throw back high school (shayben #2)

Mes retrouvailles avec Ruben ont été pour le moins étonnantes, ni lui ni moi n’aurions pu imaginer se revoir dans une telle situation. Mais je suis heureuse d’avoir recroisé sa route, même si sa vie est très compliquée ces derniers temps, il faut dire que la mienne l’est aussi, mais moindre comparé à lui. Cette semaine, je suis seule à la maison, mon mari est parti en déplacement avec Austin, et cette fois, je ne pourrai pas appeler la jeune femme à l’aide si j’ai besoin de quoi que ce soit. Je suis livrée à moi-même. Pour une fois, ça ne me dérange pas, je vais avoir le temps de prendre un peu soin de moi. D’ailleurs, d’avoir repensé à Ruben me donne envie de prendre des nouvelles. Je lui envoie un sms pour lui proposer de venir boire un verre de vin à la maison si ça lui dit, pour parler de tout et de rien, du bon vieux temps, et du présent, si le coeur l’en dit. Le jeune homme accepte et après quelques petites courses rapides, je prépare un espèce de petit apéritif, rien de bien fou, juste de quoi grignoter en même temps qu’on boira cette bonne bouteille de vin. Lorsque la sonnerie de la maison retentit, je trottine jusque dans l’entrée pour ouvrir la porte, souriant à mon hôte du soir. « Salut bel inconnu ! » Je ris un peu et me décale pour le laisser entrer. « Je t’en prie. Y’a pas de piège, mon mari est en déplacement pour la semaine. » Je préfère qu’il sache que je ne l’ai pas invité pour lui mettre le grappin dessus ou quoi que ce soit. Loin de moi l’idée de le draguer. Le coeur de Ruben est pris, et le mien tout autant, je préférais que les choses soient claires d’entrée. « Installe-toi, fais comme chez toi. » Je m’installe à mon tour sur le canapé après l’avoir débarrassé de sa veste, et nous sers deux verres de vin, avant de trinquer. « Alors, raconte-moi, comment tu vas ? C’est pas la psy qui demande, je compte pas te psychanalyser rassure-toi ! » Je ris un peu, tentant de le mettre à l’aise. C’est vrai que mon métier peut parfois me porter préjudice, les gens de mon entourage ont quelque fois du mal à me parler par peur que je veuille leur faire une thérapie…

lorsque j'ai reçu son message, j'ai d'abord hésité. pas parce que je n'avais pas envie de voir shayna, bien au contraire. mais plus parce que ça voulait dire que je devais laisser aly seule. je sais elle est grande elle peut se débrouiller seule mais voilà. je ne peux pas m'en empêcher vu comment s'est soldée sa dernière grossesse. sauf que je dois prendre sur moi. aly est déjà assez stressée pour ne pas que je lui communique en plus mon propre stress. je lui ai envoyé un message pour lui dire que je rentrerai tard et qu'elle n'hésite pas à me contacter au besoin et me voilà en route. un apéritif avec shay ce sera parfait pour me changer les idées. j'arrive à la porte, une boîte de chocolat à la main et la met en avant pour quand elle ouvrira la porte. ce qu'elle ne tarde pas à faire d'ailleurs. " salut bel inconnu ! " je souris et entre en lui tendant cette boîte. " salut beauté. " parce que oui, faut pas déconner, elle est belle shay. je peux quand même le reconnaître. " je t’en prie. y’a pas de piège, mon mari est en déplacement pour la semaine. " retirant ma veste je lève les yeux au ciel en riant. " ou alors, je suis rassuré. " comme si j'allais tenter quoique ce soit. ou elle également. " installe-toi, fais comme chez toi. " ce que je fais sans plus attendre. elle me sert mon verre, puis un pour elle. je ne vais pas être le seul à boire. je trinque avec elle avant de prendre une gorgée de ce vin. " alors, raconte-moi, comment tu vas ? c’est pas la psy qui demande, je compte pas te psychanalyser rassure-toi ! " heureusement. " de toute façon je l'aime pas la psy. " digne d'un gosse. " bah écoute ça va. même super bien. " ce sourire niais qui me revient sur le visage. " aly est enceinte. " information balancée innocemment mais pour le moins importante.

