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"The only cure for suffering is to face it head on, grasp it round the neck and use it" [Emily&Eirlys]

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"The only cure for suffering is to face it head on, grasp it round the neck and use it" [Emily&Eirlys]
Jeu 9 Aoû - 23:46
Los Angeles, Août 2018

Pour la quinzième fois, Emily vérifia les indications sur son téléphone. Réunion de soutien aux survivants des camps de thérapie de conversion, à l’adresse où elle se trouvait… mais une heure plus tôt. Avec un soupir, elle remis son téléphone dans son sac, puis écarta les bras pour laisser l’eau goutter de ses vêtements détrempés sur le bitume californien.
En tombant sur les coordonnées de ce groupe, elle pensait que la chance lui souriait. Elle n’avait pas compté sur les embuches que Dieu planterait sur sa route.

1h plus tôt…
Emily était tranquillement installée sur son lit – ou plutôt sur son futon, car elle avait adopté une vie au ras du sol dans sa nouvelle chambre – quand son alarme sonna pour lui rappeler la réunion à laquelle elle souhaitait assister.
Son ordinateur posé sur son matelas, une page internet était ouverte sur sa boîte mail qu’elle vérifiait toutes les trois minutes depuis un peu plus d’une semaine, espérant avoir des nouvelles de River Khadka. Elle avait eu du mal à se concentrer sur son travail depuis leur rencontre, mais surtout, elle avait décidé de se prendre en main.
Qu’elle le veuille ou non, son retour aux Etats-Unis avait fait remonter des souvenirs désagréables des dernières années, et la doctorante n’était pas décidée à laisser d’anciennes blessures la condamner à une carrière médiocre et à des relations malsaines avec les autres.
Si elle voulait réellement aller de l’avant, il lui fallait de l’aide.
La fuite n’avait, après tout, pas fait ses preuves.

Elle repoussa le cahier sur lequel elle travaillait, le reposa à sa place, au coin de son bureau, et s’arrêta une seconde pour admirer le dessin de River qu’elle avait déjà encadré et suspendu juste au-dessus dudit bureau.
Plus décidée que jamais, elle attrapa un gilet – il faisait certes chaud en cette saison à L.A., mais elle se méfiait du vent du Pacifique et craignait que la température ne chute dans la nuit – en même temps que ses clefs de voiture et son sac à main. Elle s’enfuit de l’appartement avant que ses colocs ne puissent lui demander où elle allait, peu désireuse de partager ses plans pour la soirée avec qui que ce soit.
Elle voulut mettre en marche le GPS de son téléphone mais, pour une raison inconnue, celui-ci refusa l’adresse qu’elle y entrait. En désespoir de cause, elle indiqua une adresse un bloc plus loin, et suivi les instructions, sans inquiétude réelle.
Emily n’aurait cependant jamais dû douter de sa malchance naturelle, toujours là pour accompagner sa maladresse.
L’adresse indiquée se trouvait dans une rue bloquée. La bonne humeur d’Emily ne saurait être démolie si facilement, aussi décida-t-elle de se garer encore une rue plus loin, et de terminer la route à pieds. Une fois sa voiture correctement garée et verrouillée, elle envisagea de trouver son chemin.
Mais voilà. Nous sommes à L.A.
Une ville américaine conçue exclusivement pour la circulation en voiture.

Après avoir manqué de se faire écraser deux fois, Emily décida de couper par la route barrée. Tous les chemins mènent à Rome, et il n’était guère difficile de s’orienter dans des rues orthogonales. La nuit commençait à tomber, et elle était distraite.
Elle ne vit pas le panneau d’avertissement qui interdisait aux piétons de circuler, à cause de tuyauteries qui cédaient de façon incontrôlée. Le nez levé, elle admirait simplement les bâtiments branlants, certains en voie de démolition, d’autres déjà complètement en ruines. Captivée par la beauté romanesque de cette rue – et se félicitant d’avoir choisie de passer par là – elle n’anticipa pas l’explosion d’un tuyau dans un mur, qui provoqua un geyser qui l’aspergea et la précipita à terre un peu trop brutalement.
Il ne fallut que quelques secondes pour que l’eau s’égoutte du tuyau, quelques-unes de plus pour qu’Emily se remette sur pieds, reprenne ses esprits… et rebrousse chemin.
Elle préférait être écrasée par une voiture que par un immeuble qui s’effondrerait sur elle.

Dieu voulait-il l’empêcher de se rendre à ce meeting ?
Probablement.
Car une fois arrivée, elle se rendit compte d’une autre erreur : elle s’était trompée d’heure.
Elle avait glissé la tête par la porte le temps de vérifier que la réunion avait lieu là, et elle avait surpris les gens en plein épanchement.
Elle s’était éloignée précipitamment, et se tenait désormais devant le bâtiment, vérifiant ses indications, et constatant son erreur.
Que faire, alors ?
Rebrousser chemin ?
Rester pour au moins demander des informations ?
Après quelques minutes, quand elle crut entendre de l’agitation dans la salle de la réunion, elle revint à l’intérieur, avec ses vêtements mouillés et sa mine dépitée.
Evidemment, elle eut beau essayer de se faire discrète, elle fut remarquée immédiatement. Elle s’adressa donc à une femme brune, bien plus âgée qu’elle, pour lui demander qui était responsable des réunions, et on la dirigea vers une trentenaire à la chevelure blonde, qui se trouvait à quelques pas.

Alors Emily s’approcha, quitte à interrompre une discussion entre la blonde – Eirlys, lui avait-on indiqué – et un autre « survivant ».
« Excusez-moi de vous interrompre. Eirlys ? Je cherche la personne qui organise ces… meetings. Je… » Elle se redressa un peu, essaya d’avoir un air plus convenable derrière sa mine peu reluisante. « Je m’appelle Emily et je viens de rater le meeting mais… serait-il possible de discuter ? Avec vous ? »
Elle hésitait encore quant à la légitimité de sa présence, oublia même de serrer la main d’Eirlys alors qu’elle se présentait, puis guetta avec inquiétude les personnes autour d’elle.
Non, elle n’avait peut-être pas sa place ici, après tout.
« … En fait laissez tomber. Je ne devrais même pas être ici, » renonça-t-elle subitement, avant d’essayer de faire demi-tour.
Non, elle n’était pas prête à aller de l’avant.
Le méritait-elle seulement.
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"The only cure for suffering is to face it head on, grasp it round the neck and use it" [Emily&Eirlys]
Ven 10 Aoû - 12:53
La salle de sport était presque vide quand Eirlys attrapa son sac pour enfin pouvoir partir. En cet fin d’après-midi, elle laissait à Tommy la chance de fermer la salle de sport car pour sa part, elle avait des choses à faire. Elle se dirigea jusqu’à sa voiture et jeta son sac à l’arrière de celle-ci avant de se mettre comme il le fallait sur le siège conducteur, ajustant le rétroviseur brièvement. Toutefois, elle n’alluma pas le moteur tout de suite. À la place lle ouvrit la boîte à gant et en sortit la longue lettre qu’elle avait découvert en rentrant l’autre soir en même temps que les placards vidés de Scarlett.
Sa désormais ex-petite-amie disait avoir découvert l’existence de sa garçonnière et qu’elle comprenait enfin que les choses ne pouvaient pas continuer comme ça. Que ce n’était pas une vie, pour aucune des deux, et qu’elles méritaient mieux. Et ce n’était pas Eirlys qui allait la contredire, au contraire, mais en même temps… elle se sentait abandonnée et trompée, comme si toutes les dernières années passées avec elle à attendre que ça passe n’avaient servies à rien. Comme si on l’avait volé de quelque chose. Elle s’était attendue à être soulagée le jour où enfin elle serait officiellement célibataire mais c’était tellement loin d’être le cas. Elle se sentait vide.
Finalement elle rangea la lettre pour démarrer le moteur. Elle ne voulait pas être en retard pour la réunion du groupe.

