First met | Ft. Ren Yamazaki

 

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ Un petit tapotement sur son épaule la fait sursauter, alors que plusieurs pairs d'yeux sont braqués sur elle. En plein cours, Keiko a dû s'endormir sans y faire attention. Sa meilleure amie Victoire lui fait les yeux ronds, pointant du menton leur prof qui a les bras croisés, et qui attend que la jeune Yamazaki se remette de sa petite sieste. Cette dernière se retient de soupirer, étirant légèrement ses bras et s'excusant auprès de lui. Ses joues légèrement rougies ne peuvent pas cacher cette honte qu'elle a en se disant qu'elle a encore succombée au sommeil. Ces derniers jours, dormir pour elle, c'est une véritable épreuve. Son angoisse qui grandit toujours autant en elle l'empêche de se reposer ne serait-ce que deux heures par nuit. Elle est obligée de se lever plusieurs fois, de se retourner encore et encore dans son lit, pour trouver un semblant de sommeil. L'état de sa mère est toujours statique, et les docteurs qui s'occupent d'elle sont pessimistes. Bien qu'ils font tout pour ne pas l'inquiéter, Keiko n'est pas aveugle. Elle sait que le prognostic vital de sa mère est engagé. Cependant, elle refuse de se dire que c'est la fin. Elle garde toujours espoir, et continue de s'occuper d'elle. L'espoir fait vivre non ? Enfin. En plus de ça, son boulot en tant que serveuse lui prend aussi du temps et de l'énergie. Et ne parlons pas de son deuxième « travail » en tant qu'Escort girl. Cacher ça à ses proches est facile. Mais le plus difficile reste de supporter ses clients qui abusent parfois d'elle. Malheureusement elle est bien forcée à leur faire plaisir, si elle veut récolter assez d'argent pour continuer de payer les soins à sa mère, en plus de payer les factures de son appartement.

Quoiqu'il en soit, Keiko finit par se reprendre en claquant doucement ses joues, arrachant sa feuille où son dessin dessus est complètement raté. Elle doit recommencer une nouvelle fois. Et cette fois-ci, elle fait tout pour se concentrer au mieux et ne pas se rendormir. Victoire fait en sorte de la tenir éveillée en lui racontant sa vie. Sa vie qui est bien plus intéressante que celle de Keiko. Alors cette dernière lui sourit tout en papotant avec elle et réussissant enfin à faire un chef d'oeuvre. Du moins, c'est ce que dise ses camarades. Keiko n'y croit pas. Elle peut faire bien mieux que ça, non sans être trop modeste. Mais la sonnerie qui annonce la fin des cours la sort de ses pensées. Relevant la tête, elle voit que les autres commencent déjà tous à s'en aller. Se pinçant la lèvre, elle met du temps à réunir ses affaires et ranger ses crayons et tout ce qui va avec. Elle demande à son amie de ne pas l'attendre, ne voulant pas la mettre en retard. Victoire vient lui faire un bisou sur la joue avant de filer retrouver son copain qui l'attend devant la salle. La japonaise lui fait un dernier sourire avant de la voir s'éclipser dans le couloir. Une fois seule, elle soupire longuement. Mettant son sac sur son épaule, elle attrape ensuite sa pochette de dessin dans ses bras et finit par sortir en dernière de la salle, saluant le professeur dans le même temps.

Longeant les couloirs de l'école d'art, Keiko reprend sa vieille habitude de regarder tout autour d'elle, en espérant ne pas croiser la route de Caleb. Elle n'a pas vu ce dernier depuis deux jours maintenant. Elle a eu le temps de souffler entre temps, mais elle sait qu'il reviendra sûrement à la charge encore une fois. Ce mec n'a pas dit son dernier mot, au plus grand malheur de Keiko. Elle finit par se perdre une nouvelle fois dans ses pensées, ne faisant pas attention à là où elle marche. Et ne faisant pas attention aux gens qui l'entourent. C'est comme ça qu'elle finit par bousculer une personne qui venait de sortir d'une salle. Sur le coup, elle fait tomber sa pochette par terre et ses dessins s'éparpillent au sol. Elle bug durant un millième de seconde avant de s'accroupir pour les ramasser, relevant ensuite la tête vers ladite personne qu'elle a bousculer sans faire exprès. « Excuse-moi, je ne faisais pas attention, j- » Elle s'arrête de parler en croisant le regard de cet étudiant. De ce garçon. Ce n'est pas n'importe lequel. Elle pourrait le reconnaître entre mille. Ren Yamazaki. Et elle ne s'est pas attendu à le croiser de si tôt. De lui faire face. Faire face à son mystérieux frère. Elle a apprit son existence il y a bien quelques semaines, mais n'a jamais osé lui parler. Ne sachant pas quoi lui dire. Tout en se redressant, elle serre sa pochette dans son bras, restant silencieuse devant lui. Voilà. Elle ne sait plus quoi dire. Et pourtant. Elle devait se lancer.

Alors qu'il lui tournait le dos pour reprendre sa marche, elle l'interpelle à nouveau. Cette fois-ci en japonais. « Ren ? » dit-elle, avançant de quelques pas vers lui. Le Yamazaki se retourne vers elle, semblant étonné de voir qu'elle connaît son nom. Et encore une fois, la jeune femme ne sait plus quoi dire. Attrapant une mèche de cheveux qu'elle enroule autour de son doigt, comme elle le fait si bien quand elle est nerveuse, elle se mordille la lèvre en cherchant ses mots. « Tu.. Je.. » Elle se donne une claque mentale pour se reprendre, ne le lâchant pas du regard pour autant. « Je sais que tu risques de me prendre pour une folle mais.. Il faut que je te parle de quelque chose. Quelque chose d'important. » Enfin, elle croit. Parce que si ça se trouve, ce n'est pas lui son frère. Mais un autre Yamazaki qui se trouve ailleurs. Cependant, elle veut simplement en avoir le cœur net. Toujours aussi anxieuse, elle regarde autour d'elle, attendant la réponse du japonais. En se demandant bien ce qu'il se passera après. Si ce garçon est véritablement son frère.

 


Les yeux rivés sur son chevalet, ses camarades n’arrivaient pas à deviner si le japonais rêvait, ou s’il était en pleine concentration. Il leva la main, pour reprendre la peinture sur sa toile, laissant la pointe de son pinceau s’écraser doucement sur la surface déjà bien colorée. Son regard se faisait perçant. Si perçant qu’on aurait dit qu’il pouvait voir à travers l’épais tissus blanc, Le thème d’aujourd’hui ? La luminosité et les jeux de lumières. Il avait ainsi décidé de peindre un contraste entre le jour et la nuit. Idée assez complexe maintenant qu’il s’y était mis. Cela faisait déjà plus de trois heures qu’il était assis sur ce tabouret en bois, entouré d’autres élèves et du professeur, qui parcourait la pièce, donnant des conseils aux élèves. Les fenêtres les éclairaient de toutes part, déposant les rayons lumineux sur la peau laiteuse de Ren. Il était de plutôt bonne humeur, bien qu’il n’avait croisé personne aujourd’hui, sauf Jae qui sortait sa boule de poils. Un bruit le sortit de sa concentration. La sonnerie horrible de l’école lui cassait les tympans. Les gens autour de lui se précipitaient pour sortir les premiers, laissant alors la salle dans bordel total. Ce qui avait le don d’énerver Ren. Il se leva alors pour ranger sa toile, et ses affaires, puis se rapprocha de l'évier pour nettoyer ses pinceaux.

Son sac sur le dos, il sortit de la salle sans regarder autour de lui. A peine eut-il le temps de s’en rendre compte, qu’il percuta le corps d’une jeune fille, faisant ainsi tomber toutes ses affaires. Ses feuilles s'éparpillèrent sur le sol. Il se précipita alors sur le sol pour l’aider à ramasser ses dessins, n’hésitant pas à examiner ses feuilles. Le japonais ne la connaissait pas, et ne souhaitait pas s’attarder. Il lui tendit les feuilles, sentant les yeux de la jeune fille le fixer intensément, et la salua, avant de reprendre sa route, pensant à ce qu’il allait faire cet après-midi. Il s'arrêta cependant rapidement en entendant son nom, et se retourna pour lui faire face. Comment pouvait-elle connaître son nom ? Ils ne s’étaient jamais vu. Et pourtant, il avait l’impression de la connaître. Cela le surprenait étrangement. Elle possédait cet accent,  que seul un japonais pouvait avoir.

“Oui ?”

Sa main se resserra sur la sangle de son sac. Leurs deux corps se faisaient à présent face, laissant un silence pesant prendre place. Que lui voulait-elle ? Elle semblait toute aussi stressée que lui, voir même plus. Le japonais commençait à s’impatienter. Il voulait en finir rapidement, mais les paroles de la jeune fille devinrent lourdes de sens. Ren soupira, regardant autour de lui puis sa montre. Si c’était une blague, elle se souviendrait de lui. Peu de personnes l’approchaient, et celles qui le faisaient voulaient soit le frapper, soit lui faire des déclarations ridicules et sans vrais sentiments. Alors oui, les gens qui venaient l'interpeller comme maintenant le mettait hors de lui intérieurement. Physiquement, il préférait rester impassible.

“Maintenant ?”

Il l’observa longuement, fixant ses réactions. Il était d’accord pour la suivre, et se dirigea derrière elle vers un lieu plus calme, à l’arrière de l’école. Si c’était si important que ça, il se donnerait la peine de l’écouter en entier. Au vu de ses mimiques corporels, la jeune blonde cherchait comment lui annoncer.  Son dos contre le mur, il la dévisageait. Sa bouche s’ouvrit, laissant le japonais entendre des mots dénués de sens. Il avait une sœur ? Et puis quoi encore. Cependant, son regard déchanta en apercevant le regard de la jeune fille, qui se nommait Keiko. Son visage était resté de marbre, mais dans sa tête, c’était une autre histoire. Il lui restait de la famille. Il n’y croyait pas. Et à cause d’un type qui s'était barré, le laissant souffrir durant plus de 18 ans. Ren était fou de rage. Il détourna son regard de la jeune. A vrai dire, il avait même arrêté de l’écouter. Ses mains tremblaient. Il ne savait pas comment réagir. Il avait une sœur. Une sœur. Il releva le regard vers elle. Ses yeux s’étaient baissés. Comment devait-il se comporter avec elle ? Tout cela lui échappait. Les relations comme celles-ci, il n’y connaissait rien. Le visage de Keiko semblait effrayé. Par instinct, il leva sa main pour la poser sur sa tête. Lui même ne comprenait pas ce qu'il se passait. Il tentait d'être sympathique. Après tout, elle aussi avait dû subir le départ de ce type, qu'il ne considérait en aucun cas comme son père. Il n'avait pas de père.

"Si c'est vraiment le cas...Ça risque d'être compliqué au début. Mais...on peut toujours essayer d'apprendre à se connaître."


Heureux, triste, perdu, confus, en colère. Il ne savait pas. Mais ce qu'il savait, c'est que cette jeune fille avait pris la peine de faire le premier pas. Cette nouvelle l'avait effrayée. Mais il était sûr d'une chose. Il n'allait pas la rembarrer, alors qu'elle lui semblait vraiment sérieuse. A ses yeux, un nouveau monde s'ouvrait. Depuis qu'il avait rencontré Chul à vrai dire. Un vrai miracle. Et maintenant qu'il venait de découvrir qu'il avait une sœur, ce sentiment s'était accentué. Il se sentait rempli de sentiments qu'il ne pensait pas mériter. L'amour, l'affection, il ne s'en sentait pas digne. Et tout cela allait devoir ressortir au bout d'un moment. Mais pas maintenant. Il se retiendrait d'exploser. Sa main était toujours posée dans la chevelure blonde de Keiko. Il esquissa un sourire pour la rassurer. Cela ne lui ressemblait pas, et il le savait. Mais il n'arrivait pas à s'en empêcher. Il lui tendit sa main, pour se présenter officiellement.

"Ren Yamazaki. Enchanté."

