biscuit chinois (nikki)

Il fallait absolument qu'elle remette un peu d'ordre dans sa tête. Oui, il avait suffi qu'elle revoit Sofia pour que tout soit chamboulé. Dès que son ex était dans les parages, elle était incapable de penser correctement, elle se sentait faible. Faible face à cette femme qu'elle avait aimée comme elle n'avait jamais aimé personne d'autre. C'était incroyable qu'après toutes ces années, elle se retrouve toujours désemparée par sa présence. Pourtant, c'était bien réel, et ça lui faisait peur. Elle qui était normalement si forte, elle pouvait perdre tous ses moyens devant Sofia. Elle regrettait amèrement d'avoir accepté ce job au musée même si d'un côté, elle était heureuse d'avoir pu reparler à la florentine malgré leurs retrouvailles assez mouvementées. Elle ne pouvait plus faire marche arrière, elle avait accepté une mission qu'elle devait mener à terme. Après tout, il fallait bien travailler pour gagner sa vie. Tout de même, elle se faisait discrète au musée, travaillant dans son coin et essayant d'éviter son ex malgré son envie de la voir, de lui parler, de la toucher... C'était difficile mais elle devait se faire violence. Pour son bien et pour celui de Sofia. C'était la pause de midi, une pause bien méritée après avoir travaillé sans arrêt pendant toute la matinée. L'italienne se rendit au restaurant chinois, son préféré, qui n'était qu'à deux pas du musée. Elle y allait souvent lorsqu'elle n'avait pas beaucoup de temps. Le service était rapide et on y mangeait bien. C'était le moment de la journée où elle prenait un peu de temps pour elle, au calme, même si ce jour-là elle aurait bien aimé un peu de compagnie. Elle traînait sur les réseaux sociaux en mangeant, même si elle n'y trouvait rien de transcendant et qu'elle préférait mille fois une présence réelle à une présence virtuelle. Après de longues minutes, elle reposa son téléphone sur la table et ses yeux se posèrent sur le biscuit chinois qui était servi avec le repas. Elle n'était pas une grande fan des prédictions, même s'il fallait avouer que certaines phrases inscrites dans ces biscuits étaient clairement drôles. Il lui arrivait de les ouvrir mais parfois, elle les laissait comme tel, sans y prêter attention. Ce jour-là, sa curiosité la poussa à l'ouvrir et déplier le petit morceau de papier sur lequel on pouvait lire : Votre âme-sœur se trouve peut-être à la table six. Serena secoua la tête en soupirant, l'air exaspéré, avant de poser le papier. Après quelques secondes, elle fut quand même une nouvelle fois poussée par sa curiosité à jeter un coup d'œil discret vers la table en question avant de se rendre compte que la jeune femme qui y était installée la regardait aussi. Est-ce qu'elle avait eu le même message dans son biscuit ? C'était assez drôle comme situation. Serena lui adressa un sourire poli, elle ne voulait pas non plus passer pour une lourde à l'observer ainsi. Après tout, ce n'était qu'une inscription stupide dans un biscuit... /[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

