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au cimetière des amours, moi j’ai planté ta croix. (henry)

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au cimetière des amours, moi j’ai planté ta croix. (henry)
Lun 25 Juin - 15:30
Je ne supporte plus ce reflet dans le miroir. Je déteste ces yeux bouffis, rougis. Je déteste ces joues qui semblent creusées – creusées par la douleur et les insomnies. Je n’ai pas mangé depuis que Claire a disparu. Ça fait déjà cinq jours. Je bois beaucoup et vomis tout ensuite. J’ai cette boule au ventre qui m’alourdit la poitrine. J’ai cette main qui enserre ma gorge et m’empêche de respirer. Je passe mes nuits à sangloter, à prier n’importe quel Dieu là-haut pour qu’on me la rende. J’étouffe mes hurlements de douleur dans les plumes de mes coussins, je reste des heures à observer les étoiles dans le ciel jusqu’au petit matin. La journée, je quitte à peine ma chambre, je fixe cette porte ouverte sur cette pièce trop vide et trop silencieuse. J’ai pensé à la fermer, une fois. Et c’est comme si j’avais reçu un coup de poing dans l’estomac. Ma respiration s’est coupée net et j’ai cru m’étouffer. Cette porte n’avait jamais été fermée. Cette porte ne pourrait jamais être fermée. Alors je regarde juste le lit en face du mien, dans cette autre pièce, qui paraît si loin. Je regarde ce lit dans lequel je passais des heures, dans lequel je m’installais le soir pour lui lire des histoires. Lui parler de tout et de rien. Cette chambre avec toujours été un peu la nôtre, à Claire et à moi. Aujourd’hui, elle est sombre et froide. Aujourd’hui, elle est silencieuse. Fatiguée, je détourne le regard au moment où on frappe à la porte de ma chambre. Dans la glace, j’aperçois le visage blême de ma mère, déjà toute habillée de noir alors que je ne suis encore qu’en serviette de bain. « Tu n’es pas encore prête ? » « Non. » « Pourquoi tu gardes cette porte ouverte ? » « Parce que j’ai envie. » « Ça ne sert à rien. » « Ça m’est égal. Elle reste ouverte. »

Mes doigts se replient sur mon tube à mascara et je pivote d’un coup sec quand je vois ma mère s’approcher de la porte communicante. « Cette porte reste ouverte, j’ai dit, grondé-je, furieuse. Compris ? » Et je n’arrive pas même à m’émouvoir du regard brillant de Mère. Je n’arrive pas à m’émouvoir du tremblement dans sa voix. Je suis trop en colère pour ça. En colère après le monde entier, après la vie. En colère après tous les vivants que je maudis. Quand Mère est enfin sortie, je prends une grande inspiration et tente d’appliquer une couche de mascara, les mains tremblantes. Je ne sais pas pourquoi je m’évertue à me maquiller, je ressemblerai à un panda à force d’avoir trop pleurer. Le reste se passe comme à travers un brouillard : une fois maquillée, j’enfile mes sous-vêtements puis par-dessus la robe noire pour l’occasion. J’avais toujours refusé d’acheter une tenue pour un enterrement – en particulier celui de Claire. Je m’étais toujours dit que ce serait lui porter malchance alors je n’avais jamais rien eu dans mes placards pour un jour tel quel celui-ci. En urgence, j’avais dû acheter la première tenue appropriée qui me passait sous la main : c’était une robe toute simple, descendant jusqu’au-dessus du genou et avec un nœud dans le dos. Avec des ballerines de la même couleur, ça ferait bien l’affaire. Je suis en train d’attacher mes boucles d’oreilles lorsque j’entends une voiture qui se gare devant la maison. Je pense d’abord à des invités venus présenter leur condoléances et puis j’ai un sursaut au cœur quand je pense à Henry, mon frère. Il avait dit qu’il me rejoindrait à la maison, pour nous emmener tous à l’église. Je chausse à la hâte mes ballerines et descends en trombe au rez-de-chaussée pour arriver trop tard puisque Père a déjà ouvert la porte d’entrée. Il est planté là, le visage fermé, face à un Henry qui ne sait pas où il a mis les pieds. Je n’avais pas remarqué avant combien les deux se ressemblaient – physiquement, parce que leurs personnalités ne pouvaient pas être plus opposées. « Qui est-ce qui t’a prévenu ? j’entends et je me glace d’effroi avant de combler les quelques mètres qui les sépare de moi. » « C’est moi, je rétorque, trop fort. Même si vous avez tout fait pour l’oublier, Henry fait partie de cette famille et Claire était notre sœur à tous les deux. J’ai besoin de lui aujourd’hui plus que jamais. » J’attrape le bras de mon grand frère pour y enrouler le mien. Défiant Père de faire une quelconque remarque. « Henry vient avec nous. » Que ça leur plaise ou non.
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au cimetière des amours, moi j’ai planté ta croix. (henry)
Dim 8 Juil - 16:23

Petite foule danse
Autour d'un corps s'endormant
Douceur immense
Pour le départ d'un parent