Elle ne fut pas en retard, elle fut même en avance. Elle disposa la salle avec l’aide d’une personne du groupe de parole précédent, puis disposa du café, des gobelets, thés et autres victuailles sur une table pour après la séance. Les premiers arrivèrent rapidement, et la réunion pu débuter. Pour le coup, la femme était loin d’être attentive à ce que disaient les personnes présentes et laissa à Monica, une femme brune ayant la cinquantaine, mener la danse pour une fois. Enfin la réunion se termina et Eirlys se leva, annonçant au groupe que si certains désiraient rester parler entre eux, il n’avaient pas à hésiter.
L’un d’entre eux l’approcha et se présenta rapidement comme Mark. Il n’avait pas pris la parole durant ce meeting, mais il lui dit qu’il se sentait mieux de savoir qu’il n’était pas le seul à devoir se battre dans sa vie de tous les jours pour surmonter ce qu’il avait vécu. Elle lui sourit et donna une petite tape dans son épaule.
« Je suis contente que ça t’aide, et j’espère que tu reviendras plus tard. Pour partager ou écouter à nouveau. »
Il allait répondre quelque chose quand quelqu’un les interrompit. Eirlys avait déjà pris note de sa présence : c’était une jeune femme, qui paraissait plus jeune qu’elle de quelques bonnes années, plutôt jolie, avec des atouts certains qui ne manquèrent pas d’attirer l’œil vif de la blonde, et surtout qui était trempée. Pourtant la journée était ensoleillée, comment avait-elle bien pu finir dans cette état. Eirlys fronça les sourcils brièvement, interrogative, mais la laissa parler la première.

Elle se présenta – Emily était un très joli prénom – et annonça vouloir discuter. La blonde échangea un regard un instant avec Monica qui surveillait la situation d’où elle se trouvait, intriguée de voir ce que la jeune fille trempée voulait, et elle hocha la tête.
« Je suis bien l’orga— » Une phrase qui resta en suspens, puisque finalement Emily décida qu’elle n’avait rien à faire ici. Eirlys se tourna alors vers Mark. « Désolée, je vous laisse, on se reverra. » Elle lui sourit alors que la fille approchait déjà à grand pas de la porte et trottina pour la rattraper rapidement.
Une fois à sa hauteur elle posa sa main sur son épaule pour la pousser à se retourner. Elle lui offrit un sourire rassurant.
« Emily, c’est ça ? Je suis bien Eirlys. Viens. »
Sa main glissa jusqu’à son poignet pour la tirer sans forcer vers un coin de la salle où des tables étaient alignées avec des chaises. Elle en écarta une puis plaça les chaises d’un côté puis de l’autre de la table afin de leur permettre de s’asseoir l’une en face de l’autre. Elle tendit la main vers une des chaises pour l’inviter à s’asseoir.
« Monica est allée voir si elle pouvait te trouver une serviette, et je suis là pour répondre à toutes les questions que tu as. Je sais que tu viens de dire que tu ne devrais pas être ici, mais si tu l’es c’est certainement faux. Alors parlons. » Pour sa part Eirlys s’installa, tournant la chaise afin de pouvoir appuyer ses bras croisés sur le dossier, le jambes écartées autour de ce dernier. Elle continuait de lui sourire de façon encourageante, se montrant ouverte et à l’aise, décontractée même, prête à tendre l’oreille pour elle. « Et si tu commençais par me dire ce qui t’amène ici en premier lieu ? » proposa-t-elle pour offrir une piste par où commencer à Emily.
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"The only cure for suffering is to face it head on, grasp it round the neck and use it" [Emily&Eirlys]
Sam 11 Aoû - 12:02
Emily sursauta en sentant la main d’Eirlys contre son épaule et se retourna avec appréhension. Elle ne s’attendait pas à ce qu’on la poursuive alors qu’elle essayait de fuir lâchement – depuis quand fuyait-elle les difficultés, d’ailleurs ?
Elle réprima l’envie de se dégager quand elle sentit Eirlys lui attraper le poignet, rassurée par la légèreté de sa poigne, et la suivit docilement sans dire un mot. Elle n’était pas vraiment en état de protester, et puis, il fallait être honnête, Eirlys la ramenait là où elle pensait devoir être.
Elle espérait simplement qu’une poutre n’allait pas leur tomber sur la tête si l’univers était vraiment décidé à l’empêcher de participer à ce groupe de soutien.
Bêtement, elle s’assit et vérifia le plafond, aussi absurde puisse être l’idée que le plâtre au-dessus d’elles lâche.

Elle cessa de se préoccuper d’un scénario catastrophe pour évaluer la personne qui s’installait face à elle. Le joli visage de la blonde la rassurait, curieusement. Peut-être s’étaient-elles rencontrées dans une vie antérieure, ou dans un univers parallèle. En tout cas, Emily avait commencé à se tordre nerveusement les mains, mais elle se calma presque aussitôt qu’Eirlys l’invita à expliquer ce qui l’avait amenée en ce lieu.
« La même chose que tous les autres, je suppose, » répondit-elle directement, avec une pointe de cynisme.
Elle fut immédiatement punie par le petit Jésus qui la fit éternuer brusquement.
Elle vexerait peut-être Eirlys par cette réponse, mais elle n’y pensa qu’après coup.
Elle ne cherchait pas particulièrement à l’envoyer promener. Elle était reconnaissante qu’elle l’ait retenue. Mais de là à verbaliser des choses qu’elle n’avait jamais vraiment mises en mots…
Elle remit une mèche de cheveux détrempés derrière son oreille, un peu gênée de sa réponse abrupte.
« Je… Je ne sais pas vraiment, en fait. Pourquoi je suis venue, » nuança-t-elle aussitôt, dans un mensonge assez évident.
A la rigueur, pendant le meeting, elle aurait pu voir les autres parler de leur histoire, et elle aurait fait de même, et elle aurait eu cet énorme poids retiré de ses épaules. Elle avait plus de mal en étant assise dans un coin de la salle la blonde.
Elle vit la dénommée Monica revenir avec une serviette, la remercia chaleureusement et commença à s’éponger, tout en poursuivant.
« Je voulais venir voir. Si ça aidait, de parler de … »
Elle suspendit sa phrase, sans vraiment savoir quel terme était plus approprié.
Du trauma ?
Des tortures ?
De la honte, qui perdurait ?
« … de la thérapie. De conversion. » finit-elle enfin.
Les mots sortaient difficilement, coincés par un nœud au fond de sa gorge.
Personne n’était là pour la juger pourtant, Eirlys était sans doute passée par le même enfer.
Etrangement, même si l’expérience remontait à deux ans, la blessure était toujours à vif.
« Je suis écrivaine, je n’ai pas vraiment l’habitude de perdre mes mots, ou de ne pas savoir exprimer quelque chose, » continua-t-elle, cette fois un peu plus assurée. « Mais… ça fait deux ans que je suis sortie de ma dernière thérapie de conversion, et je suis partie deux ans à l’étranger, je viens de revenir aux Etats-Unis et… » Elle ramena la serviette autour de son cou, cessant de s’éponger en même temps qu’elle parlait, distraite par la multitâche. Le verbe « partir » n’était évidemment pas celui qu’elle aurait dû utiliser pour être précise. « … et je crois que j’aurais besoin d’aide pour vraiment revenir. Mais je ne sais pas si toi ou les autres pouvez vraiment faire quoi que ce soit. »
Elle haussa les épaules, revenant progressivement à sa position d’origine : elle n’avait peut-être pas sa place ici.
« Il suffit de me regarder : j’ai eu quelques pépins sur le chemin. Je vais finir par croire que les… « thérapeutes » – elle mima les guillemets de ses doigts – avaient raison en disant que Dieu me punit pour mes « péchés ». »

