my strange addiction. (liloh #3)

Elle lui avait offert les billets plus d’un mois auparavant, alors qu’elle était venue assister à la présentation de son projet de fin d’étude. C’était la moindre des choses aux yeux d’Elizabeth, qui avait bien conscience que Shiloh lui avait permis de s’ouvrir au monde. Alors, elle avait investi l’argent qu’elle ne mettait plus réellement dans le mariage, afin d’acheter ces entrées pour le Burning Man. Lorsqu’elle avait entendu parler du festival, il lui avait été impossible de ne pas penser à la blonde, qui était la plus grande artiste qu’elle connaisse et dont elle admirait chaque œuvre. La Garfield avait été heureuse de voir un sourire apparaître sur les lèvres de son amie, mais l’excitation n’avait alors rien à voir avec celle qui s’était emparée d’elle au moment de rejoindre Black Rock City. Un avion les avait entrainées directement dans le désert, les déposant au pied de la ville dans laquelle elle n’avait pas tardé à ériger leur tente. Une pour deux, c’était amplement suffisant. Surtout qu’elles allaient avoir besoin de chaleur corporelle afin de combattre les nuits froides du désert. « C’est vraiment gigantesque ici. Je n’en reviens pas. » commentait Lizzie alors que les deux jeunes femmes arpentaient les allées de la ville éphémère, cherchant à en découvrir le plus d’aspects. Tout un tas de personnes étaient réunies, issues d’horizons différentes. De façon assez paradoxale, cet événement donnait un côté rafraichissant au désert dans laquelle la chaleur se faisait pourtant bien présente. « Tu crois qu’on pourrait essayer de fabriquer quelque chose ensemble, cette fois ? J’aime bien te regarder faire, te servir de support, mais… J’aimerais bien qu’on essaye de construire quelque chose ensemble. » Elle lui avait dit ces quelques mots en venant glisser sa main dans la sienne, nouant leurs doigts ensemble, alors qu’elles arrivaient face à un tas de morceaux de bois, laissés à l’abandon.

je n'arrive pas à garder mon calme. être ici c'st juste inimaginable. lizzie elle est arrivée dans ma vie totalement par hasard, au détour d'une rue, un soir. et pourtant j'avoue qu'aujourd'hui, j'ai du mal à imaginer ma vie sans elle. j'ai l'impression qu'il me reste encore énormément de choses à savoir sur elle, à apprendre, à connaître. tout comme elle à l'inverse sur moi. mais pour autant, j'aime passer du temps en sa compagnie. c'est simple, pas prise de tête. ça me donne juste l'impression que c'est comme ça que ça aurait toujours du être. que c'est ainsi et pas autrement. mon sac n'a jamais été aussi rapidement prêt. mon seul vrai, gros, énorme soucis, ça a été de laisser milo. parce que je n'ai jamais été séparé de mon fils aussi longtemps que je vais l'être là. ça ne me rend pas vraiment triste, disons que je stresse un peu. j'ai confiance en mon meilleur ami, j'ai confiance en ma meilleure amie. parce que je sais que sage va venir pour prêter main forte et ça a d'ailleurs ravit milo de savoir qu'il allait passer du temps avec sa marraine. de toute façon ils m'ont tous forcé à partir en me disant de profiter un peu de ma vie. je ne sais pas trop comment je dois prendre ça mais bon. et puis, y'a lizzie. elle s'extasie tout comme moi d'ailleurs devant le spectacle qui s'offre à nous. " c’est vraiment gigantesque ici. je n’en reviens pas. " les yeux écarquillés et la bouche entrouverte, j'acquiesce vivement. notre tente est montée et on erre dans les allées pour découvrir ce qui est présenté. j'ai clairement cinq ans en plein magasin de bonbons. tout ce que j'aime réuni en un seul endroit. " tu crois qu’on pourrait essayer de fabriquer quelque chose ensemble, cette fois ? j’aime bien te regarder faire, te servir de support, mais… j’aimerais bien qu’on essaye de construire quelque chose ensemble. " sa main qui se glisse dans la mienne amène une chaleur assez vive et intense dans tout mon corps. loin d'être désagréable, tout comme sa demande. " bien sur oui ! " il y a de quoi faire, du bois. me diversifier aussi dans l'art. ça peut être intéressant. sans lâcher sa main, resserrant même la prise pour ne pas qu'elle me lâche, j'attrape un premier bout de bois et le place au sol. " on voit où ça nous mène ? "

Elizabeth se sentait étrangement vivante depuis qu’elle avait pris l’habitude de passer du temps avec Shiloh. Et le Burning Man parvenait à transporter cette impression de bien-être à un tout autre niveau. Une sensation de plénitude venait s’emparer de son être, faisait naître un feu réconfortant dans le creux de sa poitrine. Feu qui se colportait jusque dans ses pommettes alors qu’elle venait glisser sa main dans celle de la blonde. Acte qu’elle n’avait jamais eu le courage d’accomplir avant cet instant précis. « Bien sûr oui ! » Loin de décliner sa demande, l’artiste venait même raffermir sa prise sur la main d’Elizabeth alors qu’elle se baissait afin de s’emparer d’un premier morceau de bois. Le déposant sur le sol de façon à construire les bases de ce qui sera probablement une sculpture, la jeune femme ne tardait pas à ajouter : « On voit où ça nous mène ? » Le cœur battant, la blonde acquiesçait d’un mouvement de tête avant de transformer cette confirmation en mots. « On voit où ça nous mène. » Simples mots repris en écho, avant que Lizzie ne se penche à son tour afin d’attraper de nouveaux morceaux de bois, que leurs mains jointes ne tardaient pas à placer sur la base de leur construction. Ce n’était pas forcément la façon la plus pratique de produire une œuvre d’art, mais Elizabeth n’avait même pas cette ambition. Elle se contentait de profiter de l’instant, vivant de leurs souffles qui ne manquaient jamais de s’entremêler alors qu’elles œuvraient ensemble. « C’est marrant, on dirait un peu un cheval. C’est comme si je reconstruisais mon passé. Avec toi. Pour t’y inclure. » laissait échapper Elizabeth alors qu’elle prenait finalement le temps d’observer ce qu’elles avaient commencé à bâtir. Mais c’était à son présent que Shiloh appartenait et Lizzie ne voulait changer ça pour rien au monde.