don't be scared (loley)

Cette maison est bien foutue, y’a pas à dire. Les chambres des filles sont à l’étage, et la chambre ‘parentale’ au rez-de-chaussée, avec une baie vitrée qui donne sur un petit balcon à l’extérieur. Juste de quoi rentrer dans ma chambre sans même passer par la porte d’entrée. Il n’est donc pas rare que je rentre avec Marley pour passer la nuit ici, ça évite de foutre en bordel mon bureau, surtout que le canapé n’est pas des plus confortables, il faudrait que je pense à le changer. Il est tôt ce matin quand nous finissons nos galipettes, et c’est nue que je me lève pour aller ouvrir la baie vitrée, volets toujours clos pour éviter le voyeurisme potentiel des voisins. J’allume une clope et me réinstalle dans le lit, couverte simplement par un morceau de drap que je partage avec Marley. Mon regard se perd un instant sur ses courbes, et même si la chambre est bien insonorisée de l’intérieur vers l’extérieur - lubie de Stella qui avait peur que les filles nous entendent alors qu’elles sont à l’autre bout de la maison - on peut quand même entendre un peu ce qui se passe à l’extérieur. Et il y a de l’activité dans le salon et la cuisine. On est samedi, Zoey est rentrée hier soir, je ne l’ai même pas encore vue. « Je pensais à un truc… » Je regard rivé sur la porte d’entrée, je tire sur ma clope sans pour autant regarder la jolie brune à mes côtés. « Faudrait peut-être que j’en parle aux filles. » Cette fois mon regard se pose sur elle, un léger rictus au coin des lèvres. « Pour toi j’veux dire, enfin nous, j’en sais rien… » Ouais j’suis carrément paumée en fait, ça date pas d’hier. Mais de là à parler à mes filles de la relation que j’entretiens périodiquement avec Marley, ça va loin. Je vais la faire flipper j’en suis sûre, et j’en ai même pas conscience…

allongée nue sur le lit, je regarde loan qui s’agite. elle se lève et je profite de la vue tandis qu’elle ouvre la fenêtre. sourire aux lèvres, je me place sur le dos et attends qu’elle me rejoigne. j’attrape le paquet de clopes dans lequel elle vient de se servir et en prends une à mon tour. je ne fume pas souvent mais après une nuit comme celle-ci, ça passe plutôt pas mal. j’ai vraiment l’impression d’avoir une double vie avec loan. faut dire qu’avec la famille que je me coltine, être attirée par une femme c’est déjà compliqué. alors coucher avec une mère de famille qui est en plus ma patronne, j’ai déjà l’image en tête de ma mère qui me poursuit avec un crucifix et de l’eau bénite. j’émets un léger rire en allumant la cigarette et souffle la première taffe avec un soulagement certain. généralement je fume, ou je me rhabille simplement avant de m’échapper par la baie vitrée. comme une voleuse, par le même chemin que celui que j’ai emprunté à l’aller. voleuse d’orgasmes et receveuse à la fois. c’est plutôt agréable. mais ce matin une discussion se profile visiblement. ” je pensais à un truc… “ je tourne le regard vers elle et observe cet air sérieux qui a pris place sur son visage. ” hum ? “ j’attends la suite parce qu’elle m’intrigue. elle ne me regarde pas elle, semblant tout à coup très intéressée par la porte de sa chambre. ” faudrait peut-être que j’en parle aux filles. “ je crois que je manque de m’étouffer avec la fumée alors qu’elle me regarde enfin. malgré le rictus qui s’échappe de ses lèvres, elle a quand même l’air super sérieuse. ” pour toi j’veux dire, enfin nous, j’en sais rien… “ après avoir réussi à retrouver un chemin pour l’air jusqu’à mes poumons, je me rassois bien comme il faut sur le lit et remonte le drap sur mon corps. une sorte de bouclier de protection je crois. ” tu veux dire à tes filles que… quoi ? “ non alors là je comprends pas. surtout qu’avec sonny… bref. ” et tu présenterais la chose comment ? salut, voici marley, vous savez la serveuse du planet que je me tape en secret depuis deux ans ? “ là pour le coup je rigole parce que je trouve ça totalement absurde. ma voix qui a grimpé dans les aigus en est la preuve de toute façon. ” pourquoi ? “ on est bien comme ça non ? c’est quoi le problème…

Je sais pas pourquoi j’ai cette lubie soudaine. C’est con en même temps, mais je n’en ai pas immédiatement conscience. Et à mesure que les mots sortent d’entre mes lèvres, je les analyse. Je crois que les nuits avec elle ont tendance à me ramollir le cerveau, il vaudrait mieux que j’attende un peu avant de réfléchir, penser, et parler, de ce fait. Marley s’étouffe avec la taffe qu’elle vient d’aspirer et j’arque seulement un sourcil, vérifiant quand même que tout va bien. Elle s’assied sur le lit, remontant le drap contre elle, c’est vrai que c’est nécessaire après la nuit qu’on vient de passer. « tu veux dire à tes filles que… quoi ? » Je hausse les épaules. J’ai pas réfléchi à comment tourner la chose, c’est vrai, mais Marley tente une hypothèse. « et tu présenterais la chose comment ? salut, voici marley, vous savez la serveuse du planet que je me tape en secret depuis deux ans ? » Elle rit et je ris avec elle, c’est vrai que dit comme ça c’est un peu con. « pourquoi ? » Je fais tomber la cendre dans le cendrier posé sur ma table de nuit et repose mon regard sur le dos nu que me présente la brunette. « J’en sais rien. Comme tu dis ça fait deux ans. C’est pas comme si ça datait d’hier. » J’en sais rien, c’est idiot et au fond de moi je le sais bien, mais j’ai l’impression d’être dans une période où j’ai besoin d’être honnête, avec moi-même et avec les autres. Mais je ne prends pas immédiatement conscience du cheminement de pensée que peut avoir Marley à ce moment là. Je ne lui demande pas d’officialiser quoi que ce soit, enfin en soi oui, mais en fait non. On n’est pas un couple, on n’en sera jamais un, mais c’est une question de… de j’en sais rien. J’suis à côté de mes pompes. C’est tout. « Parce que personne est au courant de ton côté que tu te tapes ta patronne depuis deux ans ? » Elle doit bien l’avoir dit à des amis ? A moins qu’elle ait honte de moi.

