Japon - We'll take on the world

Juin 2019

Un voyage, c’était ce qu’elle attendait depuis longtemps et pas avec n’importe quoi, Sacha. Sacha était le frère de son père mais pas seulement, c’était aussi le grand frère qu’elle n’avait jamais eu, celui en qui elle avait le plus confiance. Quand elle était petite, elle ne voyait que le bon en lui, le mettant sur un piédestal unique, comme “le prince charmant idéal”. En le mettant aussi haut, la jeune fille avait longtemps mis la barre très haute en comparant ses petits copains à son oncle ce qui n’était pas une mince affaire.

Toujours est-il qu’en grandissant, leur relation était devenue plus particulière, ils avaient tous les deux, une relation très fusionnelle et un petit truc en plus : les voyages. Sasha s’arrangeait pour l’emmener le plus possible avec lui, lui permettant de voir du pays mais aussi et de grandir. Ce n’était pas à chacun de ses voyages mais en générale, il ne la décevait jamais.

Cette fois-ci, c’était Rylee qui lui avait réclamé ce moment. Depuis la mort de Stella, la jeune fille suivit une thérapie assez difficile et vivait très mal la tristesse de ses proches dont elle se sentait affreusement coupable. C’est pourquoi, elle avait demandé à Sacha si un voyage était possible dans son programme mais quel avait été sa surprise lorsqu’il lui avait répondu par son idée : L’Asie. Après toutes les différentes destinations qu’ils avaient fait ensemble jusqu’à maintenant, Rylee n’y avait jamais songé; Forcément, elle avait sauté de joie.

On y est !!, avait-elle pensé alors que les hôtesses de l’air faisaient le tour des rangs pour annoncer l'atterrissage et donc, de relever la tablette et de mettre sa ceinture. Pour certain, elles débarrassaient et s’occupaient de leur demander de redresser leur siège; Au fond d’elle, elle était nerveuse mais au finale, elle sentait que ce dépaysement allait lui être bénéfique. « Sach’, réveille toi, on va pas tarder à atterrir. » lui annonça t-elle en chuchotant alors qu’une hôtesse s’apprêtait à leur annoncer la nouvelle.

D’un sourire de convenance, Rylee releva sa tablette et rangea ses affaires dans sa poche intérieur de veste. Elle avait passé les deux dernières heures du vol à étudier leur parcours mais surtout à mariner sur ce qui lui trottait dans la tête : « ça y est, on y est ! » lui avait-elle dit en lui pointant le hublot du doigt, ils pouvaient voir le sol, l’aile de l’avion qu’elle pouvait voir tranchait les petits nuages de coton qu’elle avait sur son passage. Le ciel était bleu, d’un beau bleu clair. Le jetlag allait être difficile mais ils n’allaient pas avoir le temps de se reposer tout de suite.

L'atterrissage avait été le plus désagréable à gérer pour la blondinette qui avait serré la main de son oncle à lui en briser les os. Heureusement, cela n’avait pas duré longtemps et comme pour à chaque fois, ils avaient laissé les passagers les plus pressés passer dans les courtes allées de l’appareil pour ensuite se lever. Comme ils étaient dans les derniers en ayant eu la même idée, Rylee s’etira et attrapa le bagage à main que Sacha lui tendit : « Merci ! » avait-elle dit en commençant à avancer. Le plus dur n’était pas encore passé, ils avaient leur valise à récupérer ce qui était encore plus un moment stressant, après l'atterrissage.

En sortant de l’avion, la jeune femme attendit que son oncle arrive à sa hauteur et lui emboita le pas : « Tu sais quoi ? je le sens bien ce voyage. Je suis sûr qu’il va donner du lourd ! »  

L'excitation du voyage avait donné de nouvelles couleurs à Rylee, ce n'était peut-être pas si mauvaise idée, comme elle en avait eu l'impression le matin de leur départ. La culpabilité la rongeait toujours mais pour le moment, son état d'esprit était nouveau : Le Japon n'avait plus qu'à bien se tenir.

Premières semaines de Juin 2019

Excitée comme une puce, Rylee ne tenait plus en place. Déjà ça et puis voir le sol du pays du soleil levant, c’était un spectacle qu’elle voulait partager. Alors elle l’avait secoué sans ménagement pour s'extirper de son sommeil de ronflex : « Ry, laisse-moi déjà sortir du mode “pâté de foie”... » Sa voix sortait d’outre tombe, sans surprise, il râlait d’avoir été réveillé : « T’insultes le pâté de foie là ! » souffla t-elle sur un ton de la moquerie. « Ouais, t’as raison, on y voit que dalle... » Trop obnubilée parce qu’elle voyait par delà le hublot et puis elle avait l’habitude de ses pics, elle ne lui en tenait jamais rigueur. Tout ce qu’elle s’était permise de faire, c’était un aller et retour vers lui, lui tirer la langue parce que de toute façon, il s’attendait à ce qu’elle lui retourne la plaisanterie, et retourna coller son visage à son hublot.

