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L'étape du jour (Cho & Lucrezia)

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L'étape du jour (Cho & Lucrezia)
Ven 9 Nov - 13:06
Ils attendent, tes parents, que tu leur parles de la ville. La ville ? Une étape ? Tu ne sais pas vraiment. Tu ne prévois plus rien depuis que tu as quitté Laramie. Tu sais que tu fuis, mais tu ne sais pas jusqu’où tu vas aller. Ici, tu t’es arrêtée parce que tu connais quelqu’un. Tu as une personne à voir. La rencontrer c’est te remettre dans le circuit de la vie en société. Tu en es sortie depuis plus de mille kilomètres, trois états traversés et deux mois d’errance. Les rencontres que tu as faites jusqu’à présent été éphémères. Tu n’en voulais pas plus. Contacter Sofia, ce sera autre chose. Tu n’es pas encore prête. Tu le sais à cette boule dans ta gorge qui t’empêche de décrocher ton téléphone pour lui annoncer ton arrivée. Il faudrait peu pour que tu espères qu’elle réponde qu’elle n’est pas en ville.

La ville ! Tu sillonnes les allées de la librairie pour y chercher un guide touristique. Pas pour l’acheter. Ta vie rentre dans un sac à dos. Un livre en plus, trop lourd. Tu aurais pu rester allongée sur le lit de la chambre d’hôtel et trouver toutes les informations depuis ton téléphone. Un besoin de présence humaine t’en a fait sortir. Un besoin de matière aussi, de papier. Toucher. Feuilleter. Ton côté terrestre. La terre. Le bois. La pierre. Le béton aussi, matière moins noble qui fait partie de ton travail. Métier que tu n’exerces plus depuis la mort de ta femme. Tu n’es plus capable de tracer des lignes droites. Elles sont toutes brisées. Tu lis. Tu regardes les photos. Tu t’informes. Et tu le reposes. Pourquoi faire tout ça ? Ils sauront dès tes premières paroles que tu n’as rien visité.

Tu as abandonné les livres pour les revues. Voyages. Est-ce que tu serais capable de descendre jusqu’en Argentine ? Ushuaïa. Le nom t’a toujours fait rêver. Architecture. Pas totalement capable de décrocher. Cuisine. Franchement ? S’il y a bien une chose qui te manque, c’est de te mettre aux fourneaux, savoir exactement ce qu’il y a dans ton assiette, après tous ces repas dans des restaurants en bord de route. Tu tends la main pour découvrir un autre magazine. C’est une autre main que tu rencontres avant d’atteindre ta destination. Vous avez eu la même idée en même temps. Ce contact inattendu te fait sursauter et tu lâches un « Pardon. » comme si tu avais commis une faute grave.
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L'étape du jour (Cho & Lucrezia)
Mar 11 Déc - 12:33
L'étape du jour
with Lucrezia & Cho
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Toujours. Tout le temps. Impossible d’exister. Ils sont toujours là. Il est toujours là. Lui.
Toujours présent. Infect et repoussant. Dans cet esprit. Dans ces cauchemars. Dans cette vie qui, à jamais, t’a marquée.
Toujours là bas. Sous terre ou en cendres. Non vivant. Mais bien mort. Non présent. Mais bien là. Il hante ta vie. Il hante tes nuits. Et les souffrances. Et la douleur. Et le passé qui remonte toujours. L’abattre n’a pas suffi. L’abattre n’a rien libéré. L’abattre était une erreur. Tu es l’erreur.
Toujours en toi. Son visage horrifiant. La peur qui te serre le cou. Et chaque personne se transforme. En lui. En ton démon. Celui qui t’a tant fait mal. Tu ne vis plus. Tu ne vis pas. Pas correctement. Tu n’es qu’une enveloppe. Une enveloppe vide. Brisée. Qui s’accroche. Désespérément. A la vie. Au futur. A des rêves qui plus jamais ne te visitent. A cette famille qui t’a accueillie. Qui te supporte. Toi et tes terreurs. Toi et tes frayeurs.
Toujours.
TU ne fais pas un pas sans le voir dans le miroir, te regardant, te fixant, de son air mauvais, comme auparavant. Tu ne fais pas un pas sans le voir dans la rue, qui t’en veut de l’avoir supprimé, qui te promet de se venger, qui te promet de te détruire. Tu ne fais pas un pas sans avoir la sensation que depuis l’au-delà, il te prépare à un enfer bien pire que ce que tu as vécu. Tu ne fais pas un pas sans tenter de t’échapper, sans tenter de te concentrer, sur autre chose, sur n’importe quoi. Pourvu qu’il s’en aille au moins un peu. Pourvu qu’il te laisse enfin tranquille.
Tu ne fais pas un pas de plus.
Devant toi, une librairie. A tes côtés, sa silhouette. Tu t’engages. Tu veux le perdre. Parmi les pages. Parmi les mots. Parmi les histoires. Parmi les voyages qu’un simple livre, qu’une simple revue peut t’apporter. Tu ne va pas bien loin. Là est ton bonheur. Les revues de voyages. Les magazines qui parlent et montrent les vies idylliques dans les pays autre que le tien. Tu ne voyageras pas. Tu ne peux pas. Il ne te laissera pas. Et tu ne veux pas abandonner ta cousine. Alors peut-être ton esprit peut-il s’échapper. Lui échapper. Partir au loin. Partir enfin. Visiter chaque recoin. Dénué de sa silhouette. Dénué de tes cauchemars. Dénué de ton passé ?
Toujours. Il est là. Il t’observe. Il te voit. Prendre un livre. Prendre un autre. Il regarde. Il sait. Qu’il te fait si peur. A toi. L’invisible.
Toujours. Même quand tes yeux feuillettent les photographies des monts et merveilles trouvables en Europe. Des structures. Des statues. Des paysages. Même quand tu penses penser à autre chose. TU sais. Il sait. Qu’il est là. Car tu n’as qu’une prochaine destination. La torture éternelle suivant ta mort.
Toujours. Tu tentes de lui échapper. Tu lâches la revue. Tu en prends une autre. Tu te plonges dans l’univers que chaque page contient. SI seulement. SI seulement tu pouvais. Lui échapper.
Toujours.
Il te parle. De sa voix rauque. De sa colère. Il te parle. Et tu l’entends. Et tu…
« Pardon ».
Ce n’est pas lui. Il s’efface. Il reviendra. Il revient toujours. EN attendant, c’est ta main qui t’a sauvée. Qui t’a tirée de là. EN allant à la rencontre d’une semblable. Celle d’une femme qui te regarde. Comme si tu étais le monstre.
Ce n’est pas lui. Tu n’es pas lui. Elle n’est pas lui. TU peux parler. Sans crainte. Tu souris. TU as oublié comment faire. Tu tentes. Tu ne veux pas lui faire peur. Tu as l’impression que c’est raté. Elle t’a dit pardon. Alors qu’elle t’a sauvée. Sur le moment. Ne vous excusez pas.
Ce n’est pas lui. Mais elle ne le connait pas. Elle ne le voit pas. Tu ne peux pas dire merci. Elle ne comprendra pas. Alors tu prends la revue que vous vouliez toutes les deux. Et tu lui tends. C’est ce que vous vouliez ? Ne vous en faîtes pas. Je ne faisais que regarder. Que fuir. Fuir loin.
Vraiment loin. SI possible.

electric bird.




J'espère que j'avais le droit de répondre xS

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L'étape du jour (Cho & Lucrezia)
Ven 14 Déc - 3:01
D’un coup, il fait si froid. Tu t’attends à la neige couvrant le sol, au ciel disparu derrière une toile opaque. Tu t’attends au vent qui souffle du nord, siffle entre les arbres et saisit la prairie pour en faire un désert blanc. Tu remonteras le col de ta parka et enfonceras un peu plus ton bonnet pour supporter cette saison. L’hiver est toujours rigoureux dans le Wyoming et chacun sait que lui survivre rend plus fort.

