you make me roar | bizzy #3

Depuis ce voyage, Billie n’avait cessé de penser à cet instant un peu irréel en fait. Elle savait que ça s’était passé. Elle se souvenait de tout. Absolument de tout. Et ça occupait pas mal ses pensées. Même au boulot, Izzy était dans sa tête sans vraiment le contrôler. Et ça l’agaçait aussi. Fortement. Lorsqu’elle essayait de ne plus y penser, irrémédiablement son esprit la contraignait à.. y penser. Ça tournait en boucle là, là haut. Parce que ce genre de choses n’était pas anodine. Quand même… elle n’avait jamais fait un truc pareil ! Alors bon, c’était sûr que ça allait l’impacter. Ce qui la confortait c’était surtout de ne pas avoir franchi la ligne rouge ce soir là. Elle n’aurait pas pu regarder Cas’ droit dans les yeux après ça. C’était évident. Mais bon, même si elles n’avaient pas dépasser les limites du corps, une certaine culpabilité l’avait gagné. C’était pour cela qu’elle n’était pas restée le matin dans la cabine, elle avait préféré fuir en fait. Et puis ça faisait quelques temps d’ailleurs qu’elle n’avait pas vu Izzy. Histoire de tasser tout ça et de ne pas se retrouver dans cette situation de tensions avec elle. Ses pupilles étaient rivés sur la vitrine face à elle, à Rodeo Drive. Se perdant dans la contemplation d’un perfecto qui semblait lui plaire. Mais les cris venant d’un magasin non loin d’elle l’interpellèrent. Elle ne put qu’aller voir ce qui se passait, remarquant la police ainsi que des véhicules venant du zoo de LA qui avaient élus domicile dans la rue et qui commençaient à baliser l’endroit. Elle fronça les sourcils légèrement et alla voir un des flics qui était un de ses habitués. Le maître de Mr. Panpan. Elle lui demanda ce qui se passait et il lui expliqua la situation. Qu’un lion, pas tout à fait adulte, avait réussi à s’échapper du zoo et que maintenant l’équipe qui s’occupait des félins était à l’intérieur pour essayer de le ramener à sa maison. Izzy traversa son esprit un instant. Billie lui expliqua qu’elle aimerait aller prêter main forte, vu ses expériences dans les VSF, ce genre de situation ne lui était pas inconnue. Elle aurait pu laisser faire. Oui, elle aurait pu ne pas intervenir mais cette demande était sortie toute seule de sa bouche. Le flic acquiesça connaissant la réputation de la vétérinaire et la fit entrer dans le magasin. Billie vit effectivement toute l’équipe du zoo qui essaya tout doucement d’appréhender la bête qui commençait à peine à avoir quelques touffes autours de sa tête. C’était un lion adolescent mais il était déjà assez imposant pour terroriser les personnes qui croiseraient son chemin. Son regard se posa automatiquement sur Izzy de dos. Billie inspira, faisant table rase sur les pensées qui grignotaient son esprit depuis ce voyage puis se positionna à ses côtés, tout doucement. « Alors comme ça, on accorde des sorties à ses pensionnaires ? » dit-elle avec une voix basse, les yeux rivés sur le lion.

Alors que je suis en train de nourrir les panthères, j’entends mon biper sonner, signe qu’il y a un problème dans ma section. Je m’empresse de décrocher mon téléphone pour appeler le poste de sécurité, savoir ce qui se passe. En attendant qu’ils décrochent, je fais bien attention de fermer correctement le loquet. « Y’a un souci ? » « Leo s’est enfui, Stanley avait pas bien refermé la cage visiblement. » « Attends QUOI ? Leo, Leo le lion de 9 mois ? C’est une blague ? » Je me dépêche de rejoindre le poste de sécurité et nous partons avec le camion à la recherche du lion perdu. Le stagiaire en mène pas large, il sait que son poste est en danger, mais plus que ça, qu’il met en danger des habitants de Los Angeles. Cassian ne travaille pas aujourd’hui, il a été prévenu mais ne répond pas sur son téléphone. J’espère seulement qu’il viendra nous rejoindre, il est, avec moi, le plus qualifié pour gérer une crise de ce genre. Les félins, c’est notre domaine à tous les deux. Mais gérer un félin dans le zoo et le gérer dans la ville, c’est pas la même histoire. Un appel a été passé, le lionceau se trouve à rodeo drive, il a bien choisi son endroit celui là, plus de monde tu meurs. La police nous escorte et guidés par les cris et les plaintes des passants, nous rejoignons le lieu où s’est retiré le jeune lion. J’entends ses rugissements de là. Le périmètre est rapidement cerclé, et, le coeur battant, je réfléchis à une solution pour ne pas avoir à endormir le félin d’une fléchette. Il risquerait de partir au quart de tour le temps que le produit se diffuse dans son corps, et devenir plus dangereux qu’il ne l’est déjà, hors de son habitat naturel. Même si je l’ai vu naître et que j’ai une attache particulière à cet animal, je sais que les flics ne chercheront pas à comprendre et le descendront s’ils le jugent dangereux pour quelqu’un. « Alors comme ça, on accorde des sorties à ses pensionnaires ? » Je sursaute en entendant une vois derrière moi, me retourne juste assez pour reconnaître Billie, sa silhouette faisant echo à sa voix. « Dis-moi que ton mec va pas tarder… » C’est tout ce que j’espère. J’ai l’habitude de gérer avec lui. Le trait d’humour de la jeune femme ne me fait pas rire sur le moment, je suis concentrée, et un peu paniquée aussi, je ne veux pas voir mon lionceau mourir sous mes yeux. « Faut que tu m’aides, j’ai que des incompétents avec moi. » Ils m’entendent. Tant pis. « Enfile ça. » Je lui balance des gants épais, qui remontent jusqu’au niveau du coude. « Il faut qu’on arrive à le repousser jusqu’à l’arrière boutique pour lui envoyer la fléchette sans qu’il puisse faire de mal à quelqu’un. »[/color] Je vois le lionceau rôder autour des rayons de vêtements, pendant que les flics essaient de faire sortir les derniers clients du magasin. « Passe par là, j’essaie de le bloquer de l’autre côté. » Là comme ça, je pense plus du tout à ce qu’on a partagé sur le bateau, la situation ne s’y prête pas et c’est tant mieux, je crois que ça m’a assez pollué l’esprit comme ça.