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"The only cure for suffering is to face it head on, grasp it round the neck and use it" [Emily&Eirlys]
Sam 11 Aoû - 16:12
Il fallait bien plus que du cynisme pour démonter Eirlys, aussi elle se contenta de laisse Emily décider de ce qu’elle voulait faire : parler ou s’en aller. Après tout elle ne la retenait plus, elle aurait pu s’enfuir en l’insultant parce qu’elle l’en avait empêchée. L’éternuement en revanche la surprit et elle eut un mouvement de recule accompagné d’une petite grimace. Ca sembla la calmer. Elle avança ignorer la raison pour laquelle elle se trouvait là. Le mensonge était évident. La blonde haussa les épaules et offrit un demi-sourire à Emily.
« D’accord. »
Monica arriva à ce moment là pour offrir une serviette à la nouvelle venue. Eirlys posa sa main sur le poignet de la brune en levant les yeux vers elle.
« Tu peux nous amener un truc chaud à boire s’il te plaît ? »
Il faisait déjà chaud, mais Emily était toujours trempée, même si avec la serviette ça allait mieux, quelque chose de chaud ne pourrait que lui faire du bien entre les murs frais et surtout conditionnés d’air frais. Monica accepta sans rechigner et les laissa après avoir posé une main pleine de sympathie sur l’épaule d’Eirlys, l’encourageant à aider du mieux qu’elle pouvait ce petit chiot perdu.
Finalement Emily sembla se reprendre. Elle avait toujours du mal à exprimer ses pensées et Eirlys comprenait. Certaines personnes venues ici avaient déjà éclaté en sanglot dans ses bras avant même de dire quoi que ce soit, ce n’était donc pas ça qui allait la déstabiliser. Plus que la pause lorsqu’elle chercha ses mots, ce fut celle entre ‘thérapie’ et ‘de conversion’ qui la fit tiquer. Comme s’il vivre ça était comme aller faire une vraie thérapie, comme s’il y avait quelque chose à réellement guérir.

Eirlys continua de l’observer de ses yeux bleus clairs comme des lacs, elle la laissa suivre sa pensée et trouver son chemin. Elle voulait en apprendre plus sur elle pour mieux l’aider. Ce n’était pas quelque chose qu’Eirlys se voyait faire un jour si elle devait être honnête, mais quelque part sur le chemin c’était devenu une nécessité. Peut-être après un énième suicide d’un des anciens ‘convertis’ de sa propre thérapie. Elle ne pouvait pas rester sans rien faire, les bras croisés, à les regarder se détruire. Alors elle avait commencé les réunions pour en parler, puis de fil en aiguille, les choses avaient changés, évolué, le projet avait grandi et elle avait fondé l’association. Pour eux et pour les autres qui en avaient besoin.
Le fait qu’Emily ait fait plus d’une thérapie de conversion sauta aux oreilles de la blonde qui se redressa et posa une main sur la table. La suite du récit n’était pas mieux que le début et le cercle de pensée de la jeune femme fut bientôt complété. Dieu qui la punissait pour ses péchés, ça expliquait qu’elle soit trempée de la tête aux pieds, tout du moins c’était ce qu’elle disait commencer à croire.
Cette dernière partie fut certainement celle qui fit le plus grincer des dents Eirlys – assez littéralement, elle serra la mâchoire et se crispa sur sa chaise. Elle tenta malgré tout de paraître détendue et força un bref sourire. L’exercice le plus dur pour Eirlys lors de ces meetings avait toujours été de ne pas s’énerver de conserver un calme olympien devant les histoires horribles et le dénigrement des douleurs et des blessures. Elle avait beaucoup appris au cours des dernières années, gagné en patience, même si parfois tout ce qu’elle voulait faire était prendre un bon gros bazooka pour aller faire sauter quelques centres de conversion.

Toutefois elle ne sortit pas de bazooka aujourd’hui, elle se contenta de tapoter une fois la table et de pencher la tête sur le côté.
« Croire que Dieu – un être supposé représenter l’amour et la miséricorde – punirait qui que ce soit parce qu’il choisit d’aimer une personne du même sexe est exactement la raison pour laquelle tu devrais être là. » Bon, pas exactement. « Ca et le fait que tu as survécu à plus d’une thérapie de conversion, d’après ce que j’ai pu comprendre. »
Eirlys se gratta l’arête du nez et tendit un peu plus le bras vers Emily pour tapoter ce qui tombait à portée, un bras ou une épaule – heureusement que les tables n’étaient pas longues.
« Now, listen… What you lived through, what you-you survived, even, is not in any way therapy, and we may not be able to help you, but it will still be better than what they did to you and tried to have you believe. I’ll tell you now, here you won’t meet any judgement and preaching, you will be listened and understood and empathized with. Most of the people who comes here comes to see that they are not alone, that they are not crazy, that they shouldn’t be punished. And from what I hear from you, I think you might just need that. » Elle marqua une brève pause avant de sourire doucement à Emily, avançant avec beaucoup de precaution, Presque dans sa chuchotement la suite. « What do you think ? »
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"The only cure for suffering is to face it head on, grasp it round the neck and use it" [Emily&Eirlys]
Sam 11 Aoû - 22:50
Si Emily pouvait lire dans les pensées, elle encouragerait certainement Eirlys à se saisir d’un bazooka et l’accompagnerait dans une glorieuse quête d’éradication des camps de conversion. Malheureusement, elle n’avait pas un tel pouvoir, et elle se fit même duper par le calme apparent de son aînée. La présence d’Eirlys était suffisamment apaisante pour que ses épaules se relâchent un peu. Ses mains crispées s’étaient un peu détendues, reposaient à plat sur la table.
Elle pinça un peu les lèvres en réalisant qu’Eirlys avait remarqué qu’elle avait fait plusieurs thérapies.
Quelque part, cela la dérangeait qu’on puisse s’apitoyer davantage alors qu’au contraire, elle avait rejoint la seconde de sa propre volition – tout du moins était-ce ce qu’elle croyait, oubliant la pression familiale, le poids de vingt ans d’éducation catholique, et surtout les séquelles de son premier séjour, qui avaient créé un terrain fertile à toute manipulation de son père.
La main d’Eirlys était chaude contre son bras, même à travers les vêtements, et Emily se détendit encore un peu plus.