La main que tes doigts caressent pour atteindre le papier glacé du magazine n’offre pas la chaleur qu’elle devrait. Tu sais pourtant que ce n’est pas cela qui a refroidi l’atmosphère. Pas que cela. Tu te retournes comme si un fantôme regardait par dessus ton épaule. Comme chaque fois qu’un bruit te faisait traverser la maison dans l’espoir qu’elle ne fut pas vide et qu’un visage aimé te sourit dans la pièce d’à côté. Le froid n’est pas celui de l’hiver. Tu te rappelles. Parce que dans les allées de la librairie marchent et s’arrêtent des vivants... Parce que tu tires sur ton tee-shirt qui n’a pas de col pour couvrir ta nuque... Parce que la main qui était sous tes doigts l’instant d’avant n’est plus là... Tu te rappelles que le froid des jours et des nuits n’est pas celui de l’hiver, mais celui de la solitude.

Pourtant il y a quelqu’un, cette femme qui refuse que tu t’excuses. Tu ne la reconnais pas. Tu comprends que c’est un premier regard, celui d’une inconnue qui rencontre celui d’une autre inconnue. Cela peut s’arrêter à cette politesse conventionnelle et ces sourires qui tentent d’en dire autant que les mots. Cela se poursuit par un magazine qu’elle te tend. Tu ne veux rien. Tu ne veux plus rien depuis longtemps. Hormis t’effacer. Te dissoudre. Fondre comme la neige. Il fait froid en hiver et la neige persiste, il t’est impossible de disparaitre ainsi.

« Il ne neige pas à Los Angeles, c’est bête. Pourtant, il fait froid. » Tu as pensé tout haut. Au moins cela te ramène dans la ville californienne. Tu n’es plus à Laramie. Tu ne peux pas lui demander si elle a senti aussi cette fraîcheur qui les a enveloppé. Tu ne peux pas lui dire que ce magazine ne t’intéresse pas, que tu ne sais pas de quoi il parle.

« Je ne veux pas vous priver de cette revue et vous arrêter dans votre lecture. » Tu baisses les yeux le temps d'une seconde pour t’informer tout de même de ce que le hasard voulait mettre en avant dans le rayonnage. Tu reconnais l’équipement qu’arbore l’homme saisi dans son mouvement caractéristique par l’objectif du photographe. Parachutisme.

« Je n’ai jamais essayé. C’était... Une vague curiosité. » Même pas de la curiosité, le fruit du hasard seulement, ce grand manipulateur qui joue avec les fils et les marionnettes qui s’y accrochent pour ne pas tomber.
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L'étape du jour (Cho & Lucrezia)
Sam 15 Déc - 11:52
la femme de l'hiver
with Lucrezia & Cho
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Tu le sais. Depuis si longtemps. Tu le sais. Que tu ne seras jamais seule. Que ce soit lui, ou quelqu’un d’autre. Tu es hantée par ton passé. Et pour lui échapper, chaque distraction est acceptée. Celle de la rencontre de cette femme est parfaite. Bien qu’étrange. Elle a froid. Elle le dit.
Tu le sais. Toi. Pourquoi il fait froid. Pour toi. C’est la chaleur inexistante du fantôme qui te hante. Qui te détruit. Fait-il vraiment froid ? Tu n’en sais rien. Tu ne sais plus. Depuis longtemps. Tu ne sais plus. Depuis son œuvre. Depuis sa mort. Depuis que tes mains ont frappé. Depuis que tes mains l’ont touché. Depuis que tes mains l’ont tué.
Tu le sais. Tu es une meurtrière. Légitime défense ? Tu le penses sans le croire. Tu le crois sans le penser. Ta conscience qui t’aide ? A survivre à ton démon ? Quelle perte de temps. Il gagne toujours. Depuis toujours. Il est mort. Mais il ne pourra plus jamais être tué. Tu le sens. Même quand tu ne le vois pas. Tu te forces. A penser à autre chose. A cette femme qui a froid. Qui parle de neige. Tu aimes la neige.
Tu le sais. La neige est froide. Tu voudrais bien. Qu’elle t’enlace doucement. Qu’elle te congèle tendrement. Qu’elle efface à tout jamais celui qui vient te dévorer. Qu’elle te permette de t’échapper, et de ne plus penser aux marques qu’il t’a laissées. Mais la neige est terrible. Blanche et pure, elle ne te veut pas. Toi et ton horreur, elle ne te prend pas. Jamais.
Vous voudriez de la neige ?
Simple demande. Simple question. Simple phrase qui te brûle les lèvres. Qui s’échappe de toi. Qui emprunte un chemin rêvé maintes fois. Celle de la sortie. De la fuite. Ton rêve le plus précieux. Ton rêve inaccessible.
Elle n’est pas normale. La femme devant toi. A-t-elle des fantômes ? ou voit-elle les tiens ? A-t-elle son propre passé, ou sa propre vie, qui vient la façonner, ou l’emmerder ? Elle n’est pas commode. Elle est intrigante. Elle est parfaite. Parce que plus tu la regardes. Parce que plus tu t’intéresse. Et plus le monstre derrière toi ne t’intéresse plus. Il ne le supporte pas. Il passe ses mains sur ton cou. Et ta réponse est étranglée. J’aimerais essayer. De sauter. De t’écraser. Lourdement.
Il le sait. Comme toi. T’as toujours eu des pensées suicidaires. Avant. Quand il était en vie. Quand tu l’as tué.
Il le sait. Toi aussi. Que tu veux vivre. Qu’il ne te laissera pas. Que tu n’oublieras jamais. Cette douce libération. Que la mort pourrait t’offrir.
Tu le sais. Lui aussi. Que la cage se refermera. Le jour où tu partiras. Tu penses à la liberté. Tu la désires si ardemment. La liberté de mourir. D’enfin ne plus souffrir.
Tu le sais. Comme lui. Que ce n’est pas réel. Pas de liberté. Si t’arrives à survivre. Tu ne pourras plus le faire. Une fois passée dans l’au-delà. Tu seras de nouveau à sa merci. Sans plus aucune échappatoire.
Tu rêves de mourir. Tu sais que ce sera pire. Tu rêves de vivre. Tu sais que ce sera impossible. Tu es prisonnière. Ses doigts se resserrent. Sur ta nuque. Sur ton cou. Il ne te fait pas vraiment mal. Mais tu suffoquerais presque. Tu poses la revue sur la table. L’une des tables. Et tu t’assois lourdement. Ta main à ton cou.
T’es toujours sous son regard. Celui du monstre. Celui de la femme. Tu l’as presque oubliée. L’espace d’un instant. Tu l’as presque oubliée. Il ne faut plus. Tu la regardes. Tu ne sais pas quoi dire. Tout pour le faire disparaître. Tout pour le…
Je m’appelle Cho. On peut la lire ensemble. Si vous voulez.
Ta voix est différente. Tu n’es pas pareille. Dans ton regard c’est la peur, dans tes paroles c’est la gentillesse, et dans ton cœur les ténèbres. N’importe qui peut devenir une étincelle, à laquelle tu veux t’accrocher. Aujourd’hui c’est elle. La femme de l’hiver. Demain viendra le printemps. Ou l’été avec un peu de chance. Tu es ainsi l’automne. La mort qui s’abat sur le monde. L’hiver est calme, en comparaison. La femme est calme à première vue. Si elle accepte, peut-être trouveras tu son calme. Peut-être réchaufferas tu ton âme. De son froid rassurant…
Peut-être.

electric bird.