Ses mots semblaient froids, mais se traduisaient par ses gestes. Il avait toujours fonctionné ainsi sans s'en rendre compte. Cela le trahissait souvent. Leurs corps se découpaient du fond gris du mur. Ils étaient seuls à présent. Seuls dans cette tentative de rapprochement familial.

 

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ Bien qu'au départ, elle semblait réticente à l'idée de rencontrer son frère, maintenant.. Keiko ne sait plus trop quoi penser. Par chance, le japonais a accepté de la suivre dans un endroit bien plus isolé, là où personne ne pourra les déranger. Laissant Ren s'adosser contre le mur, à l'extérieur, la jeune fille met un peu de temps à trouver une nouvelle fois ses mots. Des mots qu'elle finit par trouver au bout d'un certain moment et qu'elle prononce, non sans avoir une grosse appréhension. Apprendre au Yamazaki qu'ils ont le même père, ce qui les font frère et sœur, ce n'est pas si évident que ça au final, il fallait le dire. Et comme elle l'a si bien deviné avant ça, les paroles qu'elle a prononcé ont destabilisé Ren. Même si son visage reste impassible, Keiko imagine bien ce qu'il doit ressentir au plus profond de lui. Parce qu'elle est passée par là elle aussi. Quand sa mère lui a tout avoué il y a de ça quelques semaines. Elle était complètement perdue à ce moment-là, ne sachant pas si elle devait être heureuse, triste ou en colère. Toutes ces émotions se sont simplement mélangées en elle. Et elles ne les a jamais extériorisé depuis. Enfin. Elle garde ses yeux rivés vers lui, avant qu'il ne détourne le regard. C'est là où elle a vu qu'il s'est mis à trembler des mains. Sur le coup, la jeune japonaise n'ose plus le regarder et décide de baisser les yeux. Peut-être qu'elle n'aurait pas dû lui parler de ça comme ça, comme si de rien était. Enfin presque. Le silence qui s'en suit est pesant, ce qui fait que Keiko ne fait que fixer ses baskets. Elle qui est facilement émotive ne semble pas pouvoir cacher sa peur. Car Ren vient à peine de lever sa main vers elle. Instinctivement, la jeune blonde relève brusquemment son regard et se recule d'un pas. Mais se ravise en voyant qu'il ne fait que poser sa main sur sa tête. Est-ce qu'elle avait cru qu'il allait la frapper ? Peut-être. Elle ne le connaît pas si bien que ça, alors.. Non. Ce garçon n'a pas l'air effrayant. Au contraire. Malgré sa froideur, Keiko se doute bien qu'il doit avoir un bon fond.

« Je sais bien.. Et si ça te dérange pas, oui.. J'imagine qu'on devrait apprendre à se connaître. » dit-elle timidement, le regardant un peu. C'est la meilleure des choses à faire. Mais que dire de plus ? Elle ne sait pas comment engager la conversation. Cette situation étant plus qu'étrange. C'est bien l'une des rares fois où la blonde à du mal à s'exprimer. En même temps, qui pourrait savoir comment se comporter et quoi dire dans ce genre de contexte ? Personne. Du jour au lendemain, la voilà devenue une sœur pour ce Yamazaki. Se répéter ça dans sa tête, ça lui paraît tellement loin. Cependant elle doit faire avec et aller de l'avant. Rester plantée là ne va rien arranger. Reprend-toi Keiko. Regardant un peu ailleurs au début, elle finit par esquisser un sourire en voyant celui de Ren. Il semble toujours perturbé, certes, mais il sourit. C'est déjà un bon début pour les deux asiatiques. Elle pose ensuite son regard sur la main tendue du jeune homme, venant la serrer ensuite doucement. « Keiko Yamazaki. Enchantée également. » Cela lui fait aussi bizarre d'entendre le même nom de famille. Surtout quand il sonne si bien à l'oreille. Elle reste un moment sans lâcher la main du japonais, mais dès qu'elle s'en rend compte, elle retire doucement sa main en esquissant un sourire gêné.

Cherchant comment briser de nouveau ce silence, elle pose ses yeux sur la toile du brun, penchant vaguement la tête sur le côté. « Donc tu es aussi étudiant en art.. Je suppose que ça fait déjà un point commun entre nous. » lance-t-elle en riant un peu, voulant à tout prix détendre l'atmosphère. Voulant aussi en apprendre plus sur lui. Elle ne sait pas si elle se fera à ce nouveau quotidien, sachant qu'elle le recroisera sûrement souvent après ça. Mais Keiko se promet de tout faire, pour faire un effort et se rapprocher de lui. Les premiers jours seront difficiles, ça c'est une certitude, mais il va falloir qu'elle fasse avec. Tout comme lui. Remettant une mèche de cheveux derrière son oreille, elle pose son regard sur le cou du japonais, n'osant pas tellement le fixer. « Tu es à Los Angeles depuis longtemps alors ? » demande-t-elle. Lui aussi a sûrement dû quitter le pays du Soleil Levant. Et a peut-être ressenti les mêmes émotions, qui sait. Elle ne sait rien de lui. Rien de sa vie. Enfin la seule chose qu'elle sait, c'est que son père s'est donc enfuit quand il était jeune. Tout comme il l'avait fait avec Keiko. Si on peut appeler ça être un père. Non.. Depuis qu'il s'est barré, la jeune fille ne le considère que comme son géniteur désormais. Elle ne l'a pas revu depuis plus d'une dizaine d'année. Et d'un côté, c'est mieux ainsi. Mais bref. Relevant les yeux pour écouter Ren, elle se sent soudainement gênée face à son comportement et ses questions un peu trop directe. « D-Désolée si je pose plein de question comme ça.. A vrai dire je sais pas comment réagir avec tout ça. » Elle se gratte la joue, espérant qu'il comprendrait son ressenti. Lentement, elle se pose à ses côtés, s'adossant au mur en serrant plus fortement sa pochette de dessins dans ses bras, les yeux rivés devant elle. D'un coup, elle se sent encore apeurée. Ne sachant pas comment son avenir sera fait. Elle a peur que sa relation avec Ren complique les choses. Déjà que sa vie est compliquée à prendre en mains, en étant seule pour payer toutes les factures et tout ce qui va avec. Keiko se mord la lèvre, jusqu'au sang, tentant de se détendre. Peut-être qu'elle va trop vite en besogne. Au final, avoir une autre présence à ses côtés, qui plus est une présence fraternel, cela pourrait l'aider à se sentir mieux. Et réciproquement. Ça, elle finira bien par le découvrir plus tard. Pour le moment, le plus important est de se familiariser avec son nouveau, tout frais « frangin ».

 

La tension s'était légèrement apaisée. La main qu’il tendait fut vite entourée de celle de la jeune fille. Plusieurs secondes passèrent, leurs mains toujours liées. Cela perturbait Ren, les contacts physiques avec une nouvelle connaissance l’intimidait. Mais la réaction de Keiko le faisait rire intérieurement. Son embarras l’amusait, et il ne se priva pas d’en sourire, lorsqu’elle retira rapidement sa main. Un nouveau silence se posa entre les deux, mais fut vite brisé par la tentative de prise de parole de Keiko. Alors il ne s’était pas trompé en voyant les dessins, elle aussi était en études d’art.

“Effectivement, quelle coïncidence. A croire qu’on doit avoir pas mal de points communs.”

Il ne savait pas trop quoi dire. Parler n’était pas son fort, et il n’avait pas l’habitude de devoir engager la conversation aussi rapidement. Et pourtant, il se dit que pour une fois, cela ne lui ferait pas de mal. Après tout, s’il voulait apprendre à la connaître, il allait devoir faire un effort. Les question de la jeune fille s'enchaînent, au plus grand bonheur du japonais. Il y répond sans trop de problème, n’hésitant pas à donner quelques détails ridicules.

“Ça fait plus de quatre ans que je suis ici. Je ne pouvais plus rester au Japon, ou plutôt avec ma mère. Du coup j’ai préféré venir ici pour poursuivre mes études.”

Il ne voulait pas parler de sa vie, qu’il trouvait particulièrement inintéressante. Les yeux rivés dans le vide, il parlait. C’était l’une des rares fois que Ren parlait autant à quelqu’un. Il s’en étonnait lui même. L’aura positive qui se dégageait de la jeune fille le rassurait. Plusieurs questions lui venaient à l’esprit, mais elles étaient bonnes pour gâcher l’ambiance. Ça pouvait attendre un peu. Il préférait l’écouter parler, et poser ses questions. Il y répondait sans hésiter. Maintenant, il se demandait où tout cela le mènerait. Il tenta d’enfermer ses pensées existentielles dans un coin de sa tête pour se reconcentrer sur son interrogatoire. La franchise de Keiko lui plaisait bien. Alors quand il entendit qu’elle ne savait pas comment agir avec lui, il se retrouva en elle. Elle se décala pour se placer à ses côtés. Le regard de Ren dériva sur son visage gracieux. De longs cils fins, des cheveux longs et soyeux, elle dégageait une certaine élégance dans sa manière de se conduire et de paraître. Les deux ne se ressemblaient pratiquement pas, bien que leurs yeux soient tirés du même pays.

“Tu n’as pas à t’en faire, pose moi autant de questions que tu le souhaite. Je ne suis pas très bavard par contre, excuse moi.”

Le japonais était maladroit. Rester ici ne devait pas arranger les choses. Son travail au café pouvait bien attendre, il serait sans doute légèrement en retard, mais il avait une bonne excuse. Il se redressa, faisant un signe de la tête à la jeune fille pour commencer une marche en direction de l’extérieur de l’établissement. Il ne savait pas trop où aller. La nourriture était une valeur sûre, mais il ne savait pas si cela allait plaire à sa nouvelle sœur. Les regards se faisaient nombreux. Certains s’extasiaient sur la beauté de ces deux êtres, d’autres fixaient le Yamazaki pour des raisons plus obscures que seul lui pensait connaître. Ils ignoraient tous ces visages interrogateurs pour se diriger vers la sortie.

“Tu veux aller manger quelque chose ?”

Au vu de l’heure, du sucré était de préférance. Il attendit la réponse de Keiko avant de l’emmener dans un de ses salons de thé préféré. Là bas, ils y servaient de nombreuses pâtisseries allant du simple flan, jusqu’aux pâtisseries les plus complexes. Il y avait de tout, et pour tous les goûts. Bien évidemment leur gamme de thé était également très remplie et foisonnante de saveurs. Le chemin se fit rapidement. Keiko avait retrouvé son sourire, qui dénotait par rapport au visage de Ren complètement inexpressif. La devanture du petit magasin était colorée de nuances reposantes, kaki et crème. Elle passait assez inaperçue au sein de cette rue animée des rires des passants. Le japonais laissa entrer Keiko en premier, pour ensuite se diriger à une table et consulter la carte, les yeux pétillants de faim. Ren est la nourriture, une grande histoire d'amour. Et elle allait bientôt le découvrir.

“Prends ce que tu veux.”

Ren savait exactement ce qu’il allait prendre. Une glace pilée à la pêche et un supplément de chantilly. Il passa alors commande pour lui et Keiko. En attendant patiemment sa commande, il décida de reprendre les questions sur tout et rien, toujours à la recherche d'informations de la part de la jeune fille ne face de lui.

“Et donc… A part l’école, tu fais autre chose à côté ? Tu vis encore chez ta mère ? Sachant que je vis seul, je me dis que tu dois faire un travail à côté dans le cas inverse, non ?”

Il ne se doutait pas que ses questions rendaient mal à l’aise la jeune fille. Elle n’était pas obligée d’y répondre, et il le lui avait bien dit en remarquant son air gêné. Il ne l’y força pas. Si ça se trouve, il allait un peu trop vite, et il ne voulait surtout pas la brusquer. Alors il n’ouvrit plus la bouche, par peur de la braquer, et l’écoutait attentivement. Sa curiosité était souvent enfouie au fond de lui. Mais là, il voulait en savoir plus, le pourquoi du comment de leur rencontre. Il en avait besoin pour remettre les choses à leur place. Laisser l’angoisse l’envahir aurait été une mauvaise idée. Après tout, à partir de maintenant, ils auraient l'occasion de se revoir. Il en était persuadé.