« Dis-moi que ton mec va pas tarder… » Billie ne put s’empêcher de penser qu’elle aurait pu au moins la saluer sans qu’elle dise ça mais bon elle savait que c’était déplacé de penser à ça maintenant. Du coup, elle enfouit vite cette envie de la piquer pour se concentrer sur la situation. Le lionceau grognait en visitant les rayons, il n’avait pas encore l’air d’avoir vu la présence de toute l’équipe ainsi que de Billie, qui les a rejoint, qui s’avançait peu à peu en catimini. « Je ne sais pas s’il va venir, je n'ai pas pensé à l'appeler, je pensais le trouver avec vous. » elle savait qu'il ne travaillait pas aujourd'hui et c'était vrai qu'elle n'avait pas penser à l'appeler de suite, tout était tellement allé vite dans sa tête. Elle voulait tout de suite rentrer dans le magasin pour prêter main forte. Et puis elle pensait aussi que son équipe l'aurait prévenu en amont. « Faut que tu m’aides, j’ai que des incompétents avec moi. » Bille sentit une Izzy un peu nerveuse pour le coup. C’était la première fois qu’elle la voyait dans cet état là. En même temps, elle n’avait pas encore eu l’occasion de la voir sur le terrain à part au zoo. « Ok, ne t’inquiète pas, faut rester calme. » la voix de Billie était toujours basse. Elle avait déjà rencontré des situations de tension comme là pendant ses missions au sein de l’organisation VSF, et à force elle avait su canaliser le stresse qu’elle ressentait à chaque fois qu’elle était confrontée à ce genre de situation. « Enfile ça. Il faut qu’on arrive à le repousser jusqu’à l’arrière boutique pour lui envoyer la fléchette sans qu’il puisse faire de mal à quelqu’un. » son regard se fixa assez furtivement sur les flics qui faisaient sortir les derniers clients du magasin en enfilant les gants en cuir spéciales pour la capture d’animaux puis son attention revint sur le lionceau qui arpentait doucement encore les rayons. « Passe par là, j’essaie de le bloquer de l’autre côté. » d’un hochement de tête, elle recula, passant derrière un des équipiers de Izzy pour arriver au bout d’un couloir où le le lionceau pouvait arriver. Bloquant ainsi cette voie tandis que Izzy passa de l’autre côté. Les autres membre de l’équipe eux se positionnèrent sur d’autres issues afin de faire impasse à leur tour. Bon pour l’instant, ça avait l’air de marcher. Le lionceau sortit d’un rayon et Billie pouvait le voir nettement maintenant. Il était impressionnant même s’il n’était pas encore adulte. Son regard se releva quelque peu, effleurant les pupilles de Izzy qui se trouvait de l’autre côté tandis que le lionceau vint tourner sa tête vers Billie. Il ne fallait pas qu’elle panique. Non, il fallait rester calme. Même si là, il grognait légèrement. Son cœur battait tout de même la chamade. C’était rare qu’elle se trouve face à un félin de cette envergure. Cependant, elle savait comment réagir. Elle avait eu l'occasion d'étudier la question si jamais elle se retrouvait dans cette situation là, devant un félin. Elle se mit de côté, leva les bras, les agitant et commença à taper fortement des mains. Donnant l'impression au lion d'être plus grande que ce qu'elle n'était. « TOI LÀ, TÂCHE DE ROUSSEUR, FAIT PAREIL POUR QU’IL RECULE EN ARRIÈRE !! » cria-t-elle d’un ton ferme à un de l’équipe qui se trouvait sur l’issue qui donnait vers la porte d’entrée. Crier, en agitant ses bras et en tapant des mains, était encore un moyen de persuader le félin qu’il ne valait mieux pas s’approcher d’eux. Le lionceau les regarda d’ailleurs et sembla quelque peu décontenancé. Et d’ailleurs il commença à reculer tout doucement tout en étant sur le qui-vive quand même.

