life is a game. you can be a player or a toy. (jaymeen1)

En ce moment plus que jamais, mon cours de boxe est devenu presque vital. A la base prévu comme étant le lundi, je me suis même inscrite à un cours supplémentaire le jeudi. J’ai vraiment besoin d’extérioriser toute la colère que je renferme depuis que j’ai appris l’adultère de ma femme. C’est dingue que je n’ai rien vu venir pendant un an quand même. Enfin si, j’ai eu des doutes, mais qu’elle a su faire disparaître de par son comportement. Je l’aime, je l’aime toujours mais je lui en veux, et je ne suis pas prête à lui pardonner son écart. J’ai besoin d’avoir la certitude qu’elle ne va pas à nouveau fauter dès que l’occasion se présentera. C’est une belle femme, je sais qu’elle plait et je n’ai jamais eu peur de ça, jusqu’à il y a un mois quand j’ai appris.

Je sors du boulot un peu plus tôt que d’habitude ce soir, je n’ai pas envie de traîner, j’ai l’esprit un peu trop embrumé pour arriver à rester concentrée de 9h à 22h tous les jours. C’est donc en avance que j’arrive à la salle de boxe. Je salue les personnes que je connais et file au vestiaire pour me changer. Je prends mon temps, mais je me dis que je vais prendre un peu d’avance pour m’échauffer avant le cours, sur les machines à l’étage. Un peu de course sur tapis, un peu de rameur, et il est bientôt l’heure de débuter le cours. Je repasse par le vestiaire pour récupérer mes gants et mes bandes, et en ressortant je me heurte à quelqu’un, par maladresse. Je suis dans la lune. « Pardon, je suis désolée je suis pas bien concentrée.. » Je ris un peu , me sentant idiote, et j’espère que je n’ai pas blessé la femme dans qui je viens de rentrer. Et alors que nos regards se croisent, je sens une vague étrange me submerger. C’est fou ce qu’elle me fait penser à ma prof de patinage quand j’étais ado. Enfin ado… un peu plus qu’ado… Je secoue un peu la tête pour chasser ces idées de ma tête et lui offre un petit sourire désolé avant de m’éclipser pour rejoindre la salle où se passera le cours. Je reste bloqué sur l’image de son visage, à moitié camouflé par une écharpe fine. C’est pas le moment de penser à elle, j’avais presque réussi à l’oublier. Je salue mes camarades qui arrivent au compte goutte, Kamel notre prof n’est toujours pas arrivé, et c’est en discutant avec cette nouvelle recrue qu’il fait son entrée, nous présentant alors la nouvelle du cours : Sameen. Bordel de merde. Bor-de-de-mer-de. C’est bien elle alors… Mon coeur bat à toute vitesse, pourquoi ici, pourquoi maintenant ? C’est un signe du destin, qui me remet face à mon premier béguin de gosse, mon premier amour déchu, juste au moment où ça va pas dans mon couple ? Pourquoi ? L’entraînement commence avec un échauffement de cardio, je ne suis pas très concentrée, moins encore qu’à mon arrivée, et Kamel aime bien me taquiner… J’ai bien senti que je lui plaisais depuis le début, mais il sait que je suis mariée. Je ne lui ai pas dit que c’était une femme, j’ignore pourquoi d’ailleurs… Vient le moment des binômes, aujourd’hui on reprend les bases. « Sameen, tu peux aller te mettre en face de Jaymes, la blonde là au fond, elle est pas très en forme ce soir, elle sera pas trop dangereuse pour toi ! » Et ça le fait rire cet idiot. Sauf que je sais pas comment me comporter face à elle, c’est bizarre quand même non ??

