la nuit tombe et moi des nues. (tara)

c'est beaucoup trop calme sans elle. c'est silencieux. seul le bruit de ton clavier résonne avec au loin les mélodies qui s'échappent du cours de danse donné en ce moment même. ce n'est pas comme si vous passiez vos soirées à discuter toutes les deux mais au moins tu avais une compagnie. un être vivant non loin de toi et pas simplement des machines qui bipent au gré des fax reçus ou mails réceptionnés. tu tentes de la soulager de ce travail qu'elle ne peut plus effectuer, empêcher qu'elle n'ait trop de choses à faire ou à voir à son retour. parce que tu ne désespères évidemment pas qu'elle revienne. ça commence à faire long pour toi mais ça doit lui paraître bien pire de son côté. aujourd'hui par exemple, t'as besoin d'elle. tu peux faire beaucoup de choses mais il y a certaines tâches qui lui reviennent. comme signer des bons de commandes, les factures des prestataires ou les bulletins de salaire du personnel. il y en a un peu tous les jours mais tu ne vas pas t'amuser à faire le trajet jusqu'à chez elle à chaque fois qu'un document nécessite sa signature. t'attends la fin de semaine, lorsque les délais approchent et qu'il n'y a plus le choix. tu places tous les documents dans les parapheurs, récupères la carte signée par les danseurs et personnel ayant bien voulu participer au cadeau que tu sors de ton tiroir. un bon pour une journée au spa, pour qu'elle se détende et profite un peu. plus qu'à passer chez le fleuriste pour acheter quelques fleurs avec les dollars restants de la collecte. c'est qu'elle est appréciée tara. et respectée. loin d'être un patronne chiante, aux antipodes de la nana frigide et antipathique quand on la connait. ton sac sur le dos te voilà partie. après ton passage prévu chez le fleuriste ou tu récupères une composition florale réunissant tout plein de couleurs, tu te diriges vers la maison de ta patronne. t'as cette légère boule au ventre comme ça chaque fois que tu dois rentrer dans l'intimité de quelqu'un. ce n'est pas facile. passant ta main dans les cheveux, redressant le bouquet pour qu'il soit au premier plan, tu sonnes, attendant donc la blonde qui viendra t'ouvrir. " salut salut. " sourire avenant, en espérant qu'elle se souvienne que tu devais passer la voir. sinon tu vas vraiment avoir l'air con.

Je n’ai plus grand chose à faire d’autre que de lire, et je passe donc le plus clair de mon temps sur la terrasse à profiter des rayons du soleil, chapeau sur la tête, lunettes sur le bout du nez, dévorant livre sur livre que j’entasse dans un coin sur salon, dans des piles organisées tellement ma bibliothèque déborde. J’ai toujours adoré lire, mais jamais eu réellement le temps. Au moins un point positif à cette situation. On sonne à la porte, Paola ne passe pas sa journée ici - malheureusement - et j’ai la sensation que ma vie sociale commence à être réduite à néant. Je paye un coach de vie pour essayer de régler ça, mais c’est pas une mince affaire. Je fais rouler mon fauteuil jusqu’à ladite porte pour satisfaire ma curiosité quant à mon visiteur de ce début de soirée. Une fois la poignée difficilement atteinte, je recule pour ouvrir la porte et découvre une personne pour le moment inconnue, planquée sous un bouquet de fleurs. « Oh. Un bouquet de fleurs avec des jambes. » Je tente un trait d’humour mais j’ai hâte de voir qui ça peut bien être. Le bouquet se décale et je découvre alors le visage angélique de la jeune Deborah. « Tiens. Salut pumkin. » C’est la première fois que je l’appelle comme ça, mais je trouve ça mignon, et plutôt affectueux. Cette gamine est adorable, pas par hasard que je lui ai offert un poste à l’école de danse, même si elle aurait pu trouver mieux. Elle aurait pu aussi trouver pire. C’est provisoire, mais sa présence est un vrai atout à l’école, tout le monde adore voir son regard pétiller, d’autant plus lorsqu’elle sourit, comme présentement. « Entre, je t’en prie. Rien de grave j’espère ? Quoi que… j’imagine que aurais pas pris le temps d’acheter des fleurs avant de venir… » Je pousse la porte qui claque dans mon dos et prends les devant pour la guider jusqu’au salon. « Tout va bien ? Tu veux boire quelque chose ? ». Je me souvenais qu’elle devait passer, mais pas ce soir. A moins que je commence - aussi - à perdre la boule, ce qui serait problématique.

