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Ven 28 Sep - 0:13
Les jours défilaient à la fois lentement et exceptionnellement vite. Chaque seconde semblait être une éternité durant laquelle le monde était baigné de chagrin, et pourtant, un coup d’œil au calendrier de son téléphone suffit à Joy pour voir que les jours avaient bien continué leur cours depuis que maman Stella avait été débranchée. C’était même assez impressionnant de voir à quel point le temps passait vite. Clyde lui avait promis que les choses finiraient par s’arranger mais Joy n’était pas encore en mesure de constater la réalisation de cette promesse. C’était assez frustrant et elle avait tendance à passer bien trop de temps à trainer les pieds pour à peu près tout. Comme lorsqu’il s’agissait d’aller en cours – faire semblant que tout allait bien lui demandait de fournir une énergie folle, qu’elle avait de plus en plus de mal à trouver. Heureusement, ce matin-là, elle avait la demi-journée de libre. Les cours avaient été levés pour que les professeurs puissent se réunir et discuter des programmes scolaires, quelque chose du genre. Pour une fois, Joy n’avait pas réellement suivi ce qui se passait et, au final, elle ne le regrettait pas. Assise devant son bol de céréales, elle observait la trotteuse qui avançait lentement sur le cadran de l’horloge. Dix heures quarante-sept et trente six secondes. Trente-sept. Trente-huit. Soudain, elle se rappela qu’elle n’avait pas encore vu sa mère – la seule qui lui restait – de la matinée. Elle avait bien croisé Rylee et Casey avant que celles-ci ne quittent la maison. Mais aucune trace de Loan. Abandonnant son bol sur la table de la cuisine, Joy se décidait à se rapprocher de la chambre de sa mère. Elle collait son oreille sur le battant de bois, tentant d’écouter ce qui se passait à l’intérieur. Rien. Aucun bruit. Elle faillit faire demi-tour, redescendre les escaliers pour débarrasser son bol avant de s’enfermer dans sa propre chambre. Peut-être que Loan avait tout simplement oublié de passer lui dire bonjour avant de partir, même si cela l’étonnait beaucoup et la peinait énormément. Mais alors qu’elle avait fait quelques pas pour s’éloigner, elle entendit un bruit. Un reniflement si discret qu’elle aurait très bien pu ne pas l’entendre pour de nombreuses raisons – si une planche du parquet avait choisi cet instant précis pour se mettre à grincer, par exemple. La gorge de Joy se noua. Rebroussant chemin, elle finit par revenir auprès de la porte, laissant son poing s’abattre à deux reprises sur le battant. « Maman, tout va bien ? » Question qui paraissait complètement stupide, quand elle y repensait. « Je peux entrer ? » Plus une formalité qu’autre chose. Déjà, sa main se posait sur la poignée pour l’abaisser et elle s’engouffrait dans la chambre. La scène qu’elle y découvrit lui brisa le cœur. Et elle ne put s’empêcher de sentir les larmes lui monter aux yeux.
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Mar 9 Oct - 11:02
Les souvenirs défilent dans ma mémoire. On dit souvent qu’oublier est bénéfique, panser les plaies, les endormir. Mais je ne veux pas oublier, je ne veux rien oublier de son visage, de son corps, de son sourire, de la lueur de ses yeux, le son de sa voix, les éclats de ses rires, de tous ces mots qu’elle m’a offert. Je n’ai pas dormi de la nuit, j’ai relu tous les livres qu’elle avait écrits, comme s’ils pouvaient me ramener à elle l’espace d’un instant fugace. Le sommeil n’est venu que très tard, ce soir, sans alcool, et c’est une bonne chose je crois. Jusqu’à présent, seules les boissons alcoolisées m’aidaient à m’endormir sans avoir à rêver d’elle. La culpabilité est là encore profonde, parce que même si nous avions décidé d’essayer à nouveau, reprendre notre histoire là où nous l’avions arrêtée, ou presque, nos derniers mots échangés n’ont été que le résultat d’une dispute, à propos de Rylee et Marley. J’aurai préféré que nos derniers mots aient été des mots d’amour, pour ne garde que leur douceur en souvenir. Mais non. J’entends encore ses éclats de voix, me dire que j’étais irresponsable. Et aujourd’hui je suis seule pour élever nos trois filles. Seule. Désespérément seule. Le réveil est difficile, ce lit me semble si vide alors qu’il y a encore quelques semaines j’ai pu y étreindre le corps de cette femme que j’aimais tant, que j’aime tant. Tout sembla voir un goût livide depuis qu’elle est partie. J’ai mal.

Quelques coups frappés à la porte de ma chambre et je me précipite d’essuyer mes yeux avec ma couette, avant de tourner légèrement la tête, entendant la voix de Joy, hésitante. « Maman, tout va bien ? Je peux entrer ? » Je me racle un peu la gorge et me redresse dans le lit, lui répondant la voix légèrement cassée. « Bien sûr chérie. Viens entre. » Elle referme la porte derrière elle et je la laisse prendre place sur le lit, près de moi, à la place où dormait Stella. « Tu as quelque chose à me dire ? A me demander ? Quelque chose ne va pas ? » Elle n’est pas idiote, elle a bien vu que j’ai pleuré, je n’aurai pu le cacher de toute manière. Mais je préfère encore me concentrer sur elle, sa douleur, plutôt que la mienne.
