you've got to take the bitter with the sour (hazel)

Le passé. Il est là. Il te prend. Bien souvent. La nuit. Le jour. Il ne te hante pas. Mais tu ne peux pas le faire partir. Tu ne le détestes pas. Tu l’acceptes. Mais t’en as souvent marre, de voir ces visages. Pourquoi c’est toi qui les voyais, ces visages ? pourquoi t’étais pas au front, à tirer, sans prendre en compte les émotions, la peur, le dégout, la colère des ennemis ? Non. Toi. T’étais en train de les regarder. Droit dans la face. C’est chiant. T’aimes bien ne plus y penser. Tu ne peux pas. Parce que tu l’as revue. Reed Danvers. RedWolf. T’as jamais eu d’autres surnoms qu’Armstrong. Mais les SEALs t’appelaient pas ainsi. On t’appelait Lance. Il parait qu’en français, c’est une arme. Ouais. Bof. Surnom de merde. Mais tu voulais pas d’un « RedWolf » tagué sur ta peau.
Tu ris. T’as des dizaines de tatouages aujourd’hui, mais tu ne voulais pas d’un petit mot à l’époque. Quelle ironie.
Bref.
T’as revu Reed. Et tu l’aimes bien, Reed. Une camarade fidèle. Un peu trop curieuse. Mais t’étais flattée, de savoir que ton corps l’attirait. Il n’attirait pas qu’elle d’ailleurs. Mais c’est avec elle que ça a matché. Vous n’avez rien fait. Mais c’est en te matant qu’elle est devenue ton amie. Et qui dit vieille amie dit verre en ville, et soirée à se remémorer les bons, comme les mauvais souvenirs. Surtout les bons. Au fur et à mesure que l’alcool descendait, les mauvais s’effaçaient, et les bons triomphaient. Comme cette fois où tu étais entrée dans le vestiaire des mecs, après la douche, avec rien d’autre qu’une serviette. C’était drôle. Ouais. Enfin, à l’époque, t’as eu la honte de ta vie. Mais maintenant, t’en ris. Franchement. C’étaient tes frères. D’armes. Ils s’en foutaient. Te reluquaient, tout au plus. Rien de plus.
Rien de plus.
Et plus l’alcool passait, plus les discussions s’étendaient sur d’autres sujets. Comme pour ta copine. Et vos deux ans ensemble. God. Que tu l’aimais, Josie. Et sa sœur. Elles étaient incroyable. Josie, c’était particulier. Vous aviez cette relation étrange. Mais tu l’aimais. Tu l’aimes. Tu l’aimes terriblement. C’est ton avenir. Tu le sais. Et Reed l’a appris. Vous avez échangé. Sur ta nouvelle vie de pilote. Sur ta colocation. Ca a rapidement tourné au vinaigre. Reed est en mauvais termes avec sa sœur. Et c’est avec sa sœur que t’habites. Toi, t’étais morte de rire en racontant ça. Pas elle.
C’était une super soirée.
Et t’es rentrée complètement ivre, dans la coloc. T’as même pas réussi à te déshabiller avant de t’effondrer sur le lit, et tu te demandes bien comment t’as pas réveillé Riley avec ce boucan que t’as fait. Ton pantalon à moitié baissé, ton haut enlevé, et ton soutif détaché. Franchement. T’es pas faite pour boire. Tellement pas.

C’est avec un bip sonore que tu t’éveilles. Ton portable. Tombé par terre. Ecran fissuré. Comme depuis longtemps. T’es tellement pas adroite que t’as réussi à casser l’écran le jour où tu l’as eu. Quelle cruche. Tu regardes. Tu gémis. Il est quinze heures. Ouais. Quinze heures du mat. T’as la gueule de bois. Et tu vois le message. Un sourire étire tes lèvres. Franchement, elle peut pas se passer de toi, hein ? Tant mieux, toi non plus. Tu reposes ton teléphone. Et tu fermes les yeux. Juste vingt minutes. Tu te réveilles trois heures plus tard. Pas douée. Tu te lèves, tu te douches, tu te hâtes. T’es en retard. Enfin. Elle a pas donné d’heures. Mais t’aimes pas la faire attendre. T’attrapes ton portable, pour lui envoyer une réponse. Ben merde, il est éteint. Parce que cruche un jour, cruche toujours, tu l’as pas branché. Tant pis. Tu pars. Sur le dos de ta moto fétiche, tu arrives bien vite devant la demeure de ta douce, et tu retires ton casque, et tu sonnes. T’entends déjà la fillette demander qui est à la porte, et, toute sourire, tu lances Allons ? Tu ne devines pas ? Tu ris. Elle te connait. Elle connait ta voix. Elle et sa sœur. Sa sœur que t’attends. Tu penses pas que la fillette va ouvrir. Ben en fait, si. Tu l’attrapes et la soulèves dans tes bras, tout en la faisant rire. Puis tu la reposes, et tu poses ton casque. Ton manteau. Tu fais comme chez toi en fait. Et t’approches du canapé. Il me reste du temps à te donner, je crois. Tu souris. Et tu viens chercher un baiser. Si elle le veut. Bien entendu.
Bien entendu…