 

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ En sachant qu'il est aussi étudiant en art, cela permet à Keiko de se dire qu'ils se recroiseront sûrement plus souvent, à partir de maintenant. Maintenant qu'ils savent qu'ils font partie de la même famille. « Famille ». Ce mot qui sonne encore un peu bizarre dans la tête de la jeune fille. Car la seule famille qu'elle a, c'est sa mère. Après que son géniteur se soit barré. Pour le reste des autres membres de sa famille, eh bien.. Elle ne les a jamais vu. Elle sait simplement qu'il y a pas mal de tensions du côté maternelle, et ce depuis bien longtemps. Enfin. Aujourd'hui est un nouveau jour, et même si Keiko est toujours un peu gênée face à cette situation, elle espère bien garder une relation saine avec ce Yamazaki. Les premières minutes passées avec lui, lui ont confirmé une chose : il est adorable. Elle voit bien que lui aussi ne sait pas comment se comporter, et quoi dire. Pourtant, il fait un effort. Alors qu'il aurait très bien pu la rembarrer fissa avant de continuer sa route, sans vouloir avoir un seul contact avec elle. Après tout, elle s'est pointée comme une fleur devant lui, pour lui balancer ça en pleine face. La plupart des gens se seraient braqués. Mais pas lui. Alors Keiko lui en ai reconnaissante.

« Je vois.. Ça a dû être compliqué pour toi, après le départ de.. Ton père. Je l'imagine bien. » Qu'elle dit d'une petite voix, n'osant rien dire de plus pour le moment. Elle a bien compris qu'il ne voulait pas s'attarder sur son passé. Et Keiko ne lui en tient pas rigueur. Elle ne le forcera surtout pas à lui parler. D'un, parce qu'ils se connaissent à peine, de deux parce que ce serait très indélicat de sa part. Puis, Keiko non plus n'a pas tellement envie d'étaler sa vie. Surtout que cette dernière n'est pas si belle que ça. Loin de là. Mais bon. C'est pour cela que Keiko préfère passer rapidement à autre chose, le questionnant sur sa vie d'ici, à Los Angeles. Il fallait bien commencer par quelque chose. Et ne pas laisser trop de blancs s'installer entre eux. La japonaise est plutôt douée pour ce genre de chose, pour bavarder. Malheureusement, là c'est une autre affaire. Elle met plus de temps à trouver ses mots, de peur de dire quelque chose qu'il pourrait mal prendre. Ce qui n'a pas l'air d'être le cas pour le moment. Ren ne semble pas si gêné quand elle le questionne de la sorte, et répond même sans hésiter. Cela rassure un peu la jeune étudiante, qui lui sourit alors un peu en secouant lentement la tête à ce qu'il lui dit. « Ne t'excuse pas pour ça. Ça ne me dérange pas. Ton calme est plutôt apaisant, je dirais. » De toute manière, elle ne s'est pas attendu non plus à ce qu'ils papotent comme des vrais pipelettes dès leur première rencontre. Il leur en faudra du temps pour arriver à s'apprivoiser. Assez pour gagner une certaine confiance.

Le regardant se redresser et lui faire un signe de tête vers une direction donnée, Keiko comprend qu'il veut bouger d'ici. Elle hoche vaguement la tête avant de le suivre, remontant son sac sur son épaule, restant derrière lui. Elle en profite pour le détailler un peu du regard, ne s'étant jamais attarder sur ces traits du visage. Et en l'observant bien, elle comprend rapidement pourquoi certaines des filles de sa classe parle souvent du Yamazaki. Il a un air impassible collé au visage, mais il a tout de même un charme qui pourrait attirer n'importe qui. Elle garde ses yeux rivés vers lui, ne faisant pas attention aux regards qui se portent sur eux. Elle ne sait pas où il l'emmène, en dehors de l'établissement, mais elle ne dit rien. Elle reste silencieuse pendant une petite partie du trajet, finissant par regarder autour d'elle. Jusqu'à entendre la proposition de Ren, qui la fit sourire un peu plus. « Pourquoi pas ! Je n'ai pas eu le temps de manger depuis ce matin. » dit-elle en frottant son cou, un peu gênée. Malgré tout, cela lui fait plaisir. De se dire qu'ils allaient avoir plus de temps pour se découvrir un minimum. La jeune blonde le suit alors tranquillement, atterrissant devant un joli salon de thé. Keiko jette un dernier coup d'œil vers le japonais, avant d'entrer dans ledit bâtiment. Elle se demande bien comment elle a fait pour passer devant ce magasin sans y faire attention. La seule explication serait parce qu'elle évite de rester traîner dehors trop longtemps, préférant retrouver sa mère à l'hôpital après les cours, ou bien câliner Chimchim son chat à la maison.

Elle s'installe alors à une table, venant prendre doucement le menu en main pour voir ce qu'il s'y fait de bon. Et il y a du choix en effet. Alors qu'elle garde son sourire, les yeux de Keiko passent au peigne fin toutes les propositions qui se trouvent sur la carte. Elle qui est assez gourmande, a du mal à choisir. Se mordillant légèrement la lèvre, elle finit par relever la tête quand Ren prend sa commande. Et sans surprise, Keiko prend la même chose. Glace pilée à la pêche. Seulement, pas de supplément chantilly. Elle qui n'arrivait pas à se décider, autant prendre la même chose que lui. De plus, elle ne mange que très rarement des glaces pilées. C'est l'occasion de voir si celles-ci seront aussi bonnes que les dernières qu'elle a pu déguster. Et elle n'en doute pas. En attendant que leurs commandes arrivent, elle écoute le japonais lui poser des questions à son tour, sur sa vie à Los Angeles. Sur le coup, Keiko ne fait que le regarder pendant quelques secondes. Et elle passe une main dans ses cheveux, prenant le temps d'organiser ses réponses. « Hm.. J'habitais avec ma mère, il y a de ça un an. Mais maintenant je vis seule, depuis qu'elle.. » Elle marque une pause, hésitante, fixant la table. Doit-elle réellement lui faire confiance ? Et lui partager tout ce qu'elle traverse ? Elle n'en sait rien. Un peu mal à l'aise, elle triture ses doigts, gardant son regard baissé, et reprend. « .. Depuis qu'elle a dû être hospitalisée d'urgence.. » Ses yeux croisent ceux de Ren, et elle tente un sourire. « Donc oui, je travaille aussi à côté, en tant que serveuse dans un café. » Elle ne compte pas dire l'autre 'travail' qu'elle doit faire, pour subvenir au mieux à ses besoins. Parce que le simple métier de serveuse ne lui suffit plus à payer factures et soins mélangés. Qu'est-ce que penserait Ren d'elle, en apprenant qu'elle vend son corps ? Il ne penserait que du mal. C'est une certitude.

Voyant que leur commande arrive enfin, elle se détend rapidement, remerciant le serveur d'un sourire. Serveur qui reste un moment à la regarder, avant de s'en aller pour prendre les commandes des autres clients. Keiko pose son regard vers sa glace, et commence à l'entamer. « Itadakimesu ! » lance-t-elle au jeune homme assis en face de lui. Et en avalant sa première bouchée, elle pose une main sur sa bouche. « C'est délicieux.. » Elle lance un regard vers le Yamazaki, ce dernier semble être bien plus apaisé qu'avant. Sans savoir pourquoi, Keiko arrive à lire ce qu'il ressent vraiment. Son visage impassible marche peut-être avec les autres, mais pas avec elle. Ce sentiment étrange qu'elle ressent en elle risque de ne plus la quitter. « Tu travailles aussi alors ? » lui demande-t-elle. Elle apprend alors que lui aussi est serveur. Tout comme elle. Encore un autre point commun, décidément. Elle se mordille la lèvre, et tout en continuant de déguster sa glace pilée, cherche à trouver des questions qui pourraient être pertinentes. « Et.. Mis à part l'art, qu'est-ce que tu aimes faire dans la vie de tous les jours ? » Elle penche un peu la tête vers lui, le regardant doucement. Bon.. Niveau question pertinente, on a vu mieux. La japonaise espère vraiment qu'elle n'est pas indiscrète. Mais c'est plus fort qu'elle. Sa curiosité est plus forte qu'elle. Maintenant qu'elle sait qu'elle a un membre de la famille, autre que sa mère, elle ne veut pas tout gâcher et construire une vraie relation avec lui. C'est pour ça qu'elle essaie tant bien que mal à contenir cette curiosité débordante. Qu'elle essaie aussi de garder des questions trop personnelles encore, au vue du stade où ils en sont.

La sonnerie de son portable lui annonçant l'arrivée d'un message la tire de ses pensées. Elle se redresse vivement avant d'observer la réaction de Ren. « Ah. Excuse-moi. » Elle vient glisser sa main dans la petite poche de son sac, attrapant son téléphone, un peu angoissée. Elle a toujours peur de recevoir un message de la part de l'hôpital, qui lui annoncerait LA mauvaise nouvelle. Cependant, ce n'est pas l'hôpital. Elle soupire de soulagement, mais se tend vivement en voyant le nom de l'expéditeur. Keiko relève la tête et regarde autour d'elle, dans le salon de thé puis à travers la fenêtre qui se trouve proche d'eux. Elle aurait dû s'en douter de ça. Ce mec qui n'a pas l'air d'avoir envie de sortir de sa vie commence à sérieusement l'inquiéter. Se retenant de soupirer, elle range son portable sans répondre à ce message, s'excusant à nouveau vers le japonais. Elle tente de faire comme si de rien était, revenant manger le reste de sa glace à la pêche, silencieuse. Trouver un autre sujet de conversation ? Impossible pour elle maintenant. Elle ne saurait pas quoi dire de plus, si ce n'est raconté sa vie qui est très inintéressante. Et elle doute que cela plairait à Ren d'entendre tout ce qu'elle a sur le cœur. De toute façon, elle n'en parlera jamais. Puis.. Pour le moment, elle profite du moment présent. De cet instant où elle peut enfin se détendre à moitié. Et penser à autre chose que ses problèmes. Cette rencontre avec Ren a déjà bouleversé une partie de sa vie. En bien évidemment. Et elle compte ne pas en rester à là.

 


Les yeux rivés sur la jeune fille, Ren ne se doutait absolument pas de sa réponse. Il n’aurait jamais dû lui demander. Son visage souriait, mais il n’était pas dupe. Ces faux sourires, le japonais en faisait pas mal dans le passé, jusqu’à rencontrer Chul. Alors il les reconnaissait bien. Autant ne pas insister. Elle travaillait donc dans un café, tout comme lui. Quelle coïncidence. Quel était le taux de probabilité qu’il est une soeur étudiant l’art et travaillant dans un café ? Pratiquement aucune pensa-t-il. Le serveur s’approcha, pour déposer leur commande devant eux. Ses yeux dérivèrent rapidement du serveur, à la sucrerie rosée. Ses doigts s’emparèrent alors de sa cuillère argentée, avant de relever le visage vers Keiko en l’entendant. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas dialoguer avec quelqu’un en japonais pensa-t-il.

“Itadakimasu !”

Ren commença alors à dévorer sa glace pilée, les yeux légèrement pétillants. Ses épaules se relâchèrent petit à petit, et il se décrispa au bout de quelques bouchées. Le doux parfum que dégageait le sirop de pêche convenait parfaitement à ses papilles délicates. Quand le japonais mangeait quelques chose, son côté froid disparaissait un peu pour laisser entrevoir un côté plus enfantin. Il ne remarqua même pas que Keiko avait posé son regard sur lui, tellement il était concentré à déguster son met. Si la japonaise ne l’avait pas encore comprit, Ren adorait manger.  Il remonta cependant ses iris sur le visage de la jeune fille quand celle-ci lui posa une nouvelle question. Il posa alors sa cuillère délicatement à côté de son bol pour rester attentif.

“Oui. Je travaille également dans un café en tant que serveur. Comme toi.”

