oh well, you were in my team ? [maelani 1]

C’est toujours un peu le bordel quand on décide de venir ici tous ensemble. Des amis, des connaissances, une bonne partie connus, alors forcément, faut prendre le temps pour les personnes qui nous arrêtent, celles qui nous demandent des photos ou des autographes. Ça fait partie de notre métier, on est aussi là pour ça, on se doutait bien qu’on allait pas mettre les pieds ici en passant inaperçus. Mais ça fait partie du jeu. Une fois tous prêts, notre groupe est divisé en trois équipes et quelques personnes inscrites se mêlent à nos équipes plus ou moins bien réparties. J’enfile mon gilet, excitée comme une gamine. J’ai toujours adoré cette ambiance de compétition bonne enfant, de jeu, de dépassement de soi. J’ai toujours eu l’équipe qui gagnait, cette fois c’est pas gagné, j’ai pas hérité des plus forts, mais l’important c’est qu’on s’éclate. Les couleurs apparaissent sur nos gilets et nous sommes invités à entrer dans le labyrinthe plongé dans le noir, avec seulement quelques néons à droit à gauche. Je connais l’endroit comme ma poche, j’ai mes stratégies. Le souci, c’est que j’ai pas eu le temps de faire le point avec mon équipe qu’on est déjà tous éparpillés. Ça c’est nul. Je suis immédiatement prise dans le cours du jeu en voyant une personne de la partie adverse en face de moi, pointant le laser de son arme factice pile sur le gilet coloré qui m’habille. Je me faufile pour me planquer et au passage immobilise quelques personnes de l’équipe adverse. Dans le noir, on peut pas trop voir la personne qui se cache sous le gilet, on voir juste les lumières, vaguement. Je profite d’avoir été touchée pour traverser la salle dans sa longueur, sachant pertinemment que lorsque mon gilet clignote, je ne peux ni toucher ni être touchée. La partie reprend dix secondes plus tard et une nouvelle fois je fais face à un joueur adverse. Quelqu’un passe devant moi et j’agrippe la personne - une femme j’imagine vu les cheveux et la taille fine - pour m’en servir de bouclier. Manque de bol, elle était de mon équipe. Merde. Je la fais se retourner face à moi et remarque qu’elle a été touchée, par ma faute. « Merde j’suis désolée j’avais pas vu que t’étais dans mon équipe ! » Surtout que j’avais que des mecs, elle doit faire partie des personnes qui étaient inscrites et qui se sont mêlées à notre jeu. « J’t’en dois une. Reste derrière moi si tu veux. » C’est au choix, soit elle me déteste parce qu’elle est mauvaise joueuse, soit on crée une alliance pour défoncer tous les autres. A elle de voir.

Cinéma ? Nop, j’ai clairement pas envie de rester assise. Je ne pourrais pas de toute façon. Je peux aussi éliminer direct le bowling, c’est pas drôle sans amis. Et les escape games, il me manque mes frères pour réussir à canaliser mon énergie au bon endroit, je ferais péter un câble à mes partenaires inconnus sans eux. Trop de gamins au niveau du trampoline park, et puis je serais piégée dans un harnais, alors je passe. J’aurais bien dit oui pour le casino, mais mes finances risquent de ne pas apprécier des masses. Il me reste donc le laser game ! Je hoche la tête avec un grand sourire. J’aurais pu tourner la tête de ce côté tout de suite, je n’aurais pas perdu de précieuses secondes. Enfin, je comprends bien vite que j’aurais pu aller me chercher un verre sans que ça ne change rien à l’attente pour intégrer la prochaine partie : le groupe devant moi a une de ses organisations merdiques, c’est terrible ! Au moins, ça me permet de m’inclure dans une de leurs équipes sans trop de plaintes sur mon arrivée tardive. Je ne regarde même pas avec qui on me met, je ne les connais pas et je ne verrai pas leur tête dans la salle, pas besoin de se prendre le chou à faire connaissance. Ce n’est pas que je n’aime pas ça, j’ai aucun soucis avec ça, mais ils n’ont pas l’air super open aux autres ceux-là. Du coup, je me cale devant mon numéro, enfile mon gilet et attends impatiemment que la partie se lance pour tous les massacrer. Ou pas... Je me suis à peine faufilée sur une petite plateforme que je me fais éliminer via l’épaule. Je ne cherche pas à savoir qui est le responsable, je redescends vite fait pour essayer de me trouver un coin tranquille pour observer la salle. Enfin, j’essaye, parce que je me fais empoigner sans pouvoir me libérer. « Eh, y’a pas le droit ça ! » Bon ok, j’aurais fait la même sans scrupule, mais c’est moi là ! Et je me fais tuer une deuxième fois d’affiler en moins d’une minute en plus. « Merde j’suis désolée j’avais pas vu que t’étais dans mon équipe ! » « Ben bravo, on n’est pas dans la merde tiens ! J’oublie la victoire d’équipe, c’est ça ? » Un poil trop violente peut-être ? Tant pis, j’aime pas être déjà pénalisée à peine le jeu commencé. Un flash de lumière rouge me fait tourner la tête sur le côté. « Attention ! » Je me projette rapidement en avant, prenant la bigleuse dans mes bras pour l’entraîner et la protéger du tir, loupant son intervention au passage. On est sauvées pour deux secondes, mais les ennemis continuent de débarquer dans le coin. J’en élimine un devant, je crois qu’elle fait la même derrière moi. Ça va pas le faire comme ça. « A trois, on se retourne toutes les deux et on va vers la plateforme, ok ? Un, deux, trois. » Un tir, j’me baisse et j’me retourne dans le même temps. Je prends juste le temps de sentir son gilet contre le mien avant de bouger. « Bon, c’est quoi l’idée, vous vous connaissez tellement par cœur que vous savez exactement qui est où dans votre groupe ? » Comment j’essaye trop de me rattraper de tout à l’heure en lui trouvant une excuse sur mon élimination. Faut dire qu’elle a bien géré le déplacement de notre formation !