le bouquet dans les mains, l'angoisse qui monte. t'attends qu'elle arrive, qu'elle t'ouvre. même si tu ne la vois pas à cause des fleurs qui t'entravent, tu entends la porte qui s'ouvre. sourire tout autant dissimulé, sa voix te parvient aux oreilles. " oh. un bouquet de fleurs avec des jambes. " tu laisses échapper un rire avant de te décaler pour qu'elle te voit. sourire qui reprend place simplement. " tiens. salut pumkin. " sentant tes jours rougir, t'es à deux doigts de te planquer de nouveau derrière le bouquet. t'as pas l'habitude qu'on t'affuble de ce genre de surnoms. mignons d'ailleurs. à l'orphelinat t'en as eu et ils étaient loin d'être sympathiques. en même temps vu ton caractère de teigneuse c'était compliqué... " salut. " t'as un peu de mal à la voir en fauteuil mais bon tu prends sur toi pour ne pas que ça transparaisse. tu ne voudrais pas la mettre mal à l'aise. " entre, je t’en prie. rien de grave j’espère ? quoi que… j’imagine que t'aurais pas pris le temps d’acheter des fleurs avant de venir… " tu hoches la tête avant de la tourner de gauche à droite, un peu déboussolée par cet enchaînement d'informations. tes yeux se perdent sur l'intérieur de sa maison alors que tu la suis jusqu'à son salon. " tout va bien ? tu veux boire quelque chose ? " va falloir que tu sortes de ton mutisme avant qu'elle ne s'inquiète réellement. " oui oui tout va bien. j'ai juste quelques papiers à te faire signer. " et puis autre chose. le plus important et le plus agréable. " puis tout le monde au studio a voulu te faire un cadeau d'où les fleurs. y'a une carte avec un cadeau aussi dans mon sac. " mais c'est que t'es un peu encombrée avec tout ça. " t'as un vase ou quelque chose ? " toujours prête à rendre service si besoin. oubliant totalement qu'elle t'a demandé si tu voulais un truc à boire. faut que tu te reprennes deb'. inspire, expire et tout ira bien.