Je ne dois pas sembler très heureuse de voir Billie, et pour cause, je suis très concentrée. Cela dit, c’est tant mieux, parce que je ne suis pas certaine que j’aurai réagi calmement face à elle après la soirée que nous avons partagé sur la croisière. Mais malgré tout, sa présence est une bénédiction vu la situation à laquelle je suis en train de faire face. On se croirait dans un film, et je me promets d’égorger le stagiaire qui a laissé sortir cet animal. J’ai autant peur pour lui que pour les personnes encore dans le magasin, mais qui heureusement sortent peu à peu pour libérer l’espace et garantir leur sûreté. Je demande de l’aide à Billie, elle sera sûrement la seule ici à même de m’aider correctement, puisque son mec n’est pas là. Jamais là quand il faut celui là. C’est donc ultra concentrée que je m’avance dans l’allée en donnant la première directive à Billie. Etant véto sans frontières, elle a déjà eu à faire à des animaux sauvages de cette envergure et je sais qu’elle saura gérer. Nous avons l’avantage que Léo est encore un jeune lion, pas vraiment dominant, et il me connaît. Je somme la vétérinaire de m’envoyer le lionceau dans ma direction pour que je puisse le bloquer dans la réserve. Je l’entends hurler et frapper des mains, le geste de survie nécessaire pour éloigner un lion. Le but de mon côté n’est pas de le surprendre, mais plutôt d’attirer son attention. Alors une fois éloigné de Billie, il se retourne et me fait face. Je lui parle très calmement, tout en m’avançant vers lui, bras tendus, paumes ouvertes face à lui pour le faire reculer, ce qui n’est pas une mince affaire, surtout qu’il pourrait s’en prendre à moi d’un moment à l’autre. Je sens la présence de Billie derrière-moi, elle a dû faire le tour pour me prêter main forte. « L’autre côté est sécurisé ? » Le lion pourrait bien faire à nouveau demi-tour. Je garde mon regard dans le sien, le soutenant pour lui montrer que je n’ai pas peur de lui. Il recule, pas à pas, et franchit la porte de la réserve. « Va récupérer une fléchette tranquillisante Billie s’il te plait. Et rejoins-moi dans la réserve. » Ma voix est déterminée, mon ordre clair, mais pas méchant pour autant.J’ai beaucoup de respect pour le travail de Billie, je la sais consciencieuse et professionnelle, elle ne me fera pas faux bond, et je remercie le ciel qu’elle soit là d’ailleurs. J’entre dans la réserve avec le lion, passe la porte et la referme derrière moi sans le lâcher des yeux. Mais il commence à feuler, grogner, signe de son insécurité, alors que je tente de le rassurer d’une voix douce. Pourtant, je sens que tout pourrait dégénérer d’une seconde à l’autre. Je t’en prie Billie dépêche-toi.

Cette situation n’était pas banale, surtout dans une ville comme Los Angeles. Billie se demandait même comment ça se faisait qu’un lionceau ait pu s’évader comme ça d’un zoo aussi sécurisé. Mais ce n’était pas l’heure des explications. Il fallait réagir et agir. Et quand il était question d’un sauvetage, elle était qualifiée et savait quoi faire. La soirée dans la cabine pendant la croisière avec Izzy était maintenant très loin de son esprit. L’animal se retourna, lui montrant son derrière. Il n’allait plus penser à venir vers l’issue qu’elle bloquait. Les autres membres de l’équipe étaient en train de faire les gestes dont elle avait initié et le lionceau sembla concentré sur Izzy dorénavant. Billie décida de faire le tour et de se positionner derrière la blonde, la soutenant dans sa manœuvre. Lorsque Izzy lui demanda si l’autre côté était sécurisé, Billie lui répondit affirmativement. Tout en ne lâchant pas le lionceau du regard qui reculait vers l’entrée de la réserve. « Va récupérer une fléchette tranquillisante Billie s’il te plait. Et rejoins-moi dans la réserve. » Billie hocha de la tête, lui disant que c’était comme si c’était fait, elle commença à reculer doucement. Ce n’était pas maintenant qu’il fallait faire un geste déplacé alors que l’animal commençait à faire ce qu’elles attendaient qu’il fasse depuis le début. Son regard passa furtivement sur le dos de Izzy qui le rejoignit et ferma la porte derrière elle. Billie se retourna subitement et alla voir avec hâte un des équipiers de Izzy. « Ils sont où vos fléchettes tranquillisantes ?! » sa voix était ferme et directive. Il n’était plus question d’être dans la politesse surtout que Izzy se retrouvait toute seule dans la réserve avec le félin. Ça la stressait un peu d’ailleurs. Le mec lui dit que le fusil était dans le camion et Billie sortit un râle. « Non mais c’est pas vrai ça, vous n’auriez pas pu l’apporter avec vous ?! » Elle sortit directement, courant vers le camion dont la porte arrière était ouverte, prêt à accueillir l’animal. Elle monta et vit le fusil hypodermique, d’un geste, elle le prit. Le maître de Mr. Panpan lui demanda si tout allait bien mais elle n’avait même pas pris le temps de lui répondre qu’elle s’engouffra à nouveau dans le magasin, le fusil en main. Ses pas rapides la ramenèrent devant la porte de la réserve et elle vérifia si le fusil était bien chargé. Il manquerait plus qu’il n’y avait pas de fléchettes à l’intérieur. C’était bon, tout était en règle. Elle souffla avant d’ouvrir la porte avec douceur et à son tour, elle pénétra dans la réserve, refermant la porte calmement. Il était temps qu’elle arrive d’ailleurs parce que le lionceau commençait à montrer les crocs. Billie se mit juste derrière Izzy. « Continue à le calmer, il ne faut pas qu’il se concentre sur moi pendant que je le vise. » lui dit-elle d’un ton bas. Bon, c’était la partie la plus risquée là. Il ne fallait pas qu’il s’agite. Tout doucement, Billie prit le fusil hypodermique entre ses mains et commença à le viser tandis que le lionceau continuait à se reculer. Il allait bientôt atteindre le bout de l’arrière boutique. Son palpitant dégringolait quelque peu. Non, calme. Il fallait être calme. Elle avait enlevé ses gants de protection pour avoir une meilleure prise sur l’arme. Le canon, presque posé sur l’épaule de Izzy et rivé droit sur la partie du cou de l’animal. Billie était concentrée, l’œil collé sur la lunette, elle attendait le bon moment, il ne fallait pas qu’elle rate son coup. Elle souffla calmement et son pouce épousa la gâchette, exerçant une pression et la fléchette partit dans un bruit sourd, s’agrippant comme une sangsue dans son encolure. L’animal recula soudainement, essayant de partir mais il rencontra le mur derrière lui, il ne pouvait plus aller nul part puis il tituba en se lamentant légèrement et après juste quelques minutes, son corps tomba au sol. Billie sortit un long soupir comme si pendant ce laps de temps, qui n’avait duré que trois-quatre minutes à peine, elle était en apnée. D’ailleurs elle posa une main sur l’épaule de Izzy comme pour se rassurer tandis qu'elle laissa tomber l'autre main tenant le fusil le long de son corps.