J’étais tellement partie dans mon délire que je remarque même pas qu’elle est dans mon équipe. Je m’excuse immédiatement, c’est pas mon genre de tricher en plus, je croyais seulement pouvoir faire perdre un point à une équipe adverse, tout en en perdant pas moi-même. C’est que je suis une habituée du laser game et je sais comment me dépatouiller sans perdre trop de points au final. « Ben bravo, on n’est pas dans la merde tiens ! J’oublie la victoire d’équipe, c’est ça ? » J’entends son agacement, et ça m’amuse. Je suis pas du tout du genre prise de tête, alors je laisse échapper un petit rire avant de lui répondre. « Non au contraire, t’as de la chance t’es tombée dans la meilleure équipe ! » Je suis pas certaine de ce que j’avance, mais de toute manière, même si je suis un peu compétitive, je suis surtout une bonne perdante autant qu’une bonne gagnante. L’important, c’est de m’amuser. « Attention ! » lâche-t-elle non sans me prendre à partie pour m’éviter d’être touchée inutilement. Voilà un vrai esprit d’équipe. J’ai pas le temps de la remercier que déjà on se fait attaquer par tous les côtés. Elle a l’air plutôt douée. Dos à dos, nous éliminons les dangers telles deux drôles de dames, et j’avoue que cette image me plait plutôt pas mal. Moi la féministe. « A trois, on se retourne toutes les deux et on va vers la plateforme, ok ? Un, deux, trois. » J’ai pas nécessairement l’âme d’une leadeuse, je sais l’être lorsqu’il le faut, mais je sais aussi suivre les ordres qu’on me donne. Alors je ne bronche pas et la suis, sachant qu’il s’agit là du bien de notre équipe. Nous courons côte à côte jusqu’à ladite plate-forme, juste le temps de respirer un peu. « Bon, c’est quoi l’idée, vous vous connaissez tellement par cœur que vous savez exactement qui est où dans votre groupe ? » « On a l’habitude de jouer ensemble ouais, mais on est pas contre les p’tits nouveaux ! » Pas le temps de discuter davantage qu’on se fait attaquer à nouveau et je tire plus vite que l’adversaire qui comptait s’en prendre à ma nouvelle coéquipière. « Couvre-moi, j’vais passer de l’autre côté, j’te couvrirai si tu veux venir aussi. » Après tout, même si on s’est pas mal défendues sur les deux attaques précédentes, elle peut aussi avoir envie de faire cavalier seul. Je sais qu’on est toujours plus forts à plusieurs, mais ce jeu est assez particulier, même si on forme une équipe, beaucoup on tendance à ne penser qu’à leur score perso, ce qui n’est pas le cas de mes amis. Au fond, j’espère qu’elle voudra bien me suivre cette fois comme je l’ai suivie un peu plus tôt. J’attends son approbation et traverse une artère principale pendant qu’elle me couvre, immobilisant tous les potentiels tireurs avant qu’ils ne m’aient atteinte. Une fois planquée derrière le mur, je fais la même chose pour elle, ou du moins, je suis en position pour. Reste à voir si elle veut me rejoindre ou pas.

Pas une bonne idée. Je suis encerclée, et n’ai pas le temps d’attendre ma nouvelle partenaire, au risque de me faire buter sans pouvoir me défendre. Une roulade éclair, et je change de planque, attirant à moi mes adversaires, laissant le champs libre à mon acolyte qui se rendra par contre compte que j’ai disparu. Tant pis, je finirai bien par la retrouver. Je suis livrée à moi même et me fais la réflexion qu’être deux, c’est quand même une arme massive. Face à face avec un adversaire, une impasse, pas de quoi m’échapper, je vais perdre un point, mais un sauveur de mon équipe arrive, poussant un adversaire devant moi juste à temps pour me parer et faire en sorte que je ne perde pas de point. Je remarque seulement maintenant que ce n’était pas un sauveur mais une sauveuse. « Eh, mais t’es passée où tout à l’heure ?! Je t’ai dit de m’attendre le temps que je piège les autres !! Je pensais qu’on faisait équipe moi ! » Je ris un peu à sa manière de prendre les choses si à coeur. « J’ai dû éloigner une troupe d’adversaires, si tu me rejoignais, on était faites toutes les deux. Attention ! » Je la tire par l’arrière en agrippant son gilet, et nous planque dans un coin quelques secondes, le temps de respirer. On était pas loin de se faire prendre en embuscade quand la musique s’arrête et notre gilet se met à clignoter, annonçant la fin de la partie. Je soupire, peut-être est-ce un soulagement. Je trouve qu’on s’en est pas mal tirés. « Ravie d’avoir frôlé la mort à tes côtés ! » Je ris un peu, lui donne une tape ‘amicale’ dans la coque de son épaule, et nous nous dirigeons ensemble jusqu’à la sortie, guidées par les lumières ultra violet. Une fois dans la salle pour retirer nos gilets, la lumière m’aveugle un peu et je retrouve mes coéquipiers, avant de poser les yeux sur celle avec qui j’ai partagé une partie de ce jeu. Intéressant. Je lui offre un sourire et nous sortons tous pour aller voir sur le panneau des scores qui a pris la tête. Notre équipe est vainqueur. J’attends les points individuels, je suis dans le haut du classement, mais blondie me surpasse. Je me tourne vers elle en souriant. « J’t’ai bouffé un point, tu m’en a sauvé deux, et t’es quand même au dessus de moi. » Pour le sous-entendu non voulu, on repassera. « J’te dois bien un verre ! » Oui, au moins ça ! En plus, elle est carrément canon, ce serait dommage de s’en priver. « Lei ! Arrête de draguer viens boire une bière ! » Je ris et me retourne vers mon groupe d’amis. « Prenez de l’avance je vous rejoins ! » Je fais signe à la blondinette de me suivre jusqu’au bar, elle peut commander ce qu’elle veut.