Cette gamine est un vrai rayon de soleil, et son sourire qui parvient jusqu’à mes oreilles me donne du baume au coeur, ce qui n’est pas fréquent ces derniers temps. Je prends le chemin du salon, Dieu merci je n’ai pas eu la lubie d’acheter une maison avec des petits niveaux comme ça été la mode fut un temps, quelques marches à droite à gauche auraient pu me faire carrément déménager, dans cet état. Sur le chemin, je l’entends me répondre. « oui oui tout va bien. j'ai juste quelques papiers à te faire signer. puis tout le monde au studio a voulu te faire un cadeau d'où les fleurs. y'a une carte avec un cadeau aussi dans mon sac. » Un cadeau ? Je m’arrête pour la regarder, surprise. Pas que je ne sois pas consciente de mon capital sympathie, mais j’ai pas toujours eu l’habitude qu’on m’offre un cadeau. Pour un prompt rétablissement j’imagine ? Enfin… le rétablissement, c’est pas pour tout de suite, je ne sais même pas si ça viendra un jour d’ailleurs, les médecins ne peuvent pas encore se positionner sur le sujet. « C’est gentil ça… » Je n’ai jamais été bien expansive. La jeune fille me demande si j’ai un vase, je me lance dans une intense et courte réflexion, avant de lui désigner un placard en haut de la cuisine. « Dans celui-là, je crois. Je suis désolée je peux pas t’aider… » Un petit trait d’humour noir, ce qui n’est pourtant pas dans mes habitudes. J’ouvre le frigo, lui demandant si coca ça lui va, en même temps, quel gamin n’aime pas le coca. Ok. Deborah n’est plus une gamine, mais elle est encore bien jeune. J’attrape deux verres et nous sers, arrivant à me débrouiller seule depuis que j’ai demandé à mon aide ménagère de réorganiser mes placards pour avoir accès à tout et ainsi être un peu plus autonome. « Alors dis moi, comment ça se passe à l’école ? C’est pas trop le bordel ? » C’est ma plus grande hantise à vrai dire. Cette école, depuis son ouverture, c’est un peu comme mon bébé. Un peu comme une revanche, arriver à faire grandir quelque chose, à défaut d’avoir pu élever cet enfant que j’ai mis au monde il y a un peu moins de vingt ans.

tu l'aimes bien tara. enfin c'est tara. elle est gentille même si elle a ce côté femme-forte qui peut en effrayer plus d'un. toi t'as pas peur. mais t'es pas l'une des élèves du studio. tu l'aides juste pour tout le reste. le côté le moins sympa de ce métier. forcément, vu que dans la danse, ce qu'on aime c'est danser. toi t'as jamais vraiment essayé. t'en as jamais eu envie parce que t'en as jamais eu l'opportunité surtout. t'as jamais été dans une fille avec suffisamment de fric pour payer ce genre de cours. parce que c'est pas donné. puis chez les burton, même s'ils étaient plutôt du genre conciliants et prêts à t'accorder tout ce que tu souhaitais, tu n'as pas eu envie d'abuser. de peur qu'on te renvois. la famille de la dernière chance. c’était un peu ça faut bien l'avouer. ta famille... mais ce n'est pas le moment de penser à ça. parce que pour le moment, ce qui est important c'est tara. tara qui est bien emmerdée avec cet engin de malheur. tu tentes de ne rien faire pour l'embarrasser, de ne pas trop la dévisager ni de lui poser des questions qui pourraient la mettre mal à l'aise. elle doit déjà bien assez mal vivre cette situation sans que tu en rajoutes. puis mettre les pieds dans le plat c'est ta spécialité. " c’est gentil ça… " qu'elle te dit quelque peu gênée certainement. mais tu continues de sourire et lui demande un vase. parce qu'il faut bien placer ces fleurs quelque part. " dans celui-là, je crois. je suis désolée je peux pas t’aider… " voilà une bourde non prévue. tu grimaces et hoche la tête avant de récupérer le vase là où elle t'a indiqué qu'il était. tu remplis le vase tandis qu'elle remplit vos verres. chacune sa tâche. une fois les fleurs libérées, tu les places dans l'eau et les pose sur la table. ça sera compliqué pour elle de les mettre ailleurs si elle a besoin mais au pire elle te dira si elle veut que tu les mettes ailleurs. pour le moment et bien, ce sera là. " alors dis moi, comment ça se passe à l’école ? c’est pas trop le bordel ? " tu rigoles en déposant ton sac afin de récupérer le verre de soda. un léger remerciement d'un signe de la tête pour ne pas passer à autre chose parce que tu sais que cette conversation est importante pour elle. " oh si si. trois incendies en une semaine, une invasion de rats et ce matin on a même eu un énorme soucis de toilettes bouchés. je crois que le restaurant mexicain du coin de la rue a fait des ravages. " tu prends un air sérieux, puis une gorgée de ta boisson et la regarde avant de sourire. elle sait que c'est une blague, elle aurait été prévenue sinon. " tout va très bien ne t'en fais pas. même si tu nous manques. " puis comme un souvenir qui reviens, tu sors de ton sac la carte avec les petits mots de tout le monde et le cadeau qui l'accompagne. " voilà pour toi. on espère que ça te plaira. on s'est dit qu'un saut à l'élastique c'était tout ce dont tu avais besoin là maintenant. " faut vraiment que t'arrêtes avec l'humour... tu sais pas d'où tu tiens ça mais il est vraiment pourri.