Le terrain était propice à ce qu’elle se laisse toucher par les paroles d’Eirlys. L’idée d’être écoutée, et qu’on accepte son histoire, était déjà un point important. Elle doutait un peu que la blonde soit si compréhensive si elle savait qu’elle s’était elle-même imposé le second trauma, bêtement ; une faute pour laquelle elle se blâmait chaque jour.
Cependant, l’évocation de la solitude, de la folie, de la punition, fit monter les larmes aux yeux de l’écrivaine qui détourna le visage, essayant de contrôler des pleurs bien trop facile à monter.
« I think you’re partially right, » répondit-elle d’une voix un peu cassée. « But you’re also partially wrong, » ajouta-t-elle.
Sa gorge se noua un peu plus, alors que l’envie de pleurer grandissait.
Il n’y avait aucune raison pour cela.
Elle n’était pas en train de remuer directement les évènements, ne partageait pas les heures de sermon, les électro-chocs, les expériences pour lui faire comprendre que son attirance pour les filles était quelque chose de mauvais. Elle n’y pensait même plus vraiment, préférant bloquer ces souvenirs, les laisser dans une boîte noire qu’elle se gardait bien d’ouvrir pour ne pas cesser d’avancer dans la vie.
Inconsciente des nombreux dommages avec lesquels elle vivait au quotidien pourtant.
« I don’t want to be alone, especially because I already feel so lonely, » expliqua-t-elle. Elle voyait bien avec ses colocs : elle n’arrivait pas à réduire cette distance de sécurité mise en place entre eux et elle. Et elle avait eu assez de disputes avec Ernesto, son ex péruvien, parce qu’il la trouvait trop froide, trop distante, trop secrète. Elle n’était pas aveugle et voyait bien qu’elle n’arrivait plus à connecter avec les autres ; plus comme avant, en tout cas. « But I should be punished because I brought that hell on me all on me own. »
Son accent redneck ressortit un peu plus sur la dernière phrase, alors qu’elle revenait à cet univers familial où elle avait été élevée avec une notion forte de ce qui était bien ou mal.
« You know, I am bisexual. I could have hidden, » déclara-t-elle un peu abruptement, reprenant un discours biphobe entendu à tort et à travers.
Si seulement elle connaissait les opinions de celle à qui elle parlait…
« And yet I did not. I dated girls, despite the first thera- » Elle s’interrompit, repensant à la façon dont Eirlys l’avait reprise plus tôt sur le mot « thérapie ». « … despite the first camp, I dated girls again. And God knows it’s gonna happen again because women are wonderful creatures, you’re a fine example of it. »
Elle tendit la main vers Eirlys, l’utilisant comme exemple.
Franchement, superbes yeux bleus, de belles formes, une musculature qui se devinait suffisamment pour promettre des péripéties au lit inoubliables.
Même sans la draguer, elle ne pouvait pas aller contre l’évidence.
« I’m just not sure I’m ready yet to confront society. Or to face a group of strangers to share a common testimony of… how horrific American society can be towards us. » Elle secoua la tête, à nouveau démunie, puis haussa les épaules. « May I ask you what’s your story ? I mean, how did you manage to move on after the camps ? Because it feels just like I left part of myself there. »
Et sa voix, devenue plus affirmée alors qu’elle s’éloignait du sujet sensible, recommença à se briser nettement.
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Dim 12 Aoû - 12:22
La naissance des larmes d’Emily n’échappa pas à Eirlys mais elle ne fit rien, car la façon dont elle détournait le regard lui laissait penser qu’elle ne voulait pas forcément être surprise dans cet état de faiblesse. Alors pour le moment elle ne fit rien, et la laissa gérer ses émotions seule.
Elle dit qu’Eirlys n’avait pas tout à fait tort, mais qu’elle n’avait pas vraiment raison non plus. La blonde imaginait qu’il devait certainement s’agir de culpabilité de s’être laissée piégée pour aller en thérapie, ou d’en être sortie en meilleur état que d’autre – au moins d’en être sortie sur ses deux jambes et pas les pieds devant comme certains. Elle ne connaissait pas le vécu exact de la jeune femme et ne pouvait que supposer en attendant des réponses qui ne viendraient peut-être jamais.
Au final, Eirlys n’obtint que des demi-réponses Emily admit se sentir seule et ne pas le vouloir, mais elle dit aussi qu’elle était la seule responsable de l’enfer qu’elle avait traversé. Parce qu’elle n’avait pas corrigé son comportement – laissant entrapercevoir dans la foulée un accent qui prit Lys par surprise – et qu’en tant que bisexuelle elle aurait pu se cacher, changer. Quelque chose qu’Eirlys avait reproché à celles et ceux qui s’en étaient mieux sortis durant la conversion, qui avaient pu en tirer un avantage. Elle savait que c’était stupide de penser ça, mais son cerveau n’arrivait pas à voir les choses autrement. Elle réprima son ressentit sur le sujet sans trop de difficulté toutefois, car Emily faisait visiblement parti de la communauté – une pensée qui dérangerait Eirlys quand elle y repenserait.

Le compliment ne phasa pas la blonde qui le vit plus comme un détournement du discours, quelque chose pour penser à autre chose qu’à la douleur devenue tellement commune qu’on ne la ressent plus vraiment.
Finalement, Emily admit ne pas se sentir prête à partager quoi que ce soit pour le moment. C’était le cas de beaucoup de ceux qui venaient ici. Ca les aidait à se rendre compte qu’ils partageaient une histoire commune avec nombre de leurs pairs à des degrés plus ou moins différents. Sa question n’était alors qu’une suite logique à la conversation qu’elles avaient.
Eirlys eut un sourire.
« Well, so much to listen to you and your story, » plaisanta-t-elle.
Elle baissa la tête une seconde après ça, réfléchissant par où commencer. Elle frotta sa main derrière sa nuque, inspira profondément pour prendre son courage à deux mains, avant de venir la poser sur la table de nouveau, juste quand Monica leur apportait du café. Eirlys la remercia d’un sourire avant de revenir à Emily.
« I was sixteen when I entered in conversion camp, seventeen when I got out. At first I didn’t deal with it, not really. I simply acted like nothing happened. It was easier, and the only way to not lash out, especially at my parents ‘cause, you know, they were the one who sent me. Still, I stayed in touch with some of the other kids, the one who got out. » La partie difficile arrivait, et Eirlys leva des yeux brillants vers le plafond alors qu’un noeud se formait dans sa gorge. « One day, I was at the bar I worked at at the time, it was the end of my shift when I got a phone call. It was the hospital. Sophia… » Sa voix était rendue rauque par l’émotion. Elle cligna des yeux rapidement comme si ça allait l’aider à se reprendre, et enfin elle s’éclaircit la gorge. « She was my best friend when we were there, she was one of he strongest and – ironically – my lover during my time at camp. I guess we needed a way to not lose our mind… Anyway, she was always bubbly and full of mischief. Well. She was not anymore, because she had kill herself. » Eirlys pinça les lèvres. Elle pouvait encore sentir le tristesse qui l’envahissait, puis la colère menée par la culpabilité. Elle passa sa langue sur ses lèvres et serra son poing pour empêcher sa main de trembler. « That day… I just snapped. I couldn’t ignore the anger and the sadness and all the guilt I felt for simply being alive. For simply being what I was. I couldn’t endure it anymore. I drove to my best friend home at three in the morning and I told her everything. The whole, hurtful, awful truth. Everything that happened to me, to the others, every name that I couldn’t say anymore without feeling like my heart was ripped out of my chest because they should be the one there too. » Ses mots étaient durs, sa mâchoire était verrouillée. Elle ne regardait plus Emily, elle était de retour chez sa meilleure amie ce soir là pendant qu’elle parlait. Mais elle revint, se détendit perceptiblement. « I had to do something, to get better myself, but also to help every other people who got sent to the god awful places. So I created the group. At first it was unorganized, but with time it became an association and that’s how I dealt and still deal with it today. This place is my therapy, my way to accept what happened and to get better. And it’s not over yet, the fight, for others and for myself, but I’m already in a better place. » Sa voix s’était adoucie et sa main détendue. La colère n’était plus visible nul part sur son visage ni dans sa main qui s’était reposée sur la table, non loin de sa tasse intouchée.
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"The only cure for suffering is to face it head on, grasp it round the neck and use it" [Emily&Eirlys]
Dim 12 Aoû - 20:48
Comme Eirlys le faisait remarquer, Emily avait plutôt bien esquivé l’étape « raconter son histoire ». Elle eut un rire désolé à la plaisanterie de la blonde, trop consciente qu’elle avait encore démontré son manque de courage une nouvelle fois.
C’était plus facile de se réfugier dans l’écoute, et elle fut reconnaissante à Eirlys de se prêter au jeu, quand bien même le récit devait être déplaisant pour elle aussi. Elle remercia Monica quand elle leur apporta du café, entoura le café de ses doigts, et retint un nouvel éternuement alors qu’elle essayait de ne pas perturber Eirlys dans son récit.
Elle nota qu’elle avait dû passer longtemps dans le camp. Près d’un an, peut-être un peu moins, peut-être plus. Un goût amer lui envahit la bouche, rien que d’imaginer l’enfer que cela aurait été d’y rester si longtemps. Elle se garda toutefois bien de commenter, ou même de faire le moindre geste de compassion.
Non pas qu’elle n’en ressentait pas. Au contraire ; Eirlys eut-elle été une amie, Emily serait déjà en train de lui tenir la main pour l’aider à faire son récit, lui montrer qu’elle était là. Mais sans la connaître, elle savait qu’il était parfois préférable de laisser les autres surmonter leurs difficultés seuls.