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Jeu 1 Nov - 17:54
Elle se tenait sur le pas de la porte, le regard perdu sur la pièce et les yeux embués par les larmes. Le spectacle qu’elle découvrait lui brisait le cœur. Bien sûr, elle savait que tout cela était dur pour sa mère, qu’elle n’allait pas se remettre de la perte de Stella en un claquement de doigts. Mais elle avait l’air si forte… Tellement que Joy avait cru, pendant quelques instants, qu’elle ne pouvait pas s’écrouler. Savoir que Loan s’isolait dans sa chambre pour fondre en larmes était une pensée insoutenable. Elles pouvaient toutes se soutenir. Elles étaient suffisamment nombreuses pour se serrer les coudes, intervertir leurs rôles. Maman Loan n’avait pas toujours à être la personne forte qui devait consoler les autres. Pourtant, elle semblait croire que c’était son rôle de se montrer de marbre. Loan se râclait la gorge, reprenant son air fort. « Bien sûr chérie. Viens entre. » Joy pinçait les lèvres alors qu’elle se tournait pour refermer la porte derrière elle. A peine la poignée fût-elle lâchée que la lycéenne se précipitait vers le lit de ses mamans, grimpant sur le matelas pour se mouvoir jusqu’à sa mère. L’odeur de Stella était encore bien présente, et même si cela lui serrait le cœur, en un sens, cela l’apaisait quelque peu, quand bien même elle continuait de s’inquiéter pour Loan. « Tu as quelque chose à me dire ? A me demander ? Quelque chose ne va pas ? » Joy tournait son regard vers sa mère, plongeant ses yeux dans les siens, avant de fondre dans ses bras, l’enlaçant comme si elle menaçait de disparaître pour toujours. « J’ai cru que tu étais partie sans me dire au revoir. » admit-elle tout d’abord, comme pour masquer sa véritable inquiétude. Décrochant ses prunelles de celle de Loan, elle se mit à fixer un point dans la pièce, loin du visage de sa mère. Il était difficile de lui cacher son inquiétude, mais elle faisait de son mieux. « Tu n’es pas obligée de te cacher tu sais ? Nous aussi on peut être là pour toi. » finit-elle par souffler, du bout des lèvres. Elle n’avait pas besoin de préciser ce à quoi elle pensait. Loan devait très bien s’en douter. « Je veux être là pour toi. » Elle avait finit par ajouter ces mots en se redressant pour offrir un faible sourire à sa mère. Comme un maigre réconfort. Joy ne supportait pas l’idée de savoir que Loan restait seule dans son coin à broyer du noir : et s’il lui arrivait quelque chose, à elle aussi ? Toute sa crainte devait se lire dans son regard, aussi ne sentit-elle pas le besoin d’ajouter quoi que ce soit pour accompagner ses précédents paroles.
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Dim 4 Nov - 10:59
Je m’inquiète immédiatement de voir ma petite dernière arriver dans ma chambre. Alors je cache comme je peux mon émotion et l’invite à entrer, à me rejoindre. Je viens la serrer contre moi alors qu’elle semble vouloir se fondre contre mon corps un instant. « J’ai cru que tu étais partie sans me dire au revoir. » J’esquisse un faible sourire un peu triste. « Jamais de la vie. »[/color] Jamais je ne partirai sans lui dire au revoir, j’ai toujours eu l’habitude de passer dans chacune de leurs chambres lorsque je partais bosser, ou que je rentrais, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, pour déposer un baiser sur leur front, éveillées ou endormies. Mais filles sont tout ce que j’ai de plus cher, et je ferai toujours tout ce qui est en mon pouvoir pour les voir heureuses le plus souvent et le plus longtemps possible. Je sais pourtant que ce n’est pas la vraie raison de la venue de ma fille, j’attends donc patiemment qu’elle me livre le fond de sa pensée. « Tu n’es pas obligée de te cacher tu sais ? Nous aussi on peut être là pour toi. Je veux être là pour toi. » La boule de ma gorge revient subitement, faisant briller mes yeux plus qu’ils ne le devraient sous les mots de mon bébé. Parce que oui, Joy est et sera toujours mon bébé. « Mon ange… » Je souris tristement, mais touchée par ses mots. Je viens caresser ses cheveux blonds et dépose un baiser sur son front avant de plonger mon regard dans le sien. « C’est mon rôle de prendre soin de vous dans cette épreuve. Et vous êtes là pour moi sans le savoir, votre simple présence me fait du bien. » C’est une réalité, je me raccroche à elles, du mieux que je peux. Je vois bien dans son regard qu’elle est inquiète, sans doute pour moi, sans doute pour elle, notre famille, notre avenir. Mais je sais qu’à nous toutes, nous allons nous souder davantage grâce à ce coup du sort. Et même si c’est difficile, nous finirons par y arriver. Ensemble. Main dans la main. « Comment tu te sens toi ? » C’est plus fort que moi, j’ai besoin de prendre soin d’elle et de ses soeurs, je me sens le besoin d’être leur nouveau repère, pour deux, parce que leur deuxième mère n’est plus là pour leur apporter la douceur qu’elle savait si bien donner.
