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Once upon a time, they went on a trip [River/Emily]

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Once upon a time, they went on a trip [River/Emily]
Dim 14 Oct - 19:28
Vendredi 30 Novembre 2018

« Yes, āmā, I’ll be careful, don’t worry. » River eut un regard vers sa voiture. Elle revint ensuite à sa mère devant l’entrée de la maison, la porte ouverte alors que le soleil commençait péniblement à se lever à l’horizon, caché par les arbres qui bordaient la propriété pour la protéger des regards indiscrets, ainsi que son mur. « You know I won’t be alone, » ajouta-t-elle.
Sa mère savait, désormais. Elle savait pour à peu près tout ; la bisexualité de sa fille, qu’elle voyait quelqu’un, et elle n’avait pas eu besoin qu’on lui donne l’identité de la personne en question, elle l’avait très bien deviné toute seule avec Thanksgiving. Lorsque River avait pris le temps de s’asseoir avec sa mère le jeudi soir, profitant qu’Andrew soit chez son père, pour avoir une discussion sérieuse.

Assises l’une à côté de l’autre sur le canapé, l’artiste avait pour une fois conservée une position sérieuse, les deux pieds par terre, les mains sur les genoux, les jambes inclinés vers sa mère et le dos droit.
« Mom. I need to tell you something. » Melody avait lentement hoché la tête, attendant patiemment que River poursuive, tiquant à peine sur l’utilisation de sa dénomination anglaise. « I’m bisexual. And I’m currently seeing a woman. »
Quoique pour le moment River avait à peine eut le temps de la voir depuis le week-end precedent. Melody n’avait pas répondu immédiatement, elle avait tendu la main pour la poser sur celle de sa fille et lui sourire tendrement. Un poids s’était alors envolé des épaules de River avant même que sa mère parle.
« And I like her very much. You chose well. Emily is a very nice girl. »
Un sourire s’était formé sur ses lèvres, reflet de celui de Melody. Elle s’était penchée vers elle pour l’enlacer, une étreinte rapidement rendue. Sans la lâcher, la vieille femme s’adressa au creux des oreilles de River.
« Nineteen years ago, Iain talked to me, you know ? He told me “Mom, I need to tell you something. I love boys, too. Love, love them. Nothing you’ll tell will change it. So. Do you accept it ?” » Melody rit un peu, là où River fronça les sourcils mais laisse sa mère finir. « And I knew he was lying. I didn’t know why at the time, but I didn’t question it. I told him “Alright, but it doesn’t answer my question. Do you want fish or chicken in your soup ?” » River ne retint pas un rire et se redressa pour regarder sa mère, une main sur son épaule alors qu’elle secouait la tête.
« He told you he wanted both, didn’t he ? »
Melody hocha la tête alors que River levait les yeux au ciel avec un soupir exaspéré, un rire libéré. Elle n’arrivait pas à croire que son frère continuait encore de la protéger et de la faire sourire tant de temps après. À la protéger tant de temps après.
« I understood not long after why he did that. And I wanted to tell you at the time… how much it did matter to me. Because it was a part of you, and I wanted you to know I that I would love you, each part of you. But I knew that before and foremost, it was your choice to tell me. So I waited. And I’m glad today you told me. »
L’artiste appuya un peu plus sa joue contre la main que sa mère venait d’y poser pour essuyer une larme au coin de son œil. C’était le prix de l’acceptation, si léger en comparaison de celui que d’autres devaient payer.

« Alright, tell her I said hi. And have fun. Don’t forget to tell me when you land and when you check in. »
« Yes, don’t worry. I love you too, » River sourit un peu et étreignit sa mère de nouveau avant de quitter sa mère en portant sa valise jusqu’au garage.
La lourde porte se leva d’elle-même après qu’elle ait pressé un bouton, prenant un pas de recul pour la laisser s’ouvrir avant de mettre sa valise dans le coffre de sa Lexus, puis passa sur le côté pour enfin se glisser à l’intérieur de l’habitacle. Elle envoya un message rapide à Emily pour lui dire qu’elle partait, et à peu près le temps qu’elle mettrait à arriver.
Une fois le moteur allumé, ce ne fut plus qu’une question de temps avant qu’elle ne s’arrête devant le bâtiment où vivait Emily.

River attrapa son téléphone pour composer un message pour prévenir Emily de son arrivée. Elle quitta la voiture, ajusta sa veste en cuir – elle ne portait qu’un haut à manches longues et col ouvert simple dessous mais avait prévu dans sa valise de quoi se couvrir plus chaudement, consciente que les température dans le Kentucky ne seraient pas aussi clémentes – et alla ouvrir le coffre en attendant que sa passagère n’arrive. Elle ne tarda pas à montrer le bout de son nez et River lui fit un signe de la main, entamant quelques pas vers elle pour lui voler un baiser. Elle se départit avec difficulté de ses lèvres après avoir dû y résister si souvent dans le courant de la semaine mais y parvint, arborant un sourire.
« Hey Em, » murmura-t-elle presque avec une douceur toute particulière dans la voix.
Elle vint finalement prendre la valise pour la glisser dans le coffre avec la sienne, le ferma ensuite et invita Emily à s’installer dans la voiture. Elle regagna sa place de conductrice et se pencha de nouveau vers elle – manqua à cause de ça de cogner leurs fronts – pour déposer un baiser contre sa joue avant de s’attacher et de démarrer à nouveau.
« So, it wasn’t too hard to wake up ? Or did you use ten alarms as I advised ? » interrogea-t-elle, adoucissant sa taquinerie en venant prendre la main d’Emily une fois insérée dans la fil des autres voitures.
« One alarm is all I need when you’re the one I have to wake up for. »
La réponse d’Emily désarçonna River qui sentit ses joues chauffer. Elle ne répondit rien de plus à ça, se contentant d’un regard vers la brune avant de revenir devant elle. Après ça, elle laissa Emily parler plus qu’elle ne lui répondait, se concentrant sur la route jusqu’à l’aéroport.

L’embarquement se passa sans accroc, tout comme le voyage plus généralement, River avait du travail à faire pour la journée, devant toujours coordoner le tournage. Elle devait également discuter avec Evangeline de Cassidy, qui commençait de plus en plus à aller à l’encontre de ce qu’on lui disait de faire. La réalisatrice n’avait rien contre le fait que la jeune femme prenne des initiatives, elle appréciait son sens de l’esthétique, mais elle tendait également à tenter de prendre des libertés sur le script sans en référer avec le réalisateur qui la supervisait, que ce soit Evangeline ou River elle-même. Evangeline avait déjà tenté de remettre les pendules à l’heure avec la jeune femme, mais ça n’avait servi à rien, aussi il était prévu que River ait une discussion plus sérieuse avec Cassidy à son retour de convention si elle poursuivait dans ce sens aujourd’hui.
Du reste, elle trouva toujours un moyen pour profiter de la présence d’Emily à ses côtés, que ce soit en l’accueillant contre elle, en passant son bras autour de son épaule ou encore en venant réclamer quelques baisers quand elle ne choisit pas tout simplement de prendre le temps de regarder un fim avec elle. Son voyage avait beau être professionnel, elle comptait bien profiter du temps qu’elle avait à passer avec sa petite amie également, quitte à prendre un peu de retard dans son travail actuel. Elle trouverait toujours un moyen de se rattraper.
Au débarquement, River envoya un message à sa mère rapidement comme elle avait dit qu’elle le ferait, puis elle tendit la main à Emily, lui laissant le choix de la prendre ou non. Après tout, l’asiatique n’avait aucune idée de comment pouvait se sentir la caucasienne à son retour dans son état d’origine, là où devaient se côtoyer bons et mauvais souvenirs. Aussi, elle préférait lui laisser toute liberté d’action.
Un taxi plus tard, elles arrivèrent enfin à l’hôtel où elles allaient passer deux nuits.

