show your feelings. (joni #2)

Il arrive que les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu, que deux êtres prennent des chemins différents sans que quoi que ce soit puisse les en empêcher. C’était ce qui leur était arrivé, elles qui étaient pourtant deux meilleures amies depuis leur plus tendre enfance. Elles avaient découvert la vie côte à côté. Deux gamines avançant main dans la main pour se frayer un chemin, se trouver une place dans l’univers. Et pourtant, un seul été avait suffit à les séparer. Comme un rappel de la fragilité des relations, l’aisance avec laquelle une amitié pouvait être réduire à néant. Le monde les avait séparées et, malgré les quelques publications échangées rapidement sur les réseaux sociaux, Joy avait fini par cesser de croire que les choses allaient redevenir comme avant. Elle se contentait de laisser Roni venir hanter son sommeil alors que l’amertume venait accompagner ses éveils. La douleur d’avoir été remplacée par Harper laissait comme un trou béant au milieu de sa poitrine, mais elle cherchait à chasser cette sensation désagréable qui venait lui tordre les trippes et lui donnait la nausée. Surtout que tout espoir n’était pas perdu. Un matin, Joy s’était trouvée surprise de découvrir un message de Roni au moment de déverrouiller son téléphone. Celle-ci lui proposait de venir passer un moment chez elle – dans son vrai chez elle, pas dans le garage d’Harper. Proposition qui ne pouvait que ravir la Kelley-Moore, qui s’était mise à y penser durant toute la fin de semaine. Elle était même parvenue à retrouver le sourire ; ce même sourire qui l’avait quittée, des mois durant. L’impatience avait fini par la gagner, rendant le sommeil difficile à trouver et le temps trop long à s’écouler. Mais finalement, après une attente interminable, elle s’était rendue chez les Reynolds, prête à passer un bon moment avec sa meilleure amie. Elle avait alors découvert face à elle le visage contrarié d’une Roni prête à lui annoncer une mauvaise nouvelle : elle avait oublié qu’elle était invitée à une soirée à laquelle il lui fallait absolument se rendre, mais elle invitait Joy à l’y accompagner. La blonde s’était mordue l’intérieur de la joue pour éviter de laisser paraître sa déception. Mais la vérité, c’était qu’elle aurait été capable de suivre la Reynolds au bout du monde si celle-ci le lui avait demandé. Pourtant, cela avait cassé quelque chose dans son attente. Elle le sentait. Cela avait conduit à ce que le trajet jusqu’au lieu de la soirée se déroule dans un silence étrange. En arrivant devant la bâtisse, Joy avait toutefois pris la main de Roni dans la sienne, comme au bon vieux temps, la laissant l’entrainer à l’intérieur. « Et du coup, tu m’as dit que c’était chez qui ? » lui glissait-elle alors que les deux jeunes femmes se glissaient à l’intérieur de la maison, se frayant un passage au milieu des personnes déjà présentes.

j'avais complètement oublié. j'ai aucune excuse. vraiment aucune. ce week end je devais voir joy, c'était prévu qu'elle vienne dormir à la maison. ça fait un moment qu'on s'est pas vues rien que toutes les deux et on avait organisé ça. sauf qu'entre temps on m'a proposé une soirée, que j'ai pas pu dire non et voilà... on se retrouve à ce week end où j'ai promis d'aller à une fête et où joy doit débarquer. j'ai pas eu le courage de prévenir ma meilleure amie avant qu'elle ne débarque devant la porte. enfin c'est surtout que j'ai eu trop peur qu'elle refuse de venir si elle l'avait su avant. je sais ça fait un peu traquenard mais j'ai vraiment envie de passer du temps avec elle. elle me manque joy. même si ne pas la voir a su calmer quelque peu les envies et pensées un peu déplacées que j'avais pour elle. enfin, ça, c'était avant de la revoir. lorsque j'ai ouvert la porte, je suis certaine que mon coeur a loupé un battement. et ça me gonfle. je sais qu'elle est plutôt ouverte d'esprit parce qu'elle a deux mamans. mais ça ne fait pas d'elle une lesbienne. et elle a jamais montré qu'elle était intéressée par les nanas. ni par les mecs. je crois que joy s'en fout pour le moment. j'dirai bien que je vais attendre mais la patience ça n'a jamais été mon truc quoi. puis pour le moment je dois lui annoncer pour la soirée. ça se passe en douceur mais je vois la déception sur son visage. et je suis un peu déçue aussi. mais bon, on fait abstraction l'une comme l'autre et on se prépare pour la soirée. et nous voilà devant la maison dans laquelle se déroule la soirée. la main de joy se glisse dans la mienne et je souris doucement, le rouge me montant aux joues. heureusement que je me suis un peu maquillée. ça se voit moins. puis le fait qu'il soit tard et que la nuit soit tombée également. en gros on voit pas grand chose. et ça m'va très bien. j'entre avec elle en saluant des gens un peu à droite et à gauche. " et du coup, tu m’as dit que c’était chez qui ? " je fais mine de réfléchir tout en l'entraînant vers le bar. " shelby. tu pourras pas la louper, une blonde toujours habillée en rose... en gros une barbie. mais elle est très gentille et je suis en binôme avec elle pour un projet alors voilà. " en gros j'ai pas trop le choix. " tu veux boire quelque chose ? " je sais même pas si y'a du sans alcool mais bon y'a de quoi faire si on se donne la peine de chercher. " ou danser ? ou les deux. " je suis prête à tout pour qu'elle passe une bonne soirée.

