i need you now (kella)

Mauvaise pente qui me mènera droit en Enfer si je ne réagis pas. Suis-je en état de réagir ? Je ne crois pas. La drogue coule dans mes veines, j’en ai à nouveau besoin, comme un cycle qui se répète. Une phase de renouveau, les nuages qui s’éclipsent et le soleil qui réapparait, pour finalement se retrouver terni par une multitude de faits aggravants. Je suis faible, j’en ai conscience, c’est bien plus facile de sombrer à nouveau que de lutter pour remonter la pente. Je n’ai pas envie d’être aidée, c’est mon quotidien. Je n’ai jamais été foutue de faire confiance à qui que ce soit de toute manière, et je suis en train d’attirer Loïs dans ma chute, sans scrupule aucun. Je n’ai pas conscience de cette force qui m’attire vers le sol, et plus profondément dans les entrailles de la Terre. Quelques coups frappés à la lourde porte de la villa du maire. Je sais même pas qui m’a laissé entrer lorsque j’ai sonné à l’interphone à l’extérieur de la maison. La porte s’ouvre, je m’attendais à voir Ella, qui d’autre qu’elle me laisserait entrer. Mais non, c’est la femme de ménage, ou je sais pas bien ce qu’elle fait ici celle là, mais ça fait un bail qu’elle est là. « Keala ? » Oui, Ella m’a hébergée un moment quand je vivais sur un carton, alors ouais, Mme du balais connait mon prénom. « J’viens voir Ella. » Et je suis dans un sale état. Enfin, disons que je ne suis pas dans mon état naturel, clairement pas. « Ella ne vit plus ici. Tout va bien ? » J’ai besoin de voir Ella, maintenant. C’est la seule qui pourra m’aider, enfin disons que c’est ce que mon épave de cerveau tente de me convaincre. Mme du balais me donne une adresse qu’elle vient d’inscrire sur un papier, et somme au chauffer de la famille de me conduire dans la nouvelle résidence de l’ex-femme du maire. Oh ? Elle a divorcé ? Bonne nouvelle ! Je me glisse sur la banquette arrière de la berline et m’endors à moitié, sursautant lorsque le grand black me dit être arrivée. Très bien. Je sors et me rends jusqu’à la porte de la nouvelle habitation d’Ella. Cette dernière s’ouvre, et je ne réfléchis même pas, ça vient comme ça, je réduis l’espace entre elle et moi, sans même lui demander si je dérange, et fonds sur ses lèvres, mes bras autour de son cou. N’importe quoi.