Le japonais esquissa un sourire, avant de reprendre une cuillère de nuage glacé. Il écoutait attentivement les questions de Keiko. Avec lui, elle pouvait tout lui demander, il y aurait répondu. Dans la vie de tous les jours, ce qu’il aimait faire ? Maintenant qu’il y pensait, il ne faisait pas grand chose en dehors de ses cours et de son travail. Le regard un peu perdu, il se mit alors à réfléchir longuement avant de lui répondre.

“Jouer du piano. A vrai dire, j’ai pas trop l’occasion de faire beaucoup d’activité en dehors de mon travail et de l’école. Mais j’aime bien sortir avec mes amis.Et je peints en extérieur assez souvent  aussi.”

Bon, sa réponse était un peu bateau, mais il le pensait vraiment. Il n’avait jamais vraiment eu d’amis au Japon, et puis, ce n’est pas en étant pratiquement séquestré chez lui qu’il aurait pu s’en faire. Alors en y pensant, les seuls amis qu’il possédait était Chul, Jae et Kang. C’était tout. Les seuls prénoms qui lui venaient à l’esprit en pensant au mot “ami”. Rien que d’y penser, les commissures de ses lèvres se soulevaient. Mais maintenant, il pouvait sans doute ajouter à la liste le nom de sa soeur. Ses doigts passèrent dans ses cheveux. Keiko semblait vouloir lui poser de nombreuses questions, mais elle devait sans doute se retenir. Comportement inutile avec le japonais. S’il elle voulait en savoir autant sur lui, autant lui demander clairement ce qu’elle avait dans la tête. Ren n'était pas facilement embarrassé. Et puis, il n’a rien à cacher, à part peut-être son enfance un peu perturbée. Voir la jeune fille dans cet état l’amusait clairement, tellement qu’il se devait de lui faire remarquer.

“Tu peux tout me demander, ne te retiens pas de me poser tes questions.”

Toujours aussi direct. Et puis, il ne s’était pas gêné pour lui en poser, des questions lui. Pourquoi devrait-elle ? Ses pensées furent interrompues par la sonneries du téléphone de sa sœur. Cela ne le dérangeait pas, et il lui adressa un sourire pour lui faire comprendre. Continuant de manger, il observait ses réactions. Son regard changea en apercevant l’écran de son portable. Il changea du tout au tout. Elle avait l’air paniqué malgré sa tentative de dissimulation. Machinalement, il tourna la tête vers l’extérieur, comme elle, pour tenter de comprendre un minimum. Ce message était si grave ? Il continua de dévorer ses cuillères, sentant le silence s’installer. Cela l’inquiétait un peu quand même. Elle qui était si bavarde quelques secondes auparavant. Ren avait bien remarqué que ce n’était pas un message ordinaire au vu de la réaction de Keiko en le lisant. Il continua de l’observer, avant de finalement couper court à cette tension qui s’installait.

“ C’était important ?”

Bien sûr que le japonais aurait aimé savoir ce qui était marqué sur ce message. Qui ne l'aurait pas voulu ? Ren savait pertinemment que quelque chose n’allait pas. Il reprit un peu de sa glace pilée pour terminer son plat. Comment relancer un sujet alors qu’il ne parle jamais. Un sujet banal, n’importe quoi ferait l’affaire. En plus, il avait cru comprendre qu’ils avaient beaucoup de chose en commun.Pourquoi ne pas en profiter pour essayer de détendre l’atmosphère. Il lui demanda alors comment se passait ses cours, ou encore sur quoi ils travaillaient en ce moment. Malgré ses efforts, Keiko semblait toujours un peu ailleurs. Le japonais tourna alors la tête pour observer les passants. Le temps était lumineux, et la ville animée. Une silhouette se détacha de la rue. Un homme plus exactement.Sans trop savoir pourquoi. Sans doute que cela faisait un moment que Ren l’avait aperçut là, de l’autre côté du trottoir, appuyé contre un mur. Non seulement il l’avait remarqué depuis déjà plusieurs minutes, mais en plus, il avait comme l’impression que celui-ci les fixait à travers la vitre. Ou plutôt fixait Keiko, parce que Ren ne le connaissait pas du tout. Impression qui se concrétisa lorsqu'il croisa son regard avec le sien par inadvertance. Le japonais détourna ses yeux rapidement vers sa sœur, qui semblait avoir finit sa glace. Il lui sourit, gardant toujours un œil sur l’extérieur par sécurité.

“On y va ?”

Ils se levèrent tous les deux, et Ren se dirigea vers la caisse où un serveur l'attendait. Il paya l'addition sans lui laisser le temps de réfléchir. Cela lui paraissait normal, c'était lui qui avait voulu venir ici. Une fois dehors, il observa à nouveau les alentours, avant de croiser de nouveau le regard de cet homme qui lui paraissait étrange. Il voulait s’en assurer de lui même. Si ce type lui paraissait louche, alors il y avait de fortes chances qu’il le soit. Et puis, il vaut mieux prévenir que guérir. Il se retourna alors vers Keiko pour lui demander directement.

“ Je voudrais pas t’inquiéter, mais le type de l’autre côté de la rue, tu le connais ?”

Au vu du visage paniqué que la jeune fille affichait, cela devait signifier oui. Elle semblait plus terrifiée qu’autre chose en le voyant. Comme si le ciel venait de s’effondrer sur leurs têtes. Si ses doutes se révélaient être correcte, l'après-midi risquerai de lui sembler interminable. Le soleil cognait sur le tête, aveuglant le japonais. Il ne comptait pas la lâcher avec ce type qui lui faisait peur. Il n'en connaissait pas les raisons, mais qu'importe. Il ne l'obligeait pas à tout lui dire alors qu'ils venaient à peine de se rencontrer. Ren lui proposa alors de marcher un peu, histoire de se détendre les jambes. Mais en réalité, il voulait vérifier quelque chose. Cet homme allait-il les suivre ? Alors il l'emmena dans un parc tranquille, observant la nature qui y était foisonnante. De conversations banales en conversations banales, ils marchaient en rythme, faisant s'envoler les oiseaux sur leur passage. Le japonais obtenu rapidement sa réponse. Il retourna ses pieds sur le sol recouvert de poussière jaune. Derrière eux, ce même homme, appuyé contre un arbre. Il ne tentait même pas d'être discret, ce qui l’agaçait encore plus. Il soupira pour regarder Keiko. Que fallait-il qu'il fasse ? Si cela continuait ainsi, il ne pourrait pas se retenir de vouloir s'expliquer avec lui. Le vent entre les arbres leur faisait perdre leurs feuilles. Les rayons lumineux passaient au travers de celle-ci, pour se déposer chaleureusement sur leurs peaux. Il resserra ses poings doucement, prêt à intervenir pendant que la situation était encore calme, mais attendait l'autorisation de la jeune fille. Il ne voulait pas s'incruster dans sa vie aussi rapidement. Leurs regards se croisèrent. Tout se traduisait par les yeux, les émotions, les paroles, et même les choix. Alors il attendait sa décision.  

 

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ Le regard de Keiko ne peut plus se détacher du visage enfantin de Ren. Elle a bien remarqué que la nourriture et lui, c'est une véritable histoire d'amour. Et elle le trouve vraiment mignon à ce moment-là. C'est ça. Son frère est absolument adorable. La japonaise ne fait que garder son sourire, alors qu'elle entame bien vite sa glace, pour éviter qu'elle ne fonde trop vite. Mettant son énième cuillerée de glace dans sa bouche, la jeune fille ne peut s'empêcher de fondre devant cette image. Maintenant qu'elle sait que le Yamazaki est friand de tout ce qui est nourriture, elle garde ce petit détail dans le coin de sa tête. Cela pourrait toujours servir à l'avenir. Qui sait. Peut-être qu'ils auront d'autres occasions de partager des moments de convivialité comme celui-ci, autour de sucreries ou d' autres mets plus délicieux les uns que les autres. Enfin. Dans le même temps, c'est l'un des points qu'ils n'ont pas en commun. Certes Keiko aime la nourriture, mais sûrement pas autant que le japonais en face d'elle. C'est pour dire même que ça lui arrive parfois de sauter des repas durant la journée. Elle fait partie d'une minorité de personnes qui considèrent que manger, ce n'est pas un besoin si vital que ça. Elle mange simplement à sa faim, point barre. Ses yeux croisant ceux de Ren, elle garde son petit sourire accroché aux lèvres. « C'est bizarre de dire ça, mais.. Maintenant que tu le dis.. Je te vois bien en serveur ! Tu as le charisme pour. » dit-elle en penchant vaguement la tête, sa cuillère en suspend dans le vide. Puis les questions de Keiko s'enchaînent, et voilà qu'elle apprend un peu plus du quotidien de son tout récent frère. Elle hoche la tête, toujours aussi attentive avant de se redresser légèrement. « Tu joues du piano ? J'aimerais bien t'écouter un jour alors, si tu le veux bien. » Elle tente un sourire qui se veut plus détendu. En même pas une heure, elle a finit par découvrir plusieurs facettes de ce jeune homme assis en face d'elle. En plus d'être un vrai artiste, il joue aussi du piano. Qu'est-ce qu'elle pourrait apprendre de plus sur lui ? Dans tout les cas, elle ne cache pas sa fascination. Avoir un frère devant elle, c'est bien la dernière chose qu'elle aurait pu croire. Et pourtant. La voilà qu'elle partage avec lui, leurs quotidiens.

Néanmoins, elle préfère tout de même garder une certaine distance. Une certaine contenance. Son but n'est pas de l'accabler en lui posant une tonne de question. Et même s'il lui dit le contraire, de ne pas se retenir pour le questionner autant qu'elle le veut, elle n'arrive pas à se lancer trop loin. De peur de dire quelque chose qu'il faut pas. De faire un faux pas. Parce que mine de rien, ça arrive parfois à Keiko d'être maladroite dans ses paroles. Surtout quand elle est aussi nerveuse qu'à cet instant. « Hm, je sais.. Tu peux tout me demander aussi. C'est réciproque. » lance-t-elle, se pinçant les lèvres par la suite. Bien sûr, elle ne risque pas de parler de ses réels problèmes qu'elle traverse seule en ce moment. L'embêter avec ça n'est pas le but non plus. Et elle préfère le laisser en dehors de tout ça. Cela ne servirait à rien de le laisser entrer dans tout ça. Elle n'en a aucune envie. Pour le moment, elle ne peut que compter sur elle-même. Cependant cette petite bulle cosy qui s'est formé entre eux il y a peu finit par se casser, avec la sonnerie de son portable. Lui adressant un regard, elle le remercie mentalement lorsqu'il lui sourit en comprenant, et en lui faisant comprendre qu'elle peut lire et répondre à ce message. Mais son visage se tend aussitôt après avoir lu les quelques mots qu'on lui a envoyé. En une seconde elle perd son sourire et ne fait que regarder autour d'elle, et vers l'extérieur du salon. Ce message ne provient pas de l'hôpital, mais de Caleb en personne. Son ex. Un message qui ne prédit rien de bon. Laissant place à un long silence pesant, Keiko se referme un peu sur elle-même, posant sa cuillère sur la table. Il fallait que ce mec vienne lui pourrir encore une fois sa journée. Journée spéciale, au vue du fait qu'elle partage enfin un instant de sa vie avec son frère Ren. Elle remarque d'ailleurs que ce dernier semble aussi avoir compris que quelque chose n'allait pas. Elle lui sourit faussement pour le rassurer, secouant la tête. « Non. C'est pas important. Ne t'en fait pas. »

Posant son regard sur sa glace, elle reprend une cuillerée qu'elle enfourne dans sa bouche, tentant de faire comme si de rien était. Elle tente aussi de se persuader que tout ira bien cette fois-ci. Mais, elle n'y arrive pas. Alors tout en écoutant Ren qui essaie de reprendre la conversation comme il peut en voulant savoir ce qu'elle faisait elle aussi, Keiko ne peut s'empêcher de jeter des coups d’œils en dehors. La silhouette de Caleb qui se dessine, adossé contre le mur du bâtiment d'en face la fait frissonner. Cependant, la japonaise se concentre sur le visage de son frère, ne voulant pas croiser le regard de cet homme qui la terrifie au plus haut point. Restant toujours un peu dans ses pensées, elle répond court aux questions de Ren. Ses cours se passent bien. En ce moment, ils en sont à apprendre à mettre correctement en forme la lumière et les ombres. Juste ça. Son air évasif ne passe pas inaperçu à Ren, et la jeune fille ne se doute de rien. Pour le moment. Gardant son regard en face de sa glace presque fini, elle ressent toujours cette sensation désagréable d'être épiée. Ses yeux finissent par se délocaliser sur le visage du japonais, ce dernier lui proposant de s'en aller. « Oui ! Bonne idée. » N'ayant plus faim avec tout ça, elle laisse un fond de glace. Elle n'aime pas gâcher, mais là.. C'est plus fort qu'elle. Keiko se redresse alors et s'apprête à sortir son porte-monnaie pour payer, mais Ren est plus rapide qu'elle. Elle fait un semblant de moue en gonflant ses joues, le remerciant doucement par la suite. La prochaine fois, s'il y en a une, elle paiera à son tour.