Il s’agissait d’un hôtel récent, proche du lieu de la convention – et où la plupart des attendants résidaient –, luxueux sans tomber dans une extravagance exagérée. Le lobby était malgré tout particulièrement spacieux, offrant une impression de grandeur des lieux avec une architecture sobre soulignée par des arches de bois. L’espace était vide hormis quelques fauteuils et sofa distillés dans l’espace pour offrir un endroit où s’installer en cas d’attente prolongée pour une raison ou pour une autre. Un large et long couloir se poursuivait au-dela des brureaux de la réception.
River n’hésita pas avant de s’y diriger d’un pas certain. Elle s’arrêta à moins d’un pas du bureau haut, en bois chaleureux, rougeâtre, qui abritait un écran permettant à la réceptionniste de faire son travail. Celle-ci les accueillit avec un large sourire indéfectible, après les avoir examiné du regard malgré tout. Avec la convention, elle avait dû voir passer beaucoup de personnes bien différentes de ce dont elle devait avoir l’habitude, aussi elle ne sembla pas s’attarder tant que ça sur la simplicité de leurs habits.
« Hi, I have a room booked under the name of River Anderson. Here is the reservation number. »
River glissa une feuille vers la femme où se trouvait imprimé son avis de réservation, avec le numéro de celle-ci et son nom et prénom complet. Elle se tourna vers Emily, lui offrit un sourire, et revint à la réceptionniste lorsque celle-ci lui confirma sa réservation. Elle acheva les démarches avant de leur confier deux cartes électroniques.
« Here are your keys for the suit, I hope you’ll enjoy your stay. »
River la remercia puis prit ensuite la direction de l’ascenseur comme on leur indiqua. River appuya alors sur le bouton pour l’appeler, sortant son téléphone rapidement.
« Sorry, I promised my mom I would tell her when we arrived, » précisa-t-elle à l’adresse d’Emily. Elle lui avait dit la veille par message pour son coming out mais n’avait pas encore pris le temps de lui raconter, préférant le faire dans un espace privé, au calme, plutôt que durant le trajet ou par message.
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Once upon a time, they went on a trip [River/Emily]
Dim 14 Oct - 23:50
Depuis l’enfance, Emily aimait les voyages. Enfant, elle avait inventé ses premières histoires depuis l’arrière du pick-up de son père, quand ils prenaient la route du Kentucky à l’Etat de Washington afin de rendre visite à ses grands-parents paternels. Elle s’occupait des heures à inventer les histoires fantastiques de personnages imaginaires, visitait et revisitait des scénarios dans le seul but de trouver le plus amusant, le plus distrayant ; parfois elle s’était même faite héroïne de sa propre histoire, d’autres fois, elle recréait plutôt un univers fantasque, alors inspiré des dessins animés et des bandes dessinées qu’elle lisait à l’époque.
Elle n’avait pas perdu cette habitude en grandissant. Adolescente, les trajets en bus scolaire étaient devenus un moment de lecture et de méditation ; et puis adulte, elle profitait des trajets en bus, en voiture ou en avion pour trouver l’inspiration dans le dépaysement alentour, s’imprégnait des sons, des odeurs, des couleurs, des individus qui passaient, des scènes curieuses qu’elle observait, des architectures nouvelles, des animaux qui croisaient sa route de temps en temps.
Aujourd’hui, la perspective de prendre l’avion lui plaisait plus encore que d’habitude. Depuis une semaine, River lui manquait. Elle l’avait vue tous les jours, avait même échangé de nombreux messages, en cours et en fin de journée ; elle avait même réussi à lui voler une pause-café entre deux réunions, où elles s’étaient contentées d’échanger quelques banalités dénuées de flirt. L’impossibilité de se tenir trop près de sa petite amie, de la toucher, de l’embrasser, ou même de lui dire toutes les gentillesses qui lui traversaient l’esprit quand elle la voyait avait cependant transformée cette semaine en une longue agonie dont l’issue arrivait enfin.
Enfin.
Elle attendait River impatiemment, installée à la table de la cuisine, son sac de voyage posé sur une chaise vide à côté d’elle, quand l’écran de son téléphone s’alluma pour faire apparaître le prénom qui lui arrachait un sourire à sa seule vue. Elle se hâta alors hors de l’appartement, pressée de retrouver enfin la femme dont la présence n’avait fait que renforcer l’absence.

« Don’t tell me you picked up first class tickets… »
Les deux femmes étaient assises dans la salle d’embarquement. Emily s’était laissée guidée jusque-là sans prêter attention à autre chose que le confort d’une berline de luxe ou le parfum doux qui l’enveloppait dès qu’elle était à côté de River. Elle ne vérifiait que maintenant leurs sièges et réalisa qu’elles étaient bien trop proches de l’avant pour être même en zone confort.
« I’ve never travelled in first class… »
Sa remarque n’attendait pas de réponse. Cependant, elle posa la tête contre l’épaule de River, plus tracassée qu’elle n’oserait l’avouer par l’écart financier entre elles, plus dérangeant pour la jeune femme que l’écart d’âge ou la barrière hiérarchique qu’elles avaient contourné. Mais comme toujours, la seule odeur de River suffit à chasser son inquiétude.
Elle la suivrait au bout du monde si elle l’y invitait ; et en l’occurrence, leur relation ressemblait exactement à cela. D’extraction paysanne et jamais fortunée, Emily avait été propulsée dans l’univers clinquant d’Hollywood en devenant scénariste, et sa dernière expédition à Beverly Hills avait achevé de lui rappeler ses propres origines, et le canyon qui la séparait du monde de River, qui la guidait pourtant de sa calme assurance, lui tenait la main à chaque pas pour l’empêcher de flancher.
L’embarquement des premières classes fut annoncé et Emily releva la tête pour suivre River jusqu’à leurs places. Avec cette naïveté qui la caractérisait tant, elle ne se retint pas de commenter le confort des sièges en s’asseyant et se mit à explorer son nouvel espace, tâta les oreillers en s’émerveillant à voix haute de leur texture, cherchait River du regard pour partager son émerveillement enfantin.
« Look at how much room there is for my legs as well ! » fit-elle en étendant les jambes devant elle. « I don’t want to travel on economy class ever after ! » plaisanta-t-elle, totalement indifférente aux bruits de mépris d’un homme d’affaire qui observait le couple de l’autre côté de l’allée. Elle vint embrasser River avec tendresse, avant d’ajouter : « I gotta admit, having a rich girlfriend has its perks. Not that it’s your best asset in any way. » La précision fut accompagnée d’un baiser supplémentaire, aussi furtif que taquin, et la caucasienne s’installa pour se préparer au décollage.

Sa bonne humeur persista pendant tout le voyage, marquée par sa bavardise habituelle quand cela s’avérait possible. Elle tint sa langue quand River eut besoin de travailler, auquel cas elle continua de lui dire son affection à l’aide de caresses distraites contre son avant-bras alors qu’elle lisait tranquillement un ouvrage pour sa thèse. Elle s’était assise à la droite de River, elle n’hésitait donc pas à venir appuyer sa tête contre son épaule quand elle retenait son envie de l’enlacer ou de l’embrasser.
Le visionnage de film fut l’occasion pour Emily de se montrer plus bavarde ; elle ne retint pas ses commentaires cette fois, riait de bon cœur face aux absurdités du scénario. Elle se penchait souvent en avant pour capter l’éclat d’un sourire de River. Elle aimait la faire rire. Elle aimait l’entendre répondre à ses absurdités par des surenchères incisives. Elle aimait les subtilités de son sourire. Elle aimait encore plus la main qui serrait la sienne, le goût des baisers de River, l’absence momentanée d’interdits.
Elles ne pourraient pas se comporter aussi librement au Supercon sans que leur relation ne risque de fuiter auprès des studios.
Alors Emily profitait du court répit qui leur était accordé.
Elle ne réalisait pas encore que son humeur basculerait dès qu’elles seraient sur le territoire du Kentucky.
Pour l’instant, elle ne pensait plus à l’échange d’emails qu’elle avait eu avec son frère. Elle avait mis deux jours à se décider à répondre au message qu’il lui avait envoyé. Elle lui avait donné de ses nouvelles en omettant sa relation nouvelle – Patrick savait désormais qu’elle travaillait à l’université et en tant que scénariste, que tout se passait pour le mieux, qu’elle s’était fait des amis à Los Angeles et que la Californie n’était pas un mauvais endroit où vivre. Elle s’était davantage étalée sur ses deux années en Amérique Latine, lui avait parlé du fait qu’elle allait mieux dans sa tête et sa vie.
Il lui avait raconté que sa mère pleurait encore en pensant à elle, qu’elle leur manquait ; il n’avait pas mentionné leur père, mais Emily savait ce qu’il y aurait à en dire, alors elle n’avait rien demandé. Elle ne lui avait pas non plus dit qu’elle serait au Supercon, par peur qu’il ne demande à l’y rencontrer. Les probabilités pour qu’il s’y rende avec des amis étaient élevées. Elle ne se sentait pas prête à faire face à son frère qui, à sa façon, avait contribué à sa fuite ; à sa thérapie aussi.