Je suis heureuse de passer cette soirée avec Ruben, ça pourrait être étrange vu de l’extérieur, mais ça ne l’est pas. Nos coeur sont désormais pris pas d’autres personnes et il n’y a aucune ambiguïté de ce côté. C’est juste de jolies retrouvailles entre vieux amis. Je le taquine un peu, il en fait de même, et l’invite finalement à se mettre à l’aise. Une fois nos verres servis, je prends de ses nouvelles, amusée de sa tête enfantine à cet instant. « de toute façon je l'aime pas la psy. » Je me mets à rire, c’est vrai que nos première retrouvailles ont été pour le moins étonnantes. Personne ne s’attendait à se retrouver là, dans un contexte pareil. Il a meilleure mine, il a l’air d’aller mieux, et j’ai hâte de savoir ce qui peut bien le mettre dans une si belle énergie. « bah écoute ça va. même super bien. » J’arque un sourcil, attendant la suite. Il ne peut pas se contenter de ça. Je ne vais pas le lâcher. Pendue à ses lèvres, j’attends la suite. « aly est enceinte. » « Oh mais c’est génial ! » voilà ma première réaction à chaud. Je m’avance même vers lui pour lui offrir une étreinte amicale, pour le féliciter. « Félicitations à vous deux. Tout est rentré dans l’ordre alors ? » Et puis après avoir passé le moment d’euphorie, heureuse pour mon ami, je repense à ma situation difficile, ma condition de femme stérile qui me bouffe la vie ces derniers temps. Ça et autre chose d’ailleurs. Ruben n’a jamais su que j’avais été enceinte de lui à l’époque où nous étions ensemble, je ne sais pas si j’arriverai à lui dire, ni même comment. Mais j’ai juste un pincement au coeur de savoir qu’il fondera bientôt sa propre famille, alors que moi la seule opportunité d’être mère je l’ai gâchée. Je suis sûre qu’il fera un père merveilleux. « Allez raconte ! » Je lui donne une petite tape sur l’épaule en souriant.

elle se met à rire lorsque je lui dit que je n'aime pas la psy. en même temps c'est vrai. je n'aime pas les psys en général. que ce soit elle ou quelqu'un d'autre. même si j'étais rassuré de la voir elle en face de moi lorsqu'on m'a obligé à en voir un. au moins shayna je la connais. mais c'est du passé tout ça. maintenant ça va mieux. maintenant aly va mieux. même plus que ça. je lui apprends la nouvelle dans un sourire que je dois avouer être niais. parce que je suis heureux. je suis certain que cette fois ci c'est la bonne. on va l'avoir notre bébé. sans aucun doute. je reste positif. " oh mais c’est génial ! " elle s'avance vers moi et me prend dans ses bras. je lui rends son étreinte, toujours heureux de partager cette bonne nouvelle. puis shay elle est particulière pour moi. pas parce qu'on a été ensemble mais parce que c'est mon amie. avant toute chose. " félicitations à vous deux. tout est rentré dans l’ordre alors ? " rentré dans l'ordre je n'en sais rien. elle est toujours malade. elle risque toujours de mourir. et je sais qu'aly y pense tout le temps. mais bon, au moins elle est enceinte. " oui on peut dire ça. " mais je souris toujours. parce que je reste centré sur ce qui est positif, encore une fois. sa grossesse. je sens pourtant qu'il y a quelque chose qui gêne shay. et je ne sais pas ce que c'est. c'est elle la psy pourtant. mais on dit bien que les cordonniers sont les plus mal chaussés. donc elle ne doit pas beaucoup parler de ce qu'elle ressent. " allez raconte ! " je rigole et m'installe prêt à lui parler comme elle me l'a demandé. mais cette fois ci en étant totalement consentant. " elle est revenue après plus d'un mois et puis voilà on s'est parlés. ça a été compliqué au début. et puis est arrivé ce qui est arrivé... " je rigole, parce qu'évidemment je parle de sexe. on va pas se mentir. " elle m'a annoncé qu'elle était enceinte le soir du 31 décembre. elle allait me souhaiter bonne année et c'est "je suis enceinte" qui est sorti. autant te dire que je suis resté sur le cul. " elle sait shay que je réagis pas très bien à ce genre de nouvelles. enfin que la surprise me laisse sans voix. il faut du temps pour que je percute. " mais oui tout va bien. " positif, encore et toujours. " bon et toi alors, comment tu vas ? " parce que non, ce n'est pas ma psy.