j’ai du prendre un journée. encore une. y’a des jours où ça va, où j’arrive à me concentrer sur ce que je fais, sur mes dossiers. et puis y’en a d’autres, où j’arrive à rien. aujourd’hui, c’est la deuxième option. renvoyée à la maison parce que de toute façon je faisais que des conneries, j’arrive pas plus à m’occuper en étant chez moi. je deviens l’une de ces quincas que j'exècre, affalée devant la télévision à regarder les séries qui passent en pleine journée. ridicule. ouais quinca, le constat fait mal aussi. le demi siècle qui arrive et je suis seule. incroyablement seule. déjà y’a zach qui est parti vivre ailleurs. mais bon, je suis contente pour lui. par contre cette histoire de gosse qu’il va avoir ça j’suis pas certaine certaine… j’crois que j’aurai préféré qu’il me ramène un chien ou un mec ou j’en sais rien. mais grand mère, cinquante ans, seule… l’année de merde en fait. l’année de merde. j’ai renvoyé nina pour la journée. le ménage est fait et pour la cuisine, je commanderai un truc. ou je décongèlerai un truc. ou j’en sais rien. sinon j’mangerai pas. je boirai simplement. j’ai déjà bien attaqué la bouteille de vin rouge alors une deuxième ou une troisième pourront venir compléter la fête. devant la rediffusion d’une télé réalité sur une famille hollywoodienne botoxée et fausse comme pas deux, je termine mon troisième verre en soupirant. c’est complètement ridicule et pourtant je ne peux pas m’empêcher de regarder cette merde. je crois que c’est ce qui prouve que je ne vais pas bien. le fait de ne pas arriver à me détacher de ça ni d’arriver à zapper. jusqu’à ce qu’on sonne à la porte. ça me sort de ma transe et je me redresse après avoir éteint la télé. manquerait plus que quelqu’un ne capte que je regarde ça. enfin c’est pas comme ci le regard des autres m’importait ces derniers temps. mais on va sauver les apparences autant que possible. en pantalon de jogging, tee shirt informe, chaussettes et pull en tricot déformé, je ne suis pas non plus super présentable. mais j’ai pas le temps de m’intéresser à ça. cependant je regarde quand même qui est là avant d’ouvrir. keala. alors qu’elle me voit dans cet état je m’en fiche, c’est plutôt sa présence ici qui m’intrigue. ” qu’est ce que… “ et pas le temps de finir une éventuelle question que je me retrouve avec la brune pendue à mon cou et ses lèvres collées aux miennes. déséquilibrée, je recule en m’accrochant à la seule chose que j’ai à disposition, ses hanches. au final, c’est plutôt agréable, même si étrange. au bout de quelques secondes, je m’écarte et ferme la porte derrière elle. ” donc je te manquais c’est ça ? “ j’crois que y’a pas trop de doutes sur le sujet de sa présence ici.

Je ne lui laisse pas vraiment le temps de réagir, encore moins de me repousser. C’est la dernière chose dont j’ai besoin, mais malheureusement, je sais que je prends un risque en venant ici et en me comportant de cette manière. Ella recule sous mon assaut mais ne me repousse pas, et je crois que ça suffit à me rassurer, poursuivant ce baiser pour le moins équivoque avec lequel je suis arrivée. Elle finit par mettre un terme à ce baiser, et referme la porte derrière moi, sans me foutre dehors. Encore un bon point. « donc je te manquais c’est ça ? » Je tente un sourire, même si franchement, je suis pas certaine qu’il aide à me faire une gueule plus potable. « Ouais, c’est ça. » C’est surtout que c’est la première à qui j’ai pensé, la seule que j’ai eu envie de voir. Parce qu’elle est sans doute celle qui m’a vue dans la pire période, qui m’a tendu la main, qui m’a aidée. Je sais qu’elle ne me jugera pas, et c’est ça, dont j’avais besoin. Je secoue un peu la tête sans lâcher son regard, mes pupilles dilatées par le cachet que j’ai pris avant de venir. « J’ai pas envie de parler Ella, j’avais juste envie de te voir. Besoin de te voir. J’espère que t’es tout seule ? » Je voudrais pas déranger, je voudrais surtout l’avoir maintenant, pour moi tout seule. Alors je réduis à nouveau la distance entre nous et reviens à la quête de ses lèvres, mes mains cherchant déjà la chaleur de sa peau. « Faut qu’tu m’aides. » que je lui dis entre deux baisers avant de poursuivre. « J’ai besoin d’arrêter de penser. » Et elle arrivait très bien à me faire penser autre chose à l’époque où je me glissais dans son lit pour quelques heures. Ça a foutu la merde, un peu. Mais mais maintenant, plus d’Elio, et plus de mari-monsieur-le-maire non plus. Alors qui pourrait nous en empêcher ? Hein ?