Bon, second poste sur ce style. J'espère que ça va toujours xD

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L'étape du jour (Cho & Lucrezia)
Lun 17 Déc - 1:01
Ouvrir l’espace. A portée de main. Entrer. La librairie n’est plus une librairie. C’est une étendue de neige. En souhaiter. En répandre. La partager. Est-ce que c’est ce qu’il se passe à cet instant ? Cette inconnue te demande si tu veux de la neige. Elle est déjà là. Ouvrir les yeux et la voir répandue à vos pieds. L’esprit connait l’art de colmater les souffrances par des artifices, il crée des hallucinations, des paysages, des fantômes. Il a créé un paysage infini de neige, sans trace, sans vie pour exprimer la solitude parce que dire « je suis seule, j’ai tout perdu, je l’ai perdue » fait bien trop souffrir.

Ouvrir une parenthèse. Tu as la sensation que c’est exactement cela. Un monde à part, rien que pour vous deux. Une table qui transforme la boutique en lieu convivial. Un magazine qui libère le ciel et répand les nuages autour de vous. Blancs, aussi. Nuage autant que neige offrent leur luminescence. Ton esprit en réponse va chercher une autre blancheur, celle de la page vierge qui n’existe pas parmi les livres tous noircis de récits. Ouvrir un ouvrage vierge où tout est possible. La page libre d’écrire un futur parce que le passé, lui, est scellé, est rangé sur l’étagère des livres poussiéreux que plus personne ne veut feuilleter de peur de se brûler l’âme. Tout au moins, c’est ce que toute personne vivante espèrerait, c’est bien là la différence, ton histoire est écrite en toi et tu en est prisonnière. Ce que tu vois t’étonne. Elle, cette inconnue, qui rompt la glace et des empreintes de pas dans la neige. Les siennes qui vont jusqu’à la table. Les tiennes qui l’ont rejointes.

Elle aimerait essayer. Vous en êtes à ce moment de l’histoire où une page de magazine se tourne sur un ciel bleu. Quelqu’un plane. La terre est loin. Pourtant...

Tu te souviens des ténèbres de cette nuit terrible. Noire sans étoile. Seule. Sans doute la première fois où tu as rencontré cette solitude insondable. La route obscure. Le goudron noir et dur de la rue où elle a perdu la vie. Il a refusé de souffrir pour toi, de te laisser pénétrer ses entrailles, jusqu’au coeur de la terre, là où tu étais sûre de la retrouver. Ivre mais pas suffisamment pour oublier. Souffrant mais pas suffisamment pour mourir de chagrin. Une nuit entière à attendre une fin qui n’est pas venue.

Il y a elle en face de toi qui vient d’ouvrir une parenthèse dans ce monde dans lequel tu erres sans destination. Elle est vivante. Tu le sais parce que tes doigts ont touché sa main. Parce qu’elle t’a parlé. Elle t’a dit son nom. Tu lui réponds doucement « Lucrezia. » Pour elle et rien que pour elle, ton prénom. « Oui. D’accord. » Tu l’as rejointe. Tu t’es assise à ses côtés. Toute proche. Vos regards plongés dans les photos aériennes qu’offrent le magazine. Tu n’as pas envie que la parenthèse se referme.
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L'étape du jour (Cho & Lucrezia)
Mer 2 Jan - 5:17
la femme de l'hiver
with Lucrezia & Cho
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C’est vide. Tellement vide. D’un coup. La chaleur n’existe pas. Le froid n’existe plus. Tu ne sens rien. Plus rien.
C’est vide. Si vide. Cette table. Ces chaises. Cette présence rassurante à tes côtés, qui chasse le mal venu d’entre les abîmes de la mort pour te torturer, pour te démolir.
C’est vide. C’est apaisant. Pour une fois. C’est surprenant. Cette femme le chasse. Comment fait-elle ? Est-ce le froid de son hiver, qui vient adoucir les plaines de ton automne ? Est-ce son visage si calme, quelque peu triste, qui vient adoucir ton âme, et qui retient tes pensées ? Est-ce la magie d’une rencontre, ou bien le destin que tes aïeux ou dieux t’ont donné, qui te fait oublier. Doucement. L’espace d’un instant. Le monstre qui est en toi. L’espace d’un instant. Qui dure. Tu l’espères. Qui durera. Encore.

Parce que cette femme, elle est intrigante. Elle est fascinante. Elle est vivante. Elle est jolie. Elle semble gentille. Parce que cette femme, elle t’apaise. C’est peut-être étrange, mais t’es désespérée. Parce que cette femme, elle t’accepte. Tu l’acceptes. Il ne l’accepte pas. Parce que son regard vient percer les fenêtres de ton âme, vient refroidir le monstre, vient éradiquer le mal. Elle est trop différente. Elle semble si pure. Tu es si noire. Tu ne la mérites pas. Mais tu es égoïste. Pour la première fois depuis bien longtemps, la main sur ton cou ne te serre plus autant, la voix dans ta tête ne te gêne plus autant, et les cauchemars te laissent de la place. T’es égoïste. Tu vas la corrompre, par l’horreur de ton passé, par les démons de ton présent. Tu vas salir la neige, sous les pieds de l’hiver. Tu vas détruire la saison. Juste pour un peu de répit. Tu te détestes. Mais tu n’y peux rien.
Tu ne peux plus rien depuis cette nuit.
Tu ne peux plus penser, bouger, dormir. TU ne peux plus manger, boire, voyager. Tu ne peux plus sentir, entendre, voir. Tu ne peux plus vivre. Depuis cette nuit. Depuis ce moment. Lorsque tes mains ont causé sa mort. Depuis que tu as tué. Depuis que tu as détruit. Depuis que tu t’es enfuie. Seule. Et ta culpabilité. Seule. Et son fantôme. Seule. Si seulement…

Tu vas la corrompre. La tâcher de ton passé. De ton histoire. Cette douce neige. Cette femme. Lucrezia.
Tu vas la corrompre. Et te tenir près d’elle. Ça te brûle doucement. Cette sensation. Elle est spéciale. Elle ne mérite pas ça. Pourquoi ne pars-tu pas ? Pourquoi ne la sauves-tu pas ? Parce que tu n’es pas forte. Parce que tu n’es pas morte. Parce que tu t’accroches à elle. De toute ton âme. A ce qu’elle représente. Le blanc. Le vide apaisant.
Elle efface le noir de tes idées.

Et les pages se tournent. Et les photos s’envolent. Ce monde à part qu’a créé votre rencontre s’illumine et se remplit. Plus de vide. Des rêves. Des rêves que tu n’avais pas pensé pouvoir revoir un jour. La beauté des paysages, survolés par le parachute. La description des témoignages, de cette sensation de merveille qui accompagne le premier saut. Le dernier saut.
Et les pages se tournent. Et tu as soudainement chaud. C’est agréable. T’avais oublié. Combien ça fait du bien. Lorsque le froid glacé de la mort ne plane plus au dessus de toi, ne t’étripe plus dans ton sommeil, ne te tue plus dans ton cauchemar. T’avais oublié ce que c’était. D’avoir chaud. De sentir un corps à côté du tien. Vous êtes proches. Si proches. Tu peux presque sentir son parfum, tu peux presque toucher sa peau, tu peux presque entendre sa respiration. T’avais oublié ce que c’était. Tu ne l’oublieras plus jamais.
Plus jamais.
Et dans ce monde utopique, tu n’entends plus rien. La voix de ton fardeau s’estompe enfin. Ta voix prend place, parce que tu n’en peux plus. Tu veux entendre la sienne, tu veux en profiter. Parce que lorsque vous vous quitterez, il reviendra pour toi. Parce que c’est toujours ainsi. Tu ouvres la bouche. Tes lèvres bougent. Tu peux enfin entendre ce que tu dis, c’est rassurant. Vous habitez Los Angeles depuis longtemps ? Tu ne sais pas quoi dire d’autres. Des lustres que tu n’as pas fait la conversation. Tellement de temps que tu n’as pas pris plaisir à parler. On… On peut se tutoyer, si vous le désirez. Pourvu qu’elle ne fuie pas. Pourvu qu’elle ne s’en aille pas. Pourvu qu’elle accepte de se tâcher, pour te sauver. Tu ne resteras pas assez longtemps pour la souiller. Juste assez pour que sa neige vienne t’envelopper. Pas assez pour que ton fantôme vienne la hanter.
Tu ne veux plus qu’une chose. Qu’elle reste. Qu’elle reste pour le faire partir.
Qu’elle reste pour toi.

