we'll walk through fire and ice. (holden)

Son amour pour Callan n’avait aucune limite. Elle lui portait une confiance sans borne, lui aurait confié sa vie sur un plateau. Amour de jeunesse qu’elle voyait comme l’amour de sa vie, celui avec lequel elle voulait fonder une famille. Et pourtant, Hayley n’était pas encore prête pour être maman. C’était ce qu’elle se répétait inlassablement alors qu’elle se trouvait sur son lit, la tête prise entre ses mains. Les larmes roulaient sur ses joues sans qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit pour les retenir. Habituellement, sa positivité n’avait aucune limite. Mais cette fois, le rayon de soleil s’était transformé en nuage de pluie. La grisaille abritait son esprit rendu confus par les larmes et ses yeux lui brûlaient. Elle n’avait pas osé en parler à Callan lorsque le préservatif avait craqué, mais elle avait arrêté de prendre la pilule quelques semaines auparavant, parce qu’elle ne la supportait pas. Et forcément, sur le coup, elle n’avait pas pensé aux solutions de secours. L'incident s'était produit quelques temps auparavant et Hayley n’en avait encore parlé à personne, s’était trouvée dépassée par les événements lorsqu'elle avait constaté que Dame Nature avait une semaine de retard. Elle faisait de son mieux pour tenter d’adopter une respiration un peu plus normale lorsqu’elle entendit le bruit des clés qui s’inséraient dans la serrure. La porte d’entrée ne tardait pas à se refermer et la rouquine n’eut aucun doute sur qui cela pouvait bien être. Son père était rentré. Son meilleur ami. Son allié pour la vie. S’il y avait bien une personne à laquelle elle pouvait confier ses craintes, c’était lui. Elle épongeait ses yeux d’un revers de main. Effort vain pour cacher une partie de sa détresse, alors qu’elle se relevait. Son estomac noué se rappelait à elle alors qu’elle approchait du salon dans lequel son père se délestait de ses affaires. « Papa ? » Sa voix se faisait moins assurée que d’habitude alors qu’elle s’approchait de lui. « Tu as passé une bonne journée ? » Question sincère qu’elle lui posait avant d’aborder ce qui la chagrinait. Détail qu’elle ne pouvait pas cacher, puisque ses traits portaient encore les marques de sa tristesse. « Il faudrait que je te parle de quelque chose. Je… Il se pourrait qu’avec Callan on ait un peu merdé. » Enfin, qu’elle ait merdé. Callan ne pouvait pas savoir qu’elle avait arrêté la pilule. Il ne pouvait pas non plus savoir qu’elle avait passé la journée à se ronger les sangs, puisqu’elle ne lui en avait pas parlé.

une bonne journée de travail à l'atelier. ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. faire des croquis c'est bien, ça me met du baume au coeur. mais voir les premiers jets de mes dessins sur des mannequins ça rend les choses plus réelles. et tout ça je le dois à ... callan. tout s'est éclairé après cette soirée. comme s'il avait chassé les nuages au dessus de mon inspiration. comme une drogue que j'aurai pris et qui me conférerait ce feu sacré que j'avais perdu. callan est ma drogue. et il se trouve que c'est également le petit copain de ma fille. rien que ça bien sur. mais bon pas le temps de m'attarder là dessus. je passe prendre du chinois à emporter sur le chemin du retour avant de faire irruption dans la maison. j'ai même repris goût à la vue qu'on a depuis la terrasse. qui peut finir par être dégoûté par une vue sur l'océan. et bien moi... bourré. alcoolisé. et dans un état pire que second. voilà tout. mais ça va mieux et je jurerai que les oiseaux se sont même remis à chanter. je suis certain qu'ils avaient arrêté durant un temps. " ley t'es rentrée ? " normalement oui mais je préfère demander, comme à chaque fois que je passe la porte de la maison. pas de réponse immédiate mais ma petite tête rousse finit par apparaître enfin. avec une tête que je n'aime pas trop voir. " papa ? " y'a vraiment quelque chose qui ne va pas. elle ne va pas bien. je la connais suffisamment pour savoir que ça ne va pas. " tu as passé une bonne journée ? " je l'observe avec insistance et pose le sac sur la table sans pour autant la quitter des yeux. " moi oui mais toi... ça va ? " je ne suis pas dupe, y'a un soucis. " il faudrait que je te parle de quelque chose. je… il se pourrait qu’avec callan on ait un peu merdé. " je tique, je l'observe, je lâche le sac et l'inquiétude commence à se dessiner sur mon visage. " comment ça merdé ? qu'est ce qu'il se passe ley ? " définitivement... j'ai peur d'entendre la suite.