je ne comprends pas. je ne comprends pas pourquoi elle veut leur dire. pourquoi elle veut révéler notre liaison à ses filles. c'est bizarre et ça me semble être une belle connerie quand même. je ne vois pas comment elles peuvent bien le prendre. je ne vois pas comment je peux me dépatouiller de ça moi aussi. noa le sait bien sur mais c'est la seule. et si ça s'ébruite je suis dans la merde. puis ça rendrait le tout trop sérieux non ? j'suis pas du genre à vouloir du sérieux moi. j'suis pas du genre à m'engager. alors oui ma voix s'élève vers des tessitures que j'attends que très rarement et je lui pose la question qui me semble la plus importante, pourquoi. pourquoi veut elle faire ça. " j’en sais rien. comme tu dis ça fait deux ans. c’est pas comme si ça datait d’hier. " en même temps c'est moi qui ai mis l'accent sur la longévité de cette relation. un argument pour et contre peu importe l'endroit d'où on se place. oui ça fait longtemps donc c'est plutôt acquis et posé. et en même temps si ça dure depuis longtemps et que tout va bien pourquoi vouloir le changer. ça se défend. " parce que personne est au courant de ton côté que tu te tapes ta patronne depuis deux ans ? " peu importe comment on présente la chose ça parait être malaisant. alors que non, vraiment pas. on sait juste où on en est, ce qu'on veut nous deux. enfin je le croyais à moitié. " non... enfin si ma petite soeur. mais avec ma famille c'est compliqué. puis j'suis pas du genre à avoir des amis tu sais. " c'est pas que je suis solitaire, juste que j'ai un caractère de merde. " disons que ceux que je vois à l'église le dimanche c'est pas trop ceux à qui je vais raconter ça. et les autres je les connais du planet donc je ne me vois pas leur en parler non plus. " je hausse les épaules et me penche par dessus son corps pour venir retirer la cendre en trop sur ma cigarette. je m'installe à califourchon sur elle, assise sur ses cuisses. " c'est pas que ça me dérange à cause de toi en tant que telle. juste que bah t'es une femme. puis bon ma patronne... ça peut jaser au boulot mais le reste c'est pas grave. " je ne sais pas si je suis très claire dans ce que je dis, dans mes paroles.

J’ignore totalement pourquoi je propose ça. Peut-être parce que j’ai l’impression de mentir à mes filles, par omission certes, mais c’est quand même du mensonge quand on y réfléchit. Je sais bien que Marley n’est pas la fille avec qui je finirai mes jours, je ne sais même pas si cette femme existe sur la surface de cette Terre. Je voulais finir mes jours avec Stella, et ça n’a pas été le cas. Toujours est-il que ça fait quand même deux ans que ça dure entre nous. On ne peut pas parler d’histoire à proprement parler, parce qu’elle est libre, que je le suis aussi, mais on en revient toujours au même, à croire que nos corps ne peuvent définitivement pas se passer l’un de l’autre. « non... enfin si ma petite soeur. mais avec ma famille c'est compliqué. puis j'suis pas du genre à avoir des amis tu sais. » Marley est du genre spéciale, c’est ce qui la rend aussi attirante à mes yeux. Je n’ai jamais aimé les filles banales. Elle a du caractère, et ce je-ne-sais-quoi qui fait chavirer des têtes. Dont je fais partie, d’une certaine manière. « disons que ceux que je vois à l'église le dimanche c'est pas trop ceux à qui je vais raconter ça. et les autres je les connais du planet donc je ne me vois pas leur en parler non plus. » Je ne peux retenir un petit rire lorsqu’elle parle de l’église, parce que c’est vrai que forcément, les croyants n’approuveraient pas. Finalement, la jolie brunette vient se placer au-dessus de moi, assise sur mes cuisses sur lesquelles je viens poser mes mains pour les caresser du bout des doigts. « c'est pas que ça me dérange à cause de toi en tant que telle. juste que bah t'es une femme. puis bon ma patronne... ça peut jaser au boulot mais le reste c'est pas grave. » Son discours n’est pas clair. Mais j’ai compris le fond de sa pensée, elle n’a pas envie d’officialiser quoi que ce soit. Moi non plus de toute manière. « Eh… » Je tends la main jusqu’à sa joue que je n’arrive pas à atteindre alors je me redresse, mon corps nu revenant épouser le sien. Je caresse finalement sa joue, décalant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. « Je disais pas ça pour te faire peur, j’avais pas dans l’idée de faire une grande fête pour dire à tout Los Angeles qu’on couche ensemble depuis deux ans.. » Je lui souris un peu pour dédramatiser la chose. « Je parlais seulement de mes filles, parce que j’ai plus trop envie de me cacher… » J’ai passé l’âge. Je crois. Je l’embrasse finalement avant de glisser le bout de mon index sur ses lèvres. « Mais on oublie. C’est pas grave. » Pas question de la brusquer, je ne voudrais pas perdre ce qu’on a. « Ta soeur est au courant alors ? Elle en pense quoi ? » Sa soeur, c’es vague, il me semble qu’elle en a un paquet.