Les vases ne sont pas à ma portée parce que ce n’est pas ce qui est le plus important dans mon quotidien. Au pire il y a Paula pour m’aider, aujourd’hui, c’est Deborah qui va en chercher un pour mettre les fleurs qu’elle vient d’apporter. Je lui tends finalement son verre et lui demande si tout se passe bien à l’école. Je n’ai pas encore eu le courage d’y remettre les pieds. Enfin… les roues du coup. C’est justement une part du problème. « oh si si. trois incendies en une semaine, une invasion de rats et ce matin on a même eu un énorme soucis de toilettes bouchés. je crois que le restaurant mexicain du coin de la rue a fait des ravages. » Je manque de m’étouffer avec mon breuvage en riant de ses âneries, son air presque impassible. Je ris peu depuis mon accident, il n’y a pas beaucoup de personnes capables de me faire me sentir assez en confiance pour rire de bon coeur. Ça a été si naturel pour elle que c’en est presque étonnant. Elle ne l’a pourtant pas cherché. « tout va très bien ne t'en fais pas. même si tu nous manques. » Je penche la tête un peu sur le côté en lui souriant, elle est adorable. Sans tarder, elle ouvre son sac pour en sortir la carte dont elle m’a parlé un peu plus tôt. « voilà pour toi. on espère que ça te plaira. on s'est dit qu'un saut à l'élastique c'était tout ce dont tu avais besoin là maintenant. » J’arque un sourcil, un peu dubitative, pas sûre que je dois la croire, ce serait complètement idiot. Quoi que Bailey dirait sûrement que ça ne l’est pas tant que ça, pour une perte de contrôle, un lâcher-prise total, on est pas mal. Heureusement, ça n’est rien de tout ça, et je peux souffler. « Tu m’as fait peur, j’y ai cru un instant ! » Je lis les petits mots, je souris, je suis émue, et une fois fini, je me racle un peu la gorge pour reprendre contenance, posant la carte sur la table. « Merci beaucoup ! J’écrirai sûrement une petite carte pour tout le monde aussi. » En guise de remerciement. Je ne sais pas si je me servirai du cadeau sous peu, pour le moment je ne suis pas certaine d’assumer mon nouveau statut d’handicapée au grand jour, mais ça viendra sûrement. Je l’espère en tout cas, je ne paie pas une coach de vie pour rien. « Je te fais visiter ? » Je lui intime de me suivre d’un geste de la tête, laissant mon verre sur la table. Je lui fais faire le tour du propriétaire, du rez-de-chaussée en tout cas, la terrasse, et repasse devant l’escalier qui mène à l’étage supérieur. « Et là haut y’a une chambre et une salle de bain, tu peux monter si tu veux, je t’accompagne pas… » C’est pas toujours facile de faire de l’humour sur ma situation, mais je m’y efforce, pour démystifier tout ça. « Il faudrait que je mette une annonce pour louer l’étage. Ça me ferait de la compagnie. » Maintenant que je passe ma vie ici…

