you're not welcome (casmeen 1)

Je me suis levée tôt pour aller bosser ce matin, j’essaie de rattraper mon retard. Mes parents avaient été obligés d’engager un mec pour s’occuper de nourrir les chevaux, les panser, nettoyer les box, ce genre de tâches qu’on a pas toujours l’habitude de faire. J’en faisais une bonne partie avant de partir, et j’ai vite retrouvé mes marques. Ecouteurs dans les oreilles, j’essaie de bosser dans la bonne humeur, même si je sens la colère monter chaque fois que je pose mon regard sur la dépendance que j’occupais, et que j’ai le sentiment qu’on m’a volée. Qu’elle m’a volé. Lorsque je passe devant, j’envoie même un coup de pied sur la balle du chien pour qu’elle tape dans la porte, parce que je sais que je détestais quand ma soeur le faisait pour me réveiller. Le chien aboie, et moi je souris, comme une gamine. Enfin, c’est sans compter l’idée qu’elle ne soit déjà plus dans son lit. Mon prochain cours est dans plus d’une heure, j’ai encore le temps de faire quelques trucs. Je m’allume une clope entre deux, finis de ranger la sellerie, et c’est en empruntant à nouveau le couloir que je croise Ismeen, une jument au bout de sa longe. « Tu fais quoi avec Joleen ? » Je me rapproche d’un pas décidé, le visage dur, renfrogné. « J’espère que tu vas pas t’en servir pour tes expériences de truc de psy chelou là !? » J’ai pas cherché à me renseigner davantage, de toute manière, tout ce qui touche de près ou de loin à cette fille, ça me donne de l’urticaire. « Ecoute-moi bien. T’es pas ici chez toi ok ? Mes parents ont déjà été assez gentils de te proposer de rester, avec ton cheval, mais maintenant que je suis rentrée, ça va pas se passer comme tu veux. » Je suis peut-être un peu trop territoriale, je montre les dents, c’est plus fort que moi. « Alors tu fais ce que tu veux avec TON cheval, mais les miens t’y touche pas. » Je récupère la longe de sa main - enfin le terme plus exacte serait ‘arracher’ - et la fusille du regard. « J’espère que j’ai été claire. » Je comprends pas comment Naya arrive à la trouver gentille, juste à la voir, avec son petit air hautain là, j’ai juste envie de lui foutre des claques. Faut qu’elle arrête de se sentir supérieure…

c'est devenu un peu plus agité par ici. depuis quelques jours la soeur de naya est revenue et on peut dire que l'ambiance est devenue plus tendue. vraiment plus tendue. si tout se passe bien avec la plus jeune, on ne peut pas dire que ce soit le cas avec caely. elle est exécrable et me déteste pour une raison que j'ignore. enfin si j'ai compris que la dépendance dans laquelle j'ai élu domicile était la sienne. mais quand j'ai proposé de la lui rendre on m'a dit que non. alors je n'ai pas posé plus de questions que ça. je suis restée et voilà. n'en déplaise à la fox. cet après midi je reçois un couple pour une thérapie et olympe ne suffit pas. j'ai besoin de deux chevaux pour mener à bien la thérapie. chacun le sien, chacun qui apprendra à contrôler sa monture sans hurler, sans être agressifs pour qu'ils comprennent que ça ne sert à rien que de hausser la voix. la jument avec laquelle j'ai le plus d'affinité c'est joleen. elle n'a pas été facile à apprivoiser et il est encore compliqué parfois d'établir le contact. à croire que tout comme sa propriétaire, elle a un caractère de merde. mais j'aime bien les défis et cette difficulté sera d'autant plus utile pour la séance. je dois seulement m'assurer qu'elle va bien aujourd'hui. je ne prendrai pas le risque de la soumettre à ce genre d'exercice si ce n'est pas le cas. mais ça a l'air d'aller. elle s'approche de moi, pose son museau dans ma main et accepte que je la caresse. docile et agréable. parfait. " allez ma belle, on va faire un petit tour. " il fait beau, le ciel est clair, c'est le temps idéal. enfin ... c'était jusqu'à ce que je la croise. " tu fais quoi avec joleen ? j’espère que tu vas pas t’en servir pour tes expériences de truc de psy chelou là !? " un véritable rayon de soleil à n'en pas douter. j'esquisse un sourire malgré l'air peu commode de caely. " bonjour à toi aussi. " elle n'en a définitivement que faire de tout ça, de cette politesse. il n'y a visiblement qu'une seule chose qui compte à ses yeux. " écoute-moi bien. t’es pas ici chez toi ok ? mes parents ont déjà été assez gentils de te proposer de rester, avec ton cheval, mais maintenant que je suis rentrée, ça va pas se passer comme tu veux. " j'ai comme l'impression qu'il lui manque quelques détails là. " alors tu fais ce que tu veux avec ton cheval, mais les miens t’y touche pas. j’espère que j’ai été claire. " la main de laquelle elle m'a arraché la longue toujours suspendue dans les airs, je la laisse retomber sur ma cuisse. elle n'est définitivement pas ouverte au dialogue ça ne sert à rien que je force de ce côté là maintenant. " tes parents ne m'ont pas fait la charité, je paye pour être ici. ainsi qu'olympe. " d'un ton calme hein toujours, l'agressivité est inutile. " j'aurai pu deviner ton caractère rien qu'en apprenant à la connaître. aussi têtue et butée que toi. " et la jument qui hennisse comme pour approuver mes dires. " tu vois. " sans que le sourire ne quitte mes lèvres d'ailleurs, je la fixe du regard. " tu devrais venir voir une séance, tu comprendrais peut être ce qu'il s'y passe. " et si c'est la seule façon pour que joleen soit présente... je veux bien tenter les compromis.

