, d'ailleurs dès que quelqu'un passe trop près de moi j'arrête de parler. Puis je reprends juste après. Je lui parle des arbres, des fleurs, du ciel, enfin de tout et de rien. Et tout va pour le mieux, jusqu'à ce qu'une femme, arrivant d'en face, trébuche et tombe pratiquement à mes pieds. « Oh mon dieu, est-ce que ça va ? » je m'exclame, sous le choc. Faut dire que la chute était plutôt impressionnante. « Vous saignez... » Un simple constat. J'en ai vu d'autres. Certes, je bosse pas en chirurgie, ça n'empêche que j'en ai vu des tas des blessures, même certains où l'on se demande comment le type est encore en vie. A côté de ça, les blessures de cette femme c'est de la gnognote. « Venez, on va aller s'asseoir là-bas. » je propose en désignant un banc à quelques pas de nous. « J'ai tout ce qu'il faut dans mes affaires. J'suis même à peu près sûre d'avoir tout le matos pour pouvoir faire une opération à coeur ouvert en plein milieu de ce parc, alors je suis parée ! » je rajoute en lâchant un petit rire.

Bingo, je me suis pas loupée, exactement ce qu’il fallait pour attirer l’attention de la rouquine. Qu’est-ce que je suis douée. « Oh mon dieu, est-ce que ça va ? » Je grimace un peu, regarde l’état de mon genou, c’est pas glorieux. Elle fait un premier constat, je saigne. Ouais et pas mal en plus. « On dirait bien… » Je me relève doucement, genou plié et je le bouge un peu. « Rien de cassé, c’est déjà ça. Enfin je crois. » Je vais pas jouer les loques non plus. « Venez, on va aller s'asseoir là-bas. J'ai tout ce qu'il faut dans mes affaires. J'suis même à peu près sûre d'avoir tout le matos pour pouvoir faire une opération à coeur ouvert en plein milieu de ce parc, alors je suis parée ! » Je joins mon rire au sien et m’exclame à mon tour : « Oh vraiment ? Je suis bien tombée alors. Dans tous les sens du terme ! » Je marche en boitillant jusqu’au banc qu’elle m’a désigné et m’y assieds, retirant mon pantalon de sport sans même qu’elle ait eu à demander. J’avais prévu le coup, un shorty en lycra en dessous, au cas où. « Vous pensez que j’ai besoin de points de suture ? Vous êtes médecin ? » que je lui demande en relevant vers elle mon regard qui était happé par le sang coulant le long de ma jambe. « Heureusement j’ai pas peur du sang. » Je soupire un peu et la laisse sortir sa trousse de secours, bien équipée, c’est clair. « Il est a vous cet adorable petit bout de chou ? » Je me redresse pour regarder dans la poussette et fais un petit signe au bébé à l’intérieur, agrémenté d’un large sourire. « Il est trop mignon ! » J’aime pas particulièrement les enfants, les bébés, c’est mignon mais ça ne me touche pas vraiment. J’ai jamais trop ressenti le besoin qu’on ces femmes de devenir mère, peut-être que ça viendra un jour, mais peut-être pas. E attendant, je vais pas faire genre que je les aime pas, surtout si je dois la séduire. Séduire une maman, c’est déjà trouver ses enfants adorables, ça aide.