Il se trouvait devant la propriété de ses parents et il n’osait pas entrer. Sa respiration était saccadée et il observait l’imposant portail se trouvant à quelques mètres de lui, de l’autre côté de la route où il se trouvait. Il ne savait que faire. Rebrousser chemin ou affronter des peurs anciennes. Aimer en silence ou haïr avec du bruit. Henry ne savait plus trop. Seule la volonté d’aider Ophélie l’empêchait de mettre la première et de démarrer la voiture de location qu’il avait fini par louer. C’était plus simple pour se déplacer, plutôt que d’utiliser, à outrance, des Uber. Ça lui donnait un peu plus de liberté mais pas du courage pour autant. La peur dominait le reste. Le chagrin permettait de tenir bon aussi. En ce jour funeste, Henry était vêtu de noir. Seule la chemise contrastait avec la sobriété de sa tenue. L’ensemble terne faisait ressortir la pâleur de sa peau ; les cernes étaient un peu trop visibles. Les nuits étaient courtes. Le décalage persistait à rendre le sommeil aléatoire. Et puis, l’enterrement ne cessait de le faire réfléchir. Il allait devoir affronter ses parents. Et le reste de la famille. Il allait voir le reflet de la honte dans ces prunelles semblables aux siennes. Et il n’avait pas envie. Mais alors pas du tout. Cependant, il le faisait pour Claire. Pour Ophélie et lui-même, également. Pour tout ce qu’il avait fini par être durant ces années. Un être libre, ayant fait connaissance avec le monde extérieur, ayant entrepris un voyage sur la vie, un approfondissement sur lui-même, sur le bonheur en sachant se défendre de l’emprise familiale. Ô comme tout paraissait si simple. Hélas, ce n’était pas le cas… Et il se devait d’être fort. Il inspira une grande goulée d’air, avant de mettre le contact, d’enclencher son clignotant pour tourner à gauche et arrivant devant le portail où un vigile s’approcha de lui. « Je suis Henry Chateaubriand, ouvrez-moi s’il vous plait. » Son ton était ferme. Il essayait de ne pas trahir la fébrilité s’agitant à l’intérieur. L’homme hésita mais il ne chercha pas à comprendre plus. Après tout, les bruits de couleur informaient le personnel. Henry aurait été prêt à dégainer sa pièce d’identité s’il l’avait fallu. Ou bien sa sœur aurait été une main plus que secourable en cas de besoin. Mais il n’eut pas besoin d’affronter une quelconque difficulté. Et finalement, le portail s’ouvrit et il entra dans la propriété de ses parents. L’ensemble était joli mais ça paraissait être une prison, là où sa petite sœur s’y trouvait, prisonnière d’une emprise. Il regrettait tant les contrées lointaines, les déserts, les paysages à pertes de vue. Là, rien ne lui plaisait et ce sentiment s’augmenta lorsqu’il sortit de sa voiture et s’avança vers la porte où il sonna, droit et fier, mais terrifié à l’intérieur. Il espérait que ce soit Ophélie. Il lui avait indiqué l’heure, qu’il les amènerait à l’enterrement. Quelque part… C’était une sorte de défi. Trimballer son père à l’enterrement de sa propre fille. Il y avait fort à parier que ce dernier refuserait. Il avait toujours été têtu. Et il n’avait pas changé…

Il se fit ce constat lorsque le père et le fils se firent face. « Bien le bonjour, Père> » Ce dernier mot lui semblait si faux. Depuis combien d’années, le fils avait-il enterré son père ? Trop longtemps. Pourtant, il demeurait digne, ne montrant pas combien cette dispute le terrassait toujours autant. Il le toisa sans rien dire d’autre, entendant un bruit de pas précipités. Ophélie. Elle venait d’arriver, visiblement peu prête à ce que leur père ouvre cette porte. Leur mère avait même fait irruption, surprise de voir son fils aîné. « Ça fait longtemps, Mère. » Dit-il sobrement. Le son de sa voix sembla faire sortir le patriarche de sa torpeur. La façon dont il s’adressa à lui, fit contracter son cœur, l’empêchant de répondre clairement. Heureusement, Ophélie prit le relais. Ses paroles lui firent du bien, lui redonna du baume au cœur, de la force pour la suite des évènements. « Je peux vous y emmener si vous voulez. J’ai de la place pour vous deux. » Il était clairement évident que le frère et la sœur iraient ensemble. Cette certitude semblait contrarier leurs parents. Et d’ailleurs, leur père sortit bien vite de son mutisme. « Il en est hors de question. Viens, Chérie. » Et sans un mot, il prit la main de sa femme qui échangea un regard dénué de mots avec son fils. Et bien vite, Ophélie et Henry se retrouvèrent seuls dans ce vestibule. Un silence s’installa, qu’il rompit assez vite. « Je ne suis guère étonné de leur réaction. » Sa voix trahissait une peine certaine. Ce n’était jamais évident de côtoyer ce rejet, surtout quand il avait appris à vivre sans depuis. Il déposa un baiser sur la joue de sa sœur, avant de lui sourire. « Je suis content de te voir, Ophélie. Aujourd’hui, plus que jamais, nous aurons besoin de l’un de l’autre. »


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au cimetière des amours, moi j’ai planté ta croix. (henry)
Mar 10 Juil - 11:40
Il y a comme un courant d’air glacé qui passe dans le hall. C’est presque une tempête. Et, silencieuse et le cœur complètement brisé, j’observe cette famille éclatée qui ne ressemble pas à la mienne. Depuis combien de temps ne sommes-nous plus une famille ? Depuis combien de temps le nom des Chateaubriand ne sonne-t-il plus pareil ? Probablement depuis ce soir-là où j’ai vu les valises de mon frère aîné près de la porte ; probablement depuis ce jour-là où Henry a été rayé des mémoires et où son prénom était devenu comme une insulte s’il était alors prononcé. La disparition de Claire ne faisait que creuser un peu plus ce fossé entre nos parents et nous. La disparition de Claire faisait remonter à la surface tout ce que nos parents ont essayé d’enterrer pendant toutes ces années. Père regarde son fils comme s’il n’était qu’un intrus en cette maison ; Mère est si pâle que j’ai peur qu’elle ne s’évanouisse dans l’instant. Et moi je reste là, plantée droite comme un piquet, redevenant la petite fille que j’étais. Celle qui a vu son frère passer la porte d’entrée pour ne jamais revenir. Je suis forte pour les bravades, pour les mots lancés comme un couperet. Je suis forte pour lever fièrement le menton et afficher clairement ma pensée. Mais du haut de mes vingt-huit ans, je ne reste qu’une pauvre gamine. Une gamine esseulée, pétrifiée qui ne connaît rien à la vie. Qui ne sait rien de qui elle est. Alors je sursaute quand Père dénigre ouvertement son fils, entraînant ma mère à sa suite. Je vois une seconde d’hésitation avant la résignation et nos parents nous tournent le dos, les talons de Mère claquant sinistrement. Je sens comme de la glace qui emplit mes veines et mes épaules s’affaissent. Nous étions censés affronter cette dure journée ensemble, mains dans la main. Soudés comme auparavant. Soudés pour la mémoire de Claire. Nous étions censés être une famille, aujourd’hui plus que jamais. Mais la scène devant moi avait plus ressemblé à un champ de bataille, à un terrain d’après-guerre bombardé par des obus et jonché de cadavres inertes.