t'es plutôt du genre sérieuse. dans tes études, dans ton travail. oui, dans ce genre de moments, tu l'es. mais pour le reste, tu restes une enfant. t'as envie de jouer. jouer parce que la vie est trop courte pour être prise avec trop de sérieux. en fait t'es pas sérieuse. t'es juste appliquée dans ton travail. mais tu dois bien avouer que la partie de toi que tu préfères, c'est celle qui s'amuse. qui fait des blagues. comme là à tara. t'as pas résisté. puis tu sais que c'est tellement gros ce que tu lui racontes, qu'elle ne le prendra pas sérieusement et ne s’inquiétera pas. et d'ailleurs elle se met même à rire. rien d'étonnant, c'était fait pour ça après tout. tu vas peut être juste un peu trop loin lorsque tu parles de saut à l'élastique. tu vois l'étonnement sur son visage ou plutôt l'interrogation. te mordant la lèvre doucement, tu lui tends quand même la carte pour la laisser découvrir le véritable cadeau à l'intérieur. " tu m’as fait peur, j’y ai cru un instant ! " et à ton tour tu te mets à rire. tu ne te moques pas d'elle, c'est plutôt que tu es contente qu'elle le prenne comme ça. et l'avoir amusée et bah ça t'amuse. aussi simple que ça. " merci beaucoup ! j’écrirai sûrement une petite carte pour tout le monde aussi. " tu te rapproches d'elle et lui tapote sur l'épaule en exagérant le mouvement. " tu sais maintenant on a ce qu'on appelle des mails. c'est pratique tu devrais essayer. " tu la taquines, tu sors totalement du cadre d'employée versus patronne mais c'est dans ta nature. enfin tu sais que tu ne pourrais pas faire ça avec quelqu'un d'autre. c'est parce que c'est tara. c'est vrai que vous lui avez offert une carte avec le bon pour le spa mais c'est dans ce sens là, c'est plus facile pour que tout le monde signe. enfin, c'est pas le propos. le plus important c'est que ça lui plaise. c'est tout. et ça a l'air, enfin tu crois. t'es pas très douée pour déceler ce genre d'émotions. ce qui te fait défaut bien souvent d'ailleurs. " je te fais visiter ? " tu relèves les yeux vers elle et réfléchis à sa proposition. proposition plus qu'alléchante d'ailleurs. " avec plaisir oui. " tu la suis, la laissant passer devant bien sur. y'a de place et plus important, elle peut circuler avec son fauteuil. devant l'escalier, elle te parle de l'étage. " et là haut y’a une chambre et une salle de bain, tu peux monter si tu veux, je t’accompagne pas… il faudrait que je mette une annonce pour louer l’étage. ça me ferait de la compagnie.  " tu tiltes sur ce qu'elle te dit. la dernière chose. " je vais aller voir rapidos. " dans un sourire tu grimpes à l'étage et découvre cette fameuse chambre et la salle de bain qui s'y rattache. tu ne restes pas bien longtemps, surtout pour ne pas paraître trop indiscrète. descendant les marches tu commences à t'extasier. " wow c'est plus grand que mon appartement ! " tu t'esclaffes en arrivant au rez de chaussé. " enfin c'est pas bien compliqué... " réflexion presque murmurée pour toi même mais audible pour toute personne se trouvant à côté. vu le fric que tu gagnes, tu ne peux pas te permettre de louer plus grand. déjà là, tu sais que t'as fait une affaire. et tu payes pas internet vu que tu piques le câble à tes voisins. tout pour l'économie. " je suis sure que tu trouveras facilement preneur. " même si vivre dans un quartier pareil ça ne doit pas être donné. en tout cas tu n'y penses même pas.

