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heart murmur (sen)
Mer 15 Mai - 22:34
Lumières tamisées dans sa chambre, une lampe de chevet posée stratégiquement fait office de spot. Faut quand même qu'on le voit lui. Tant que son installation de fortune satisfait ses clients, il voit pas de raison d'investir dans du matos de pro — et vu les retours de ces messieurs, il a l'impression que ça fait partie de son charme, ça crée un semblant d'intimité même quand en réalité y a des centaines de gars en train de le mater, chacun derrière son écran. Il aurait pas forcément fait de show ce soir, mais quelqu'un lui a proposé une session privée et il se sent assez partant pour ça. Il reconnaît pas le pseudo, mais il a de plus en plus de fidèles, dont la plupart ne se fait pas connaître, et y a toujours les curieux occasionnels.
Trent commence comme d'habitude, installé en tailleur au milieu de son lit en caleçon et rien d'autre, ça sert à rien, et le laptop un peu surélevé face à lui, posé sur une plaque pour épargner le ventilo — il a déjà cramé son Macbook comme ça. Le temps d'ajuster l'angle et le cadrage, c'est devenu si mécanique que ça ne prend qu'une seconde, et le voilà en ligne, prêt à faire crever d'envie le pauvre type qui pourra pas le toucher. C'est une partie du plaisir pour lui. Il sait pas à quoi s'attendre quand la fenêtre noire de la webcam de son client du soir s'illumine. Il a des chances de se retrouver face à autre chose qu'un visage, ça arrive régulièrement. Y a ceux qui veulent lui parler, apprendre à le connaître un peu, le faire s'intéresser à eux en retour, créer quelque chose, nouer un lien, et puis y a ceux qui sont seulement contents de savoir qu'il n'est là que pour eux et de le voir s'animer comme une marionnette à l'expression de leurs fantasmes. Ils prennent pas toujours la peine d'échanger quoique ce soit, ceux-là, ni de dévoiler leur visage. Alors Trent pense être paré à toute éventualité, et du moment qu'il se retrouve pas le témoin malgré lui d'un crime ou d'un truc dégueulasse rien ne lui fait peur. Mais il se trompe. Il est pas non plus prêt à voir poindre les constellations rousses d'un visage qu'il connaît trop bien. Impossible de s'y tromper. Il ne le voit que tous les jours, à peu de chose de près. Un bonsoir reste coincé dans sa gorge mais il revient assez vite de sa surprise, le O de sa bouche s'étire en un sourire incrédule. « Euh... Sen ? » il demande avec un rire. Il est peut-être moins embarrassé qu'il devrait l'être. Il pense pas que Sen était au courant de ses petits à-côtés, mais Trent n'a jamais eu beaucoup de complexes. Et il arrive pas encore à déterminer la réaction de son coloc mais il préfère dédramatiser, au cas où. « Tu sais si t'as besoin de me parler tu peux juste frapper à ma porte, hein ? » Le ton se veut un brin aguicheur, mais impossible de retenir son sourire, plus fier (et idiot) que gêné par la situation. Il prend rien de tout ça très au sérieux.
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heart murmur (sen)
Sam 18 Mai - 3:30

La solitude laisse une ombre pesante sur ton quotidien, sur tes soirées devenues solitaires. Toi qui aimais sortir, voir du monde, chercher la chaleur là où elle te serait offerte, tu restes à présent à l’écart de toute cette agitation. Bien sûr, il t’arrive encore de sortir avec des amis, mais tu ne t’attardes plus aussi longtemps, tu ne vas plus vers ces inconnus qui attirent pourtant toujours ton regard, par peur de ce qu’ils pourraient te faire subir. Tu as tourné le dos à ses plaisirs charnels qui repoussaient la solitude, qui comblaient tes désirs. Et peu à peu, la frustration s’est installée. Internet est donc apparu comme la seule alternative à ce vide qui se creusait. Sur la toile, tu peux à nouveau flirter avec ces hommes qui ne te laissent pas indifférent, loin de là. Mais lorsqu’ils veulent te rencontrer, tu esquives, tu disparais, tu as toujours une excuse. Seuls les hommes connus par l’un de tes proches peuvent encore te toucher, mais ils sont bien trop rares et le succès n’est pas garanti… Tu gardes encore le souvenir honteux de ce soir où une crise d’angoisse t’a empêché de conclure avec le cousin d’un de tes amis. Il était beau. Peut-être un peu trop beau. Il semblait inaccessible, comme le mec qui t’avait attiré ce soir-là dans ce piège sordide. Et soudain, tu t’es demandé ce qu’il te voulait lui aussi, où pouvait être le piège. Incapable de respirer, tu l’as violemment repoussé avant de finir prostré contre le lit. Après quelques inquiétudes, quelques cris, il a fini par fuir, t’abandonnant à tes angoisses. Tu ne peux pas lui en vouloir de ne pas avoir pu assumer, de ne pas être resté. Il n’était pas là pour te sauver. Il cherchait autre chose et tu pensais être prêt à lui donner. Mais tout est devenu si compliqué… Alors tu te contentes d’images, de vidéos. Et lorsque c’est devenu insuffisant, tu as commencé à chercher des shows privés à la cam. L’argent que tu utilisais autrefois pour sortir, paye à présent des cam boys qui, à distance, te donnent ce contact virtuel devenu nécessaire. Même si tu n’en es pas vraiment fier,  tu n’as rien trouvé de mieux pour satisfaire ton désir contrarié, étouffé par la peur. Caché derrière ton écran, tu te sens protégé. Et ces hommes, au moins, ont une part de réalité qui t’apaisent. Même si le contact humain, les caresses te manquent chaque jour un peu plus.