Je soupire longuement, le corps comme ankylosé de douleur. Il faudra la voix de mon frère aîné pour me ramener à la réalité et une ombre de sourire parvient à fendre mes lèvres. « Je ne suis pas étonnée non plus, je rétorque faiblement, le regard baissé. Mais je… J’avais espéré… » J’avais espéré qu’ils ne feraient pas d’esclandre. J’avais espéré qu’ils fassent l’effort. J’avais espéré que le souvenir de Claire nous aurait rapprochés. Quelle idiote je fais. Je ferme doucement les paupières quand je sens les lèvres de Henry qui se pose délicatement sur mon front et je me mets à sangloter silencieusement. Je me sens désabusée. Perdue. On allait enterrer ma petite sœur et nous étions tous déchirés. « Je ne suis pas prête à lui dire au revoir, Henry, je murmure dans un filet de voix. Je n’arrive pas à croire qu’elle ne sera plus jamais là, que je ne la verrai plus jamais en me levant le matin… » J’ai encore le réflexe d’aller jusqu’à sa chambre avant même d’ouvrir mes rideaux ; j’ai encore le réflexe de lui préparer son petit-déjeuner. Le soir, je pense encore à l’histoire que je vais pouvoir lui lire pour l’aider à s’endormir. Il y a encore ses boîtes de médicaments, ses produits de toilette. Il y a encore son parfum sur les coussins, les draps. Partout. Et quand une porte claque, j’ai encore l’espoir de la voir apparaître. J’ai encore l’espoir de revoir son sourire, d’entendre à nouveau sa voix qui résonne contre les murs. Mais rien ne vient. Juste la déception et la douleur. Parce qu’elle n’est plus là. Claire n’est plus là. Dans un reniflement, j’observe le costume de mon frère avant de sourire tristement. « Un lys rose, je souffle. Elle aurait adoré. C’était sa fleur préférée. » Mais je savais bien que Henry le savait. Je savais bien qu’il l’avait fait exprès. C’est seulement qu’il me faut combler le silence pour ne plus entendre mes pensées, pour ne plus entendre mon cœur pleurer. C’est un peu comme lorsqu’un loup hurle à la mort, déclarant son amour à la pleine lune. C’est déchirant, cette complainte d’un amour sans lendemain. « Il faut y aller… » Et je ne supporte plus de m’entendre hurler la souffrance d’avoir perdu Claire alors que j’aurais dû y être préparée.
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au cimetière des amours, moi j’ai planté ta croix. (henry)
Mer 18 Juil - 20:00

Time to say goodbye...

Il avait espéré. Et finalement, il s’était vautré comme un moins que rien. Il avait échoué. Et ils se retrouvaient comme deux idiots dans ce hall trop grand, trop luxueux, le cœur au bord des lèvres, les yeux bien trop secs pour pleurer encore un peu. Son ton défaitiste brisa le silence. Henry était résigné. Et sa sœur ressentait la même chose. L’espoir avait été fou mais l’idiotie des autres bien plus grandes. Néanmoins, la présence d’Ophélie apportait du baume dans son cœur, il se sentait moins seul, moins comprimé par le stress de revoir ses parents. « J’espérais aussi. Mais ce n’est pas grave, nous aurons cette discussion un autre jour. » De toute façon, ses parents ne pourraient reculer l’échéance. Avec surprise, il se rendait compte combien il n’était plus autant affecté. Peut-être aussi parce qu’aujourd’hui était un jour de deuil, et qu’il n’avait pas cœur de penser à autre chose qu’à sa Claire chérie, partie rejoindre les anges bien trop tôt. Il savait que ses parents éviteraient toutes esclandres. La famille serait là. Et Henry tenait à ce que tout se passe bien. La blessure de cette perte demeurait vive, immense. Elle paraissait être terrible pour Ophélie, ayant partagé ses derniers instants. « Tu ne lui dis pas au revoir, petite fée. Claire sera à jamais parmi nous. Que ce soit dans nos cœurs ; dans nos esprits et dans nos souvenirs. Nous veillerons à ce qu’elle soit parmi nous, qu’elle ne nous quitte pas si vite. » Il lui adressa un sourire triste même s’il savait que rien ne pouvait apaiser sa douleur. Il devait composer avec.