Deborah s’approche pour tapoter mon épaule, et sa réflexion me fait me sentir affreusement vieille l’espace d’un instant. « tu sais maintenant on a ce qu'on appelle des mails. c'est pratique tu devrais essayer. » Je la regarde en plissant légèrement les yeux l’air de lui dire qu’elle n’était pas obligée. Mais avec elle, tout passe bien, étrangement. Je lui offre même un petit sourire, et lui réponds que j’y penserai. Je lui demande sans tarder si elle veut visiter ma maison, c’est une coutume un peu débile quand on y pense, en général, ça sert pas à grand chose, à part montrer où se trouvent les toilettes, le cas échéant. Une fois la visite terminée en bas, je lui propose de monter voir ce qui se passe en haut, malheureusement je ne peux pas l’accompagner dans la suite et fin de la visite. Je la regarde grimper les escaliers rapidement, du haut de sa jeunesse, et elle ne tarde pas à réapparaître, elle ne s’est pas éternisée. « wow c'est plus grand que mon appartement ! » Je lui souris, amusée face à son enthousiasme. Oui, j’imagine qu’à son âge, elle ne doit pas vivre dans un 100 mètres carré. Elle ajoute que c’est pas bien compliqué, et nous nous dirigeons à nouveau vers la cuisine pour récupérer nos verres. « je suis sure que tu trouveras facilement preneur. » Je hausse un peu les épaules avant de lui répondre. « Je sais pas, je suis compliquée. C’est pas facile de vivre avec une handicapée, et puis j’ai un sale caractère. Il faut me supporter. Je comptais la louer à un prix dérisoire, en dédommagement pour mon humeur désagréable un jour sur deux. » pour être gentille. Je ris un peu et lui fais signe de me suivre alors que je me dirige vers la terrasse. « Je le fais pas pour gagner de l’argent, plutôt pour avoir un peu de compagnie, et pas que ça prenne la poussière inutilement là haut. Tu connais pas quelqu’un que ça pourrait intéresser ? » J’appuie sur un bouton pour faire descendre le store de la terrasse et reporte finalement mon attention sur elle, attendant plus ou moins une réponse à ma question, sans forcément penser que ma proposition serait susceptible de l’intéresser.

j’aime beaucoup sa maison je dois bien le reconnaître. puis j’aime bien tara surtout. je ne sais pas pourquoi mais j’ai l’impression qu’on se comprend. pourtant je ne suis pas certaine qu’on ait grand chose en commun. voir même rien du tout. mais je ne sais pas. c’est… c’est juste comme ça. on peut parler de tout et de rien, je la taquine sans qu’elle ne prenne mal les choses et l’inverse est réciproque. pourtant c’est ma boss. et évidemment je la respecte énormément. mais il y a pas cette distance qui met mal à l’aise entre nous. j’avoue que je n’ai pas remarqué si elle était comme ça avec tout le monde. mais je sais au moins que tous ont un énorme respect pour elle. et d’autres la craignent un peu. parfois on dirait un animal blessé. et c’est dangereux un animal blessé. c’est peut être pour ça que y’en a qui ne la comprennent pas. j’en sais rien. je ne suis pas très douée avec l’être humain. mon truc à moi c’est plus les mots. je les maîtrise bien plus. ” je sais pas, je suis compliquée. c’est pas facile de vivre avec une handicapée, et puis j’ai un sale caractère. il faut me supporter. je comptais la louer à un prix dérisoire, en dédommagement pour mon humeur désagréable un jour sur deux. “ je rigole quand même un peu même si je ne suis pas totalement d’accord avec ce qu’elle dit. mais je ne dis rien pour le moment et me contente de lever les yeux au ciel après qu’elle se soit retournée pour rejoindre la terrasse. je la suis à mon tour profitant de l’air qui s’est légèrement adoucit. ” je le fais pas pour gagner de l’argent, plutôt pour avoir un peu de compagnie, et pas que ça prenne la poussière inutilement là haut. tu connais pas quelqu’un que ça pourrait intéresser ? “ je regarde le store qu’elle a activé descendre doucement. forcément oui, je connais quelqu’un. ça me paraît évident. mais est ce que ça lui irait ? j’en sais rien. ” bah… moi en fait. enfin si ça te va hein mais j’me sens un peu à l’étroit. puis je suis pas seule. “ je peux tenter après tout rien ne me l’interdit. même si présenté comme ça ce que je dis peut être un peu étrange. ” enfin j’ai pas de gosses hein ! j’ai un chaton et un caméléon. “ je réfléchis mais oui c’est bien tout. et en attendant qu’elle me réponde, je plonge le regard dans le fond de mon verre, trouvant tout à coup les remous du liquide, super intéressants.