L’excitation des retrouvailles était quelque peu retombée depuis que Roni lui avait annoncé qu’il leur fallait se mêler à la foule, se glisser dans une soirée remplie de personnes que Joy ne connaissait aucunement. Ce n’était pas ainsi qu’elle s’était imaginée passer du temps avec sa meilleure amie, la questionner sur ce qu’elle devenait et lui racontait sa vie. Non, là, elle avait l’impression d’être un simple élément ajouté dans le décor de sa nouvelle vie. Un souvenir auquel Roni se raccrochait tout en cessant d’y prêter attention dans le même temps. C’était assez étrange et Joy n’était pas à l’aise avec ça. Cependant, la blonde était prête à faire l’effort, pour sa meilleure amie. Elle se laissait d’ailleurs entraîner en direction du bar par la Reynolds, alors qu’elle continuait d’attendre une réponse à sa question. « Shelby. Tu pourras pas la louper, une blonde toujours habillée en rose... En gros une Barbie. Mais elle est très gentille et je suis en binôme avec elle pour un projet alors voilà. » Prénom inconnu, description qui ne lui disait rien. Visiblement une nouvelle connaissance de Roni. Mais sa dernière phrase laissait entendre qu’elle n’avait pas tellement d’autre choix que de se plier aux volontés de sa camarade. Bon, admettons, Joy pouvait le comprendre. « Tu veux boire quelque chose ? » lui demandait finalement la Reynolds, se mettant à jouer les parfaites hôtesses de maison. « Ou danser ? Ou les deux. » Le regard de Joy glissait un instant là où d’autres adolescents de leur âge s’étaient déjà mis à bouger en rythme avec la musique – non, la blonde ne parvenait pas à appeler ça de la danse. « Je crois que je vais commencer par prendre un verre. Pour la danse, on verra ça plus tard. » Se tournant de nouveau en direction du bar, elle parcourait les bouteilles du regard. Il y avait tout un tas de choses différentes. Et si son regard fut rapidement attiré par les bouteilles contenant les boissons sans alcool – thé glacé, cola et même de l’eau à l’autre bout de la table –, elle ne tardait pas à s’en détourner. Ce soir-là, elle avait besoin d’alcool. Exactement, ce n’était pas une envie, mais un besoin. « Je dirais que ça fera l’affaire. T’en veux une aussi ? » Elle se penchait pour se saisir d’une bière, ne tardant pas à proposer la même chose à Roni. « Il paraît que ça aide à se décoincer. Exactement ce qu’il me faut au milieu de tous ces inconnus. » Sa voix pourrait être teintée d’amertume, mais à vrai dire, son timbre était plutôt résigné. En attendant que Roni se décide sur ce qu’elle souhaitait boire, Joy ne tardait pas à décapsuler sa bouteille afin de la porter à ses lèvres.