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Mer 7 Nov - 10:23
Blottie contre sa mère, Joy s’y attachait comme une moule à son rocher. Elle ne pouvait pas expliquer la peur qui l’avait traversée, mais une chose était sûre, c’est que celle-ci s’était montrée bien présente. C’était peut-être enfantin, mais elle avait vraiment cru que sa mère était partie sans lui adresser le moindre au revoir. Voir des larmes aux coins de ses yeux lui avait également brisé le cœur et il lui fallait bien un gros câlin pour parvenir à s’en remettre. Elle voulait aider sa mère autant qu’elle le pouvait, lui permettre d’aller mieux, mais la vérité c’était qu’elle aussi avait besoin d’être rassurée. « Mon ange… » soufflait Loan en venant caresser les cheveux de sa fille. Joy fermait un instant les yeux, se pressant encore un peu plus contre sa mère, s’imprégnant de son odeur pour tenter de faire disparaître la vague de tristesse qui l’avait assaillie. « C’est mon rôle de prendre soin de vous dans cette épreuve. Et vous êtes là pour moi sans le savoir, votre simple présence me fait du bien. » Joy acquiesçait d’un signe de tête sans réellement y croire. S’il suffisait de ça pour faire en sorte que leur mère se sente bien, alors Loan serait déjà en pleine forme. Depuis le décès de maman Stella, les trois enfants s’entassaient dans la maison, plus proches que jamais de la mère qu’il leur restait. Mais Joy savait que ce n’était pas suffisant pour compenser l’absence. « Comment tu te sens toi ? » demandait Loan, faisant passer une nouvelle fois sa fille avant elle-même. « On fait ce qu’on peut. » Elle avait fini par lâcher ces quelques mots dans un soupir. Ce n’était pas non plus comme si elle pouvait prétendre aller au meilleur de sa forum. Il y aurait toujours un trou béant dans sa poitrine, pour le reste de sa vie, elle le savait. Elle aurait bien renvoyé la question à sa mère, mais elle savait à quel point cela serait ridicule. Loan n’allait pas bien, c’était évident. Alors, elle préféra lancer la conversation sur autre chose. « Je n’ai pas cours ce matin, c’est une journée pédagogique… On pourrait peut-être aller faire un tour ? » Faire en sorte de lui changer les idées, pour lui permettre de souffler un coup. C’était peut-être une meilleure façon de faire que de l’obliger à parler de ce qu’elle ressentait vis-à-vis de la disparition de Stella. « Je sais que tu dois aller au Planet pour travailler mais j’ai vraiment envie de passer un peu de temps avec toi. » finit-elle par plaider, parce que c’était toujours mieux de rester ensemble que de s’isoler chacune dans sa chambre pour recommencer à pleurer.
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Ven 9 Nov - 21:21
C’est difficile pour tout le monde, d’une manière sans doute sensiblement différente, mais ça l’est, j’en ai conscience. Notre lien avec Stella était unique, pour chacune d’entre nous, même pour Clyde, j’ai senti que c’était difficile. Toutes les personnes qui ont un jour rencontré Stella se sont heurtées à une boule de tendresse et d’amour, juste ce qu’il faut de caractère, le tout enroulé dans une bienveillance sans bornes. Elle était ce que j’ai rencontré de plus beau, si on exclut la naissance de nos filles, l’adoption de la 3ème. Elle était ma merveille, l’une de mes plus grandes fiertés. Depuis qu’elle est partie, je ne cesse de me remémorer tous les moments forts que j’ai pu vivre avec elle, je m’efforce de me concentrer sur les plus beaux, même s’ils sont devenus aussi douloureux. Je fais en sorte de ne rien oublier de ce que nous avons pu partager toutes ces années. Notre plus jeune fille vient mettre un mouchoir sur ces pensées qui me traversaient, il repartira sûrement avec elle lorsqu’elle aura décidé de replonger dans sa vie d’adolescente. Ça n’a pas toujours été facile avec mes filles, j’imagine que c’est le cas avec tous les enfants, à une période ou une autre. Avant l’accident, Joy n’était plus très proche de moi, plongée dans une adolescence difficile, un besoin de s’affirmer autrement, de montrer qu’elle existait, sans doute. Ma séparation avec Stella a été difficile pour tout le monde, mais ce n’est rien comparé à cette épreuve que nous vivons aujourd’hui, toutes ensemble. J’essaie de lui faire comprendre que je me dois d’être là pour elles, elles sont encore si fragiles. Je m’enquiert de son état, même si je me doute bien qu’elle ne me dira pas que tout va bien, ce serait mentir, c’est évident. « On fait ce qu’on peut. » Je me contente de me pincer les lèvres. J’ai hâte d’arriver au jour où ce deuil sera moins douloureux. « Je n’ai pas cours ce matin, c’est une journée pédagogique… On pourrait peut-être aller faire un tour ? » Ma première envie serait de refuser son offre, aussi alléchante soit-elle, pour me laisser sombrer un peu plus au travers de mes souvenirs. Mais si elle le propose, c’est qu’elle en a envie et je ne voudrais pas la repousser, surtout pas. « Je sais que tu dois aller au Planet pour travailler mais j’ai vraiment envie de passer un peu de temps avec toi. » Je lui offre un faible sourire et viens glisser une main tendre sur sa joue toute douce. « Je vais appeler Nieves et lui dire de prendre le relais pour aujourd’hui. Tu as envie d’aller quelque part en particulier ? » Faire les boutiques, aller au spa, n’importe où qui pourrait éventuellement nous changer les idées. Je me redresse un peu, commençant doucement à sortir de ma bulle sombre. Je m’y efforce en tout cas. Pour elle, et au fond pour moi aussi, même si c’est surtout pour elle.