Sa sœur remarqua la fleur qu’il portait, accrochée, à sa veste. Il se contenta de sourire, sortant de sa poche, une autre fleur qu’il avait spécialement pris pour Ophélie. « Et il y en a une pour toi. J’en ai commandé deux chez le fleuriste. Je me suis dit qu’elle serait contente ainsi. » Dit-il en le lui attachant à sa robe noire. Ophélie était devenue une belle jeune femme, les traits moins enfantins, plus marqués par les blessures de la vie. Ce fut l’heure de s’en aller, d’ailleurs. A deux. Et non pas ensemble et unis comme ils l’auraient souhaité. Les Chateaubriand quittèrent la propriété, montant dans la voiture louée par Henry. Une fois le GPS mis, ils se rendirent au cimetière. La journée était belle et Henry conserva le silence dans l’habitacle. Il n’était pas vraiment d’humeur à parler. Aussi, resta-t-il silencieux. Puis, ils arrivèrent assez vite au cimetière où de nombreuses voitures s’y trouvait. Il poussa un soupir, puis tourna le regard vers Ophélie, un sourire gêné apparaissant sur son visage. « Tu vas trouver cela, peut-être, ridicule. Surtout, en ce jour...Mais, je suis terrifié à l’idée de revoir tous ces gens. » Il n’arrivait même pas à les considérer comme sa famille en dehors de ses sœurs ou de sa famille. Il avait pris son parti il y a fort longtemps. Mais aujourd’hui, et sans Adam, Henry se sentait plus que jamais vulnérable.
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au cimetière des amours, moi j’ai planté ta croix. (henry)
Ven 20 Juil - 10:47
Je ne sais pas ce que j’avais espéré, en réalité. Je m’étais sûrement dit, comme une idiote, que le décès de Claire allait arranger les choses. Allait aider mes parents à comprendre que Henry était leur fils et qu’il faisait partie de notre famille. J’ai été stupide. Ou trop crédule. Trop naïve. Que Claire soit partie ne changerait rien. Ça ne changerait pas nos parents, ça ne changerait pas la situation. Alors je restais avec ce trou dans la poitrine, béant, et ce goût d’amertume au fond de la gorge. J’en voulais à Père et Mère. J’en voulais à Père de repousser le seul fils qu’il ait alors que sa benjamine vient de disparaître ; j’en voulais à Mère de n’avoir jamais rien dit, rien fait pour protéger ses enfants. Et Henry et moi étions là, à subir leurs choix. À être manipulés comme des marionnettes et à agir comme de bons petits soldats. Ce n’était pas une vie. Ça ne serait jamais une vie. Parfois, j’avais un peu l’impression d’avoir signé un pacte avec le Diable. Comme si j’avais vendu mon âme il y a des années de ça, et que j’étais coincée depuis dans un cauchemar sans fin. C’était un tourbillon et je n’arrivais plus à reprendre ma respiration. Seule ma petite sœur avait toujours réussi à me garder la tête hors de l’eau. Tant qu’elle était là, j’arrivais à garder confiance – confiance que les choses finiraient par s’arranger. Comment est-ce que j’allais faire, maintenant qu’elle n’était plus là ? Maintenant qu’elle avait laissé ce vide énorme en moi. « J’espère que tu as raison, je renifle telle une enfant de trois ans. Je l’espère de tout cœur… » J’avais une peur bleue de ne plus sentir sa présence, de ne plus me souvenir du son de sa voix ou encore de la couleur de ses yeux. J’avais une peur bleue de l’oublier trop vite.

Je dois serrer les lèvres quand Henry accroche à ma robe une fleur de lys rose, en homme à notre sœur. Je ne peux rien dire, j’ai une boule dans la gorge. Et je crois que si j’ouvre la bouche, je vais fondre en larmes. Je ne suis pas sûre de pouvoir m’arrêter un jour si je commence. Est-ce que je serai seulement capable un jour de penser à ma petite sœur sans avoir l’impression de mourir à l’intérieur ? Le trajet en voiture jusqu’au cimetière se passe dans le plus complet des silences. C’est un silence à la fois lourd et rassurant. Je crois que mon frère et moi avions besoin de rester sans rien dire. De rester seuls avec nos pensées chamboulées. Je détestais un peu le soleil d’être là pour nous accompagner. Il aurait dû pleuvoir comme dans ces films, ces séries américaines où il pleut tout le temps pendant les enterrements. Le signe que Dieu pleure la perte de la personne avec tous ceux qui l’aiment. Alors pourquoi ne pleuvait-il pas ? Claire n’avait-elle pas le droit d’être pleurée ? Elle qui avait tant souffert, elle qui avait passé la moitié de sa vie entre les hôpitaux et les rendez-vous médicaux. J’en voulais au ciel d’être si beau. Aujourd’hui n’était pas censé être beau. Quand le moteur s’arrête, je reste sans bouger. J’ai l’impression que ma ceinture m’étouffe mais je ne veux pas bouger. Je ne peux pas bouger. Si je bouge, cela signifie que j’accepte de dire au revoir à Claire ; si je bouge, cela signifie que toute cette situation devient réelle. Et je ne suis pas prête pour ça. Même le sourire de mon frère ne parvient pas à me calmer, à me faire oublier qu’on est là pour enterre notre sœur adorée. J’attrape sa main, doucement, comme pour le rassurer. « Ne pense pas à eux, tu lâches avec un sourire. Tu n’es pas là pour eux. Tu t’en fiches de ce qu’ils te diront, de ce qu’ils penseront. On est là pour Claire. » Uniquement Claire. Parce qu’au fond un enterrement n’était rien d’autre que la réaction égoïste de toutes ces âmes en peine. Un enterrement, ce n’est pas pour le mort mais plutôt les vivants. Mes doigts serrent les siens. Heureusement que mon frère était là. Je n’aurais pas eu la force de survivre à cette journée sans lui à mes côtés. « Heureusement que tu es là. Je n’aurais pas pu faire ça sans toi. »
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au cimetière des amours, moi j’ai planté ta croix. (henry)
Mar 7 Aoû - 19:39

Like reflections of your mind, my love, my life
Are the words you try to find, my love, my life
But I know I don't posses you
So go away, God bless you