Le récit n’était guère différent d’autres histoires qu’Emily avait pu entendre ou lire. Après un séjour éprouvant, où l’on apprend aux jeunes homosexuels que leur attirance est contre-nature, qu’ils fautent, qu’ils brûleront en enfer, qu’ils ne sont, finalement, pas autorisés à aimer ceux qu’ils voudraient ; bref, qu’ils sont des erreurs de la nature, la petite amie d’Eirlys s’était ôté la vie.
Emily but son café lentement, sans oser montrer aucun signe de soutien physique. Elle ne compatissait que trop ; elle n’avait jamais cherché à garder le contact avec les anciens des camps, mais elle avait pu voir dans les nouvelles locales des histoires similaires.
Cependant, Eirlys soulignait un point important : ce groupe était sa thérapie, mais aussi un moyen de soutenir d’autres personnes qui souffraient des mêmes traumas. Il ne s’agissait pas seulement d’un acte égoïste, mais au contraire, d’un moyen de se retrouver tous, et d’affronter la réalité de leur trauma ensemble.
Et non pas seuls, comme elle avait essayé de le faire, sans succès, au cours des deux dernières années.
« You’re a very brave person, Eirlys, » observa Emily, sans flatterie, la mine sérieuse. « You must be a great supervisor for this group, you really… You don’t seem to be the kind of person to sit on their hands and wait for things to get better on their own. I reckon that’s pretty inspirational, to be honest. »
Là encore, aucune flatterie, juste une observation neutre.
Nul doute qu’elle avait bien fait de revenir, et elle était reconnaissante qu’Eirlys l’ait retenue. Les blessures de la blonde étaient différentes des siennes, mais elles n’en étaient pas moins profondes et difficiles à surmonter ; c’était même plutôt le contraire.
Car, en plus d’avoir surmonté le traumatisme du camp, elle avait trouvé la force, quelque part, de se reconnecter aux autres et de tendre la main aux pauvres âmes perdues comme la jeune Sullivan.
« Plus, you managed to reach out to others and gathered all these people, » elle désigna du menton la table un peu plus loin où étaient réunis les membres du groupe un peu plus tôt, « despite everything you went through. That’s impressive. »
Elle se crispa un peu autour de son gobelet, un peu plus mal à l’aise désormais.
Elle ne maîtrisait les mots que sur le papier et connaissait sa propension à dire des maladresses, aux pires moments.
« The first time, my parents were the ones to send me, » confia-t-elle enfin. Elle ne pouvait pas vraiment laisser Eirlys s’ouvrir, et la laisser totalement dans l’inconnu de sa propre histoire. « I was dating a bassist, her name was Anna. »
Elle eut un sourire en se souvenant de son premier véritable amour de jeunesse. « She was a little bit of a badass, just like you seem to be, » ajouta-t-elle, sans se départir du sourire tendre qu’éveillait le souvenir de sa rousse. « When my parents figured out I was dating a girl, I got exorcised, which was actually more funny than harmful. And because it didn’t “heal” me, they sent me to a conversion therapy. » Elle haussa les épaules à ce souvenir, comme s’il n’était pas vraiment important.
Elle y avait laissé un cœur brisé mais n’en gardait pas un souvenir traumatique.
Juste les premières bases d’une détestation de soi qui s’était insinuée sans qu’elle n’y prenne garde. A ce jour, elle ne mesurait toujours pas l’impact de ce premier séjour.
« I didn’t stay that long – just… just enough time for them to get Anna out of my life, and to send me to a catholic boarding school. »
Elle amena une main à sa gorge cou, caressa du bout du doigt la chaîne en or pendue autour de son cou : sa médaille de naissance, à l’effigie de la Vierge ; un présent qui lui rappelait chaque jour que ses parents avaient cru, un jour, qu’elle serait une bénédiction.
« They actually convinced me I was misled out of the path God had drawn for me. I mean my parents, the priests and nuns at school, and the psychiatrists at the camp. »
A nouveau, elle chassa tous ces mauvais souvenirs d’un haussement d’épaules.
Elle avait abandonné son Dieu, sa religion, et sa famille depuis longtemps maintenant.
Il était presque absurde de revenir à ce récit.
« Not that it matters today. What I mean is… I’m sure others here have worst stories than mine. They may not judge me for what happened, especially after ; but I do judge myself because I allowed them to turn me into a victim. »
Et au final, il était bien là, le problème.
Le fait qu’elle était resté passive dans une situation où elle aurait, à son avis, dû se rebeller bien plus qu’elle ne l’avait, plutôt que de fuir à plusieurs milliers de miles.
« Some of us are survivors, like you said, but some of us are just broken victims, » conclut-elle un peu tristement.
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"The only cure for suffering is to face it head on, grasp it round the neck and use it" [Emily&Eirlys]
Mar 14 Aoû - 10:44
« I don’t see the difference. »
Les mots étaient sortis tout naturellement alors qu’Eirlys avait laissé Emily parlé, ne l’interrompant que pour la remercier lorsqu’elle l’avait complimenté sur ce qu’elle avait fait. Ce n’était pas tous les jours qu’Eirlys était complimentée de cette façon. On la remerciait régulièrement, évidemment, on lui disait que son projet était extraordinaire, mais pas forcément qu’elle était une inspiration ou tout ce qu’Emily venait de lui dire. Et si dans d’autres circonstances elle aurait fait joué son charme, se serait montrée arrogante – parce qu’elle l’était – ici ce n’était pas de circonstance. Bien sûr ça aurait pu lui permettre de détendre un peu l’atmosphère, mais c’était encore trop tôt pour ça. Elles en étaient encore à partager et elle ne voulait pas qu’Emily en profite pour esquiver en recentrant le sujet sur autre chose.
Et ça avait marché – ou peut-être que dans tous les cas Emily aurait partagé – puisqu’elle commença à parler de sa propre expérience. Son récit était le même que beaucoup d’autres qui venaient ici. Eirlys ne commenta pas sur la fameuse bassiste, n’appuya pas sur le fait qu’elle-même faisait de la musique, gardant encore une fois au placard ses techniques de drague. Elle lui sourit un peu quand elle dit qu’elles se ressemblaient, rit même un peu, commenta d’un « Yeah, she seemed to be, » et la laissa poursuivre, la tête appuyée sur la paume de sa main.
L’exorcisme était aussi quelque chose qui revenait régulièrement dans les histoires, aussi Eirlys ne fut pas particulièrement surprise. La thérapie de conversion avait suivi juste après et Emily avait perdu Anna dans la foulée. Eirlys n’avait pas de mal à imaginer ce qu’elle avait pu ressentir. Le sentiment d’anormalité, de culpabilité d’être différente, le rejet de ses pairs. Les dégâts étaient perfides, à peine visibles. Mais apparemment ce n’était pas celle-ci qui avait fait le plus de dégâts. Elle ne poursuivit pas sur celle-ci toutefois et à la place avança que d’autres avaient sans doute pires histoires à raconter. Ce qui avait amené à la réponse d’Eirlys.

