Call me Maybe || ft. Kaitlyn

“Je peux pas, j’ai Yoga”
Un message court et simple. Voilà ce qu’il avait envoyé à un ami qui lui proposait de se retrouver pour une petite sortie. Et si recevoir “Dis-le si t’as pas envie” en retour avait provoqué chez lui une tête d’étonné, il y avait pourtant toutes les raisons de comprendre pourquoi l’activité pouvait surprendre. Il aurait pu mettre licorne, poney ou gym aquatique, c’était la même chose niveau crédibilité.
Oui, ce que Hayden Hwang pouvait foutre au yoga, c’était une question qu’il était légitime de se poser. Et pourtant, c’était bien devant une salle qui donnait ce genre de cours qu’il avait envoyé son message. Si vous vouliez tout savoir, c’était même la troisième fois de sa vie qu’il s’apprêtait à suivre un cours de yoga. Réviser la position du petit chien, de l’albatros et autres, il était tellement paré qu’il avait même mis sa tenue de sport plutôt que de venir en touriste. Il avait son sac, une bouteille d’eau d’un litre cinq et tout le parfait équipement du sportif. Et là encore, on s’attendait à le voir dépasser la pièce pour aller à la musculation, ou à un cours de boxe thaï par exemple mais non !!! Parce qu’il était entré, sagement, comme un bon petit élève qui s’initiait à l’art mystérieux des fleurs de lotus. Regardez-le, si sage, qu’il entrait même avec un « Namaste. » pour coller à l’ambiance. Comme une bonne Dora avec son sac à dos, il s’était saisi d’un tapis de sol pour aller se trouver une place où il l’avait étalé. Puis son regard s’était relevé et on avait noté ce sourire spécial sur ses lèvres. Ce sourire qu’on pouvait qualifier de “petit con fier de sa connerie”. Ce sourire qui nous donnait envie de demander : Ok Hwang, parle, de quelle manière comptes-tu détruire le Monde ?

Accompagné d’un acolyte en train d’étaler son tapis près de lui, on voyait là un partenaire de crime dont on ne connaissait pas encore le thème.
Mais parce que les mystères, le suspens, et tout ce qui allait avec ne pouvaient pas durer éternellement, sachez que le crime portait un nom, qu’il était blonde, mesurait dans les 1m65, avait les yeux bleus et portait le doux nom de Kaitlyn Haynes. Et si vous preniez la peine de tourner votre regard vers l’enseignante de cette belle discipline qu’était le yoga, vous serez alors en mesure de comprendre pourquoi c’était un sport qui lui avait pris d’essayer.
Pour vous la faire courte, oui, il comptait bien ajouter à la liste de ses crimes charnels le nom de Kaitlyn ?
Bravo.
Elegant.
Très saine occupation.
Avait-il au moins un plaidoyer ?

Oh ça oui. C’était son camarade installé près de lui qui l’avait traîné ici. A la base, notre coréen comptait bien se rendre à un cours de sports un peu plus musclé. Mais il y avait eu Henry. Henry qui avait insisté lourdement pour le traîner ici. De ce mètre soixante cinq, il n’avait pas cessé de lui en parler. Tellement qu’il avait fini par piquer sa curiosité. Et on n’avait pas de mal à imaginer, au vu du sourire qui traînait sur les lèvres du mannequin, cette petite pointe de jeu au coin de ses lèvres, quel genre d’élève il était. Pénible. On le sentait. Et malheureusement pour la coach de yoga, c’était la troisième fois qu’elle allait avoir la chance immense, incommensurable, de le voir assister à l’un de ses cours.
Qu’est-ce qu’il y pouvait ? Le yoya c’était… divertissant !

Si on lui avait dit des années en arrière qu’elle deviendrait professeur de yoga, Kaitlyn n’y aurait certainement jamais cru. Elle qui aspirait à de grandes études, rêvant de devenir un chirurgien de renom n’aurait pas pu concevoir finir dans une salle de sport à donner des cours de relaxation. Hors, c’était ainsi que la vie était faite et en effet, elle pouvait être pleine de surprise. Est-ce qu’elle était déçue de son parcours ? Du genre positive, la jeune femme déclarerait que non et qu’elle était satisfaite à présent. Elle n’avait pas eu d’autres choix que de se faire une raison puis le simple fait de savoir que ses frères, eux, avaient l’opportunité de faire les études qu’ils voulaient, elle était heureuse. Si son emploi du temps était encore chargé, qu’elle était sans cesse occupée, elle courait bien moins qu’à l’époque et elle appréciait son travail. Ses clients étaient adorables, enfin pour la plupart, et elle avait plus l’impression d’être là pour s’amuser que pour réellement travailler. En règle général, on l’appréciait ; on disait d’elle qu’elle était joviale, que son sourire était communicatif, qu’elle était une véritable bouffée d’air frais si bien qu’on aimait rester en sa compagnie. Kaitlyn avait son caractère, elle était unique en son genre et ne se gênait pas de le clamer parfois d’un ton taquin. On le lui avait souvent répété après tout, à force, elle allait vraiment finir par y croire.

Jetant un coup d’œil à sa montre, elle resserra légèrement sa queue de cheval avant de réajuster son pantalon puis se tourner vers l’entrée de la pièce que ses « élèves » franchissaient. Le début du cours n’allait pas tarder à commencer et elle les saluait tour à tour avec politesse, sans jamais éteindre cette éclat qui décorait ses lèvres. Toutefois, lorsque ses yeux croisèrent celui de ce garçon, elle ne put s’empêcher de les lever vers le ciel avant de répondre à sa salutation. Sérieusement, qu’est-ce qu’il faisait là encore ? On pouvait lui dire ce qu’on voulait, la jeune fille était certaine que le mannequin n’était pas ici pour faire du yoga… Vu comment il avait semblé prendre plaisir à l’embêter à l’autre jour, il n’était pas présent en ces lieux par passion pour cette activité.

Elle ne l’avait pas quitté du regard, discrètement, tandis qu’elle se dirigeait à l’avant de la salle puis indiquer à tout le monde de s’installer correctement. S’inclinant tout d’abord, elle commença par de simples étirements, inspirant, expirant, soufflant… Puis le cours débuta naturellement avec d’abord des postures faciles mais que certains éprouvaient déjà quelques difficultés à pratiquer. Le sourire aux lèvres, calmement, bien moins enjouée que telle était sa personnalité habituellement, elle s’approchait d’eux afin de leur expliquer. Elle était concentrée, sérieuse mais également passionnée dans ce qu’elle faisait et c’était la raison pour laquelle, elle n’avait pu s’empêcher de soupirer lorsque son attention se posa sur ce garçon qui se plaisait à tenter de l’irriter. Apparemment. « Monsieur Hwang, si vous êtes ici pour vous amuser et faire n’importe quoi. Je vous prie de sortir. » Chose qu’il ne ferait certainement pas, elle le savait d’avance mais cet individu la désespérait plus que l’expression qu’elle affichait, se devant de rester polie. Elle ne comprenait pas quel intérêt avait cet homme à toujours lui chercher des ennuies et venir déranger son cours. N’avait-il rien d’autre à faire ? Pour sûr que pour un mannequin, il était bizarre.