Mais le moment où l'atterrissage fut annoncé, elle n’hésita pas à attraper la première main qui traînait par là, la sienne en particulier, la serrer, la torturer aux premiers rebonds de l’appareil. Elle aimait voler au-dessus des nuages mais détester le décollage et l'atterrissage, c’était impossible pour elle : « Hep tu comptes nous mener où dès l’arrivée à Osaka ? » Elle se tourna vers lui, le visage tordu par la peur : « Direct à l’hosto ?! » Il lui tapa sur le dos de la main : « Évite de me détruire la main chaton, j’envisage ce séjour avec une pince en moins. »

Finalement tout s’était bien passée, non pas qu’elle craignait le contraire mais son oncle ne l’avait pas laissé tomber. Ce renfort avait été bénéfique à bien des égards. Même si les choses étaient bien parties, ils étaient maintenant en route pour aller récupérer leur valise sur le fameux tapis roulant, en espérant ne pas se retrouver sans rien. Il fallait garder la positive attitude, parce qu’elle avait déjà hâte de parcourir les rues qu’ils avaient découvert sur des photos. Dans tous les cas, à ce niveau-là, ils étaient sur la même longueur d’onde. C’était pour cela qu’elle lui avait fait cette confidence à voix haute, celle où elle sentait que ce voyage partait sur le bon pied et qu’il allait envoyer du lourd.

Il l’enveloppa de son accolade protectrice dont il avait toujours fait preuve durant son enfance : « Yep ! C’est certain ma puce - Non, arrête !! Rohhh !… » s’était-elle plaint alors qu’il lui ébouriffait le crâne. Elle restait une fille et si elle ne s’était pas tant laissé aller dans l’appareil, c’était pour ressembler à quelque chose sur les futurs photos qu’elle allait prendre. Soit en sortant de l’aéroport. « Première étape en sortant, se remplir le ventre avant d’envisager de s’écrouler sur un futon. »

Tout de suite, elle rêva de s’étirer sur n’importe quel matelas ou futon qui s’offrirait à elle. L’heure de réservation était encore assez loin, ils avaient le temps de prendre un taxi sans trop de précipitation et surtout sans trop stressée à la récupération des valises.

Il fallait garder son calme parce qu’en oubliant les personnes pressées ou les personnes impolies, Rylee n’avait pas réussi à récupérer sa valise, elle devait malheureusement attendre le second tour. Ne pouvant pas compter sur son oncle parce qu’il débattait déjà bien. Les japonais avaient, quant à eux, particulièrement l’habitude des grands regroupements comme celui là.

Une fois les valises récupérées, ils prirent la direction des taxis. Sans même demander l’avis à l’un ou à l’autre, ils savaient par habitude qu’après un voyage en avion, court ou long, tout ce dont ils avaient envie, c’était une bonne douche chaude revigorante et une petite heure au calme dans leur réservation : « Impressionnant ! » s’était-elle laissée exprimée lorsqu’une fois dans la voiture, elle voyait le décor défilé sous ses yeux : « C’est géant ! » D’une complicité légèrement enfantine, elle leva la main “give me five” envers son oncle.

Le chemin lui avait paru particulièrement long. Ils étaient arrivées au mauvais horaires et le chauffeur, qui parlait un anglais presque parfait à leur plus grand bonheur, leur avait expliqué que c’était les bouchons habituels. Rylee avait regardé son oncle, un peu paniquée, toujours peu rassurée lorsqu’il était question de faire un voyage en voiture. Elle avait déjà très peur de faire ses propres voyages seule jusqu’à son travail mais à ce stade, les prémices d’une crise d’angoisse se lisaient sur son visage.

Finalement, ils avaient fini par y arriver sans problème, contenant tant bien que mal son mal être jusqu’à ce qu’elle toucha la terre ferme. Appuyée contre la voiture, légèrement penchée en avant, elle respira à grande bouffée, les yeux clos. Putain…, elle s’énervait toute seule mais au moins, elle avait tenu bon.

« C’est bon, on y va… » avait-elle dit d’une petite voix. Ce petit passage lui avait seulement rappelé la raison pour laquelle elle avait décidé de partir quelques jours loin de tout ce qui lui faisait encore du mal. Elle tira la poignée de sa valise pour la laisser rouler sur le sol, jusqu’à la porte d’entrée de l’auberge, suivi de près par son oncle.