Mon emploi du temps est très aléatoire, globalement plutôt chargé, mais je me suis imposée d’avoir un jour où je me réserve du temps pour moi. C’est essentiel si je ne veux pas finir par péter un plomb. J’adore ce que je fais ce n’est pas le problème, mais les gens avec qui et pour qui je travaille en sont parfois un. De toute façon j’ai les nerfs à vif depuis un moment déjà, quand j’ai appris que pour m’avoir mon poste mon mari a donné de sa personne, littéralement. Le pire ? Il trouve que j’en fais toute une histoire alors que c’est plutôt courant dans le milieu et qu’on a rien sans rien. Parfois je me demande sur quelle planète il vit… Celle du showbiz, de l’industrie musicale, et je crois que la coke dont il s’est rempli le nez plus jeune a dû lui ramollir un peu le cerveau. Mais mes sentiments pour lui sont bien présents, ils ne se sont pas effacés avec son aveu malgré ma rancœur. Depuis il dort sur le canapé, ou chez des potes… Ça n’a pas entamé sa bonne humeur à priori et dans le fond c’est ce qui me blesse le plus. Entre les petits gestes qu’il tente pour se racheter, il fait preuve d’une indifférence qui me laisse perplexe. Le jeudi est donc ce jour bénit où je pars plus tôt du bureau pour m’octroyer du temps de loisir. Ayant particulièrement besoin de me défouler et d’extérioriser mes contrariétés, je me suis inscrite à la boxe. Avant j’avais l’habitude d’aller à la patinoire, rechausser les patins et fouler la glace pour me détendre, mais j’ai besoin de faire autre chose, sortir de mes habitudes. On m’a conseillé un club au sud de L.A, réputé comme étant un coin où certains quartiers sont peu recommandable, mais le club a sa notoriété. Soit. Je me suis inscrite, et c’est mon premier cours. Je ne suis pas totalement dans l’inconnu, à l’époque de ma préparation aux Jeux, mon coach physique utilisait la boxe pour me faire travailler mon cardio ainsi que mes appuis. Une initiation bien loin de la vraie pratique de ce sport dont le but reste avant tout l’opposition, le combat. J’arrive un peu en avance pour avoir le temps de me changer et surtout je ne voulais pas être en retard. J’entre dans le vestiaire, entrant en collision avec une jeune femme qui en sort. Elle s’excuse rapidement « Il n’y a pas de mal. » répondis-je. Nos regards se croisent, un bref sourire et là mon cœur s’affole. C’est pas vrai… Jaymes, je suis quasi sûre que c’était elle. C’est pensive que je me prépare, avant de rejoindre la salle où se déroule la séance. A l’entrée je croise le prof, il m’accueille nous discutons brièvement et il m’invite à le suivre, il va me présenter au reste du groupe. Mon regard balaye rapidement les visages en présence, j’adresse un petit sourire et l’entrainement commence. Je m’applique à rester concentrer sur ce que j’ai à faire, évitant soigneusement de regarde vers la blonde que j’ai reconnu. La suite se passera en binôme, Kamel me désigne une partenaire. Jaymes. Bah voyons ! Vas y le destin, fais toi plaisir, ça va pas être bizarre du tout. J’acquiesce d’un signe de tête et me dirige vers elle, dans le fond de la salle. Etrangement je me dis qu’elle pourrait justement être dangereuse étant donné ce sur quoi nous nous sommes laissées… Elle a des raisons de m’en vouloir et moi qui me pensait guérit de mon sentiment de culpabilité et de honte, j’ai tout le loisir de me rendre compte qu’il était seulement enfoui. « Salut. » dis-je avec un petit sourire gêné, c’est extrêmement bizarre comme situation. Pas le temps de bavarder, l’exercice commence, forcément nous sommes toutes les deux un peu déroutées et ça s’en ressent dans notre exécution. Evidemment Kamel le remarque et nous taquine volontiers « Et bah vous faites bien la paire ! Bon Sameen tu as une excuse, c’est une première fois. Mais Jaymes, je t’ai connu plus motivée. » il s’éloigne, je souris, un peu amusée malgré tout « Les probabilités que l’on se revoit dans un cours de boxe à L.A étaient de combien à peu près ? » moi j’en sais rien, j’ai oublié tout ça, l’école n’était pas ma priorité.

La vie parfois nous met devant des situations pour le moins cocasses. Jamais je n’aurai pu imaginer recroiser le chemin de Sameen, mon premier amour, mon premier fantasme, la première femme à m’avoir fait tourner la tête. Je ne pensais jamais la revoir, à vrai dire, j’avais presque oublié sa présence. J’y ai parfois repensé, mais elle ne hante pas mes pensées comme lorsque j’étais plus jeune. Et puis, j’en ai fait du chemin, je suis même mariée à une femme maintenant. Enfin… c’est pas aussi simple que ça mais le chemin est là quoi qu’on en dise. Le pire c’est que la vie s’acharne, et que mon prof me met face à mes anciens démons, me confrontant à me passé en me mettant Sameen comme binôme pour les exercices. Le pire c’est qu’il me taquine. Je lui adresse un regard se voulant noir, mais pas méchant pour autant, et nous poursuivons l’exercice. « Les probabilités que l’on se revoit dans un cours de boxe à L.A étaient de combien à peu près ? » Je ne peux réprimer un léger rire. « Très très minces. Je pense que ça se calcule en 0, 00 quelque chose pour cent. » Comme quoi, on a vraiment la main sur pas grand chose dans notre vie quand on y regarde bien. Le cours n’est pas vraiment fait pour discuter, et puis je n’arrive pas à rassembler correctement mes pensées. Ce n’est qu’une fois fini, et de retour dans les vestiaires que je demande à mon ancienne professeur de patinage : « Ça te dirait d’aller boire un café ? Je suis curieuse de savoir ce que tu fais ici, comment tu vas… » J’ai grandi, changé, mûri, je suis une toute autre femme. Elle en revanche, elle n’a pas tant changé, on dirait que les années n’ont pas eu d’impact sur elle, c’est presque surnaturel. Elle est toujours aussi belle, et ce serait mentir de dire que ça ne me fait rien de la revoir… Sameen accepte et une fois changées, nous quittons ensemble le club de boxe. La situation est particulièrement étrange, j’ai du mal à savoir comment je dois me comporter. « C’est bizarre quand même… » Je ris un peu pour tenter de détendre l’atmosphère. « Tu es à L.A. depuis longtemps ? » Chaque fois que je la regarder, que je plonge mon regard dans le sien, j’ai une espèce de pic au coeur, une réminiscence de quand j’étais gamine et que je la regardais avec les yeux de l’amour…