" je crois que je vais commencer par prendre un verre. pour la danse, on verra ça plus tard. " je la suis jusqu'à la table où les boissons sont entreposées et regarde un peu ce qui est proposé, tout comme elle. " je dirais que ça fera l’affaire. t'en veux une aussi ?  " un bière, voilà ce qu'elle veut et qu'elle me propose. " il paraît que ça aide à se décoincer. exactement ce qu’il me faut au milieu de tous ces inconnus. " et merde j'ai quand même l'impression qu'elle m'en veut un peu. elle décapsule sa bouteille avant que je n'ai pu donner ma réponse mais je finis par sortir de ma gêne. je hoche la tête et tends la main. " ouais la même chose ça ira. " j'attrape la bouteille et une fois ouverte, j'en prends de grandes gorgées. " promis on passera une soirée toutes les deux la prochaine fois. " je lance un sourire timide avant que les filles de ma classe ne débarquent. les plus gentilles donc ça va. je les présente rapidement à joy, je lui ai parlé de certaines d'entre elles d'ailleurs. elle peut enfin mettre un visage sur les prénoms. même si je lui ai montré des photos, ce n'est pas pareil. y'en a qui veulent danser et puis y'a celles qui préfèrent rester sur le canapé qu'on a rejoint. pilar me tend la main pour que je la rejoigne sur la piste de danse et je la suis après m'être assurée que joy était toujours bien entourée. il est hors de question de léser ma meilleure amie. je connais pilar depuis un an, elle a rejoint le lycée en cours de route. elle est marrante, un peu décalée. unique en son genre. et j'ai bien compris qu'elle était intéressée par les filles. elle a du comprendre que moi aussi parce que c'est pas la première fois qu'elle est comme ça avec moi. tactile, joueuse. mais je dois avouer que ça me plait bien aussi. c'est simple avec elle et au bout de deux bières et d'une musique entraînante je la laisse passer ses mains autour de mon cou et pose les miennes sur ses hanches. je me fiche que les autres sachent que je suis attirée par les filles aussi. certaine le savent déjà et puis les autres je m'en fiche que ça leur plaisent pas. alors lorsque pilar m'embrasse, je ne la repousse pas. je réponds même à son baiser jusqu'à ce que la musique ne change et que le rythme nous oblige à nous séparer. je lui souris et commence à tilter que la musique qui commence c'est une chanson qu'avec joy on adore toutes les deux. alors forcément je la cherche des yeux. mais... elle n'est plus là. je fronce les sourcils, abandonne pilar sur la piste de danse et retourne vers le canapé où mes amies sont installées. " elle est où joy ? " elles haussent les épaules, j'entends parler de frank, un petit con de ma classe et ça ça ne me plait pas. et j'ai beau chercher des yeux, je ne les vois pas. la partie de cache cache commence...

Avec un peu d’alcool et après avoir été présentée aux amies de Roni, la Kelley-Moore commençait à changer d’opinion sur cette soirée. Peut-être que ça avait été une bonne idée, finalement. Ça permettait de passer du temps ensemble en changeant un peu de ce qu’elles avaient l’habitude de faire. Et au moins, elle pouvait rencontrer les nouvelles amies de la Reynolds, se positionnant au même plan qu’elles. Elle n’avait pas été remplacée, c’était simplement que sa meilleure amie s’était faite de nouvelles connaissances. Cependant, Roni semblait prendre un malin plaisir à lui donner tort. Une nana sortait de nulle part pour l’inviter à danser et voilà que la Reynolds s’en allait, laissant Joy sur le carreau. A partir de ce moment-là, la Kelley-Moore décrochait totalement de la conversation qui se jouait sur le canapé. Rien n’avait plus d’importance. Elle se levait pour aller chercher une seconde bière sans que son regard ne dévie un seul instant de la piste de danse. Elle sentait son estomac se tordre. C’était un sentiment complètement horrible, dévastateur. Pourtant elle ne pouvait pas être jalouse. C’était mal et elle n’était jamais jalouse, pas vrai ? Mais au fond d’elle, elle savait que c’était ce feu qui la rongeait. Alors qu’elle s’appuyait contre le mur, buvant sa nouvelle bière à même le goulot, un jeune homme venait l’aborder. Finn. Ou Frank. Peut-être même Fabian. Au fond elle s’en fichait, elle ne l’écoutait pas. Joy lui demandait même de décaler alors que celui-ci se plaçait face à elle, lui cachant la piste de danse. Elle avait besoin de voir, ce n’était pourtant pas bien compliqué à comprendre. Cependant, ce qu’elle voyait ne lui plaisait pas. Alors que Roni et la pétasse – oui oui, dans sa tête Joy appelait ainsi l’inconnue – se rapprochaient, la Kelley-Moore acceptait finalement le verre de vodka que lui tendait le jeune homme face à elle. Rapidement, son esprit devenait confus, la tête se mettait à lui tourner. Mais ça ne l’empêchait pas de discerner clairement ce qui se passait sur la piste de danse. La pétasse se penchait vers Roni pour lui voler un baiser. Pas tant volé que ça d’ailleurs, puisque la Reynolds ne tardait pas à le lui rendre. Vision insoutenable à laquelle Joy souhaitait se soustraire de toute urgence. « Hm, tu disais que tu voulais me montrer quelque chose ? » Un sourire se dessinait sur le visage du jeune homme qui n’avait pas l’air de vouloir la chercher. Au moins, il allait servir à quelque chose. « Ouais, suis-moi. » Il lui avait susurré ça à quelques centimètres de son oreille, comme un secret. Joy hochait la tête, laissant sa main se glisser dans celle du jeune homme alors que celui-ci l’entrainait vers le couloir. Ensemble, ils grimpaient la volée de marches, jusqu’à arriver au niveau des chambres, sur le palier supérieur. Il ouvrait la porte d’une pièce, l’invitait à entrer à l’intérieur. Insouciante, Joy pénétrait dans la pièce, sans se douter que le jeune homme allait se jeter sur elle quelques secondes plus tard. Ses lèvres venaient capturer les siennes, sans que la Kelley-Moore ne parvienne à faire quoi que ce soit pour l’en empêcher. En fait, l’alcool aidant, peut-être même qu’elle lui rendait son baiser. Ou peut-être pas. Les choses allaient trop vite, ses pensées étaient confuses. Mais si Roni pouvait aller embrasser la première pétasse qui passait, peut-être bien que Joy pouvait embrasser le premier connard aux alentours. Qui est-ce que ça allait déranger ? Certainement pas la Reynolds, la blonde en était convaincue. Cependant, alors que les lèvres du jeune homme déviaient et venaient embrasser son cou, alors que dans le même temps, ses mains venaient se glisser sur les hanches de la jeune femme, l’emprisonnant dans ses mouvements, Joy sentit que quelque chose clochait au fond d’elle. Elle n’en avait pas envie. Pourtant, lorsque le jeune homme la fit basculer sur le lit, la Kelley-Moore était incapable d’opposer la moindre résistance. Elle se laissait faire, allait même jusqu’à capturer les lèvres de ce garçon à son tour, tandis que les larmes inondaient ses yeux. Elle en avait besoin pour oublier ce qu’elle avait vu, quelques minutes plus tôt.

je ne comprends pas où elle a bien pu passer. je n'ai pas l'impression de l'avoir qutité très longtemps mais visiblement suffisamment pour qu'elle s'échappe de la pièce avec frank. et ça, ça ne me plait pas. frank c'est juste le petit con prétentieux qui veut juste coucher avec toutes les nanas qu'il croise. il a bien tenté de me draguer. même d'aller plus loin. lourd, beaucoup trop lourd. et si j'ai pu résister, je ne sais pas s'il sera de même avec joy. puis j'ai pas franchement envie qu'il la touche quoiqu'il arrive. malgré tout ce que j'ai pu dire, me dire, joy c'est... bah j'arrive pas à ne pas y penser. ça me fait chier parce que ça ne pourra jamais être quelque chose de réel mais voilà... elle n'aime pas les filles enfin j'crois pas. puis elle n'a jamais montré aucun intérêt pour moi alors bon. je crois que j'ai surtout peur qu'elle me repousse et que ça mette à mal notre amitié. je ne veux pas la perdre. je ne peux pas la perdre. c'est pas possible. et l'alcool que j'ai bu ne m'aide pas à rester calme. je parcours la maison en long, en large, en travers. je ne la trouve pas. et personne ne la connait ici alors c'est compliqué de demander si on l'a vu. je n'ai pas le choix, je dois continuer à ouvrir toutes les portes. je ferme les yeux sur certaines chose que je n'aurai jamais du voir mais je me dis à chaque fois que la prochaine porte que j'ouvrirai pourrait déboucher sur frank et joy dans la même position. ça me force à accélérer le pas, à ne pas m'arrêter. j'hurle son prénom comme je peux, par dessus la musique. sans être certaine qu'on puisse m'entendre mais c'est libérateur. ça m'aide. et puis la porte du fond, à l'étage. je l'ouvre et me retrouve face à un spectacle qui me fait monter la bile aux lèvres. je suis prête à les laisser hein, j'suis pas là pour déranger après tout, joy fait ce qu'elle veut... mais ce n'est pas ce qu'elle a l'air de vouloir. son visage n'est pas serein et l'autre abruti au dessus semble avoir les mains trop baladeuses pour que j'arrive à me