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L'étape du jour (Cho & Lucrezia)
Jeu 10 Jan - 1:13
Le bleu du ciel dans lequel des plongeurs téméraires se lancent. Toi, elle, vous êtes pareil, vous vous aventurez dans un espace dont vous ne savez pas l’issue. Le sol viendra. C’est certain. La réalité dure qui écorche les corps, les coeurs, les âmes. Mais pour l’instant...

« Je viens de loin. » C’est toi qui dit cela alors que ses yeux portent l’héritage d’une autre continent. Tu dis que tu viens de loin parce qu’il t’a fallu longtemps pour parcourir la distance. En avion, en train, en voiture même, les kilomètres identiques mais le temps écourté. Le moindre moyen de locomotion moderne rend les lieux proches, quelques heures, un jour au plus. A pied... Tu essaies de compter... Une moyenne de quatre kilomètres heures... Les arrêts... La nuit qui vient trop vite... Les matins au soleil éveillé trop tôt... Les muscles endoloris... La pluie... Le vent... L’absence de toute attente au bout du chemin qui donnent envie de poursuivre inexorablement ou d’arrêter définitivement dans un fossé... « Je loge à l’hotel. » Pour l’instant. Du provisoire. Le temps de toucher terre. Probablement sans parachute. Le choc brutal sur le sol. Le temps de te dire qu’il n’y a rien de plus ici qu’ailleurs. Le temps de refaire ton sac que tu n’as pas complètement vidé.

D’habitude, c’est toi qui fait l’effort de parler quand tu ne peux pas faire autrement, « le menu du jour, s’il vous plait », « encore combien de kilomètres pour la prochaine ville ? », « Une chambre pour une nuit. Merci. » Tu l’écoutes. Tu as envie de l’aider à faire des phrases pour lui offrir les tiennes. C’est nouveau, cette sensation d’échange. Ce besoin d’avoir quelqu’un avec qui parlait. Oh ! tu n’imagines pas une conversation endiablée jusqu’à pas d’heure avec rires, avec passion, avec force de gestes. Tu la regardes sans comprendre ce qui la rend différente d’une serveuse de snack ou d’un routier. Tu ne diras pas la barbe en moins, ni la routine du va-et-vient entre les tables. C’est autre chose. Quelque chose qui n’est pas tangible et cela te perturbe.

« Oui, bien sûr, on peut se tutoyer. » Tu lui souris en répondant. Il y aura d’autres phrases. Pourquoi s’inquiéter de formes verbales imposées par des codes de bienséance si c’est pour se dire adieu quand la dernière page du magazine sera tournée. « Et toi ? D’ici ? » Comment appelle-t-on les habitants de Los Angeles ? Des anges ? Est-elle un ange ? Même ange déchu, tu l’accepteras. « Je ne connais pas grand monde dans cette ville. » Dans ton carnet d’adresses, au bureau à Cheyenne, certains noms étaient suivis d’une adresse à Los Angeles. Des relations professionnelles. Dans ton sac à dos, dans tes poches, il n’y a pas d’adresse où frapper pour annoncer ton arrivée. Dans ton téléphone, tous les numéros atterrissent à Laramie ou les environs.
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L'étape du jour (Cho & Lucrezia)
Mar 22 Jan - 14:04
la femme de l'hiver
with Lucrezia & Cho
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C’est un monde à part. Un nouveau rêve. C’est splendide. La vie sans lui. SI seulement il en était toujours ainsi. Si seulement il n’était pas derrière… Parce qu’il est toujours là. Effacé. Silencieux. Patient. Mais tu le sens. Il reviendra. Comme toujours. Mais tu veux l’oublier. Comme toujours.
Peut-être le peux-tu réellement, cette fois ?
Peut-être est-elle la réponse que tu attendais. La réponse à tes malheurs. A tes souffrances. A tes prières silencieuses dans la nuit glacée.
Peut-être n’est-elle qu’un ange venu pour toi. Dans la ville des anges, serait-ce si farfelu ?

Mais non. Elle vient de loin. De loin, et pourtant. Elle est là, avec toi, dans un monde imaginaire. Elle est là, à côté de toi, vêtue de belles promesses et d’une beauté frappante. Elle est là, tu es là. Elle te purifie, ou tu la noircis, mais dans tous les cas, tu ne peux plus partir, tu ne veux plus partir. Elle est ton jardin du bonheur, et tu ne veux pas la quitter. Et peut-être…
Elle loge à l’hôtel. Et si ? Et si…
Non. Tu ne peux pas. L’inviter ? C’est impossible. La mener dans la grotte aux ténèbres ? Elle, la douce femme hivernale ? Tu serais prête à priver cette personne d’un potentiel bonheur ? Est-elle heureuse, d’ailleurs ? Elle n’est pas comme les autres. Elle n’est pas pareille. Elle ressemble à Alicia. Presque. C’est différent. Elle semble plus froide. Elle semble presque glacée. Comme si ses mains et les tiennes avaient la même température, avant que vous ne vous touchiez. Est-ce vrai ? Est-ce réel ? Serait-elle comme toi ? Non, elle a un sourire. Elle ne peut pas être comme toi. Elle est bien plus douce. Elle est bien plus pure. Tu n’as pas de pareil. Mais elle s’en rapproche peut-être ?
En tout cas, elle te réchauffe. Et peut-être la réchauffes-tu ? Serait-ce possible ? Toi, donneuse de chaleur ? Non, ce n’est pas de la chaleur. Ce sont des flammes, qui la consumeront. Tu ne peux pas les lui imposer. Les flammes. Ou la mort. Ou le noir. Tu ne peux pas lui imposer. C’est impossible. Tu n’as pas le cran. Tu n’as plus le cran. De la faire sombrer. Pour un peu de lumière.