Sortant enfin dehors, elle étire un peu ses bras. Et revient vite de nouveau à la réalité en croisant le regard de Caleb. Ledit Caleb qui la fixe d'un regard dur. Un regard qui veut tout dire. La jeune blonde se fige alors et vient par réflexe glisser ses bras autour d'elle-même. Les récentes images lui viennent en tête, et elle se mord la lèvre en se sentant presque défaillir. Il pourrait quand même la laisser tranquille, elle qui a toujours ses bleus fraichement récents d'hier. Cela n'arrivera sûrement jamais. Mais bon. Entendant la voix de Ren parvenir à ses oreilles, Keiko se retourne vers lui, avant de déglutir. Il s'en est aussi aperçu, de la présence de cet homme. Laissant un petit silence s'installer, elle lui répond tout en bégayant. « O-Oui.. C'est une connaissance.. M-Mais.. On peut y aller alors ? » qu'elle demande, voulant absolument changer de sujet. Elle n'a pas spécialement envie de parler de ça avec lui. Elle se sentirait complètement honteuse. Tout ce qu'elle voulait là tout de suite, c'est d'aller le plus loin possible de Caleb. Le fuir. Voilà ce qu'elle veut. Elle attend alors que son frère se décide à avancer à nouveau, se dirigeant vers un petit parc situé dans un coin tranquille. Keiko ne fait que le suivre, et cette fois-ci, au lieu de rester un peu en arrière, elle se met au plus proche de lui. Un peu comme si elle cherchait inconsciemment un moyen de se sentir en sécurité. Et, est-ce qu'elle se sent en sécurité en étant proche de Ren ? Sûrement. De toute façon, elle ne compte pas s'éloigner de lui. Et elle se demande même comment elle fera après, quand elle devra rentrer chez elle, seule. Parce qu'elle sait que quoiqu'il arrive, il reviendra toujours devant chez elle pour avoir des explications, quand elle fréquente d'autres garçons autres que Caleb. Elle sait aussi que quoiqu'il arrive, elle devra de nouveau faire face à lui.

Le soleil brillant encore dans le ciel, la japonaise pose une main au niveau de son front pour éviter d'être trop aveuglée par la lumière. Puis, arrivant enfin dans ledit parc, elle observe les oiseaux qui s'envolent sur leur passage, respirant un grand coup face à cette vue de la nature qui s'offre à elle. C'est bien le seul endroit où elle se sent plus tranquille. Être au milieu des immeubles et de la foule, non merci pour Keiko. Cette dernière se laisse d'ailleurs aller, parlant de tout et de rien avec Ren. Tentant de penser à autre chose. Mais rien n'y fait au final. Car quand le japonais se retourne d'un coup, la jeune fille fait de même pour suivre son regard. Et là, elle croise celui de Caleb. Ce dernier est adossé à un arbre, bras croisé et yeux vissés sur le corps de la japonaise. Il a l'air de brûler de rage à l'intérieur de lui-même. Sa possessivité maladive ne le quittera sûrement jamais. Keiko se tend une nouvelle fois, et observe la réaction de Ren. Et à première vue, il a l'air d'être agacé en comprenant que ce mec les suit depuis tout à l'heure. Ce n'est qu'en croisant le regard du japonais que Keiko comprend ce qu'il ressent en ce moment-même. Qu'elle comprend ce qu'il tente de lui dire. Un seul regard suffit pour qu'elle comprenne ce qu'il compte faire. Mais la jeune asiatique ne compte pas le laisser faire. Délicatement, elle pose une main sur son bras, d'un geste qui se veut rassurant. « Ne fais rien s'il te plaît.. Je.. » Elle marque une pause, et tourne le visage vers Caleb qui est toujours dans la même position. « Je m'en occupe. Je reviens, alors.. Reste-là. D'accord ? » Keiko n'attend pas la réponse de Ren, et d'un pas hésitant, finit par se diriger vers son ex petit-ami. Elle espère simplement se débarrasser de lui pour le restant de l'après-midi. Elle ne compte pas gâcher ce moment qu'elle partage avec Ren.

Quand elle arrive au niveau de l'américain, ce dernier s'étant redressé entre temps, elle se mordille nerveusement la lèvre. Elle allait lui parler, mais il la coupe rapidement. ' C'est qui ce mec ? Tu comptais vraiment me la refaire à l'envers ? ' La japonaise reste sans voix durant un instant, avant de se retenir de soupirer. « Caleb.. Je te rappelle qu'on est plus ensemble. Alors laisse moi tranquille s'il te plaît. Ce garçon, c'est simplement un ami. Compris ? » Suite à sa phrase, elle le voit serrer des dents. Et au moment où elle commence à tourner les talons pour rejoindre le japonais, elle se sent tirer en arrière. Son ex attrape fermement sa mâchoire et la fixe d'un regard noir avant de lui susurrer à l'oreille d'une voix grave. ' Tu sais ce qu'il risque de t'arriver si tu me mens ? ' Il serre un peu plus sa main en disant ça, Keiko grimaçant légèrement. Elle se débat un peu et arrive finalement à attraper le poignet de Caleb d'un geste vif. « Lâche-moi.. Immédiatement. » Qu'elle dit en perdant son calme, et ne le lâchant pas du regard. Cependant, Caleb n'apprécie pas sa façon de se comporter avec lui. Il relâche alors sa mâchoire et vient la plaquer contre l'arbre, posant une main d'un côté de son visage. ' Je t'interdis de lever la main sur moi. Ose le faire, et tu te souviendra encore plus de moi ma chérie. ' Keiko prend alors peur, posant les mains sur son torse pour tenter de le repousser. Mais rien n'y fait. L'américain allait encore une fois lever sa main sur elle, mais c'est sans compter sur l'intervention du japonais.

Ledit japonais pousse violemment Caleb de là, laissant ensuite Keiko se placer derrière lui. Caleb fixe alors dangereusement le japonais. ' Qu'est-ce que tu me veux toi ?! Dégage ! ' Keiko ne bouge plus, trop effrayée pour faire quoi que ce soit d'autre. Et à partir de là, elle les voit commencer à hausser chacun le ton. Cette altercation entre les deux garçons finit même par tourner en vrille. Les deux essaie maintenant de se donner des coups. Et aucun des deux n'est épargné. La japonaise reste figée durant ce qui semble être une éternité. À les regarder. Les passants autour d'eux ne veulent en aucun cas se mêler de ça. Ce qui dérange Keiko qui revient à elle peu à peu. Ce n'est qu'en voyant à nouveau les garçons se chauffer qu'elle a un déclic. Oubliant la peur qui la ronge de l'intérieur, Keiko s'interpose entre eux, alors que Caleb s'apprêtait à asséner un coup de poing à Ren. La japonaise ferme les yeux en sentant le coup atterrir sur sa joue, sa tête pivotant par la même occasion. Elle garde la tête baissée alors que le silence s'installe. Que ce soit du côté de Ren ou de Caleb, tout deux sont surpris de la démarche de la jeune blonde. Et Keiko n'attend pas plus longtemps avant de relever la tête vers son ex. un filet de sang roule le long de la joue de la jeune étudiante, égratignure due à la bague que porte Caleb. D'une voix tremblante, elle reprend la parole. « Vas t-en d'ici.. Laisse nous tranquille. Et laisse Ren en dehors de tout ça ! » lance-t-elle, perdant à nouveau son sang froid. Caleb reste à la fusiller du regard, elle et son japonais, avant de se rapprocher pour murmurer à l'oreille de la japonaise. ' On en a pas finit, crois-moi. ' L'américain décide enfin de partir, non sans faire un doigt à Ren et lancer une dernière oeillade froide à Keiko.

Cette dernière le regarde partir, tremblante de partout avant de se retourner vers son frère, un peu paniquée. « T-Tu va bien ? Il ne t'a pas fait mal ? » Elle s'approche de lui et pose une main sur sa joue, le détaillant de haut en bas pour s'assurer qu'il n'a rien de casser. Ren reste quand même bien amoché. La japonaise se mord la lèvre, se sentant tellement mal vis-à-vis de lui. « O-On devrait aller chez moi.. Je peux te soigner, je.. » Elle n'arrive presque plus à parler en se sentant paniquer encore plus et sentant les larmes couler. À ce moment-même, elle se sent fautive. Elle ne voulait pas que ça se termine comme ça. Elle était si heureuse de pouvoir partager du bon temps avec lui. « D-Désolée.. C'est ma faute si tu es blessé.. Je ne voulais pas.. » Elle renifle, passant un revers de sa manche au niveau de ses yeux pour tenter de se reprendre et d'arrêter ses larmes de couler. Ce trop plein d'émotion est en train de la rendre vulnérable. Elle ne fait pas attention au regard de Ren, sûrement remplit de pitié et de dégoût. Elle s'attend carrément à ce qu'il s'en aille pour de bon. Et se dire ça ne l'arrange pas. Pas du tout. Toujours en larmes, Keiko sent sa respiration se bloquer à moitié, alors qu'elle commence à tousser. Elle essaie de trouver de l’oxygène, une main se posant au niveau de sa gorge. Il manquait plus que ça. Mais il fallait s'y attendre. Une crise d'asthme est vite survenue. La japonaise s'agenouille alors, laissant son sac tomber à terre et ses affaires s'éparpillant au sol. Son inhalateur est bien trop loin d'elle, mais elle aperçoit du mouvement devant elle. Ren ne s'en est pas allé. Au contraire. Il est là auprès de sa sœur. Et cela à le don de calmer un minimum Keiko qui commence à s'essouffler.

 


Une main se posa délicatement sur le bras du japonais. Son regard dériva quelques secondes sur cette main fine avant de retourner sur le visage de la jeune fille. Elle avait donc compris son message. Son visage se retourna vers l’homme, qui continuait de les épier. Sans vraiment avoir de réponse, Keiko s’en alla vers celui-ci, sans laisser le temps à Ren de prononcer le moindre mot. Il n’allait pas partir, c’était une certitude. Alors il se mit à les observer de là où il était. S’ils se connaissaient, il ne devait sans doute pas s’inquiéter autant. Enfin c’est ce qu’il pensait avant de la voir se faire tirer en arrière lorsqu’elle se retourna pour retourner vers lui. Le japonais croyait voir flou. La main de l’américain avait saisit violemment la mâchoire de keiko. De là où il était, il n’entendait rien du tout. Mais il voyait tout. Ren décida d’avancer légèrement vers eux en le voyant  se rapprocher autant d’elle, contre son grès. En effet, elle se débattait comme elle pouvait pour s’échapper de son emprise. Les nerfs du Yamazaki étaient sur le point de lâcher. Cet homme, il aurait dû suivre son instinct et s’interposer dès le début. Ses jambes se mirent à courir vers eux en moins de deux secondes quand le type plaqua la fine silhouette contre l'arbre qui se situait derrière eux. Le voyant lever le bras, il lui saisit le poignet, et le repoussa violemment de Keiko afin de se mettre entre eux.