Emily devint silencieuse après la sortie de l’aéroport. Elle tint la main de River pendant quelques secondes. Elle voulait surmonter ses peurs, et pensait trouver la force, aux côtés de l’asiatique, d’y parvenir. Cependant, elle se dégagea assez rapidement. Il lui semblait qu’un nuage sombre flottait au-dessus d’elles depuis leur arriver. L’atmosphère lui paraissait plus épaisse, étouffante, comme si l’air manquait d’oxygène, comme si une présence menaçante guettait dans son dos, prête à l’arracher à son bonheur.
Elle se montra également plus distraite. Elle observait les gens avec insistance, peut-être par envie ou peur de reconnaître un visage familier. L’accent familier des employés la ramenait des années en arrière. Une part d’elle-même appréciait ces retrouvailles nostalgiques avec ses racines ; des racines infestées de vers qui en avaient provoqué la pourriture progressive, rongeant le bois de l’intérieur jusqu’à le faire se décomposer sur lui-même.
Pendant le trajet en taxi, elle fixa l’extérieur. Elle n’ignorait pas River, au contraire ; et si celle-ci lui parla, elle ne manqua pas de lui répondre. Mais elle retrouvait des rues qu’elle avait visitées à plusieurs occasions. L’ombre de ses souvenirs ressortait à la lumière du présent. Elle se surprenait à reconnaître un magasin où elle avait fait les magasins avec sa mère, un bar où ils s’étaient arrêtés. Son père avait commandé une bière, sa mère avait fait remarquer qu’ils avaient de la route à faire pour rentrer.
Ils s’étaient disputés, l’après-midi avait dégénéré.
Emily repoussa le souvenir pour un autre, se laissa porter jusqu’à l’hôtel où River et elle devaient passer la nuit.
Lorsqu’elles arrivèrent à destination, la nervosité d’Emily était devenue palpable. Elle ne souriait pas vraiment, si ce n’était pour répondre aux sourires de River. Elle leva les yeux vers le plafond du hall qui surplombait leurs têtes et elle se rapprocha de River, un peu intimidée par la splendeur des lieux. Son pantalon en toile coloré, son t-shirt blanc et sa veste en jean lui semblaient bien trop décalés par rapport aux lieux. Le sol marbré brillait sous l’éclat des lumières, ce qui renforçait la splendeur de l’entrée. La semelle de ses baskets couinait à chaque pas, attirant l’attention de quelques clients.

Arrivées au comptoir, Emily laissa River s’occuper des formalités. Elle se frottait l’avant-bras nerveusement quand un nom inhabituel l’arracha une seconde à ses ruminations.
River what ?
Elle écarquilla les yeux et guetta la confirmation de réservation pour vérifier qu’elle avait bien entendu. Le sourire que River lui adressa fut accueilli par un froncement de sourcils d’incompréhension.
River Anderson ?
Elle ne dit rien, mais son regard signifiait bien qu’elle venait d’ingurgiter une information importante – non pas le nom de River, mais le fait qu’elle l’ait ignoré pendant tout ce temps.
Ainsi, on lui avait menti pendant tout ce temps !
Tout comme sa petite amie, elle remercia la réceptionniste et suivit l’asiatique jusqu’à l’ascenseur. Elle eut un léger pincement au cœur quand elle mentionna devoir prévenir sa mère de leur arrivée. En pleine réflexion sur sa propre famille, Emily ne put s’empêcher d’être triste de ne pas pouvoir, comme River, juste prendre le téléphone pour appeler sa mère.
« Of course. Tell her I say hi, » glissa-t-elle simplement. Elle attendit alors que l’appel se déroule. Dès que River et elle furent dans l’ascenseur, Emily passa un bras dans son dos et s’appuya contre River, ferma les yeux pour ne se soucier que de sa chaleur. Elle n’écouta pas la courte discussion entre la femme et sa mère. Son moral dégringolait et elle n’aspirait qu’à enlacer sa petite amie.
La montée fut rapide, comme l’on pouvait s’y attendre dans un hôtel de luxe. Tant mieux, car Emily avait hâte de pouvoir profiter d’un moment de détente dans l’intimité de leur chambre.
Lorsque River eut raccroché, Emily lui embrassa tendrement la joue.
« I didn’t know Khadka wasn’t your actual name, » fit-elle remarquer d’un air boudeur. « That’s sneaky to pick an author’s name that’s half like yours, » grommela-t-elle, plus pour la forme que par réelle contrariété.
Au fond, cela ne changeait rien à la personnalité de celle qui portait le nom.
« Is there any other dark little secret I should be aware of ? » s’enquit-elle ensuite, une inflexion humoristique dans la voix.
Angoissée ou non, elle ne pouvait pas rester entièrement morose en présence de River.
Elle l’apaisait beaucoup trop.
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Once upon a time, they went on a trip [River/Emily]
Lun 15 Oct - 10:05
Le changement d’attitude chez Emily n’était bien évidemment pas passé inaperçu pour River. Après des mois passés à la côtoyer tous les jours – ou presque – elle savait reconnaître lorsqu’Emily n’allait pas bien. Et le premier signe était un mutisme pour le moins inhabituel, et surtout particulièrement flagrant après avoir eu le plaisir de profiter de sa bavardise et de son enthousiasme dans l’avion – une attitude accueillie par un sourire et un regard empli d’une tendresse pleine d’adoration. Un sourire et un regard amoureux, qui ne souffrait pas du regard des autres.
River ne fut toutefois pas plus bavarde pour autant, se contentant de découvrir la ville puis l’hôtel, se contentant de venir par moment serrer la main d’Emily dans la sienne lorsqu’elle savait que personne ne regardait. Elle le fit devant l’ascenseur, brièvement, juste quand Emily lui dit de passer le bonjour à sa mère, pour signifier qu’elle avait bien entendu, et la lâcha juste après lorsque l’ascenseur arriva. Elle entra avec sa valise dans celui-ci et appuya sur leur étage alors que sa mère décrochait enfin. Elle profita des portes fermées et du rapprochement d’Emily pour passer son bras autour de ses épaules et déposer un baiser dans ses cheveux entre deux mots pour sa mère.
La discussion fut plutôt courte, River ne rentrant pas dans les détails du trajet, et son téléphone regagna sa poche alors que ses lèvres s’ourlaient au contact de celles d’Emily contre sa joue. Ses remarques la firent réfléchir une seconde. Habituée à toujours utiliser le nom de sa mère, River n’avait en effet jamais songé à révéler son nom de famille à la brune ; ce n’était de toute façon pas comme si elle l’appréciait particulièrement. Elle glissa son index le long de son nez très brièvement, plissa à peine les yeux dans sa courte réflexion. Sourit à la plaisanterie.