Les chances que nos chemins se croisent à nouveau étaient minces surtout depuis que j’ai quitté mon boulot d’entraineur, mais que ça se fasse dans un cours de boxe à Los Angeles rend les circonstances de ce bond dans le passé aussi improbables qu’inédites. Si la situation est étrange, nous n’avons pas vraiment le temps d’en discuter, nous ne sommes pas là pour ça. Passé les premiers instants je parviens à me concentrer sur la séance afin d’en profiter au mieux. Retour au vestiaire, Jaymes me propose d’aller boire un café afin de discuter un peu, savoir ce que je suis devenue. La curiosité est réciproque et à vrai dire le fait que ce soit elle qui fasse le premier pas me rassure un peu. Les années ont passées, c’est une adulte, et elle a dû faire du chemin. L’alliance à sa main gauche témoigne qu’elle a quelqu’un dans sa vie, à moins que ça ne soit qu’un accessoire purement esthétique. Pourquoi je pense à cela d’ailleurs ? Je hoche la tête positivement tout en retirant mes gants « Oui, avec plaisir. ». Nous nous changeons et je la suis à l’extérieur du club de boxe, la laissant me guider vers l’endroit où elle souhaite que nous buvions ce café. Je crois que nous avons le même ressenti sur la situation, elle est étrange, nous prend totalement de cours et à la fois j’ai plaisir à la revoir. Peut-être un peu car c’est une opportunité pour moi de me défaire d’une part de culpabilité que j’ai gardé depuis ce jour où elle s’est blessée. Une simple carte de bon rétablissement, c’est tout ce que je lui ai laissé avant de quitter San Francisco pour aller travailler ailleurs. Mon rire se joint au sien, elle me demande depuis combien de temps je suis dans la Cité des Anges « Une petite année. » lui dis-je dans un sourire « Après avoir passé pas mal de temps à beaucoup voyager, ça fait du bien de se poser. » et c’est une ville agréable ce qui ne gâche rien. « Et toi ? » j’ai tout à apprendre de qui elle est désormais, ce qu’elle fait de sa vie. Nous entrons dans un bar, prenons place à une table, et en me retrouvant face à elle dans un autre contexte que celui de la boxe, j’ai tout le loisir de me rendre compte que le temps n’a rien altéré de sa beauté, au contraire, il l’a sublimé faisant d’elle une très belle femme. « Je vais essayer de deviner ce que tu fais dans la vie… » dis-je, en l’observant attentivement « Quelque chose avec des responsabilités… Un poste important. » ça se sent dans son attitude, je ne saurais l’expliquer, et puis je me souviens qu’elle avait de l’ambition ainsi que de nombreuses qualités pour réussir.

Sameen accepte mon invitation. Je me demande même comment j’ai réussi à trouver le courage de lui proposer une chose pareille. J’ai la sensation d’être un peu redevenue cette adolescente impressionnée face à elle, sa prestance, sa carrure, sa beauté. Il faut dire qu’elle n’a pas beaucoup changé, les années l’ont épargnée. Une fois à l’extérieur, je lui avoue mon sentiment, je trouve la situation bizarre, mais je garde pour moi que ce n’est pas désagréable pour autant. Rapidement je lui demande depuis combien de temps elle est dans les parages, la réponse ne se fait pas attendre. Un an. Un an que j’aurai pu la croiser d’ailleurs, mais ça n’a pas été le cas, pas que je sache en tout cas. « Après avoir passé pas mal de temps à beaucoup voyager, ça fait du bien de se poser. Et toi ? » J’en apprends un peu plus, doucement, une petite information après l’autre. « Depuis la dernière fois qu’on s’est vues, à quelques semaines près… » Après ma chute et cette immense déception de n’avoir qu’une carte de bon rétablissement de la part de Sameen, ma mère a compris qu’il fallait qu’on bouge, et Los Angeles a été pour nous un nouveau départ. C’est ici que j’ai fait mes études et que j’ai ‘refait ma vie’.

