mon manège à moi, c’est toi. (nieves)

Lorsque j’ai entendu dire que le maire mettait en place différentes activités pour les couples à l’occasion de la Saint-Valentin, je m’étais immédiatement renseignée pour Nieves et moi. Depuis qu’elle avait accepté de revenir à la maison, je crois que je sautais sur n’importe quelle opportunité pour que l’on se retrouve toutes les deux. Je suppose que j’avais besoin de me rassurer. Je suppose que j’avais besoin de sentir à nouveau cette proximité, de sentir à nouveau que nous nous appartenions l’une l’autre. Alors j’avais réservé en secret un de ces cours de massage pour deux, en début de soirée. Ayant mis Loan dans la confidence, j’avais réussi à nous obtenir notre soirée à toutes les deux pour lui faire la surprise. Alors quand sonne dix-huit heures trente, je sors de derrière le bar du Planet et viens toquer à la porte du bureau de nos patronnes. J’y trouve ma femme, noyée dans une montagne de papiers et la vue me fait sourire avec tendresse. « Allez, range tout ça et on y va, je lâche en m’asseyant sur un coin de bureau. On nous attend. » Je passe une main dans les mèches brunes, remettant les cheveux derrière son oreille dans un geste amoureux. « Pas la peine de regarder Loan, elle ne dira rien, rétorqué-je en apercevant le coup d’œil de mon épouse vers ma seconde patronne. Allez, dépêche-toi Honey ou on va être en retard. » J’adorais le regard un peu perdu qu’elle me lançait ; l’air un peu méfiant aussi, parce que je n’avais que peu l’habitude de prendre les choses en mains. Mais il m’arrivait de parfois vouloir la surprendre, surtout en certaines occasions. Et quoi de plus spécial que la Saint-Valentin ? J’étais d’avis qu’il n’y avait pas besoin d’une occasion spéciale pour démontrer son amour à une personne, cependant je n’allais pas refuser une occasion de nous faire plaisir et de passer un peu de temps à deux.

j'ai l'impression qu'elle va un peu mieux loan. je ne sais pas si c'est qu'en apparence ou si c'est réel mais le stock de bouteilles reste équivalent d'un jour à l'autre. ou alors elle a sa réserve personnelle. enfin j'en sais rien. en attendant elle ne me hurle pas dessus, j'arrive à la faire rire de temps à autre et tout à l'air plus calme. même si ça n'empêche que je tente de la soulager quelque peu avec la paperasse. avec le vautour qui nous tourne autour pour le contrôle fiscal il faut être impeccables. ça ne me dérange pas tant que ça, j'ai un côté pointilleux pour ce genre de choses. rentrant la facture pour les citrons de la semaine, je n'entends pas la porte s'ouvrir. c'est seulement lorsque j'entends la voix de ma femme que je relève le regard. ([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]) " allez, range tout ça et on y va. on nous attend. " posée sur le bureau, je la regarde en souriant. je retire mes lunettes et les pose sur le bureau. " on nous attend ? " j'ai aucune idée de ce dont elle parle. sa main se pose sur mes cheveux pour les replacer mais ça ne m'aide pas à comprendre ce qu'il se passe. je cherche loan des yeux mais j'en suis bien vite empêchée. " pas la peine de regarder Loan, elle ne dira rien. " donc elle est de mèche. définitivement on me cache quelque chose. " allez, dépêche-toi honey ou on va être en retard. " bon, je n'ai pas le choix mais ça me va. je lève les yeux au ciel avant de remettre mes chaussures que j'enlève pour être plus à l'aise. je me redresse, embrasse dani et l'aide à descendre du bureau. " bon et bien à demain ? " signe de la main à loan et je suis prête à partir. " on va où querida ? c'est pas que j'aime pas les surprises mais ... " c'est que je ne suis pas habituée en fait. mais si elle décide de nous guider pour aujourd'hui, je ne vais pas l'en empêcher.

