new chapter (maegan 1)

Un coup de fil de la production est arrivé hier soir m’annonçant un léger changement de programme. Dans le planning, nous devions partir ce matin en tourbus pour nous rendre directement à Portland où nous devions faire deux dernières semaines de répétitions intenses avec l’équipe au complet, en condition de scène. Le premier concert de la tournée étant à Seattle, c’était plus logique de faire les dernière répétitions à Portland, surtout que Beth n’aime pas répéter à Los Angeles. Mais le planning a changé, et une salle de concert en dehors de la ville a été privatisée le temps de nos répétitions. Ma valise était prête, au fond, une partie de moi avait envie de partir et de quitter cette atmosphère pesante entre Blake et moi. J’ignore encore si c’est parce que je suis différente parce que je culpabilise, ou si c’est qu’elle se doute de quelque chose, mais c’est comme qui dirait tendu entre nous. Je n’ai pas encore trouvé le courage de lui avouer mon erreur, je voulais le faire avant de partir, et puis il y a eu ce coup de fil, ce qui me laisse encore deux semaines de répit. Je ne suis pas lâche, je veux juste trouver un moment un peu opportun, si tant est que ce soit possible.
Il est tôt, Blake dort encore quand je quitte mon appartement. Nous ne vivons pas ensemble, pas réellement disons, c’est plutôt un coup chez elle un coup chez moi, en fonction de nos plannings de boulot. Et il était prévu qu’elle dorme là pour notre dernière nuit avant mon départ, ce qu’elle a fait, même si je rentre à la maison ce soir. Je dépose un baiser sur sa joue et glisse une main dans ses cheveux, avant de prendre la poudre d’escampette. Aussi excitée que stressée, parce que je vais que si rien n’a changé, je devrais revoir Maeve aujourd’hui. Je sais qu’elle a contribué à l’élaboration de certains des tableaux, certaines chorégraphies même. J’ai hâte de voir ça. Etui de basse sur le dos, valise avec le reste de mes affaires de musique dans la main, je grimpe finalement dans ma voiture pour le trajet jusqu’à la salle, merci le GPS. Comme souvent je suis dans les premiers arrivés, et je m’installe sans tarder, commençant le régler mes instruments avec l’un des techniciens qui va s’occuper de nous pendant ces deux semaines. Les danseurs arrivent au compte goutte et commencent à s’échauffer tous ensemble au milieu de la scène, un peu plus loin. C’est alors qu’arrive Maeve, et je ne peux retenir mon coeur de s’emballer d’un seul coup. C’est dingue quand même. Un regard dans ma direction, je lui adresse un sourire et un signe de main. Est-ce qu’elle va venir me saluer d’un peu plus près ?

je suis stressée. réellement stressée. plus que d'habitude oui. tout va être différent cette année du moins je l'espère. j'ai pas arrêté de penser à elle, pas une seule fois. au début je pensais que ce n'étaient que les restes des boutades auxquelles on avait eu droit pendant toute la dernière tournée. comme d'ailleurs toutes les tournées. mais la dernière m'a vraiment vrillé l'esprit. je ne sais pas quoi faire de cette information. je ne sais pas ce que je vais faire en la voyant d'ailleurs. mais je continue de stresser au fur et à mesure que je m'approche de la salle de répétition. les autres danseurs sont déjà là pour la plupart mais je ne suis pas la dernière. j'ai mis tellement de temps à choisir ma tenue que je suis en retard. c'est un comble... moi qui me fiche habituellement de mon style vestimentaire, je suis restée figée devant le miroir bien trente minutes. improbable et impensable, vraiment. mais je suis satisfaite. ça reste une tenue de sport hein... mais bon voilà ? j'en sais rien bordel je suis beaucoup trop paumée.