Un air inquiet se dessinait sur le visage de son père. Vif tourment qu’elle avait fait naître elle-même dans l’esprit d’Holden, se mêlant à ses propres appréhensions. Hayley n’était pas fière de le tracasser ainsi, mais elle ne savait pas vers qui d’autre se tourner, à qui se confier. Son paternel lui était toujours apparu comme son meilleur ami, son plus grand confident, d’aussi loin qu’elle se souvenait. Et une nouvelle fois, elle avait besoin de lui et de ses conseils. Cela ne balayait pourtant pas ses bonnes manières et elle se laissait aller à le questionner sur son état avant de lui confier ses inquiétudes. « Moi oui mais toi... Ça va ? » Interrogation nécessaire pour déclencher la vague de confessions. Répondant indirectement à la question, Hayley laissait paraître la possibilité qu’ils aient pu faire une bêtise avec Callan. Simples mots qui parvenaient un peu plus à déformer les traits d’Holden. « Comment ça merdé ? Qu’est ce qu'il se passe Ley ? » Enchaînement de questions pressantes, qui incitaient la langue de la rouquine à se délier au plus vite. S’humidifiant un instant les lèvres, elle luttait contre sa gorge nouée pour finalement reprendre la parole. « La dernière fois qu’on a fait l’amour, le préservatif a craqué. J’avais arrêté la pilule à ce moment-là et je n’ai pas voulu lui dire. Pour ne pas l’inquiéter. » Acte idiot qui lui valait à présent le droit de porter tous les tracas du monde sur ses frêles épaules. Passant une nouvelle fois sa main sur son visage, elle chassait l’humidité de ses yeux avant de continuer : « Je me suis dit que pour une fois, ça ne ferait rien. Que je n’avais pas besoin de prendre la pilule du lendemain, mais… » Elle plantait son regard brouillé dans celui de son père, sentait que son menton tressautait à l’idée de ce qu’elle allait annoncer. « Maintenant j’ai une semaine de retard sur mes règles et je ne suis vraiment pas prête à avoir un enfant. » Son père ne l’avait pas été non plus au moment de la recevoir dans ses bras. Et pourtant, cela ne l’empêchait pas d’être le meilleur père du monde. Mais au fond, Hayley ne se sentait pas les capacités d’être mère, ne se connaissait aucun instinct maternel suffisamment développé. Tout ce dont elle rêvait, c’était de passer du temps en mer. « Je ne sais pas quoi faire. » finissait-elle par laisser échapper d’une voix faible.