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Dim 11 Nov - 23:37
Joy n’avait aucune envie de rester enfermée toute la journée dans la maison, encore une fois. Cela faisait des jours qu’elle avait l’impression d’être enfermée dans son chagrin, cloisonnée entre quatre murs. Mais ce n’était pas pour elle qu’elle proposait de sortir, pas vraiment. Elle voyait bien que Loan ne parvenait pas à remonter la pente, elle non plus. Et elle voulait aider sa maman à mettre de côté ses crises de larmes au moins pendant quelques instants. Loan venait glisser sa main sur la joue de Joy, dans un geste tendre alors qu’elle lui répondait : « Je vais appeler Nieves et lui dire de prendre le relais pour aujourd’hui. Tu as envie d’aller quelque part en particulier ? » L’adolescente adressait un sourire à sa mère avant d’hausser les épaules légèrement. « J’avoue que je n’y ai pas bien réfléchi. » Elle se mordit la lèvre inférieure, levant ses yeux vers le plafond, comme si elle pourrait y lire l’activité la plus adéquate pour ce genre de moment. Mais en réalité, ce n’était pas si simple. Le cinéma était une mauvaise idée, quelque part cela revenait à rester enfermées quelque part, seules avec leurs pensées. Faire les boutiques pourrait être assez sympathique, mais il leur était tellement souvent arrivé de les faire à trois que cela paraitrait vraiment étrange… Il n’y avait aucun moyen de cesser de penser à ce chainon manquant. A moins que Joy n’ouvre à Loan la porte sur une activité qu’elle n’avait jamais partagée avec ses deux mamans. « On pourrait aller se promener le long de Santa Monica et s’arrêter au skate parc sur la plage ? J’ai essayé une nouvelle figure de skateboard avec Roni la dernière fois et j’aimerais bien te la montrer. » Mentionner Roni lui faisait mal au cœur, surtout depuis la ‘trahison’ de sa meilleure amie. Elle ne comprenait pas pourquoi la Reynolds ne l’avait pas avertie qu’elle n’avait aucun logement pour l’été, mais ce n’était pas le moment d’y penser. Elle ne savait pas ce que sa mère allait répondre à sa suggestion. Certains avaient tendance à se moquer d’elle lorsqu’elle disait qu’elle faisait du skateboard, parce qu’elle avait l’air trop fragile et trop féminine pour se livrer à ce genre d’activités, apparemment. Mais elle savait que sa mère ne la jugeait pas aussi difficilement. « Si tu préfères qu’on aille faire autre chose, ce n’est pas un souci. On peut aussi. Tout ce que tu voudras du moment qu’on passe du temps ensemble. » Elle adressait un nouveau sourire à Loan avant de venir déposer un baiser sur sa joue. Parce que ça faisait toujours du bien de partager un peu de tendresse.
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Jeu 15 Nov - 14:24
Le sourire qui s’affiche sur les lèvres de ma benjamine est tout simplement le plus beau cadeau qui m’ait été donné de voir aujourd’hui. Pour la première fois depuis longtemps, le mien y fait écho, et je dois bien avouer trouver ça agréable. Je la laisse réfléchir, j’ai envie de lui faire plaisir, alors peu importe ce qu’elle proposera je m’y plierai sans soucis. « On pourrait aller se promener le long de Santa Monica et s’arrêter au skate parc sur la plage ? J’ai essayé une nouvelle figure de skateboard avec Roni la dernière fois et j’aimerais bien te la montrer. » Je la regarde avec un poil d’étonnement, j’avais presque oublié qu’elle s’était mise au skate, discipline qui contraste parfaitement avec la danse qu’elle pratique depuis de nombreuses années. « Une figure ? Vraiment ? Tu as progressé aussi vite ? » C’était Stella qui s’occupait d’aller aux activités des filles pour les voir évoluer, moi dans l’histoire, j’étais là pour leur faire à manger une fois de temps en temps, les embrasser pendant la nuit lorsque je rentrais tard, et c’est tout. Mon travail a pris beaucoup trop d’importance ces dernières années et j’en ai délaissé mes enfants, je le regrette amèrement. « Si tu préfères qu’on aille faire autre chose, ce n’est pas un souci. On peut aussi. Tout ce que tu voudras du moment qu’on passe du temps ensemble. » Je secoue la tête en lui souriant - même faiblement. « Non au contraire, je suis curieuse de voir comment tu te débrouilles, et comment tu arrives à tenir debout sur ces engins de malheur ! » Je laisse échapper un léger rire, tentant de détendre un peu l’atmosphère pour ne pas que la journée soit plombée par mon humeur morose. « Tu me laisses quinze minutes le temps de me refaire une beauté et je te rejoins en bas ? » Je plaque un baiser un peu plus énergique sur la joue de ma fille et la laisse quitter ma chambre avant que je ne laisse échapper un long soupir. Ok. C’est le moment de se donner une claque. Une douche rapide, j’enfile un jean, un t-shirt qui appartenait à Stella - impossible de m’en empêcher - et un sweat, pas question de m’habiller ‘classe’ pour aller au skate park. Une paire de basket en toile, un coup d’anti-cernes pour cacher les rougeurs dues à mes pleurs prolongés, et me voilà prête. Je rejoins Joy en bas tout en récupérant mon sac à main. « On peut y aller je suis prête ! » Paquet de clopes en poche, nous quittons la maison, prenant la route dans ma vieille bagnole de collection, pour rejoindre Santa Monica. « Ça fait un moment qu’on voit pas passer Roni à la maison, ça se passe toujours bien toutes les deux ? »