Je suis assez fière de voir le regard étonné, surpris de mon épouse. J’avais si peu l’habitude de prendre les choses en mains que c’était toujours un peu étrange – même pour moi. Je la vois qui soupire entre ses lèvres charnues, je la vois qui roule des yeux et je me retiens de rire comme une enfant de trois ans qui vient de trouver une super cachette pendant une partie de cache-cache. Quand elle s’est redressée, sa bouche dépose un léger baiser la mienne et je me sens frissonner jusqu’à mes orteils. Cette sensation m’avait manqué pendant le temps de notre séparation. Ce n’était pas tant les baisers que le nœud à mon estomac que cela provoquait automatiquement. Sa main dans la mienne, Nieves m’aide à descendre du bureau où je me suis assise et je ne peux m’empêcher d’attraper sa taille pour l’amener contre moi. « Bonne soirée boss et merci ! » J’entends la porte du bureau qui claque derrière nous et la question de ma femme me fait sourire, amusée. Je lui lance un regard en coin avant de la coller à moi. « Tu sais que tu es très sexy dans ta robe ? Le rouge est définitivement la couleur qui te va le mieux, je susurre contre sa bouche sans répondre à ses interrogations. Dommage que tu ne la gardes pas longtemps ce soir. » Je viens poser un baiser rapide et léger sur ses lèvres avant de rire. Attrapant sa main, je l’entraîne à ma suite jusqu’à la voiture. J’ouvre la portière du côté passager, fais une petite révérence avec un « Madame. » qui s’échappe élégamment. Je m’installe rapidement derrière le volant et démarre, sans pouvoir me départir de mon sourire de canaille. « Ne me regarde pas comme ça, je ne dirai rien, je préviens alors que mes yeux sont braqués sur la route. Et puis, je pense sincèrement que tu devrais me remercier : je t’ai sauvée de cette pile de paperasse, ça avait l’air ennuyeux. » Je laisse échapper un petit rire. « J’avoue que la perspective de passer la soirée de la Saint Valentin avec mon épouse est quand même plus alléchante que te laisser dans ton bureau. » Je savais pourtant que Nieves et Loan étaient dans le viseur des contrôleurs fiscaux ; je savais aussi que Loan remontait à peine la pente ; je savais que cette soirée, c’était un choix tout à fait égoïste. Mais je n’arrivais pas à culpabiliser. J’avoue que mon couple, mon mariage comptait plus que mon travail au Planet. Sans doute que c’était horrible mais c’était la vérité. « Tu vois, ce n’était pas loin, on est déjà arrivées, lâché-je alors que j’entame un créneau. Et il faut que je te prévienne : nous risquons d’être momentanément séparées. À peine trente minutes. Ensuite, je te rejoindrai. » Sur la banquette arrière, j’attrape un petit sac de voyage où j’ai prévu quelques affaires pour Nieves, dont son maillot de bains et quelques rechanges. « Prends ça, ça te sera sûrement utile. Interdit de regarder dedans ! » J’ouvre ma portière, me penche rapidement pour embrasser Nieves puis jette un coup d’œil au spa qui nous fait face. « Allez, on y va. »