Ce soir, encore une fois, tu te connectes sur le site. Installé sur ton lit, seulement vêtu d’un boxer, tu fais défiler les profils, jusqu’à ce que l’un des corps exposés attire ton attention. Cette sélection peut sembler malsaine, mais ce n’est qu’une façade, un jeu d’apparence. Ces hommes ne te voient pas vraiment, ils te vendent juste un rêve que tu ne peux plus vivre dans le monde réel. Ils sont devenus des images qui t’apaisent, des sourires qui te rendent fou, le temps d’un orgasme. Ils te sauvent, sans le savoir, d’un isolement qui pourrait devenir trop lourd à supporter. Et, impatient d’avoir ta dose de bonheur, tu cliques un peut trop vite sur l’un d’entre eux, sans avoir le temps de vraiment t’attarder sur son profil. Tu espères juste qu’il sera dispo rapidement, parce que le désir est déjà beaucoup trop présent, beaucoup trop visible pour que tu prennes ton mal en patience. Une impulsivité que tu regrettes instantanément lorsque tu reconnais le visage qui apparaît à la cam. Ce n’est pas un mec random qui est prêt à se déshabiller pour ton plaisir. C’est Trent, ton colocataire, qui occupe la chambre située juste derrière le mur qui te fait face. Paniqué, tu le dévisages, les joues rougies par la gêne. « Euh... Sen ? » Son rire accentue ton malaise et tu baisses instinctivement les yeux pour ne pas regarder son corps à demi nu. Non pas que la vue te déplaise, c’est même plutôt le contraire… Et c’est sûrement ridicule parce que ce n’est pas toi qui te déshabille pour du fric. Mais pour toi, celui qui paye est le véritable pervers, celui qui utilise les autres pour son plaisir. Et à aucun moment, tu ne juges Trent de vendre son image pour le plaisir des autres. « Tu sais si t'as besoin de me parler tu peux juste frapper à ma porte, hein ? » La situation semble beaucoup l’amuser et tu te demandes s’il se moque de toi, ou s’il se contente de te taquiner pour détendre l’atmosphère. Dans tous les cas, tu te sens terriblement con et tu n’arrives pas à paraître détendu ou à en rire, ne serait-ce que pour cacher ton malaise. « Euh… pardon… je ne voulais pas… je n’ai pas vu que… Je n’ai pas fait attention… » Le silence était une meilleure option finalement. Parce que tu ne fais qu’empirer les choses en essayant de te justifier. Qu’est-ce que tu pourrais dire de toute façon ? Tu as payé pour le voir nu, sans parler de ce que tu comptais faire en l’observant… Et c’est une chose de se caresser devant un inconnu, c’est autre chose lorsqu’il s’agit de ton coloc… « Trent… désolé… » Sans réfléchir, tu refermes ton écran, te déconnectant ainsi de la conversation. Honteux, tu ramènes tes jambes contre ton torse, n’osant pas aller frapper à sa porte. Pourtant, tu aimerais lui parler, lui dire que ce n’était pas intentionnel. Mais t’as peur qu’il pense que tu viens chercher autre chose, que tu ne penses qu’à ça depuis que vous avez emménagé ensemble et bien qu’il soit à ton goût et objectivement très sexy, ce n’est pas ton genre de réduire les gens de ton entourage à ce genre de pensée. Au contraire, la présence de Trent dans l’appartement a toujours été un réconfort qui t’empêche de sombrer. Au-delà de sa belle gueule, il ne t'a jamais effrayé, au contraire, c'est son absence qui laisse un vide angoissant.
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heart murmur (sen)
Jeu 23 Mai - 10:10

Il le connaît pas si bien que ça, son coloc. Si Sen n'a pas l'air de sortir beaucoup, Trent n'est parfois qu'un courant d'air de passage à l'appart. Et même quand il est plus présent, ses horaires chaotiques ne sont pas toujours compatibles avec ceux de Sen. Ça fait six mois qu'ils partagent un loyer, mais on peut pas vraiment parler de vie commune. Alors il le connaît pas si bien, mais même en ne vivant qu'à côté l'un de l'autre, en six mois on récolte des indices, on remarque des habitudes et quelques traits de caractère, fussent-ils tracés grossièrement. Que Sen est tout le contraire de lui sur certains points, ça n'a pas échappé à Trent. Le rouquin fait plus attention à Trent que Trent à lui, il a beau être chez lui on dirait qu'il n'ose pas prendre trop de place, Trent a l'impression de vivre avec une petite souris qui pourrait presque se faire oublier. Mais ça en dit peut-être plus long sur l'égocentrisme de Trent que sur son coloc, en réalité. En tout cas ça ne l'étonne pas de voir les joues pâles se colorer à l'écran quand il réalise qui est de l'autre côté de la conversation, ni de l'entendre bafouiller des excuses qu'il ne lui doit même pas. Le sourire goguenard de Trent s'attendrit, mais il a pas le temps d'ouvrir la bouche pour le rassurer que l'autre a déjà disparu. C'est donc définitivement un hasard qui les a mis face à face, et pas des plus heureux apparemment. Dans son occasionnelle vanité, Trent a quand même pris une seconde pour se demander si Sen n'avait pas provoqué la situation parce qu'il n'osait pas lui avouer quelque chose. Chacun ses méthodes douteuses à ce jeu-là, c'est pas Trent qui jugerait. Mais rien de tel, à en croire l'embarras de Sen. Peut-être qu'on le reconnaît pas bien en photo, ou que la petite souris s'est contentée de celles qui offraient un corps sans visage. C'est marrant, se dit Trent en rabattant le capot de son PC, il s'était jamais imaginé que Sen était du genre à considérer d'autres mecs comme des bouts de viande. Y a pas de raison pourtant. La preuve qu'il le connaît pas. À croire qu'il avait même oublié qu'il est humain.