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Jeu 21 Mar - 20:16
Le plus simple pour se changer les idées était de sortir. Prendre un peu l’air n’avait jamais fait de mal à personne, bien au contraire. Une idée vint tout de suite à l’esprit de Joy. Pour se rapprocher de sa mère, il fallait partager avec elle quelque chose qui lui était personnel. L’emmener au skate park était sans doute une bonne façon de se rapprocher d’elle. « Une figure ? Vraiment ? Tu as progressé aussi vite ? » Joy haussait les épaules, un sourire venant flotter sur ses lèvres. Elle était heureuse de voir que sa mère était impressionnée. C’était peut-être idiot, mais c’était une attitude qui la rapprochait encore du monde de l’enfance. Monde dont elle tendait à se détacher ces derniers temps, en raison des derniers évènements. Cependant, Joy savait que sa mère n’avait pas l’habitude de l’accompagner pour ce genre de choses, que c’était Stella qui s’occupait de ça en général. Elle ne voulait pas donner l’impression à Loan qu’elle essayait de la mettre dans la posture de la remplaçante. « Non au contraire, je suis curieuse de voir comment tu te débrouilles, et comment tu arrives à tenir debout sur ces engins de malheur ! » lui glissait maman Loan en secouant la tête, laissant son léger sourire se transformer en rire. « Tu me laisses quinze minutes le temps de me refaire une beauté et je te rejoins en bas ? » Joy hochait doucement la tête, laissant un sourire prendre place sur ses lèvres. « Pas de souci. Mais quinze minutes hein, pas une de plus. » plaisantait-elle avant de s’éclipser de la pièce, refermant la porte derrière elle. La jeune fille n’avait rien de particulier à préparer pour sortir. Elle se maquillait à peine et ne prenait pas le temps de le faire lorsqu’elle montait sur sa planche, en général. Aussi, elle allait récupérer son skateboard et s’installer sur le canapé en attendant que sa mère descende finalement la rejoindre. « On peut y aller je suis prête ! » retentissait finalement la voix de Loan alors que ses bruits de pas se faisaient entendre dans l’escalier. Joy redressait la tête, adressait un large sourire à sa mère. « Alors, c’est parti ! » La jeune femme suivait sa mère jusqu’à sa belle voiture. Elle déposait sa planche, son casque et ses protections dans le coffre – inutile d’inquiéter maman Loan en lui montrant qu’il lui arrivait de rouler sans aucune protection –, avant de prendre place à ses côtés. La voiture parcourait tranquillement les rues de Los Angeles lorsqu’une question de Loan se mit à claquer dans l’air. « Ça fait un moment qu’on voit pas passer Roni à la maison, ça se passe toujours bien toutes les deux ? » Joy pinçait les lèvres. Elle ne s’attendait pas du tout à ce que le sujet-Roni soit abordé ce jour-là. Elle n’était pas particulièrement prête à aborder le sujet. Mais si elle évitait la question, c’était fichu ; dans tous les cas, sa mère serait au courant que quelque chose n’allait pas. « Hmpf. Joker ? » La jeune fille tournait son regard vers Loan, détaillant ses expressions faciales durant quelques instants, avant de laisser échapper un soupir. « Je ne la reconnais plus maman. Elle fait des choses… Pas très cool. » soufflait-elle doucement, en pensant à la façon dont elle était restée là tout l’été, sans jamais prévenir qui que ce soit que l’internat était fermé. Et cela blessait énormément Joy. Elle était supposée être sa meilleure amie non ? Pourquoi ne lui avait-elle rien dit ? « Elle m’a menti et m’a caché des choses. Genre, des trucs énormes. Et puis, elle s’est rapprochée de cette fille qu’elle détestait jusque là. » Elle détournait le regard, sentant les larmes lui monter légèrement aux yeux. « Je crois qu’elle n’a plus besoin de moi. C’est pour ça qu’elle ne vient plus. » finit-elle par lâcher d’un ton quelque peu amer. Dans son esprit, les choses étaient plutôt claires. Elle avait perdu sa mère et sa meilleure amie en même temps. Pas de la même façon, mais la finalité était la même. Dans tous les cas, elle se sentait seule.