j'ai l'impression de m'être fait kidnapper. enfin presque. parce que quand on est consentant c'est pas un kidnapping je suppose. " bonne soirée boss et merci ! " je la suis toujours en tentant d'en savoir plus sur le programme. mais ça ne semble pas être dans ses projets. parce qu'elle se rapproche de moi ou plutôt se colle à moi et murmure des phrases détournées contre mes lèvres. " tu sais que tu es très sexy dans ta robe ? le rouge est définitivement la couleur qui te va le mieux. dommage que tu ne la gardes pas longtemps ce soir. " pas le temps de comprendre ce qu'il se passe qu'elle m'embrasse et s'éloigne de moi aussi vite qu'elle est arrivée. " tu... okay. " ah ça va pas le faire si j'ai plus les mots pour m'exprimer moi. c'était déjà pas fameux jusqu'à présent mais si elle continue comme ça ça va être vraiment compliquée. je me retrouve devant la voiture et elle m'indique de m'installer dans une révérence. " madame. " lui souriant, je me glisse à l'intérieur du véhicule sans la quitter des yeux. elle desserre pas les lèvres en fait. elle va me faire mariner jusqu'au bout. " ne me regarde pas comme ça, je ne dirai rien. et puis, je pense sincèrement que tu devrais me remercier : je t’ai sauvée de cette pile de paperasse, ça avait l’air ennuyeux. j’avoue que la perspective de passer la soirée de la saint valentin avec mon épouse est quand même plus alléchante que te laisser dans ton bureau. " quand elle a une idée en tête elle... j'ai l'habitude hein mais ça faisait un moment que je ne l'avais pas vu comme ça. c'est bizarre mais terriblement plaisant. " c'est plus alléchant pour moi aussi. même si je ne sais toujours pas ce que tu as prévu. " je m'enfonce dans mon siège et boude un peu. juste un peu parce que le sourire reste planté sur mes lèvres quand même. " tu vois, ce n’était pas loin, on est déjà arrivées. et il faut que je te prévienne : nous risquons d’être momentanément séparées. à peine trente minutes. ensuite, je te rejoindrai. prends ça, ça te sera sûrement utile. interdit de regarder dedans !" donc c'est de plus en plus mystérieux en fait. et j'ai un sac qui m'arrive dessus. en même temps lorsque je relève les yeux je vois où on se trouve. et c'est vrai que ma tenue fait tâche avec le lieu. " d'accord. " je ne comprends pas trop pourquoi on va être séparées mais je pense que même si je lui demande, je n'aurai pas de réponse. " allez, on y va. " maintenant qu'on y est de toute façon. tout se passe très vite quand on arrive. dani a les choses en mains, elle part d'un côté, moi de l'autre. j'ai juste le temps de l'embrasser avant qu'on soit séparées. je ne sais pas où elle va mais moi je me retrouve dans les vestiaires. c'est le moment d'ouvrir le sac et de me changer. je vois le maillot et l'enfile, range mes affaires et prends la serviette fournie. une femme m'attend à la sortie de la cabine et m'accompagne jusqu'au sauna. elle m'explique les règles de base, me dit de ne pas rester plus de dix minutes. me présente le hammam, me fait le debrief aussi. puis la piscine d'eau froide et les douches. bref visiblement voilà l'endroit dans lequel je vais me prélasser pendant ces prochaines minutes. la détente est réelle et je ne vois pas le temps passer. ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé et c'est super agréable je dois le reconnaître. me laisser aller, ne pas réfléchir. et c'est l'hôtesse qui vient me récupérer alors que je barbote dans la piscine. visiblement c'est l'heure de rejoindre dani et ça, c'est une bonne nouvelle. " j'vous suis. " je ne sais pas trop où mais je m'exécute. j'arrive dans une pièce et elle m'annonce que dani va venir me chercher. toujours des mystères mais j'ai comme l'impression que le voile ne va pas tarder à être levé.