Il était terrifié par l’idée de se retrouver au milieu de ces Autres. Il ne savait comment il réagirait, si la colère ferait irruption ou s’il se mettrait à pleurer comme un enfant. Il osa révéler le fond de sa pensée à sa sœur, fixant toute cette foule se trouvant au loin. Heureusement, la main d’Ophélie vint saisir la sienne, rassurante et tendre. Elle le rassurait, lui confirmant qu’il n’avait pas à craindre de ce que pouvait penser les autres. Ils étaient là pour Claire. « Tu as raison. Nous sommes là pour notre sœur. » Il inspira profondément, se mordant l’intérieur de la mâchoire. Puis, il arriva à se convaincre qu’Ophélie, en définitive, avait raison. Il devait être fort. Aussi, il débrancha sa ceinture, ouvrit la porte. « C’est parti… » Sa voix n’avait rien d’enjoué. Au contraire, son cœur battait à tout rompre. Il avait cruellement peur, ses doigts tremblaient légèrement. Mais il tenait bon. Sans trop penser à ce qui l’attendrait, il alla vers Ophélie, lui tendant son bras afin qu’elle s’y agrippe. Il avait besoin d’elle et son contact lui fit un bien fou. Il lui adresse un sourire tendre et empli d’amour, et ensemble, les enfants Chateaubriand se rendirent ensemble vers le lieu de la cérémonie. Tout le monde était vêtu de noir, l’apparence soignée de gens aux moyens aisés. Il se tenait droit et digne, ne regardant pas en direction de ses parents. Il se contenta de voir quelques membres de leurs familles, ceux qui visiblement n’étaient pas au courant de son départ. Le reste les regardait comme s’ils étaient de la peste. Henry ignorait que les regards désapprobateurs lui étaient autant destinés comme à sa sœur.

Il se contenta de venir prendre place à côté de ses parents, entre sa mère et Ophélie. Il eut vent d’un quiproquo concernant une place manquante pour un autre membre de la famille. Il n’eut pas de mal à comprendre qu’à la base, aucun siège ne lui était destiné… De toute façon, il s’en moquait. Il se contenta de serrer la main d’Ophélie dans la sienne. Le cœur battait comme un fou, il n’osait plus rien faire d’autre que d’écouter le prête énoncer des prières et des louanges à la gloire de Claire. Son visage apparaît sur une photographie, rond et souriant. Ça paraissait si terrible de se dire qu’il ne l’avait même pas vu dans ses derniers jours. Elle devait être, sans doute, l’ombre d’elle-même. « Tu vas prononcer quelques mots ? » Murmura-t-il à l’oreille de sa sœur. Il n’avait rien préparé, peu prêt à rien. Tout était allé si vite. Son arrivée en catastrophe, les étreintes dans un hall d’aéroport, le silence d’Adam. Et le voilà en train d’enterrer son âme et son cœur, à chercher le réconfort dans une tombe. « Si tu y vas, est-ce que je pourrais venir avec toi ? » Perdu dans cette immensité de morts et de poussières, Henry leva ses grands yeux clairs vers Ophélie. A l’inverse de lui, elle n’avait jamais pris la fuite, elle était restée enfermée, avait été là jusqu’à la fin. Et tout à coup, il avait l’impression de ne plus être l’aîné, de ne plus trop savoir à vrai dire. Il ne tenait pas à commettre le moindre faux-pas, pas aujourd’hui.

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Sam 1 Sep - 9:03
C’était terrible. C’était difficile de me dire que nous étions là, Henry et moi, pour dire au revoir à notre sœur. Pour dire au revoir à un membre de notre famille. Comment étais-je censée être capable de dire au revoir à Claire ? Je n’étais pas prête. Je n’étais pas censée être prête. Heureusement que mon frère était là, parce que je crois que je n’aurais pas été capable d’avancer. Mes jambes tremblaient trop, mon corps était trop douloureux pour ça. Mon corps était comme une immense blessure. Une immense blessure qui, jamais, ne se refermerait. Agrippée au bras de Henry, je me retrouve à observer tous ces gens vêtus de noir. Tous ces gens que je ne connais pas, ou peu. Même mes propres parents ne me semblent pas être comme de ma famille. Tous me sont étrangers. Il n’y a finalement que Henry qui parvienne à me procurer ce sentiment d’appartenir à quelque chose. Depuis qu’il était parti, je m’étais raccroché à Claire, à la seule qui me comprenait. À la seule qui m’acceptait. Alors, me retrouver au milieu de tous ces gens, c’est juste un sentiment terrible. J’aurais dû me sentir en sécurité, aujourd’hui plus que n’importe quel jour. Mais tout ça ne me laisse qu’un goût de froideur au fond de la gorge. Quand on s’assoit dans l’église, mon frère à côté de moi car il était hors de question qu’il soit traité comme un paria le jour de l’enterrement de Claire, sa main n’a pas quitté la mienne. Cette source de chaleur diffuse un sentiment doux le long de ma peau, réchauffe lentement la glace qui entoure mon cœur. Il ne nous restait plus qu’à prier. Prier pour espérer que la douleur ne finisse pas par nous engloutir tout entiers.