Eirlys se redressa sur sa chaise et but une gorgée de café avant de poursuivre sa pensée. « A survivor is as much a broken victim as a broken victim is a survivor. You would think the difference is in the action we take to heal, but all that matters is the perspective you take on yourself and others have when they see you. Even if you see yourself as broken and a victim, others will see you as a survivor just because you’re able to get off your bed and come here. » Elle l’observa en silence un instant, son regard bleu semblant la lire comme un livre ouvert. « I’ve come to understand that most people who see themselves as victims tend to downplay what they lived, the abuse – moral and physical abuse – they lived. But the fact is, acting on past traumas doesn’t make you a survivor, surviving is what makes you a survivor. »
Ca semblait logique, simple, dit comme ça, mais beaucoup de gens ne se rendaient même pas compte que ce qu’ils avaient fait était survivre et non vivre dans ces camps. Beaucoup pensaient que ce n’était rien, surtout quand aucun abus physique n’était présent, qu’ils étaient juste des chochottes qui exagéraient leur situation, mais les effets psychologiques étaient bien là.
« Despite what you’re saying, what you lived yesterday matters today : our past experiences forge what we become and when someone you trust tries to make you believe you’re less because of who you love it’s hard to not believe it, especially when they say it again and again and try to make you change. It stay ingrained in you. It’s like trying to forget fire burns. »
Elle vint poser sa main sur la sienne et la serra brièvement, le temps de conclure.
« That’s why, even if you think you don’t deserve any sympathy, we’re here to help you. We’re the one here to help you be softer with yourself because you deserve it as much as you need it. »
Elle lâcha ensuite sa main – ou lui laissa la possibilité de la garder si elle le désirait.
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"The only cure for suffering is to face it head on, grasp it round the neck and use it" [Emily&Eirlys]
Dim 19 Aoû - 13:57
Tandis qu’elle tenait son café d’une main, Emily se gratta un peu nerveusement l’avant bras en écoutant la réponse d’Eirlys. Une réponse d’une logique implacable, en toute vérité. Elle ne lâchait pas du regard la paire d’yeux bleus, si clair, et étonnamment surtout pour la joueuse si purs. Il suffisait de survivre pour être un survivant. Au fond, cette perspective avait quelque chose d’un peu morbide ; c’était en gardant un œil sur ceux qui n’avait pas survécus à l’expérience – qu’ils soient décédés au cours d’un accident pendant les camps, qu’ils se soient suicidés après, ou qu’ils aient simplement décidé de vivre dans la dépression, en niant leur identité – que les survivants arrivaient à avancer.
En aidant également ceux qui pouvaient encore être sauvés.
Emily se détendit à mesure qu’Eirlys poursuivait, reposant sa main à plat sur la table.
Elle hocha la tête en se remémorant les prêches de son père, ses citations exhaustives de tous les passages de la Bible condamnant l’homosexualité. Ses quelques tentatives pour nier son attirance pour les filles, pour les femmes.
Elle se crispa légèrement quand Eirlys parla de brûlures, trop peu de temps pour que cela soit significatif, car elle sentit un corps chaud rencontrer sa main.
Elle eut un sourire et, loin de laisser Eirlys retirer sa main, elle lâcha son café pour venir l’attraper de sa seconde main, serrant les doigts de la musicienne avec affection.
« Thanks Eirlys, » la remercia-t-elle d’une voix chaude. « That’s actually helping a lot. »
Ca l’aidait tellement qu’elle avait senti le nœud dans sa gorge disparaître.
Si une inconnue pouvait se montrer si compréhensive, il n’y avait guère de raison qu’elle craigne les autres membres du groupe.
Il n’y avait guère de raison qu’elle craigne également ses propres démons.
« I might not change my perspective right away, but I’m sure as hell gonna work on that. »

Elle relâcha la main d’Eirlys sur ses propos – après tout, personne ne veut que ce contact physique prolongé soit mal interprété. Les Dieux du RP ont d’autres plans pour ces dames. Elle avait raté le meeting, mais être venue s’avérait, au final, une bonne décision. Elle se sentait bien mieux qu’avant, d’autant plus maintenant qu’elle était un peu réchauffée par le café et que ses vêtements avaient commencé à sécher.
Elle n’avait plus de raison de s’attarder ou de prendre le temps d’Eirlys, même si cette dernière n’avait montré aucun signe d’impatience. Elle finit donc son café d’une traite, se leva de sa chaise, manifestant son envie de s’en aller clairement.
« I’m surely gonna come back for next meeting. I ain’t gonna keep runnin’ away after what you told me today, » conclut-elle, libérant inconsciemment son accent sudiste. Maintenant qu’il était revenu, il faudrait attendre qu’elle pense à le recorriger.
Elle remit la chaise à sa place, puis s’immobilisa une seconde, jetant un coup d’œil interrogateur à Eirlys.
« I don’t want to hold you. I guess you have folks to go back home to, » s’expliqua-t-elle enfin.
Elle vérifia l’heure, constata qu’il était déjà bien assez tard. La pauvre Eirlys n’avait probablement pas créé ce groupe pour faire des séances de psychothérapie gratuite sur son temps libre.
« I’ve just arrived in the city so I kinda forget others may have a life. Although if you don’t have any plans, we could grab a bite somewhere, » proposa-t-elle dans la foulée.
Emily avait de nombreux défauts, mais elle restait une personne peu timide et assez sociable – tant qu’on la tenait éloignée d’une bibliothèque. Elle n’allait certainement pas reculer devant l’occasion de se faire une nouvelle relation dans la cité des anges.
Ses colocataires étaient un début, mais elle sentait bien qu’elle serait vite coincée si elle se contentaient d’elle.
« I mean… I guess you have a girlfriend to go back to, so maybe another time ? » se rétracta-t-elle alors.
Après tout, jolie blonde aux yeux bleus et au sourire charmeur ; quelles étaient les chances qu’elle puisse tranquillement disposer de sa soirée pour une inconnue ?
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"The only cure for suffering is to face it head on, grasp it round the neck and use it" [Emily&Eirlys]
Lun 20 Aoû - 22:51
La façon dont Emily retint sa main fit sourire Eirlys. La main qui se posait sur la sienne était loin d’être désagréable mais la blonde préféra ne pas y prêter d’attention particulière. Elle gardait son regard sur Emily et sourit quand elle conclut que leur discussion l’avait aidé, et que même si les choses ne changeraient pas tout de suite elle travaillerait dans cette direction.
« I’m happy to hear that. »
Eirlys récupéra ainsi enfin sa main et bu son café qui arrivait maintenant exactement à la bonne température. C’était apparemment la bonne aussi pour Emily car celle-ci finit son café et se leva de sa chaise, comme soudainement pressée par le temps. Bien sûr Eirlys se doutait bien qu’elle n’allait pas rester des siècles ici, mais qu’elle se prépare à partir aussi vite la surprenait un peu.
« Well, I’d be more than happy to see you here again. »