C’est malgré tout un peu à contrecœur que je quitte mon épouse après un dernier baiser rapide sur sa bouche maquillée. Après tout, une soirée comme celle de la Saint-Valentin méritait que chaque seconde soit passée à ses côtés – c’était ce que je désirais, en tous les cas. Mais je savais également que c’était pour mieux la retrouver plus tard et lui offrir un moment qui, je l’espérais, resterait gravé dans sa mémoire. Je me sentais un peu nerveuse à l’idée de tout rater ou de mal faire. Un massage, c’était quelque chose de délicat et je pouvais blesser Nieves sans le vouloir, juste parce qu’une main serait mal placée sur son dos. Juste parce qu’un doigt allait toucher le mauvais muscle. Je me laisse cependant entraîner par une jeune femme dans une salle plus loin où elle m’apprend les quelques premiers gestes rudimentaires. Je suis concentrée, presque comme si j’étais en train de jouer ma vie entre ces quatre murs à la couleur chaude et reposante. Consciencieuse, je reproduis les gestes avec application d’abord sur un mannequin puis elle me propose de tenter sur elle pouvoir si je me débrouille tout aussi bien. La masseuse me donne encore quelques conseils, les derniers, mais elle semble satisfaite lorsqu’elle me conduit à une nouvelle salle, une trentaine de minutes plus tard. J’y retrouve ma femme, la chevelure encore un peu humide mais les traits plus détendis. Je suis rassurée de voir qu’elle a pu passer un bon moment, oubliant pendant quelques temps le stress du travail et tout le reste. Nous reprenions peu à peu nos marques, notre vie à deux. Je n’avais pas de mal à me réhabituer à sa présence à nouveau dans mon quotidien – restaient seulement les blessures de notre séparation, de son absence pendant près d’un an. « Bonsoir madame, je lâche d’une voix suave, le sourire espiègle. Nous allons nous installer juste à côté. Il va falloir vous dévêtir un peu plus, votre masseuse ne devrait pas tarder. » Cependant que la brune se déshabille et s’installe sur la table de massage, un peu de musique douce ricoche contre les murs et je me réchauffe rapidement les mains avant de les enduire d’une huile à l’odeur de lavande et de thym. « Surtout, tu me dis si jamais je te fais mal, je souffle juste avant de poser mes mains sur son dos. » Sa peau n’a plus aucun secret pour moi, aussi ne suis-je pas étonnée de la sentir douce et brûlante sous la pulpe de mes doigts. Je sens aussi, je crois, ses épaules un peu tendues et plus fermes comme si ses muscles s’étaient noués. Mes gestes sont lents, quelque peu hésitants mais je m’y attèle avec grande application. Je trouve le moment étrangement intime et sensuel, comme si je parvenais à atteindre mon épouse d’une façon nouvelle et différente. J’avais pourtant eu l’habitude de sentir mon âme qui communiait avec elle avec une facilité déconcertante. Mais là, l’odeur des huiles me brûlant les narines, la musique résonnant jusque dans mes sens, à simplement masser Nieves, il me semble n’avoir pas été aussi proche d’elle depuis un très long moment.

assise dans la salle, j’attends. j’attends que dani arrive, qu’elle m’explique quelle est la suite du programme. car pour le moment je n’ai pas trop d’informations. et j’avoue ne pas avoir trop l’habitude de me laisser porter. je suis plutôt du genre à vouloir contrôler qu’à l’être. et elle arrive enfin ma blonde. par une autre porte. signe qu’elle n’a pas profité comme moi des douceurs du hammam et du sauna. ” bonsoir madame. nous allons nous installer juste à côté. il va falloir vous dévêtir un peu plus, votre masseuse ne devrait pas tarder. “ je l’écoute, prends note de ce qu’elle me dit et souris. donc masseuse. mais au vu du ton de dani, je sens que cette masseuse, ce sera elle. et dans l’idée ça m’arrange. déjà qu’elle me touche bien sur et puis surtout ça veut dire qu’elle n’a pas forcément envie que quelqu’un d’autre le fasse. et oui, c’est agréable à comprendre. ” bien. “ je me redresse, m’exécute donc et me déshabille. je m’installe ensuite sur la table de massage et comprends que ma femme est en train de se préparer à me masser. comme je m’en doutais. ” surtout, tu me dis si jamais je te fais mal. “ je hoche la tête avant de la placer dans l’espace réservé pour celle ci. ” je sais que tu ne le feras pas. “ qu’elle ne me fera pas mal. j’ai totalement confiance en elle. elle passe ses mains sur mon dos et je me délecte de ce contact. puis elle remonte, s’arrête sur mes épaules et le massage commence réellement. je sens les tensions lorsqu’elle appuie dessus mais ça ne me fait pas mal. c’est juste que je suis crispée. et quelque chose me dit qu’elle va être très douée pour me détendre. quelques gémissements qui s’échappent de mes lèvres, lorsqu’elle presse où c’est plus tendu mais aussi quand elle est plus douce. l’odeur de l’huile qu’elle utilise me parvient aux narines et me calme également. un pouvoir apaisant. ” tu peux continuer autant que tu veux. “ je souris et espère que ça ne s’arrêtera pas trop vite. que je puisse profiter de ses attentions encore un peu. bien différentes de celles que je lui connais mais tout aussi agréable. d’une autre façon. mais la découverte ça a du bon.