Je suis heureuse d’entendre que Ruben va devenir papa, je l’espère pour de bon cette fois. Il a l’air beaucoup plus ouvert et épanoui que la dernière fois où on s’est vus, et c’est tant mieux, ça me fait vraiment plaisir. Après lui avoir souhaité mes félicitations, je lui demande de me raconter, je ne tiens pas en place, même si une petite part de moi ressent des choses dont je ne suis pas fière. L’envie n’est pas un sentiment que j’ai souvent ressenti, mais aujourd’hui oui quand je vois des gens autour de moi avoir ce que je n’aurai jamais. D’autant plus que j’ai loupé la seule occasion de ma vie à devenir mère. Mais si tel avait été le cas, Ruben n’aurai peut-être jamais rencontré sa femme, il n’aurait peut-être jamais eu ce sourire niais en avouant qu’il sera bientôt papa. « elle est revenue après plus d'un mois et puis voilà on s'est parlés. ça a été compliqué au début. et puis est arrivé ce qui est arrivé… »[/color] Je ris un peu avec lui, trouvant adorable cette certaine pudeur quant au fait de parler de ce qui a engendré cet enfant à venir. « elle m'a annoncé qu'elle était enceinte le soir du 31 décembre. elle allait me souhaiter bonne année et c'est "je suis enceinte" qui est sorti. autant te dire que je suis resté sur le cul. » Je ris à nouveau en hochant vivement la tête. Connaissant un peu le phénomène, j’imagine très bien sa réaction. « J’aurai aimé être une petite souris pour voir ta tête ! ». Parce que c’est une phrase que je n’ai pas eu le courage de lui annoncer, parce que j’ai préféré choisir pour moi avant tout, pour nous aussi, sans même avoir la décence de lui en parler. Nous étions jeunes, et pourtant certains regrets sont encore bien présents dans ma tête et dans mon coeur. « mais oui tout va bien. bon et toi alors, comment tu vas ? » Je lâche un soupir que je n’ai pas pu retenir. Faut dire que ma vie en ce moment, c’est un peu le carnage. Mais je tente de garder la tête hors de l’eau. C’est mieux pour tout le monde. « Dans l’ensemble ça va pas trop mal, on va dire. » Un léger sourire de façade, pour m’en persuader. « J’aime mon métier, vraiment, je suis mariée à un homme merveilleux… » Que j’ai trompé avec une femme, mais ça encore, je préfère le passer sous silence… « y’a juste… » Oui parce que de toute manière, il doit bien sentir que quelque chose cloche. « Enfin ça pouvait pas être un tableau parfait, ça n’existe pas, on le sait tous… Je viens d’apprendre que je ne pourrai jamais avoir d’enfant, et Ian n’est toujours pas au courant, je sais pas comment lui annoncer ça, lui qui rêve d’être papa… J’ai peur de le perdre… » Cette fois je romps le contact visuel avec Ruben et laisse mon regard traîner sur le sol un instant. Ce n’est pas le moment de craquer. Je soupire alors et reprends ce masque de façade que je connais si bien. « Mais c’est pas grave, ça finira par s’arranger. » Si seulement…

” j’aurai aimé être une petite souris pour voir ta tête ! “ je pourrai lui tirer la langue si je le voulais. tout à fait approprié. mais je ne le fais pas. après tout je vais être papa et cette fois ci je compte bien le devenir. donc c’est pas le moment de faire des gamineries. même si ça me démange. ” tu te serais juste foutue de moi. mais c’est de bonne guerre je crois que j’aurai ri aussi. “ c’est vrai que cette action était drôle. pas vraiment sur le moment mais ça l’était. ” dans l’ensemble ça va pas trop mal, on va dire. j’aime mon métier, vraiment, je suis mariée à un homme merveilleux… “ je hoche la tête, ravi d’entendre ces choses là. si elle est mariée à un homme qui la comble alors tout va bien. et niveau boulot oui j’ai cru comprendre qu’elle l’aimait. ” c’est … “ mais pas le temps de finir qu’elle reprend. et elle semble hésiter. je sens que la suite ne va pas être super cool. ” y’a juste… enfin ça pouvait pas être un tableau parfait, ça n’existe pas, on le sait tous… je viens d’apprendre que je ne pourrai jamais avoir d’enfant, et ian n’est toujours pas au courant, je sais pas comment lui annoncer ça, lui qui rêve d’être papa… j’ai peur de le perdre… “ je reste un peu comme un con parce que la nouvelle n’est pas plaisante. puis shayna même si on n’est plus ensemble, elle reste importante pour moi. vraiment importante. ” shay… “ c’est compliqué d’avoir des mots réconfortants dans ce genre de moments. non c’est pas facile. parce que je ne peux pas vivre cette situation. même si aly a perdu un enfant, ce n’est pas pareil. ” mais c’est pas grave, ça finira par s’arranger. “ j’avoue que je ne pense pas que ce soit possible. enfin… vu ce qu’elle m’a dit. ” jamais jamais ? enfin si tu veux pas en parler je comprendrai. “ ah c’est sur qu’entre nous deux le psy c’est pas moi. j’suis pas très doué avec ce genre de choses. ” et t’en voulais des enfants toi ? enfin c’est bien que ton mari en veuille mais c’est une décision à deux. “ tellement hypocrite comme phrase ça… sachant que aly de base quand elle a su pour sa tumeur elle ne voulait pas d’enfants… mais bon… on n’a pas lâché et nous voilà aujourd’hui.

