Oh Lilian look what you've done you've sripped my heart || Chuck

'Ohana' means 'family.' 'Family' means 'no one gets left behind.' But if you want to leave, you can. I'll remember you though. I remember everyone that leaves.

Chuck détestait l'hôpital. Son cerveau y était toujours surchargé d'information. L'odeur était déplaisante. Les lumières finissaient par lui donner mal au crâne. C'était trop bruyant. Strident. Cliquetis de roues. Cavalcades. Bip en tout genre. Télés allumées sur des chaînes différentes. Le chariot des soins de l'étage où sa soeur se trouvait avait un défaut. Il avait l'impression d'être le seul à l'entendre. Il ne pouvait malheureusement pas porter son casque à réduction de bruit sans passer pour un ado bougon. Ce qu'il n'était techniquement pas. Ni adolescent. Ni bougon. Même s'il n'était pas heureux d'être là.

Il était seul avec Liloo. Il avait l'impression de veiller un cadavre, même si le moniteur affichait bien les constantes. Il essayait de lire, mais il avait l'impression que les mots fuyaient devant ses yeux. Il détestait cette sensation. Si son père ne revenait pas vite, il y avait de grandes chances qu'il parte de lui-même. Même si ça signifiait prendre le bus. Il se passa nerveusement la main dans les cheveux. Il était à deux doigts de partir, il s'était même presque levé de sa chaise lorsque sa soeur se réveilla. Ce qui généra un certain nombre de données contradictoires dans la tête du jeune homme. Heureusement qu'une infirmière débarqua alors qu'il était trop pris au dépourvu pour réagir normalement. Elle fit boire Liloo et appela un médecin qui lui, enjoignit à CHuck de sortir de la pièce durant l’auscultation. L'infirmière sortit totalement de l'esprit du garçon une fois qu'il fut dans le couloir.. Il aurait été incapable de se rappeler de son nom de toute manière ou son visage. Il avait toujours été nul pour ça. Il retourna dans la chambre une fois que le médecin lui eut donné le feu vert.

« Bien sûr que c'est moi. Qui veux-tu que ce soit d'autre ? »

D'un coup d'oeil, il mémorisa la page de son livre et le referma. Il ne savait pas ce qu'il était sensé dire ou faire.

« J'aime pas tes tatouages. Ils n'ont aucune harmonie. Aucune logique. »

Oui bon, peut-être aurait-il dû s'enquérir de son état. Ou appeler leur père pour qu'il revienne ?

'Ohana' means 'family.' 'Family' means 'no one gets left behind.'
But if you want to leave, you can. I'll remember you though.
I remember everyone that leaves.

Chuck leva les yeux au ciel avec un claquement de langue agacée. Comment pourrait-il lui faire une leçon de morale sur sa vie si elle était morte ? C'était d'une bêtise sans nom.

« C'est un hôpital. A Los Angeles. C'est notre mère qui t'a fait rapatrier ici. Elle y habite depuis un petit moment. Et moi depuis cinq ans. Pour les études. Notre père aussi est là.. »

C'était plutôt brouillon dit comme ça, mais l'essentiel était là.

« Désolé mais tes tatouages ne peuvent pas m'emmerder. Ils ne sont pas conscients. Ce ne sont que des pigments. »

Mais s'ils en avaient eu la possibilité, même si c'était le truc le plus absurde du monde, ils auraient peut-être été de l'avis de sa soeur.

« Accident. Coma. Pourquoi t'es partie comme ça ? »

D'accord, l'enchaînement n'était pas logique. Mais Chuck voulait une réponse. Vraiment. Il n'avait jamais compris pourquoi elle l'avait abandonné comme ça. Est-ce que c'était de sa faute si elle était partie ? Est-ce qu'il l'avait blessée sans s'en rendre compte ? Il était incapable depuis toujours de comprendre pourquoi quand il parlait normalement certaines personnes le prenait mal. Alors qu'il restait poli.

'Ohana' means 'family.' 'Family' means 'no one gets left behind.'
But if you want to leave, you can. I'll remember you though.
I remember everyone that leaves.

Liloo était perdue. Il fallait dire que dans la tête de Chuck, tout était clair et limpide. Mais il ne sortait pas de coma, lui. Il se mordit les lèvres quand sa soeur lui fit le reproche de réfléchir comme il le faisait. Il n'y pouvait rien. Son cerveau fonctionnait comme ça. Puis elle l'appela Stitch. Comme avant. Il se retint de dire qu'elle ne devrait plus l'appeler comme ça. Pas après être partie. Il avait appris à se retenir de dire le fond de sa pensée. Des fois.

Elle prit la peine de répondre à sa question. Elle était totalement son opposé. Les grands espaces, ça lui filait le vertige, à Chuck. Trop de bruits. Trop de lumières. Trop de mouvements. Il était noyé d'informations et finissait par faire un meltdown. A Alma, ça ne lui était quasiment jamais arrivé. Ici, à Los Angeles, peut-être une ou deux fois à l'université parce qu'il s'était un peu fait bousculer.

« Je n'aime pas les endroits surpeuplés. Trop d'informations différentes et contradictoires. Les gens sont trop pressés dans les grandes villes. »

Trop impatients. Il avait beau faire des efforts, ce n'était jamais suffisant. Mais de là à parler de confort. Non, certes c'était sécurisant. Mais elle ne connaissait pas la galère que c'était au quotidien d'essayer de comprendre quand on est sensé parler ou s'arrêter de parler. Et de comprendre les émotions des gens.

« C'était un accident de voiture. T'étais dans le coma et notre mère a voulu que tu sois soignée ici. Même si tu n'avais pas donné de nouvelles depuis des mois. »

Il ne connaissait pas les détails de l'accident ou du rapatriement. Leur mère avait toujours voulu le protéger, alors qu'il pouvait comprendre un certain nombre de choses. Mais bon, il avait cessé d'essayer de la convaincre.

« Je suis content que tu te sois réveillée. Pas que tu te sois blessée. Tu veux que j'appelle Papa, d'ailleurs ? Ou Maman ? »