En silence, j’acquiesce doucement quand mon frère me demande si je vais prononcer quelques mots. J’ai voulu le faire, j’ai préparé un joli discours avec de jolies phrases. Mais je ne sais pas si je serai capable de le délivrer. J’ai comme une main qui m’enserre la gorge. J’ai la bouche sèche. Et les mots semblent trop durs à dire, car emplis d’une trop douloureuse vérité. Quand le prêtre invite l’assemblée à venir dire quelques mots, je prends Mère de court et me lève en emmenant Henry à ma suite. Mes doigts se resserrent automatiquement sur les siens, comme en un appel au secours silencieux. Ma respiration est erratique et je vois l’homme d’église qui m’adresse un sourire empli de compassion. Je ne parviens pas à lui répondre, le regarde sans véritablement le voir et m’installe au pupitre. Ma main n’a pas quitté celle de Henry. « Beaucoup d’entre vous… » J’avale ma salive, observe la foule qui n’est qu’une immense vague de noir devant mes yeux. « Beaucoup d’entre vous n’ont connu Claire que malade. Pour beaucoup d’entre vous, elle est… était cette adolescente forcée de rester au lit dans les bons jours et enfermée dans une chambre d’hôpital dans les mauvais. » J’avais comme l’odeur aseptisée des hôpitaux qui m’agressait encore les narines. Je détestais cette odeur. J’avais comme l’impression qu’elle me brûlait de l’intérieur. « Pas pour moi. » Ma lèvre inférieure tremble, ma vue se trouble et je ne vois plus les lignes écrites à la main sur mon papier. « Pour moi, Claire restera à jamais ma petite sœur. Celle à qui j’apportais le petit-déjeuner le matin, celle à qui je lisais une histoire le soir. Celle à qui… celle à qui je racontais mes journées en me plaignant de mes professeurs et de la tonne de devoirs qu’ils nous donnaient. » Peu élégamment, je renifle et sens quelques larmes qui commencent à couler. Je n’ose pas venir les essuyer, de peur qu’un autre flot ne vienne me rendre muette. « Claire aimait quand je coiffais ses cheveux. Elle se surnommait ma poupée Barbie vivante. Quand elle se sentait trop fatiguée ou que la maladie la rendait faible, elle me demandait de la maquiller. Elle voulait se sentir jolie, même quand elle avait la peau translucide et des cernes bleues sous les yeux. » Ma sœur avait une peau pâle de nature mais la leucémie avait accentué ce trait. « Elle détestait le soleil de Californie. Elle détestait Los Angeles. Comme moi, elle avait toujours préféré le temps pluvieux de Lille. Elle… suis-je obligée de m’arrêter car il y a cette main dans ma poitrine qui me compresse le cœur. » Il y a cette voix qui appelle à l’aide dans ma tête. « Elle savait aussi que rien ne la guérirait. Elle s’est montrée beaucoup plus mature que moi au sujet de sa maladie, et je l’admirais beaucoup pour ça. Pour ça et pour tant d’autres choses aussi. Parce qu’elle n’était pas qu’une adolescente malade. Elle était juste une adolescente comme les autres, avec ses amies, ses coups de cœur, ses posters sur les murs de sa chambre et ses séries préférées. Elle adorait tellement Netflix qu’elle pouvait y passer des journées. Et moi avec elle. » Étrangement, je parviens à sourire légèrement à cette pensée, à l’idée de toutes ces heures passées devant l’ordinateur à regarder des séries, des films. « Et aujourd’hui, je dois lui dire au revoir. Je dois lui dire au revoir et c’est injuste, je continue, la voix tremblotante. Mais plutôt que de vous lister toutes les raisons qui font que je l’aimais comme une folle et que je l’aimerai toujours, je vais juste citer sa série préférée parce que je ne sais pas comment faire autrement ou quels mots utiliser pour lui dire au revoir : In peace may you leave the shore; in love may you find the next. Safe passage on your travels, until our final journey on the ground. May we meet again. » Et prise par surprise, la digue semble céder et je me sens submergée par la tristesse et m’effondre en larmes contre Henry.
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au cimetière des amours, moi j’ai planté ta croix. (henry)
Mar 11 Sep - 14:08
C’était bouleversant, ça fusillait le cœur pareil à un coup de poignard planté en plein milieu. Henry avait mal, il était anéanti par cet amas de douleur qui venait et s’en allait, par intermittence, constamment. Sans arrêt. Il était l’heure de dire au revoir à un être qu’il avait vu grandir par écran, qu’il n’avait pas pu serrer dans ses bras une dernière fois. Et ça lui faisait terriblement mal, il aurait voulu tant de choses, henry. Il aurait voulu être là encore une fois, pouvoir caresser sa chevelure de feu une dernière fois, entendre son rire autrement que derrière un réseau social, lui dire en face combien il aimait et combien ce grand frère était fier de cette princesse qui s’était battu avec courage et force. Ophélie lui avait indiqué qu’elle parlerait et Henry serra un peu plus fort sa main comme pour lui signifier qu’il était là, si elle avait besoin. Les mots qu’il souhaitait prononcer, était dans sa tête. Il savait déjà ce qu’il souhaitait dire. Mais à quel moment allait-il se sentir prêt ? À quel moment viendrait l’instant de parler, pour pouvoir dire au revoir de façon définitive ? Il n’était pas certain que ses parents lui laissent la place. Mais alors qu’il se questionnait pendant que le prêtre finissait de lire ses derniers bénédicités, Ophélie répondit pour lui, se levant dans un silence et l’entraînant à sa suite, agissant en lieu et place de leur mère qui s’était déjà levé. Cette fois-ci, les enfants de la famille parleraient, la parole leur serait offerte. Et en affichant cet affront, Ophélie démontrait clairement que les règles du jeu avaient changé. Cette fois-ci, leurs parents ne seraient pas les décideurs et le constater devant toute cette foule en pleurs, était la dernière des choses à faire. Aussi, leur mère prit de nouveau place sur son séant, tandis qu’Ophélie prit la parole. Henry, jamais, ne lui lâcha la main, la serrant avec force et tendresse. Les mots étaient si désarmants et tellement touchants. L’amour qu’elles ressentaient entre elles, était si beau et si véritable. Il ne se rendait pas compte combien il était touché, que les larmes dévalaient ses joues. Il n’était plus le photographe de trente-six ans, il n’était plus l’homme brisé par le rejet, il redevenait le gosse d’autrefois qui jouaient avec ses sœurs, qui acceptaient d’être déguisé en princesse s’il voulait prendre le thé avec elle. Il était le garçon, ce héros capable de les faire rire à l’excès. Et il redevenait le frère qui perdait sa petite sœur, envahi par la douleur et se raccrochant à la poignée de main d’Ophélie. Il serrait fort, l’écoutant parler de ce présent qu’il avait fui, durant de trop nombreuses années. Chaque détail qu’elle apportait lui faisait du mal et du bien, en même temps. C’était contradictoire. C’était tendre. C’était l’amour tel qu’il l’avait conservé, à distance, plus du tout à portée de mains. Et la douleur d’Ophélie ne trouvait aucune comparaison à la sienne : elle était bien plus grande.