je la connais keala. si elle débarque comme ça à l'improviste c'est qu'il y a un soucis. on ne s'est pas forcément beaucoup vues ces derniers mois, des nouvelles par ci par là. mais ouais, y'a quelque chose qui ne va pas et sa tentative de sourire ratée me le confirme bien. " ouais, c’est ça. " elle a bu ou a pris quelque chose. ou peut être les deux. cet état qu'elle a déjà eu. cet état qui n'est pas bon pour elle ni pour personne. j'aime pas la voir comme ça. " j'ai pas envie de parler ella, j’avais juste envie de te voir. besoin de te voir. j’espère que t’es tout seule ? " voilà qui vient confirmer ce que je pensais. comme si j'avais besoin de ça... mais bon au moins c'est fait. " oui, seule jusqu'à demain. " et encore plus si je demande à nina de ne pas revenir. zach ne vit plus ici alors me voilà seule. dans cette grande baraque. ce serait presque déprimant quand on y pense. keala se recolle déjà à moi, récupère mes lèvres qu'elle lie aux siennes. elle ne me laisse pas le temps de continuer la discussion, elle ne le veut vraiment pas. " faut qu’tu m’aides. j’ai besoin d’arrêter de penser. " entrecoupés de baisers, je comprends néanmoins sa demande, je comprends ce qu'elle veut. je laisses ses lèvres dériver sur les miennes encore quelques instants, j'en profite un peu aussi avant d'attraper sa main pour la mener jusqu'à ma chambre. " viens. " y'a plus de paroles, y'a plus de blabla. elle est là pour une chose et je serai stupide de le lui refuser sachant que c'est exactement ce dont j'ai besoin là tout de suite moi aussi. " tu tombes à pic. " dernière phrase avant de la plaquer contre la porte et de laisser mes mains prendre possession de son corps. corps que j'effeuille, corps que je déshabille. comme une habitude perdue et maintenant retrouvée. mes gestes ne sont pas moins assurés qu'à l'époque, juste peut être un peu plus anarchiques. peut être plus brutal pour arriver au but le plus rapidement possible.

 « oui, seule jusqu'à demain. » C’est parfait. J’ai pas besoin d’autant de temps, juste besoin de m’évader avec elle quelques heures, je ne demande rien d’autre, après je m’en irai. Avant, c’était plutôt elle qui était en demande, parce que visiblement, elle n’avait pas ce qu’elle désirait avec son mari. Pas tout ce qu’elle désirait, et j’étais là pour elle, mon corps l’était en tout cas. Je veux pas d’argent, je veux rien d’autre qu’elle, elle et son corps, elle et ses mains, juste pour me faire oublier qui je suis. Au départ un peu hésitante, je cherche à la convaincre, l’embrasse encore, le regard presque suppliant. Et enfin elle vient chercher ma main pour m’entraîner sa suite, jusque dans sa chambre. « tu tombes à pic. » La délivrance lorsqu’elle plaque mon corps contre la porte. Je soupire, m’abandonne contre elle, dans se bras. C’est comme une drogue, ça aurait pu être n’importe qui mais c’est elle que j’ai choisi aujourd’hui, et je suis contente qu’elle réponde positivement. Elle est différente de mes souvenirs, peut-être un peu plus braque, mais j’avais pas particulièrement besoin de douceur de toute manière. La douceur, c’est réservé à l’amour. Et l’amour, j’ai tiré un trait dessus récemment. Trop de déceptions. Trop de douleurs. J’a lâché prise, me suis laissée tombée dans les abîmes de mes vieux démons. La pilule que j’ai prise avant de venir me donne une sensation de planer, et une énergie décuplée. J’ai envie de passer la nuit entière avec elle, perdre mon souffle, ne plus penser à rien, et c’est le cadeau qu’elle me fait.
Il est tôt ce matin quand je sens les effets de mon cachet se dissiper. Je ne vais pas tarder à me sentir mal, il faudrait peut-être que je prenne la poudre d’escampette. Maintenant. Mais j’aurai sans doute un peu trop la sensation d’être venue, d’avoir pris ce que je voulais, et me barrer sans rien dire. C’est pas loyal. Pas envers Ella, elle m’a tendu la main, elle a répondu positivement à mes supplications, je ne vais pas lui faire à l’envers. « Du coup, tu vis toute seule ici ? » C’est histoire de faire la conversation, mais j’ai jamais été trop douée pour ça de toute façon. Faut bien que j’ai de l’estime pour elle…