Un peu pensif, ça lui arrive, il enfile un tee-shirt, ça lui arrive aussi, et quitte sa chambre pour se poster derrière la porte de celle de Sen. Il hésite, ça lui arrive pas souvent, puis il baisse la poignée et pousse doucement la porte sans se donner la peine de frapper. Encore un truc que Sen ne lui ferait jamais, probablement. Mais il vient de le quitter virtuellement, y a peu de chance pour qu'il le surprenne dans une situation délicate — ou alors il a vraiment sous-estimé son côté kinky. « Hey... Je peux ? » Maintenant qu'il a déjà un pied dans la pièce. Il entre et repousse la porte derrière lui, sans raison, se tourne vers le lit puis préfère s'approcher de la fenêtre, qui n'offre pourtant pas de spectacle intéressant avec ses stores fermés. Il est pas certain d'être déjà entré ici en présence de Sen. Possible qu'il soit déjà allé lui chiper des ciseaux ou du scotch sans scrupules, par contre. « T'avais vraiment pas vu que c'était moi ? 'fin, peu importe. C'est pas grave hein. » Dans tous les cas. Il sait pas trop si Sen est choqué par ce qu'il fait pour la thune ou s'il a honte de s'être fait griller, en tout cas il a l'air un peu mortifié. Trent s'adosse à la fenêtre et tente un sourire, hausse les épaules. « On vaut pas mieux l'un que l'autre, c'est la vie. » Si ça pouvait suffire à ne pas rendre le prochain petit dèj' en tête-à-tête trop gênant, ce serait bien, mais c'est pas si simple de trouver les mots avec quelqu'un qu'on connaît si peu. Il a pas la moindre idée de ce que Sen recherche sur ce genre de site, à part le plus évident, déjà qu'il a du mal à déterminer ce qu'il y trouve lui-même, parce qu'il est pas sûr que ce soit que l'argent.
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heart murmur (sen)
Sam 25 Mai - 0:37

Certains trouveraient sans doute la situation assez cocasse et ils en riraient sûrement. Mais tu n’es pas de ceux-là. Tu crèves de honte, coincé avec ton érection comme un con, sur ton lit. Mais tu ne veux pas y remédier. Pas maintenant, pas après avoir fantasmé sur le corps de ton coloc. Encore moins maintenant qu’il le sait. Certes, c’était involontaire et si tu l’avais reconnu, jamais tu n’aurais cliqué, jamais tu ne te serais connecté. Mais tu ne peux pas nier que tu ne l’as pas fait au hasard pour autant, que tu le trouvais sexy sans avoir reconnu son visage qui était pourtant visible, si tu avais pris la peine de regarder toutes les photos… Pour qui il doit te prendre maintenant ? Pour un pervers tordu sans aucun doute. Est-ce qu’il voudra encore vivre avec toi après ça ? Tu en es encore à te poser la question, lorsque ta porte s’ouvre lentement, dévoilant le visage de Trent. « Hey... Je peux ? » Surpris, tu ne trouves pas les mots pour lui répondre. Mais ça n’a aucune importance puisqu’il n’attend pas ton avis pour entrer dans ta chambre, refermant derrière lui comme si quelqu’un pouvait vraiment vous entendre, ou quelque chose dans le genre. Même si en réalité, tous les habitants de cet appartement sont déjà réunis dans cette même pièce. Inquiet, tu ne le quittes pas des yeux alors qu’il vient se placer près de la fenêtre. « T'avais vraiment pas vu que c'était moi ? 'fin, peu importe. C'est pas grave hein. » Il sourit, haussant les épaules, comme si ça n’avait réellement aucune importance. T’aimerais être aussi détendu, aussi détaché. Mais pour toi, ce n’est pas aussi simple. Tu as le plus grand mal à poser les yeux sur lui. Bien qu’il se soit couvert, tu gardes un souvenir parfait de son corps dénudé et ce n’est pas du tout le moment d’aggraver ton état en ayant ce genre de pensées. « On vaut pas mieux l'un que l'autre, c'est la vie. » Instinctivement, tu dissimules ton visage dans tes genoux. Parce que tu n’es pas vraiment d’accord sur ce point. Après tout, il n’y a aucun mal à travailler, quel que soit le domaine. L’acheteur, lui, n’y va que pour assouvir son désir malsain. Ton regard cherche le sien. « Non, ça n’a rien à voir. Peu importe ce que tu fais pour gagner de l’argent… Moi en revanche, j’ai juste l’air d’un gros vicieux qui se branle sur des mecs canons parce qu’il n’est pas capable de baiser dans la vraie vie…. » Tes mots sont crus, ils hurlent cette douleur que tu ne parviens pas à extérioriser et qui te ronge depuis trop longtemps. Comment lui dire que tu as peur de rencontrer ces hommes en vrai, que t’es pas capable d’apaiser ton désir comme tu le faisais avant. A présent, tu te demandes toujours pourquoi ils s’intéressent à toi, alors que tu n’as rien de particulier, alors que t’as pas la gueule de l’emploi. Tu cherches le piège, appréhendant une nouvelle agression, comme un gamin effrayé. Il n’y a que sur internet que tu te sens en sécurité, bien caché derrière ton écran. Ce plaisir virtuel ne te comble