« Il faut croire ! » je m'exclame en riant quand elle me dit qu'elle est bien tombée. Alors qu'elle retire son pantalon et s'installe sur le banc, je lance un petit regard à Timmy pour m'assurer qu'il va bien - il s'est endormi - puis j'attrape ma trousse de soin. Mis à part la blessure particulièrement sanglante de la jeune femme, elle a des jambes magnifiques. Ouais je sais bien que c'est une pensée étrange surtout à cet instant précis. Mais c'est pas ma faute si elle a des jambes dignes des magazines ou des podiums, alors que moi j'ai l'impression d'avoir deux poteaux à la place des jambes... Faut dire que la grossesse ça aide pas forcément non plus, même si j'ai pas vraiment pris de poids, enfin ça va. « Infirmière. » je réponds avec un petit sourire. « Celles qui font le vrai boulot pendant que les médecins posent dans les magazines. » je lâche en rigolant. Détendre l'atmophère c'est toujours bon. « Je peux pas faire de points de suture, mais de toute façon je ne crois pas que ce soit nécessaire. Des sutures adhésives suffiront, c'est ce qu'on a tendance à privilégier à l'hôpital maintenant de toute façon. » J'ouvre des compresses et essaie d'arrêter le flot de sang. C'est assez impressionnant. « Ce sont toujours les plus petits endroits qui saignent le plus. Tant que vous n'êtes pas hémophile ou que vous faites pas d'anémie, tout devrait bien se passer. » je réponds d'un ton rassurant. C'est drôle mais ça me manquait de faire ce genre de choses. Avec le congé pré-natal puis le congé maternité, ça fait pratiquement six mois que j'ai pas travaillé. Et ça me manque, m'occuper des patients. Mais maintenant je m'occupe d'un petit patient très spécial. « Merci beaucoup ! Je suis pas peu fière j'avoue... » je m'exclame quand elle s'extasie sur mon bout de chou. J'en suis totalement gaga. « Il est beaucoup moins mignon à 3h du matin quand il réclame à manger ! Un vrai petit diable. » je continue distraitement, en m'assurant que le sang a bien arrêté de couler. « Je vais devoir désinfecter, ça risque de piquer un peu. » Sans plus attendre, j'imbibe une compresse de désinfectant et la passe sur la plaie, ce n'est jamais agréable mais bon, y a pire comme sensation ! « Vous avez des enfants ? » je demande finalement, tandis que je sors les sutures adhésives pour être sûre que la plaie de s'ouvre pas plus.

Je commence doucement à m’intéresser à elle, lui demandant si elle est médecin. Elle me répond qu’elle est infirmière, et sa petite tirade concernant son boulot et celui des médecins me fait rire. Elle m’explique que la suture n’est pas nécessaire, de toute manière elle n’aurait pas pu me recoudre si j’avais eu besoin de points. Heureusement, elle a ce qu’il faut. « Ce sont toujours les plus petits endroits qui saignent le plus. Tant que vous n'êtes pas hémophile ou que vous faites pas d'anémie, tout devrait bien se passer. » Je secoue un peu la tête en souriant. « Je suis une dure à cuir, ça devrait aller. » Je la laisse s’occuper de ma plaie, pendant que je jette un coup d’oeil à ce petit être adorable en train de dormir dans sa poussette. Je ne me retiens pas de faire un commentaire, je sais que les mamans adorent qu’on fasse des compliments sur leurs enfants, et d’ailleurs elle le confirme en assurant être très fière de son bambin. « Il est beaucoup moins mignon à 3h du matin quand il réclame à manger ! Un vrai petit diable. » Je ris un peu et hoche la tête. « Je veux bien le croire, mais quand on les voit dormir, on les excuse de tout. »[/color] Je dis ça mais j’en ai pas un à moi, ça doit pas être pareil quand même. Elle me prévient que ça risque de piquer, je me contente d’un hochement de tête. Ça va, c’est largement supportable. « Vous avez des enfants ? » Cette fois, je secoue la tête à la négative. « Non, pas encore. Un jour peut-être, si je trouve quelqu’un avec qui fonder une famille. Enfin, c’est pas comme pour un couple hétéro, c’est un peu plus compliqué… » Hopla, je glisse l’air de rien que j’aime les filles, enfin c’est subtil, mais je pense qu’elle est assez intelligente pour le comprendre. D’ailleurs lorsque son regard se relève sur moi, je continue de jouer le jeu. « Oh, j’espère que je ne vous ai pas mise mal à l’aise… » Sous texte, j’espère que vous n’êtes pas homophobe. Mais je sais de source sûre que ce n’est pas le cas, pour mon plus grand plaisir d’ailleurs…

