devil inside | maëlle

« Ils ont l’air d’avoir compris. » sortit Diego tandis qu’il ouvrit la portière arrière de la limousine noire. Un sourire fendit le visage de marbre de Hina. « En même temps, ils n’avaient pas eu le choix. Je peux être très persuasive quand je le veux. » Diego hocha de la tête. Il était d’accord.  Cette rencontre à Pasadena avec le gang qui s’occupait de récupérer les impôts sur les magasins dont le Clan leur assurait la protection avait été plutôt une ballade de santé pour elle. Bien sûr, elle n’avait pas hésité à montrer ses talents de lieutenant pour leur faire comprendre qui commandait ici. Ils avaient voulu faire leur malin en volant une partie de l’argent qui allait pour le Clan en feignant que c’était les commerçants qui ne payaient pas leur dû. Mais Hina n’était pas dupe. Elle n’allait pas se laisser berner par des petites racailles qui pissaient clairement sur leur maîtresse qui donnait leur os. Et ça, Hina ne pouvait l’accepter. C’était la réputation du Clan qui était en jeu. Lorsqu’on se foutait de sa gueule, cela voulait dire aussi que l’on manquait de respect à son Clan. Ce n’était pas envisageable pour elle de laisser passer une telle chose. Cette visite était nécessaire pour donner une leçon à ces petites merdes. Elle avait coupé la langue de l’un d’eux pour faire un exemple et Diego s’était montré fort imposant en fracassant la tête de quelques uns. Le respect, c’était quelque chose qui lui tenait à cœur à la yakuza. Il ne fallait pas déconner avec ça. Elle n’hésiterait pas à verser le sang. « Au moins un d’entre eux ne pourra plus jamais mentir. » elle rit en pensant qu’effectivement celui qui avait la langue coupé ne pouvait plus rien dire. « Ça leur apprendra à se foutre de ma gueule. » et elle entra dans le véhicule. « On y va Diego, Léo m’attend pour l’accompagner à un gala de charité. Il ne faudrait pas que ces sous merdes m’aient rendu en retard avec leur connerie ! » son portable afficha huit heure, il ne lui restait plus que une heure. La limousine commença à rouler, Hina décida d’envoyer un message à Léo, le prévenant tout de même de son retard, si retard il y avait. Son regard se posa sur la vitre, le véhicule passa juste à côté d’une fille qui faisait du stop. Sur cette route pas très fréquentée. C’était étrange. « Arrête toi. » Diego s’exécuta et ralentit la cadence. Hina sortit du véhicule et parla en direction de la jeune femme. « Dites-moi où est-ce que vous allez ? » un sourire s’afficha sur ses lèvres.

Maëlle en avait assez de vivre ici. Elle n'était clairement plus chez elle ici. Personne ne pouvait comprendre ce qu'elle vivait depuis cet accident. Un accident qui ne sonnait pas vrai, elle le savait mais n'osait pas en parler parce qu'il n'était plus question qu'elle parle.. elle voulait qu'on la laisse tranquille. Alors elle s'était fait un roadtrip, elle savait se débrouiller toute seule et c'était surement grâce à cet héritage, le seul, légué par sa mère décédée qui la tenait en vie. Pasadena, n'avait pas été sa seule route. Elle roulait lorsqu'elle pouvait rouler, volant des voitures mais ne cherchait pas à aller trop vite. Parfois, elle se servait surtout de ses poings et de ses ruses pour la voler et en générale, les personnes étaient beaucoup trop choquées pour réagir. Si une connaissance de Maëlle la revoyait dans cet état, elle ou il ne pourrait pas la reconnaître, ce n'était pas possible. Les cheveux attachés en queue de cheval sous ce soleil de plomb, une tenue rudimentaire qu'elle arborait durant les mois de survivaliste, un sac à dos contenant que le stricte nécessaire et vogue la Galère. Seulement, sa mère lui manquait et le seul endroit où elle pouvait la retrouver c'était à Los Angeles. Vivre de vol et de crime en tout genre n'étaient pas de tout repos surtout qu'elle ne voulait pas décevoir sa mère, de là où elle était. Une larme solitaire quitta sa joue. Elle avait essayé de vivre normalement suite au meurtre de sa mère. Elle s'était inscrite à des jeux concours, avait essayé de se lier d'amitié mais rien n'y faisait, la vengence hurlait à la mort au plus profond d'elle-même et chaque coup qu'elle donnait, elle imaginait le donner au meurtrier « accidentel » de sa mère. Le pouce levé, elle se sentait prête à revenir, à enquêter, à entrevoir ce qui s'était réellement passé et pourquoi, venger sa mère : « Je te vengerais maman... » Un nombre ridiculement pauvre de voiture passa devant elle et Maëlle raisonnait comme une grande. Mieux valait arriver sans faire de bruit et voler une voiture aussi proche de son but, serait de la folie. Cette route menait clairement à L.A et elle avançait que de quelques mètres sous un soleil qui lui mordait et brulait la peau. Alors quand enfin une voiture s'arrêter, elle attrapa son sac à dos, passa trois mèches de cheveux derrière ses oreilles et se lança dans un petit trop régulier quand elle vit une femme sortir de la limousine. Chinoise, coréenne, vietnamienne, le soleil l'avait tellement abruti le cerveau qu'elle n'arrivait même plus à réfléchir et sa bouteille d'eau était sèche depuis trois bonnes heures déjà. Une éternité dans ce désert, entre autre. « Dites-moi, où est-ce que vous allez ? » La voix de cette femme résonna dans la tête de Maëlle alors elle plaça sa main droite en visière, au dessus de ses yeux : « Los Angeles. » La voix de la blonde était enraillée par le manque d'eau et la fatigue : « Et vous ? »  demanda t-elle avec audace, une témérité qui ne la quittait jamais. Du haut de son 1m59, ce n'était pas qu'un mensonge mais elle continua :« Je me ferais toute petite dans votre voiture ! » Elle s'approcha lentement pour arriver à la hauteur de la propriétaire de cette voiture.

