beep boop computer generated nonsense (toma)

Il faisait beau ce matin à Los Angeles, fait très peu surprenant vu la saison. Le printemps s’installait confortablement, période charnière dans le domaine floral.

Pour une fois, elle n’avait pas passé son week-end à faire des recherches sur toutes les différentes options qui se présentaient devant elle pour devenir mère, avec des longues listes d’avantages et encore plus longues d’inconvénients. Au contraire, elle avait décidé d’organiser un week-end worry-free, composé de randonnées vivifiantes en montagne avec sa chienne Lucy et de brunch entre copines, et elle était prête à attaquer une nouvelle semaine.

Tandis qu’elle déchargeait et installait les bacs de fleurs qu’elle était passée récupérer chez son grossiste, un appel de sa sœur apparut sur l’écran de son téléphone. Sans hésitation, elle ignora l’appel. Ce n’était pas tellement qu’elle ne souhaitait pas lui parler, mais depuis que sa sœur s’était fiancée avec Mr. Parfait, tout droit sorti d’une comédie romantique, rencontré à côté de son lieu de travail parfait, Helen s’attendait à chaque instant que sa sœur lui annonce qu’elle était enceinte et prête à fonder sa famille parfaite pour ponctuer sa vie de l’enfant rêvée par leurs parents. Si évidemment, elle lui souhaitait d’être heureuse et serait très heureuse en tant que tante, Helen ne pouvait s’empêcher, très égoïstement, qu’elle méritait de faire quelque chose de bien, en premier pour une fois. Elle savait qu’il y avait toutes les chances qu’un couple stable et hétéro ait des enfants plus rapidement, qu’elle, une femme lesbienne et très célibataire par la même occasion, mais elle tachait de garder espoir.

La petite cloche de l’entrée retentit, et une cliente fit son entrée dans la boutique, commençant à regarder autour d’elle.
Lissant rapidement son tablier avec ses mains, Helen sortit de l’arrière boutique pour accueillir la cliente et l’aider à faire son choix. Comme à son habitude, elle lui proposa de l’aider à choisir un bouquet adapté à ses envies. Patiemment, elle tenta d’expliquer qu’un bouquet de rose rouge et de gardénia blancs, était peut-être trop passionné comme attention de départ à la retraite d’une collègue pas franchement appréciée.

Sans lui prêter attention, la cliente alla se planter à la caisse en soupirant de façon à lui faire comprendre qu’elle n’avait que faire de ses explications. Cette dernière leva une nouvelle fois les yeux au ciel devant les différents petits objets à vendre à côté de la caisse, tous ornés de différents drapeaux de la communauté LGBT+ et dont les profits étaient reversés à des associations. Un grand sourire aux lèvres, Helen entoura le bouquet de son plus beau ruban arc-en-ciel tout en le facturant en plus du bouquet. Son logiciel de caisse semblant ne pas répondre, elle se débrouilla à la main pour l’encaissement tout en souhaitant intérieurement plein d’allergies saisonnière à la cliente.

De tête, elle se souvenait qu’il était bientôt l’heure de partir pour sa première livraison du jour. L’organisation des livraisons était toujours complexe car comme elle travaillait seule, elle se retrouvait obligée de fermer la boutique pendant quelques dizaines de minutes. L’entièreté de cette organisation reposait sur son petit ordinateur et son logiciel professionnel qui lui permettait de répartir au mieux les livraisons au cours de la journée afin d’être le plus efficace possible.

Sans ça, elle était tout bonnement perdue.

Et pour le moment, le message d’erreur restait le même imperturbable, au milieu de l’écran. Un numéro qui semblait aléatoire, suivi d’une phrase qui pourrait ne pas être de l’anglais tant elle lui paraissait incompréhensible.

Ses compétences en informatique étaient pour le moins inexistantes. C’en était assez ridicule pour quelqu’un de son âge d’ailleurs. Changer une roue ? Sans problèmes. Retrouver son chemin dans la nature ? Facile. Cuisiner des raviolis maisons sans recette ? Tous les week-ends.
Changer les paramètres d’une application ?

Au secours.

Elle était même incapable de comprendre si c’était un problème de réseau, de wifi, de logiciel, de l’ordinateur lui-même.

Sans planning, pas d’adresses, pas de livraisons, perte de clients, perte de bénéfice, plus de boutique, plus de travail, pas d’enfant, pas d’avenir, la mort.
C’était peut-être un peu extrême et peu réaliste comme scénario, mais elle ne pouvait pas rester trop longtemps dans cette situation et les réparateurs tendaient à la crisper. Elle avait bien une petite idée de qui pourrait l’aider mais elle avait peur de la déranger.

Mais après tout elle pouvait toujours tenter, au point où elle en était, c’est-à-dire nulle part après 10 minutes à essayer de rallumer et d’éteindre l’ordinateur sans succès.

« Allo ? Oui, c’est Helen la fleuriste. J’espère que je te dérange pas trop, mais j’ai un petit problème informatique ou de réseau ou de wifi ou d’un truc du style et je suis vraiment en galère pour la boutique. Est-ce que tu pourrais venir jeter un coup d’oeil ? En échange, t’aurais ma reconnaissance éternelle et plus ou moins ce que tu veux d’autres. »