like a thunder | lina #1

Un soupir vient sortir d'entre ses lèvres. Son regard fixe les têtes qui sont devant elle. Elle sait très bien que ce starbuck à Rodéo Drive est primé mais en même temps, c'est le seul starbuck qu'elle apprécie. Ils savent comment faire son café. Son téléphone sonne, le nom de sa coéquipière s'affiche sur l'écran et Luna décroche. Sa partenaire lui demande où elle est parce que ce matin il fallait qu'elles aillent faire un tour dans le quartier Crenshaw. Une femme a appelé en disant que ses voisins ont la main lourde sur leur gosses. Il fallait qu'elles interviennent pour voir si c'est fondée. Luna lui dit qu'elle sera là dans quelques minutes. Tant pis pour le café. L'affaire est plus importante. Cependant une voix l'interpelle. Une voix qui lui est familière même si ça fait des lustres qu'elle ne l'a pas entendue. Elle se retourne après avoir raccroché et voit une tête blonde prendre en grippe un jeune. Lui, aussi, lui est familier. Il s'appelle Harvey et il a que quinze ans. Il est connu du service car le pickpocket ça le connaît. C'est une petite frappe mais pas méchant pour un sous. Il n'a juste pas conscience qu'un moment donné ça peut partir loin. Ça faisait un moment qu'elle ne l'a pas vu d'ailleurs. Luna a pensé qu'il s'était peut-être assagi. Mais non apparemment. Il a juste dû se faire petit avant de recommencer ses conneries. L'ambiance devient électrique et la femme dont il vient tout juste de voler le portefeuille ne semble pas encline à le laisser partir comme ça. Ce qui est logique sauf qu'elle a l'air vraiment énervé. Luna ne peut s'empêcher d'aller voir parce que c'est son devoir de toute façon. Elle rejoindra sa coéquipière à Crenshaw après. « Hey excusez-moi... » elle s'arrête de parler lorsqu'elle voit enfin le visage de la femme. Irina. C'est pour ça que sa voix lui était si familière. Elle bug un instant en l'observant, son iris bleuté la happe toujours malgré toute ces années qui se sont passées puis elle se reprend et pose ses pupilles sur Harvey. « Harvey je pensais que t'avais fini de faire ce genre de choses ! » lui dit-elle d'un ton moralisateur. Elle ne sait pas trop comment réagir face à Irina en fait, du coup elle se focalise un peu sur le jeune.

on a beau dire que quand on sort de prison, on se sent libre, on est heureux. que tout va bien, ou mieux. mais j'ai pas cette impression. il faut que je réapprenne absolument tout. ne serait ce que la technologie. c'est fou comment ça a pu évoluer en douze ans. et puis la ville. j'ai perdu tous mes repères, les endroits où j'allais me réfugier, ceux où j'avais des souvenirs. je dois reprendre à zéro. c'est compliqué et très contraignant. mais bon, je préfère être dehors que derrière les barreaux. en attendant de trouver un travail, de quoi aider ma mère et surtout m'occuper l'esprit, j'erre dans la ville. je tente de découvrir tout ce que j'ai manqué. de me faire plaisir dans la limite du raisonnable et surtout pouvoir respirer de l'air frais autant que je le souhaite, sans contrainte de temps, sans qu'on m'emmerde. quand on me voit comme ça, c'est sur qu'on se dit pas que j'ai passé presque la moitié de ma vie en taule. je me suis entretenue, je suis plutôt bien foutue. j'ai les cheveux longs et blonds, peu de tatouages et surtout discrets donc pas apparents. je n'ai clairement pas le look d'une taularde comme les gens s'attendent à les voir. alors je n'ai pas à essuyer des regards curieux. même si à l'époque, la gosse de 17 ans qui tue son père ça a fait la une des journaux, j'ai changé depuis et les gens sont passés à autre chose. il ne reste que mon casier pour prouver que j'ai bien été incarcérée.

il y a encore des moments où mon cerveau vrille. comme dans cette fille pour acheter un simple café. ça ne me rappelle pas que des bons moments. obligés de se suivre les unes les autres pour se déplacer, réflexe de se tenir à une distance de sécurité correcte et d'être vigilante à tout ce qu'il se passe. c'est pour ça que je sens immédiatement lorsque mon téléphone quitte ma poche arrière. je me retourne et choppe la main d'un ... gamin. il est franchement pas bien vieux ce petit merdeux. " non mais tu t'es cru où là ? " je récupère mon téléphone, hors de question que je le lui laisse. surtout qu'il est neuf et que je ne suis même pas certaine de savoir m'en servir. il s'excuse, je le laisse partir, je veux juste mon café. jusqu'à ce que je remarque que ce connard m'a piqué mon porte feuille. et là, ça ne passe pas. " rends le moi. " ma main agrippée à son poignet, mon regard quelques peu menaçant et cette voix calme malgré les décibels élevés. " hey excusez-moi... " je sais pas ce qu'elle me veut celle là mais si elle me dit de me calmer ça ne va pas le faire. " quoi ? " je me retourne pour la voir. elle. " harvey je pensais que t'avais fini de faire ce genre de choses ! " non mais je rêve. " ah récidiviste en plus ? c'est pas de famille que de foutre des mineurs en prison ? intéressant... " sarcasme et sourire qui prend place sur mes lèvres. je commande mon café me tourne vers le gosse. " c'est toi qui me l'offre, démerde toi avec la serveuse. " prête à partir. je me fiche de savoir s'il a de quoi payer, il m'a gâché ma mâtinée de flânage intensif alors il se démerde. et son garde du corps n'aura qu'a payer pour lui si ça lui chante.

