we started out as strangers. (dyre #1)

Normalement, elle n’aurait pas dû être là. Diane n’avait jamais roulé sur l’or, sa famille n’étant qu’une association d’êtres chaotiques. Les finances étaient souvent mauvaises et elle ne voulait pas abuser de ses aînés en se lançant dans des loisirs trop onéreux. Pourtant, cette fois, elle avait fait le choix de travailler une bonne partie de l’été. Cela lui rappelait ses quelques années de cavale et lui permettait de mettre un peu d’argent de côté. Economies qu’elle n’avait pas tardé à dilapider en partie au moment de s’acheter un billet d’entrée pour le Burning Man. Diane avait besoin de s’éloigner un peu de la ville, de retrouver une connexion avec ce sentiment de liberté qu’elle chérissait tant. C’était une façon pour elle de reprendre des forces avant de se plier une nouvelle fois aux exigences de la vie lycéenne. Parfois, quand elle y repensait, elle regrettait d’avoir fait le choix de retourner au milieu de tous ces adolescents. Mais elle savait aussi qu’il s’agissait de la meilleure décision à prendre, afin de reprendre sa vie du bon pied. C’était ce à quoi elle était en train de réfléchir alors qu’elle arpentait les rues de Black Rock City, laissant son regard errer sur les différents rassemblements au sein du campement. Là, elle pouvait se sentir adulte, se laissait aller à être une personne de son âge. Le répit fut pourtant de courte durée. Quelque chose la retenait toujours à son statut de lycéenne, lui rappelant qu’elle avait oublié de grandir – ou peu importe quelle connerie du genre on pouvait bien penser d’elle. Sa voisine se tenait là-bas, au loin. La brune qui lui faisait ses devoirs. Feyre. Sur le moment, Diane fut tentée de tourner les talons afin de s’éloigner et emprunter un autre chemin. La ville éphémère était suffisamment grande et peuplée pour qu’elles n’aient plus besoin de se croiser jusqu’à la fin du festival. Tentative alléchante qui permettrait à la Hopkins d’évoluer dans un milieu totalement inconnu qui ne lui conférerait aucune limite. Mais la Garfield était attachante. Suffisamment pour que la blonde s’avance finalement dans sa direction. « Hey ! Feyre ? » questionnait-elle tout de même, soucieuse de ne pas s’imaginer la brune là où elle ne se trouvait pas. Elle lui adressait un sourire alors que la jeune femme se retournait, lui dévoilant son joli visage. « Je ne m’attendais pas à te voir ici. » Banalités d’usage. Pourtant, Diane se faisait bien plus sympathique qu’à l’accoutumée. Son rôle de brute était resté derrière elle, au lycée. Cette fois, elle se dévoilait selon son authenticité et c’était quelque peu difficile à accepter, même pour elle. Elle se sentait vulnérable. Mais n’était-ce pas ce qui faisait la beauté de ce festival ?

Il y avait un certain charme, dans cette ville éphémère. Et cela ne se trouvait pas seulement dans sa durée de vie si fascinante, mais aussi dans cette création, dans ces divers aspects qu’elle apportait. C’était le rêve d’une jeune fille, de pouvoir contempler le burning man, de pouvoir contempler les artistes qui mettaient du leur dans de sublimes créations. Rêveuse au grand cœur, elle-même mordue des arts, elle ne pouvait pas passer à côté d’un tel évènement, et pourtant, chaque fois qu’elle avait voulu convaincre ses parents, il avait fallu se confronter aux règles quant à sa santé. Faible, elle n’avait de ce fait aucun droit à de telles sorties. Sans doute que ses mamans – incroyables mamans qu’elle aimait plus que tout – étaient incapable de concevoir que la petite puisse grandir, et que même avec une composition comme la sienne, une douceur et une fragilité proche de la porcelaine, elle avait des désirs. Des désirs qui se reflétaient dans ses yeux comme dans cette ville aussi étrange qu’incroyable. Alors elle avait eu droit, cette année, à son passe-droit. à la condition de faire attention, une simple chute pouvant entraîner des complications. Et avec l’obligation d’y aller avec sa maternelle, celle qui ne l’avait pas portée, puisque cette dernière était occupée. C’était donc avec un sourire aux lèvres qu’elle se retrouvait dans cette merveille, et tandis que sa mère s’occupait de son côté – elle n’était plus une gamine, et la femme était là surtout pour l’aider en cas de besoin, assurance de plus, tandis qu’elle mettait à profit ses propres talents pour profiter pleinement – feyre se laissait aller à l’exploration, l’envie de créer se faisant toujours plus forte quand elle voyait à quel point chacun semblait prêt à se donner pour cet évènement incroyable.