contenir. " dégage ! " je m'approche de lui et le pousse pour qu'il s'éloigne. on ne peut pas dire que je sois la nana la plus forte du monde mais une force que je ne soupçonnais pas m'apparaît alors. " frank casse toi ! " l'abruti avec la bosse dans le pantalon me dévisage hilare. " bah quoi roni, tu veux te joindre à nous ? " je grimace et indique la sortie. " sors de là toute de suite ! " rire encore. " m'oblige pas à aller prendre le micro pour raconter à tout le monde l'histoire d'halloween. tu sais bien qu'on va me croire. " loin d'être une commère, on a plutôt tendance à me faire confiance. et c'est à son tour de grimacer. mais il finit par capituler. " parfait, j'vous laisse entre vous les gouines. " mais quel abruti celui là. mais pas le temps de m'attarder là dessus que je referme la porte derrière lui et la verrouille au cas où il lui prenne l'idée de revenir. avant de me diriger vers le matelas. vers joy. " hey ça va ? il ne t'a pas fait de mal ? " je ne pense pas enfin je ne crois pas. mais ses yeux perlés ne sont pas là pour me rassurer.

Les larmes roulaient sur ses joues et pourtant, elle se laissait faire, ne cherchait pas un seul instant à se débattre. Le contact des lèvres du jeune homme sur sa peau la rendait nauséeuse, mais elle n’en avait que faire. Parfois, utiliser le mal pour lutter contre le mal était la meilleure solution possible. Peut-être que ça l’aiderait à oublier ce qu’elle avait aperçu au rez-de-chaussée, sur la piste de danse. Si elle pouvait l’oublier ne serait-ce que quelques instants, alors c’était tout ce qu’elle demandait. Les mains du garçon se faisaient aventureuses sur son corps et Joy ne put retenir un gémissement de détresse. Cependant, cela ne semblait pas l’arrêter. Elle n’en revenait pas de savoir qu’elle allait laisser les choses se passer ainsi. Pourtant, alors que ses lèvres quittaient celles du jeune homme et que la Kelley-Moore tournait son regard vers la porte, elle vit quelque chose qui lui fit complètement perdre pied. Alors que son regard se posait sur Roni, elle fut incapable de retenir ses larmes plus longtemps. Celles-ci se déversaient en cascade sur ses joues rougies par la gêne. Pinçant les lèvres, Joy se détournait, incapable de soutenir le regard de sa meilleure amie plus longtemps. Elle la revoyait sur la piste de danse, pendue aux lèvres de l’autre inconnue au bataillon. Et elles se revoyaient, toutes les deux dans cette pièce, avec ce garçon positionné entre les jambes de la Kelley-Moore. Tout cela était terriblement gênant, dérangeant. A vomir même. Et Joy devait prendre sur elle pour retenir les sanglots qui menaçaient de s’échapper. « Dégage ! » pestait Roni. Et la Kelley-Moore mit quelques instants à comprendre que ce n’était pas d’elle qu’elle parlait. Complètement perdue, elle se raccrochait à ce qu’elle entendait, aux informations qui lui parvenaient. Mais tout semblait tellement lointain que ça en était perturbant. « Frank casse toi ! » Un vent de soulagement s’abattait sur Joy alors qu’elle comprenait que Roni prenait le contrôle de la situation. Elle écoutait ce qu’il se passait près d’elle sans réellement le faire. Percevait les sons plus qu’elle n’entendait les bruits. Sa meilleure amie s’approchait, s’évertuait à chasser le jeune homme qui ricanait comme si tout cela était drôle. Pourtant, Joy n’avait aucune envie de rire. La libération apparaissait lorsque Frank passait enfin à la porte et que la Kelley-Moore osait finalement se redresser pour s’asseoir au bord du lit. Toujours en fuyant le regard de son amie. « Hey ça va ? Il ne t’a pas fait de mal ? » Elle avait un ton prévenant et pourtant, la gorge de Joy se serrait un peu plus à ces mots. Non, Frank ne lui avait fait aucun mal. C’était Joy qui avait voulu se faire mal, parce que Roni l’avait heurtée quelques instants plus tôt. « Non, ça va. Je l’ai cherché en plus. Mais merci de m’avoir sortie de là. » Parce que même si cela l’aurait aidé à oublier un temps soit peu ce qui s’était produit, elle l’aurait regretté par la suite. Elle le savait. « J’ai juste disjoncté un peu. Désolée. » De l’avoir empêchée de continuer ses petites affaires avec l’autre garce. De l’avoir forcée à voir ça. D’être une aussi mauvaise amie. Joy s’accablait de reproches et forcément, elle se mettait à fondre en sanglots. Cherchant le réconfort de Roni, elle se tournait vers son amie, venait quémander un câlin en tendant les bras dans sa direction. Elle avait besoin de se blottir tout contre elle.