après avoir salué quelques personnes, bien ravie de retrouver les danseurs, j'entre enfin dans la salle. y'a encore du monde à qui je dois dire bonjour mais je repère bien vite sa chevelure flamboyante à travers la salle. de l'autre côté du parquet de danse, là où s'installe tous les musiciens, elle est là. et elle m'a vu. je le sais parce qu'elle me sourit. j'ose pas me retourner pour m'assurer que c'est bien à moi qu'elle s'adresse mais j'espère que c'est le cas. sinon j'aurai bien l'air idiote. pour changer. je lève ma main et lui fais un signe tout en souriant à mon tour. on dirait une gamine... d'accord, je suis une gamine face à elle. je me replace une mèche imaginaire derrière l'oreille et me tourne vers le reste du staff de la tournée. des sourires, des bonjours, des accolades à la pelle avant que je ne recroise son chemin. et je m'en rapproche. irrémédiablement attirée par elle comme un papillon vers la lumière. " hey salut. " deux mots. j'ai pu lui dire deux mots. c'est un début n'est ce pas ? juste un début. " je... " j'ouvre les bras, me recule. me rapproche à nouveau et lui offre l'accolade la plus bizarre du monde. " ça va ? " y'a pas de question plus bateau que celle-ci. j'aime pas cette question mais j'ai rien d'autre en stock.

J’ai l’impression de ne sentir que son parfum à travers tous les gens qui sont ici. Le mélange de l’odeur de son parfum, de son déo, de son shampoing, sans doute même de sa peau, j’en sais rien, mais ça me fait vriller le cerveau. J’essaie de ne pas trop garder les yeux rivés sur elle au risque de me faire chambrer et/ou de la mettre mal à l’aise. Elle s’approche, mon coeur s’emballe. « hey salut. » Je crois que je souris un peu bêtement. C’est ridicule. Elle hésite à venir me serrer contre elle et je suis heureuse qu’elle le fasse, laissant mes bras se refermer autour de son corps aussi fin que musclé. Je ne m’éternise pas, ce serait trop étrange, mais j’ai désormais son parfum tatoué dans mes narines. « ça va ? » demande-t-elle finalement, alors que mon sourire ne faiblit pas. « Mieux maintenant. » Quoi ? Mais non ! Qu’est-ce que tu racontes pauvre courge ! « Enfin j’veux dire, maintenant qu’on est là, en répète, tout ça. Ça faisait longtemps, ça m’a manqué. » Ouais, tout ça pour pas dire que c’est elle qui m’a manquée. Mais je vais pas avouer une chose pareille, ce serait trop bizarre, et c’est bon pour qu’elle me fuit pour de bon. « T’as l’air en pleine forme en tout cas. » J’ai pas pu résister à laisser glisser sur sa silhouette un regard furtif. Bordel elle me rend dingue. « Beth a dit que tu avais bossé sur la choré de plusieurs tableaux, c’est génial qu’elle t’ait donné cette chance, j’ai hâte de voir ça. » J’ai surtout hâte de la voir danser en fait. Même si je sais d’avance que ça na me déconcentrer, c’est pas nouveau, chaque fois que je la voyais entrer en scène, il fallait que je redouble de concentration pour ne pas me perdre. C’est tellement facile de laisser mon regard se faufiler sur ses mouvements, ses courbes, ses cheveux qui virevoltent dans le vent. Elle aura ma peau. J’en suis certaine.