L’ascenseur s’arrêta finalement à leur étage et River lâcha doucement Emily lorsque celle-ci commença à s’éloigner. Elle laissa son bras glisser le long de son dos dans une dernière carresse avant de devoir traverser le couloir qui les ménerait à leur suite. Comme souvent, elle laissa quelques temps s’écouler avant de répondre à la plaisanterie d’Emily, pivotant alors un peu vers elle en continuant d’avancer jusqu’à leur chambre.
« You know I like wrapping myself in all kind of mysteries, » se permit de plaisanter River. « But no, I don’t think I have any other dark secret, none that I want to actively hide from you at least, especially since you already know the biggest one. » Elle haussa les épaules en faisant référence à ce qu’elle avait révélé à Emily, quelque chose que même Andrew ignorait.
Elle déverrouilla la porte de la chambre à l’aide de la carte et ouvrit la porte avant de pousser sa valise dedans. La suite était composée d’un petit salon, meublé chaleureusement, qui donnait directement sur la chambre et sa salle de bain adjacente. Ce n’était pas immense mais confortable pour deux personnes, même si pour sa part River trouvait que la pièce était trop chargée. Elle posa sa valise dans l’entrée, contre le mur, avec sa veste.
« This said, I could argue Khadka is also my name as it’s my mother’s maiden name. I wanted to take it for a while, after my father left us. » Voilà justement l’un de ces petits secrets, que River voyait plutôt comme des détails sans importance sur la toile de sa vie, sans se rendre compte qu’elle choisissait de les enfouir en elle sans les traiter comme ils le devraient. Au point qu’on pouvait à peine percevoir la note douloureuse au fond de sa voix, lorsqu’elle ne se réverbérait plus contre les murs. La composition de la pièce étouffait ses paroles, les rendait tout de suite plus intimes.
Elle se dirigea vers la chambre, posa les mains sur l’encadrement pour se pencher d’abord vers l’intérieur de la pièce avant d’y entrer pour de bon, se tournant vers Emily dans tous les cas. « But it was before I married Robert and took his name. Now… I've learned to appreciate the anonymity of Anderson, even if I still prefer to use Khadka in most of my daily life. »

Elle revint vers Emily, si celle-ci n’était pas déjà à portée, et attrapa ses mains mains délicatement, du bout des doigts seulement, les relevant à mi-hauteur avant de commencer à reculer vers le lit dans une invitation pour la suivre. Elle vint s’asseoir d’un côté, laissant la place à Emily de la rejoindre.
« But if you want something really dark, I actually have… a middle name, » fit-elle d’un ton mystérieux, les lèvres à peine retroussées en un sourire faussement diabolique. « It’s Sarara, which is not really a name. Nor a word. Which is the reason why my mom vetoed it and chose River. But it’s basically the onomatopoeia for the way water in a river flows in nepali. »
River avait profité de parler pour venir se glisser derrière Emily, l’entourant de ses jambes et de ses bras autour de sa taille, lentement, déposant ses lèvres contre son épaule brièvement, puis contre l’angle de sa mâchoire, avec une tendresse toute particulière, presque fragile. La sensualité dans son sens le plus pur de ses gestes reposaient dans leur douceur, dans le bruit des draps lorsqu’elle ajustait un peu mieux sa position pour couvrir un peu mieux Emily, la façon dont la pointe de son nez effleurait la peau de la jeune femme, son odeur qui se mêlait à la sienne un peu plus qu’elle l’était déjà depuis l’avion. Sa voix s’était également faite plus basse dans toute sa confession, jusqu’à ne ressembler qu’à un murmure, le flot naturel de sa voix, plus profonde dans sa source.
« What do you think ? Can you live with this secret ? » Elle eut un sourire amusé qui se refléta contre sa peau.
Se fâna.
Elle marqua une pause. Un blanc, où elle se laissa aller à la chaleur contre elle.
« Are you alright, Em' ? » laissa-t-elle enfin échapper.
Une brise contre le mur des inquiétudes d’Emily.
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Once upon a time, they went on a trip [River/Emily]
Mar 16 Oct - 20:25
Lors de leur première rencontre, Emily s’était trouvée immédiatement fascinée par la composition naturelle de River ; non seulement dans son expression faciale, tant contrôlée qu’elle pouvait en être intimidante, mais aussi dans la précision calculée de ses gestes, dénotant sa maîtrise d’elle-même, reflétée ensuite dans la qualité de ses dessins, dans la profondeur des histoires qu’elle narrait, dans chaque nuance de son caractère, un caractère que la brune redécouvrait en permanence, poème à la beauté évidente mais aux sens multiples et aux interprétations parfois hors de sa portée. Poème qu’elle se plaisait à lire et relire, sans chercher à l’analyser : ce qu’elle en distinguait la charmait suffisamment, nul besoin d’en déchiffrer les sens voilés.
Elle eut un sourire tendre en la voyant passer son doigt contre l’arrête de son nez, un geste qu’elle l’avait vu réaliser à de nombreuses reprises, rare perte de sa composition. C’était le pas en trop qui clôturait un poème composé d’alexandrins, la strophe supplémentaire relevant un sonnet trop réglementé. La petite imperfection qui ne faisait que rehausser le charme de sa maestria.
Son cœur rata un battement quand l’ascenseur s’immobilisa.
Elle s’arracha à sa contemplation et à la prise rassurante autour de ses épaules. Elle attrapa sa valise et emboita le pas à River qu’elle suivit dans un couloir tout aussi luxueux que le reste de l’hôtel. Les portes en bois massif isolaient parfaitement les chambres, de sorte qu’aucun son autre que les pas des deux femmes et la voix de River ne se faisaient entendre. Le lieu de passage était désert, presque intime en l’absence de toute forme vivante.
La plaisanterie de River arracha un rire à Emily, malgré son humeur maussade. Paradoxalement, la personnalité de l’asiatique lui paraissait aussi claire que de l’eau de roche, là où elle croyait qu’elle portait un masque en toute circonstances. Mais son empire sur elle-même n’était qu’une composante première de sa nature profonde, il s’agissait du lit même de la rivière, formé de roches solides, parfois emportées un peu plus bas sous le cours de la vie, mais fondamentalement immuables. Loin des mystères dans lesquels elle prétendait s’enrouler.
Le sourire que River avait arraché à Emily s’affaissa au rappel de la perte qu’elle lui avait confiée.