Lorsqu’elle s’effondra dans ses bras, Henry enroula un bras autour de ses épaules pour la soutenir, venant déposer un baiser sur son crâne. Le visage brillant de larmes, Henry releva son regard clair vers l’assemblée silencieuse, unie par la douleur. Il rencontra le regard dur et froid de son père, qui malgré la perte de sa benjamine, semblait ne pas admettre la présence de son fils aîné, de cet héritier en qui il avait trop placé d’espoir. « Nous ne l’oublierons jamais. » Dit-il dans un souffle de douleur, il fallait qu’il parle, qu’il montre que non, il n’était pas resté le petit garçon perdant ses repères en se faisant mettre à la porte. Aujourd’hui, il était un homme, il était adulte, il avait grandi et s’était endurci. « Et Claire… Je sais que de là où tu es, tu peux nous entendre… Tu peux nous voir tous réunis pour toi… Sache que nous ne t’oublierons jamais. Chaque sourire, chaque rire, chaque chanson chantée, chaque fleur ramassée, chaque instant vécu, nous le vivrons avec toi, et par amour pour toi… Et quand le chagrin sera trop fort, que la peine nous terrassera, quand le remords nous gagnera… » Et à cet instant, Henry fixa son père sans ciller ou détourner les yeux. « Nous nous rappellerons ta joie de vivre, ton rire qui manquera à l’ennui, ton courage quand il fallu que tu te battes contre la maladie… J’aurais juste aimé te serrer contre moi, une dernière fois… Mais on ne choisit la date pour revenir, on ne choisit pas la date pour atteindre un Ailleurs qui, je l’espère, te sera bien plus heureux qu’ici. » Il se racla la gorge, sentant qu’une boule se formait, un peu trop grande. « Nous t’aimerons pour toujours, Claire Chateaubriand. » Et s’écartant du micro, il continua à soutenir Ophélie la ramena vers le siège où ils s’étaient assis auparavant. Ne lâchant pas Ophélie, Henry ne put rester sourd à la voix de son père qui résonna, pendant que leur mère s’en était allée vers le pupitre afin de prononcer quelques mots, certainement touchant sur la perte d’un enfant mais occultant tout à fait de virer son propre fils de la maison. « J’espère qu’après cette mascarade, tu repartiras bien vite. Je n’ai pas envie que l’on puisse juger ton retour soudain après une si longue absence. » Henry releva un regard froid vers ce visage ayant vieilli depuis la dernière fois. Un regard fait d’acier montrant une volonté sans failles. « Va falloir vous y faire, Père. Cette mascarade ne fait que commencer. »

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au cimetière des amours, moi j’ai planté ta croix. (henry)
Jeu 31 Jan - 20:38
La douleur était trop grande et trop forte. Les mots me faisaient défaut. C’était comme perdre l’usage de la parole, perdre le fil de mes pensées. C’était comme être présente sans vraiment être là et regarder la scène de l’extérieur. Regarder la scène d’en haut. J’avais à la fois la sensation de voler et d’être lourde comme du plomb. Les larmes coulaient toujours mais je ne les sentais plus. Leur goût de sel me brûlaient les lèvres et me filaient la nausée. Même le parfum de mon frère, pourtant rassurant d’habitude, me laissait un mauvais goût sur la langue. J’écoute à peine les mots de mon frère car je ne me sens pas capable de porter sa douleur en plus de la mienne sans me sentir submergée. Sans me sentir complètement noyée par la tristesse et la désolation. Henry ne me demandait pourtant pas de partager sa peine avec moi mais tout ça était bien trop. Beaucoup trop. Claire nous manquait et elle nous manquerait toujours. Sa perte resterait à jamais un trou béant dans nos poitrines. Et peut-être que la cicatrice se refermera ; peut-être que la plaie se pansera. Mais jamais la douleur ne partira. C’était impossible. Impossible parce que n’était pas le cours normal de la vie. Cet enterrement, cette mort. La maladie. Tout ça n’était pas le cours normal de la vie. Claire aurait dû avoir des années, des décennies devant elle. Elle aurait dû vivre centenaire et voir grandir ses enfants, ses petits-enfants. Ses arrières petits-enfants, même. Mais non, jamais ça n’arriverait. Jamais ça n’arriverait parce que la mort l’avait fauchée avant même qu’elle n’ait eu la chance de vivre, avant même qu’elle n’ait eu l’occasion d’avoir vécu.