Nous nous installons dans le café, à une table un peu reculée, et j’avoue que c’est un sentiment grisant. Sameen entreprend de deviner ce que je peux bien faire dans la vie. Je souris, et la laisse m’observer, avant de donner son verdict. « Quelque chose avec des responsabilités… Un poste important. » Je souris de plus belle, et fais une petite moue gratifiante pour saluer son intuition. « Pourtant je suis habillée comme un sac aujourd’hui, si tu m’avais vue en tailleurs avec des talons d’accord, mais là, j’avoue que je dois saluer la performance. » Je ris de plus belle et enchaîne sans tarder. « J’ai fait des études de communication, et quand j’ai perdu mon père y’a un an, il m’a légué son entreprise. Je suis donc officiellement patronne d’une entreprise de pièces automobiles. » Je m’épanouis pas mal dans ce boulot, je crois que à choisir, j’aurai préféré continuer une carrière dans un domaine plus artistique, moins terre à terre. Mais je n’ai que les idéaux d’une carrière rompue avant son apogée, alors je ne peux pas savoir si c’est si bien que ça en avait l’air. « Et toi alors, dis moi… tu donnes toujours des cours de patinage ? » C’était vraiment une passion, une vocation. Je l’entends encore me répéter des mots, des phrases qui m’ont marquées et qui me guident aujourd’hui encore dans mon quotidien. J’aimais sa manière d’imager les choses pour m’aider à me les approprier. C’était une jolie période de ma vie, j’en garde un bon souvenir, même si la déception qui a marqué la fin de ces moments avec elle a longtemps été présente. Aujourd’hui, c’est du passé, je ne lui en veux plus de rien. « Et surtout, pourquoi Los Angeles ? »

Du temps a passé depuis la toute dernière fois où j’ai vu Jaymes. Je pensais d’ailleurs que ce serait sans doute la dernière, j’avais tort. Ce n’est pas un mal. Et puis plusieurs années se sont écoulées depuis cette époque où j’étais son entraineur de patinage. Je ne suis plus tout à fait la même femme, et elle n’est plus une adolescente. Nous n’avons pas réellement beaucoup d’années d’écart, mais plus jeunes elles se voyaient d’avantages. Désormais nous sommes deux trentenaires, Jaymes à ses débuts de la trentaine, moi qui la vois tirer doucement vers sa fin, deux femmes accomplies. Il n’y a plus de rapport d’autorité entre nous, mais un pied d’égalité. Si je suis à Los Angeles seulement depuis une petite année, mon ancienne élève, elle, y habite depuis son accident. Je hoche la tête, je comprends qu’elle ai voulu tourner la page, c’est difficile de voir un rêve s’envoler. Mais je crois qu’elle a réussi à rebondir, pas qu’elle affiche particulièrement des indices extérieurs de richesse, mais je le sens. A son attitude, la manière dont elle a oser me proposer de prendre un café alors que ça n’ai pas la chose la plus simple à faire compte tenues des circonstances de la dernière fois que l’on s’est vu. Je lui fais part de mon observation et apparemment j’ai visé juste si j’en crois son sourire. Elle semble légèrement impressionnée par mon talent de déduction puis m’explique son parcours. Elle avait déjà un charme fou à l’époque, elle n’en a rien perdu, bien au contraire. Je souris « La communication. » je hoche la tête « Je n’ai aucun mal à t’imaginer dans ce domaine. Ni à la tête d’une entreprise d’ailleurs. » je hausse les épaules « Pas besoin de tailleur et de hauts talons pour le comprendre, ton corps parle pour toi. » et le langage du corps est important dans une discipline comme le patinage artistique, la technique est primordiale mais elle n’est rien sans interprétation. Ça a été suffisamment longtemps la partie principale de ma vie pour que je n’ai pas perdu l’œil à tout cela, ça me sert d’ailleurs encore dans mon métier actuel. A moi de faire un petit passage en revue de mon évolution professionnelle « Non j’ai arrêté d’entrainer. J’ai changé de voie il y a trois ans, maintenant je suis attachée de presse. » nos cafés arrivent, je reprends une fois le serveur parti, répondant à sa seconde question « C’est ce qui m’a amené à Los Angeles. Je bosse pour Capital Records, un gros label. Mon mari est musicien, c’était plus facile de s’installer ici. » je me mets à rire « Autre mise à jour donc, je me suis mariée il y a cinq ans. » j’ai évidemment remarqué la bague à son annulaire gauche. D’un regard je désigne sa main « Toi aussi ? » il n’est pas impossible que ça soit seulement un bijou ordinaire et non une alliance, mais j’en doute… En tout cas elle a au moins quelqu’un dans sa vie, le flaire, encore une fois. Ou peut-être est-elle bien trop belle pour être libre ?