pas complètement mais il t’empêche d’étouffer. A travers l’écran, il y a quand même un homme qui te sourit, qui essaie de te plaire. Et même s’il est payé pour ça, tu te sens moins seul. Mais si tu le racontais à Trent, il te prendrait sans doute pour un pauvre type. Parce que tu sais que c’est l’image que tu renvoies à présent. Donc non, il n’est pas comme toi. Il vaut beaucoup mieux que toi. « Je t’assure que je n’avais pas vu que c’était toi… ça ne va pas arranger mon cas mais… Je n’ai pas regardé toute les photos avant de cliquer. » Gêné, tu passes tes mains sur ton visage. Baissant un instant ta garde, tu étends tes jambes par habitude, avant de les ramener rapidement contre ton torse. Tu aurais dû faire comme lui et te couvrir un minimum, mais tu ne savais pas qu’il viendrait te voir. Même s’il fallait bien que l’un de vous deux trouve le courage d’éclaircir les choses avant que l’ambiance ne devienne tendue entre vous. « Je ne voulais pas agir comme un con, je suis désolé Trent. Vraiment. » Tu ne sais pas comment te faire pardonner d’avoir tout compliqué. Peut-être que c’était mieux quand t’étais juste le gamin invisible de la chambre d’à côté. T’étais pas foutu de communiquer convenablement avec lui, c’est vrai, mais au moins, t’avais pas l’air d’un déviant sexuel qui piège son coloc pour avoir une sex cam avec lui. Alors t’es pas naïf au point de croire que le sexe est exclu de toute les relations de colocation, mais généralement les deux étaient prévenus et intéressés. Là ça n’a rien à voir… « Je t’assure que je ne prends pas les mecs pour des morceaux de viande. Surtout pas toi… T’es beau, je vais pas mentir là-dessus, ça serait ridicule de n’pas l’avouer maintenant… Mais je te respecte trop pour m’arrêter à ça. J’veux pas que tu partes parce que je suis devenu bizarre. » T’as peur de te retrouver seul, de devoir trouver un autre colocataire alors qu’étrangement, Trent n’a jamais réveillé tes angoisses. Tu t’es habitué à sa présence, même si elle se fait beaucoup trop rare à tes yeux. Mais tu sais que tu ne pourras pas le retenir s’il préfère te fuir. « Avant j’étais pas comme ça… » Mais il n’a pas connu l’ancien Sen. Le musicien solaire au sourire permanent. Ce Sen-là aurait sûrement ri de la situation, il n’avait peur de rien ou presque. Et t’aimerais qu’il soit encore là, Trent l’aurait certainement bien plus apprécié que toi.
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heart murmur (sen)
Mar 11 Juin - 22:08
S'il croyait que sa boutade détendrait Sen, il se foutait le doigt dans l’œil. Encore plus gêné qu'avant, si c'est possible, le visage écarlate disparaît derrière un genou et Trent se retrouve con. Il a jamais été l'ami contre lequel on s'épanche, celui qui offre une oreille attentive et qui trouve les mots qu'il faut. Non pas que ça ne lui arrive jamais de faire preuve d'un peu de compassion, mais il a pas ce genre de relation avec Sen. Il sait même pas ce qui le pousse à se poser la question, à faire cet effort-là. Sans doute la perspective d'une vie commune qui deviendrait trop inconfortable s'il joue la carte de l'indifférence, sur ce coup-là. Il se grattouille l'arrière de l'oreille, ne sachant pas quoi faire de ses mains, de lui. C'est tellement pas son genre de se forcer à endurer une situation dans laquelle il n'est pas à l'aise... Et puis la voix de Sen s'élève et il accepte de croiser son regard, finalement. « Non, ça n’a rien à voir. Peu importe ce que tu fais pour gagner de l’argent… Moi en revanche, j’ai juste l’air d’un gros vicieux qui se branle sur des mecs canons parce qu’il n’est pas capable de baiser dans la vraie vie…. » Trent écarquille les yeux et entrouvre la bouche. Qu'est-ce qu'il est censé répondre à ça ? Il est pas sexologue lui. Putain. Dire qu'il se félicitait d'avoir trouvé un coloc aussi facile à vivre et indulgent que Sen. Ça cachait forcément un truc. Comme ces jambes pressées contre son torse que Sen oublie un instant. Trent détourne le regard pour lui épargner plus de gêne, n'en revenant décidément pas de sa bonté d'âme. « Euh. OK... » Il cherche ses mots, voudrait juste lui dire de pas s'en faire et se réfugier dans le monde familier de sa chambre, mais le rouquin en a gros sur le cœur apparemment.  Au moins autant que dans son caleçon. Non, Trent, c'est pas gentil, dis surtout pas ça tout haut. Il retient un sourire en se forçant à focaliser son attention sur ce que lui dit Sen. Et il se demande ce qu'on lui a fait pour qu'il se fasse un tel sang d'encre pour si peu. C'est peut-être pour ça qu'il peut pas s'empêcher d'avoir envie de le rassurer, y a clairement anguille sous roche. « OK. » Il répète, et il fait tourner sept fois sa langue dans sa bouche plutôt que de balancer une nouvelle gaffe. Concentration.