coucou !:

Toute seule, sur cette route où elle venait tout juste de quitter l’entrepôt où ils avaient mis les points sur les ‘i’ avec le gang.. Hina trouvait ça étrange. Et comme elle était plutôt de nature méfiante sur tout, elle voulait savoir ce qu’une jeune fille comme elle faisait ici. Évidemment, elle n’allait pas tout de suite poser des questions. D’apparence, elle avait l’air d’être une personne normale. Mais bon, elle avait déjà rencontré des gens qui savaient très bien cacher les apparences. Comme elle tout compte fait. C’était pour ça qu’elle avait demandé à Diego de s’arrêter sur le côté et qu’elle sortit pour aborder l’inconnue. « Los Angeles. Et vous ? » bien, elle allait aussi sur cette direction là. « Allez, venez, je vais aussi là-bas. » lança-t-elle en la regardant s’approcher peu à peu d’elle et de la limousine. Ses yeux observèrent furtivement l’auto-stoppeuse. Elle avait l’air d’avoir marché depuis des heures vu son apparence. « Je me ferais toute petite dans votre voiture ! » Hina esquissa un sourire en se mettant de côté, l’invitant à entrer en première dans le véhicule. « Oh ne vous inquiétez pas, il y a assez de place pour toutes les deux. » Elle referma la porte une fois qu’elles étaient installées, se mettant face à la jeune femme. « Diego, on peut y aller. » elle ne la lâcha pas du regard et sortit une petite bouteille d’eau qui était sur le côté de la portière. « Tenez, vous devez avoir soif. » elle lui tendit la bouteille. « Je m’appelle Hina. » il fallait quand même se présenter un minimum. Pour endormir une potentielle espionne. Si c’en était une. Il fallait faire comme si. « Cela fait combien d’heure que vous errez sous ce soleil de plomb, dites-moi ? » tout doucement, elle allait la questionner. Pour savoir ce qu’elle faisait par ici, toute seule. Ce n’était pas maintenant qu’elle allait relâcher sa vigilance en tout cas.