Je dois reconnaître que c'est bien agréable de discuter avec quelqu'un d'adulte. Mais c'est peut-être parce que je ne sors pas beaucoup ces derniers temps. Le plus souvent je reste chez moi à traînasser tout en m'occupant de mon fils. Et je ne m'en plains pas, pas du tout ! Mais c'est vrai que parfois le temps se ferait presque long et que parler à des gens capables de me répondre ça manque un peu. Est-ce que je suis en train de devenir folle ? Peut-être bien, qui sait. « Oh, j’espère que je ne vous ai pas mise mal à l’aise… » me dit ma "patiente" alors qu'elle vient ouvertement de me dire qu'elle était gay. Je me demande comment je dois le prendre. J'veux dire, c'est un peu bizarre de rencontrer quelqu'un et de dire "salut, j'suis gay", non ? Ou peut-être que c'est simplement parce que ça n'a aucune importance pour moi. « Oh non, absolument pas ! » je m'exclame alors. « Pour être honnête, tout ça n'a aucune importance à mes yeux. » je reprends alors que je lutte pour détacher les straps les uns des autres. Ce sont des produits de premier secours, ça devrait être simple à utiliser quand même ! « A mes yeux, l'amour n'a que faire du genre, l'amour c'est plus fort que ce genre de détails. Parce qu'après tout, quand on tombe amoureux de quelqu'un, on tombe amoureux de sa personnalité, son caractère, ses manières, ce qui fait de cette personne ce qu'elle est. Et pas ce qu'elle a entre les jambes... » je rajoute finalement, ponctuant mes phrases de sourires. J'ai toujours cette impression de faire la leçon aux gens quand je dis mon avis, pourtant c'est loin d'être voulu. Après tout, je me considère comme une personne particulièrement tolérante. Du moins j'essaie de l'être, mais certaines fois c'est plus simple que d'autres. Avec Jax' par exemple, j'ai beaucoup de mal à garder mon sang froid et les idées claires, mais j'estime être dans mon bon droit ! Même si... enfin bon, non, oublions. « Après... je ne nie pas que l'apparence physique a son rôle à jouer ! Je pense que ce genre d'attirance a joué de nombreux tours à des milliers de personnes si vous voulez mon avis... » Oui, évidemment que je pense à Jax en disant ça. Faut dire que s'il était pas si beau je ne me serais probablement jamais retrouvée dans ces histoires abracadabrantesques de triangle amoureux, de secrets et de grossesse impromptue - même si maintenant que Timothy est là je ne regrette pas le moins du monde ! « Pardon, je parle beaucoup. Faut pas hésiter à m'arrêter sinon je risque de divaguer longtemps ! » Je ris alors que je pose la dernière suture adhésive sur la plaie. « Et voilà ! Je pense que ça devrait le faire ! Mais par précaution vous devriez faire attention et vérifier régulièrement que ça ne se remettes pas à saigner ou que la plaie ne s'agrandit pas, ce genre de choses. » Bon et bien voilà, on peut dire que j'ai fait ma BA de l'année !

Je mets les pieds dans le plat, c’est pas toujours le cas, mais quand je sens que c’est le moment, je n’y vais pas par quatre chemins. Et c’est le cas lorsque je lui dis plus ou mins explicitement, que j’aime les femmes. Entre autre, mais ça elle n’est pas censée le savoir. Je lui demande si je ne l’ai pas mise mal à l’aise, jouant toujours la comédie puisque je sais de source sûre qu’elle n’a pas de préférence quant au sexe de ses partenaires, elle non plus. La voilà qui part alors dans un argumentaire sur l’attirance, le sexe de la personne, tout ce à quoi je crois intimement. Je ne la lâche pas des yeux, un sourire en coin, sans jamais l’interrompre. Elle semble avoir terminer, alors à moi de ponctuer. « On est d’accord alors. Enfin, je pense comme vous. »[/color] Aller dans son sens est ala première phase de mon rapprochement stratégique. « Après... je ne nie pas que l'apparence physique a son rôle à jouer ! Je pense que ce genre d'attirance a joué de nombreux tours à des milliers de personnes si vous voulez mon avis... » Cette fois je lève les yeux au ciel en riant. « Oh là là, n’en parlons même pas. » Parce que l’attirance, ça mène aussi parfois droit au mur. Et puis pour mon cas, ça n’a jamais mené à quoi que ce soit d’intéressant. Même une partie de jambe en l’air, je n’ai jamais ressenti de plaisir avec ça. Mais parfois, ça peut servir. C’est tout ce que je retiens. « Pardon, je parle beaucoup. Faut pas hésiter à m'arrêter sinon je risque de divaguer longtemps ! » Mon rire se mêle au sien et je secoue la tête, amusée. « Oh non ne vous excusez pas, je suis pareille quand je m’y mets. » Elle termine le soin et m’explique que je dois vérifier que la plaie ne s’infecte pas, auquel cas il faudra que je consulte un médecin, j’imagine. « Merci infiniment en tout cas, ça m’apprendra à regarder devant moi quand je cours… » Je ris à nouveau et me lève, tendant et détendant mon genou pour voir si le pansement s’adapte à mes mouvements, et c’est le cas. Parfait. Manquerait plus que j’ai une cicatrice. « Je peux vous offrir un café, pour vous remercier ? Ou un verre, un soir prochain… » Oui mes intentions sont claires. A voir si elle accepte ou pas. Elle accepte. Je lui offre un large sourire, nous échangeons nos numéros de téléphones, prénoms, et nos chemins se séparent ici pour aujourd’hui. Première étape validée.