M’accrochant à la veste de costume de mon frère, je garde le visage enfoui dans son cou, dans son odeur qui pourtant m’écœure. Mais j’en ai besoin. Comme une gamine qui a perdu son chemin – et peut-être était-ce le cas. Claire partie, je m’étais égarée. Égarée dans un monde de douleur et de vide absolu. Et heureusement Henry est là près de moi car j’aurais été bien incapable de marcher seule, de revenir à ma place sans m’effondrer devant tout le monde. Sans simplement m’évanouir. Toutes ces questions que me tournaient la tête. Toutes ces questions qui restaient sans réponse. Comment allais-je supporter le silence à la maison ? Comment allais-je supporter l’absence ? Comment allais-je faire, maintenant qu’elle était partie ? j’imagine son lit, vide. Les draps qui restent froids. La pièce qui reste dans le noir. Et les poupées qui prennent la poussière. Tout ça parce qu’elle est partie. Et il y a soudainement la voix de Père qui semble exploser contre mon oreille. Ce n’est pourtant qu’un murmure mais les mots sont assassins. La colère sourde semble comme lacérer la peau. Elle me taillade le cœur. Je revois Henry et sa valise. Je vois la porte qui se ferme et je ressens son absence jusque dans mes tripes. Je suis obligée de me mordre la lèvre inférieure pour ne pas me mettre à hurler. Comment Père pouvait-il salir la mémoire de Claire ainsi ? Pourquoi maintenant, pourquoi ici ? Ce n’était ni le moment, ni le lieu. Nous enterrions ma sœur ! comment en train de suffoquer, à la fois de tristesse et de colère mêlées douloureusement, j’attrape la main de mon frère serre ses doigts, en plein désespoir. « Henry, emmène-moi loin d’ici, je supplie à voix basse. Je n’arrive plus à respirer. S’il te plaît, allons-nous-en. Emmène-moi loin. » Je ne supportais plus l’hypocrisie de Père ; je ne supportais plus ses mascarades. Je ne supportais plus que mon frère ait eu à s’exiler pour lui plaire. Je ne supportais plus de faire comme si Henry n’avait jamais existé. J’avais besoin de respirer. J’avais avant tout besoin d’exister – mais une partie de moi était morte avec Claire. Une partie de moi que jamais je ne retrouverai.
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au cimetière des amours, moi j’ai planté ta croix. (henry)
Mar 26 Fév - 17:39
Le poids des mots se révélaient destructeurs. Et son père avait toujours excellé dans cet art, il était capable d’être l’humain le plus aimable du monde, tout autant capable de détruire quelqu’un en employant des mots bien précis. Et Henry en avait été la première victime. De ces mots destructeurs, il avait détruit le cœur et l’âme de son héritier, il l’avait foutu à la porte en ne lui donnant pas la possibilité de se relever. S’il n’y avait pas eu Ella, Henry aurait probablement sombré. Mais elle avait été là, elle l’avait soutenue du mieux qu’elle pouvait. Ella avait été cette lumière dans cette obscurité si lourde et dévastatrice. Et petit à petit, Henry avait su guérir de ces mots, avait su aller de l’avant, s’endurcir, faire le deuil de l’amour parental en s’éloignant, en les exilant, à tout jamais, de son cœur. Jamais plus il ne pourrait faire confiance au paternel, pas même de lui pardonner. Pourtant, avec bien du recul, le français devait reconnaître qu’il devait son parcours à ce qu’il avait vécu. S’il n’avait pas été châtié, il n’aurait jamais pu vivre de la photographie, il aurait alors été obligé de suivre les voies familiales, reprendre le flambeau, assumer son statut de premier né. Et jamais, au grand jamais, Henry aurait été libre.

Mais Claire était partie.

Et il ne pouvait concevoir que son père puisse encore utiliser le poids des mots pour lui jeter en pleine figure son soudain retour. Et même s’il avait envie de pleurer, même s’il se sentait à deux doigts de flancher, même si sa gorge se comprimait douloureusement, Henry tenait bon, faisant face à son père, le fixant d’un air froid. La main d’Ophélie dans la sienne l’aidait. Quand elle prit la parole, Henry se sentit un peu plus fort bien que cela n’atteignait pas des sommets. Il subsistait ce lient de l’enfant au père, une soumission qui ne partirait jamais. Pourtant, la voix de sa sœur lui permit de ne pas sombrer tout à fait, de tenir bon : elle avait besoin de lui, il avait besoin d’elle.

« Viens, partons. » se contenta-t-il de murmurer, ne délogeant pas son regard des yeux le fixant, si semblables aux siens. « Vous devriez avoir honte de vous, Père. » Se contenta-t-il de dire tout en tournant les talons, emmenant sa sœur loin de tout cela. Leur départ ne camouflait pas l’état de fuite. Au contraire, leur geste se faisait aux yeux de tous ceux qui étaient venus en ce jour funeste. La colère du patriarche allait être terrible et Henry s’inquiétait pour Ophélie, vivant encore sous le joug de cet homme. Qu’allait-il pouvoir lui faire subir encore ? Il ne prononça pas un mot, la menant vers sa voiture. Il lui ouvrit la porte afin qu’elle s’engouffre à l’intérieur de cet amas de tôle qui les protégerait un peu, contre ce monde si agressif. Et puis quand Henry entra à son tour, le silence les accueillit : ça en était presque rassurant.

Le français conserva le silence, puis doucement, posa son regard sur cette chevelure de feu, qui était à ses côtés. « ça va aller ? » Mais sa voix se brisa, lui-même n’était pas au mieux de sa forme. Dire qu’il était ébranlé était un euphémisme : il était complètement dévasté et il avait besoin d’être éloigné de tout cela. « Juste pour aujourd’hui et peut-être demain, on va prendre le large… Nous en avons besoin… » Et il démarra, ne sachant pas très bien où il allait. Tout ce qui comptait, c’était de fuir. Partir loin de ce monde qu’il exécrait, ce monde qu’il redécouvrait non sans une pointe de dégout, mais il en endossait toutes les fragrances pitoyables. Henry le faisait pour Ophélie.

Elle avait besoin de lui, et de toute manière, il avait besoin d’elle.



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