Je me retrouve seule avec le lion, une fois que j’ai donné l’ordre à Billie d’aller chercher une fléchette tranquillisante. Le stress m’a envahie, c’est normal, il est impossible d’être totalement calme dans une situation pareille, même si je cherche au maximum à ne pas le faire ressentir à la bête sauvage. En attendant Billie, je fais face à Leo, lui parle calmement, d’une voix qui ne tremble pas, d’une voix rassurante, parce que je sais qu’il a peur, lui aussi, et que ça pourrait être la raison pour laquelle il m’attaquerait, alors que j’étais là lorsqu’il est né, que j’ai contribué à sa survie jusqu’à aujourd’hui. J’ai un attachement certain pour lui, et je sais qu’il en a un pour moi, enfoui quelque part, je me raccroche à ça. Je suis dos à la porte, j’entends la poignée s’abaisser et je laisse la place à Billie d’entrer, et de rester derrière moi. Il est hors de question qu’il lui arrive quoi que ce soit, je m’en voudrai jusqu’à la fin de mes jours. « Continue à le calmer, il ne faut pas qu’il se concentre sur moi pendant que je le vise. » Le coeur battant un peu plus lentement depuis que Billie est avec moi, je me sens d’un côté rassurée de ne plus être seule face au danger, d’avoir un support, un secours. Je continue de parler à Leo calmement, pendant que Billie le vise, je compte sur elle pour ne pas le louper, si elle le loupe, il s’en prendra à nous, et je ne garantis pas l’issue de nos vies. Dans un bruit sourd, la fléchette est lancée, juste là où il fallait. Leo feule un instant, chancelle, et s’effondre en grognant légèrement, ses pattes cédant sous son propre poids. Ses yeux se ferment et je laisse échapper un souffle de soulagement, me redressant de mon qui vive. La main de Billie sur mon épaule me fait fermer les yeux une seconde. « Merci. » Je soupire à nouveau, comme pour chercher à ré oxygéner mon cerveau correctement. Je me tourne vers elle et sans réfléchir, je viens chercher son contact dans une étreinte tout ce qu’il y a de plus amical, comme si nous avions frôlé la mort ensemble. Mes bras s’enroulent autour d’elle et je reste là quelque secondes, juste le temps de reprendre mes esprits. Nous venons de vivre quelque chose de fort, ensemble, et je ne l’oublierai probablement jamais. « Tu m’avais caché tes talents de tireuse d’élite ! » Enfin, je retrouve mon semblant de sérénité et de naturel. Je m’éloigne, juste assez pour croiser son regard, ressentant immédiatement une décharge d’adrénaline.

Franchement, elle ne pensait pas du tout faire ce genre de choses aujourd’hui. Dire qu’il y a une heure elle était en train de baver sur le perfecto du magasin d’à côté en s'imaginant le porter avec l’ensemble qu’elle venait d’acheter. Bon, c’était vrai que l’adrénaline n’avait pas du tout la même mesure à ce moment là. Son coeur tambourinait encore. Sa main posée sur l’épaule de Izzy lui permettait d’avoir une accroche. Parce qu’en vérité, son palpitant avait un rythme assez soutenu là. C’était la première fois qu’elle se retrouvait face à un félin dans ce genre de situation. Enfin, elle avait étudié sur les comportements des félins et comment elle pouvait agir si jamais elle se retrouvait face à cet animal mais elle les avait toujours vu de loin pour l’instant. Elle ne pensait pas du tout agir en plein Rodeo Drive, vraiment, c’était un truc de fou. « Merci. » elle battit des cils, le regard fixant le sol jusqu’à ce qu’elle vit Izzy se retourner vers elle et l’étreindre. Billie ne la rejeta pas, au contraire, elle aussi avait besoin de cette étreinte alors elle entoura Izzy de ses bras. Parce que ce qu’elles venaient de vivre était tout simplement incroyable mais effrayant. L’animal aurait pu à tout moment leur sauter dessus et les déchiqueter aisément comme de vulgaires poupées de chiffon. Alors oui, elle avait besoin de ce contact aussi. Elle ferma les yeux un instant, afin de se reconnecter à la réalité et de réaliser que bah elles étaient en vie. Quelques secondes encore et sa respiration commençait à retrouver une cadence plus normale. « Tu m’avais caché tes talents de tireuse d’élite ! » elle sortit un rire dans un souffle. « Ouais bah heureusement que mes missions au sein de VSF m’ont permis de pouvoir manier ce genre de truc, sinon je pense qu’on était mal. » elle sentit le visage de Izzy se reculer quelque peu, croisant son regard. Billie ne put s’empêcher de lorgner légèrement sur ses lèvres comme si ce moment qu’elles venaient de vivre était tellement intense qu’elle ressentit un besoin de se jeter sur sa bouche. Quelqu’un toqua à la porte soudainement, faisant relever le regard de Billie, et d’ailleurs elle retira son étreinte. « Hey tout va bien ?! » dit un des équipiers de Izzy derrière la porte. Billie se racla la gorge, se grattant un peu le front, signe qu’elle était d’un coup mal à l’aise d’avoir eu ce ressenti là et d’ailleurs de le ressentir encore maintenant. « Euh.. ouais tout va bien ! » elle regarda furtivement Izzy avant de se décaler pour ouvrir la porte, laissant entrer toute l’équipe qui attendait derrière. « Il dort à poing fermé. » elle se pinça la lèvre et inspira. Les réminiscences de la nuit pendant la croisière avec Izzy lui venant à l’esprit à nouveau. « Euhm.. » elle leva sa main qui tenait encore le fusil. « … je te rends ça, je pense qu’on n’en a plus besoin. » elle sourit quelque peu tendant le fusil hypodermique à Izzy. C’était bizarre là maintenant en fait.