ma fille c’est tout pour moi. mon univers entier. elle est arrivée dans ma vie un peu par hasard. comme une tornade qui aurait pu tout balayer sur son passage. et finalement c’est devenu ma plus grande force. et ma plus grande faiblesse aussi. je n’aime pas la voir mal. je n’aime pas savoir qu’elle est mal. elle ne peut pas l’être. parce que si elle est malheureuse, c’est que j’ai mal joué mon coup. que je ne suis pas un bon père. on exit le chapitre sur callan. au fond s’il couche avec moi c’est qu’il n’est pas assez bien pour elle, c’est tout. et puis grâce à lui, elle retrouve un père plus vivant qu’avant. donc ce n’est pas si mal que ça. je crois. bref, pour le moment je cherche juste à savoir si elle va bien parce que je vois bien que non. je veux savoir, je veux comprendre ce qui lui occupe tant l’esprit. et quand elle me dit qu’elle aurait merdé avec callan, je sens mon corps qui s’échauffe. j’ai très peur de ce qu’elle pourrait m’apprendre et m’annoncer. ” la dernière fois qu’on a fait l’amour, le préservatif a craqué. j’avais arrêté la pilule à ce moment-là et je n’ai pas voulu lui dire. pour ne pas l’inquiéter. “ et forcément, je me fige sur place. je prends conscience de ce qu’elle me dit. des mots choisis. des conséquences que tous ces actes peuvent produire. ” je me suis dit que pour une fois, ça ne ferait rien. que je n’avais pas besoin de prendre la pilule du lendemain, mais… “ elle continue. elle semble paumée et je dois bien avouer que moi aussi. ” je ne sais pas quoi faire. “ la détresse de ma fille est présente. et ma peur soudaine doit se taire pour la réconforter. c’est mon rôle, c’est ce que j’ai toujours fait. sans plus attendre je m’approche d’elle et la prends dans mes bras pour la serrer fort contre moi. ” ça va aller ma chérie. “ en fait j’en sais rien moi même. mais il faut que je la rassure. ” t’as fait un test ou quelque chose ? tu l’as prévenu ? “ je ne sais pas ce qui est le plus important là dedans mais j’ai besoin des deux réponses pour savoir quoi faire ensuite. comment l’aider. pour l’instant je la garde tout proche, la berçant presque. j’ai fait des erreurs mais je n’ai jamais cessé de l’aimer. depuis que je l’ai eu pour la première fois dans les bras. comme une évidence.

La panique transparaissait dans sa voix, sans qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit pour la dissimuler. Elle était trop jeune pour être enceinte. Trop jeune pour attendre un bébé. Elle ne se voyait pas s’occuper d’un être vivant. Même un chat, c’était trop de responsabilités. Alors qu’un chat, c’était tout de même super indépendant. Alors un bébé ? Non. Les larmes lui montaient aux yeux rien qu’en y pensant. Forcément, elle se tournait vers son père. Il avait toujours été son meilleur confident, la seule personne en qui elle avait pleinement confiance. Elle s’en remettait totalement à son avis parce qu’elle savait qu’il saurait la conseiller. « Ça va aller ma chérie. » tentait-il de la rassurer alors qu’il s’approchait pour la prendre dans ses bras. Hayley ne se fit pas prier pour se blottir tout contre son père et chercher sa présence réconfortante. « T’as fait un test ou quelque chose ? Tu l’as prévenu ? » Questions qui faisaient sens, bien qu’Hayley ne se les soit pas posées. Elle secouait la tête alors que ses yeux rougis continuaient de lui faire mal. « Non. Ni l’un ni l’autre. » Elle passait une main sur son visage, tentait d’essuyer ses larmes. Mais celles-ci furent instantanément remplacées par d’autres gouttes salées. « Il serait fâché que je l’appelle pour ça sans avoir fait de test et… Et… » Elle ne parvint même pas à finir sa phrase. Un sanglot lui échappait, l’obligeant à enfouir son visage dans ses mains. Elle ne parvenait plus à respirer correctement, avait l’impression de s’étouffer, alors que la panique la submergeait. « Et j’ai peur de faire un test toute seule. » finissait-elle par bredouiller d’une voix faible qui trahissait son nez bouché. Elle reniflait de façon peu élégante avant de se détacher de son père pour rejoindre un tiroir duquel elle sortait une boite de mouchoirs. Elle se mouchait bruyamment. Chose qu’elle n’aurait jamais osé faire en présence de Callan. Mais avec son père, c’était différent. « Tu… Tu peux m’aider ? » demandait-elle finalement en plantant son regard dans celui de son père. Elle n’avait que lui pour l’aider.