Alors que je rejoins la terrasse, la jeune femme sur mes ‘talons’, je lui explique que je voudrais seulement quelqu’un qui vive ici plutôt pour avoir de la compagnie, pas pour gagner de l’argent. Je n’en ai pas besoin. Et puis, je me dis que quelqu’un pourrait aimer vivre dans ce quartier, c’est une perte de place inutile que d’avoir une si grande maison pour rien, au final. Je demande à la jeune Deborah si elle connaît quelqu’un que ça pourrait intéresser de vivre ici, avec moi. Je ne promets pas d’être de bonne humeur sans arrêt, mais je crois que ça m’aiderait à faire un effort si je ne suis plus seule avec Paula. « bah… moi en fait. enfin si ça te va hein mais j’me sens un peu à l’étroit. puis je suis pas seule. » Je fais pivoter mon fauteuil pour pouvoir poser mon regard sur elle, un peu surprise déjà par sa proposition, mais surtout par la fin de sa phrase. « Pas seule ? » Oui parce qu’il n’y a pas de place pour cinquante là haut non plus. « enfin j’ai pas de gosses hein ! j’ai un chaton et un caméléon. » « Un ca… quoi ? » J’ouvre grand les yeux, surprise à nouveau. « Tu vis avec un caméléon ? C’est grand comment ? Ça se balade partout ? » Je grimace un peu, pas que j’ai particulièrement peur des reptiles, mais je ne connais pas bien ces bestioles là, je ne sais pas ce que ça a besoin pour vivre, si ça fait des dégâts… « Le chat ça va, je connais, mais ton… lézard là. Ça vit où ? Ça se promène ? Ça grignote les câbles comme les lapins ? » Je ne suis pas contre des animaux à la maison, il faudra seulement quelques règles, je tiens quand même un peu à mon mobilier, mais je suis prête à faire de efforts et à ne pas continuer à passer pour la nana qui a quarante ans et qui en paraît le double. Le matériel ce n’est que du matériel, mais je ne voudrais pas non plus un jour rouler sur sa bestiole qui aurait pris la couleur du carrelage, et avoir à lui annoncer au petit matin. Mais pourtant, l’idée que Deborah soit intéressée par la proposition me plait plutôt pas mal. « Ah et évidemment, pas de fiesta à la maison, ce genre de trucs quoi. Rien ne t’empêche d’inviter quelqu’un là haut, ce sera chez toi. Tant qu’ils sont pas douze et que je peux dormir tranquille… » Je parle comme si elle vivait déjà ici.