« Je n’ai aucun mal à t’imaginer dans ce domaine. Ni à la tête d’une entreprise d’ailleurs. Pas besoin de tailleur et de hauts talons pour le comprendre, ton corps parle pour toi. » Mon corps parle pour moi ? Qu’est-ce qu’elle veut dire exactement ? Et pourquoi je sens mes joues rosir un peu ? Il faut que je me calme. On respire. Je tente un sourire, un peu maladroit. A moi de poser les questions. C’est évident que j’ai un peu de mal à l’imaginer faire autre chose, elle était tellement gracieuse sur des patins… Mais elle me dit qu’elle a arrêté d’entraîner. C’est dommage, mais si c’est un choix délibéré alors ça va. Elle est attachée de presse. Etonnant ! J’ouvre un peu plus grand les yeux, surprise, mais lui souris. « Oh c’est marrant, je t’aurai vue faire plein de trucs, mais j’aurai jamais pensé à ça. » Nos cafés arrivent et je ne tiens pas plus longtemps pour lui demander pourquoi elle a choisi Los Angeles, finalement. Elle m’annonce travailler pour un gros label de musique, même si je ne suis pas dans l’industrie, je connais de nom. Elle parle de son mari. J’avais remarqué l’anneau à son annulaire, ce n’est donc pas véritablement une surprise. « Autre mise à jour donc, je me suis mariée il y a cinq ans. » Je lui souris et me contente d’un hochement de tête. J’ai un léger pincement au coeur, que je ne trouve pas du tout justifié, mais comme quoi, le coeur a ses raisons que la raison ignore. Elle me demande si je le suis aussi, ce qui me fait baisser le regard sur ma main, et cette bague que je fais tourner légèrement autour de mon annulaire. « Oui. Enfin… c’est un peu compliqué ces derniers temps… » J’esquisse un sourire un peu triste et hausse les épaules. « Qui a dit que les relations de couple étaient faciles hein ? » Un léger rire franchit la barrière de mes lèvres et je viens entourer mes mains autour de ma tasse. « C’est fou, j’aurai jamais pensé qu’on se recroiserait un jour. Mes patins sont encore dans mon armoire, chaque fois que je les vois je pense à toi. » Je lui offre un sourire chaleureux et ajoute sans tarder. « Et oui, je t’en ai voulu longtemps, mais de l’eau a coulé sous les ponts, j’ai grandit, arrêté d’en vouloir à la Terre entière, et je ne t’en veux plus non plus. Tu avais tes raisons, les choses se sont passées comme elles devaient se passer, et nous voilà toutes les deux mariées aujourd’hui. » Je ris un peu à nouveau, c’est vrai que ça peut être parfois un peu étrange, la vie.

Je ne suis pas surprise que Jaymes occupe une place importante. Elle a toujours eu un truc en plus, du charisme, de la détermination. Même pour le patinage elle avait tout pour réussir, et puis le destin en a décidé autrement, comme il l’avait fait avec moi. J’ai longtemps culpabilisé de ce qui lui était arrivée, et j’ai sans doute raison de l’avoir été, mais c’est du passé, ça me semble presque être une autre vie alors que j’ai face à moi une trentenaire épanouie. Du moins c’est ce qu’elle laisse paraître, cependant je suis bien placée pour savoir que parfois lorsque le vernis se fissure, on découvre des failles insoupçonnées. Evidemment elle s’enquiert de mon actualité professionnelle, c’est dans l’ordre des choses. L’arrêt de ma carrière d’entraineur a l’air de la surprendre, tout comme la nouvelle voie sur laquelle je me suis lancée depuis. Je lui souris, être là où on ne m’attend pas c’est un défi et je m’applique à le relever au mieux. Je dresse un bref résumé de ce qu’est mon présent. Mon boulot pour le label, mon mariage, notre installation à L.A dans le cadre du travail et puis je m’intéresse ensuite à la jeune femme, véritablement intéressée par qui elle est désormais. J’ai vu son alliance, ou en tout cas une bague qui m’y a fait penser, elle confirme être mariée tout en m’avouant rencontrer quelques difficultés de ce côté actuellement. Je secoue la tête à sa remarque, riant avec elle « Certainement pas moi ! » j’ai mon lot de complications à mon mariage moi aussi, en tête de liste mon mari qui n’a pas hésité à donner de sa personne pour m’obtenir un emploi. Rien que d’y penser je ressens un mélange de honte et de dégoût, je chasse tout ça de mon esprit, me concentrant plutôt sur Jaymes. Nous avons le même sentiment quant à ces retrouvailles, elles sont tout aussi plaisantes qu’inattendues. Mon sourire répond au sien, ça me fait plaisir de savoir qu’elle ne m’a pas oublié durant toutes ces années. J’ignore pourquoi, mais le contraire m’aurait peiné. Evidemment après son accident elle m’en a voulu, à juste titre d’ailleurs car malgré le lien que nous avions je suis partie comme une voleuse ou presque. Si dans un premier temps je pense que Jaymes fait seulement état de sa carrière stoppée brutalement et de mon départ, elle fait aussi subtilement allusion à ce qui nous liait. Et peut-être ce lien avait-il prit un peu trop d’ampleur justement. J’ai pris peur, tout simplement. Incapable d’assumer à l’époque d’être attirée par une autre femme et qui plus est une jeune femme que j’entrainais. La différence d’âge se percevait d’avantage, elle était une adolescente et moi un jeune adulte, qui par mon vécu avait une certaine maturité. Notre complicité était évidente, mais nos différences également. « Je m’en suis moi-même voulu de t’avoir seulement envoyé une pauvre carte… Mais je n’avais pas le courage de plus. » je hausse les épaules « J’ai été lâche sur ce coup là et j’ai trainé longtemps ton ombre à côté de moi. Je crois que je n’ai plus jamais été vraiment le même entraineur après cela. » jusqu’à avoir fait le tour et vouloir prendre un nouveau départ. Je bois une gorgée dans ma tasse « Ça serait sympa d’aller patiner ensemble un jour. » je ris légèrement « Juste pour voir à quel point nous sommes rouillées. » me concernant je suis retournée quelques fois sur la glace, juste pour le plaisir.