« J'te prends pas pour un pervers, j't'en veux pas, arrête de paniquer. Pas avec moi, vraiment. Et tu sais, hein, au pire, t'as le droit de lorgner sur un bout de viande de temps en temps, ça arrive à tout le monde, ceux qui te disent le contraire sont des hypocrites. » Et il a peut-être tort mais le ton de sa voix transpire la conviction. Il bosse pour une industrie qui traite quotidiennement les gens comme tels, et s'il n'irait pas jusqu'à se faire l'avocat du diable en affirmant que c'est sain, il va pas non plus se voiler la face. « J'veux mettre ça à plat quoi. Arrête de t'excuser, OK ? » Il est même un brin autoritaire maintenant, jamais le roi de la pédagogie. Il aime pas se répéter, il aime pas qu'on prenne ses mots pour autre chose que ce qu'ils sont... et manque affreusement de considération pour le ressenti d'autrui. C'est pour ça que, là, il estime avoir été assez clair pour balayer l'angoisse de Sen comme d'un revers de main. « Et... Du coup... Comment ça t'es pas capable de baiser ? » Réel sujet d'inquiétude et de curiosité, voilà une des déclarations de Sen qui ne lui a pas échappées. Ça, et le fait qu'il le trouve canon, il l'a dit deux fois, oui, Trent a noté.
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heart murmur (sen)
Sam 22 Juin - 1:39
Tu regrettes déjà. Tu sais pas pourquoi t’as sorti tout ça, pourquoi ça t’a échappé en une marée de mots dérangeants. Comme si tu ne te sentais déjà pas assez honteux, tu n’a fait qu’empirer les choses en lui déballant toutes ces conneries. Au fond, est-ce qu’il avait vraiment besoin d’entendre toute la vérité de façon aussi crue, aussi directe ? Sans doute que non. Et maintenant, ça jette incontestablement un froid et un malaise qui te donne envie de disparaître sous le lit. « Euh. OK... » Il ne sait sûrement pas quoi dire et tu ne peux pas vraiment lui en vouloir. Au contraire, c’est même une réaction plutôt normale. T’as tellement plombé l’ambiance que même toi, tu ressens le malaise que tu as créé. « OK. » Il se répète, cherchant sûrement une échappatoire pour fuir son colocataire bizarre et déviant. Tu ne vois pas d’autre alternative. T'es incapable d'en voir une parce que t’as honte, parce que tu ne vois que le négatif. Et ça ne te ressemble pas, ça ne ressemble pas à celui que tu étais. « J'te prends pas pour un pervers, j't'en veux pas, arrête de paniquer. Pas avec moi, vraiment. Et tu sais, hein, au pire, t'as le droit de lorgner sur un bout de viande de temps en temps, ça arrive à tout le monde, ceux qui te disent le contraire sont des hypocrites. » Peut-être qu’il a raison et que ça ne te rend pas si sale après tout. T’avais juste besoin de te sentir un peu vivant, un peu désiré aussi, même si c’est un mensonge, une illusion. Mais tu ne voulais pas que Trent te voit comme ça, pas dans ce contexte. Parce que bien sûr que t’y as déjà pensé, t’es loin d’être naïf, mais c’était juste un fantasme et dans aucune de ses différentes versions, tu ne payais pour le voir nu. « J'veux mettre ça à plat quoi. Arrête de t'excuser, OK ? » Ton regard croise le sien et tu hoches la tête. « D’accord. » ça ne t’empêchera pas de regretter d’avoir été aussi stupide, mais tu vas essayer de le garder pour toi. Plus que tout, tu ne veux pas qu’il ait pitié de toi, qu’il ne te voit plus que comme un enfant frustré, incapable de se satisfaire autrement que devant un porno ou une cam. Pourtant, son opinion ne devrait pas compter à ce point. Puisqu’il ne te connait pas vraiment et qu’il est souvent absent. « Et... Du coup... Comment ça t'es pas capable de baiser ? » La bouche entrouverte, tu ne peux cacher ta surprise. T’avais presque oublié que t’avais lâché cette information, comme un con. Impossible d’éviter la pitié ou la montée en puissance du malaise maintenant… Gêné, tu soupires, le regard perdu dans le vague. T’es pas sûr d’avoir envie d’en parler ou même d’être prêt pour ça. Parce que personne ne le sait, à part peut-être les mecs qui ont fait face à l’échec alors que t’essayais de coucher avec eux, avant de paniquer complètement. « Je sais pas si tu sais pour l’agression. » Peut-être qu’il a deviné que tes blessures étaient étrangement les mêmes que celles du jeune gay tabassé et laissé pour mort par un groupe organisé d’homophobes. Ou peut-être qu’il s’en fout. Et peut-être que ça ne serait pas plus mal. T’as pas vraiment envie d’être cette victime dont tout le monde a parlé. « Je veux dire… Je t’en ai pas parlé, je veux pas que t’aies pitié. Mais c’était partout dans les journaux. » Heureusement ton nom n’avait pas été cité. Et même si tu sais que c’était important d’en parler pour que tout le monde soit plus vigilent et que l’on sache que de tels actes existent, t’aurais préféré que personne ne le sache, que ça reste un secret. Parce que ça te met toujours mal à l’aise quand quelqu’un en parle, sans savoir qu’il s’agit de toi. C’est une blessure intime, qui met du temps à guérir et que t’as besoin de panser à l’abri des regards. Parce que t’es comme ça. T’as besoin de tes proches, de leur soutien, mais tu leur caches l’ampleur des dégâts, pour ne pas qu’ils s’inquiètent, pour ne pas avoir l’air trop faible. « Ma rééducation, c’est pas