Ben quoi, pourquoi elle rigole là ?! Je me suis sentie con à essayer de chercher une personne dans un coin complètement vide. J’ai dû avoir une de ces tronches, j’espère qu’ils ne m’ont pas filmée à ce moment-là. Parce qu’ils sont malins les petits organisateurs derrière, ils adorent nous enregistrer pendant nos actions les plus ridicules. Enfin, en même temps, ça va pas me tuer non plus. « J’ai dû éloigner une troupe d’adversaires, si tu me rejoignais, on était faites toutes les deux. Attention ! » Oooh, c’est trop mignon, elle a voulu… Ma vision devient floue d’un coup alors qu’elle m’attire dans un coin pour éviter un tir de traitre. Ma main va aussitôt se placer sur la gâchette dans un réflexe de survie. Geste tout à fait inutile vu que le laser de mon arme s’éteint sans me laisser la chance de me venger. « Ravie d’avoir frôlé la mort à tes côtés ! » Je souris en sentant son petit coup complice contre mon épaule. « Frôler la mort ? Tu rigoles ? T’inquiète part’naire, la mort aura beau essayer de nous avoir, elle peut rien contre nous ! » Par contre, mon cardio, il n’hésite pas à me torturer lui. Je fais comme si de rien était en retournant dans la salle de départ, mais dès qu’on doit se séparer pour déposer le matos, je n’hésite pas à me tenir discrètement au support le temps de reprendre mon souffle. Ce n’est pas comme si on m’attendait de toute façon, ma complice de jeu a retrouvé ces potes et je les entends déjà se marrer derrière moi. Ce qui ne m’empêche pas de jeter un regard vers elle en me dirigeant vers les résultats de notre partie. C’est qu’elle avait oublié de me prévenir qui se cachait derrière tout cet équipement ! Autant de cachotterie de ma partenaire de choc, je m’en sentirais presque trahie… Surtout qu’elle a déjà voulu me tuer, j’pourrais croire qu’elle veut me fuir en fait. « J’t’ai bouffé un point, tu m’en a sauvé deux, et t’es quand même au dessus de moi. » Je croise son regard et lui lance un sourire malicieux, prête à répliquer. Sauf qu’elle m’a déjà devancée par une proposition plus qu’intéressante, suivie d’une remarque taquine d’un pote à elle qui me titille l’oreille. Je lève un sourcil, intriguée. « Prenez de l’avance je vous rejoins ! » C’est qu’elle ne nie pas en plus… Donc, j’oublie l’envie de fuite et les doutes sur une possible rencontre précédente qui se serait mal passée et que j’aurais oubliée entre temps. Comme si je pouvais l’oublier en vrai ! Enfin, j’vais peut-être pas penser trop vite parce que ça m’empêche pas de commencer à avoir une sérieuse impression de connaître son visage sans pouvoir le remettre. « Deux bières s’il vous plaît. » Euh, pourquoi j’ai dit ça moi au juste ? Ah oui, parce que l’autre a évoqué cette boisson diabolique, que le barman est arrivé trop vite et que je sentais son regard posé sur moi, comme si elle m’attendait. « Alors, t’as pas trop l’habitude d’avoir une nana au-dessus de toi ? » Eh, à vouloir jouer avec les mots, elle va me trouver la demoiselle. Les pintes arrivent près de nous et j’en attrape une pour trinquer avec elle. Je prends une légère gorgée et mon nez se retrousse directement en une grimace. Détournement de son attention, je regarde un cadre d’un mannequin ayant soi-disant terminé une partie derrière elle et le pointe d’un geste de la tête. « Tu crois qu’il est censé nous donner envie de jouer ? Comme si on était assez stupide pour croire que la sueur va nous rendre aussi sexy après avoir couru là-dedans. En plus, il est pas si ouf que ça. » Si j’en crois les critères de beautés de mes potes. Je reprends une gorgée et fronce un peu plus le nez. Décidément, c’est vraiment immonde la bière.