Je m’applique à effectuer des gestes les plus précautionneux possibles cependant que je mets en application ce que la masseuse professionnelle a tenté de m’apprendre en peu de temps. J’avais retenu le maximum des informations pour que le moment soit le plus agréable pour mon épouse. Mes doigts glissent lentement sur sa peau, je sens ses muscles tendus sous la chair. Après tout ce qu’il s’était passé ces derniers temps, il était normal que ma femme soit complètement nouée. Il y avait eu des hauts et des bas ; il y avait eu la fin d’une longue séparation et les retrouvailles. Nous avions dû reprendre nos marques, malgré tout. Et même s’il avait été facile de vivre à nouveau aux côtés de Nieves, comme si elle n’était finalement jamais partie, je savais que nous retrouver de façon intime, retrouver notre couple avait été le plus compliqué. Le sexe n’avait cependant jamais été un problème – il ne l’était toujours pas aujourd’hui ; mais plus que de reconnecter nos corps, il nous avait fallu reconnecter nos âmes. Et ça avait été le plus difficile. Elles avaient pris des chemins différents pendant l’année de notre séparation. Elles avaient emprunté des routes opposées et il y avait eu beaucoup de travail pour faire que nos cœurs se retrouvent enfin. Mais je supposais que ça en valait largement la peine. Mon épouse était l’amour de ma vie et je ne pouvais pas accepter de la laisser s’éloigner pour toujours. Je ne pouvais pas accepter de continuer mon existence sans Nieves à mes côtés. Alors les efforts étaient de mise. Alors un travail sur moi-même était indispensable. J’essayais, depuis son retour à la maison, d’être plus entreprenante. De prendre un peu plus les devants. De lui montrer que j’étais prête à ce que cela fonctionne. Que j’étais prête à dépasser les difficultés. Cette soirée, elle était pour nous. Elle était pour elle et moi, elle était pour notre histoire. Notre passé et notre avenir. J’étais prête à porter les pierres de notre relation, une à une, s’il le fallait. Avec elle à mes côtés, j’étais sûrement capable de braver des tempêtes et escalader de hautes montagnes. « Tu pourrais te mettre sur le dos, maintenant, je propose en m’écartant légèrement. Je vais continuer mon massage. »

elle est surprenante. on se connait depuis tellement longtemps qu’il est difficile de se surprendre. mais elle arrive encore à le faire. aujourd’hui oui, elle me surprend. et je dois avouer que j’adore ça. je n’ai aucun doute sur ses talents de masseuse. j’ai totalement confiance en elle, elle ne me fera pas mal. bien au contraire. ses mains se posent sur mon dos et je souris doucement. elle ne me voit pas mais ce n’est pas grave. elle bute assez rapidement sur des contractures ce qui ne m’étonne pas beaucoup. et je sens qu’elle y met tout son coeur pour les détendre. quelques gémissements s’échappent parfois de mes lèvres. aucune douleur ressentie, juste du soulagement et du plaisir. ses mains me connaissent par coeur et avec ce qu’elle a appris elle est encore plus performante. je ne sais pas depuis combien de temps elle me masse mais lorsque sa voix me parvient aux oreilles, j’ai l’impression de sortir d’une étrange bulle. ou d’un nuage. je tourne la tête vers elle et les yeux toujours fermés je souris. ” d’accord. “ je n’avais pas très envie de bouger. bien installée comme j’étais c’est normal. mais elle veut continuer son massage et semble s’être tellement préparée pour ça que je ne peux pas le lui refuser. alors dans un léger grognement, j’arrive à me retourner pour m’installer sur le dos donc, comme demandé. totalement nue face à elle mais sans aucune pudeur. ça fait bien longtemps que j’ai arrêté d’être gênée face à elle. et j’aime toujours autant voir son regard qu’elle pose sur chaque courbe de mon corps. ” la vue te plait ? “ que je demande amusée. bon d’accord, j’avais dit que je me laisserai faire mais j’ai du mal à rester totalement de glace installée comme ça face à elle. malgré ça, je n’ai pas envie de la couper dans son élan. ” pardon pardon, continues je t’en pries. “ j’étire les lèvres et attends la suite. ” je reste calme et totalement à ta merci. “ les yeux fermés, j’ai quand même du mal à arrêter de sourire. bien trop ravie de la retrouver, bien trop contente de pouvoir passer du temps avec elle.