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Lun 25 Mar - 15:26
Une fois grimpées dans la voiture, j’allume le poste radio, juste pour avoir une musique de fond, et trouve rapidement un sujet de conversation qui me vient tout naturellement. Roni, cette jeune fille de qui Joy a toujours été très proche, depuis qu’elles sont petites. Un coup chez l’une un coup chez l’autre, on avait souvent Roni à dormir à la maison, et j’ai toujours bien aimé cette gamine. C’est pour ça que je suis étonnée que Joy n’en parle plus. « Hmpf. Joker ? » Joker ? Je tourne la tête en direction de ma fille et cherche à savoir ce qu’elle cache, fronçant les sourcils légèrement. Elle a le droit à son jardin secret, et si elle ne veut pas en parler, je ne l’y forcerai pas. Je ne suis pas de ce genre. « Ok. Joker. » Mais finalement, Joy ressent visiblement le besoin d’en parler. « Je ne la reconnais plus maman. Elle fait des choses… Pas très cool. » Nouveau froncement de sourcil, un regard vers ma cadette, l’incitant à poursuivre dans sa lancée. « Elle m’a menti et m’a caché des choses. Genre, des trucs énormes. Et puis, elle s’est rapprochée de cette fille qu’elle détestait jusque là. » Oh. Je vois. Déception, et je crois percevoir un poil de jalousie aussi dans sa voix. « Je crois qu’elle n’a plus besoin de moi. C’est pour ça qu’elle ne vient plus. » Je secoue la tête en entendant sa voix chevroter légèrement. De toute évidence, Joy souffre de cet éloignement avec sa meilleure amie, et je n’aime pas entendre ça. « Chérie… » Je pose ma main sur son genou juste pour lui montrer que je suis là, avant de poursuivre. « Ne dis pas des choses pareilles. Tu sais il y a des fois où les gens changent, ils prennent des décisions ou des chemins différents, et ça peut ne pas nous plaire. Ça ne veut pas dire non plus qu’elle a tiré un trait sur toi. » Je la laisse assimiler ce que je lui dis avant de poursuivre. « Regarde, avec Ellen et Ella aussi on a eu quelques périodes où on se voyait beaucoup moins, j’ai pas spécialement apprécié certains de leurs choix et elles n’ont sans doute pas apprécié tous les miens, mais ça ne veut pas dire que l’amitié est perdue pour autant. » C’est même une certitude. Je ne veux pourtant pas lui donner de faux espoirs, j’ai juste besoin d’avoir tous les détails, ou du moins ceux qui me semblent les plus importants. « Tu as essayé de savoir si elle était bien dans sa peau, bien dans sa vie en ce moment ? »
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Jeu 16 Mai - 2:25
Elle avait du mal à en parler, sans doute parce que cela la touchait bien plus qu’elle ne le pensait. Il se passait tellement de choses d’un seul coup. C’était son monde entier qui se trouvait bousculé du jour au lendemain, attaqué en son cœur. Joy sentait qu’elle était à la dérive mais elle cherchait à tout garder pour elle car elle savait que le reste de la maisonnée souffrait également. Elle ne voulait inquiéter personne, préférait l’idée de prendre soin des siens. Mais même si Loan avait besoin de soutien, elle restait sa mère. Maman de laquelle la lycéenne avait toujours été proche, à laquelle elle n’était jamais parvenue à cacher quoi que ce soit. Alors face à elle, sa langue se déliait, laissait entrevoir tout ce qu’elle avait sur le cœur. Joy parlait ainsi jusqu’à se sentir plus légère, comme si elle partageait ce poids avec sa mère, et cela lui faisait du bien. Un court silence s’installait alors dans l’habitacle de la voiture, avant que maman Loan ne reprenne la parole. « Chérie… » Sa voix douce mettait aussitôt du baume au cœur de Jane, mais plus encore, c’était sa main qui venait se poser sur son genou qui finissait de la convaincre qu’elle n’était pas seule. « Ne dis pas des choses pareilles. Tu sais il y a des fois où les gens changent, ils prennent des décisions ou des chemins différents, et ça peut ne pas nous plaire. Ça ne veut pas dire non plus qu’elle a tiré un trait sur toi. » Joy pinçait les lèvres. Elle voulait vraiment y croire. Mais elle ne comprenait tout simplement pas. Pourquoi Roni ne lui avait pas simplement dit qu’elle préférait changer d’air, plutôt que de lui servir une excuse sans queue ni tête. Pourquoi aurait-elle assumé que la Kelley-Moore était incapable d’entendre que sa meilleure amie avait besoin d’aide pour ne pas être à la rue ? Cela ne faisait aucun sens. « Regarde, avec Ellen et Ella aussi on a eu quelques périodes où on se voyait beaucoup moins, j’ai pas spécialement apprécié certains de leurs choix et elles n’ont sans doute pas apprécié tous les miens, mais ça ne veut pas dire que l’amitié est perdue pour autant. » La lycéenne pinçait les lèvres. Elle voulait protester, dire que les choses étaient différentes. Mais dans le fond, elle savait que sa mère avait raison. « Tu as essayé de savoir si elle était bien dans sa peau, bien dans sa vie en ce moment ? » Elle secouait la tête à la négative, quand bien même maman Loan ne pouvait le voir. C’était un geste timide qui trahissait l’idiotie que Joy parvenait à se reprocher. « Je… Non. On ne se parle plus depuis un moment. » Les yeux de la jeune fille commençaient à s’embuer, l’obligeant à lever les yeux vers le plafond de l’habitacle. Elle ne voulait pas pleurer. Pas encore une fois. Pas alors qu’elles essayaient de se changer les idées. « Roni est persuadée que j’ai besoin de rester seule depuis… Enfin, tu sais. Depuis l’accident. Elle l’a décidée toute seule, comme si mon avis ne comptait pas. » Et dans le fond, la Reynolds avait raison. L’accident – et surtout ses conséquences – occupait une bonne partie de ses pensées. Mais Roni occupait sans aucun doute tout le reste. « Et puis, elle a ses nouvelles amies maintenant. Alors, je n’ai pas voulu la contredire. Elle avait l’air de trouver ça plus logique que je n’ai pas envie de lui parler. » Elle haussait les épaules, comme si cela ne faisait aucune importance, alors qu’en réalité, il lui fallait se retenir afin de ne pas fondre en larmes. « Mais ce n’est pas grave, parce que c’est la famille le plus important. Pas vrai ? » Et ce même si certains prétendaient que les amis étaient la famille que l’on se choisissait.