Elle me rassure quant au fait qu’elle ne dira pas que les relations de couple sont une chose facile. Je ne sais pas si je dois en conclure qu’elle aussi a quelques difficultés dans son mariage, ou alors peut-être qu’elle en a eu dans d’autres relations avant celle-ci, je l’ignore. Mais personne je crois n’a jamais vécu toute sa vie avec quelqu’un sans aucune perturbation dans son couple, c’est tout bonnement impossible. « Je m’en suis moi-même voulu de t’avoir seulement envoyé une pauvre carte… Mais je n’avais pas le courage de plus. » Je m’en suis douté oui, peut-être que j’aurai réagi de la même manière à sa place, je l’ignore totalement. Les choses ne se sont pas passées dans le sens inverse, et je crois intimement que la vie nous met face aux épreuves qu’on est capables d’endurer, même si c’est difficile. Elle se dit avoir été lâche, je n’irai pas jusque là, elle a juste eu peur. Moi j’étais plus jeune, j’avais peut-être moins à perdre qu’elle, et surtout je me sentais vraiment amoureuse. On peut dire tout ce qu’on voudra, assimiler ça à un béguin de gamine, mais mes sentiments étaient là, et il est évident que j’aurai rêvé que les choses se passent autrement. Mais si tel avait été le cas, je n’aurai pas rencontré Bailey. Bref… Sameen m’avoue ne plus avoir vraiment été entraîneuse après moi, et d’un côté ça me fait du bien de l’entendre, que malgré tout elle m’a gardée auprès d’elle quelques temps même si c’était comme une ombre de culpabilité, et de l’autre côté ça me met mal à l’aise de me dire que j’ai pu être la rupture avec cet univers qu’elle aimait tant. « Ça serait sympa d’aller patiner ensemble un jour. Juste pour voir à quel point nous sommes rouillées. » Je ne peux réprimer un léger rire. « Ça fait des années que je ne suis plus montée sur la glace… » Je me mords un peu la lèvre inférieure, imaginant le carnage que ça pourrait être, en même temps, j’ai plus grand chose à perdre, si je me casse quelque chose, je pourrai bosser quand même. « Ce serait sympa oui, ça me ferait plaisir de partager ça avec toi. » Je lui offre un sourire tendre. La retrouver, c’est quelque chose de particulier. Je me suis souvent demandé ce que ça me ferait, si je devais la recroiser un jour. Mais j’aurai pas imaginé pouvoir ressentir ça, comme si on soufflait sur une braise encore très légèrement incandescente, mais presque oubliée. Comme si une petite flamme renaissait au fond, tout au fond de moi. « Et sinon vous avez.. des enfants, des projets ? » Je sais pas trop pourquoi je pose ce genre de question concernant sa vie privée, peut-être juste pour voir où elle en est ? Après tout, elle s’approche de la quarantaine, si elle n’a pas d’enfants c’est soit qu’elle n’en veut pas soit qu’elle ne peut pas en avoir.