Et elle avait envie de faire quelque chose.
De laisser son art et son imagination fouler le sol.
De laisser sa trace dans ce festival, pour montrer à tous ce qu’elle voulait créer.
Pour laisser les regards étrangers s’interroger sur ses dessins, ses tracés, ses couleurs.
Et si la l’envie d’être vue était présente, la gloire n’avait rien à voir. Elle n’était que dans le plaisir, laissant son imagination vagabonder, laissant ses pensées se regrouper en quelques points bien précis, pour laisser ses talents et ses modestes tracés rejoindre les arts de ce festival.
C’était tout simplement fascinant, une expérience qu’elle désirait vivre à fond.
Loin de tout.
Loin des cours, où chacun la voyait comme le vase fragile à ne pas toucher, de peur qu’il tombe et se casse.
Loin de chez elle, de cette fenêtre qui la hantait, de cette voisine qui faisait battre son cœur, et manquait de la faire succomber à tout instant.
Loin de chez elle, pour oublier chaque sentiment trop fort, chaque sensation trop puissante, afin de ne se concentrer que sur son art.
Rêve bien vite interrompu par la voix qu’elle ne pouvait pas oublier, celle qu’elle avait dans le cœur, et faisait toujours naître un grand sourire sur ses lèvres. Celle de la brute de son cœur, qui semblait toujours présente dans sa vie, qui pouvait passer par la fenêtre de sa chambre quand bon lui semblait, et interférer dans sa vie avec toute sa classe – enfin, sa présence, plutôt – légendaire.
Et zut.
Voilà que son cœur se mettait à battre bien plus fort, alors que son regard se tourna vers elle, longs cheveux balayés par un mouvement de tête, et sourire plus fort que tout, tandis qu’elle l’admirait, l’élue de son cœur. « l’horrible brute », qui terrorisait tout le monde, au lycée.
Qui avait à son service chaque suppôt qu’elle pouvait se trouver.
Et pourtant.
Pourtant, feyre ne voyait jamais ce que les autres pouvaient bien observer. Certes, diane était loin d’être une enfant de cœur, et bien entendu, elle était sa « brut-brut », surnom donné avec affection. Certes, la blonde avait un tempérament, des envies de commandement, et la force en une seule main de l’écraser avec férocité.
Et pourtant, à ses yeux, c’était la reine, et elle se voyait princesse, surnom qui ne manquait pas de la faire rougir. Livre ouvert, c’était presque évident que ses sentiments étaient connus de tous, sans doute même de la principale intéressée.
Et en l’écoutant, elle eut un petit rire. Gloussement loin d’être méchant, devant cette attention, cette voix si douce de la femme qui la faisait vibrer, sa cousine qu’elle désirait.
ne t’en fais pas, je ne vais pas m’écrouler. Enfin, je ne crois pas. En tout cas, je ne m’attendais pas à te voir ici non plus, brut-brut. grand sourire, yeux qui clignaient presque sans relâche, elle la taquinait, et voulait que cela se sache. comment vas-tu ? es-tu là pour le spectacle ? ou participes-tu ? la question était bien entendue destinée à cette association d’artistes qui se laissaient prendre au jeu, et se mettait à concevoir.
Cette folle assemblée qui avait des règles tellement différentes.
L’une d’elle n’était pas réellement règle, et un regard sur diane suffit à la demoiselle garfield pour imaginer bien trop de choses qui ne méritaient pas – encore – de passer aux aveux.
Et son regard qui se laissait avoir, qui se retrouvait perdu sur ce visage qu’elle rêvait d’embrasser, chaque nuit, chaque jour.
Dieu qu’elle était belle, la brute.