Pour un peu de chaleur. Elle accepte le tutoiement. Elle accepte le rapprochement. Elle accepte la tâche que tu es. Dans son monde, dans son espace, elle accepte la pourriture venant de toi, elle accepte ta personne, mais le démon, peut-elle l’accepter aussi ? Fuira-t-elle lorsqu’elle l’apercevra ? Sans doute. Tu te dois de profiter. De ne pas la laisser le voir. Tu te dois de profiter. Jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Elle te demande d’où tu viens. C’est compliqué comme question. Plus que ça en a l’air. Tu viens de loin. Tu viens de proche. Tu viens d’un monde de noirceur. Des abîmes. Mais elle ne pense sûrement pas à ça. Elle pense au lieu de ta naissance ? Je suis née à Aspen… Dans le Colorado. Ta voix s’enraille. Sa main est de retour. Tu viens d’y penser. Tu ressens encore les coups. Comme si jamais ton corps n’avait guéri. Comme si jamais tu ne l’avais tué. Comme si jamais tu ne t’étais enfuie. Tu sens ta peau te faire mal. Tu sens ta gorge se serrer. Tu sens le monde que vous avez créé, elle et toi, se briser petit à petit. Mais j’habite Los Angeles depuis treize ans, maintenant. Tu te dois d’être forte. Ta voix est étranglée. Mais tu dois continuer. Ne pas laisser ton fantôme démolir ce monde à part. Ne pas laisser les fissures de ta vie avoir raison de cette bulle dans laquelle vous êtes. Peut-être pourrais-je t’aider ? Tu lui demandes. Tu ne veux pas qu’elle parte. Tu as peur. Elle vit à l’hôtel. Elle pourrait quitter la cité des anges en un claquement de doigt, un mouvement d’ailes. Tu ne veux pas. TU oses. T’es égoïste. Tu veux la garder. T’avais pourtant promis. De ne pas la salir. Mais tu ne peux pas la tenir. T’es pas assez forte. Tu dois la garder. T’éviter de payer l’hôtel ? J’ai un loft et une chambre d’amis… Mais je n’ai pas d’ami à installer dedans… C’est si étrange. C’est si bizarre. Vous venez de vous rencontrer. Et tu veux déjà lui présenter la grotte. Vous venez de vous rencontrer. Elle n’acceptera jamais. Sans doute est-ce mieux pour elle… Peut-être en ai-je une, maintenant ? Elle va dire non. Ne rêve pas. Elle va dire non. Et tu ne la connais pas. Mais qu’est-ce qui peut être pire que la cohabitation avec ton démon ? Qu’est-ce qui peut être pire qu’être seule avec tes cauchemars ? Désolée, ça peut paraître étrange… T’es pas obligée d’accepter.
Si seulement elle acceptait quand même…

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L'étape du jour (Cho & Lucrezia)
Mar 5 Fév - 1:19
Suspendue comme un flocon de neige dans le ciel. Il flotte entre la terre et les nuages. Il est l’aigle qui profite des courants ascensionnels pour se maintenir à hauteur. Observer de loin. L’oiseau, malgré cette sensation d'apesanteur, ne s’est pas abandonné au hasard. Il flotte, certes, mais il chasse. Tu flottes, toi, parce que ta respiration s’est arrêtée. Rien à voir avec l’animal. Avec la neige, sans coeur et sans âme, oui tu te sens reliée à elle, au flocon suspendu. Tu es suspendue dans le vide. A l’instant où elle a parlé de chambre, tu as inspiré. Quand elle a parlé d’amie, tu n’as pas pu expirer. Tu es restée dans cet état intermédiaire. Tu ne sais pas comment remettre en fonction la mécanique. Comment remettre en marche la vie. Respirer, c’est la première étape. Le premier cri. Il vient au moment où le corps sait qu’il n’y a pas d’autre issue s’il ne veut pas s’anéantir. « Non. » Réflexe de défense parce que tu comprends qu’il ne s’agit pas de se remettre à tourner les pages du magazine, ni de se mettre debout et marcher jusqu’à la porte de la librairie, la franchir, entrer dans la rue, prendre la vague des passants vers un but non défini et non souhaité. Ce qu’elle vient de te proposer, cette inconnue, c’est de recommencer à exister. Cesser de tenir une main invisible dont tu connais toutes les lignes, toute la douceur. Cette main que tu as tenue à l’instant où elle a cessé d’être animée. Elle t’a demandé, cette inconnue, de lâcher ce qui n’existe plus au présent et n’habite que les souvenirs. Elle t’a demandé d’être au présent. Tu as peur. Tu dis non parce que c’est plus facile d’être le flocon de neige. Tu entends sa voix tel un écho répétant la phrase. Une question te vient à l’esprit : « Et elle ? » Elle, cette inconnue, sa façon de te demander. Tu perçois un appel. Tu ne sais pas pourquoi elle t’appelle à venir jusqu’à elle. Elle a d’avantage de courage que toi, tu ne l’aurais pas fait. Sous tes doigts, le papier est de nouveau là. Des gens autour de vous discutent. Tu respires. Le flocon a disparu.

« Pardon. Je veux dire... Je voulais dire... » Tu ne veux pas la blesser. Tu ne veux pas te blesser. Tu ne sais plus comment on fait avec les gens pour que personne ne souffre. Tu essaies. Premiers pas hésitant après un long sommeil, si long, si profonds. « C’est une offre très généreuse. Je ne sais pas combien de temps je vais rester. Et tu ne sais pas qui je suis. Et inversement. Et je n’ai pas de travail. Et... » Et tu as envie de prendre sa main, de suivre les monts et les vallées à sa surface, du bout de tes doigts. Tu ne sais pas comment vous en êtes arrivées là. Elle t’a ramenée de quelque part où tu t’étais ensevelie comme l’est le seul amour de ta vie. Tu n’as jamais imaginé qu’un après puisse exister. La demande de cette inconnue rend possible l’impossible. Une faim soudaine te vient, petit déjeuner, vrombissement d’une moto, un blouson jeté sur le dossier d’une chaise, des images, des plans, des constructions, des lendemains. Tu as envie d’un lendemain. Cela fait tellement longtemps que tu n’avais pas eu une telle sensation. Une envie de lendemains. « Commençons par nous connaitre un peu mieux. » Ce n’est plus un “non” que tu poses en barrière, c’est un “demain” que tu offres à vous deux.
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L'étape du jour (Cho & Lucrezia)
Mar 12 Fév - 19:14
la femme de l'hiver
with Lucrezia & Cho
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Cette proposition, qu’est-ce ? Un appel au secours, dissimulé en un acte de bonté. T’es horrible. T’es horrible, et tu le sais. T’es horrible, une personne qu’il ne faut pas côtoyer. Un cœur noir, un cœur brisé. Un démon habitant les monts de tes pensées, et menaçant de détruire votre monde. Ce monde que ta vie fissure déjà. Ce monde qui se casse doucement. Bon sang, ce que tu as envie d’annuler. De tout annuler. De revenir en arrière. Lorsque la parenthèse dans laquelle vous étiez n’avait pas de limite. Que de l’infini. Un infini fini, désormais. T’as tout gâché. Tu gâches toujours tout. La faute à ton démon ? Ou à ta personne ? Les deux ne font-ils pas qu’un ? n’es-tu pas, en toi, un monstre ? Tuant à petit feu tout ce que la vie t’avait donné ? Tuant à petit feu tout ce que tu voulais garder ? T’es pas loin d’être comme lui. T’es juste vivante. Moins violente. Mais tout aussi pourrie. Tout aussi noire. Et t’as même plus idée de comment t’en es arrivée là. Est-ce lui qui t’a transformée ? ou est-ce toi qui l’a créé ? un peu des deux ? Sans doute.
T’es un monstre. Une horreur. Un appel aux ténèbres qui gisent sous tes pieds, qui pétrifient toute forme de chaleur, qui détruisent toute forme de vie. T’es un monstre.
T’es tâchée. T’es maudite. T’es pourrie. T’es plus qu’un tas de chair. Avec un esprit vide. Fade. Avec un monstre qui y habite. Avec un homme qui te détruit. Avec un passé angoissant. Avec un cauchemar qui la corrompra, elle aussi.
Comment tu peux lui infliger ça ?
La culpabilité. Ca faisait longtemps. Tu la ressens encore. D’autant plus maintenant. D’autant plus qu’il te la donne. Qu’il t’étrangle à nouveau. Alors qu’elle dit non. Elle fait bien. Ton visage ne dit rien. Ton âme s’effrite. Elle a dit non. Tu ne peux plus être sauvée. Elle s’est sauvée. Elle s’est sauvée, extirpée de sa poigne…

Elle est l’hiver, qui part au printemps. Elle est la neige, qui finit par fondre, et revient un an plus tard. Elle est ce flocon qui virevolte, sans jamais se poser. Elle est fidèle à elle-même, à ce que tu vois. Elle est la femme de l’hiver, et tes flammes ne trouveront jamais réconfort. TU le sais. Tu le sais, et tu le savais avant de poser la question. Mais la question t’a échappée. Egoïste que tu es. T’aurais jamais dû demander en premier lieux. T’aurais jamais dû. Parce que si elle avait dit oui… SI elle avait dit oui, aurais-tu été sauve ? ou se serait-elle abîmé les ailes, au point de se retrouvée clouée au sol, ce sol qui la priverait de liberté, qui l’enfoncerait dans un sentier noir. Dans un sentier terrifiant. Dans ton âme, qui la détruirait.