Mes yeux ont du mal à s’habituer à la lumière du jour, et je ne tarde pas à river ces derniers sur le panneau lumineux pour voir les scores. Ma coéquipière du jour m’a devancé de plusieurs points, et je ne me prive pas pour la féliciter, lui adressant un sourire complice, presque un peu charmeur, sans en avoir trop conscience. Je lui propose un verre, pour la remercier, et puis aussi pour apprendre à la connaître un peu en dehors de l’environnement du jeu. Elle n’a pas l’air réticente, accepte mon invitation et nous nous dirigeons vers le bar de la salle de jeu. Elle commande deux bières, ok. Ce sera une bière pour moi aussi, j’ai visiblement pas le choix, mais après tout ça me convient. « Alors, t’as pas trop l’habitude d’avoir une nana au-dessus de toi ? » J’arque un sourcil à sa question, c’est moi ou le double sens était fait exprès ? Je ne peux m’empêcher de sourire, et de répondre, joueuse : « Ça dépend des jours… » Après tout, c’est la vérité ! Je ne suis pas toujours dans le besoin de dominer, et j’avoue que dans l’intimité, avoir une fille au dessus de moi n’est pas la chose la plus désagréable que j’ai eue à vivre. Nos boissons arrivent et après avoir trinqué avec elle, je bois une ou deux petites gorgées avant que la jolie blondinette ne me parle de quelque chose qu’elle voit derrière moi - je crois - et ne détourne mon attention. « Tu crois qu’il est censé nous donner envie de jouer ? Comme si on était assez stupide pour croire que la sueur va nous rendre aussi sexy après avoir couru là-dedans. En plus, il est pas si ouf que ça. » Je ris en voyant l’affiche dont elle fait référence et hausse un peu les épaules. « Pour une fois que c’est pas une femme-objet à moitié à poil… J’avoue que pour ma part, ça aurait été plus alléchant, mais à choisir, je préfère qu’ils se servent des hommes pour ça. » Rien à faire, la féministe en moi a toujours le mot pour défendre sa cause, peu importe quand et comment. Je repose finalement les yeux sur elle avec un petit sourire. « Tu le trouves pas ouf ? Pourtant il est plutôt pas mal. Enfin… pour quelqu’un qui aime les gars j’veux dire… » C’est tout moi ça, prêcher le faux pour avoir le vrai. Quoi qu’à en voir l’attitude de la jeune femme, combiné à mon gaydar désormais plutôt bien aiguisé, je n’émets pas de grands doutes quant à sa sexualité. Pour être honnête, je ne vais pas m’en plaindre. « Alors dis-moi, tu viens souvent ici pour jouer toute seule ? C’est pour faire des rencontres ? » Ou parce qu’elle a pas d’amis ? J’allais pas poser la question comme ça, quand même…

J’le vois son mince sourcil qui se choque de ma petite remarque de rien du tout. Prude ? Nop, son sourire est bien trop réactif pour me convaincre. « Ça dépend des jours… » Définitivement pas prude, ça, c’est check ! Mais alors, côté préférence pour aller au-dessus ou sur la personne en elle-même ? Non pas que ça change grand-chose pour moi si c’est le deuxième cas en vrai, il suffit juste de savoir ce qu’elle préfère en ce moment… De façon très innocente bien sûr ! Et pas dans la précipitation, c’est bien plus titillant de découvrir les petits détails sous une expression, par-ci par-là, surtout avec elle qui joue le jeu. Les affreuses bières sont même d’accord avec moi vu leurs parfaites entrées en scène, coupant court aux sous-entendus pour fêter notre victoire plus que méritée. Ni une, ni deux, je grimace et détourne aussitôt l’attention pour ne pas montrer ma mauvaise tête. Et je la fais rire en plus, si ce n’est pas le summum de la distraction ?! « Pour une fois que c’est pas une femme-objet à moitié à poil… J’avoue que pour ma part, ça aurait été plus alléchant, mais à choisir, je préfère qu’ils se servent des hommes pour ça. » Not bi, check ! « Yep, j’suis d’accord, mais s’ils avaient choisi de faire une affiche en mode guerrière bad-ass, ça aurait été trop classe ! » Je suis sûre qu’elle ne peut pas me contredire, c’est impossible. T’enlèves toutes les nunucheries et tu remets la nana dans un contexte un peu plus réaliste avec un minimum décent de vêtements, en mode armée pour nous défoncer au laser game, tu craques tout de suite. « Tu le trouves pas ouf ? Pourtant il est plutôt pas mal. Enfin… pour quelqu’un qui aime les gars j’veux dire… » L’image dans ma tête se serait-elle transmise par la pensée à ma partenaire ? Avec un sourire en coin, j’hésite à lâcher des infos ou à la provoquer encore un peu. « Vas-y, essaye d’être attirée pour les gars ou fais semblant, c’est déjà ça. Ces trucs-là, tout gros, ça te plaît ? Non parce que y’a pas de muscles derrière, c’est juste de la gonflette. Tu perces – Je tente de contracter mes muscles, pique ma peau du bout du doigt et fais retomber le tout dans un geste dramatique – et y’a plus rien. Et l’espèce de perruque qu’il a sur la tête, tu crois vraiment qu’il va avoir la même tête le matin sur l’oreiller ? Yeurk, nop, pas ouf du tout ! » Par contre, vu sa tête avec un potentiel de mignonitude, je pense que sa sœur aurait moins de critique de nous deux. Mais ça, chut, c’est un secret, même ma partenaire ne le sait pas encore. « Alors dis-moi, tu viens souvent ici pour jouer toute seule ? C’est pour faire des rencontres ? » « Ben écoute, j’avais envie de faire un truc et comme ceux qui m’auraient direct rejoint sans me faire chier niveau orga sont à l’autre bout du monde, je me suis pas posée de question, je suis venue seule. Ça te perturbe ?  Pourquoi donc ? »