je suis hors de moi. la colère, la tristesse, la peur, le dégoût. y’a à peu près tout ça qui se mélange dans ma tête, mon ventre et mon coeur. tout ce que je veux c’est qu’il dégage de là. qu’il dégage de ma vue. et si il faut que je le menace pour ça, je le ferai. c’est ce que j’ai fait. et il est parti. après m’être assurée que la porte était fermée et complètement close, je retourne vers le lit, vers joy. j’ai besoin de savoir si elle va bien. ” non, ça va. je l’ai cherché en plus. mais merci de m’avoir sortie de là. “ j’aime pas forcément entendre ça. qu’elle l’a cherché. c’est n’importe quoi, elle ne peut pas l’avoir cherché en ayant eu les larmes aux yeux comme ça. ” arrête c’est pas vrai… “ c’est dingue qu’elle puisse penser ça. elle n’est pas responsable des actions de cet abruti qui pense plus avec sa bite qu’avec sa tête. surtout lorsqu’il a bu. ” j’ai juste disjoncté un peu. désolée. “ je secoue la tête de gauche à droite comme pour balayer ses excuses parce que pour moi elles ne sont pas nécessaires. je la regarde sans savoir quoi faire, même si c’est très bizarre. joy c’est ma meilleure amie et pourtant les sentiments que j’ai pour elle m’empêchent de réagir normalement. j’aimerai la prendre dans mes bras, lui dire que tout va bien. j’aimerai effacer la trace des lèvres de l’autre abruti sur celles de la blonde. gommer toutes les marques qu’il a pu lui faire sur son corps avec des caresses. alors lorsqu’elle tend les bras vers moi, je n’hésite pas une seule seconde pour venir m’asseoir sur le lit et la serrer contre moi. je place l’une de mes mains dans son dos et l’autre dans ses cheveux. ” c’est qu’un con t’en veux pas pour ça. c’est pas toi qui a disjoncté, c’est lui. il veut juste se taper toutes les nanas de la terre alors qu’il est gay. c’est ridicule. “ c’est ce qu’il m’avait confié le soir d’halloween. jamais je m’en servirai contre lui, sauf si c’est nécessaire. comme là. ça l’était. mais je ne sais pas si je serai allée jusqu’au bout. très certainement pas. en tout cas ça a suffit à le faire fuir. ” t’en fais pas. mais t’es sûre qu’il t’a pas fait mal ? “ j’crois que je veux m’en assurer avant tout. alors je place mes mains de chaque côté de son visage et plonge mon regard dans le sien. comme pour y déceler toute forme de mensonge.