Tomber comme ça sur elle avec cette situation là... Franchement pour des retrouvailles, c'est la merde quand même. Enfin de toute façon, Luna ne savait pas qu'elle tomberait un jour sur elle. Même si Irina est dans le coin de son esprit depuis qu'elle a appris sa sortie. Ouais, elle préfère se concentrer sur Harvey. Parce qu'elle ne sait pas comment lui parler en fait. En sa présence, elle se sent comprimer. Comme si elle se retrouve coincée dans un étaux sans comprendre pourquoi elle ressentait ça et surtout pourquoi rien qu'avec elle. Cette tension constante entre elles l'a quelque peu fait vriller la tête lorsqu'elle était en prison. Et là, c'est comme si ce sentiment incompréhensible d'un lointain passé accoure en son être pour lui rappeler qu'il est toujours là et qu'il n'est pas parti. Loin de là. C'est trop bizarre. " Ah récidiviste en plus ? C'est pas de famille que de foutre des mineurs en prison ? Intéressant... " elle la cherche ou quoi ?! Luna tourne son attention sur elle, fronçant légèrement les sourcils en la regardant sourire comme ça après lui avoir balancé ça dans la gueule. Et Harvey qui ne comprend pas ce qui se passe et ce qui se dit. Il a même pris son air de chien battu, priant que la lieutenante laisse pisser. " C'est toi qui me l'offre, démerde toi avec la serveuse. " elle serre sa mâchoire et s'adresse à Harvey, avec une voix dure. « Pour cette fois-ci ça passe Harvey, arrête tes conneries sinon tu vas passer quelques nuits au poste, je sais où tu traînes ! » et le gamin abdique, il file d'ailleurs en remerciant la Black pour son indulgence du moment. De toute façon, Harvey est fiché dans le poste alors bon Luna le retrouvera sans problème. Elle paye d'ailleurs le café pour que la serveuse ne porte pas plainte et rattrape Irina qui est déjà sortie du starbuck.  « Je peux savoir ce que tu insinues sur le fait d'être récidiviste ? » Elle la regarde, son expression se raidit.  « Et non, j'essaye de les protéger ces mineurs comme tu dis ! Comme je peux ! T'as pas à dire des choses que tu ne sais pas ! » elle sent cette rage qui est en elle depuis l'enfance couler dans ses veines se raviver peu à peu « Et ce n'est pas parce que tu es restée enfermer pendant des années que tu dois te permettre de cracher ton sarcasme à la première personne venue ! » bien la première fois qu'elles se revoient et elles se prennent déjà le chou... ça promet pour la suite.

je me dépêche de partir de là. je me dépêche de quitter ce foutu café. bordel c'est pas le moment de me faire chier. le café je l'ai pas encore bu. à quel moment on emmerde quelqu'un avant d'avoir bu son café ? c'est complètement con. enfin bref, commençant à partir, je prends quelques gorgées en soupirant doucement. essayant de me calmer. de faire redescendre la pression. oui, je tente de faire en sorte d'être moi. juste moi. plus cette nana qui a été en prison. il faut que je m'y fasse. même si c'est dur, je dois m'y faire. enfin... ça c'était avant que j'entende cette foutue voix. " je peux savoir ce que tu insinues sur le fait d'être récidiviste ? et non, j'essaye de les protéger ces mineurs comme tu dis ! comme je peux ! t'as pas à dire des choses que tu ne sais pas ! " obligée de me retourner pour lui faire face. quelle belle envie que j'ai là. " que t'as l'air de bien le connaître c'est tout on s'calme miss marple. " elle est encore plus chiante qu'avant. pourtant j'pensais pas que ce serait possible en fait. avec les hormones de la grossesse etc j'croyais avoir vu le pire d'elle. faut croire que non. ou alors le temps a émoussé son souvenir. ça peut être la solution aussi. j'en sais rien. " et ce n'est pas parce que tu es restée enfermer pendant des années que tu dois te permettre de cracher ton sarcasme à la première personne venue ! " et c'est elle qui me dit ça. elle n'est pas sérieuse en fait. je lève les yeux au ciel, buvant encore une gorgée de mon café. avant qu'elle ne m'en dégoûte totalement. parce que ça va venir ça. je le sais. " mais c'est toi qui vient me faire chier là. t'as rien d'autre à foutre de ta vie ? ou alors c'est cette magnifique époque où on était enfermées ensemble qui te manque ? tu peux l'dire hein. " sourire sarcastique, café qui continue d'arriver dans ma gorge. tiens, ça m'manquait presque à moi aussi de me prendre la tête pour quedal. comme quoi la prison laisse des traces indélébiles.