« Yep, j’suis d’accord, mais s’ils avaient choisi de faire une affiche en mode guerrière bad-ass, ça aurait été trop classe ! » Je souris de plus belle en hochant la tête. « Tu marques un point. Lara Croft me donne plus envie de faire une partie de Laser Game que lui ! » Je le pointe du menton, cherchant quand même à savoir pourquoi il ne lui plait pas. Sans attendre elle me joue un sketch de dégonflage de faux pectoraux qu’elle s’imagine sur elle et je ris sans aucune gêne, parce que c’est naturel et qu’elle me fait réellement rire. Je ne me défais pas de mon sourire sans la lâcher des yeux. Elle est vraiment mignonne. Finalement je lui demande ce qu’elle fait ici seule, c’est plutôt étonnant, et je suis curieuse. « Ben écoute, j’avais envie de faire un truc et comme ceux qui m’auraient direct rejoint sans me faire chier niveau orga sont à l’autre bout du monde, je me suis pas posée de question, je suis venue seule. Ça te perturbe ?  Pourquoi donc ? » Je secoue la tête à la fin de sa tirade, il en faut plus pour me perturber. « Non je demandais par curiosité, c’est juste pas commun de voir quelqu’un qui vient à une activité de groupe, seul. » Je hausse finalement un peu les épaules avant de boire une gorgée de ma bière. « C’est plutôt tout à ton honneur, ça veut dire que t’as pas peur de grand chose. Enfin en tout cas pas de rencontrer des personnes que tu connais pas, c’est déjà pas mal ! » Il y a tellement de personnes timides qui n’oseraient pas faire ce genre de chose. « T’es pas d’ici alors si je comprends bien ? D’où vient ce petit accent charmant ? » Si je flirt ? Peut-être bien. Je suis de nature charmeuse, parfois même malgré moi. Avenante et chaleureuse, ça peut facilement porter à confusion, même les mecs parfois qui ne me connaissent pas et ne savent pas que j’aime les filles arrivent à se poser des questions. Après tout si ça peut les flatter un peu, du moment qu’ils espèrent pas que je les suivrai chez eux après m’avoir offert un verre… « Que je sache un peu avec qui j’ai fait équipe, c’est pas tous les jours qu’on doit faire équipe avec quelqu’un qu’on connaît pas… » Nouveau sourire en direction de la jolie blonde. Si j’avais su que je rencontrerai une aussi jolie demoiselle en venant là aujourd’hui, je me serai levée avec davantage d’entrain.

Je fais tellement la con pour lui expliquer que ma coéquipière se met à rire franchement. Et c’est pas un rire faux, exagéré pour me faire plaisir, ni cette espèce de rire de honte d’être avec une guignole qui fait n’importe quoi. Non, son rire est joyeux et naturel, tout ce que j’aime. Reste plus qu’à le provoquer à nouveau pour que je puisse en profiter encore, ainsi que son beau sourire qui l’accompagne. « Non je demandais par curiosité, c’est juste pas commun de voir quelqu’un qui vient à une activité de groupe, seul. » « Par ici p’t-être. Je sais pas, ça me choque pas perso. » Je me recale mieux sur mon tabouret, puis entoure l’un des pieds de ma jambe. Ces ricains, faut vraiment qu’ils arrêtent de se concentrer que sur leur image sociale et leurs photos de groupe, ils en oublient de s’éclater qu’importe qui il y a autour ! « C’est plutôt tout à ton honneur, ça veut dire que t’as pas peur de grand chose. Enfin en tout cas pas de rencontrer des personnes que tu connais pas, c’est déjà pas mal ! » « Ah ça, ça risque pas. J’adore rencontrer des nouvelles personnes et apprendre des bouts de leurs histoires. Faut les encourager un peu pour qu’ils se mettent à parler, mais ils sont généralement content d’avoir l’attention de quelqu’un. Et heureusement, sinon qu’est-ce que je me ferais chier à longueur de journée avec eux silencieux à l’arrière ! Et puis, j’ai toujours de belles surprises quand je me lance dans des activités comme ça. » J’pourrais faire croire que ça m’a échappé sans que je le veuille, mais je le pense alors pas la peine de le nier. Il suffit de faire un peu attention à mon attitude pour remarquer clairement que je ne la lâche pas du regard. Et pourquoi devrais-je d’ailleurs ? « T’es pas d’ici alors si je comprends bien ? D’où vient ce petit accent charmant ? » Réflexe naturel, mon sourire devient plus charmeur. C’est qu’elle fait attention aux petites détails la demoiselle. « Que je sache un peu avec qui j’ai fait équipe, c’est pas tous les jours qu’on doit faire équipe avec quelqu’un qu’on connaît pas… » « Hum… dois-je te le dire et ne plus avoir la chance d’être l’inconnue de ton équipe ? Parce que si tu commences à y prendre goût, mais que tu ne me connais trop, je ne vais plus rentrer dans les critères. » Je caresse doucement mon menton du bout de mes doigts, l’air de réfléchir, un sourire malicieux aux lèvres. «  Aotearoa. Je viens de là-bas, mais vas-tu connaître ? » J’attrape mon verre et commence à prendre une lampée avant de le reposer. Je ne lâche pas ses yeux du regard, la malice et la petite lueur charmeuse bien présentes dans les miens. « Toi, j’pense pas me tromper en disant que tu es américaine, si ? Et ne viens pas me dire que je triche en prenant un pays aussi immense, c’est vous qui avez décidé de le garder et de le découper en états derrière ! Par contre, pour ton état… J’avoue que je n’ai pas encore assez repéré les différents accents pour retrouver le tien. Un petit indice ? »