Avec ces retrouvailles vient inévitablement mon mea culpa pour la manière dont je suis sortie de la vie de Jaymes. C’était brutal, précipité et maladroit. Lâche, c’est le mot que j’emploie pour qualifier mon attitude, et si la culpabilité a fini par s’estomper avec le temps il n’en reste pas moins que j’aurais dû faire les choses autrement. J’étais un peu perdue, à cause de son accident qui me ramenait à mon propre arrêt brutal de carrière et ces sentiments perturbants à son égard, la sensation d’avoir fait une connerie, tout simplement. Les années ont passées, mais pouvoir lui dire en face combien je suis désolée d’avoir agis comme je l’ai fait me soulage malgré tout. Et c’est tout naturellement que j’émets l’idée que nous pourrions patiner ensemble un jour, comme un rappel de cette époque, même si bien des choses ont changés depuis. Jaymes semble un peu hésitante, le temps passé sans chausser les patins l’inquiète sans doute, je lui souris « Les repères se retrouvent assez vite. » déclaré-je pour la convaincre. Je crois que même sans ce petit argument elle aurait accepté, et je suis ravie qu’elle le fasse, mon sourire qui s’élargit en est témoin. Il y a à cet instant comme un léger moment de flottement, un truc un peu inexplicable, le temps qui s’arrêt une seconde à peine durant laquelle je me perds dans ses yeux en accueillant son sourire avec un sentiment particulier. Mon présent me semble si bancal en ce moment, je trouve dans ce retour dans le passé une nostalgie réconfortante à laquelle me raccrocher. Et pourtant à l’époque, j’étais perdue…
Jaymes me ramène dans le présent, m’interrogeant sur un éventuelle famille fondée avec mon mari, des projets. Je secoue la tête « Nous n’avons pas d’enfants. Jusqu’ici, avant que l’on s’installe à L.A nous avions une vie beaucoup trop chargée et mouvementée pour l’envisager. » nous installer ici aurait pu être le bon moment pour y réfléchir et plus encore, mais les circonstances actuelles ne sont pas du tout en la faveur d’un tel projet. « A vrai dire nous nous sommes vraiment concentrés sur nos carrières respectives. » elles sont très liées, et si je dois beaucoup à mon mari, je suis aussi d’avis qu’il a donné bien trop de sa personne, littéralement. « J’y ai songé quand j’ai arrêté d’entrainer, avant de repartir dans une autre voie… Et puis finalement j’ai préféré mettre en route ma nouvelle carrière. » je hausse les épaules « Maintenant que nous somme posés, ça viendra peut-être. En tout cas la maison que nous avons acheté a plusieurs chambres. » mais ça n’oblige à rien. « Et toi, des enfants ? » dire que je l’ai connu quand elle était encore une adolescente et nous parlons mariage et famille, le temps passe vraiment à une vitesse folle.

C’est à la fois étrange et follement agréable de pouvoir la regarder dans les yeux pendant de longues secondes sans me sentir gênée, sans me sentir obligée de parler. Et puis vient le moment où je cherche une question, pas pour connaître la réponse mais simplement pour l’entendre parler. Sa voix m’a toujours transportée, et je me rends compte que c’est encore le cas aujourd’hui. Elle n’a pas d’enfants. A son âge, c’est assez étonnant, mais ça arrive, plus souvent qu’on ne l’imagine. Elle me parle de leurs carrières respectives qui ont pris beaucoup de place, c’est vrai que pour ça, on ne peut pas lui enlever, Sameen a toujours mis beaucoup d’énergie dans sa carrière, et c’est visiblement encore le cas aujourd’hui. Si c’est cette vie qui lui convient le mieux alors c’est une bonne chose, l’important c’est qu’elle soit en accord avec elle-même. Epanouie. Elle ne le semble pourtant pas en totalité, mais je suis qui pour en juger ? « Maintenant que nous somme posés, ça viendra peut-être. En tout cas la maison que nous avons acheté a plusieurs chambres. » Je lui offre un sourire et hoche légèrement la tête. « D’accord je vois, ce n’est pas une priorité mais la porte n’est pas fermée non plus. » Elle ne tire pas un trait sur la maternité malgré son âge, et je trouve ça bien. « Et toi, des enfants ? » Je lui souris à nouveau et secoue la tête, avant de boire une gorgée de mon café. Une fois ce léger temps de latence apposé, je lui lance, sincère. « Disons que même si on en voulait, ce serait plus long que la normale, et plus compliqué aussi. » Je sens qu’elle est dubitative, en même temps je ne donne pas tous les détails, elle ne peut pas imaginer. « Je suis mariée avec une femme. Alors forcément, les démarches sont différentes. » Je hausse un peu les épaules et souris, tentant un petit rappel à notre passé commun, en espérant ne pas la mettre mal à l’aise. « Ça c’est à cause de toi. » Je la regarde et j’ai l’impression de voir le questionnement dans son regard. « C’est tellement cliché, l’élève qui tombe amoureuse de sa prof, qui se découvre un penchant pour les femmes… » Je ris un peu et hausse les épaules. « J’aurai pu choisir un mec, j’ai eu quelques belles histoires avant Bailey, mais comme quoi, on choisit pas. » Je hausse les épaules légèrement et soupire tout en pensant à notre histoire d’amour légèrement bancale ces derniers temps. « Tu es dispo quand pour aller patiner ? » Sans transition aucune.