Je sens mon épouse quelque peu réticente à l’idée de devoir bouger malgré son sourire satisfait sur les lèvres ; toutefois, elle obtempère rapidement et je me retrouve à faire face au corps nu de Nieves comme je l’avais déjà vu des milliers de fois. Je connaissais sa peau par cœur, jusque dans les moindres courbes, jusque dans la moindre saveur – et c’était pourtant comme si je la voyais pour la première fois. Parce que je n’étais jamais lassée de la découvrir à nouveau ; parce que je n’étais jamais lassée de l’apprendre à nouveau. Mes doigts, mes lèvres et même mes yeux avaient soif de la connaître par cœur comme pour pouvoir graver son souvenir à jamais à l’intérieur de mon esprit. De mon âme. Et alors je pouvais la dessiner, encore et encore. Et alors, je pouvais inscrire sur le papier tous ces souvenirs si chers à mon cœur. C’était comme autant de photographies, autant de clichés de notre couple, de notre quotidien sur lesquels je pourrai m’attarder jusqu’à la fin de mes jours. Lorsque nous serons vieilles, mères et grand-mères d’une jolie petite famille, alors nous pourrons revoir tout ce que nous avions vécu toutes les deux, ensemble, et nous pourrions alors nous dire que notre vie avait été parfaite. Que nous avions été chanceuses – que j’avais été chanceuse. Je crois que je suis restée un peu trop longtemps à observer Nieves, si bien que la remarque de ma femme me fait sursauter légèrement. Comme prise en flagrant délit, je baisse les yeux en souriant d’un air gêné. « Bien sûr que la vue me plaît. Toujours, j’acquiesce doucement. Tu es toujours aussi belle, Honey. » Et elle le serait encore, et toujours, même quand le temps aura fait son œuvre sur sa peau couleur de caramel. Bien au contraire, elle sera encore plus magnifique avec ces quelques rides au coin de ses yeux et de sa bouche, ces cheveux blancs parsemant ses mèches corbeau. Bien sûr que je m’imaginais vieillir à ses côtés ; bien sûr que je voulais finir ma vie à ses côtés. Et je sais que, même lorsque Nieves aura quatre-vingt-dix ans, elle sera toujours aussi belle à mes yeux. Je laisse échapper un petit rire tandis que la brune se replace et que je peux continuer le massage que je lui offrais. Mes mains glissent sur sa peau de pêche, redécouvrent des courbes que je me surprends à aduler chaque jour un peu plus. Comme une adolescente en pleine découverte de son premier émoi, je sens mes joues qui chauffent un peu quand mes doigts redessinent la rondeur de ses seins pleins comme des fruits mûrs. Mes paumes d’artiste semblent vouloir modeler la chair comme on travaillerait l’argile pour en faire une sculpture. Mon épouse est Galatée et je me fais Pygmalion en cet instant. Et c’est à travers mes gestes emplis d’amour et de dévotion que je lui redonne vie, que je la ramène sur la route de notre histoire. Que je lui rappelle l’incendie qui avait brûlé entre nous pendant toutes ces années. De la rondeur de ses épaules à la pointe de ses seins, jusqu’au creux de son ventre plat en passant par le galbe de ses cuisses fermes. « Tu crois qu’il y a des caméras, ici ? » Est-ce que nous avions le temps devant nous ? Est-ce que la jeune femme viendrait nous chercher au bout d’un certain temps ? Cet instant chatouillait dangereusement mon imagination et je m’imaginais déjà m’en servir pour une de mes nouvelles de mon prochain recueil. Je pouvais toujours l’ajouter à la fin, après tout.