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Mar 21 Mai - 9:44
Je sens bien que j’ai mis les pieds dans le plat sur un sujet qui a l’air d’être un peu épineux. Mais je me dis surtout que si je veux qu’elle me parle, je dois lui montrer que je suis et serai toujours une oreille attentive. C’est important pour l’évolution de notre lien maintenant que Stella n’est plus là. Parce qu’elle avait toujours eu ce rôle plus assumé que moi, de les écouter, les conseiller. Elle était la maman calme et posée, j’étais la fofolle qui leur faisait faire des trucs plus fous, plus comme la bonne copine. Aujourd’hui je dois assumer les deux rôles, et je compte le faire bien. Alors pendant qu’elle me parle de sa relation avec Roni, le fait que le discours soit rompu, j’analyse, tout en restant bien concentrée sur ma route. Il faut dire que depuis l’accident de Stella, je suis un peu plus crispée au volant, mais j’imagine que ça finira par passer. « Je… Non. On ne se parle plus depuis un moment. » J’entends dans sa voix que c’est difficile pour elle d’en parler, de le formuler. Cette absence la pèse, et ça peut se comprendre. « Roni est persuadée que j’ai besoin de rester seule depuis… Enfin, tu sais. Depuis l’accident. Elle l’a décidée toute seule, comme si mon avis ne comptait pas. » Je soupire un peu. Les enfants n’ont pas toujours les bons comportement, c’est une certitude. Et clairement en ce moment, ce n’est pas d’être seule dont Joy a besoin, c’est de soutien, et de présence, bien au contraire. « Et puis, elle a ses nouvelles amies maintenant. Alors, je n’ai pas voulu la contredire. Elle avait l’air de trouver ça plus logique que je n’ai pas envie de lui parler. » Je secoue un peu la tête, légèrement déçue du comportement de la jeune femme qui se disait meilleure amie. Peut-être l’est elle encore, peut-être ne le sera-t-elle plus. En attendant, je dois faire comprendre à Joy que sa famille est là. Du moins ce qu’il en reste. « Mais ce n’est pas grave, parce que c’est la famille le plus important. Pas vrai ? » Je n’ai même pas eu le temps. Je viens poser ma main sur son genou et y récupère sa main pour la serrer dans la mienne. « C’est vrai, la famille c’est le plus important. Et quand Roni se sera rendu compte de sa bêtise, peut-être qu’elle reviendra pour s’excuser. Mais en attendant, essaie de ne pas te focaliser là dessus mon ange, ok ? » Je sais bien que c’est plus facile à dire qu’à faire. Dernière ligne droite en direction du skate park et nous voilà arrivées. Je gare la voiture et descends, récupérant la planche de Joy sur le siège arrière avant de lui tendre, le sourire aux lèvres. « Alors, montre-moi ce que tu sais faire, championne ! Et après tu m’apprendras ! » Quoi ? Je suis sûre qu’on pourrait se faire une bonne partie de rigolade à me voir monter là dessus.
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Jeu 6 Juin - 22:38
Relativiser. C’était important pour ne pas sombrer, ne pas tomber de cheval encore et encore, jusqu’à ne plus avoir la force de se relever. Alors Joy se raccrochait à ce qui lui restait. Sa famille. Elle n’était plus complète, il en manquait un grand fragment, mais au final, cela n’empêchait pas son attachement pour le reste des siens. Cela ne l’empêcherait jamais. Et c’était réconfortant de se dire qu’ils – maman Loan, papa Clyde, tonton Sasha et ses sœurs – seraient toujours là pour la soutenir comme elle serait toujours là pour eux. Sa mère semblait partager cet avis puisqu’elle ne tardait pas à venir poser sa main sur son genou, lui montrant par sa simple geste qu’elle la soutenait. « C’est vrai, la famille c’est le plus important. Et quand Roni se sera rendu compte de sa bêtise, peut-être qu’elle reviendra pour s’excuser. Mais en attendant, essaie de ne pas te focaliser là dessus mon ange, ok ? » Joy hochait la tête, adressant un sourire à sa mère avant de rapidement tourner son regard vers la vitre. Ses yeux la brûlaient et les larmes menaçaient de rouler le long de ses joues, mais regarder le paysage l’aidait à rester forte. Elle n’était pas sûre que Roni reviendrait un jour vers elle, qu’elles parviendraient à retrouver ce qu’elles avaient auparavant, mais elle l’espérait de tout son cœur. Le trajet continuait ainsi jusqu’à ce que la voiture s’arrête finalement à côté du skatepark. « Alors, montre-moi ce que tu sais faire, championne ! Et après tu m’apprendras ! » suggérait maman Loan avant de tendre la planche à roulettes à sa fille. Joy ne put retenir un léger rire. « Vraiment ? Pas besoin de me le dire deux fois. » La blonde s’empressait de positionner son casque sur sa tête, s’attelant ensuite à mettre ses protections afin d’éviter de mal retomber sur l’une de ses articulations. « J’ai rêvé de ça en plus, l’autre jour. Que tu montais sur ma planche. Tu ne te débrouillais pas trop mal. » avouait-elle à sa mère avant de monter sur son skate. Elle commençait par rouler sur quelques mètres afin de bien se remettre sur sa planche, avant de commencer à enchainer les tricks de base. Ollie, frontside, backside, pop-shovit… Juste de quoi montrer à sa mère ce qu’elle savait faire, sans prendre le risque de se mettre en danger devant elle. Si Stella ne paraissait pas être à deux doigts du décès à chaque fois que Joy montait sur sa planche, la jeune femme ne savait pas encore comment pouvait réagir maman Loan. « Alors, c’était comment ? » finissait-elle par demander avec sincérité, en revenant vers sa mère. Son avis lui importait réellement.