Les bras tendus vers son amie, Joy attendait que Roni vienne la sauver de ses démons. Ses yeux encore humides se mettaient à briller un peu plus alors qu’ils accrochaient les prunelles de la brune. Court échange qui lui réchauffait le cœur d’une drôle de façon, avant que la Reynolds ne vienne la prendre dans ses bras. La blonde venait se blottir contre elle, enfouir son visage dans la cou de son amie. Présence chaleureuse, réconfortante, qui agissait comme une pommade sur ses blessures nouvelles. Cette étreinte, elle en avait rêvé. Dans d’autres circonstances, évidemment, mais la finalité restait la même. Elle s’imprégnait du parfum de Roni, se laissant envahir par son odeur réconfortante, qui était toujours parvenue à la mettre en confiance. « C’est qu’un con t’en veux pas pour ça. C’est pas toi qui a disjoncté, c’est lui. Il veut juste se taper toutes les nanas de la terre alors qu’il est gay. C’est ridicule. » lui glissait la brune, tout près de son oreille. Joy laissait échapper un léger rire, à mi-chemin entre la sincérité et la gêne. Peu importait ce qu’il était vraiment, ce n’était pas elle qui allait lui jeter la pierre. Elle était complètement perdue dans ses sentiments et ses envies. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle voulait Roni auprès d’elle. « T’en fais pas. Mais t’es sûre qu’il t’a pas fait mal ? » La Reynolds continuait de la rassurer avant de finalement se reculer, saisissant le visage de Joy entre ses mains. Alors qu’elle sentait les paumes de sa meilleure amie contre sa peau, la Kelley-Moore ne put réprimer un frisson. Il lui parcourait son échine de bas en haut avant de s’échouer dans son cœur comme une explosion de confettis. « Je… Non. Ouais. J’en sais rien. » Elle ne parvenait pas à réfléchir. Ses yeux descendaient irrémédiablement vers les lèvres de Roni, dont ils ne parvenaient à se détacher qu’à grande peine. « Mais… Il y a bien quelque chose qui… » Pourrait lui permettre d’aller mieux. Cependant, Joy n’eut pas le temps de finir sa phrase. L’envie était trop grande : elle fondait sur les lippes de la brune, laissant leurs deux bouches se rejoindre dans un baiser sincère. Elle avait l’impression que son cœur battait dans ses lèvres, alors qu’elle sentait enfin la peau de Roni contre la sienne. Sûrement parce que c’était réellement le cas. La blonde finissait par reculer, fermant les yeux alors qu’elle posait son front contre celui de la brune, profitant de cet instant hors du temps, que sa raison n’était pas parvenue à réfréner. « Merci. » finissait-elle simplement par dire. Parce qu’elle avait beau se le cacher, il était évident qu’elle avait rêvé de ce moment. Qu’elle n’avait pas été jalouse de voir Roni avec cette inconnue sans aucune raison. Son cœur ne battait que pour elle.

la seule chose qui m'importe là c'est de savoir si elle va bien. j'ai besoin d'être certaine, j'ai besoin d'être rassurée. qu'elle me rassure et qu'elle m'assure qu'il ne lui a pas fait de mal. alors j'attrape son visage, je l'oblige à me regarder, à me faire face et surtout à ne pas me mentir. elle n'a pas à le protéger s'il l'a blessé. on s'en fout de lui. seule joy compte. seule joy a toujours compté... mais ça c'est un autre débat. " je… non. ouais. j’en sais rien. " donc en fait là je ne sais pas si elle en a conscience mais elle ne m'aide pas à me sentir mieux là. et son regard qui fuit le mien également. elle regarde... mes lèvres ? non c'est moi qui hallucine, je dois avoir trop bu. " mais… il y a bien quelque chose qui… " elle se stoppe dans ses paroles. quelques instants, quelques secondes. peut être même moins que ça. je ne calcule plus le temps qui passe, le temps qui s'est écoulé entre ces paroles et le geste qui a suivi. parce que ce geste m'a figé sur place. ces lèvres contre les miennes. ce baiser que je n'ai pas initié alors que j'ai rêvé tant de fois de le faire. non ça ne vient pas de moi, ça vient d'elle. j'ai les yeux écarquillés en premier lieu puis je m'autorise à les fermer pour profiter pleinement de ce qu'elle m'offre. je ne sais pas si ça va se reproduire. j'en doute même réellement. parce qu'elle a bu là, ça doit venir que de là. mais je ne veux pas penser à ça. juste à la douceur de sa bouche, de ce geste. puis ce manque quand elle s'éloigne mais pas bien loin. elle vient poser son front contre le mien et la chaleur de son corps reste dans mon espace vital. tout proche. " merci. " je reste comme une conne face à elle, comme une conne qui n'arrive pas à bouger de peur de briser ce moment ô combien parfait. " de rien... " que je finis par souffler dans un murmure. le reste de la soirée m'est totalement étranger. je ne me souviens pas, je ne veux pas me souvenir. je veux que le dernier instant gravé dans ma mémoire soit ce moment toutes les deux dans cette chambre. histoire de le garder le plus longtemps possible à défaut de ne très certainement jamais le revivre.