L’arrivée dans la chambre distrait l’attention d’Emily pendant un instant. Son esprit enregistra les informations, mais elle ne réagit pas vraiment lorsque River évoqua le départ de son père. Elle releva l’intonation singulière de sa voix. Cependant, l’information ne se fixa pas immédiatement. Elle imita sa petite amie et posa sa valise contre un mur, là où elle ne dérangerait pas pour l’instant, et elle retira sa veste en s’avançant dans l’espèce de petit salon. Elle n’avait jamais mis les pieds dans une suite, la nouveauté de l’expérience l’incita à étudier son nouvel environnement avec attention : de la disposition des meubles, sobres bien que luxueux, à la vue qui se dégageait par la fenêtre, permettant à l’écrivaine de distinguer la ligne d’horizon d’un bleu teinté de jaune, entrecoupé par les façades étincelantes des gratte-ciels alentours, des toits plats parsemés de cheminés, hérissés d’antennes télévisés, et des câbles électriques qui striaient cet ensemble géométrique.
Ses oreilles suivaient une autre scène ; elle entendit la voix de River s’éloigner, se distordre, retrouver une certaine homogénéité alors qu’elle changeait de pièce tout en poursuivant sa réponse. Emily tourna la tête, ne décrocha son regard de la vue extérieure que lorsque la torsion de ses épaules bloqua contre la résistance d’une nuque.
Une vue bien plus agréable l’attendait vers la chambre. Emily sourit à River et hocha la tête. Elle n’était pas célèbre mais elle comprenait la logique derrière ses explications. Il paraissait également logique qu’elle n’ait pas su jusqu’à maintenant qu’elle s’appelait Anderson – et finalement, cette information, mal reçue au départ, s’ajoutait aux détails qui confirmait la place spéciale qu’elle occupait aux côtés de la belle trentenaire.
L’expression de son visage mua délicatement quand River lui attrapa les mains ; le coin de ses yeux s’adoucit à peine, son sourire se détendit, ses lèvres trouvèrent une inflexion plus tendre, les plis formés sur ses joues s’estompèrent, gommant les sentiments inutiles à l’expression faciale d’un amour renouvelé à chaque seconde passée auprès de l’asiatique.
En cet instant, l’affection mesurée que River manifestait à Emily préservait la jeune femme de la déprime. L’artiste se faisait marionnettiste, et Emily se laissait manipuler avec la docilité d’une poupée de porcelaine, dont la fragilité risquait de la faire céder à n’importe quel instant. Mais River avait la main habile ; et elle démontrait la même précision dans ses gestes que dans son habilité à amadouer la brune, qui vint volontiers s’asseoir à ses côtés.
« Ouh, that sounds ominous, » observa-t-elle avec humour, surenchérissant sur l’effet comique de River, la curiosité piquée à vif.
Chaque prénom avait son histoire. En tant qu’écrivaine, elle en était particulièrement consciente. Elle avait passé des heures à chercher des prénoms, avec leur étymologie, leurs significations, parfois leur traduction en d’autre langues. Tous avaient une histoire, ensuite adaptée au récit personnel de celui qui le portait.
L’anecdote de River ne la déçut pas.
Elle ferma les yeux quand elle l’interrogea, sourire rêveur aux lèvres.
Elle n’avait pas cherché à éviter River quand elle était venue s’installer dans son dos, au contraire. Elle avait superposé ses mains à celles de sa petite amie pour la retenir auprès d’elle. Elle inclinait légèrement la tête vers l’avant, pour ne pas risquer de la heurter. Les quelques baisers qu’elle lui offrit, légers, si légers qu’ils semblaient vouloir toucher son âme davantage que sa chaire, la prirent au cœur. Sans y songer, elle avait calé sa respiration sur le rythme du souffle qui caressait sa peau à intervalle régulier. La voix de River, si proche, résonnait en elle ; elle sentait son cœur vibrer sous ce son qui l’appelait encore et encore.
« It’s beautiful, » répondit-elle dans un murmure, ignorant la plaisanterie cette fois.
Son intonation portait la même émotion que si elle avait complimenté River elle-même – c’était le cas, après tout.

Quand une nouvelle question fendit l’air, Emily rouvrit les yeux. Elle fixa le sol un instant. Son cœur se serra, pris dans l’étau des inquiétudes qu’elle taisait. Un étau auquel River venait toucher, avec le même doigté habile que d’habitude. Détendue entre ses bras, Emily n’envisagea pas la fuite – la réaction la plus naturelle à adopter pourtant.
Elle réfléchit à sa réponse. Elle fit glisser son majeur et son annulaire contre le dos de la main de River, reconnaissance silencieuse.
« I… I am. » Sa voix hésitait. Entre ses bras, elle était réellement bien. Nul mensonge ici. Elle se saisit de la main de River et l’amena à ses lèvres pour l’embrasser, comme elle avait pu le faire la semaine précédente, protégée qu’elle était entre ses bras, au creux de ses draps. « I mean, I am not all right, » précisa-t-elle, soucieuse de ne pas deformer la réalité, « but… when you’re here, things are always right. » Elle s’appuya à peine en arrière, cherchait la présence que River lui avait offert de son propre gré. « Being back is just confusing, to say the least. »
Elle confia son malaise dans un euphémisme assumé.
« I’ve never told you much about… well. About everything, my family, why I left Kentucky, and later even the US. Have I ? »
Elle tourna la tête, juste assez pour que l’ombre du profil de River apparaisse dans son champ de vision. Elle attendit sa réponse, puis hocha la tête d’un air entendu, alors qu’elle le lui confirmait. Elle leva la tête vers le plafond, invoqua silencieusement un Dieu auquel elle ne croyait plus.
Dans son esprit, les évènements se réorganisaient ; ils reprenaient vie, ranimaient l’angoisse et la peine dissimulée dans des battements d’un cœur douloureusement meurtri.
Confier cet aspect d’elle-même à River lui coûtait. En même temps, cette-dernière s’était ouverte à elle avec sincérité, et elle ne pouvait pas garder ce mur érigé entre elles si elle voulait qu’elles avancent ensemble.
Elle soupira lourdement avant de choisir l’élément le plus concret à présenter :
« My brother emailed me recently. Well. Last week. On… on Thanksgiving. » Elle se montrait mal à l’aise à cet aveu. Elle se blâmait de ne pas en avoir parlé plus tôt ; elle se sentait comme si elle avait menti à River, alors qu’elle n’avait simplement pas eu l’occasion de mentionner ce détail. « I cut all contacts with my family two years ago – two years and a half actually… – and I left the country. The second conversion therapy was… too much. It was just too much. » Ses mots tremblaient sous sa peine; chaque syllabe était prête à se briser contre l’attention rassénérante de River.
Elle savait la bienveillance dans l’écoute de sa petite amie ; elle n’avait pas besoin de se tourner pour vérifier.
Elle noua les doigts de sa main gauche à ceux de River ; sa main directrice, celle qui conduisait ses instincts et trahissait ses émotions. Celle par laquelle elle lui offrait sa confiance.
Elle inspira profondément, respirait l’odeur auprès d’elle, la seule odeur capable de juguler sa peine.
« Anyway, » reprit-elle, « Pat’s email – Patrick, Patrick is his name – it just… confused me. And being here is adding up to that. »
Elle lâcha les doigts qu’elle avait capturés pour se dégager du confort des bras de River. Elle se tourna difficilement, évita de justesse de mettre un coup de coude à sa compagne en allant enrouler son bras autour de sa taille, l’enlaçant tendrement. Sa paume libre trouva une place sur la cuisse de River, comme une invitation silencieuse à basculer vers d'autres eaux moins innocentes.
« I’m sorry, I shouldn’t let that taint our weekend. » Elle vint lui effleurer la joue du bout du nez, esquissa un sourire tendre. « I just want to make the best of our time together. I love being with you. »
I love you.
Le sous-texte resta tu dans ses pensées, apparut pourtant dans son regard, une seconde avant qu’elle n’embrasse les lèvres de son aimée.
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Once upon a time, they went on a trip [River/Emily]
Mar 16 Oct - 23:36
Le compliment rougit les joues de River tant le murmure imprimait l’émotion de sa pensée. Durant une seconde, l’asiatique réfugia son visage contre la nuque et le cou d’Emily. Elle y trouva une sérénité toute particulière, un réconfort qu’elle ne trouvait qu’en sa présence. Des forces irrésistibles, dévastatrices, édifiantes. Un sourire gracia ses lèvres et elle redressa la tête, l’imprima contre sa peau, puis passa à autre chose. Le temps n’était pas à se laisser emporter par le plaisir de la simplicité du moment – elle ne pourrait jamais l’apprécier pleinement sans qu’Emily puisse le vivre dans son entièreté également. Et peut-être qu’elle ne le pourrait pas, arès tout River ignorait ce qu’il se passait sous la chevelure brune ; chacune portait ses douleurs et si elles pouvaient les alléger elles ne pouvaient pas les soigner l’une pour l’autre. À peine pouvaient-elles les apaiser, et c’était tout ce qui comptait parfois.
La caresse contre sa main, si légère et pourtant si lourde, détendit les doigts de River comme si elle ne voulait pas l’oppresser de son toucher en plus de sa question, mais étendant en même temps sa présence sous sa paume chaleureuse.
Sa première réponse ne la surprit pas, pas vraiment tout du moins. Emily avait toujours été de celles qui cachaient leurs douleurs, pensaient les panser seules, un motif qu’elle avait remarqué. Oui, tout allait bien. Peut-être. Non, finalement. Elle l’avait observé, l’avait causé, le regrettait alors que son regard se portait sur la fenêtre face à elle. L’orange frappait leurs visages, leurs pupilles réduites à rien. Devant elles se déroulaient les aveux d’Emily comme le soleil se cachait pour révéler la nuit, partiellement, petit à petit, dans toutes ses nuances les plus sombres derrière une beauté éphémère, derrière un baiser intemporel par sa nature fugace répétée.
Sa deuxième réponse arrive. Elle n’allait pas seulement bien.
Les nuances se montraient, et River la laissa faire, la laissa poursuivre sa course contre elle-même. La laissa venir contre elle. Elle releva la tête, son menton s’accrocha à son épaule comme un crochet fait pour reposer contre Emily dans un naturel déroutant. Elle ne posa pas de question, se contenta de diriger son regard vers elle pour lui faire sentir son interrogation, sa confusion qui se superposait à la sienne. Elle l’appuya en resserrant ses bras autour d’elle maintenant qu’elle s’appuyait plus profondément au creux de son être.
Elle se décala pour permettre à Emily de tourner la tête en se penchant sur le côté, secoua la tête avec une indolence docile. Les yeux brièvement clos elle se laissait guider par ce que sa guide choisirait de lui montrer lorsqu’elle lui aurait apporté une réponse négative.
« No. You didn’t, » murmura-t-elle sobrement.