Jamais elle n’aurait cru la croiser ici. Et pourtant, Feyre était là, face à elle. C’était étrange de la voir en cet endroit, de l’extraire de leur contexte de vie habituelle. A Black Rock City, la brune n’était plus l’autre étudiante de son cours ou même sa voisine de maison. Elle devenait juste une personne normale. Avec une vie en dehors des études. Et si Diane était bien placée pour savoir que la vie ne s’arrêtait pas à une pauvre salle de classe, elle ne pouvait pourtant pas s’empêcher de se montrer surprise. Elle voyait Feyre comme une bourrue du travail, incapable de s’arrêter de travailler. « Ne t’en fais pas, je ne vais pas m’écrouler. Enfin, je ne crois pas. En tout cas, je ne m’attendais pas à te voir ici non plus, brut-brut. » La Hopkins esquissait une grimace à l’entente de ce surnom, tentait de la dissimuler derrière un mouvement de sa main vers l’une de ses mèches de cheveux, qu’elle ne tardait pas à remettre en place. « Comment vas-tu ? Es-tu là pour le spectacle ? Ou participes-tu ? » Bonne question. « Je suis là pour te dire d’arrêter de m’appeler comme ça, si tu ne veux pas t’attirer des problèmes. » Elle disait ça sur un ton taquin, pourtant, son regard laissait entendre qu’il ne s’agissait pas d’une simple plaisanterie. Il y avait un fond de vérité dissimulé dans ses paroles. « Appelle-moi par mon prénom. Ou bien, Artémis. Oui, Artémis, c'pas mal. Ce sera ma performance artistique. » Se cacher derrière la version grecque de son prénom lui était apparu comme une excellente idée sur le moment. Etait-elle convaincue par cette requête ? Elle n’en était pas certaine. Mais il avait toujours cette envie de se démarquer. Elle faisait quelques pas en avant, rejoignait Feyre afin de savoir ce que sa camarade avait elle-même entrepris. « Et toi ? Qu’est-ce que tu fais ? T’acceptes qu’Artémis se joigne à toi ? » Un pas en avant qu’elle n’aurait jamais effectué dans des circonstances normales. C’était étrange et pourtant, ça lui était apparu comme étant la meilleure chose à faire, sur le moment.

Qu’elle était belle, brut-brut. Elle n’arrivait jamais à se faire à cette idée, mais cette femme, c’était comme un trésor. Elle ne savait pas comment elle en était venue à la regarder dès qu’elle le pouvait, mais elle savait que pour rien au monde, elle ne voulait arrêter. Et son sourire fut plus grand encore, en l’entendant grogner face au surnom. ah oui ? tu ne veux plus que je t’appelle b… elle se stoppa à cette lettre, riant doucement. Avant d’entendre cette requête qu’elle appréciait bien particulièrement. Artemis, c’était assez féroce, et elle adorait. Cela correspondait bien à diane, qui avait cette réputation et cette fougue dans chacun de ses gestes. Ce qui la démarquait très fortement des autres. Après tout, feyre ne tombait pas amoureuse d’un coup. va pour artemis. Mais seulement à black rock city. Ensuite, tu redeviens le mot interdit. elle s’approcha. celle-dont-il-ne-faut-pas-prononcer-le-surnom. elle éclata de rire. Il fallait dire que ce surnom là aussi lui allait bien. un peu long, certes, mais très significatif. Et puis, être comparée à voldemort, ça lui allait comme un gant.
Et puis… rire devant elle. rire grâce à elle. rire avec elle. c’était comme être dans un paradis. Elle se sentait bien, à ses côtés. Même si elle était « l’effrayante brute », elle n’arrivait pas à se sentir mal à l’aise. Elle avait juste l’impression de vivre dans une bulle, dans un rêve. En témoignaient les nombreux rêves qu’elle faisait souvent à son sujet.
artemis, donc. elle le répétait, comme pour l’imprimer dans son cerveau, avant d’ouvrir grands les yeux à sa question. moi, je… veux créer quelque chose. Je suis une artiste, après tout… j’aimerais pouvoir laisser ma trace ici. Créer, comme tous qui s’amusent… je ne sais juste pas trop par où commencer. L’imagination ne se trouve pas d’un coup, et lorsqu’elle est là, faut encore pouvoir tout mettre en place. En tout cas… elle fit un grand sourire en avance, sachant pertinemment que sa phrase la ferait rire. je veux bien qu’artemis se joigne à moi. Tu as ton arc ? et un nouveau rire. Petit gloussement plus que fou rire, elle se laissait aller avec joie à cet élan de bonheur, avant de susurrer doucement ça te va bien, en fait, artemis.
