light my fire. (flore)

elle n’est pas croyable. ce n’est pas croyable. en fait elle s’est foutue de moi. je ne comprends définitivement pas ce qu’il s’est passé. je ne comprends pas pourquoi elle a fait ça. enfin si. un peu quand même. mais… bordel elle m’a déposé winnie devant la porte avant de se barrer. pourtant elle sait ce qu’il se passait, ce que je ressentais pour elle. je ne comprends pas. je veux juste comprendre mais je sais qu’il n’y aura aucune explication. il ne peut pas y en avoir. il n’y en aura pas. je sais que je dois prendre sur moi. mais je ne peux pas le faire totalement. en attendant, ma meilleure amie me manque. j’ai besoin de voir flore pour d’autres raisons que de lui hurler dessus. même si j’ai très envie de le faire. je sais qu’en partant de los angeles j’ai loupé beaucoup de choses. pour elle, de sa vie. du cabinet bien sur aussi, celui qu’on a monté ensemble. mais c’est surtout elle qui m’intéresse. savoir ce qu’elle a fait, ce qu’elle devient. les appels téléphoniques, les messages envoyés rapidement ça va bien cinq minutes mais on ne peut pas tout savoir. et avec flore on a toujours été ensemble d’aussi loin que je m’en souvienne. donc sa vie je la connaissais par coeur. ma vie elle la connaissait par coeur. sa vie c’était la mienne et ma vie c’était la sienne. aucune distinction possible quand on grandit avec quelqu’un et qu’on est aussi lié. mais voilà, elle me manque. même si je lui en veux. j’attrape un pack de bière avant de passer à la pizzeria. je passe commande, attends qu’on me prépare mes quatre grandes pizzas et paye le tout avant de reprendre mon chemin. direction l’appartement de la hannigan. tout mon attirail en main, je frappe à la porte avec insistance. déjà parce que j’ai peur que tout se casse la gueule mais aussi pour qu’elle se dépêche de venir. et quand la porte s’ouvre, elle se retrouve face à une montagne de cartons de pizzas avec un pack de bière qui tient par une opération divine grace à mon petit doigt sous l’empilement. ” j’ai faim. j’ai soif. je t’en veux. tu m’as manqué. “ voilà, ça devrait suffir comme laisser-passer pour entrer chez elle.

Les choses devenaient de plus en plus dures à gérer. Flore n’avait pas pour habitude de baisser les bras et encore une fois, elle refusait à se montrer abattue, mais elle ne pouvait pas nier que les évènements s’entassaient sur une mauvaise pente. Ses nuits étaient agitées en raison de son inquiétude pour Winnie, mais le visage d’Hina prenait également une grande place dans ses cauchemars, alors que la jalousie s’était mise à lui grignoter le cœur avec plus d’ardeurs. Depuis quelques jours, Flore avait également vu un nouveau visage apparaître sous ses paupières closes : Adeya. Sa meilleure amie était revenue d’un long exil et la Hannigan n’avait pas réellement pris le temps de passer du temps à ses côtés. Elle s’était contentée de lui larguée la Lynch avant de disparaître sans un mot supplémentaire à son encontre. Elle savait que Winnie était une grande fille, qu’elle avait su expliquer elle-même la situation, mais Flore ne pouvait s’empêcher de regretter la façon dont tout cela avait eu à se produire. Ces considérations l’empêchaient de dormir, la plupart du temps, si bien que son efficacité avait faibli au travail et qu’elle pouvait sombrer dans les bras de Morphée pour une courte sieste, à n’importe quel moment. C’était ce qui s’était produit en cette fin de journée, avant qu’elle ne se trouve réveillée par des coups frappés avec ardeur contre le battant de l’entrée. Un réveil en sursaut qui l’avait poussée à se présenter à la porte avec les cheveux légèrement défaits. Un simple coup d’œil par le judas finissait cependant de la convaincre d’ouvrir la porte. Adeya se trouvait derrière celle-ci. Elle n’eut pas l’occasion de lui dire quoi que ce soit en ouvrant le battant, puisque déjà, son amie lui lançait : « J’ai faim. J’ai soif. Je t’en veux. Tu m’as manqué. » Ses bras étaient chargés de cartons de pizzas et elle semblait également tenir un pack de bières. Flore attrapait les boites à pizzas afin d’aider son amie. « Ça tombe bien, tu m’as manquée aussi. Et je suis affamée. » Un sourire se dessinait sur ses lèvres alors que, d’un signe de tête, elle invitait son amie à entrer. Fermant la porte derrière Adeya, la Hannigan ne tardait pas à la rejoindre en direction de la table basse, sur laquelle elle déposait l’ensemble des cartons. Elle se jetait alors dans les bras de son amie, l’enlaçant de toutes ses forces. « Je suis heureuse de voir que tu vas bien, même si t’es fâchée. » Elle se reculait, sans lâcher les épaules d’Adeya. « Mais pas trop fâchée quand même, hein ? » la questionnait-elle avec une légère grimace sur le visage. Sa meilleure amie avait le droit de lui en vouloir mais Flore ne se sentait pas en mesure de regretter quoi que ce soit. Elle avait agit pour la survie de Winnie.