Ca y est, c’est fini. Leo dort et on peut relâcher la pression. Bordel, comme si j’avais prévu de vivre un truc comme ça aujourd’hui. Je souffle un peu, reprenant une respiration un peu plus normale, et tente même un trait d’humour en direction de Billie, avec qui j’ai été un peu froide depuis qu’elle est arrivée. Mais heureusement qu’elle était là. « Ouais bah heureusement que mes missions au sein de VSF m’ont permis de pouvoir manier ce genre de truc, sinon je pense qu’on était mal. » Elle a raison, je sais à peine m’en servir, et étant donné que je connais le lionceau, j’aurai été capable de le louper. Billie est tombée à pic. Lorsque je me recule de cette étreinte naturelle, je remarque le regard de la brunette lorgner sur mes lèvres et ce simple geste fait remonter en moi une vague de chaleur me ramenant à cette nuit sur la croisière il y a quelques semaines. Mais quelqu’un vient frapper à la porte, faisant se reculer la jeune femme comme brûlée par mon contact. Par peur sûrement que quelqu’un nous voit aussi proches. Elle répond à notre interlocuteur, un peu mal à l’aise, sans doute encore un peu sonnée. « Euhm.. je te rends ça, je pense qu’on n’en a plus besoin. » Je récupère le fusil qu’elle me tend, sans broncher. Je sens le malaise maintenant qu’on est plus dans le feu de l’action. C’est étrange, pourtant j’ai pas envie qu’elle parte, mais je ne sais pas comment la retenir. Je la vois s’éloigner et la rattrape en vitesse, ma main se refermant doucement autour de son poignet. « Billie ! » Elle se retourne et ma main glisse de son poignet à sa main de laquelle je me saisis presque un peu trop tendrement. « Tu veux pas rester pour m’aider à le ramener ? Généralement je fais ça avec Cass, mais là j’suis entourée de.. » Ils sont pas loin, je me retourne pour voir si quelqu’un nous entend, et m’approche de Billie pour finir ma phrase sur un ton plus bas. « …d’incompétents. » Je grimace un peu, toujours sans lâcher sa main. « Tu veux bien ? S’il te plait… » Je lui fais les yeux doux en espérant que ça suffira, qu’elle voudra bien venir avec moi au zoo, pour remettre Leo chez lui.

Ce sentiment étrange qui s’était installé en son corps depuis cette escapade sur le bateau remonta vite à la surface. Accroissant encore plus déjà cette relation étrange qu’elles avaient toutes les deux depuis leur rencontre il y a un an de ça. Billie n’était pas une personne qui se prenait la tête. Normalement, tout lui passait au-dessus. Mais avec Izzy c’était différent et elle ne savait même pas comment agir avec ses ressentis tellement ça la perturbaient tout ça ! Du coup, ouais, elle avait une attitude qui signifiait qu’elle était mal à l’aise. Heureusement que la porte était fermée encore pendant cette étreinte, ce regard qui l’embrasait et ses lèvres qui l’appelaient. Elle ne pouvait pas se permettre que quelqu’un les voit comme ça. Non, en plus, ils se connaissaient tous donc ils connaissaient Cassian et sûrement que ce dernier avait dû montrer des photos d’elle. Et puis ils l’avaient déjà vu peut-être lui rendre visite au zoo aussi. Alors non, non. Fallait plus déconner là. Billie lui rendit le fusil. Il fallait qu’elle parte parce que c’était insoutenable d’être aussi près de Izzy. Elle la mettait en vrac. Il était temps de se retourner et de quitter ce lieu. Il fallait.. « Billie ! » elle se retourna, sentant sa main qui enserrait son poignet glisser dans sa main avec une tendresse perceptible. En tout cas, Billie le ressentait. Son toucher la fit frissonner légèrement sans qu’elle ne puisse contrôler quoi que ce soit. Ses pupilles se fixèrent sur cette nouvelle étreinte puis remonta pour la regarder dans les yeux. « Tu veux pas rester pour m’aider à le ramener ? Généralement je fais ça avec Cass, mais là j’suis entourée de.. » son regard suivit son visage qui se rapprocha du sien doucement, son palpitant eut un raté. « …d’incompétents. » C’était pas possible d’être autant… irrésistible. Un combat intérieur sévissait en elle. « Tu veux bien ? S’il te plait… » elle inspira mais elle aussi ne lâchait pas sa main. Elle ne comprenait vraiment pas l’attitude de son corps lorsqu’Izzy était dans les parages. « Bon d’accord.. Juste parce que je veux que ce lion arrive à bon port ! » elle se sentit obligée de justifier pourquoi elle restait. Bien sûr qu’elle savait qu’il allait être ramener au zoo sans problème. Mais d’un sens, elle avait cette envie aussi de rester là où elle était et avec qui elle était. Vraiment le vrai bordel dans sa tête. Elle retira sa main assez furtivement, elle devenait presque parano’ parce qu’elle pensait qu’on les regardait. Non mais vraiment, c’était pas possible ! L’équipe de Izzy emmenèrent le lionceau dans le camion tandis que la blonde dit au reste de l’équipe de prendre l’autre camion parce que Billie allait être sa seule passagère avec l’animal endormi derrière elles. Pas de place pour une autre personne de toute façon devant. Durant le trajet, Billie faisait tout pour ne pas la regarder, essayant de se concentrer sur la route. Mais sentant le regard de la conductrice se poser sur elle, elle ne put s’empêcher de virer son attention sur ses yeux qui la mettaient en émoi. « Tu ferais mieux de te concentrer sur la route, manquerait plus qu’on ait un accident tiens. » lança-t-elle, un peu taquine. Allez, fallait reprendre les bonnes vieilles habitudes parce que depuis ce soir là, c’était bizarre. Et elle ne voulait pas que ça prenne trop d’ampleurs, déjà que c’était difficile pour elle là.