La jeune femme m’explique dans un petit monologue - prouvant son aisance à parler en public ou face à des gens qu’elle ne connaît pas - qu’elle n’est pas du genre à avoir peur justement de rencontrer de nouvelles personnes. Elle est sociable, de toute évidence. De son explication, je crois comprendre qu’elle transporte des personnes, chauffeuse de taxi peut-être, ou peut-être transporte-t-elle des gens importants. Ou ambulancière ? Non, les ambulanciers prennent souvent les passagers à l’avant. Je me contente de quelques hochement de tête, sans jamais la lâcher des yeux, alors qu’elle en fait de même. Elle n’est pas d’ici, ça s’entend, et je lui demande d’où elle vient avec ce si charmant accent. « Hum… dois-je te le dire et ne plus avoir la chance d’être l’inconnue de ton équipe ? Parce que si tu commences à y prendre goût, mais que tu ne me connais trop, je ne vais plus rentrer dans les critères. » Je ris un peu et secoue la tête. « Non tu t’es bien débrouillée, à moins qu’il s’avère que tu sois une psychopathe - ce que je ne crois pas - y’a aucune raison que je ne te reprenne pas dans mon équipe une prochaine fois. » Est-ce que j’ai parlé d’une prochaine fois ? Finalement, elle répond à ma question sur son accent. «  Aotearoa. Je viens de là-bas, mais vas-tu connaître ? » Je plisse un peu les yeux, réfléchis. « Vu la consonance, ça doit être quelque part sur une île, je me trompe ? » Ça m’intrigue, j’ai toujours aimé les femmes un peu mystérieuses, et malgré son franc parler, elle ne déroge pas à la règle. La revoilà qui repart dans une série de questions/explications, elle me fait rire, tout ça pour savoir si je suis bien d’ici. « J’ai la nationalité américaine oui, même si je n’y suis pas née. Donc pas d’accent. » Je hausse un peu les épaules en souriant. « C’est moins exotique que toi, je dois bien avouer, moins sexy aussi. » Le petit sourire mutin au coin de mes lèvres en dit long sur ce que je pense d’elle désormais. En même temps, je ne suis pas du genre à me planquer pour dire ce que je pense. Tant que c’est fait avec tact. Pour ce genre de chose, tact ou pas, c’est du pareil au même. Elle est jolie, semble intéressante, intelligente, avec une part de mystère, c’est le combo gagnant. « Alors du coup, qu’est-ce que fait une fille comme toi venue d’ailleurs, chez les américains ? American dream comme on dit ? Ou c’est autre chose ? » Voilà que je me montre plus curieuse, plus intéressée aussi..

Bien ouej meuf, tu sais maintenant qu’elle ne dirait pas non à te ravoir dans son équipe, ce qui veut aussi dire te revoir. Avec ce genre d’infos, je ne peux que lui donner un bel indice de mon origine. Ouais, bon, je vais pas lui dire cash non plus, ça détruirait tout mon petit jeu avec elle. Et j’aime bien voir ce petit froncement de sourcil de réflexion qui lui donne un certain charme. « Hum… Pas loin, mais faux quand même. Ce n’est pas quelque part sur une île, c’est un ensemble d’îles. Tu connais ce pays sous un autre nom en vrai. » Je lève légèrement un sourcil taquin alors que je la laisse y penser un peu plus longtemps. Yep, j’aime définitivement cette expression concentrée, c’est particulièrement séduisant. Mais bon, c’est pas le tout de lui laisser des indices par-ci, par-là sur ma nationalité, ça ne me donne pas d’infos sur elle. J’ai bien quelques idées derrière la tête, que je partage volontiers avec la demoiselle, mais rien de précis. « J’ai la nationalité américaine oui, même si je n’y suis pas née. Donc pas d’accent. C’est moins exotique que toi, je dois bien avouer, moins sexy aussi. » « Si tu étais venue chez moi, qui de nous deux aurait un accent sexy ? » L’intérêt qu’elle me montre ne met pas longtemps à me faire réagir. Y’a un truc chez elle qui m’plaît. En dehors de son physique bien sûr, parce que y’a même pas à discuter là-dessus, elle est juste canon. « Pas totalement américaine donc ? Et quelles autres cultures influencent ta vie ? Sauf si c’est un secret… Promis, ça restera entre nous. » Regardant discrètement autour de nous, je m’étais légèrement penchée vers elle tout en baissant la voix. Ce mouvement a négligemment fait bouger mes jambes, les faisant frôler les siennes. Je ne cherche à les redécaler, pas quand ça provoque des vagues d’énergie en moi. « Alors du coup, qu’est-ce que fait une fille comme toi venue d’ailleurs, chez les américains ? American dream comme on dit ? Ou c’est autre chose ? » Arg, fallait vraiment qu’elle me pose cette question ? Non, parce que je ne vais p’t-être pas lui dire que je n’avais aucune envie d’être là de base. Quoique, qu’est-ce que j’en ai à foutre, ça m’empêche pas d’apprécier le moment. « Nop, c’est pas trop répandu l’american dream là où je viens et encore moins pour moi. Je me serais bien passée de ce voyage si j’avais pu. Mais j’avoue que vous me faites apprécier de plus en plus ce coin-là, ce qui est un petit miracle me connaissant. » Choix de mots bien spécifiques pour la complimenter au passage, c’est plus que probable. Je finis par hausser les épaules, comme impuissante. « La famille me fait faire tout et n’importe quoi, même traverser le monde alors que j’ai toujours dit non. Je suis toujours faible face à mes p’tits cons de frères, c’est insupportable ! Tu connais ça toi aussi ? »

La jolie blondinette me répond sans tarder que ma réponse n’est pas tout à fait juste. Elle parle d’un ensemble d’îles, et je continue de plisser les yeux le temps que je réfléchis. Je connais le pays sous un autre nom. « OH ! La Nouvelle-Zélande ! Tu es une maori ? Tu sais faire le haka ? » Je me mets à rire un peu en imaginant cette petite gringalette essayer de faire peur avec ces gestes ancestraux. La question me revient comme un boomerang, et je lui réponds le plus naturellement du monde que oui, l’Amérique c’est chez moi, même si je n’y suis pas née. « Si tu étais venue chez moi, qui de nous deux aurait un accent sexy ? » Je ris un peu à sa réponse du tac o tac. « Je sais pas, peut-être que les gens de chez toi ne trouvent pas du tout l’accent américain sexy… » Pas comme l’accent de certains pays européens qui ont le don de faire craquer une bonne partie de notre population. « Pas totalement américaine donc ? Et quelles autres cultures influencent ta vie ? Sauf si c’est un secret… Promis, ça restera entre nous. » Elle s’est approchée pour dire plus bas la deuxième partie de sa phrase, son genou venant effleurer ma jambe, je suis sûre dans un geste délibéré. Le flirt est donc lancé, je ne vais pas m’en plaindre, loin de là. « Je suis née aux Philippines. Je n’y suis retournée qu’une seule fois depuis ma naissance, mais j’adore ce pays. » Je ne cache pas mes origines, elles font partie de mon ADN, et je les porte même sur la peau chaque nouveau jour, et ce jusqu’à la fin. J’en suis fière.