Mais elle s’excuse. Pourquoi ? Pourquoi s’en donner la peine ? Elle vient de s’extirper d’une toile d’araignée, telle une coccinelle. Pourquoi y retourner ? pourquoi s’embêter à le faire ? Pourquoi sa voix te rassure-t-elle ? pourquoi as-tu tant envie de l’entendre à nouveau ? Pourquoi ? Ce n’est rien, ne t’en fais pas. C’est faux. Mais elle est si belle, libre. C’est faux ? mais tu ne veux pas la replonger dans tes abysses. Tu t’en es rendue compte trop tard. TU n’aurais pas dû. Jamais. Tu n’aurais pas dû tenter de l’emprisonner. Et la voilà qui s’explique. Mais tu veux la faire fuir.
Non.
TU veux qu’elle reste. Plus que tout au monde, tu veux qu’elle reste. Ta conscience te dit de la faire fuir. Ton âme l’implore de rester. Et ton démon se délecte des deux.
Je comprends… ta voix est triste. Il ne t’étrangle pas. Il t’agresse. Tu sens ses doigts venir caresser les bleus qu’il t’avait fait. Un frisson. Un frisson s’empare de toi. La terreur aussi. Tu comprends Lucrezia. Qu’elle fuit. Qu’elle fuit, et vite. Si elle ne veut pas s’écrouler.
Mais elle ne fuit pas.
Elle ne fuit pas.
Elle ne fuit pas.
Elle retourne sur toi.
Elle retourne dans ton piège.
Elle se donne en sacrifice, sans le savoir.
Tu vas la pourrir. Tu veux lui crier de refuser. De repartir. Qu’elle avait bien fait de dire non. Mais tu ne le peux pas. C’est impossible. Tu la veux. TU n’as jamais voulu quelqu’un autant qu’elle. Parce qu’elle te calme. Parce que tu ressens à nouveau l’hiver. Parce que tu ressens à nouveau ton démon s’éclipser. EN pestant. Tu souris. Faiblement. Doucement. Tu souris. TU es contente. TU n’as pas le courage de lui dire combien elle fait erreur. Parce que tu ne veux plus être seule avec lui. Parce que tu ne veux plus être seule avec toi. Parce que tu ne veux plus être seule avec ton passé.
Alors tu acceptes.
D’accord… Bon, alors… comment la laisser te connaître ? Sans dévoiler ton démon, bien entendu… Je… je n’ai plus réellement de famille biologique… C’est compliqué. Ne pas trop en dire. Parce que ça fait mal. Ne pas trop en dire. Parce que tu ne peux pas. Parce que tu ne veux pas la faire fuir. Parce que tu es égoïste. Mais j’ai deux parents adoptifs formidables. Une cousine que j’aime énormément. Et… Et un passé qui te hante.
Dis le.
Dis le.
Et…
Dis le, bon sang.
Je… T’y arrives pas. TU ne peux pas. Disons… que je n’ai pas eu une vie facile…
Tu n’as pas réussi. TU ne peux pas lui dire. TU n’y arrives pas. Une larme coule. TU ne pensais même pas pouvoir en faire couler. Tu te pensais tellement pourrie que plus jamais elles ne trouveraient le chemin de ta joue. Mais elle coule. Et toi ?
TU as besoin qu’elle parle. Qu’elle répare ce que tu viens de briser en toi, en énonçant quelque peu ton passé. TU as besoin qu’elle t’emmène à bord de sa vie, pour oublier la tienne.
TU as besoin d’elle.
Tellement besoin d’elle.

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L'étape du jour (Cho & Lucrezia)
Lun 18 Fév - 19:50
La maison était abandonnée depuis longtemps. Les enfants partis s’installaient dans une grande ville avec la certitude qu’ailleurs était toujours mieux, qu’ils y feraient fortune, que le climat serait plus doux, que leur vie y serait parfaite. Les deux vieux s’étaient éteints l’un après l’autre entre chez eux et l’hôpital. Des bougies soufflées par le temps. La maison était restée sans courrier dans la boite aux lettres, sans voir personne, sans bruit. Le panneau “A vendre” changeait chaque été pour donner envie à de potentiels nouveaux habitants ayant décidés que la nature était plus attrayante que le béton pour y faire pousser des enfants. Vous la connaissiez cette maison. Vous aviez connu les deux vieux. Vous étiez à leur enterrement, trop jeunes pour imaginer qu’un jour vous franchiriez le seuil de chez eux. Elle avait décidé de te porter, butée bornée qu’elle était parce que cette tradition était importante pour elle. Tu avais cédé, bien à contre coeur, craignant le pire. Entre un coup dans l’embrasure de la porte et la lame de parquet qui avait cédé sous votre poids, elle vous avez baptisées cette demeure qui allait être la votre pendant plusieurs années. Elle voulait qu’elle vous ressemble. Tu dessinais des croquis et elle te faisait ajouter détail sur détail. Les travaux finis, elle vous ressemblait en effet, un nid douillet parfait pour votre couple. Etrangement quand toi tu l’as confiée à une agence, elle a trouvé acheteur dans le mois qui a suivi, un jeune couple y avait vu la couleur du bonheur dans chaque pièce.

Une nouvelle habitation. Tu le retournes dans tous les sens, cette proposition te surprend. Tu as besoin de distance, de temps pour bien l’assimiler. Tu as besoin de t’imaginer avec cette inconnue au milieu de son cocon. Est-ce que tu y as ta place ? Est-ce que tu as envie de partager cet espace avec elle ? Tu as besoin qu’elle te parle, qu’elle t’explique, qu’elle te rassure. Mais ce n’est pas cela qu’elle fait. Elle parle de sa famille. Uniquement de sa famille. C’est succinct. Ses quelques mots t’ont plongée dans une plus grande réflexion. Cela te parait décalé par rapport à sa demande initiale. Une colocation. Tu t’attendais à quelle réponse ? Qu’elle t’explique sa manière d’être... maniaque, bordélique... Si elle ramène souvent du monde pour une fête, pour une nuit... Si elle a un hamster... Si elle travaille de nuit et rentre quand tu es susceptible de te lever... Si elle est végétarienne et ne supporte pas qu’on cuisine un steak dans la maison... Si elle fait de l’allergie à la poussière, au gluten, à la couleur rouge, au slip kangourou, aux tableau de Rembrandt... Elle te parle de sa famille comme si vous en étiez à cette étape, rencontrer vos familles respectives en leur glissant en préambule, voici la compagne avec laquelle je vais partager ma vie. Etrange situation. Sa larme l’est encore plus. Te voilà égarée sans plus savoir quoi faire. Tu ne sais pas pourquoi tu fais ce geste. Tes amis l’ont eu quand tu en avais besoin. Tu arrêtes sa larme avant qu’elle n’atteigne la courbe de son menton, du bout de ton index. Sans t’attarder pour ne pas être impudique. Une brise sur une pétale de fleur qui cueille une goutte de rosée.