j'ai osé. j'ai osé parce que de toute façon je ne risque rien. au pire si c'est un refus et bien ce n'est pas grave je continuerai ma petite vie comme je l'ai toujours fait. après tout je suis débrouillarde et bricoleuse. et ça fait dix neuf ans que je me gère principalement seule. " pas seule ? " je savais qu'elle allait tilter sur ce point alors je m'empresse de l'éclaircir. et forcément... ça intrigue. " un ca… quoi ? tu vis avec un caméléon ? c’est grand comment ? ça se balade partout ? " je me retiens de rire face à sa tête déconfite. " à peu près comme ça. " j'écarte mes doigts pour laisser un espace d'environ dix centimètres. bien sur sa taille sans sa queue. mais c'est ce qui est le plus visible. " le chat ça va, je connais, mais ton… lézard là. ça vit où ? ça se promène ? ça grignote les câbles comme les lapins ? " bon là pour le coup je rigole un peu quand même. " il vit dans un terrarium la plupart du temps et il a un petit terrain de jeu que je lui ai construit tout en bois. mais il ne sort pas et ne sait pas ouvrir les portes promis. et de toute façon il ne grignote pas les cables. puis vu la lenteur il ne te sautera pas dessus. " le chaton risque d'être plus curieux mais mes animaux ont l'habitude de vivre dans des endroits exigus. enfin mon chat surtout il a le toit pour se dégourdir les pattes généralement. là son terrain de jeu sera plus grand. " ah et évidemment, pas de fiesta à la maison, ce genre de trucs quoi. rien ne t’empêche d’inviter quelqu’un là haut, ce sera chez toi. tant qu’ils sont pas douze et que je peux dormir tranquille…  " je grimace un peu. pas sur le fait que ce sera chez moi parce que ça ça me réchauffe le coeur, un peu comme si c'était acté. mais plus sur le reste. " t'en fais pas j'ai pas franchement d'amis alors tout ce qui est fiesta c'est pas mon truc. " je hausse les épaules. ça a l'air un peu triste comme ça mais pas du tout. j'suis plutôt du genre solitaire. " et puis je pourrai t'aider pour des trucs dans la maison. j'suis plutôt douée de mes mains et j'aime bien bricoler. " c'est toujours une hypothèse mais je crois que je commence à me faire à cette idée.

Je vois bien qu’elle se fout de moi, avec mes questions. Mais si elle vient vivre ici, il faut quand même que je sois au courant de ce qu’elle va amener avec elle. Et les animaux, ça me concerne aussi forcément. Son caméléon n’a pas l’air trop grand, ça me rassure. « il vit dans un terrarium la plupart du temps et il a un petit terrain de jeu que je lui ai construit tout en bois. mais il ne sort pas et ne sait pas ouvrir les portes promis. et de toute façon il ne grignote pas les cables. puis vu la lenteur il ne te sautera pas dessus. » Je hoche la tête, rassurée par ses explications, parce que si ce qu’elle dit est vrai, je devrais pas voir sa bestiole. J’en ai jamais côtoyé, je sais pas trop si j’en aurai peur ou pas, je sais juste que c’est pas le truc que j’aurai adopté à son âge. Je fais un point sur ce qui est fêtes à la maison, tant que je suis là, je préfère qu’il n’y ait pas de grabuge. Si je dois partir en déplacement, je lui laisserai l’opportunité de ramener les gens qu’elle veut, tant qu’ils ne détruisent pas tout. Mais je ne crois pas que Deborah soit de ce genre, et qu’elle ait non plus des amis de ce genre. La jeune fille grimace et je ne comprends pas immédiatement pourquoi, mais elle joint la parole à sa mimique pour que je comprenne. « t'en fais pas j'ai pas franchement d'amis alors tout ce qui est fiesta c'est pas mon truc. » Vraiment ? A son âge ? Elle a l’air adorable, comment se fait-il qu’elle n’ait pas d’amis ? Je ne me risque pas à poser la question, mais encore. Je me dis qu’on aura bien le temps de discuter toutes les deux si elle décide finalement de venir vivre ici. « et puis je pourrai t'aider pour des trucs dans la maison. j'suis plutôt douée de mes mains et j'aime bien bricoler. » Un sourire étire mes lèvres. « L’assurance m’a envoyé une entreprise pour faire tous les travaux manuels de la maison, mais je peux pas les appeler toutes les 5 minutes pour une ampoule à changer ou un cadre à accrocher. Alors tu me seras d’une grande utilité ! » Je lui offre un sourire charmant et lui tends la main pour quelle serre cette dernière, et que le deal soit effectif. « Tu peux ramener tes bestioles et tes affaires quand tu veux, je demanderai juste à Paola de faire un coup de ménage avant que tu arrives. » Je suis impatiente d’avoir un peu de vie dans cette maison qui me semble vide et trop grande pour moi maintenant que je ne peux plus me déplacer où je veux. Et puis elle mettra de la gaieté dans les environs, j’en suis sûre.