Je n’ai pas vraiment envie de m’étaler sur les problèmes actuels au sein de mon couple, mon mariage mit en péril par ma tarée de patronne… A vrai dire j’ai envie de tout sauf parler de ça. Je réponds donc de manière très simple et neutre aux questions de Blake concernant les enfants. Nous n’en avons pas, ça pourrait venir, mais depuis la tromperie de mon mari je doute de lui. Pour Scarlett il a été franc, il n’a pas vraiment eu le choix puisqu’elle se serait fait un plaisir de vendre la mèche, cependant je me questionne beaucoup sur la longueur exacte de mes cornes. Donc effectivement fonder une famille n’est pas dans mes priorités actuelles. Je retourne la question à Jaymes, a priori elle n’en a pas non plus si j’en crois son signe négatif de la tête. Elle me donne une réponse un peu plus précise mais assez évasive pour que je l’invite à poursuivre avec un regard intrigué. Quelle est donc cette difficulté dont elle parle ? Finalement elle m’avoue être mariée à une autre femme, ce qui explique donc les complications pour avoir des enfants. « Oui, forcément. » confirmé-je avec un petit sourire, mais mes sourcils se froncent de perplexité quand elle dit que c’est de ma faute. Je crois comprendre à moitié où elle veut en venir, mon cœur s’accélère un peu quand ses mots confirment ce à quoi elle fait référence. Mon rire se joint au sien, peut-être un peu nerveusement « Un peu cliché oui… Mais c’est comme ça. » c’était bien réel, notre attirance, je la jugeais interdite et si de son côté ça lui a permis de découvrir son attrait pour les femmes, qu’elle assume pleinement, pour moi les choses ont toujours été plus complexes. Jaymes a aussi eu des hommes de passage dans sa vie, mais c’est finalement une femme qui lui a passé la bague au doigt. Je secoue la tête en souriant « Non tu as raison on ne choisit. » les sentiments s’imposent à nous, ce que l’on en fait en revanche est un question de choix. Et à l’époque, la concernant j’avais choisit de fermer les yeux, d’enfouir tout cela, par peur tout simplement. J’allais l’interroger sur la rencontre avec sa femme, mais apparemment la jolie blonde n’a pas plus envie que moi de parler de son mariage, elle me demande quand je suis libre pour que nous allions patiner ensemble. Je hausse les sourcils, agréablement surprise par son enthousiasme « Et bien, demain après-midi ou ce week-end, comme ça t’arrange. » je bois une gorgée de café et ajoute « Si tu es libre demain il n’y aura pas grand monde à la patinoire, ça sera plus sympa d’avoir la glace juste pour nous ou presque. » je pourrais jouer un peu de ma petite notoriété encore existante auprès des vrais passionnés et connaisseurs du patinage pour avoir un accès privilégié mais ce n’est pas vraiment mon style, au contraire de certain(e)s qui use et abuse de leur nom et de leur pouvoir. « Ou la semaine prochaine si tu préfère. » dis-je en haussant les épaules, mais après tout si elle est sa propre patronne elle doit pouvoir s’arranger plus ou moins comme elle le veut.

J’étais pas certaine de lui dire ça comme ça, de but en blanc, que j’étais en couple et mariée avec une femme. Mais c’est arrivé naturellement dans la conversation, et je n’ai pas l’impression que ça la gène plus que ça. Heureusement d’ailleurs, ça m’aurait embêtée que ce soit le contraire. Je ne suis pas à l’aise pour autant de parler de ma femme avec celle qui a été pour moi le déclencheur de mon amour pour la gente féminine. C’est un peu trop bizarre. Alors je change immédiatement de sujet pour ne pas rendre l’ambiance plus étrange encore. Je lui demande quand elle est libre pour aller patiner. Maintenant qu’on en a parlé, j’en ai très envie. Elle me propose directement demain après midi, ou ce week end. « Si tu es libre demain il n’y aura pas grand monde à la patinoire, ça sera plus sympa d’avoir la glace juste pour nous ou presque. » C’est vrai que c’est tentant, même si je suis censée travailler, quand même. Mais c’est beaucoup trop tentant, et c’est vrai qu’elle a raison, il y aurait moins de monde. Je pars un instant dans mes pensées et Sameen m’en sort en appuyant sur le fait que nous pouvons prévoir ça la semaine prochaine, après tout, ce n’est pas pressé. Mais c’est elle qui avait proposé demain en premier lieu, et l’idée me plait plutôt bien. « T’as raison, si on y va ce week end y’aura trop de monde, demain on sera plus tranquilles. Laisse-moi vérifier si j’ai pas de grosse réunion. » Je sors mon téléphone pour vérifier l’agenda, et me mets un rappel pour envoyer un mail à mon assistante ce soir, pour lui dire que je ne serai pas là demain. « C’est bon ! On peut faire ça demain ! » Je lui souris largement, et mon téléphone se met à vibrer entre mes mains. Je soupire et lève les yeux au ciel. « Je suis désolée, je vais devoir filer. Mais… » Je sors de mon sac une de mes cartes de visite, et y inscris au dos mon numéro de téléphone personnel. « Tiens. Envoie moi un sms pour me dire l’heure qui te conviendra le mieux, et on se retrouve demain. J’ai hâte ! » Je suis très enthousiaste à l’idée de passer un peu de temps avec elle, sur la glace qui plus est. Un vrai retour en arrière qui se profile. Je finis par l’abandonner pour répondre au téléphone, avec l’impatience d’être déjà demain.