juste à cause d’un accident bête… Je me suis fait agresser par une bande d’homophobes à la sortie d’un club… » Tu pourrais t’arrêter là, c’est suffisamment compréhensible pour qu’il imagine la scène et les séquelles qu’elle a pu laisser. Mais peut-être qu’au fond ça te fait du bien d’en parler, de ne plus garder tout ça pour toi. C’est douloureux, les mots te brûlent plus que tu ne le laisses paraître, mais t’en as besoin, même si tu n’as jamais su te confier. Parce que tu ne sais pas comment t’y prendre, parce que tu ne le fais pas avec les bonnes personnes, au bon moment. Mais Trent est là. Il est franc et direct, pas vraiment du genre à s’apitoyer sur le sort des autres et c’est ce qui t’attire. « Un mec m’a piégé… Il me plaisait bien, je me suis pas méfié quand il m’a dragué. J’aurais sûrement dû… » Un rire amer s’échappe de tes lèvres alors que tu avoues ton erreur. Au fond, tu l’as peut-être mérité. Parce que t’as suivi le premier beau mec venu. T’as cru que parmi des milliers de mecs, il t’avait choisi, toi. Alors que tous les regards se posaient sur lui. Et tu ne veux pas le dire, mais ça t’a rendu fier. Tu t’es senti beau à ce moment-là, quand il a pris ta main afin de t’entrainer à l’extérieur. Quel con, putain ! « bref, je vais pas te saouler avec des détails à la con. C’est le genre de truc qui arrive, c’est tout. Mais j’sais pas. Quand je veux coucher avec quelqu’un, je suis bloqué. Comme si c’était à nouveau un piège et que j’avais peur que des gars surgissent encore pour me faire la peau. » Et tu sais que ça n’a aucun sens, mais la peur est là. Elle est irrationnelle et tu ne parviens pas à la faire disparaître. Même si elle te bouffe, gangrénant ton existence, compliquant tout…« c’est con, je sais. Je me bloque tout seul et ça me fait chier... » Tu hausses les épaules, comme si ce n’était rien. Face au regard de Trent, tu ne veux pas dramatiser. Tu veux juste être honnête, parce que tu lui dois bien ça. Du moins, c’est ce que tu crois.
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heart murmur (sen)
Sam 29 Juin - 1:53
À quel point peut-on être égoïste ? Obnubilé par son joli nombril, Trent ne s'est jamais vraiment posé de question quant à l'état physique de Sen. Bête accident, séquelle d'une terrible maladie, handicap de naissance, ça aurait pu être n'importe quoi et toutes les options cohabitaient dans son esprit sans le perturber. C'est Sen, il est comme ça, point. Ça ne le regardait pas, et peut-être que ça ne l'intéressait pas. Maintenant, il se sent un brin honteux quand Sen lui parle de son agression — est-ce qu'il est censé savoir ? Non ? Hallelujah —, de sa rééducation — il avait pas vraiment remarqué qu'il était en rééducation —, et des actualités qui ont parlé de lui sans que Trent n'y fasse attention, parce qu'il ne suit largement que celles qui l'intéressent. Pourtant ça remue quelque chose en lui quand Sen lui résume l'épisode. Un vague souvenir, quelqu'un dans son entourage avait dû parler d'une histoire de ce genre, un groupe d'amis pas vraiment ses amis avait dû s'indigner autour d'un verre et Trent avait dû acquiescer, parce que les crimes homophobes ça le regarde, quand même, mais il s'était pas arrêté pour se demander qui était vraiment le pauvre type qui s'était fait agresser. On s'imagine jamais pouvoir rencontrer les anonymes des actualités, c'est comme s'ils existaient dans une autre sphère, coupée du monde tangible. Mais Sen est là, devant lui, une voix, un corps, une identité, et c'est en quelque sorte la première fois que Trent le remarque vraiment. Il est ni complètement apathique ni un sociopathe, contrairement à ce dont ont pu l'accuser des ex et autres proches en tout genre, mais c'est à se demander s'il est correctement connecté au monde qui l'entoure, des fois. Le pire c'est que c'est pas la première fois qu'il connaît une telle épiphanie, mais ça durera pas, il oubliera, négligera à nouveau l'existence de son prochain, sa réalité. Il sait pas quel genre de malade il est, mais il est irrécupérable, ça il l'a décidé depuis longtemps.
Mais en attendant, Sen existe ce soir. Même l'anonyme réduit en bouillie par des connards, celui dont on a parlé comme d'un fait divers vite balayé d'un revers de main, il existe ce soir. Pas sûr que les connards existent, eux, Trent est doté d'une empathie bien trop limitée pour leur accorder une place dans sa bulle égocentrique. Ce qui ne l'aide en rien à savoir comment il devrait réagir, parce qu'il était à des années lumières de s'imaginer que son coloc était passé par ce genre d'enfer, il ne s'imaginait même rien du tout sur son compte, et maintenant des images s'imposent à lui quand Sen lui raconte dans les grandes lignes ce qui lui est arrivé. Ses mains cherchent un nouvel appui derrière son dos mais rien à faire, le cadre de la fenêtre contre lequel il est adossé n'est plus tellement confortable. Il va quand même pas l'abreuver de banalités creuses arrosées de pitié, c'est même pas ce que lui demande Sen d'ailleurs. Au contraire, on dirait qu'il s'adapte à son public, le coloc un peu indifférent qui traite tout à la légère. C’est le genre de truc qui arrive, c’est tout. Ça lui arrache une grimace amère.