« J’ai perdu beaucoup. Et ce qui me restait, je l’ai abandonné. » Tu esquisses un sourire parce que tu ne veux pas provoquer d’autres larmes. Les tiennes. Tu n’as pas envie de parler d’avantage de ce qui a disparu de ton existence. « J’ai une famille. Des parents, un frère et beaucoup de cousins plus ou moins éloignés. Quand on trouve une bonne date, on peut se retrouver facilement à trente autour d’une table. » A ton mariage, vous étiez bien plus. A cette simple idée, ton doigt cherche l’alliance. Tu glisses ta main sous la table pour le masquer cette habitude de la faire tourner. Ce que tu peux encore moins dire, c’est que tu as eu une vie de bonheur, presqu'entière de bonheur, alors qu’elle vient de te confier que la sienne a été pénible. « La vie donne et enlève. Parfois il y a des peines, et parfois des joies. On ne sait jamais ce qu’on va rencontrer sur sa route. Je crois que rien n’est définitif. » Parles-tu de sa solitude ou de la tienne ? Tu retiens un soupir. Elle pourrait te dire la même chose. Rien n’est définitif. Tu pourrais arrêter ta marche dans cette ville. Tu pourrais t’installer dans un appartement et te trouver un boulot. Tu pourrais si tu en avais envie. C’est tout ce qu’il t’a manqué jusqu’à présent.
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L'étape du jour (Cho & Lucrezia)
Mer 6 Mar - 2:26
la femme de l'hiver
with Lucrezia & Cho
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Pourquoi t’en parles ? De ta famille ? De tes familles ? Pourquoi ne pas juste dire que l’appart est niquel, qu’il n’y a presque rien d’autres que quelques affaires, qu’elle pourra faire comme chez elle ? Pourquoi parler aussi intimement ? Tu ne le sais. Pourtant, ton démon doit le savoir. Peut-être est-ce là, encore, un moyen de te recouvrir de sa neige, au risque de la brûler de ton passé. Passé que tu ne peux sortir, mais bien présent, à cette table ? Passé que tu ne veux plus voir, mais qui s’immisce en toi, qui s’immisce en vous, et en ce que vous pourriez construire à deux dans un cocon en manque de chaleur. Peut-être est-ce cela, aussi ? peut-être veux tu seulement que ton appartement ressemble à un appartement, plutôt qu’à une bande annonce IKEA. Peut-être que tu veux aussi profiter de la température qu’elle apporte, de cette chaleur, de cette neige, de cet air doux qu’elle souffle lorsqu’elle parle ? Peut-être n’es-tu qu’égoïste, peut-être n’es-tu que seule, beaucoup trop seule ? Tu n’en sais rien, à l’instant précis. Tu n’en sais rien, et tout ce que tu fais, c’est relater trop brièvement les étapes de ta vie. Relater trop brièvement la souffrance que tu as endurée, et le bonheur discret qu’une nouvelle famille a voulu te donner.

Tout ce que tu fais, c’est laisser s’échapper une larme qui en dit trop, comme si elle voulait avertir la femme de l’hiver que les ténèbres s’empareront d’elle à l’instant où elle acceptera ta proposition, piège vicieux, piège horrible, qui te rend si coupable. Mais ce qu’elle fait, c’est différent, complètement imprévisible. Un index. Un doigt posé sur ton visage, qui s’empare de cette larme, et ne la laisse pas aller plus loin. Un geste qui se veut affectif, et un toucher qui vient purifier une partie de ta pourriture. Elle est vraiment différente, cette femme. Il y a ce quelque chose… Le monstre ne la veut pas, et cela te pousse à la vouloir encore plus chez toi. Piège ou pas piège, égoïste, horrible, inhumaine, ou juste concernée, seule, en manque de compagnie, tu la veux. Tu veux de la lumière dans ce salon si longtemps rendu froid par ton absence. Tu veux du bruit dans ce silence morbide qui envahit chaque pièce de ton appartement. TU veux une présence dans ce vide trop noir, dans cet habitat qui n’en est plus un, la faute à ton démon, la faute à tes cauchemars. Tu veux quelqu’un qui sera là, lorsque tu te réveilleras en sueur.
Tu cherches, désespérée, une proie qui tombera dans ton piège. Cette proie, qui ne veut pourtant que du bien.
T’es une vraie connasse, c’est dingue ce que tu te détestes.

Et tu l’écoutes. Elle a perdu beaucoup. Tu comprends. Tu es passée par là. On ne s’en remet pas facilement. On ne s’en remet même jamais. Et le reste abandonné ? Là aussi, tu comprends. Sans la connaître, sans savoir exactement de quoi elle parle, tu la comprends. Tu la comprends quand tu imagines qu’elle ne voulait pas vivre avec cette perte dont elle parle. Et tu continues à l’écouter. Elle te parle de sa nombreuse famille. TU laisses un sourire irradier tes lèvres, parce que la tienne aussi, adoptive, de famille, est nombreuse. j’imagine qu’ils sont là pour toi, quand tu en as besoin… Quelque chose te dit qu’elle en a besoin, là. Pourtant, ce n’est qu’intuition. Ce n’est que délire psychotique d’un démon qui te susurre à l’oreille qu’elle est peut-être aussi brisée que toi, et que jamais elle ne pourra te réparer. Peut-être même qu’elle t’entrainera dans un nouveau fond. Est-ce seulement possible ? N’es-tu pas, toi, au fond du trou ? Est-ce vrai ? Pourtant, il n’y a pas de larmes dans son discours… Mais… Tu le ressens. Il le voit. Tu t’en veux. Parce que sa voix n’a rien de joyeux, lorsque ses mains glissent sous la table, et qu’elle continue son discours.
C’est vrai… Tu l’as appris à tes dépens. La vie t’a enlevé beaucoup trop, pour te fournir ensuite un peu de réconfort. Mais ce qu’elle t’a aussi donné, c’est ce monstre qui te réveille la nuit, qui te paralyse la journée. Rien n’est réellement bien, rien ne le sera peut-être jamais. Peut-être es-tu, êtes-vous, destinée(s) à pourrir dans un caniveau ? Non. Non, pas elle. Elle t’apporte trop de bienveillance depuis le début de cette rencontre pour finir dans un piteux état.
Peut-être faudrait-il que tu finisses par lui refuser l’accès que tu lui as pourtant promis, à ton appartement, à ce piège qui la noircira, qui la salira…
On ne pouvait pas prévoir que l’on se rencontrerait. Toi, dans le besoin d’un logement, et moi, dans celui de t’aider… Bon sang. Tout faux. Tu devais lui dire que c’était mort. Mais tu n’as pas pu. Ses yeux, sa voix, sa vie qui t’a été contée, et ce sentiment d’impuissance… Ton égoïsme, et la saleté de ton âme… Tu n’as pas pu la repousser. Tu as voulu l’attirer plus encore. Je sais que c’est étrange… D’ainsi t’inviter. On se connait peu… Mais… Je veux réellement t’aider. Et puis, avoir quelqu’un chez moi, cela rajouterait du goût à la vie. Parce que c’est assez… vide. Parce que c’est noyé dans les délires que te fait vivre la créature de tes cauchemars. Tu veux… savoir autre chose ? T’es trop pressée. Elle va fuir. Elle va se sauver. Elle va sauver son âme. Mais n’est-ce pas mieux ainsi ?
Non.
Non, tu la veux.
Non, il faut qu’elle vienne.
Non, il faut qu’elle l’écarte, qu’elle le repousse, ce monstre qui sévit encore et toujours…

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L'étape du jour (Cho & Lucrezia)
Jeu 28 Mar - 1:12
Bien sûr que ta famille est là pour toi. Ils t’appellent à grands cris, tu sais que ton père fait barrage sinon ta mère te téléphonerait tous les jours, plusieurs fois par jour, tu es son poussin tombé du nid. Lui croit qu’il faut te laisser la liberté d’aller où tu dois aller, même si tu ignores où, mais tu dois y aller, jusqu’au bout, parce que sinon, il restera toujours un morceau de chair putréfiée qui n’attendra qu’un instant de faiblesse pour te transformer en cadavre. Aller au bout, comme quand le monde était un disque plat, avant qu’on ne sache que la terre est ronde. Au bout, quand on l’atteignait, on le savait, on le voyait que c’était le bout. Idée stupide, on ne voyait rien parce que la terre est ronde. Tu imagines seulement à partir d’une iconographie antique. Tu n’as pas fait un tour complet, même pas une demi circonférence, même pas une traversée de continent. Pourtant, tu as envie de contacter tes parents et leur dire « Ça y est, j’ai atteint le bout du monde, j’y ai trouvé un lieu pour me reposer de toutes mes souffrances, où je pourrais me reconstruire, rebâtir un foyer, parce que j’ai trouvé quelqu’une qui m’a ouvert les bras. » Tu la regardes, tu l’écoutes te dire que cette rencontre est pour vous deux. Ce qu’elle décrit c’est ce que tu as fuit, un manque de goût à la vie, une maison vide et c’est son quotidien. C’est un quotidien insupportable. Tu comprends qu’elle veut le fuir.