je débarque à l’improviste mais en même temps c’est ce qu’elle a fait lorsqu’elle a décidé d’abandonner winnie devant ma porte. donc oui, j’arrive les bras chargés moi aussi. bras chargés de bouffe et d’alcool. j’dis pas que de voir arriver winnie c’était pas sympa. mais là au moins c’est pas stressant, prenant à la gorge, au ventre. aux tripes. seule la faim peut à la rigueur nous jouer des tours. flore tend les bras pour récupérer les pizzas que je lui laisse bien volontiers. j’affirme ma prise sur le pack de bière avant d’entrer chez elle. ” ça tombe bien, tu m’as manquée aussi. et je suis affamée. “ elle ne relève pas le reste mais bon, j’ai pas envie de rester dehors alors on verra plus tard. je la suis, dépose les boissons sur la table, mon sac sur le sol avant de me retrouver avec la hannigan dans les bras. malgré tout je l’entoure de mes bras et la serre fort contre moi. je reste quelques instants là alors que sa voix arrive à mes oreilles. ” je suis heureuse de voir que tu vas bien, même si t’es fâchée. “ je souris doucement mais me force à le perdre lorsqu’elle recule pour voir mon visage. non, je ne le lui montre pas pour le moment. même si c’est un peu dur mais c’est pas grave. ” mais pas trop fâchée quand même, hein ? “ mais c’est trop dur de rester sérieuse face à sa petite bouille toute déconfite. j’ai jamais pu lui résister à flore. elle a toujours su comment me faire craquer. ” tu fais chier. “ que je lui sors en la recollant contre moi. parce que ça aussi ça m’avait manqué. et j’ai besoin d’une bonne dose de réconfort. ” tu fais vraiment chier mais je t’aime quand même. “ saloperie. ” et je suis un peu fâchée mais pas trop. sinon je serai pas là. “ je m’assois sur le canapé et l’entraîne dans ma chute, agrippant mes jambes aux siennes. ” j’ai soif. “ parce qu’elle ne va pas s’en tirer comme ça. donc le service c’est elle qui le fera voilà tout. ” comment tu vas toi ? “ j’ai juste pas envie de penser à moi pour le moment à tout ça. ce retour en fanfare dans ma vie.

Flore savait que sa meilleure amie ne risquait pas de brûler son appartement pour ce qu’elle avait fait. Qu’elle n’allait pas la gifler non plus, ou arrêter de lui parler – la preuve était qu’Adeya se tenait là, face à elle, en étant venue de son propre chef. Pourtant, l’avocate ressentait une forme d’appréhension. Elle ne voulait pas que ses actions entachent sa relation avec son ancienne collègue. Après tout, le retour de la Pham marquait aussi leurs retrouvailles. Voilà des mois qu’elles ne s’étaient pas vues et Flore espérait bien que tout n’allait pas reprendre sur une dispute. Heureusement, Adeya ne tardait pas à lâcher un : « Tu fais chier. » avant de reprendre la Hannigan dans ses bras. L’avocate s’abandonnait à cette étreinte, pressant un peu plus son amie contre elle. Ces retrouvailles l’enchantaient. Adeya lui avait manqué. « Tu fais vraiment chier mais je t’aime quand même. » La réflexion arrachait un sourire à Flore. « Je t’aime aussi. » commentait-elle, quelque peu soulagée. « Et je suis un peu fâchée mais pas trop. Sinon je serai pas là. » Les deux amies s’écartaient l’une de l’autre et la Hannigan ne put contenir un nouveau sourire, empli de gratitude cette fois. Si Adeya n’était qu’un peu fâchée, bientôt, tout cela ne serait plus qu’un vague souvenir. Enfin, pour Flore. La Pham continuerait à vivre avec Winnie. Perdue dans ses pensées, l’avocate ne put réprimer un hoquet de surprise lorsqu’elle sentit son amie l’entrainer dans sa chute sur le canapé. Surprise qui laissait bien vite place à un léger rire. « J’ai soif. » Message reçu. Flore reprenait peu à peu contenance alors qu’elle attirait à elle le pack de bières. Ouvrant un tiroir de la table basse, elle ne tardait pas à en sortir un décapsuleur. Une fois les capsules retirées, il lui suffisait de tendre une bière à Adeya, alors qu’elle-même en prenait une à la main. « A ton retour. » lâchait-elle alors que leurs deux bouteilles venaient s’entrechoquer. « Comment tu vas toi ? » lui demandait la Pham alors que Flore buvait une gorgée de bière. Elle vint poser la bouteille sur la table avant de se tourner vers son amie. « Hm, plutôt pas mal. En apparence, rien n’a changé dans ma vie. » Elle haussait les épaules. Ouais, en apparence. « J’ai joué les anges gardiens pour Winnie. Pili est toujours à la maison, le mariage se passe bien. Et avec Hina… Je crois que je découvre une facette d’elle que je ne connaissais pas. » Si elles ne s’étaient pas vues pendant de longs mois, elles avaient pourtant continué de s’informer sur leurs vies respectives lors de leurs appels téléphoniques. « Rien de nouveau à LA. Si ce n’est toi, évidemment. Alors, le retour se passe bien ? » demandait-elle en adoptant une petite voix. Elle n’avait aucune idée de comment se déroulait la cohabitation entre Adeya et Winnie, et cela l’inquiétait quelque peu.