Les réponses ne vinrent pas immédiatement, elle laissa Emily rassembler son courage et tenta de lui en insuffler en déposant un baiser contre la rondeur de son épaule. La couche d’habits qui séparait ses lèvres de sa peau semblait inexistante. Aucune considération matérielle n’aurait pu stopper l’infinie douceur avec laquelle River soutenait Emily.
Son soupir en revanche marqua un pas lourd, traînant, celui d’une femme dans le dos de laquelle on avait tiré voilà des heures de ça.
La révélation laissa River silencieuse. Elle rapprocha de nouveau son visage de celui d’Emily, son regard toujours porté dans la même direction qu’elle. Leurs visages n’étaient presque plus éclairés, la bande orangée disparaissant à chaque seconde passée à se découvrir un peu plus. Elle effleura sa joue de son nez, déposa un nouveau baiser. Elle ne lui devait rien, comprenait son silence de ce soir en particulier.
River s’imagina une seconde à la place d’Emily. Ne pas parler à sa famille pendant deux ans et demi, ne pas les voir, vivre isolée de ses racines. Elle ne pourrait pas. Ils étaient son support le plus fondamental. Mais là encore, ils ne l’avaient pas trahis à un niveau aussi profond que ce qu’Emily avait eu à subir.
Deux fois.
River inclina la tête, son nez contre son dos, ses yeux portés vers un coucher de soleil qu’elle ne voyait plus. Elle sentait une colère sourde monter en elle et s’éteindre avant même de pouvoir s’exprimer. Ce n’était pas sa rage, ce n’était pas elle qui devrait se révolter, ce n’était pas… Elle inspira le parfum sucré d’Emily, laissa retomber les flammes, les étouffa à chaque respiration, chaque vague d’un calme nouveau, maître des lieux. Une dernière inspiration réduisit les braises en un charbon qui n’attendait qu’une étincelle.
Elle ferma les yeux une seconde pour lever sa main droite brièvement – sa gauche capturée –, la retirant de la taille d’Emily pour faire reculer des mèches rebelles qui empêchaient leurs peaux de mieux se toucher là où elles pouvaient, puis elle l’enlaça de nouveau. Elle serra ses doigts entre les siens avec une pression rassurante toute calculée. Son pouce, toujours le témoin de sa tendresse, caressait sa peau avec régularité. Elle déposa un baiser contre son cou cette fois-ci, sous son oreille désormais dégagée.
Patrick était donc l’auteur de l’email. River nota le nom dans un coin de son esprit pour ne pas l’oublier. C’était une information précieuse, comme toutes celles que lui offrait Emily.

Elle la laissa se dégager, ouvrit les bras pour lui offrir toute la liberté de mouvement dont elle avait besoin alors qu’elle se redressait pour lui faciliter ses mouvements – un geste qui la sauva d’un coup de coude intempestif. River ne put retenir un sourire à la presque gaffe et lui rendit son étreinte, posa sa joue contre elle brièvement avant de se redresser en l’entendant s’excuser. Elle en oublia presque la main sur sa cuisse.
River ferma les yeux de nouveau aux paroles d’Emily. Son cœur rata un battement et pourtant s’envola plus haut que jamais avec le regard qu’elles échangèrent, les lèvres qui se rencontrèrent.
Lourd de sentiment, léger du soulagement d’être là, ensemble, un bref sourire se joignit à l’échange qui le fut tout autant. River inclina la tête seulement pour mieux retrouver les lèvres d’Emily, les effleurer, appuyer pour marquer sa présence. Demander plus dans le silence où ces sentiments se faisaient assourdissants. Elle remonta sa main jusqu’à sa nuque lorsqu’ils se firent trop lourds pour mieux les porter ; effleura ses doigts sur sa cuisse, presque trop légers.
Elle interrompit le baiser à nouveau, parcourut la peau qui la séparait de son cou de nouveaux baisers, ajusta leurs positions pour que ses lèvres rejoignent son oreille.
« I love all it means. To be with you. »
River se redressa, sa main – tremblante – se posa délicatement sur la joue d’Emily alors qu’elle reculait son visage, prenait la pleine mesure du sien. Elle le découvrait encore dans la pénombre de la fin du crépuscule dans toutes ses nuances les plus subtiles, sans contraste. Il possédait la délicatesse de leur monde.
« God, Em… »
River secoua la tête, comme si elle ne pouvait pas y croire, comme si elle ne sentait pas sous son pouce la texture douce de sa peau, comme si rien d’autre ne comptait pourtant.
« Whatever happens… please, don’t ever be sorry to feel anything. Not when... »
Ses lèvres se pincèrent, sa paume se fit à peine plus pressante contre sa joue, ses doigts s’enroulèrent autour de sa main. Dans l’éclat qui régnait dans le regard de River, dans toute ses profondeurs les plus sombres où le charbon brûlait et rougeoyait, là, réposait le témoin des sentiments qu’elle éprouvait. Elle inspira avec difficulté. Sourit, rit nerveusement.
« I want to know more about you. I want to know everything you want to tell me. I want to know when you're not okay, too. So, really, you’re not tainting anything, Em. You can’t. »
River releva les épaules, pencha la tête de l’autre côté. Toute la tendresse du monde habitait ses traits, son visage incapable de cacher les mots qui flottaient depuis longtemps maintenant au fond de son esprit mais toujours au bord de ses lèvres.
« Emily. Em. » Elle eut un sourire en coin. « Sullivan. »
Elle rit de nouveau, visage baissé, lèvres closes. Elle releva la tête, juste assez pour que son regard trouve celui si beau, si bleu, si...
« I love you, Emily. »
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Once upon a time, they went on a trip [River/Emily]
Jeu 18 Oct - 17:45
« I love you too, River. »
Lourd, le poids des mots, si légère la libération pourtant, si légers les battements du cœur, des cœurs, euphorique.
Ces sentiments étaient l’évidence même.
L’ordre naturel s’accomplissait.

Lorsqu’Emily se sépara des lèvres de River, elle ne s’attendait pas à ce qu’elle la retienne. Elle sourit contre ses lèvres, un sourire étouffé par son affection. Son fardeau s’allégeait, emporté par une vague de tendresse. Encore et encore, River employait sa magie d’artiste pour ôter les débris qui polluaient l’esprit d’Emily ; elle se faisait rivière purificatrice, ses doigts évacuaient les menottes invisibles d’Emily, sa grâce roulait à travers les écueils sans s’y perdre, épousait les aspérités d’un passé chaotique, emportait la caucasienne vers l’étendue océanique de son amour, apaisante, d’une immensité telle que rien ne pourrait en menacer l’immuabilité.
Immuable, la paix qu’elle trouvait dans les mots de River.
Insondables, les sentiments qu’elle dissimulait encore au détour du cours sinueux de sa voix.
Pourquoi sa main tremblait-elle ?
La question ne trouvait nulle réponse, pas encore, pas dans les pupilles qui la sondaient, encore moins dans les iris couleur de néant, gouffre magnétique, si expressif dans son obscurité, âme brute de River, livrée au monde sans teinture, joyau à la pureté inaltérée.
Entends-tu son amour, Emily ?
Entends-tu l’écho silencieux ?
Le frémissement de cette paume contre ta joue, le résonnement ténu dans les métacarpes que tu couvres de ta main ?
Si fragile, le toucher de River, si lourde, la prise d’Emily, désireuse de la garder tout contre elle.
Une main en serra une autre ; une main enserra l’autre.
Le parallélisme entre les paroles de River et les envies, les sentiments d’Emily était déroutant. Elle l’entendait verbaliser ce qu’elle ressentait elle-même. Elle voulait tout savoir, tout connaître ; tout ce qu’elle était disposée à partager, toutes ces parcelles de son âme qu’elle voudrait lui offrir, ses contrariétés, ses aspirations, ses rêves, mais aussi les choses plus subtiles, les détails inutiles, sa couleur préférée, ses manies – préférait-elle l’odeur de l’herbe fraîchement coupée, ou celle plus humide de la rosée matinale ? appréciait-elle son café plus ou moins amer ? aimait-elle autant la douceur de la soi que celle du cachemire ? – tout ce qui l’amènerait à trouver les attentions qui parsèmeraient son quotidien de bonheurs simples, au moins le temps qu’elle accepterait de la garder à ses côtés.