Elle est étrange cette invitation. Tu n’en finis pas de la tourner dans ta tête. Tu ne sais pas quoi en faire. Etre raisonnable, refuser et reprendre la route. Etre raisonnable, refuser et te trouver ton propre appartement, avec un boulot, avec des fleurs au milieu de la table du salon. Etre déraisonnable refuser une main tendue, une main qui a besoin qu’on s’en saisisse. Etre déraisonnable, lui dire oui, lui dire encore, lui dire toujours. Etre raisonnable et lui répondre que les inconnus te font peur. Etre déraisonnable et t’imaginer être arrivée au bout du chemin. Etre raisonnable et l’inviter avec la même intensité à diner ensemble qu’elle en met à t’inciter à t’installer chez elle. Tu ne sais plus ce qui est raisonnable et ce qui est déraisonnable. Ton coeur qui tape trop fort dans ta poitrine te dit de fuir cette inconnue qui habite du vide comme une tombe obscure. Ton coeur te dit qu’il s’arrêtera dans ce lieu où il n’y a pas de vie. Ton coeur te dit que c’est ce que tu voulais la nuit, la veille de l’enterrement, qu’il s’arrête. Et maintenant, c’est ce qu’il veut, ce qu’il dit : « Arrête-toi, tu as atteint le bout du monde. Après il n’y a plus rien. » Il ne s’est pas arrêté quand toi tu l’as supplié de le faire.  

Que veux tu savoir d’elle ? Que peut elle raconter ? Vérité ou mensonge tout est possible. Tu ne peux être sûre de rien. Tu ne peux croire que son regard qui t’a offert une perle de rosée, une larme, comme signe de sa dissonance au bonheur. Tu as perdu le tien. Il ne reste qu’à faire confiance à l’instant, au hasard, à l’avenir qui ne peut être pire que la mort. Il reste à revivre. Il reste à vivre. Toi. Elle. C’est l’hiver quelque part, il y a toujours un coin dans ce monde où un hiver s’installe, où il fait froid, où il neige. Los Angeles. Il ne neige pas ici. Il y a toujours un rayon de soleil à portée de vue. C’est un bon endroit pour cultiver une vie. « Peut-être visiter l’appartement. » C’est le meilleur moyen pour savoir si tu y as ta place.
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L'étape du jour (Cho & Lucrezia)
Ven 17 Mai - 5:56
la femme de l'hiver
with Lucrezia & Cho
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La femme de l’hiver… c’est tellement étrange. Plus tu la regardes, et plus du vois celle qui pourrait te sauver. Plus tu la regardes, et plus ton démon cherche à t’éloigner d’elle. Plus tu la regardes, et plus tu la veux. Un besoin, une envie, une nécessité. Elle pourrait faire de ton appartement un foyer. Elle pourrait te réparer, et tu pourrais faire de même. Si tu ne la brûles pas avant. Parce que tu le fais toujours. Tu brises toujours tout. T’as pas ta place dans ce monde, il te rejette autant que tu le rejettes. T’es pas normale, t’es brisée. T’es pas normale, t’es plus normale. T’es juste une putain de meurtrière dont la victime en cadavre ambulant sonne au creux de tes pensées, à la porte de ta folie, pour s’y inviter et t’empoisonner.
T’es qu’une âme en loque, une âme en peine, à la recherche de la personne qui saura lui résister, qui saura te résister, qui ne se consumera pas au moindre problème, qui ne se laissera pas intimidée par tes pensées les plus obscures, par ton passé des plus obscurs, par tes envies les plus noircies. Tu cherches juste le soleil qui viendra illuminer ta vie.
T’as juste trop abusé des hallucinations, ma conne. Parce que t’es loin de la trouver, cette lumière au bout du tunnel. T’auras jamais rien de tel, tu seras toujours perdue dans ta tête, rendue folle par ce monstre, parano, et incapable de réfléchir correctement. Ton manque de sommeil te tuera, ton manque de bonheur te détruira, et tu seras prisonnière pour l’éternité de cette abomination qui ose se faire appeler ton esprit, qui ose se faire appeler ton passé, qui ose se faire appeler ton beau père.
Il n’est rien de tel, mis à part le monstre. Il n’est rien de tel, mis à part ton monstre. Il n’est rien de tel, mis à part ta tête. Une cervelle qui n’a plus toute sa tête, des pensées qui se perdent dans un océan de frayeurs, qui s’emmêlent dans un abîme de terreur.
Mais elle… elle, elle est là. Tu ne sais pas, tu ne sais plus pourquoi elle est là. Tu ne sais plus pourquoi elle te voit, pourquoi tu la vois. Pourquoi elle t’entend, pourquoi tu l’entends. Pourquoi elle ne part pas, pourquoi tu ne pars pas. Elle est différente, elle apporte les saisons, elle apporte une saison, dans ta vie d’indifférence, d’inconscience.
Elle est différente, et t’aimes ça. Parce qu’il hurle de peur, et que tu te sens remplie d’espoir. Peut-être que c’est juste la plus grosse merde du monde que d’accepter sa présence, que d’accepter sa persévérance, que de la garder pour toi seule, de la garder perdue dans un monde qui la dépasse.
Parce que ça va arriver. Elle va se détruire. Si elle ne fait pas gaffe, si elle n’est pas celle que tu crois déceler. Si elle n’est qu’une copie, si elle n’est que factice, et que la neige ne tient pas, et que son discours ne tient plus. Elle va se faire bouffer. Si elle ne se défend pas. Elle va se faire bouffer. Mais tu dois essayer.
Tu dois essayer. Parce qu’elle représente ta dernière chance. Ta dernière chance d’avoir peut-être une guérison. D’avoir, peut-être, à nouveau une vie. D’avoir, peut-être, un futur. Une lumière. Qui rôderait dans ta tête, qui te prendrait la tête, et que tu ne pourrais chasser. Qui laisserait ton monstre en cage, et qui le tiendrait à l’écart, qui t’apprendrait à vivre à nouveau, qui t’apprendrait à rire à nouveau.
Parce que tu ne sais même plus à quoi il ressemble, ton rire.
Allons y alors… tu réponds. Elle veut visiter l’appartement. Autant le faire dans l’instant.
Autant le faire tant qu’elle en a encore envie. Tant qu’elle est encore tentée.
Autant l’emmener dans ce vide sombre. Un appart sans presque aucun meuble. Une pièce, deux pièces quelques pièces, et un lit au bout. Il n’y a rien, presque rien. et il a peut-être du potentiel. Mais qu’en sais-tu, tu ne fais qu’y dormir, tu ne fais qu’y crier, cauchemars récurrents, cauchemars incessants.
Peut-être qu’elle en fera quelque chose de beau et d’agréable.
Peut-être qu’elle y mettra son hiver.

electric bird.




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L'étape du jour (Cho & Lucrezia)
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