Joleen c’est pas vraiment ma jument, enfin si, par extension ça l’est, c’est sûrement celle que j’ai monté le plus depuis que je suis adolescente, avant que mes parents n’achètent Indra qui elle est réellement devenue ma jument. J’étais la seule à pouvoir l’approcher, la seule à pouvoir la monter. On a toujours eu une connexion rare toutes les deux, mais depuis notre accident, je n’arrive plus à la monter et ça me rend dingue. C’est pour cette raison que j’ai quitté Los Angeles, mais personne n’est au courant de la vraie raison. Ismeen reste calme face mon ton accusateur, et je crois que je déteste ça par-dessus tout. Sa petite gueule lisse de fille calme et posée, on dirait une barbie, parfaite, elle sourit tout le temps, elle a pas d’émotions ou quoi ? Elle est jamais en colère ? Elle me sort par les yeux. J’ai pas l’intention de rester aussi calme qu’elle l’est, je crois même que c’est pire qu’elle ne réagisse pas ou si peu à ma provocation. « tes parents ne m'ont pas fait la charité, je paye pour être ici. ainsi qu’olympe. » Mais qu’est-ce que j’en ai à foutre ? Encore heureux qu’elle paye pour vivre ici, manquerait plus qu’elle soir nourrie logée blanchie. Et puis quoi aussi ? Cent balles et un mars ? « Peut-être, mais en attendant tu utilises nos chevaux pour ton activité et ça ça m’plait pas. » Et bien sûr, ils ont pas eu la bonne idée de me concerter avant, non, évidemment. « j'aurai pu deviner ton caractère rien qu'en apprenant à la connaître. aussi têtue et butée que toi. » De quoi elle parle encore ? Joleen me hennit dans l’oreille et je grimace avant de lui faire les gros yeux. Elle m’aide pas là. Et l’autre qui en remet une couche, mais c’est une conspiration ce matin ? « tu devrais venir voir une séance, tu comprendrais peut être ce qu'il s'y passe. » Je la regarde, suspicieuse. « Et qu’est-ce que j’y gagne moi ? J’m’en fous de tes séances, tout ce que tu vois c’est que tu te sers de nos chevaux et qu’on m’a même pas demandé si j’étais d’accord. Que je sache c’est encore mes chevaux aussi. » Et je sui pas seulement remontée contre elle, mais aussi contre mes parents qui ont vraiment fait comme si j’existais pas depuis deux ans. Joleen joue aux abruties, elle secoue la tête et me fait presque perdre la longe que je rattrape de justesse. Elle serait prête à m’échapper pour aller rejoindre Ismeen et ça ça me plait pas. « C’est pas la première fois que tu l’utilises pour tes expériences hein ? » Oui, j’utilise le terme utiliser parce que je ne connais pas son activité et j’ai pas envie de la connaître.