Elle lui sourit et but une nouvelle gorgée de café, achevant pratiquement sa tasse qu’elle posa doucement. Elle n’aimait pas spécialement finir le fond des tasses, une manie un peu étrange qu’elle tenait de sa mère. Elle fut plutôt surprise de l’entendre lui proposer de manger un bout ensemble toutefois et la regarda avec un sourire en coin, un de ceux plus charmeur qu’elle le voudrait parfois. Eirlys passa le doigt dans l’eau qui avait formé un cercle à la base de sa tasse plus tôt en réfléchissant à la proposition quand les paroles de la brune la frappèrent brutalement.
Ouch.
« Well, it depends. I could check my home to see if my girlfriend magically reappeared but I greatly doubt it. »
Elle lâcha ensuite un rire jaune. Elle paierait cher pour avoir un verre de whisky à descendre devant elle en cet instant. Finalement elle soupira et se leva à son tour.
« Anyway, yeah, I’d be happy to grab a bite and a few drinks too if you want. I just have to say goodbye to everyone. I know the neighbourhood pretty well, especially the bars if you want to meet new friends and get to know the neighbourhood. Bars with boys and girls. »
Puisque sa nouvelle ‘amie’ était bisexuelle…

Elle prit les tasses et les amena dans la cuisine de la salle où elle les lava rapidement. Après ça elle s’arrangea avec Monica et lui promis un service car il n’était pas juste qu’elle l’abandonne comme ça sans rien ranger. Elle dit au revoir aux personnes encore présentes – il ne restait pas plus de la moitié du groupe initial, beaucoup étaient partis durant leur discussion – puis elle rejoignit Emily vers la porte.
« Ready ? Let’s go. »
Elle lui donna une tape dans l’épaule avant d’avancer tranquillement, les mains dans les poches.
« Where do you want to go ? There is pretty much everything so… pizza, burger, sandwich, mexican food we will regret later on ? Your pick. »
Après tout Eirlys était là pour la guider, mais pas pour prendre la décision pour elle. Quoique ce serait bien son genre de refuser le premier choix d’Emily si elle décidait de quelque chose dont elle n’avait pas envie.
Une fois que le choix fut fait – elle décida au final de tout de même aller avec celui d’Emily que ça lui plaise ou non – elle prit la direction du meilleur service du coin. Elle marchait d’un pas peu pressé : la lumière était loin d’être tombée sur la ville et elles avaient encore le temps avant que les restaurants et les bars soient débordés.
« So, tell me, what’s a south chick like you doing in the big scary Los Angeles ? I mean, you can write from anywhere, so why here ? » demanda-t-elle avec son accent de Chicago.
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"The only cure for suffering is to face it head on, grasp it round the neck and use it" [Emily&Eirlys]
Mer 22 Aoû - 0:02
Emily eut un rire étranglé, plus mal à l’aise qu’amusé, lorsqu’Eirlys parla de la réapparition magique de sa petite amie. L’idée était certes cocasse ; ce serait d’ailleurs merveilleux d’avoir des ex réapparaissant subitement chez soi. Que ne donnerait-elle pas, ces derniers temps, pour qu’Ernesto – oui, son ex a un nom a coucher dehors – apparaissent miraculeusement pour l’aider à supporter le stress des derniers jours ; nouveau travail, rentrée qui arrivait à grands pas, relation étrange avec sa nouvelle supérieure…
Quoiqu’il en soit, elle réalisait bien qu’elle venait de commettre une de ses immanquables bourdes, et qu’elle aurait dû retenir son amusement. On l’avait éduquée à s’asseoir correctement, à ne dire que des choses gentilles, et surtout, à ne pas heurter les sentiments des autres.
Autant dire que le dernier pan était un franc échec de l’éducation Sullivan.

Sa seconde bévue avait été d’inviter Eirlys alors qu’elle avait probablement d’autres obligations. Cependant, elle ne culpabilisa pas un instant. La blonde n’avait pas l’air du genre à accepter une invitation si cela pouvait la mettre dans une situation délicate. Elle se contenta d’un hochement de tête et l’observa pendant qu’elle allait saluer les derniers « survivants » à être restés discuter, avant de retirer la serviette de ses épaules et de la reposer sur le dossier d’une chaise.
Il ne fallut pas longtemps à Eirlys pour faire le tour, mais ce fut suffisant pour qu’Emily puisse lisser ses vêtements encore un peu humides et remettre de l’ordre dans sa chevelure emmêlée. Elle n’avait nullement prévu que sa soirée se finirait au bar, encore moins dans un endroit où elle pouvait rencontrer « des garçons et des filles ».
En bref, elle ne pensait pas qu’elle se retrouverait embarquée dans une chasse aux célibataires par une femme qu’elle connaissait à peine – chasse qui n’aurait peut-être pas lieu, mais pouvait fortement arriver.
Elles quittèrent enfin le bâtiment, et Emily ne retint pas un regard amusé sur l’attitude un peu trop décontractée, pour ne pas dire butch, d’Eirlys. Son gaydar était en alerte maximale. Apparemment, son séjour au camp de conversion avait été particulièrement fructueux.
« Mexican food that we’ll regret sounds like the perfect option for a night like tonight, » observa-t-elle.
Beaucoup d’épices, arrosés de beaucoup de téquila et de beaucoup de bière.
Elle commençait à prendre de mauvaises habitudes de boisson, dans cette belle ville qu’était Los Angeles.

Elle emboita le pas à Eirlys, s’en remettant à sa guide du soir, comme elle avait l’habitude de faire depuis son arrivée à L.A. ; elle ne connaissait pas la ville, alors elle ne pouvait rien faire de plus pour le moment.
Elle fut un peu désarçonnée par la question, et cligna des yeux un instant, se demandant comment la blonde avait pu deviner qu’elle venait du sud.
Puis elle repensa à leur échange.
Décidément, un accent contrefait ne pouvait jamais tromper son monde longtemps, pensa-t-elle. Il y avait immanquablement des ratés qui finissaient par trahir ses origines sudistes ; origine dont elle avait honte, contrairement aux membres de sa famille qui arboraient le drapeau des Etats Confédérés du Sud sur leur pelouse, au lieu de la bannière étoilée habituelle.
Au contraire, l’accent d’Eirlys était suffisamment neutre aux oreilles de la jeune femme pour qu’elle n’arrive pas à localiser son origine ; l’avantage d’avoir un accent du Midwest.
« That’s a fair observation, I could write from anywhere, » répondit-elle, tout de même amusée. Elle hésita une seconde entre une réponse sérieuse, et une plus ironique, opta pour la seconde option : « Haven’t you ever read all those beautiful tales about American nature being the best inspiration for poets ? As Nature was created by God, and God’s perfection touches us through American landscapes only ? »
Elle prit le temps d’observer la réaction d’Eirlys, faussement sérieusement, avant de se fendre d’un sourire moqueur.
« Not convinced ? Can’t blame you, I also think it’s BS. »
Elle n’avait pas pour habitude de blasphémer ainsi ; mais apparemment, Eirlys, dans cette vie comme dans ses vies précédentes, avait un don pour attiser le diablotin qui parlait à l’oreille des gens.
« Alright, more seriously, I just suck at being a novelist, and since I have a degree in writing for TV, I decided to give it a try as a scenarist while doing a PhD at USC. »
Elle cracha ces informations comme une sorte d’évidence, avec l’honnêteté brutale dont elle pouvait parfois faire preuve quand elle oubliait les précautions sociales. Il n’y avait rien de très intéressant dans son parcours, tout du moins était-ce ce qu’elle pensait.
Elle ne chercha donc pas à s’étendre. Cela ne servirait guère qu’à remplir le vide pour faire la conversation, et étrangement, elle n’imaginait pas Eirlys comme amatrice de small talk.
« My calculation was rather simple: I wanted to be as far away as possible from my family, and I wanted to stay in a liberal State, so L.A. was the most obvious pick. »
Et pour l’instant, elle ne regrettait pas son choix.
« You don’t sound Californian either, » enchaîna-t-elle, haussant légèrement les sourcils. « Why did you come here ? I doubt it was just to access the fashionable bars and pretty girls, was it ? » taquina-t-elle.
Du peu qu’elle avait vu, Eirlys n’avait pas l’air du genre à s’offusquer de si peu, elle n’hésitait donc pas à poker le lion.
De toute façon, elles auraient bientôt trop d’alcool dans le sang pour faire attention aux conventions.
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"The only cure for suffering is to face it head on, grasp it round the neck and use it" [Emily&Eirlys]
Ven 24 Aoû - 16:26