“Vous vous amusez bien on dirait. Je peux participer ?”

Le sujet de leur conversation ? Il n’en avait rien à faire. Ce type avait franchit la limite à ne pas dépasser. Son histoire ? Il s’en fichait royalement. S’il pensait effrayer le petit japonais, il se trompait royalement. Certes, l’américain était plus imposant que lui, mais il y avait une chose que le japonais avait à gagner de sa taille, la stratégie d’esquive. Se battre n’était pas son passe temps favoris. Loin de là. Il n’avait pas eu le choix d’apprendre à se défendre. C’était lui, ou eux, surtout depuis qu’il avait une véritable raison de se défendre.

“Ça t’amuses de frapper les plus faibles ? Parce qu’on va pas se mentir, Keiko, elle, avait pas l’air de s’amuser.”

Le japonais n’en avait rien à faire de ce que racontait ce mec. Ex petit ami, bla bla bla. Rien de très perspicace. Tout ce qu’il avait retenu, c’était que celui-ci s’empêtrait encore plus dans sa connerie. En voyant que le japonais restait sur sa position, il haussa la voix. Le visage blasé et froid de Ren devait sans doute l'énerver, lui qui avait réussit à rendre Keiko complètement terrifiée. Il s’en fichait complètement, et lui répondait en gardant son sang froid apparent, plus ou moins violemment. Ce genre de type, il ne les supportait pas. La violence, c’est tout ce qu’ils connaissent.

“Occupe toi tes affaires, et te mêle pas de ça. Je fais ce que je veux avec elle.”

“Ah oui ? Justement ce sont mes affaires. Et si tu crois que je vais laisser faire un con dans ton genre...Laisse moi rire.”

Ren venait sans doute d’atteindre la limite pour l’américain, qui se lança sur lui brutalement. Le japonais soupira et s’écarta de sa trajectoire, lui évitant ainsi de se faire percuter par l’imbécile qui fonçait dans le tas. Cependant, le plus grand en passa vite aux mains. Le japonais se prit un coup dans la mâchoire et se fit soulever par le col de sa chemise. Il avait vu pire que ça. Il lui donna un coup de tête suffisant pour le faire le lâcher, et leva sa jambe pour lui donner un coup bien placé. Vu la carrure du japonais, il devait se la jouer stratégique. Il décida d’avancer un peu pour s’éloigner de Keiko. L’homme le suivait comme un idiot, et se relança sur le japonais pour lui asséner des coups. Au visage, au ventre, aux bras. Ren ne se laissa en aucun faire. Il le frappait à des endroits tactiques pour tenter de le stopper. Par moment, il jetait des regards vers Keiko pour s’assurer qu’elle allait bien, ignorant alors son adversaire. Sans le voir venir, la grande main de l’américain se jeta rapidement sur son visage. Par réflexe, il ferma les yeux. Rien. Il ne l’avait pas touché. Il rouvrit alors rapidement ses paupières pour voir que ce fameux coup de poings avait atterri sur le visage de Keiko, qui s’était interposée. Complètement immobile. Ren ne s’y attendait pas du tout. Le monde avait disparu autour de lui. Seul la joue ensanglantée de la japonaise restait dans sa ligne de mire. Il était prêt à se lancer sur cet enfoiré, mais s’en empêcha en voyant que la jeune fille avait prit la parole. Parole qui resta sans réponse très intéressante de la part du parti adverse. Enfin, à part une menace qui resta dans la gorge du japonais. Le type s’en alla lui montrant son magnifique majeur que Ren ignora royalement. Son regard se perdit sur la joue ensanglantée de la jeune fille. D’un coup de pouce, il essuya le sang qui coulait ni vu ni connu.Sa réaction l’amusait un peu . Pourquoi s’inquiétait-elle autant pour lui ?

“Je vais bien, ne t’inquiète pas.”

Un peu surpris de la voir se rapprocher de lui, il continuait de la fixer. La main de Keiko se posa sur son visage, et ses yeux inquiets menaient une analyses de tout son corps. Pour lui, le plus important était de la ramener chez elle en sécurité. Se soigner n’était pas une priorité, surtout que niveau blessures, il avait vu pire que de simples coups de poings et coupures. La silhouette de Keiko tremblait encore. Il préférait rester silencieux. Se connaissant, il aurait pu être le type le plus maladroit du monde, et la faire pleurer encore plus. Se mordant la lèvre, il posa délicatement sa main dans sa chevelure blonde, pratiquement prêt à la prendre dans ses bras. Il ne comprenait pas trop pourquoi elle réagissait comme cela, alors qu’ils ne se connaissaient qu’à peine. Ren ne fait pas trop attention à ce qu’il se passe, avant que la japonaise se mette à tousser violemment, une main se posant sur sa gorge. Il n’avait pas remarqué avant que sa respiration se faisait plus saccadée.

“Keiko ! Tout vas bien ?”

Sa question trouva vite une réponse quand il vit le corps de celle-ci se baisser au sol, faisant tomber ses affaires sur la poussière jaune. Ren ne comprenait décidément plus rien, il s’abaissa à son niveau, essayant de croiser son regard. Ce genre de crise, il n’en avait jamais vu, mais les symptômes ressemblaient pour lui à une crise d’asthme. Aérosol. S’il elle était vraiment asthmatique, elle devait avoir un aérosol sur elle.

“B-Bouge pas ! J’arrive !”

Il récupéra son sac, pour fouiller dedans dans l’espoir de le trouver, cet engin. Ne le voyant pas, le japonais se mit à regarder rapidement sur le sol, parmi les affaires qui se sont étalées. Son corps s'agitait de plus en plus, dans tous les sens. Aucun passant ne s'était arrêter pour les aider. Des enfoirés. Voilà ce qui venait à l'esprit de Ren en y pensant. Ses mains se baladaient activement sur le sol, à la recherche de l'objet. En regardant plus précisément, il observa un petit appareil grisâtre. Bingo. Il s’en empara, et se rapprocha rapidement de Keiko en le lui tenant devant la bouche. Elle le saisit aussitôt. Le japonais rassembla ses affaires dans son sac, la surveillant quand même d’un coin de l'œil. Il s’en était sans doute fallu de peu, pensa-t-il. Toujours au sol, la japonaise reprenait peu à peu sa respiration. Ren posa son sac à côté d’elle et se remit à son niveau, pour poser sa ma sur son épaule, venant gentiment la lui caresser pour la rassurer. La situation avait dû la stresser énormément pour avoir réussi à la mettre dans cet état. Il y avait de quoi. Si ce type la connaissait, cela ne devait pas être la première fois que ce genres d’événements se produisent. En un sens, le japonais était content d’être là. Il n’allait pas la laisser seule après ce qu’il venait de se passer, et encore moins après sa crise d’asthme.

“Ça va aller ? Tu peux te relever ? Je te raccompagne chez toi.”

Ren lui tendit sa main pour l’aider à se relever. Ses jambes tremblaient encore. Pour ne pas l’encombrer, il lui prit sa pochette, lui évitant ainsi de tout porter d’elle même. Il ne lui posa aucune question sur ce qu’il venait de se passer, l’occasion se montrerai plus tard Restant légèrement plus en arrière, il se laissait guider dans les rues, slalomant entre les gens qui ne cessaient de les regarder. Ce type allait surement revenir. Mais maintenant, le japonais était près à lui sauter dessus  tout moment. Le dos de Keiko en visuel, il se rendait compte qu’elle était vraiment petite comparé à lui, ce qui lui fit esquisser un léger sourire. Ses mains tenaient fermement la pochette de la jeune fille. Son regard se baladait sur le paysage défilant, avant de se reposer sur Keiko.  C’était toujours étrange comme sensation. Son comportement envers elle. Il ne savait toujours pas comment réagir. Il n’était  pas du genre à vouloir la coller. Mais d’un côté, il allait devoir essayer de se comporter en frère. Lui qui a dû grandir par ses propres moyens, il se retrouvait maintenant entouré de personnes en tout genre. Alors il la suivait, jusqu'à arriver devant un immeuble qu'il connaissait bien. Sa tête était complètement perdue. Elle aussi habitait ici ? Ils ne s'étaient jamais croisés. Ou plutôt, Ren n'y avait jamais fait attention. Toutes les personnes qu'il aimait étaient regroupées juste à côté de son appartement. Les yeux souriant pour lui, il continuait son chemin, espérant que cette journée se termine bien.

 

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ Malgré le fait que Ren la rassure, comme quoi il va bien, Keiko ne peut s'empêcher de s'inquiéter en voyant ses blessures. Certes elle le connaît depuis même pas une heure, mais.. Elle se sent responsable de tout ça. Elle ne voulait en aucun cas le mêler à ses histoires. Surtout que comme dit, ils viennent à peine de faire connaissance. Enfin. Malheureusement cette journée a finit par partir en vrille alors que les deux asiatiques commençaient à se familiariser entre eux. De quoi rendre Keiko assez honteuse et mal à l'aise. Le silence du Yamazaki ne l'aide pas non plus. Elle tente de calmer ses sanglots, pour ne pas paraître encore plus pitoyable qu'elle ne l'est déjà. En vain. Et quelques instants plus tard, la voilà au sol à genoux, à tenter de faire passer de l'oxygène en elle, sa respiration s'étant bloquée. Fichu crise d'asthme. Il ne manquait plus que ça. Qu'elle se dit dans sa tête, les yeux fermés. Fort heureusement, Ren a le bon réflexe et découvre aisément qu'elle fait en effet une crise d'asthme. Et alors qu'elle reste au sol, à chercher le moindre petit bout d'oxygène, le japonais lui tend son inhalateur gris. Keiko l'attrape aussitôt dans ses mains et le met dans sa bouche pour le faire fonctionner et reprendre enfin son calme et sa respiration. Et tandis qu'il ramasse ses affaires éparpillées par terre, la jeune fille s'asseoit un peu mieux sur le sol, le temps de se reprendre complètement en même temps de frotter ses yeux encore humidifiés par ses précédentes larmes. À ce moment précis, elle est vraiment reconnaissante envers Ren. En sachant qu'aucune personne autour d'eux n'a eut l'amabilité de venir les aider durant cet instant critique. Enfin. Au final, Keiko en a aussi l'habitude. Déjà, rare sont ceux qui s'interposent entre elle et Caleb, vu que personne n'est au courant de ce qu'il lui fait subir depuis qu'elle a rompu avec lui. Un peu perdue dans ses pensées, elle tressaute légèrement en sentant une main se poser sur son épaule. Elle croise le regard du jeune homme et se détend un peu. « Merci.. » lance-t-elle tout simplement. Que dire de plus ? La simple présence de Ren la rassure un minimum, même si bien sûr elle reste toujours autant nerveuse. Elle sait qu'elle ne va jamais arriver à se débarrasser de son ex petit-ami.

« Je pense que ça va aller oui.. M-Mais tu n'es pas obligé de me raccompagner, vraiment.. ! Je n'ai pas envie de t'embêter plus que je ne l'ai déjà fait.. » Elle se mordille nerveusement la lèvre avant de finir par attraper la main que lui tend son frère, se relevant doucement. Elle sent encore ses jambes trembler, mais ne flanche pas. Après tout, elle doit rester forte. Elle ne peut pas se laisser aller comme ça. Alors elle remercie encore une fois Ren en voyant qu'il l'aide à porter sa pochette. Finalement celui-ci ne lâche rien et décide quand même de l'accompagner. Keiko n'a pas vraiment la force de l'en empêcher, et puis de toute manière, ça l'arrange d'un côté. Comme cela, elle pourra s'occuper des blessures du japonais, se fichant complètement si ce dernier pense que ce n'est que des égratignures. Elle lui doit bien ça, au moins. Mais bref. Marchant dans les rues, un peu devant Ren, elle tente de ne pas trop jeter de coups d’œil autour d'elle. A quoi bon se stresser encore plus ? Dans tout les cas, Keiko est sûre d'une chose : elle risque de recroiser ce mec avant demain midi. Il lui reste donc un peu de répit, avant qu'elle ne se fasse encore harceler par Caleb. Super quotidien n'est-ce pas ? Le silence du japonais la détend un peu. Elle n'a pas spécialement envie de parler de ce qu'il vient de se passer. Moins il en sait, mieux c'est. La jeune étudiante déambule dans les rues, ignorant les regards qui se posent sur elle et sa joue encore rougie suite au coup qu'elle a reçut. Elle se concentre sur le chemin, essayant de savoir comment elle allait faire maintenant pour mieux se comporter face au Yamazaki masculin. Mais elle n'a pas trop le temps d'y penser, que voilà son immeuble qui apparaît devant ses yeux, au détour d'une rue. Elle s'y approche doucement, jetant un œil vers le japonais qui la suit toujours. Une fois devant la porte du hall, elle se retourne complètement vers lui. « Je t'invite chez moi. Pour te soigner. Et ne refuse pas, je tiens vraiment à ça. » qu'elle dit, esquissant un léger sourire.