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Ven 14 Juin - 10:44
Je sens bien que la situation lui échappe et plus encore, qu’elle la blesse. Je ne trouve pas Roni très intelligente de laisser sa meilleure amie en plan au moment où elle a le plus besoin d’elle. Il y a sans doute quelque chose en dessous de tout ça, mais pour le moment je l’ignore. Après tout, ce n’est pas mes affaires, c’est leur histoire, et je n’ai pas à m’en mêler. Tout ce que je peux faire c’est écouter ma fille, ce qu’elle a envie et besoin de me dire, essayer de la conseiller du mieux que je peux, et c’est tout. J’espère simplement que les choses finiront par s’arranger pour elles deux, leur amitié était si précieuse…

Changement d’atmosphère quand nous arrivons au skate park, et je propose à Joy de me montrer ce qu’elle sait faire. Il y a bien longtemps que je ne l’ai pas vue monter sur un de ces engins de malheur, et je suis bien contente de voir qu’elle se protège comme il se doit. Il n’y a pas de danger de mort certes, mais si on peut éviter qu’elle se casse quoi que ce soit, je ne suis pas contre. « J’ai rêvé de ça en plus, l’autre jour. Que tu montais sur ma planche. Tu ne te débrouillais pas trop mal. » Je ris un peu, secouant la tête. « Je ne crois pas que tu fasses des rêves prémonitoires chérie ! » Je la regarde filer et reste attentive à ses mouvements. Elle se débrouille vraiment bien, y’a pas à dire. Je suis même impressionnée par sa technique. Oh j’imagine que d’autres font mieux, mais moi, ça m’impressionne. Sûrement parce que c’est ma fille aussi. Elle revient, souriante, en me demandant comment je l’ai trouvée. Je l’applaudis même. Quoi, j’en fais trop ? Large sourire sur les lèvres, je lui réponds sans tarder. « Génial ! Tu te démerdes vachement bien !! Je suis impressionnée ! » Je lui offre une mine impressionnée pour aller avec mes mots, et lui fais signe de me donner tout son attirail. « Allez à moi maintenant ! » Ça va être drôle tiens. Elle m’explique le mouvement de base, comment mettre mon pied sur la planche et faire appui de l’autre pour avancer. Mais je me tiens à son épaule quand même au début. Je fais quelques mètres et descends rapidement parce que j’ai l’impression que je vais me planter. Après quelques essais infructueux j’arrive à faire quelques mètres, sous les applaudissements de ma fille. C’est ridicule, mais ça me fait rire. Je n’irai pas plus loin, c’est déjà beaucoup. Finalement, ce moment avec elle me fait le plus grand bien, je ne pense plus à rien et c’est une réelle bénédiction. Ce sont mes filles qui me sauveront de cette dépression, c’est une certitude.
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Lun 1 Juil - 0:26
C’était étrange de faire du skateboard avec maman Loan, mais ça n’avait rien de déplaisant. Si Joy avait eu une légère appréhension à l’idée que sa mère la fasse descendre de sa planche – il n’était pas rare que des parents effrayés demandent à leurs enfants d’arrêter avant de se casser un bras ou une jambe –, celle-ci s’était vite dissipée. En réalité, sa mère semblait fière d’elle et cela ravissait le cœur de la lycéenne, qui appréciait l’idée d’enfin passer un peu de temps avec Loan. Revenant vers elle, Joy ne tardait pas à lui demander ce qu’elle avait pensé de sa prestation. Elle était restée loin des modules pour cette fois, préférant rester à des figures plus basiques pour un début. « Génial ! Tu te démerdes vachement bien !! Je suis impressionnée ! » Son expression venait confirmer ce qu’elle disait. Et la lycéenne ne put empêcher son visage d’être traversé d’un large sourire. C’était plaisant de savoir que sa mère était fière d’elle. Impressionnée. Ça lui réchauffait le cœur. « Merci. Ça m’a fait plaisir de te montrer tout ça. » Se délestant de ses affaires, comme sa mère le lui indiquait, elle ne tardait pas à lui tendre la planche avec ses protections et son casque. « Allez à moi maintenant ! » Joy laissait sa mère prendre ses affaires de skateboard afin de s’équiper. Bien vite, elle tentait de monter sur la planche pour rouler quelque peu. Cela rappelait à la lycéenne la fois où elle avait essayé de faire découvrir cette activité à Roni. Mais elle chassait bien vite ce souvenir de son esprit alors qu’elle apercevait maman Loan qui avançait de quelques mètres sans trop vaciller. Son sourire s’élargissait alors qu’elle se mettait à applaudir, attirant les regards de quelques badauds, mais elle n’en avait que faire. « C’est génial maman ! Tu te débrouilles bien ! » s’exclamait-elle alors qu’elle courait pour rejoindre sa mère, la serrant dans ses bras. « Mon rêve était peut-être un tout petit peu prémonitoire quand même. » la taquinait-elle alors qu’elle décrochait ses bras du corps de Loan. Ça la faisait rire de savoir qu’elle avait eu raison, au moins un peu. « Et je suis fière de toi, maman. T’es courageuse. » D’avoir bien voulu monter sur la planche, mais également d’avoir surmonté sa peine pour sortir avec sa fille. Joy se penchait pour récupérer son skateboard, avant de glisser sa main dans celle de maman Loan. Elle l’entrainait avec elle jusqu’à un banc, l’invitant à s’asseoir pour enlever toutes ses protections. Alors que sa mère se déséquipait, Joy s’éloignait quelques instants afin de chercher après deux glaces, qu’elle ne tardait pas à ramener en direction de sa mère. « Tiens, c’est le bonus bonne humeur. » soufflait-elle à Loan en lui tendant une glace.
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