les mains dans les poches, j'avance dans la rue, évitant au mieux les passants. nancy s'en fiche, mais elle jongle aussi, bien évidemment, en râlant. " je ne râle pas pour rien ils me foncent dedans ! " écouteur dans l'oreille pour ne pas passer pour une folle à parler seule, je porte le micro situé sur le fil près de mes lèvres, comme si je répondais à quelqu'un. j'ai appris à jouer de subterfuges avec le temps. " en même temps tu n'es pas vraiment là alors... " et elle souffle. et moi je ris. " j'ai faim. " sensation qu'évidemment elle ne connait pas vraiment mais qui fait écho à ce que je ressens. car oui, j'ai faim. " chinois ça te dit ? " sans forcément attendre une réponse, je traverse pour rejoindre l'autre côté du trottoir, celui duquel s'échappent des odeurs merveilleuses. un resto chinois planté là dans lequel je m'engouffre sans plus attendre. je demande une table et j'ai de la chance, ce n'est pas complet. parce que j'arrive un peu à l'improviste. la commande est passée et pour me faire patienter on m'apporte un biscuit chinois. j'aime bien ça et surtout ce qu'il y a à l'intérieur je dois bien le reconnaître. on dirait des mots doux, des petites missives envoyés par des admirateurs anonymes. " t'es beaucoup trop fleur bleue comme meuf. " je lance un regard noir à nancy assise en face de moi et casse le biscuit. je grignote la pate tout en ouvrant le message. votre âme-sœur se trouve peut-être à la table deux. je regarde autour de moi, incapable de déceler la-dite table. j'attrape alors la manche d'un serveur pour lui demander de m'indiquer cette table et j'y vois une brune assise, plutôt mignonne d'ailleurs. " pas autant que moi. " en même temps nancy est afro américaine c'est sur qu'on est pas sur une ressemblance de folie. mais pas le temps de plus réfléchir que l'habitante de la table deux me regarde, papier similaire entre les mains. elle me sourit, je lui souris. " tu vas pas y aller quand même ?! " j'attrape mon sac et une dernière fois le micro de l'écouteur. " bah si. " et je retire le tout, signifiant à nancy que je ne lui parlerai plus avant un moment. sans ça, je ne peux pas tout en paraissant normale, elle le sait. je m'approche de la table et reste plantée là sans quitter mon sourire. " je suppose que vous avez un message similaire ? on serait peut être des âmes-soeurs c'est ça ? " je ne sais pas trop quoi faire de cette information mais en attendant la brune a l'air sympa.

Le regard océan de Serena croisa celui de la brune de la table six. Cette dernière avait probablement eu le même message dans son biscuit et lorsqu'elle se leva pour s'approcher, ce fut la confirmation. je suppose que vous avez un message similaire ? on serait peut être des âmes-sœurs c'est ça ? L'italienne hocha la tête, amusée, montrant le petit papier sur lequel il était spécifié que son âme-sœur se trouvait installée à une table non loin d'elle. Apparemment oui. Elle haussa les épaules. « Âme-sœur », qu'est-ce que ça voulait dire au juste ? Est-ce que la napolitaine croyait à toutes ces choses, au fait que tout le monde avait une âme-sœur quelque part sur Terre et que toutes les personnes qui étaient faites pour être ensemble finiraient forcément ensemble un jour ? Elle ne savait pas vraiment quoi en penser. Quoi qu'il en soit, sur ce coup-là, c'était une simple écriture sur un papier dans un biscuit chinois. Ça ne voulait absolument rien dire, mais elle voyait là une bonne façon de faire de nouvelles rencontres et se disait que ceux qui fabriquaient ces biscuits devaient penser la même chose. Est-ce que vous voulez vous asseoir ? Si vous n'attendez personne bien sûr. Elle lui adressa un sourire en montrant la chaise vide en face d'elle. Elle n'attendait personne non plus, alors tant qu'à faire. C'était triste de manger seul, même si Serena en avait l'habitude. Elle prenait ce moment comme un moment pour elle, pour réfléchir, même si elle réfléchissait un peu trop ces derniers temps. Elle avait une grosse heure devant elle avant de devoir retourner au travail alors autant faire la connaissance de cette brunette qui avait pris la peine de se déplacer jusqu'à sa table. Vous pensez qu'on doit se dire nos prénoms ou alors garder le mystère ? Un sourire malicieux prit place sur ses lèvres pendant que la jeune femme, qui avait accepté son invitation, s'installait en face. Séductrice dans l'âme, l'italienne ne se gênait pas pour admirer sa soi-disant âme-sœur. Elle était jolie avec son visage de poupée et sa coupe au carré. Elle avait de la chance, elle aurait pu tomber sur quelqu'un de désagréable à regarder. Vous y croyez, vous, aux âmes-sœurs ? C'était une question étrange mais puisqu'on était dans le vif du sujet, autant avoir son avis. Le grand amour, Serena l'avait connu. Avec Sofia. C'était la seule fois où elle avait vraiment été amoureuse. Mais pouvait-on parler d'âme-sœurs ? Qui pouvait affirmer que les deux femmes étaient faites l'une pour l'autre ? Au vu du résultat chaotique de leur relation, la napolitaine y croyait moyennement. Peut-être que son âme-sœur se trouvait quelque part, autre part. Ou peut-être qu'elle n'existait simplement pas et que tout ceci était un ramassis de conneries.