Je ne tarde pas à lui demander ce qu’elle fait dans le coin, si elle fait partie de ces gens qui cherchent à réaliser un rêve ici. Ça n’a pas vraiment l’air vu la tête qu’elle fait. « Nop, c’est pas trop répandu l’american dream là où je viens et encore moins pour moi. Je me serais bien passée de ce voyage si j’avais pu. Mais j’avoue que vous me faites apprécier de plus en plus ce coin-là, ce qui est un petit miracle me connaissant. » Mon sourire s’étire à la fin de sa phrase, parce que le début aurait presque pu m’émouvoir. Mais la curiosité passe par dessus le reste, je n’ai pourtant pas besoin de poser de question, elle y répond directement, comme si elle avait lu dans mes pensées. Elle parle de sa famille, de ses frères qui visiblement sont la cause de son arrivée sur le sol américain. « Alors je peux dire merci à tes frères de t’avoir tirée jusque là. Ça aurait été con de ne pas se rencontrer… » Le sourire que je lui offre est plus charmeur cette fois, je sais comment y faire. Une gorgée de ma bière et je réponds à sa dernière question. « Je suis fille unique. Pas de p’tits cons de frères pour me faire changer de pays. Tranquille, mais un peu seule aussi. » Je hausse légèrement les épaules. J’aurai aimé avoir une fratrie, mais ça n’a pas été le cas. Je n’ai pas le temps de continuer qu’un de mes amis vient nous déranger au milieu de notre discussion. « Lei, on va faire une partie de billard, vous vous joignez à nous ? ». Mon regard se pose sur la délicieuse créature blonde à mes côtés. D’un côté, c’est tentant, parce que je suis joueuse et qu’elle a l’air de l’être tout autant, et d’un autre j’aurai bien aimé passé plus de temps seule avec elle. Je m’en remets à elle pour faire le choix.

« OH ! La Nouvelle-Zélande ! Tu es une maori ? Tu sais faire le haka ? » Voilà qu’elle se met à rigoler et moi, je fais une moue boudeuse. « Tu m’en crois pas capable, hein ? On verra si tu rigoleras encore quand tu seras face à moi avec mes peintures de guerre ! » Moi, une gamine susceptible, je ne vois pas de quoi on parle… Mais à peine le sujet se clôt que mon sourire revient à toute vitesse alors que je récupère des petites infos par-ci par-là sur elle. Enfin, il est surtout influencé par le petit jeu de flirt qui s’installe entre nous. « Hum… je sais pas si je peux parler au nom de tous… Tu crois qu’ils m’en voudront si j’affirme que le tien rentre clairement dans la catégorie ? » Punaise, heureusement que mes frères ne sont pas dans le coin pour assister à ça, j’en aurais entendu parler pendant des heures. En même temps, c’est pas de ma faute, c’est que j’l’aime bien son accent en vrai. Et pas que, j’avoue. Mais je m’en cache pas, même mes gestes parlent pour moi. Pour l’instant, elle n’a pas l’air d’en être dérangée ou gênée, à mon grand plaisir. « Je suis née aux Philippines. Je n’y suis retournée qu’une seule fois depuis ma naissance, mais j’adore ce pays. » « Les Philippines ?! Classe ! Tu penses y retourner un jour ? Attends, t’es née là-bas, mais tu n’y as pas vécu, tu as été adoptée ? » Quelques secondes de silence suivent ma question avant que je ne me rende compte de ma grosse bourde. « Oh merde, pardon, je voulais pas être aussi indiscrète. Miss gaffe, c’est moi, enchantée… » Et parce que je ne sais jamais quand m’arrêter, je lui sors le sourire bien forcé du boulet de service. Comment détruire un début de flirt réussi. Avec un peu de chance, elle ne va pas m’envoyer promener tout de suite parce que trop aimable et j’pourrais rattraper ma connerie.

Enfin, si je n’enchaîne pas les mauvais points, ce qui n’est pas gagné avec ma manière de répondre instantanément sans réfléchir à mes paroles. Je ne sais d’ailleurs pas trop comment interpréter son expression quand je lui réponds franchement que je ne serais jamais venue si mon frère ne m’avait pas obligée. Mais je me voyais pas lui répondre un truc bateau qui me correspondait pas, j’sais pas faire ça. « Alors je peux dire merci à tes frères de t’avoir tirée jusque là. Ça aurait été con de ne pas se rencontrer… » Je la regarde un instant sans savoir quoi dire. J’m’y attendais pas à ça. Je finis par sourire alors que mes joues rosissent un peu. Ben quoi, je suis pas insensible non plus. « Je suis fille unique. Pas de p’tits cons de frères pour me faire changer de pays. Tranquille, mais un peu seule aussi. » J’aime beaucoup moins cette attitude un peu triste ? Nostalgique ? Je ne saurais même pas le décrire. Ça me donne envie de ressortir tous les travers de mes relations avec mes frères juste pour qu’elle ne regrette pas une enfance qu’elle n’a pas eue.