Maëlle ne savait pas trop si elle pouvait s’approcher d’une berline aussi bien entretenue mais lorsqu’une femme d’origine de l’Est en sortie, elle ralenti le pas. La jeune fille n’était pas née de la dernière pluie d’autant plus qu’il y avait un gorille juste derrière elle, qui n’avait pas du tout l’air d’être amical. Cependant, elle était assoiffée, elle n’avait plus d’eau ni de nourriture et les voitures se faisaient rares. Celle qu’elle avait volé était tombée en rade à plus d’une nuit de là où elle se trouvait. “Allez, venez, je vais aussi là-bas.” Lorsque cette dernière lui confirma qu’elles allaient dans la même direction, Maëlle s’approcha tout en lui disant qu’elle se ferait toute petite dans l’énorme voiture. “Oh ne vous inquiétez pas, il y a assez de place pour toutes les deux.” Maëlle entra la première suivi par la propriétaire de la voiture. Une fois assise, elle sentait comme elle la scrutait ce qui n’était pas forcément très agréable : “Diego, on peut y aller.” La brunette leva les yeux sur la femme qui lui faisait face. Elle devina que cela devait être quelqu’un d’important. Y’aurait-il eu une élection d’une nouvelle gouverneur de l’Etat ? Qui était-elle pour avoir autant de pouvoir ? “Tenez, vous devez avoir soif.” Surprise, elle était tellement plongée dans son analyse qu’elle n’avait pas vu l’Asiatique lui tendre une bouteille d’eau : “Oui, oui. Merci.” répondit la jeune fille en lui prenant la bouteille des mains. Dans l’action, elle remarqua comme elle était couverte de poussière et de sable contrairement à sa nouvelle interlocutrice qui était immaculée : “Je m’appelle Hina.” Epuisée, elle but deux ou trois grandes gorgées pour lui hydrater la gorge puis elle répondit : “Maëlle, pardon.” s’excusa t-elle en s’essuyant aussitôt la bouche aux lèvres gercées par le soleil et la déshydratation : “Cela fait combien d’heure que vous errez sous ce soleil de plomb, dites-moi ?” Elle reprit le temps de boire puis referma la bouteille : “Ma voiture est tombée en rade hier. J’ai pacté mes affaires dans mon sac-à-dos et j’ai décidé d’avancer.” Elle ajusta en disant : “C’était une épave qui ne méritait pas d’être transporté par une dépanneuse.” Elle souriait à peine, ayant encore quelques gerçures à vif : “Et vous ? On est encore loin de la ville et votre voiture est presque flambant neuve…”

La jeune fille prit sa bouteille. Hina remarqua que cette dernière le scrutait aussi. Étrange pour une simple auto-stoppeuse. Mais bon vu que la coréenne semblait se méfier elle aussi, peut-être que l’inconnue était dans la même optique. Alors peut-être qu’elle était plus qu’une simple fille qui faisait du stop ? Trop de questions en tête. Mais la yakuza n’allait pas faire son interrogatoire du but en blanc comme ça. Non, elle décida d’y aller en douceur. En tout cas, elle avait l’air d’avoir soif. En même temps, si ça faisait un moment qu’elle était en train de marcher sous ce soleil de plomb, c’était normal. “Maëlle, pardon.” Hina haussa les sourcils et sourit légèrement. « Non ne vous faites pas. » elle avait mis son masque de bon samaritain. Et continua à poser ses questions. Voulant savoir combien de temps elle était à errer sur le chemin ainsi.  “Ma voiture est tombée en rade hier. J’ai pacté mes affaires dans mon sac-à-dos et j’ai décidé d’avancer. C’était une épave qui ne méritait pas d’être transporté par une dépanneuse.” ah d’accord. Elle n’était pas là que maintenant. Hm. Finalement, peut-être qu’elle était juste une simple auto-stoppeuse. “Et vous ? On est encore loin de la ville et votre voiture est presque flambant neuve…” Hina rit légèrement. On pouvait à peine l’entendre d’ailleurs. Elle riait toujours avec élégance et discrétion. « Je suis venue voir des clients en dehors de la ville. Je suis à la tête d’une agence de mariage réputée à Los Angeles. Et mes clients résidaient à Pasadena. C’est pour ça que l’on se retrouve sur cette route. C’est la plus rapide pour se rendre dans la cité des anges. » elle enjolivait la vérité. Mais en même temps, elle n’allait pas dire qu’elle venait voir un gang pas loin de la ville de Pasadena pour leur donner une correction parce que quelques membres du gang avaient manqué de respect à son clan en voulant l’entuber. « Et vous, pourquoi vous rendez-vous à LA ? Si ce n’est pas trop indiscret, bien évidemment. »  posa-t-elle. Histoire de voir si sa méfiance était encore de rigueur.