A cet instant, ce n’est pas la conquérante qui a envie d’avoir une potentielle proie près d’elle qui parle. Non, c’est juste Izzy, qui a peur, qui n’a pas envie de faire de conneries, et qui se raccroche à ce qu’elle peut pour ne pas tout faire foirer. Et à cet instant, il se trouve que le destin joue bien son rôle, et la seule personne à même de m’aider, c’est elle. Alors je lui offre un regard profond, un regard vrai, pour lui demander de rester avec moi pour m’aider à raccompagner Leo dans son enclos. « Bon d’accord.. Juste parce que je veux que ce lion arrive à bon port ! » Un sourire étire mes lèvres, je suis heureuse qu’elle accepte, j’avais peur qu’elle refuse. « Merci. » Mon regard se serait suffit à lui-même pour lui dire ça, mais j’ai préféré quand même prononcer de réels remerciements. Je le referai sans doute plus tard, quand tout ça sera fini. Mes coéquipiers nous aident à ramener Leo dans le camion, et je leur somme de prendre l’autre véhicule pour me retrouver seule avec Billie. Ça m’arrange bien. Sur le chemin, je tourne la tête de temps en temps pour la regarder. Elle fait comme si elle me voyait pas, elle fuit presque le contact visuel, et ça m’amuse. Je suis un peu plus détendue et j’ai de nouveau envie de jouer. « Tu ferais mieux de te concentrer sur la route, manquerait plus qu’on ait un accident tiens. » me lance-t-elle en m’adressant enfin un regard, qui me fait sourire de toutes mes dents. « On est au feu rouge. J’ai le droit de te regarder non ? Et tant que ça klaxonne pas, c’est que c’est toujours rouge ! » Je ne lâche pas la brune du regard, je vois ses pommettes rosir et se soulever dans un sourire qu’elle essaie de réprimer. « Au fait, tu m’as pas dit l’autre fois. Sur la croisière… » Je sens qu’elle est mal à l’aise de ne pas savoir ce que je vais lui dire ou lui demander. J’ai envie de pousser le vice jusqu’à parler de ma douche, mais je vais m’abstenir, pour le moment. « Comment tu as fait pour sortir de ma cabine ? Ils avaient réouvert ? » Oui parce que, quand je me suis réveillée au petit matin, elle avait disparu, et y’a pas de fenêtre, elle ne s’est pas volatilisée ! Le feu repasse au vert, heureusement pour elle, et je poursuis ma route vers le zoo, écoutant sa réponse. Nous arrivons sur place assez rapidement et c’est Billie et moi qui prenons les commandes. Le plus difficile, ça va être de rester avec le lionceau pour l’ausculter avant de le remettre chez lui, en espérant qu’il ne se réveille pas trop tôt. Une fois dans le sas, juste Billie Leo et moi, le stress remonte un peu. La respiration du félin est plus rapide, il ne va plus tarder à se réveiller. Je somme Billie de vérifier l’arrière du corps pendant que je m’occupe de devant, vérifiant qu’il n’a aucune blessure même superficielle. Heureusement, lorsque Leo commence à se réveiller, nous avons le temps de nous faufiler en dehors de la cage, pour ouvrir la porte qui le laissera repartir vers sa famille. Sans réfléchir, je viens prendre Billie dans mes bras. Nous sommes seules cette fois, vraiment seules. « Ravie d’avoir frôlé la mort à tes côtés. » Je ris un peu mais reste là tout contre elle, parce que c’est agréable…

« On est au feu rouge. J’ai le droit de te regarder non ? Et tant que ça klaxonne pas, c’est que c’est toujours rouge ! » oui bon, ce n’était peut-être pas maintenant qu’il fallait qu’elle fasse la remarque, Billie n’avait même pas fait gaffe qu’effectivement elles étaient au feu rouge. Pourtant elle ne put empêcher cette rougeur au niveau de ses joues apparaître. Du coup, elle fit semblant qu’elle avait fait exprès en roulant les yeux et secouant légèrement la tête. Même si le sourire qu’elle afficha au coin de ses lèvres la trahissait. Ok, Izzy l’avait eut sur ce point là aussi. « Au fait, tu m’as pas dit l’autre fois. Sur la croisière… » son cœur battit un peu plus vite alors que son iris se concentra à nouveau sur la route. Qu’est-ce qu’elle allait lui demander ? Billie espérait grandement qu’elle ne parle pas du moment où elle était dans la douche et elle qui l’attendait dans le lit.. Parce que franchement là, elle n’était pas du tout MAIS pas du tout prête à en parler. L’attente était un peu trop longue pour elle pour le coup et son attention revint vers Izzy. « Oui bon qu’est-ce qu’il y a ? » fallait qu’elle crache le morceau au lieu de faire du suspense qui la mettait légèrement mal à l’aise. « Comment tu as fait pour sortir de ma cabine ? Ils avaient réouvert ? » aaaah ouf ! Elle remerciait intérieurement Izzy de lui avoir posé ce genre de question là. D’ailleurs ça se voyait que Billie était soulagée. Elle était moins crispée alors que le camion reprit sa course. « Oh ça ! Ouais le matin, il y a un employé qui a ouvert la porte après qu’un des gamins leur a avoué qu’ils nous avaient enfermé avec ses copains la veille. » elle tourna son visage, regardant droit devant elle. Il ne fallait pas qu’Izzy pose plus de questions que ça. Si elle restait en surface, ça l’arrangeait. Ils arrivèrent bien vite au zoo, l’équipe les aida à mettre Leo dans le sas. Elles prirent les choses en main, les autres n’avaient même plus besoin d’être auprès d’elles, les laissant tranquillement ausculter le lionceau encore dans les vapes. Izzy lui dit de vérifier l’arrière de son corps, c’était ce qu’elle fit avec une grande précaution. Tout en observant les réactions de l’animal qui commençait peu à peu à émerger. Billie lui dit que tout était bon de son côté. Elles sortirent du sas avant que le lionceau ne se réveille complètement et Billie le regarda se lever et s’en aller retrouver sa famille dans la cage, doucement mais sûrement. Elle haussa ses sourcils lorsque Izzy la prit dans ses bras à nouveau sans qu’elle ne put anticiper cet élan d’affection que la blonde vint faire preuve. « Ravie d’avoir frôlé la mort à tes côtés. » Un sourire s’afficha sur ses lèvres et ses bras vinrent l’envelopper à son tours, naturellement. « Oui.. moi aussi je dois avouer. » ses mains parcoururent automatiquement le dos de Izzy et Billie ferma les yeux quelque peu. Elle aussi était bien là où elle était et maintenant qu’elles étaient vraiment seules, Billie ne se souciait plus qu’on puisse les voir ainsi. Son cœur commença à battre à tout rompre sans qu’elle ne puisse contrôler quoi que ce soit. Izzy la rendait vraiment… elle ne savait pas trop comment elle la rendait mais ce qu’elle savait c’était que cette blonde la troublait encore plus qu’avant. Les mèches des cheveux de Izzy chatouillèrent son nez, Billie gardait toujours ses paupières closes alors que son visage glissait doucement pour se retrouver face au sien, son souffle s’échouant sur les lèvres de la blonde. Elle ouvrit ses yeux à nouveau pour ancrer ses pupilles dans les siennes. « Il… il faut que je reparte au cabinet... » susurra-t-elle entre ses lèvres alors que son palpitant commença à dégringoler vraiment.