elle répond à mon étreinte. elle. répond. à. mon. étreinte. ça me met dans un état pas possible je dois bien le reconnaître. un état auquel je ne m’attendais pas du tout. auquel je ne pensais pas être confrontée. donc ça me prend de court et j’ai l’air encore plus nigaude que je ne le paraissais jusqu’à maintenant. donc faut que je me sorte de là. et quoi de mieux qu’avoir l’air totalement naturelle en lui demandant comment elle va. enfin naturelle on repassera mais au moins la question est posée. ” mieux maintenant. “ elle m’aide pas ! elle m’aide, vraiment pas ! figée comme une tige de fer au milieu d’un plan de tomates. à moins que ce ne soit moi la tomate. parce qu’à peu de choses près, mon visage a pris la teinte de ce fruit. ” enfin j’veux dire, maintenant qu’on est là, en répète, tout ça. ça faisait longtemps, ça m’a manqué. “ je me rends compte que je manque d’air à avoir retenu ma respiration. dans un sourire quelque peu crispé, je tente de retrouver un débit normal. ” oui à moi aussi. “ je tente de moduler ma voix légèrement plus aiguë qu’à l’accoutumée, histoire de bien prouver que touuuuuut est normal. normal. morgan c’est toujours morgan et moi je suis toujours moi. ou presque. j’ai peut être un peu changé. juste un peu alors. mais suffisamment pour que ça vienne foutre la merde dans mon esprit. ” t’as l’air en pleine forme en tout cas. beth a dit que tu avais bossé sur la choré de plusieurs tableaux, c’est génial qu’elle t’ait donné cette chance, j’ai hâte de voir ça. “ le regard qu’elle a posé sur mon corps m’a fait frissonner des pieds à la tête. ou de la tête aux pieds. peut être un aller retour d’ailleurs. l’année dernière j’aurai levé les yeux au ciel. mais encore une fois les choses ont changé. et puis surtout, ce qu’elle vient de dire me fait sourire instantanément. ” oui ! si tu savais à quel point je suis contente ! “ et ça y est la pile électrique est de sortie. ” elle a pas tout validé encore j’espère que ça va lui plaire. et te plaire au… enfin vous plaire quoi ! j’espère que ça va vous plaire. “ je marche sur des oeufs lalala… ” elles sont bien ses nouvelles chansons hein ? t’as déjà bossé dessus ? “ qu’est ce que je me sens idiote à poser des questions aussi... impersonnelles en fait. comme si on ne se connaissait pas. et en même temps… est ce qu’on se connait vraiment ?

Je la sens fébrile, un peu stressée peut-être, j’ignore vraiment la raison, même si au fond, je sais que je n’y suis pas pour rien. Notre relation a toujours été assez bizarre quand on y pense, ce lien me manque, démesurément. Mais le temps est passé et je ne sais plus ce qu’il en est, il s’est passé trop longtemps sans qu’on se voit, sans que je n’ose lui écrire ou l’appeler pour qu’on se voit. Et puis pour quoi faire au final ? J’ai essayé pendant un an, pendant une tournée entière, de la faire chavirer. Certains ont essayé de m’aider, parfois, comme ce soir là où ils nous ont enfermées juste elle et moi dans le tour bus avant d’aller manger, nous laissant seules. J’ai tellement de souvenirs avec elle, j’ai l’impression d’avoir son regard sur moi tatoué sur ma peau, et la retrouver aujourd’hui me rend juste… dingue. je souris comme une conne, parce qu’elle est belle, parce qu’elle m’a manqué, et mes maladresses semblent la faire danser sur des oeufs. Ce n’est pas ce que je voudrais, mais c’est pourtant bel et bien le cas. Alors pour tenter d’apaiser ses tourments, je lui parle de la danse, de sa passion, et ça a l’air de la détendre. Je retrouve son si joli sourire communicateur. « oui ! si tu savais à quel point je suis contente ! elle a pas tout validé encore j’espère que ça va lui plaire. et te plaire au… enfin vous plaire quoi ! j’espère que ça va vous plaire. » Oh que oui ça va me plaire, si elle savait. Je continue de sourire comme une idiote, elle me fait fondre. « elles sont bien ses nouvelles chansons hein ? t’as déjà bossé dessus ? » Hochant vivement la tête, je réponds à sa question sans tarder. « Oui, j’ai enregistré tous les morceaux en studio avec elle, j’ai même créé moi-même quelques unes des lignes de basse. C’était cool. » Et je suis fière d’avoir pour la première fois vraiment contribué à la création. Les années précédentes, je ne faisais que reproduire ce qu’on m’avait envoyé, proposer quelques petites choses, mais ce n’est pas le même travail. Aujourd’hui j’ai vraiment ma place ici, et j’en suis fière. « Salut les tourterelles ! Jamais bien loin l’une de l’autre hein ! » Et vas-y que ça ricane. Ugo n’est pas le plus fin de la bande, et surtout pas quand il s’agit de taquiner les autres. Les années précédentes, c’était lui qui avait tendance à nous pousser l’une vers l’autre. « Alors, vous avez pris le temps de vous rapprocher toutes les deux ça y est ? » Et voilà qu’il nous sort son petit air machiavélique, jouant de ses doigts en approchant le bout de ses indexs pour nous faire comprendre le fond de sa pensée. On avait saisi. Je ris un peu et lève les yeux au ciel. « Arrête ton cirque ! Maeve aime toujours les garçons… que je sache. » Je pose sur elle un regard presque un peu interrogateur. Dans le doute, peut-être que ça a changé depuis ?