Sauf que j’ai pas le temps de chercher la première anecdote qu’un de ses potes vient se planter entre nous. Scuse-moi, tu vois pas que tu déranges là ?! Ça passe encore parce que tu m’inclus, mais quand même. Je sens le regard de ma belle brune se poser sur moi. My call, c’est ça ? Je me tourne vers le gars et le regarde sans pression. « Qu’on dise oui ou non, vous allez rester dans les parages pour faire les potins, j’me trompe ? Bon ok, on vous suit, mais à une condition : on joue ensemble et si on gagne contre un de vos duos, plus d’interruptions et de p’tites visites pour savoir ce qu’il se passe si on ne reste pas. Deal ? » Je lève un sourcil avec défi et tends la main vers lui. J’ai encore oublié mon filtre avant de parler moi, je m’arrange définitivement pas avec le temps. Je sais même pas si elle sait jouer ou non et j’me dis qu’il vaut peut-être mieux que je vois pas son expression. De toute façon, elle n’aurait même pas eu le temps d’intervenir, son pote me serre la main quasi directement. « Deal ! » Je le vois se tourner vers Lei et je préfère ne pas assister à l’échange de regards, me concentrant plutôt sur ma bière à récupérer. Alors qu’on se lève et qu’on le suit, je me glisse très proche d’elle et lui murmure à l’oreille. « Dis-moi que tu sais jouer ?! » Quoiqu’en même temps, dans le cas contraire, il faudra bien que quelqu’un se dévoue à lui apprendre… Je lève les yeux au ciel à ma propre réflexion. « Eh, au fait, c’est le diminutif de quoi Lei ? » Non parce que ça pourrait être pas mal de savoir son prénom à un moment donné.

Une néo-zélandaise. Intéressant. Je me fous un peu d’elle, pour le haka, mais elle se rebiffe instantanément. « Tu m’en crois pas capable, hein ? On verra si tu rigoleras encore quand tu seras face à moi avec mes peintures de guerre ! » Je ne peux me retenir de rire en voyant qu’elle est très sérieuse. « Ok alors à ton prochain haka invite-moi, je veux absolument assister à ça ! » Oui je la taquine, mais il n’y a rien de méchant là dedans, au contraire. Qui aime bien châtie bien, c’est ce qu’on dit non ? Elle ne perd pas de temps pour me charmer en me parlant de mon accent, le flirt devient de plus en plus évident, et ce n’est pas pour me déplaire. A moi de lui dire d’où je viens, mais avant que je n’ai eu le temps de prendre une nouvelle inspiration, la jeune femme m’assaille de questions, ce qui me surprend sur le moment. « Les Philippines ?! Classe ! Tu penses y retourner un jour ? Attends, t’es née là-bas, mais tu n’y as pas vécu, tu as été adoptée ? Oh merde, pardon, je voulais pas être aussi indiscrète. Miss gaffe, c’est moi, enchantée… » Je me mets à rire, parce que même si elle est maladroite, elle n’en est pas moins touchante. « Non j’ai pas été adoptée, ma mère a décidé que les Etats-Unis étaient mieux pour nous que les Philippines. Et je pense pas aller y vivre un jour, même si je connais pas les deux bouts de ma vie. Mais pour le moment, c’est ici chez moi. » Je lui souris, pour qu’elle arrête de croire qu’elle a été intrusive. La rassurer en somme. La discussion s’enchaîne, la famille, la fratrie, et finalement, c’est Josh qui vient nous déranger au milieu de notre bulle, visant à apprendre à nous connaître. Je n’ai pas le temps de demander à la jeune femme si ça l’intéresse, qu’elle prend l’initiative de répondre, avec un bagou qui me plait beaucoup. « Qu’on dise oui ou non, vous allez rester dans les parages pour faire les potins, j’me trompe ? Bon ok, on vous suit, mais à une condition : on joue ensemble et si on gagne contre un de vos duos, plus d’interruptions et de p’tites visites pour savoir ce qu’il se passe si on ne reste pas. Deal ? » J’arque un sourcil, ne pouvant retenir un petit rire. Josh me regarde et j’arque un sourcil pour appuyer les dires de la jeune femme, et il accepte le deal. Mon ami marche devant nous pour nous mener jusqu’à la table de billard qu’ils ont choisi, et blondie s’approche de moi en me demandant tout bas. « Dis-moi que tu sais jouer ?! » Joueuse, je la regarde en souriant et lui réponds tout aussi bas. « Surprise… Tu prends des risques… ». Heureusement je sais jouer, et vraiment pas mal sans vouloir me vanter. A nous deux, il est très possible qu’on arrive à quelque chose de pas mal. « Eh, au fait, c’est le diminutif de quoi Lei ? » Souriante, et parce que j’aime cette idée qu’elle ne me connaisse pas, je lui réponds le plus simplement du monde. « Leilani. Mais Lei c’est bien, tu peux l’utiliser aussi. » Il n’y a que Lani, que personne n’utilise, plus personne parce qu’il n’y avait que ma mère. « Et toi ? »[/color] Oui parce qu’on connaît chacune un bon morceau de nos vies, mais même pas nos prénoms. Elle m’annonce finalement son prénom juste avant que nous retrouvions mes amis. Je fais alors les présentations officielles. « J’vous présente Maeata, elle était dans notre équipe tout à l’heure, elle a aidé à ce qu’on gagne la partie. » Je lui offre un petit sourire et nous pouvons commencer ce tournoi de billard. Lorsqu’elle joue, j’en profite pour laisser glisser mon regard sur ses jolies formes. Elle n’a besoin d’aucun conseil, elle a l’air de bien gérer la chose. « Vous êtes dans la merde les gars, j’vous l’dis ! »