« J'vois pas pourquoi t'aurais dû te méfier, » finit-il par déclarer en croisant les bras devant lui, toujours pas certain de ce qu'il veut faire de ce corps qui lui paraît drôlement encombrant, une fois n'est pas coutume. Il pousse un soupir et se décide à quitter son refuge inadapté pour aller s'écrouler sur le lit de Sen, pivotant juste à temps pour atterrir sur le dos. Il reste étalé en travers du matelas comme il y est tombé et jette un regard en biais à son coloc toujours recroquevillé à côté. « Je savais pas. J'en ai peut-être entendu parler, mais... » Un haussement d'épaules. C'est vrai que c'est pas si rare, ce genre d'histoires, et celle qui lui est revenue à l'esprit pourrait aussi bien en être une de plus. « J'suppose que c'est normal que tu bloques, faut avoir confiance... Au moins en toi. Ça fait combien de temps ? 'fin, qu'est-ce que j'en sais. Je me rends pas compte, je t'avoue. J'ai plutôt la vie facile. » Il se la facilite aussi, à sa manière. Y a juste cette tendance à jeter son dévolu sur des mecs à problèmes, ces temps-ci, qui risque de finir par lui retomber dessus, mais généralement il sait prendre ses distances avant d'avoir à s'en mordre les doigts. C'est juste un peu trop tentant de provoquer le sort, de temps en temps, pour mieux lui échapper. Sen n'avait rien demandé, lui, il s'est laissé embobiner par une belle gueule avec des jolis mots, il est pas le premier. Trent est plus souvent à la place du prédateur, il connaît le jeu. « En tout cas c'est con, t'as raison. Tu devrais arrêter, » conclut-il avec un sourire. J'ai pas pitié, t'en fais pas.
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heart murmur (sen)
Mer 17 Juil - 1:15
« J'vois pas pourquoi t'aurais dû te méfier, » Tu t’attendais à tout, sauf à ça. Parce qu’on dirait pas comme ça, mais des discours, t’en as entendu de toutes sortes. Des conseils les plus solennels sur le fait de ne pas suivre n’importe quel inconnu au joli cul, aux longs discours de pitié sur le fait que ce n’était pas ta faute. Mais c’est la première fois qu’on te dit que tu n’avais pas de raison de te méfier. Et que peut-être  c’était arrivé par hasard, que tu n’aurais pas pu le voir venir, parce que jusque-là, tout c’était toujours bien passé avec les hommes que tu avais rencontrés. Bien sûr, assumer ta sexualité ne t’avait pas apporté que des bons retours et tu avais été malmené par le passé. Mais jamais comme ça… Trent soupire et ça te sort de tes pensées, juste à temps pour le voir se laisser tomber en travers de ton lit. Au fond, il t’a toujours paru aussi à l’aise, comme s’il n’avait aucune gêne. Et tu lui envies cette facilité d’agir comme il l’entend. Tu aimerais être comme lui. Peut-être même que tu l’as été autrefois. Mais tu tends à l’oublier. Comme s’il s’agissait d’une autre vie. « Je savais pas. J'en ai peut-être entendu parler, mais... » Il hausse les épaules et tu esquisses un petit sourire. Parce que ça n’a aucune importance qu’il en ait entendu parler ou non. C’est loin d’être une gloire et tu ne veux surtout pas être reconnu pour cette raison-là. Tu préférerais que ce soit pour ta musique. Mais il y a peu de chance que ça arrive maintenant. « J'suppose que c'est normal que tu bloques, faut avoir confiance... Au moins en toi. Ça fait combien de temps ? 'fin, qu'est-ce que j'en sais. Je me rends pas compte, je t'avoue. J'ai plutôt la vie facile. » Tu soupires à ton tour, te laissant tomber à plat ventre à côté de lui. Puisque tu n’as pas encore eu le temps de te couvrir, tu préfères être sûr que ton boxer ne dévoilera plus aucun accident gênant. « ça fait environ un an… Je ne sais pas si je dois considérer que c’est long ou normal dans ce genre de situation. » Dans le doute, tu évites de croiser son regard. Tu ne veux pas y lire de la surprise ou une quelconque autre réaction. C’est déjà assez difficile d’en parler. Même si tu réalises à quel point tu en avais besoin. C’était presque étouffant de retenir cette angoisse et cette honte enfermées au fond de ta gorge. Comme un secret malaisant. « En tout cas c'est con, t'as raison. Tu devrais arrêter, » Tu souris à nouveau. Cette simplicité te désarçonne. T’aimerais vivre dans son monde, te débarrasser de ces démons encombrants, laisser cette peur irrationnelle là où tu l’as trouvé et ne jamais te retourner. Et tu essaies de le faire, à chaque fois que tu passes la porte de l’appartement, à chaque fois que tu croises le regard d’un homme que tu ne connais pas. Parfois, tu crois même être assez fort pour y arriver. Mais tu retombes inlassablement dans la même spirale angoissante. « T’as pas idée à quel point j’ai envie d’arrêter, p’tain… j’en peux plus. » Exaspéré par cette impasse dans laquelle tu t’es enfermé sans le vouloir, encerclé par ces peurs qui ne te laissent aucun répit, tu enfouis ton visage dans la couette afin de t’empêcher de hurler. Pourtant, ça te ferait du bien de lâcher prise une bonne fois pour toute. Après quelques secondes, tu relèves le visage dans sa direction. Un instant, tu te contentes de l’observer. Tu ne saurais pas dire pourquoi, mais t’es