j'ai définitivement l'air d'une idiote c'est ridicule. je m'en veux de réfléchir autant. puis je lui en veux à elle aussi ! j'vois pas pourquoi je m'en voudrai qu'à moi. c'est de sa faute si je réfléchis autant. elle avait qu'à pas autant me taquiner où je ne sais quoi et j'aurai pas pensé à elle durant toute l'année. c'est tout. et non je ne suis pas de mauvaise foi. ou peut être un peu. mais juste un peu. j'arrive à me sortir de cette situation un peu gênante en lui retournant la question. en voulant savoir du coup où elle en est, ce qu'elle a vu déjà de cette tournée. " oui, j’ai enregistré tous les morceaux en studio avec elle, j’ai même créé moi-même quelques unes des lignes de basse. c’était cool. " et forcément mon sourire s'élargit parce que je suis vraiment contente pour elle. " c'est même super génial ça ! je suis contente pour toi ! " à deux doigts de la prendre dans mes bras de nouveau - foutu réflexe - je me retiens juste à temps pour qu'on nous dérange. " salut les tourterelles ! jamais bien loin l’une de l’autre hein ! " déjà que ce genre de réflexion avait tendance à me tendre les années précédentes, je dois avouer que cette année c'est encore pire. j'ai le corps qui se raidit comme si on m'avait jeté un sort. un petit petrificus totalus sorti de nulle part." alors, vous avez pris le temps de vous rapprocher toutes les deux ça y est ? " et ça ne va pas en s'arrangeant c'est moi qui vous l'dit... la bouche entrouverte, je le dévisage et tourne mon regard vers morgan qui a repris la parole de son côté. " arrête ton cirque ! maeve aime toujours les garçons… que je sache. " très mauvaise idée vu ce qu'elle vient de dire. très très mauvaise idée. je sens mes joues rougir et une chaleur étrange s'emparer de moi. " je... quoi ? euh ... non enfin... " j'inspire et expire pour tenter de faire une phrase cohérente. et ça c'est mal barré. " oui j'aime les garçons... " ce petit temps pour laisser échapper la chose d'une voix plus faible et un poil plus aiguë. " mais pas que je crois... " voilà c'est dit. maintenant j'aimerai bien aller me cacher dans un trou de souris à l'autre bout de la salle. va vraiment vraiment vraaaaaiment falloir que j'apprenne à contrôler mes émotions parce que ça ne va pas du tout. j'ai aucun contrôle sur mon corps. " mais y'a rien entre nous ... " de ce que je dis bien sur. de ce qu'en disent les autres... enfin si ça se trouve morgan est peut être même en couple. parce qu'on a jamais parlé de ça. parce que j'ai jamais voulu. parce que je ne suis pas sure de le vouloir encore maintenant.