Je sens bien le malaise quand je veux lu reparler de notre nuit sur la croisière, et ça m’amuse plus qu’autre chose. Ça ne devrait pas, mais c’est plus fort que moi. Je lâche finalement ma question et je la sens se détendre un peu. « Oh ça ! Ouais le matin, il y a un employé qui a ouvert la porte après qu’un des gamins leur a avoué qu’ils nous avaient enfermé avec ses copains la veille. » Je hoche simplement la tête en souriant. « Tout s’explique. » Je n’avouerai pas la déception que j’ai pu ressentir lorsque je me suis réveillée, de ne plus l’avoir à mes côtés. Mais je ne désespère pas que ça finisse par arriver un jour. J’y crois. Je suis sans doute trop bête d’y croire d’ailleurs…

Nous arrivons finalement à bon port et nous occupons du jeune lionceau, avec un dernier check up, il se réveille et retrouve doucement les siens, encore un peu groggy. Naturellement, je viens chercher l’étreinte de Billie pour la remercier, et je suis heureuse de sentir qu’elle y prend part, cette fois sans peur d’être vue dans mes bras. Nous sommes seules ici et c’est un bon point pour moi. Je la garde contre moi quelques secondes qui deviennent peut-être même des minutes, je voudrais juste que ce moment dure une éternité. Mais Billie se recule finalement, doucement, et plonge son regard dans le mien. Je peux sentir son souffle sur mes lèvres, et mon coeur qui s’accélère. Ses lèvres, bordel, j’ai tellement envie d’y goûter. C’est comme la pomme du jardin d’Eden, je sais pas bien ce qui pourrait m’arriver, mais la tentation est tellement folle. « Il… il faut que je reparte au cabinet... » lâche-t-elle dans un murmure qui me secoue les tripes. Bordel, il faut qu’elle arrête de susurrer comme ça si elle veut pas que je viole ses lèvres. Mon regard oscille entre ses yeux et ses lèvres et je m’approche encore un peu plus. « Tu veux pas rester, juste un peu ? » que je lui demande dans la même intonation suave, chaude. Nos lèvres ne sont plus qu’à quelques centimètres, millimètres… Allez, laisse-toi faire… J’ai jamais été aussi patiente avec une femme, jamais autant espéré quelque chose, bordel, j’en peux plus, qu’elle lâche prise un peu merde ! Ça se sent qu’elle en a envie elle aussi !!

Elle aurait pu partir de là. La repousser et vraiment tenir à ce qu’elle était en train de dire. C’était vrai qu’il fallait qu’elle reparte à son cabinet, elle n’était pas en repos, elle avait juste quelques heures devant elle avant de reprendre. Et au lieu de suivre sa raison, elle restait là. Contre elle. Son corps ne voulait plus lui obéir. Comme si quelqu’un se jouait d’elle en haut et qu’on la manipulait telle une marionnette sans qu’elle ne puisse faire quoi que ce soit. Billie n’avait pas encore ce mécanisme de se dire que Izzy lui plaisait irrémédiablement. Et c’était peut-être pour ça qu’elle agissait ainsi. Qu’elle se sentait bien dans ses bras et que cette femme là affolait son cœur avec  entrain. Non, elle ne se disait pas ça dans sa tête. Elle préférait ne pas comprendre tout ce qui se passait à chaque fois qu’elle était en présence de la blonde. Mettant des œillères pour ne pas voir la vérité en face. Cette vérité qui durait depuis un moment puisqu’au premier regard échangé entre les deux à leur rencontre, il y avait déjà cette singularité qui avait apparue dans le battement de son cœur. Billie était douée pour se dire que tout allait bien et qu’il ne fallait pas se prendre la tête. C’était ce qu’elle avait fait en regardant droit dans les yeux la relation qu’elle avait avec la colocataire et une des meilleures amies de Cass. Non, il ne fallait pas se prendre la tête… Pourtant à cet instant précis, son cerveau était complètement en feu, sans parler de tout le reste. Le regard bleu de Izzy qui jonglait entre sa bouche et ses pupilles fit grimper une certaine excitation en elle, la renvoyant dans les souvenirs de cette nuit sur le bateau. Bon sang, son cœur tambourinait avec force lorsqu’elle l’observa se rapprocher encore plus de son visage. Cette tension qu’elle avait ressentie cette nuit là apparut soudainement. « Tu veux pas rester, juste un peu ? » le ton de sa voix, lascif, eut juste pour effet de la rendre encore plus désireuse… Les lèvres de Izzy étaient tellement proches. Elle avait envie d’y goûter. Billie sentit le rythme de sa respiration devenir plus irrégulier. Son souffle se mêlant à celui de la blonde, alors que Billie se laissait enivrer par cette proximité peu à peu. Son attention était rivée sur sa bouche « Alors pas longtemps... » souffla-t-elle quelque peu, avant de réduire à néant cette distance entre leurs lèvres. Délivrant par la même occasion cette envie pressante de plaquer sa bouche contre la sienne.