Maëlle ne se fit pas prier pour vider la bouteille d’eau sous les yeux de la femme qui n’arrêtait pas de la scruter. Ce n’était pas agréable mais elle se rendit compte qu’elle faisait la même chose. C’était donc de bonne guerre. Après tout, toutes les deux étaient des inconnues et il n’était pas question d’accorder une confiance qui n’était pas forcément demandée. Une organisatrice avec un gorille comme chauffeur. C’était peut-être parce que sa mère l’avait très rapidement initiée à l’observation et surtout à devenir une survivaliste née qu’elle comprenait que quelque chose clochait. Était-elle montée de plein gré dans une voiture alors qu’elle plaisantait gentiment avec le diable ? Après tout, il pouvait s’habiller comme il l’entendait, tant que sa ruse fonctionnait, pourquoi s’en faire du costume ? “C’est vrai qu’il n’y a pas plus rapide pour rejoindre L.A, en voiture s’entend. A pied, ça ressemble plus à un pèlerinage qu’autre chose.” Elle termina la bouteille d’eau et laissa l’eau dans sa bouche quelques instants, appréciant la sensation qu’elle avait à chaque gorgée. Pour répondre à la question de sa bienfaitrice, elle se redressa et prit une profonde respiration : “Ma mère est morte. J’ai eu besoin de changer d’air et de réfléchir quelques temps loin de ma ville natale. Pasadena était notre lieu favori alors j’y ai passé quelques temps.” répondit-elle seulement, épuisée, son ton était plutôt las mais on ne pouvait pas trop déceler de tristesse. Seule le voile sombre qui a recouvert ses yeux à la mention de sa mère, pouvait jurer de sa tristesse profonde : “Je suis presque certaine que ce n’était pas un accident comme ce que la police a bien voulu me faire croire. Seulement, les flics ne veulent pas se mouiller, ils ont trop peur des differents gangs vivant sur la.. Cité des Anges.” lâcha t-elle doucement, en rebouchant la bouteille vide et la posa à côté d’elle. Dans un virage, elle roula jusque de l’autre côté de la banquette. Pendant quelques seconde, elle la fixa pour ensuite revenir à la jeune femme : “Avec lui, vous vous sentez plus en sécurité ou c’est juste pour la forme ?” demanda Maëlle, en pointant le chauffeur-gorille du menton.

Hina était une personne méfiante. Surtout dans cette ville où la trahison était de rigueur apparemment. Vu les malfrats qu’elle venait de corriger avec Diego, ou bien encore son ancien informaticien qui avait décidé de l’entuber derrière son dos il y a quatre ans de ça en voulant lui voler des fonds, Hina restait prudente. Déjà que de base, elle était de nature soupçonneuse, ce n’était pas maintenant qu’elle allait relâcher sa vigilance. Même si la jeune femme qui était assise face à elle semblait ne pas vivre dans le même milieu qu’elle. Cependant l’apparence était parfois trompeuse. Comme elle. « Hm, oui si ça fait un moment que vous errez sur le chemin, c’est sûr que ça doit ressembler à un pèlerinage. » elle lui sourit, l’observant encore en train de boire l’eau qui semblait lui être salutaire. Cependant la yakuza déguisée en femme d’affaire, pâle copie de toutes ces femmes riches travaillant dans le business résidant à LA, voulait savoir pourquoi cette Maëlle voulait se rendre dans la cité des anges. La curiosité l’avait encore piqué. Elle l’écouta attentivement raconter son histoire. Son visage impassible ne semblait pas s’émouvoir lorsque la jeune femme énonça la mort de sa mère. De toute façon peu de choses la touchait. Et la mort était son amie la plus fidèle. Vu que Hina lui apportait énormément d’âmes depuis longtemps. Seulement, elle voyait bien dans le regard de Maëlle la peine qu’elle pouvait ressentir en évoquant son souvenir malgré que cette dernière reste tout aussi impassible face à cet aveux. Elle arqua un sourcil en entendant la suite de son histoire. Donc le décès de sa mère n’était pas accidentel ? Et en plus de ça, des gangs feraient partis du tableau. Intéressant. « Ah oui ? Votre mère était-elle liée étroitement avec un gang ? » demanda-t-elle avec curiosité. Elle ne montrait pas de la peur face à ce que Maëlle lui contait. Comme aurait pu peut-être le montrer une femme d’affaire banale. Non, Hina montrait de l’intérêt pour cette histoire. Dans son iris, une légère flamme scintillait. Ça y est, cette Maëlle l’intriguait dorénavant. Et cet soudain regain d’intérêt était quelque chose qui l’animait. Peut-être que l’auto-stoppeuse ne revenait pas à LA pour rien ? Sinon pourquoi elle reviendrait dans la ville où sa mère a connu le trépas ? Ses yeux ne la quittait pas même lorsque la limousine avait pris un virage un peu trop serré faisant valser Maëlle de l’autre côté de la banquette alors que Hina, elle, était restée sur son assise, bien en place. Même si son corps s’était un peu penché dû au virage. Elle rit légèrement à sa remarque. « Diego est quelqu’un de confiance. Je suis en sécurité avec lui, vous pouvez me croire. J’aurais peut-être dû vous prévenir qu’il a un peu la main leste sur le volant, il vaut mieux s’accrocher. » répondit-elle tout simplement. Ce n’était pas la peine de lui dire que c’était son designer aussi dans son agence, elle n’en voyait pas l’utilité. Elle pencha légèrement la tête sur le côté. « Pourquoi revenir à LA alors ? » elle voulait savoir. Parce que si elle avait été à sa place et que l’Oyabun avait été tué par un gang, elle serait revenue pour se venger, elle.