La main qu’elle avait ramenée contre celle de River, contre sa joue, retomba lourdement, échoua sur la taille de River, son amante, sa compagne. Elle comprit qu’elle n’avait plus à la retenir quelques secondes avant sa déclaration.
« I love you too, River. »
Réponse si évidente qu’elle fut frappée de stupeur.
Comment avait-elle pu taire ces mots ?
Comment avait-elle pu ignorer les sentiments de River ?
Ils s’accordaient tant aux siens, sous la force de la nature qui les unissaient inexorablement.
L’écho de son prénom, de son nom, manipulé, morcelé entre les lèvres de River, l’écho de son prénom, languissant, louange subtile, écho de leurs mésaventures, écho de leur mélodie d’amour, amorcée des mois auparavant, écho dissolu, écho perdu dans la déclaration ; trois mots, et l’écho de son prénom.
Emily entendait encore les syllabes résonner dans son esprit, chant de la sirène.
Elle posa ses lèvres contre celles de River avec douceur, avec une retenue timide, comme si elle cherchait l’autorisation déjà accordée ; et puis elle lui offrit un baiser plus appuyé, plus affirmé, confirmant les sentiments qu’elles venaient de formuler.
« I love you so much. »
Sa voix était assourdie par l’intimité de la chambre. La nuit couvrait la ville de son manteau marin. Dans le dos d’Emily, les éclairages urbains étoilaient l’étendue nocturne de points lumineux – fenêtres de bureau encore éclairés, luminaires publics, panneaux publicitaires ; icônes indiquant la vie ou la voie à suivre.
Nulle icône ne saurait remplacer River.
River.
Sans hésitation, Emily remonta sa main vers l’épaule de River ; elle ne quittait toujours pas le point d’ancrage sur sa cuisse, incapable de décider dans quelle direction aller de ce côté-ci. Toutefois, elle appuya ses lèvres contre celles de l’asiatique, poussa doucement sur son épaule ; son autre trouva alors enfin son rôle.
Nulle précipitation dans les gestes d’Emily, nulle maladresse.
Sa main glissa vers le dos de River pour la retenir, tandis qu’elle la poussait avec une lenteur maîtrisée pour la faire basculer sur le matelas.
Nulle hâte dans la façon dont elle revint embrasser River, nulle passion.
Elle trouva appui contre le matelas de son bras droit, ses hanches se pressèrent à peine contre le bassin de sa petite amie, tandis qu’Emily prenait garde à ne pas faire peser son poids sur sa captive. Sa main libre flotta jusqu’à la ligne d’une clavicule, ses doigts en effleurèrent les contours, suivirent les aspérités et les rondeurs de l’articulation, de droite à gauche, de gauche à droite. Emily pouvait sentir chaque grain de peau, pourtant douce comme la soie. Sa paume s’étendit, se posa juste sous la clavicule, là où elle pouvait épouser au mieux le corps de River.
La même mesure tempéra le baiser qu’elle vola à son amante ; un baiser assez court mais tendre, qu’elle interrompit pour se reculer, mieux détailler le visage auréolé de cheveux blonds.
Joueuse, elle effleura le nez de River du sien, se rapprocha à quelques millimètres de ses lèvres sans les embrasser ; elle avait une autre idée en tête.
Emily aimait la saveur douce des lèvres de River ; elle en aimait la douce caresse, elle aimait la rondeur des sentiments qu’elle lui exprimait du bout des lèvres, elle aimait l’épaisseur de sa passion. Elle aimait également la saveur sucrée de sa peau. Elle lui embrassa le coin des lèvres, l’ombre d’un baiser presque, avant de parsemer la peau mate, suivant la ligne de sa mâchoire jusqu’à son oreille.

Lentement, patiemment, elle redescendit de long du cou gracile, parfois du bout des lèvres, parfois mordillant la chair en prenant garde à ne pas laisser de trace, parfois capturant une saveur salée du bout de la langue. Elle cherchait tantôt les palpitations d’une veine, tantôt les réactions de son amante. A mesure que ses lèvres descendaient, sa main coulait de l’épaule à la poitrine, de la poitrine à la taille. Ses doigts se frayèrent un chemin sous le haut de River, s’enroulèrent contre la taille de la femme. Son pouce caressa la peau, geste nerveux de l’impatiente qui retenait encore des gestes plus osés.
Ses lèvres rencontrèrent l’extrémité d’une clavicule, quittèrent le contact d’une peau délicieuse pour remonter vers l’oreille. Délicatement, les dents d’Emily se saisirent du lobe d’une oreille. Elle tira à peine, effleura la chaire tendre du bout de la langue.
Son nez en frôla les plis, son souffle en chatouilla le pavillon.
« I could really eat you up right now… » souffla-t-elle d’une voix chaude. Elle rougit de ses propres paroles, s’éloigna pour toiser un instant River, soudain timide dans ses désirs. « … but I’m actually hungry, » compléta-t-elle en riant.
Son rire s’interrompit quand elle vint embrasser sa belle, revint quand elle se détacha de ses lèvres.
« Do you think we can go and grab dinner before… »
Emily rougit à nouveau, prise d’un accès de pudeur surprenant. Elle eut un nouveau rire en même temps qu’elle se redressait. En même temps qu’elle reprenait la parole, elle aida River à se redresser et se rassit à côté d’elle, emprisonnant sa main de la sienne.
« …I don’t know what it is with us and hotel rooms, » observa-t-elle avec amusement. « But I am pretty sure talking about sad memories is not supposed to lead to making love. »
Et un troisième rougissement s’étala sur ses joues alors qu’Emily détournait le regard. Les mots résonnaient étrangement dans la chambre. Il convoquait presque l’envie de la jeune femme de reprendre là où elle venait de s’arrêter, malgré la fatigue du voyage et la faim qui la tiraillait.
Elle caressa distraitement la main de River entre les siennes, continua de regarder ailleurs.
« So… dinner first ? » insista-t-elle timidement.
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Once upon a time, they went on a trip [River/Emily]
Mer 24 Oct - 10:42
Comment expliquer. Comment exprimer le bien être profond ressentit lorsque l’être aimé avouait son amour ? Le sentiment de plénitude, la sensation de flottement, d’étouffement, comme si soudainement le monde ne se résumait plus qu’à quelques éléments nécessaires. Elle, toi, le silence qui baigne vos cœurs unis. Le calme. Plus de grésillement, de bruit de fond, seulement des battements. Unifiés. Enfin tout est comme il devrait l’être. Enfin l’univers trouve un sens au-delà de celui qu’on lui accorde. Ce n’est plus juste toi. C’est vous. Un esprit fondamental. Immuable. Changeant, toujours, pour tendre au mieux. Et c’était tellement plus.
Le souffle coupé, River recevait ces mots comme une caresse vibrante, une révélation qui semblait pourtant avoir toujours été là. Le souffle profond, River accueillait ses lèvres comme une caresse tendre, une vérité qui semblait si universel que jamais elle ne pourrait la nier. Plus jamais.
La répétition des mots adoucit la première vague des sentiments, la gonfla pour mieux englober tout leur sens, tous ses sens, autant à travers les paroles qu’à travers un langage secret qu’elles apprenaient chaque jour l’une et l’autre à chacune de leurs interactions, chacune de leurs observations, un langage composé des chants de leurs sentiments où les refrains se succédaient, échos lancinant, relents lents d’une mer si vaste à explorer ; chaque geste les guidait aussi sûrement que les étoiles en perpétuel mouvement dans un espace contenu au creux de leurs corps, dans le vide qui les séparait, univers dans une contraction expansive.
Sa main, ses lèvres, River les suivit sans hésitation, se laissa pousser alors qu’elle-même se mouvait. La main sur la joue d’Emily descendit doucement, soutint sa nuque comme elle l’aurait fait avec un objet fragile que personne n’aurait dû toucher. Elle ne se retint pas à elle lorsqu’elle se sentit basculer, tenue par le bras qui l’entourait, en toute confiance. Malgré toute sa maladresse, Emily était celle qui pourrait la faire basculer mille fois sans qu’une seule seconde la crainte s’empare de River.
Et elle avait raison.