Cette conversation est des plus banales, et pourtant elle me remplit d’énergie. C’est dingue quand même quand on y pense. Ça fait un an qu’on s’est pas vues, que je n’ai pas eu de nouvelles d’elle. Un an, c’est le même temps que j’ai passé en couple avec Blake, et pourtant j’ai réussi à penser à Maeve tellement de fois, que j’en ai même trompé ma copine. Je ne vais pas dire que c’est à cause de la brunette en face de moi, clairement pas, mais c’est juste qu’elle me fait tourner la tête depuis toujours, et ma relation avec Blake était finalement vouée à l’échec, quand on y pense. Nous sommes dérangées par le batteur de l’équipe, qui n’a jamais été le plus fin de tous. C’est même le mec qui fout les pieds dans le plat par excellence. Qu’est-ce qu’il est lourd putain. Je lève les yeux au ciel et tente de lui faire fermer sa bouche en lui disant que de toute manière, Maeve aime les garçons. Je ne dis pas que je ne suis pas intéressée, je l’ai toujours été, et elle le sait. Enfin du moins je pense, je pense qu’elle a senti qu’elle me plaisait, depuis tout ce temps. « je... quoi ? euh ... non enfin… » Et voilà, il l’a cassée. Merci bien Jake ! « oui j'aime les garçons… » Je fais un signe de main en direction de la jeune femme, tout en tournant mon regard vers le batteur, l’air de lui dire ‘tu vois, qu’est-ce que je disais.’ Mais en même temps, son aveu me fait mal. Je le sais pourtant, qu’elle est hétéro et qu’elle n’est pas attirée par les femmes. Mais c’est plus fort que moi. « mais pas que je crois… » Cette fois je repose sur elle mon regard en fronçant un peu les sourcils, pas sûre d’avoir bien saisi la suite de sa phrase. Pas que je crois ? C’est a dire qu’elle est sûre qu’elle aime les garçons, ou qu’elle n’aime pas seulement les garçons ? « mais y'a rien entre nous … » finit-elle par préciser avant de secouer la tête à la négative. « Non. Rien. Toujours rien. » Jake grimace un peu, l’air un peu saoulé d’avoir rien eu à se mettre sous la dent, et il repart, en direction cette fois des danseuses qui travaillent avec Maeve. Un silence s’installe, je la regarde mais elle fuit mon regard, je sais même pas si je dois poser la question. Non. C’est trop intrusif, et de toute évidence, si elle avait envie d’en parler, elle le ferait. « Ouais. Jake a pas changé. Toujours le même lourdeau de service. » Je ris un peu et glisse mes mains dans mes poches, sans jamais la lâcher des yeux. « Ça fait du bien de te voir en tout cas, j’ai eu l’impression qu’il s’est passé une éternité depuis la fin de la dernière tournée. » Je lui souris lorsqu’elle daigne enfin me regarder et viens attraper une mèche de ses cheveux avant de déclarer. « Et puis j’aime bien cette coupe. Ça te va bien. » Est-ce que je suis - encore - en train de flirter avec elle ? Probablement…

je ne sais pas trop ce que je lui dis. enfin que je leur dit. mais faut dire que l'information est plus pour morgan quand même. parce que j'ai envie qu'elle le sache mais que je ne sais pas comment le dire. y'a eu linor qui m'a aidé à y voir plus clair c'est sur. c'était rien mais c'était suffisant pour que ça me fasse comprendre que morgan est... n'est pas... bref. que morgan elle est plus importante pour moi que les autres. je ne sais pas si c'est cette histoire de titillements constants de la part des autres lorsqu'on est en tournée qui ont réussi à me mettre cette idée en tête mais faut bien reconnaître qu'il y a quelque chose. on s'entend bien, on est sur la même longueur d'onde. y'a vraiment un truc que je n'ai jamais voulu voir. et pourtant je nie encore. " non. rien. toujours rien. " de toute façon y'a morgan qui confirme cette non-histoire entre nous. y'a rien voilà. morgan elle devait juste m'embêter pour rire. parce que surement elle voyait que ça me mettait mal à l'aise et ça lui passait le temps. j'en sais rien. je sais juste que j'ai du mal à la regarder et à soutenir son regard. " ouais. jake a pas changé. toujours le même lourdeau de service. " je hoche la tête avec un petit sourire. ouais il est lourd, ouais il n'a pas changé. mais bon ce serait triste sans lui. " ça fait du bien de te voir en tout cas, j’ai eu l’impression qu’il s’est passé une éternité depuis la fin de la dernière tournée. " donc on change de sujet. on repart sur ce qu'on connait. un terrain moins sensible et moins dangereux. " j'sais pas j'trouve que c'est passé vite. ou alors j'ai été occupée peut être. mais ça fait du bien d'être de retour. " parce que l'ambiance n'est pas la même par ici. elle s'approche de moi et surtout sa main qui se dirige vers mon visage, mes cheveux, une mèche qui dépasse et dont elle s'empare. " et puis j’aime bien cette coupe. ça te va bien. " je mets quelques secondes avant de comprendre de quoi elle me parle. je me suis coupé les cheveux c'est vrai. et elle ne m'avait pas vue encore comme ça. " merci. une envie de changement tout ça. ça m'a fait bizarre mais maintenant que je m'y suis fait j'aime bien. " je pourrai parler des heures de ce genre de choses lorsque je suis stressée ou gênée. " et alors, t'as fait quoi pendant ton temps de pause ? " elle parlait de musique tout à l'heure, peut être qu'elle a écrit d'autres choses. je ne serai pas contre l'écouter. ou alors peut être qu'elle était occupée à autre chose, avec quelqu'un d'autre. après tout... rien ne dit qu'elle est célibataire. même si je ne l'ai jamais vu avec quelqu'un ici.