C’était vrai.
du coup, si tu te joins à moi, as-tu des idées ? tu veux construire quelque chose ? tu veux… une idée particulière ?
C’était une question importante pour elle. elle voulait à tout prix que sa brut-brut s’amuse à ses côtés.
Parce qu’elle rêvait encore.
Du jour où enfin, elle pourrait toucher ses lippes.
Un jour qui n’arriverait peut-être jamais, mais sa volonté était forte, et son rêve était solide. Elle ne le perdrait pas aussi facilement.

Elle ne laissait pas entrevoir son agacement à l’entente de ce surnom. Le Burning Man devait avoir des influences positives sur elle, lui permettant ainsi de prendre sur elle pour se contrôler lorsque des choses ne lui plaisaient pas. Merci Black Rock City. « Ah oui ? Tu ne veux plus que je t’appelle b… » Feyre s’interrompait. Est-ce que c’était le regard de Diane qui l’avait convaincue ? La blonde en doutait, surtout que la jeune femme semblait prendre un malin plaisir à rire. « Va pour Artemis. Mais seulement à Black Rock City. Ensuite, tu redeviens le mot interdit. Celle-dont-il-ne-faut-pas-prononcer-le-surnom. » La brune éclata de rire. Diane l’observait, interdite. Qu’est-ce qu’elle avait été fumé pour se comporter ainsi ? La repoussant d’un geste de la main, la Hopkins la mettait en garde : « Bas les pattes. Sinon tu vas devoir retourner regarder Harry Potter sans moi. J’aime pas ça. » Ou peut-être que si. Ce qu’elle n’aimait pas, c’était ce putain de surnom que Feyre lui avait attribué. Mais elle gardait son calme, juste pour cette fois. Elle ne voulait pas faire d’histoire. Tout ce qui importait, c’était de profiter du festival. Et l’idée de passer un peu de temps avec la brune ne lui déplaisait pas, du moment que celle-ci ne se mettait pas à l’appeler Brutus, Brutbrut ou peu importait à quoi ressemblait ce surnom stupide. « Artemis, donc. » Diane hochait la tête. Effectivement, ce surnom était mieux pour tout le monde. « Moi, je… veux créer quelque chose. Je suis une artiste, après tout… J’aimerais pouvoir laisser ma trace ici. Créer, comme tous qui s’amusent… Je ne sais juste pas trop par où commencer. L’imagination ne se trouve pas d’un coup, et lorsqu’elle est là, faut encore pouvoir tout mettre en place. En tout cas… » Feyre laissait son visage être transpercé d’un large sourire. Diane s’en trouvait confuse. Qu’est-ce que la brune pouvait bien avoir derrière la tête ? « Je veux bien qu’Artemis se joigne à moi. Tu as ton arc ? » Enfin, la Garfield semblait accepter de se joindre à son imaginaire. Diane esquissait un sourire à son tour, alors qu’elle mimait l’action d’envoyer une flèche en direction de la plus jeune. « L’arc est bien là. Et il est fonctionnel. » ironisait-elle. Après tout, elle semblait avoir capturée la brune. Celle-ci ne décrochait jamais son regard de Diane. Et ça avait quelque chose de plaisant, il lui fallait tout de même l’admettre. « Ça te va bien, en fait, Artemis. » Le sourire de la blonde s’élargissait. En effet, ça lui allait bien. Mais elle aimait également l’autre version de ce prénom. Cette version qu’elle portait. « Du coup, si tu te joins à moi, as-tu des idées ? Tu veux construire quelque chose ? Tu veux… Une idée particulière ? » Un rire s’échappait des lèvres de la Hopkins. « En effet, j’aimerais avoir une idée. » se moquait-elle gentiment, avant de laisser son regard errer autour d’elle. « Je consomme plus l’art que je ne la crée. Mais tu pourrais me montrer ton univers ? » En vérité, Diane savait que Feyre était une tête. Qu’elle était douée en cours. Mais elle ne savait pas grand-chose de plus sur elle. Pour une fois, elle voulait s’ouvrir à elle, apprendre à la connaître. Au moins un peu. « Quel œuvre veux-tu dédier au désert ? » demandait-elle. Parce que la majorité des œuvres construites à Black Rock City étaient démontées dès que le festival se terminait. C’était ce qui en faisait sa particularité.