La douceur et la mesure dont faisait preuve son amante était sans commune mesure, de la façon dont leurs lèvres se joignaient dans une sérénité acceptée à celle dont le plus petit changement dans l’air se ressentait comme un raz de marée lorsqu’elle survolait sa peau. Le délice de ce simple contact soulevait le cœur de River contre sa poitrine qui peinait à le contenir. La suavité habitait le regard, encre subtile qui tourbillonnait dans toutes ses profondeurs, dilué par la quiétude de vivre pleinement ce moment, charbon relevé par la brûlure du désir. Il était ancré par un visage qui ne cachait nullement ses inclinaisons, brillant dans son sourire, ses joues peintes de rouge, ô si léger, nuage d’amour encadré de sa chevelure dorée comme un coucher de soleil.
La ville était couverte par la nuit pour cette exacte raison ; deux beautés indécibles ne pouvaient coexister, sans quoi le monde cesserait de tourner.
Heureusement, le monde put poursuivre sa course lorsque River ferma les yeux dessus au contact joueur contre son nez, quand elle releva à peine le menton pour chercher des lèvres qui ne vinrent jamais ; que pour effleurer le coin des siennes. Le goût de trop peu s’évapora si vite pour laisser la place à la ligne d’une autre histoire, d’une idée qui suivait le fil tranchant de son visage, un phrasé qu’elle traçait du bout de sa langue comme d’une plume habile. L’empreinte de sa main était absorbée par sa peau assoiffée de son contact alors que River traçait la ligne de sa nuque jusqu’en haut de son dos, sous l’habit d’Emily, à la frontière de ses omoplates qu’elle quitta naturellement lorsque sa propriétaire remonta pour se poser contre son épaule.
Son cœur se gonfla comme une voile prête à naviguer sur les flots, emporté tant par le souffle contre son oreille que ses paroles. Malheureusement le vent ne resta pas, s’apaisa avant de quitter le port.
River cligna des yeux une seconde, surprise. Elle rit à son tour, remonta sa main la plus basse jusqu’à la taille d’Emily au baiser avant de la glisser jusque dans son dos. La rougeur qui s’étalait sur les joues d’Emily manqua de provoquer un petit rire qui se transforma en un regard d’adoration et elle se mordit la lèvre inférieure. Elle admira encore Emily, profitant de l’écouter pour ça, son regard allant des mèches de cheveux qui s’échappaient vers elle pour retomber sur les épaules de sa belle quand celle-ci se redressa à ses joues rouges qu’elle voulait embrasser, à ses lèvres qu’elle voulait – aussi – embrasser, à ses yeux qu’elle ne pouvait pas quitter des siens. Elle se redressa tout de même avec elle, grâce à son aide – sans quoi elle serait volontiers restée allongée pour mieux capturer Emily contre elle – et vint poser sa main sur la cuisse de la brune.
« Dinner first, » concéda River avec un sourire tendre, avant que celui-ci ne se fasse plus taquin, un peu tordu alors qu’elle se rapprochait d’Emily pour murmurer. « Then… I’ll eat you up. » articula-t-elle d’une voix basse, détachant bien chaque mots, le dernier popant sans se réverbérer dans l’étrange accoustique de la chambre.
Ses lèvres s’étirèrent un peu plus, sans qu’aucun rire ne franchisse ses lèvres cette fois. Elle était parfaitement sérieuse malgré le fond de taquinerie. On pouvait toutefois percevoir le rouge envahir la pointe de ses oreilles, un peu ses joues aussi. Elle vint déposer un baiser contre la joue d’Emily, puis chercha ses lèvres, la tête inclinée presque à l’horizontale. Ce fut un baiser bref, un avant-goût de ce qui les attendait une fois qu’elles reviendraient entre les murs capitonnés d’intimité. Elle se décala ensuite, se démêla d’Emily pour pouvoir enfin se lever avant de lui tendre la main pour l’aider à son tour.

Une fois debout, une fois un baiser déposé sur la main chérie, elles se séparèrent pour se préparer l’une et l’autre – après quelques heures passées dans un avion, River avait envie de se rafraîchir afin d’également éloigner d’elle l’appel de la chair. River marqua quelques pauses pour cajoler son aimée de quelques baisers, étreintes et caresses, venant la taquiner et la gêner gentiment dans ses préparations.
Une fois toutes les deux prêtes, vestes comprises, elle vint enlacer Emily pour de bon, les brâs lâches autour d’elle tombant au creux de ses reins alors que son visage venait trouver appui contre l’épaule ronde et confortable à portée. Elle inspira profondément l’odeur familière pendant qu’elle pouvait encore se le permettre, s’autorisa un baiser contre son cou.
« So… what do you want to eat ? I was thinking something with a little more taste than plane food, preferably not far from the hotel. »
River se redressa et vola un baiser à Emily, le prolongea un peu avec gourmandise, avant de la libérer pour de bon. Ses doigts glissèrent de son épaule à sa main pour conserver ses doigts dans les siens, s’ajustant comme un chat pour pouvoir les lier ensemble, alors qu’elle la laissait offrir son avis sur la question pour s’accorder avec elle.
« Also I think I’d like to do a detour by the convention center. See where it is so we don’t get lost tomorrow. »
Elles auraient pu prendre un taxi pour y aller, mais pour sa part River était plutôt adepte de marcher les courtes distances. Elle imaginait mal que ça puisse déranger Emily, surtout qu’elles auraient ensuite à passer des heures entourées d’une foule considérable. Celle simple penser fit resserrer sa prise à River qui se contenta d’offrir un sourire à sa belle malgré tout, pour ensuite entamer leur chemin vers une source de nourriture.
Elle ouvrit la porte de la suite une fois assurée qu’elle avait bien la carte de la chambre dans sa poche et relâcha à peine sa prise sur la main d’Emily si celle-ci ne se sentait toujours pas assez à l’aise à l’idée qu’elles se montrent affectueuses en public – pas qu’il y ait grand monde dans les couloirs. Elle rejoignit l’ascenseur d’un pas mesuré et l’appela, les portes s’ouvrant après une brève attente. Encore une fois il n’y avait personne d’autres qu’elles, et River appuya sur le bouton pour rejoindre le lobby.
Une fois en bas, elle lâcha sa main pour de bon, à regret, consciente cette fois-ci de la présence d’un public. Elles ne risquaient rien dans le hall, mais elle savait très bien qu’une fois hors de celui-ci les choses seraient différentes. Si nombre de ses collègues – artistes ou acteurs - restaient dans cet hôtel, elle prenait le risque de les croiser, sans parler des fans stalkers qui – s’ils n’étaient pas forcément intéressés par elle – restaient un inconvénient également.
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Once upon a time, they went on a trip [River/Emily]
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