Une fois arrivée à son étage, elle sort les clés de son sac et ouvre sa porte doucement, le laissant entrer. Une fois fait, elle referme la porte derrière elle. « Fais comme chez toi. » dit-elle, finissant par poser ses clés sur le petit meuble à l'entrée, ainsi que son sac sur le fauteuil du salon. Des petits miaulements se font entendre, et un petit félin blanc et gris fait son apparition. Keiko se penche alors en venant caresser doucement son petit chat, Chimchim, avant de se diriger vers la cuisine. Ledit Chimchim se rapproche alors de l'inconnu et se frotte au niveau de ses jambes, ronronnant. Le félin n'est pas si peureux que ça. Cela laisse le temps à la japonaise de s'affairer un peu, tournant ensuite la tête vers son frère. « Tu veux boire quelque chose, peut-être ? » Elle attend sa réponse et prépare quand même les boissons, souriant un peu en voyant Chimchim qui demande des caresses au japonais. Il ne perd pas de temps en tout cas. Quand il s'agit d'avoir des caresses en bonus, il y va le petit félin. La jeune Yamazaki pose enfin les boissons sur la table, laissant Ren s'installer comme il faut, partant ensuite dans sa petite salle de bains pour fouiller dans sa pharmacie, ce qu'il faut afin de soigner les plaies de Ren.

Une fois sa petite trousse de secours prête, elle le rejoint dans le salon, s'asseyant à ses côtés. Posant la trousse sur ses genoux, elle observe un peu son visage pour bien localiser les premières blessures. « Encore désolée pour tout à l'heure.. Je ne voulais pas que ça se finisse comme ça. » dit-elle doucement, tout en venant jouer l'infirmière. Elle s'occupe déjà des égratignures au visage du Yamazaki, faisant attention à ne pas lui faire trop de mal. Puis, pour ce qui est des blessures qu'il doit sûrement avoir sur le corps, elle n'ose pas trop demander. Elle hésite un peu, ses yeux se posant sur le torse du japonais, puis dans son regard. « Je peux ? » Elle comprendra bien s'il refuse. Ils ne se connaissent que depuis peu de temps, et niveau intimité ça pourrait être mieux. Enfin. En attendant sa réponse, son regard se pose sur sa petite tasse à elle. Tasse de thé qu'elle attrape d'une main, buvant une petite gorgée. Elle revient ensuite poser ses yeux sur le visage de Ren, en espérant ne pas paraître trop bizarre. Au vue de la situation, cela risque d'être un peu compliqué.

 

L’immeuble se rapprochait à grand pas. Ren ne pouvait cesser d’imaginer à quel étage la jeune fille habitait. En l’entendant, il hocha la tête, ne voulant pas la vexer, même si au fond de lui, ses blessures étaient complètement ridicules. Il la suivit, regardant attentivement les étages, et comptant les escaliers. Il fut surpris de la voir s’arrêter à un étage plus haut que celui des deux colocataires. Elle devait sûrement déjà avoir croisé Chul et Kang dans ce cas. Ou même les avoir déjà entendu. Connaissant les deux coréens, ils n’étaient pas des plus calmes et des plus silencieux, surtout que leur appartement se situait littéralement juste en dessous. Donc si elle les connaissait, ce n'était sans doute pas pour le charmante compagnie. La voyant ouvrir la porte, il s’avança à l’intérieur, légèrement gêné de s’aventurer dans son appartement, et retira ses chaussures à l'entrée. Le japonais détaillait des yeux la décoration, qui lui semblait fort sympathique. Pour ne pas encombrer le passage, il décida de s’asseoir sur le canapé. Un petit bruit se dégagea de la pièce. Un miaulement. Ses yeux se mirent à briller en apercevant la boule de poils qui se dirigeait vers lui, pour venir se frotter à ses jambes. Ren et la nourriture était un sujet connu. Mais Ren et les animaux, il ne le montrait qu’en présence de Tae, le petit chien de Jae. Un chat, quel bonheur ! Ses mains glissèrent sur le doux pelage de l’animal, tandis que son visage affichait un fin sourire. Ses yeux lancèrent un regard en direction de la cuisine.

“Tu aurais tout simplement de l’eau ?”

Pendant ce temps, Ren continuait de papouiller, pour son plus grand plaisir, la boule de poils toute douce et câline qui se trouvait sur le passage de ses mains. Le japonais jeta un coup d’oeil à Keiko, qui sortit de la cuisine, et qui rammenait les boissons sur la table, avant de s’éclipser dans une pièce et d'apporter une petite trousse. Le petit chat se plaça à côté de lui, sur le canapé, pour se rouler en boule, que le plus vieux ne put s'empêcher d'observer. Les doigts de la japonaise s’avancèrent vers son visage. Ren la laissa complètement faire. En général, il n’aimait pas qu’on le touche. Mais cette rencontre l’avait chamboulé au plus haut point. Alors il ne savait plus où il en était et ne savait plus comment réagir face à cette proximité. Ses excuses n’étaient pas nécessaires selon lui. Elle n’avait rien fait de mal.

“Ne t’excuse pas. Ce n’est pas de ta faute, et tu ne pouvais pas prévoir.”

Sa peau piquait un peu au contact des soins que lui prodiguait la jeune fille, mais rien de plus. De simples picotements. Par rapport à d’autres blessures qu’il avait déjà subit, cette douleur était infime. Ses yeux se posèrent sur le visage de Keiko; d’un côté, il aurait très bien pu s’occuper de ses plaies par lui même, mais la japonaise ne semblait pas vouloir le laisser faire. Alors quand le sujet des blessures sur son corps fit surface, il hésita longuement. Il n’avait rien à cacher, à part son dos. Et puis, c’était sa sœur. Devait-il vraiment lui cacher son passé ? Cela lui semblait beaucoup trop rapide. Alors il ne le lui montrerai pas. Pas aujourd’hui. Ses blessures sur le torse étaient beaucoup plus importantes que celles sur son visage, alors il se décida après plusieurs minutes à déboutonner sa chemise, sans pour autant la retirer, lui donnant ainsi l’autorisation de le soigner. Il espérait simplement qu’elle ne veuille pas observer ses blessures dans le dos, car si elle lui demandait, il ne saurait pas quoi lui répondre ou même s'il accepterai. Ces cicatrices, il en avait honte, et seulement trois personnes en avaient connaissance, dont une qui faisait partie entière de sa vie. Moins il les montrait, mieux il se portait.

“Tu n’es pas obligée, tu sais, de me soigner. Mais...Merci.”

Comme remerciement, on repassera. La communication et le japonais, cela faisait deux.  Mais il se devait de lui dire, car après tout, elle prenait de son temps pour s’occuper de lui. Cette situation l’avait intrigué. Cet homme, qui était-il ? Et pourquoi la suivait-il ? Il avait l'air de les observer depuis un moment, et le fait de se faire suivre par celui-ci n'avait pas eu l'air de choquer la japonaise. Tant de questions qu’il aurait voulu lui poser. Mais il se retenait, et tentait de formuler une phrase dans sa tête qui pourrait résumer ses pensées sans pour autant se montrer intrusif. Si cet homme la suivait fréquemment, comme il le pensait, cela ne pouvait pas durer. Surtout s’il se montrait aussi violent qu'aujourd’hui. Cette histoire allait mal finir. Ses iris noirs se posèrent sur la jeune fille, tentant de percer ce à quoi elle pouvait bien penser en ce moment. Ses lèvres s’entrouvrirent d’elles même, laissant sortir des mots, sans même qu’il ne s’en rende compte.

“Cet homme, tu le croises souvent ?”

Sa curiosité était plus forte que tout en cet instant, lui qui savait se contrôler et ne pas dépasser les limites en temps normal. Si elle ne voulait pas lui répondre, alors tant pis. Il resterait avec ce mauvais pressentiment que quelque chose ne tournait pas rond.  Il baissa les yeux vers le sol, ne souhaitant pas la forcer de son regard. Ils venaient tout juste de se rencontrer, et voilà déjà que Ren pensait à l'aider, sans savoir pourquoi. Il avait une aversion pour la violence, et au vu des événements de la journée, ses blessures n'étaient pas la chose principale dont il fallait se préoccuper. Ses mains se resserrèrent sur ses genoux, et il se redressa légèrement.  Selon sa réponse, il se pouvait qu'il ne garde pas son calme très longtemps, car bien que cela ne fasse que très peu de temps, il l'appréciait, cette Yamazaki. S'il ne s'imaginait rien, et que ses hypothèses étaient correctes, il n'allait sûrement pas la laisser dans le pétrin, surtout avec ce type dans les parages. Ce genre d'ennui, il en avait déjà eu. Des gens qui le suivent pour des raisons qui leurs sont propres, que se soit sa toute nouvelle stalkeuse depuis l'anniversaire de Chul, ou bien certains de ses harceleurs. Alors il avait décidé qu'il l'aiderai, même si elle ne voulait rien lui dire, et qu'elle refusait. Ce que la japonaise ne savait pas encore, c'était que Ren pouvait se montrer comme l'être le plus têtu du monde quand il s'y mettait.

 

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ Posant la trousse sur la table, en faisant attention à ne pas renverser le verre d'eau de Ren, la japonaise s'applique donc à soigner les plaies de son frère, se mordillant nerveusement la lèvre en essayant de pas lui faire trop de mal. Une fois la pommade étalée sur ses vilaines égratignures, Keiko se redresse alors et attend l'approbation du jeune homme pour qu'elle s'occupe de son torse. Car même si elle se sent coupable de tout ça, elle préfère demander poliment. Ils se connaissent que depuis la fin de matinée, alors.. Ça pourrait se comprendre s'il ne veut pas la laisser faire. "Bien sûr que si.. J'aurais pu prévoir. Et j'aurais dû m'occuper de tout ça pour t'éviter d'être blessé." Parce que ce n'est pas la première fois que Caleb la suit de la sorte. Et qu'il se montre aussi violent. En effet, la japonaise en a pris l'habitude à force. Il n'y a pas un seul jour où elle ne le croise pas. Que ce soit à l'école d'art, dans les rues de la ville, et même jusqu'à chez elle. Alors oui elle aurait très bien pu évité à Ren de se faire embarquer dans cette histoire sordide. Surtout que ce n'était pas son but du tout. De quoi s'en vouloir encore et encore. Enfin. Pour le moment, Keiko s'occupe de le soigner correctement lorsque que son frère déboutonne sa chemise, lui laissant la voie de libre pour y étaler la pommade sur les hématomes présents sur son corps. Tout en se mordillant la lèvre, elle fait très attention à ne pas trop appuyer dessus. Puis une fois terminée, elle vient remettre le bouchon sur le tube de crème et pose ce dernier dans la trousse, laissant le temps au japonais de se rhabiller convenablement. Elle lève ensuite les yeux vers lui, secouant la tête. "Je n'allais quand même pas te laisser rentrer chez toi comme ça.. Je me serais sentie mal de te savoir dans cet état par ma faute." Hésitant un peu, elle vient lui tapoter le haut de sa tête dans un geste qui se veut rassurant. La jeune fille n'est pas encore habitué à ça, alors elle préfère ne pas aller trop vite en besogne. Si on oublie ce petit incident de tout à l'heure.