« tu te serais juste foutue de moi. mais c’est de bonne guerre je crois que j’aurai ri aussi. » On est d’accord au moins sur ce point ! Parce que cette scène restera je pense à tout jamais dans sa tête. Sans plus tarder il me fait parler de moi, et je ne cherche pas à lui cacher la vérité. Ça sort un peu tout seul, faut dire que je suis pas au mieux de ma forme ces derniers temps. Je sens que je l’ai touchée, je ne voulais pas plomber l’ambiance mais de toute évidence c’est chose faite. J’essaie de passer par dessus tout ça, je dis que ça finira par aller, je me ferai une raison, peut-être qu’il acceptera l’adoption, j’ignore de quoi sera fait le futur, pour le moment j’angoisse juste sur le présent. Mais encore une fois, il n’est pas question de foutre en l’air cette soirée avec lui. « jamais jamais ? enfin si tu veux pas en parler je comprendrai. » Je hausse les épaules en soupirant légèrement. « D’après les médecins, ça s’apparenterait à un miracle. Donc on va dire jamais… » J’ai une boule dans la gorge, mais ça va passer, je suis forte, je l’ai toujours été. « et t’en voulais des enfants toi ? enfin c’est bien que ton mari en veuille mais c’est une décision à deux. » Je hoche la tête et tente un sourire un peu triste. « Oui. Et tu sais le pire, je suis tombée enceinte une fois, j’étais jeune, c’était compliqué, j’ai avorté et aujourd’hui je m’en veux terriblement… » Je ne lui dis pas que cet enfant était de lui. Pas encore, pas tout à la fois parce que ça ferait beaucoup. Mais je suis sincère avec lui, je me livre comme je me suis peu livrée ces derniers temps avec tout ce qu’il m’arrive. Ruben a toujours eu ce pouvoir sur moi, celui d’être apaisant, rassurant. Sa femme a beaucoup de chance de l’avoir, beaucoup de femmes rêveraient d’avoir un petit ami comme lui. Je n’ai pas à me plaindre concernant mon mari, c’est clair, mais ce n’est pas vraiment le même genre que Ruben. Je sais qu’il fera un merveilleux père, même si ce n’est pas de l’enfant que je portais, puisqu’il n’existe plus depuis bien longtemps. Pourtant, il reste toujours une partie de lui en moi, dans un coin de ma tête, dans un coin de mon coeur. « J’ai plombé l’ambiance, je suis désolée. Parlons d’autre chose ! Vous vous êtes remis ensemble du coup ? Enfin elle est revenue ? Pour de bon ? »