Je plonge mon regard dans le sien et lui demande si elle ne veut pas rester, juste un peu, j’ai envie de passer plus de temps avec elle, seule avec elle je veux dire. Je sens le souffle de la brune ricocher sur le mien, plus rapidement à mesure que les secondes s’égrainent. Son regard alterne entre mes yeux et ma bouche, j’ignore si c’est la peur qui parle ou l’envie. « Alors pas longtemps... » finit-elle par lâcher dans un souffle, avant de réduire à néant la distance entre nos visages. Je lâche un soupir de bonheur en sentant la pulpe de ses lèvres épouser les miennes et m’approche davantage, glissant ma main dans le creux de ses reins pour l’approcher de moi, la serrer délicatement. Doucement, ma main libre remonte jusqu’à sa joue sur laquelle elle se pose avant de glisser jusqu’à sa nuque. Pas à pas, l’intensifie le baiser, j’y vais doucement, je ne veux pas la faire fuir, bien au contraire. Mais j’ai attendu ça si longtemps, mon coeur est à deux doigts de l’implosion. Je rêve de venir caresser sa langue avec la mienne mais m’arrête avant que ça ne soit trop pour elle. Je romps alors le baiser, doucement, posant mon front contre le sien, les yeux clos, et lui murmure. « Tu peux pas savoir le nombre de fois où j’ai rêvé de ça… » Pouvoir l’embrasser, la serrer dans mes bras, la caresser… Je vais m’arrêter là avant d’avoir un coup de chaud. J’approche à nouveau mes lèvres des siennes en espérant qu’elle ne prenne pas la fuite, et murmure tout contre ces dernières en prenant soin de les frôler pour jouer avec ses nerfs. « J’étais sûre qu’elles avaient un goût exquis. » Et sans plus attendre je viens reposer mes lèvres sur les siennes, avec peut-être un peu plus d’envie, mais toujours une certaine retenue, une peur sans doute que les choses aillent trop vite pour elle et qu’elle finisse par fuir. Et comme si le destin avait entendu mes craintes, un bruit se fait entendre, et par réflexe, Billie s’éloigne de moi comme si j’avais soudainement contracté la peste ou un truc du genre. Dur retour à la réalité. Je me retourne pour voir ce que c’est. Rien d’alarmant, juste un ustensile qui est tombé, personne à l’horizon. Je refais face à Billie en souriant. « Fausse alerte. » Mais j’ai bien peur que ça ait suffit pour faire redescendre la pression, et qu’elle finisse bel et bien par partir…

Elle a lâché prise. Se laissant envahir par tout le désir qu'elle ressentait envers Izzy. Ces lèvres dont elle a envie de goûter depuis un moment. C'est comme si ses doutes s'étaient évaporés soudainement. Laissant tomber complètement ses œillères qui la bloquaient. Izzy s'approche encore et Billie ne la repousse pas. Au contraire, elle la laisse faire. La laisse la toucher tout en intensifiant ce baiser trop longtemps désiré. Cependant, elle apprécie aussi le fait qu'elle ne la brusque pas. Ça lui donne envie d'en voir plus pour le coup. Elle sent son cœur battre avec ferveur. Comme s'il allait sortir de sa cage thoracique. Ça fait bien longtemps qu'elle n'avait pas ressenti une chose pareille.  « Tu peux pas savoir le nombre de fois où j’ai rêvé de ça… » son murmure est délicieux, elle sent son souffle buter contre le sien et elle se mord les lèvres. Elle ne répond pas parce qu'elle ne sait pas quoi dire en fait face à cet aveux que la blonde vient de faire. Elle, elle ne s'est jamais rendue compte vraiment combien elle en avait envie, de ce baiser. C'est comme si le voile sur son déni avait été levé. C'est si soudain qu'elle reste muette. Elle sent de nouveau sa bouche se plaquer sur la sienne. Ses mains se posent machinalement sur sa chevelure alors qu'elle accueille ses lèvres avec envie à nouveau. Sa tête lui tourne. Son esprit s'embrouille. Pourtant, elle ne fait rien pour arrêter tout ça. Elle se laisse complètement faire et y participe même. Bon sang, elle ne savait pas du tout qu'un simple baiser pouvait faire un tel effet et encore il y a toujours une certaine retenue qui est palpable dans cet acte... C'est totalement déroutant. Brusquement un bruit se fait entendre. Billie ouvre ses yeux et se retire subitement de son étreinte. Merde ! Mais qu'est-ce qu'elle faisait ?! Ça y est la voilà de nouveau en proie à ses doutes. Elle regarde Izzy qui vérifie d'où ça venait pendant qu'elle se disait que c'était une connerie ce qu'elles venaient de faire. « Fausse alerte. » Billie se racle la gorge et se retourne pour prendre son sac. « Euh ouais.. Bon je dois y aller. » elle fuit son regard et d'ailleurs, elle part de l'endroit sans rien dire d'autre. La réalité, c'est dur à gérer. Merde.

FIN