J’ai pas envie qu’elle soit mal à l’aise, pourtant c’est plus fort que moi, j’adore la titiller, flirter, jouer avec ses nerfs - comme avec les miens. Parce que c’est devenu quelque chose de naturel, et si elle ne répond jamais vraiment à mes petites provocations, il n’empêche qu’elle ne m’envoie pas chier pour autant. Elle ne cherche pas non plus à me fuir, ce qui est plutôt bon signe si on y réfléchit. Je change un peu de sujet, pour repartir sur une base moins stressante pour elle, et ne perds pas de temps avant de m’approcher, toucher ses cheveux, jouer avec notre proximité et ma voix qui s’abaisse pour qu’elle ait l’impression d’être la seule à m’entendre. Je me doute bien que de l’extérieur, n’importe qui nous verrait comprendrait sans difficulté mon petit jeu. Mais ça n’est pas vraiment un jeu, c’est devenu naturel, inné, je suis attirée par elle comme par un aimant. « j'sais pas j'trouve que c'est passé vite. ou alors j'ai été occupée peut être. mais ça fait du bien d'être de retour. » Je lui souris un peu plus largement, mais ne fais aucun commentaire pour autant, préférant commenter sa nouvelle coupe de cheveux, qui n’est pas si différente, juste un peu plus courte. « merci. une envie de changement tout ça. ça m'a fait bizarre mais maintenant que je m'y suis fait j'aime bien. » Je continue de jouer avec sa mèche entre mes doigts, frôlant parfois sa joue, presque involontairement. « et alors, t'as fait quoi pendant ton temps de pause ? » Je lâche finalement sa mèche de cheveux mais reste à même distance, c’est à dire assez près pour pratiquement sentir son souffle se mêler au mien. « De la musique, beaucoup de musique. J’ai composé, pour Beth mais pour d’autres aussi, je te ferai écouter si tu veux… » Me retrouver seule avec elle, quelque part, lui mettre un casque sur les oreilles et la regarder pendant qu’elle écoute ce que j’ai pu créer avec mon âme. Je crois que ce serait une belle vision des choses. « C’est marrant qu’on se soit même pas croisées une seule fois à L.A. cette année. » C’est pas faute d’avoir eu envie de l’appeler pour lui proposer qu’on se voit. Mais y’avait Blake. Y’a toujours Blake. Enfin… encore un peu, jusqu’à quand, ça c’est une autre histoire. Je ne peux contrôler mon regard qui, lorsqu’il n’est pas plongé dans le sien, vaque à ses occupations, mais sans la quitter une seconde. Parfois simplement ses lèvres, puis le contour de son visage, ses épaules, son ventre légèrement dénudé par ce t-shirt court. On dirait qu’elle fait tout pour me rendre dingue… Finalement, la conversation touche à sa fin, pas par envie ou manque de sujets, juste parce qu'il faut se mettre au boulot, la patronne vient d'arriver.