on ne s'est peut être pas vues pendant plusieurs années mais il y a toujours cette... connexion entre nous. je ne l'ai jamais caché, shay est importante pour moi. mais la vie a décidé de nous séparer pendant quelques années. rien d'insurmontable vu que nous revoilà à parler comme si tout avait toujours été comme ça. j'aime ce genre de choses qui ne changent pas malgré les années qui passent. on discute et on rattrape le temps perdu. des informations, des choses dont je n'étais pas au courant. comme la stérilité de shay. non, j'en avais aucune idée. faut dire qu'à l'époque on ne parlait pas trop de ces choses là. et visiblement elle ne le savait pas à ce moment là. ça a l'air d'être plus récent. " d’après les médecins, ça s’apparenterait à un miracle. donc on va dire jamais… " pour etre médecin je sais ce que veulent dire ces paroles. les miracles n'existent pas vraiment. la médecine et ses progrès, oui évidemment. sauf que ce genre de cas, c'est compliqué. et puis je lui parle de son mari. que je ne connais pas d'ailleurs. faudrait que je le rencontre, par curiosité. ce serait intéressant. peut être un dîner à 4 avec aly et lui. faudra que je lui en parle à l'occaz. et à ma femme aussi. " oui. et tu sais le pire, je suis tombée enceinte une fois, j’étais jeune, c’était compliqué, j’ai avorté et aujourd’hui je m’en veux terriblement… " ah mince... c'est mal tombé en effet. vraiment mal tombé. " j’ai plombé l’ambiance, je suis désolée. parlons d’autre chose ! vous vous êtes remis ensemble du coup ? enfin elle est revenue ? pour de bon ? " je sens que le sujet n'est pas son préféré. je n'aime pas insister mais je ne suis pas insensible non plus. aucune idée sur le fait que ce soit une qualité ou un défaut. ça dépend des situations je suppose. " t'étais tombée enceinte de lui à l'époque ? " ce n'est pas une information capitale mais peut être que si leur relation en était au début, ce n'était pas évident etc. puis je sais que certains avortements se passent mal et peuvent du coup entraîner cette stérilité. j'espère pour elle que ce n'est pas de ça qu'il s'agit. compliqué à gérer pour le coup. " ne t'excuses pas. on a pas mal de choses à rattraper tous les deux. et oui du coup. ça a été compliqué enfin on a discuté, mis les choses au clair et voilà. maintenant elle est enceinte et tout se passe pour le mieux. " pour le moment. mais je ne veux pas être présage de mauvaises nouvelles. donc oui, tout se passe et se passera bien.

Je ne suis pas à l’aise de parler de ce sujet, et avec lui, c’est encore plus particulier, parce que si je ne dis pas de qui j’étais tombée enceinte à l’époque, c’est pour une raison bien précise. Je ne lui en ai jamais parlé, et je pense qu’il est un peu tard pour ça, j’aurai vraiment peur de sa réaction. Peur qu’il m’en veuille, peut-être, même s’il y a prescription maintenant, non ? Je tente de changer de sujet, mais j’avais presque oublié le petit côté têtu du jeune homme, ou au moins sa faculté à ne pas laisser de côté les questions qui le taraudent. « t'étais tombée enceinte de lui à l'époque ? » qu’il demande, me laissant un peu sur le cul face à la question. Merde. Je secoue un peu la tête. Je suis une piètre menteuse, j’aurai du mal à lui dire autre chose que la vérité, même si je peux encore cacher les choses, je ne suis pas à même de raconter des trucs qui ne sont pas réels. « Non c’était avant de le rencontrer, avant que je retourne en Angleterre… » Je me pince un peu les lèvres, nerveuse qu’il puisse faire le lien. « Y’a prescription de toute manière. » Je soupire un peu, et tente au maximum de ne pas me laisser embourber dans ces sentiments désagréables. « ne t'excuses pas. on a pas mal de choses à rattraper tous les deux. et oui du coup. ça a été compliqué enfin on a discuté, mis les choses au clair et voilà. maintenant elle est enceinte et tout se passe pour le mieux. » Je souris, ravie d’entendre que les choses se sont arrangées entre eux. Le secret professionnel m’empêche de lui dire que sa femme était venue me voir quelques fois lorsque ça n’allait pas, mais je n’ai pas fait immédiatement le lien entre eux. Ce n’est qu’en raccordant le discours de Ruben et celui d’Alysha, et leur nom de famille commun, que j’ai pris conscience qu’il s’agissait du même couple. Mais il m’est interdit de divulguer quoi que ce soit, ni même qu’elle est venue me voir, ce serait contre mon code déontologique, il n’en est pas question. L’important pour moi, c’est que tout aille mieux entre eux. « Je suis heureuse pour toi, j’espère vraiment que vous vivrez heureux tous les deux, enfin tous les trois, du coup. » Il y a une part d’envie en moi, forcément. Mais je me dis que si j’avais gardé cet enfant, sans doute que Ruben n’aurait pas rencontré sa femme, et les choses auraient été bien différentes. Il est heureux et je le suis pour lui, c’est évident.