content qu’il soit venu te rejoindre. Vous n’avez jamais été proches, mais aujourd’hui t’es content d’avoir un coloc. Il n’est peut-être pas du genre à s’inquiéter pour toi ou même à surveiller tes arrières, mais tu réalises qu’il est quand même plus que le coloc sexy qui n’est jamais vraiment là. Au final, il n’a pas besoin de se mettre à ta place ou de jouer les psys. Le fait qu’il ait pris le temps de t’écouter sans éprouver de pitié, c’est tout ce dont tu avais besoin. Et puis parler de sexe, après avoir lancé une sex cam avortée avec lui, ça devient étrangement plus naturel. Comme si vous aviez retiré cette barrière là entre vous. « C’est pas comme si mon désir avait disparu… j’en ai tellement envie… »  Ton regard se perd dans le vide. Avant c’était bien plus facile. Non pas que tu aies déjà été un tombeur ou une connerie du genre, loin de là. Mais t’es jeune et pour une histoire d’un soir, les mecs ne semblaient pas faire cas de tes cheveux flamboyants et de tes tâches de rousseur. Et puis à l’époque rien ne te faisait peur, surtout pas le sexe. « Je vais forcément y arriver, non ? Je peux pas passer le reste de ma vie sans coucher avec un mec… » Cette idée te terrifie. Et peut-être que c’est suffisant pour t’aider à avancer justement. Parce que tu n’es pas du tout du genre à prévoir ta vie sans amour et sans relation sexuelle. Si c’était le cas, tu n’aurais pas eu besoin de connecter sur ce site pour payer un mec afin qu’il t’aide à libérer ta frustration par web cam interposée. A cette pensée, tu rougis à nouveau légèrement en te mordillant la lèvre. Parce que ce mec, ce n'était pas n'importe qui justement. C'était Trent.
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heart murmur (sen)
Dim 25 Aoû - 22:20

Sen a l'air un peu pris de court par la remarque de Trent, comme s'il s'était plutôt attendu à une confirmation — c'est vrai, t'es trop con, t'aurais dû te méfier, qu'est-ce qu'un joli garçon aurait pu te trouver ? Les séquelles de cette agression s'étendent au-delà du visible, du corps. Sa confiance en lui aussi a l'air d'en avoir pris un sacré coup. Trent n'a pas de quoi comparer, ne l'ayant pas connu avant, mais l'hypothèse lui semble tenir debout. C'est presque ennuyeux tant c'est évident. C'est si facile de détruire quelqu'un.
Quant à savoir si Sen met plus longtemps que la normale à se rétablir et dépasser son trauma, Trent n'en sait foutre rien. Le temps s'écoule tellement différemment selon ce qu'on en fait, de toute façon. Il a du mal à réaliser que ça ne fait même pas trois ans qu'il est à L.A., autant parce qu'il a l'impression d'avoir fait plus de choses en trois ans qu'en vingt-deux que parce qu'il a passé les trois-quart de ce temps-là à s'emmerder — en tout cas c'est son sentiment chaque fois qu'il se retrouve sans taf, il trouve le temps long. Il a du mal à croire aussi que ça fait plusieurs mois déjà qu'il partage un appartement avec Sen. Il a eu le temps de faire des dizaines de rencontres mais il a pas été foutu de faire connaissance avec son coloc. « Ça veut pas dire grand-chose, un an. Te tracasse pas. » C'est pas dit qu'il se remette plus vite s'il se fout la pression. Trent déconnait, lui, quand il lui a dit d'arrêter de bloquer puisqu'il trouve que c'est con, mais Sen doit le prendre un peu trop au sérieux. C'est fréquent. Et puis il aimerait sûrement que ce soit si simple que ça, pouvoir prendre la décision de remettre sa vie sur les bons rails et oublier tout le reste d'un claquement de doigt. Mais même Trent n'est pas assez insouciant pour penser que ça marche comme ça. C'était le genre de conviction qu'entretenaient ses imbéciles de parents, ça, qu'un dépressif pouvait simplement décider d'aller mieux, qu'un homo n'était homo que par envie d'attirer l'attention et de se rendre malheureux — bien sûr, le bonheur et l'homosexualité ne sont pas vraiment compatibles dans leurs esprits. Ça l'ennuierait que Sen puisse le penser aussi simple que ces gens-là, vue toute la distance qu'il a pris soin d'installer entre eux et lui. Lui, il manque pas de bon sens au moins.

« J'crois que j'ai une petite idée, si... » fait-il en désignant le caleçon de Sen d'un coup d’œil, un sourire provocateur au coin des lèvres. Sen a beau s'être caché vite fait — et apaisé pour l'instant, sans doute —, Trent n'a pas été aveugle au spectacle et Sen doit s'en douter. Ça aurait peut-être été plus sympa de continuer à faire mine de l'ignorer, mais Trent n'est pas toujours sympa. Pas méchant non plus, c'est un regard espiègle qu'il repose sur le visage aux tons de soleil couchant avant d'adoucir son sourire. « Mais bien sûr que tu vas y arriver. Y a pas le feu. T'y vas progressivement, t'as déjà commencé nan ? Les camboys... Vu que tu te contentes pas de regarder, que tu cherches à... échanger ? C'est un début... Peut-être. » Peut-être pas du tout. Il a pas vraiment cerné à quel profil de client correspond Sen. « T'y cherchais quoi, sinon ? Qu'un porno peut pas t'apporter. » C'est l'occas' de faire une étude de marché, au passage.
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