Keiko finit par aller ranger la trousse de secours dans sa salle de bains, s'arrêtant un petit moment devant son miroir pour passer ses doigts sur sa légère blessure à la joue. Plus de sang, mais une petite marque restera présente un petit moment, sûrement. Elle soupire d'avance, en pensant qu'elle devra trouver une énième excuse à sa mère, la prochaine fois qu'elle ira la voir à l'hôpital. Cette dernière n'est au courant de rien. Et il ne faut pas qu'elle sache tout ce qui se passe dans sa vie en ce moment. Car si elle apprend tous les secrets de sa fille, qui sait comment elle réagirait. Et si elle en survivrait, au vu de son état de santé déjà alarmant. Mais bref. Keiko ne met pas longtemps à revenir auprès de Ren et sourit un peu en voyant que le félin en a profité pour s'installer sur les genoux du japonais. Elle s'assoit en face de lui, sur le fauteuil, prenant sa boisson entre ses mains et en buvant une gorgée. Son regard passe de Chimchim jusqu'au visage du jeune homme assis en face d'elle. A sa question, elle se mord la lèvre, et vient jouer nerveusement avec une de ses mèches de cheveux qu'elle enroule autour de son doigt. Un toc qui ne disparaîtra jamais. "Je le croise tous les jours oui.. C'est mon ex petit-ami." qu'elle dit timidement, n'osant pas en dire plus pour le moment.

Comme dit avant, ils ne se connaissent que depuis peu. Et Keiko n'a surtout pas envie de laisser Ren s'immiscer dans sa vie de la sorte. Même s'il est gentil et agréable comme tout, elle n'en a pas envie. Pas pour le moment. C'est bien trop tôt. Puis, dans tout les cas, il risque de n'arriver à rien. Caleb est tenace. Caleb est un type qui ne lâchera pas l'affaire tant qu'il n'aura pas récupérer ce qu'il veut par dessus tout : la jeune Keiko. Cette dernière sait qu'il est capable de tout. Alors autant épargner le japonais de tous ces problèmes. Surtout qu'il soit sûrement en avoir. Qui n'a jamais eu de problème dans sa vie ? Personne. C'est impossible. La jeune étudiante, ne relâche donc pas Ren du regard. "Oublie ce qui s'est passé tout à l'heure.. Okey ? Je ne veux pas que tu t'en mêles. Ça servirait à rien. A part à aggraver la situation." lance-t-elle d'une voix assurée, ses yeux se posant dès à présent sur son chat qui s'amuse à tapoter les doigts de Ren avec ses pattounes. L'affaire Caleb. Elle s'en charge toute seule. Depuis que sa mère a été hospitalisée, elle n'a fait que se débrouiller seule. Et cela ne changera jamais. Du moins c'est ce qu'elle espère. Parce qu'avoir un frère qui apparaît dans sa vie comme ça n'est pas chose aisée.  

 

La réponse à sa question ne lui avait effectivement pas plu. Son ex. Quelle belle histoire. Ses doigts fins s’enfouirent dans les poils du félin qui s’était installé sur ses genoux. Adorable, tout simplement. Ce type, s’il le revoyait, il ne laisserait pas les choses se passer comme ça. Ren avait beau être la personne la plus calme et renfermée du monde, quand un truc lui déplaisait, il n’y allait pas par quatre chemins. Le regard rivé sur le chat, il se doutait bien que ce n’était pas si simple que ça. Après tout, ils venaient à peine de se rencontrer, que le japonais essayait déjà de l’aider dans ses problèmes. Il ne se comprenait pas lui même. Sans doute le fait d’apprendre qu’il lui restait de la famille le chamboulait. Cela lui paraissait évident que les choses n’allaient pas se passer comme ça aussi rapidement. Ses yeux se posèrent sur la jeune fille, secouant un peu la tête.

“Comme tu veux. Mais sache que je suis là au cas ou.”

Ses pieds se croisèrent contre le canapé. Ses muscles crispés, il passa un doigt sur la blessure qu’il portait au visage. Son soleil allait sûrement lui demander d’où cela provenait, et il serait alors obligé de lui expliquer tout, dans les détails. Il arrivait déjà à voir sa réaction en lui apprenant l'existence de sa demi-sœur. Sans trop s’en rendre compte, ses mains jouaient avec les petites pattes velues de la boule de poils qui se situait sur lui. Les chats, il adorait ça. Tellement mignon, autonome, et indépendant. Qu’allait-il faire à présent ? L’ambiance avait l’air assez tendue, et il ne voulait pas déranger Keiko plus longtemps. Ne sachant pas quoi dire, il sortit son téléphone.

“Au fait, comme on risque de se recroiser souvent...Ça te dit qu’on échange nos numéros ?” lui demanda-t-il d’une petite voix.

Ren devait avoir à tout casser six numéros dans son portable, ses trois amis, et des collègues. C’est tout. Alors autant dire qu’un contact de plus dans cet appareil ne lui ferai sans doute pas de mal. Surtout s’il s’agit de sa sœur. Alors, il attend sagement sa réponse positive, avant de lui donner son numéro. Dévisageant doucement la photo de son fond d’écran, un sourire aux lèvres, il revint regarder la jeune fille, ses mains toujours dans le pelage du petit animal situé sur ses genoux, et qui ronronne calmement sur ceux-ci. Son dos se calant dans le fond du canapé, il observait cet environnement qu’il trouvait chaleureux, comme à l’image de la japonaise. Malgré ses problème, elle restait rayonnante et sympathique. Tout le contraire de lui donc.

“Ton appartement est vraiment mignon.”

Une phrase bateau. Encore. Décidément, le japonais ne savait vraiment pas comment commencer une conversation ou bien détendre l’atmosphère. Voir la jeune fille aussi stressée, par ces doigts dans ses cheveux, ne l’amusait pas forcément. Il posait des questions pas forcément très adaptée, et le japonais ne se sentait pas à l’aise dans ce genre de contact. Ses dents s’acharnant sur ses lèvres pourpres, il regardait discrètement Keiko, tout en finissant sa boisson.

“Désolé....Je suis pas de très bonne compagnie…” lui dit-il en rigolant un peu nerveusement.

Et c’était pourtant la vérité. Ne sachant pas quoi dire, l’ambiance finissait toujours par se dégrader quand il était dans les parages. Et on le lui reprochait souvent, au japonais, de tout gâcher à chaque fois. Et il avait finit par y croire. A ne jamais boire, presque ne jamais rire et ne jamais participer aux conversations en apparence. Le japonais regarda sa montre, et se dit qu’il était sans doute temps pour lui d’y aller, après tous les ennuis qu’il avait causé.

“Je devrais sans doute y aller Keiko...Je veux pas te déranger plus. Surtout que tu m’as soigné, et que tu dois être épuisée de ta journée.”

Un petit sourire s'afficha sur le visage du japonais. Ils allaient pouvoir apprendre à se connaître à présent. Et ils avaient tout le temps pour cela. Il attendit la réponse de Keiko pour voir ce qu’il devait faire. Après tout, il ne voulait pas non plus partir comme un voleur. Alors il câlinait le petit chat, tout doux et gentil, en souriant encore plus. Si la jeune fille n’avait pas compris que son frère était fou des petites boules de poils toutes mignonnes, et bien elle allait bientôt le découvrir. Il quitta à contre cœur cet animal pour s’emparer de son verre et aller dans la cuisine, venant ainsi le nettoyer dans l’évier. Les fenêtres ornant l’appartement offraient une belle vue sur un ciel dégagé, ce qui pouvait remonter un peu plus le niveau de cet après -midi.  Le verre en main, ses pensées perdues dans les nuages, Ren en avait pratiquement oublié le pourquoi de sa venue ici. Cela le fit sourire. Alors il se retourna, posant le regard sur la jeune fille qui lui tenait compagnie. Un jour sans doute, ils arriveront à obtenir ce qu’ils recherchent. Une vraie relation fraternelle. Mais pour cela, ils allaient devoir la bâtir ensemble. Une famille. Un mot qui commençait à prendre peu à peu sens aux yeux de Ren.

 

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ~ Voir que Ren semble se préoccuper d'elle alors qu'ils se connaissent à peine, oui, ça lui fait bizarre. Mais elle trouve ça adorable d'un côté. Car au fond d'elle, la japonaise n'avait pas imaginé sa rencontre avec Ren de la sorte. Au contraire. Keiko s'est fait souvent des films, se répétant toujours le même scénario dans sa tête, et le même rêve : son frère qui ne la calcule même pas, et qui la rejette sans vouloir en savoir plus sur leurs origines familiales qu'ils ont en commun. Sur ce qui les relie. Et pourtant. Pourtant. Le jeune Yamazaki a réagit différemment dans la réalité. Ce dernier a tout de suite compris ce que cela impliquait. Et a préféré déjà en apprendre plus sur elle. Certes, ils ne se sont pas échangés des tonnes de mots. Mais bizarrement, Keiko ressent une sensation étrange dans son cœur. Une sensation agréable. La sensation d'avoir une nouvelle personne qui l'entoure et qui est prête à tout pour que leur relation fonctionne. Du moins c'est ce qu'elle espère. Elle espère vraiment que ça marchera. Et pour ça, il leur faudra du temps évidemment. Keiko n'en doute pas. Elle est sûre d'arriver à construire quelque chose avec Ren. Ce japonais qui est froid de l'extérieur, mais qui a l'intérieur est un être tout doux et gentil à la fois. Et la japonaise aimerait bien percer cette petite coquille qui entoure encore Ren. En tout cas, si elle y arrive, elle pourra plus facilement avancer avec lui.

« Je sais.. Et merci à toi.  » Elle le regarde alors, souriant tendrement en voyant la scène. Son félin Chimchim qui profite pleinement des genoux du jeune homme assis sur le canapé. Et Ren semblait tout aussi ravi de pouvoir pouponner le petit chaton. Elle le regarde ensuite sortir son portable, et hoche rapidement la tête en faisant de même. Et une fois le numéro de Ren noté, elle lui envoit un simple petit smiley en SMS. Comme ça, pour être sûre qu'elle ne se soit pas trompé de chiffre. « C'est mieux ainsi en effet. Puis si ça te dis.. On pourra toujours se revoir. Quand tu le voudras. Ça nous permettra sûrement de.. De nous rapprocher.  » Délicatement, elle vient jouer avec une de ses mèches de cheveux. Son chat ronronne de bonheur, et elle observe Ren qui jette un œil dans son petit appartement. Sa petite phrase qu'il lance la fait rire un peu, simplement amusée. « Merci... Mon appartement est mignon comme toi, et Chimchim.  » qu'elle dit en pointant du menton le félin qui finit par descendre des genoux du japonais, pour ensuite s'installer à l'extérieur sur le petit balcon situé en plein soleil. Elle fronce finalement les sourcils lorsque Ren sort une bêtise de sa bouche. « Dis pas n'importe quoi ! Tu es de bonne compagnie. C'est pas les sujets de conversation qui compte tu sais.. C'est la simple présence de la personne qui est le plus important.  » Elle frotte doucement son bras par la suite, et le regarde alors débarrasser son verre et le laver. Faisant une légère moue, elle se retient de lui dire qu'elle aurait pu s'en occuper, secouant la tête. Puis, lentement, elle se contente de le raccompagner jusqu'à la porte d'entrée. « Tu me dérangera jamais Ren, à partir de maintenant. Et oui.. Tu dois aussi être épuisé de la journée. Rentre bien chez toi, et repose toi bien surtout.  » Keiko le regarde encore un moment, tout en se mordillant la lèvre, l'observant s'en aller et prendre les escaliers. Refermant doucement la porte, elle s'y adosse, un léger sourire naissant sur ses lèvres. C'est ça. Elle se sent heureuse. Heureuse de se dire qu'un jour, ils arriveront à se considérer officiellement de la même famille. Tout cela reste encore flou, mais Keiko le souhaite. Elle souhaite que ce mot "fraternité" prenne sens dans la famille des Yamazaki.