C’était donc parti pour un méxicain. Heureusement, on en trouvait quelques uns dans le coin, et au pire il devait bien y avoir un Taco Bell qui ferait l’affaire – et leur éviterait peut-être de se ruiner l’estomac dans la foulée. Mais en attendant d’y arriver, autant en profiter pour discuter. Sa question plus que légitime trouva ainsi une réponse tout aussi légitime. Elle pourrait en effet écrire de n’importe où. Merci de le confirmer. Sa remarque sur le paysage américain la fit tout de même rire très volontiers. Elle imaginait bien Emily aller de ville en ville avec un trenchcoat et un fedora, une machine à écrire pour seule compagne. Ce serait plutôt comique à voir.
« Clearly, » ricana-t-elle.
Si Eirlys avait su qu’Emily était parti quelques années à l’étranger, sans doute aurait-elle été un peu moins rapide à dire ça, mais elle l’ignorait. Ceci dit, l’image ridicule qu’elle avait en tête n’aidait pas à rendre tout ça crédible.
Enfin une réponse plus sérieuse fut apportée. Alors comme ça elle était nulle pour écrire des romans. Etait-elle une éternelle rejetée des maisons d’édition ou juste trop critique de son propre travail ? C’était une excellente question, à laquelle Eirlys n’avait pas la réponse, mais elle trouvait ça quand même plutôt cool que pour compenser Emily travaille comme scénariste et fasse un doctorat en même temps.
Ensuite le reste de sa réflexion avait été plutôt basique. Etat libéral loin de sa famille, donc côté Ouest à LA. Comme ça en plus elle pourrait plus facilement se retrouver entourée de sa communauté, un plus non négligeable aux yeux d’Eirlys même si Emily ne l’évoquait pas.

Le retournement de question était logique et Eirlys eut un sourire. Elle avait presque toujours la même réponse quand on lui demandait d’où elle venait, et donc ça tombait plutôt bien qu’elle lui demande comme ça et qu’en plus elle ait plaisanté sur sa propre venue.
« Well, I’m from Chicago, and I fled a life of crime as the great-grand-daughter of Al Capone. » Elle disait ça sur un ton sérieux en se penchant vers elle, comme si c’était un terrible secret qu’elle venait de lui confier quand c’était en réalité une plaisanterie, bien évidemment. Elle doutait fortement qu’Emily soit crédule et la croit, elle rompit donc rapidement la façade pour rire un bon coup. « My turn to be more serious, even if I’m not very good at that, » pondéra-t-elle, « I am from Chicago but I came here because the gym I worked at at the time wanted to expend here and they needed someone to help run the place, so they asked me and I said yes. It was a great opportunity and I too wanted some distance with my parents at least. So no, just not the pretty girls, even if I have to admit it did help me say yes. »
Elle ne précisa pas qu’elle était venue ici avec sa petite amie qui semblait avoir désormais disparue, elle ne voyait pas l’intérêt de s’étaler de la sorte. Surtout quand il y avait des sujets bien plus intéressants et moins douloureux à porté de main.

« But it’s pretty cool that you work for TV. And the PhD thingie too. Even though I’m not sure why you need one if you’re already able to find work with what you have, especially since what you have is already really nice. What are you majoring in ? »
Elle haussa les épaules. Les livres, l’écriture, toutes ces choses là ce n’était pas vraiment son truc. Ce n’était pas qu’elle était stupide, mais ce n’était pas quelque chose où elle avait pu trouver refuge, contrairement à la musique si elle devait donner un exemple. Sans doute que dans d’autres circonstances, les choses auraient pu être différentes, dans une autre vie et un autre univers. Au final elle s’était juste tournée vers une autre forme d’écriture, d’autant qu’elle écrivait tout de même les paroles des chansons originales de son groupe.
« This said, I’m not very partial as I’m not a heavy reader or a reader at all to be honest. What show do you write for ? Anything I already saw ? Or are you still looking for opportunities ? »
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"The only cure for suffering is to face it head on, grasp it round the neck and use it" [Emily&Eirlys]
Dim 2 Sep - 13:10
Arrière-petite-fille d’Al Capone ?
Emily rit de bon cœur face à l’histoire d’Eirlys.
Elle ne la connaissait pas, mais étrangement, elle trouvait le scénario incroyablement crédible. Sa stature et son air déterminé suffisaient à l’imaginer facilement vêtue de bottes et d’une veste en cuir, fusil à la main, extorquant des familles et menant à la baguette ses lieutenants, quitte à en faire jeter un ou deux dans la Chicago River, pour qu’on n’en retrouve jamais le corps.
Son imagination de scénariste la laissait volontiers jouer le jeu, et elle fut presque déçue qu’Eirlys revienne en arrière vers la vérité.
Vérité non moins distrayante, ceci dit.
Emily haussa les sourcils de surprise en découvrant qu’elle travaillait pour un gymnase. Ainsi, la stature et l’air badasse étaient justifiés. Elle eut un nouveau rire amusé quand elle précisa que les jolies filles n’avaient pas été la seule raison l’ayant poussée à accepter le job.

Cette dernière remarque fut d’autant plus ironique aux yeux d’Emily que la question suivante porta sur son parcours, et surtout, les raisons pour lesquelles elle faisait son doctorat malgré un métier acquis. Son esprit se tourna immédiatement vers l’asiatique dont elle attendait toujours des nouvelles, sans certitude encore qu’elle ferait partie de l’équipe.
Elle portait toujours l’ombre de son sourire sur ses lèvres, et répondu succinctement à la question sur ce qu’elle étudiait d’un : « Creative writing » assez sobre.
Ce n’est pas comme si elle pouvait s’étaler sur le contenu du doctorat en lui-même, alors qu’elle en était encore à construire un sujet qui tiendrait la route.
Elle posa un regard un peu triste sur Eirlys quand elle avoua ne pas être lectrice, prise d’une certaine compassion pour elle. Férue lectrice, Emily ne pouvait s’empêcher d’avoir de la peine pour les gens qui n’avaient pas la chance de trouver le même réconfort qu’elle dans les ouvrages, qu’il s’agisse des aventures entraînantes d’un super-héros, des enquêtes sans fin du plus grand des détectives, ou tout simplement des émotions tendres d’un roman d’amour.
Elle aurait presque envie de lui ramener un roman, assez court mais divertissant, à la prochaine réunion, et elle garda simplement l’idée dans un recoin de son esprit.

Pour le moment, la discussion dérivait ailleurs.
« Well, truth being said, I technically don’t work as a scenarist yet, » rectifia-t-elle finalement. « I mean, I have a MA so I obviously have what I need to get a job in a TV studio, but… that’s not really my primary goal to become one. Especially because it doesn’t provide me with the opportunity of creating my own stories. » Elle haussa les épaules, consciente qu’elle n’avait pas vraiment le choix de toute façon. « You know, it’s like being the dancer in a choreography when you actually want to be the choreographer. It’s still nice as you get to dance, but… it really ain’t what you’re actually lookin’ for. »
Elle haussa les épaules une seconde fois, repoussant définitivement ce sujet un peu pénible.
Elle s’était résignée à laisser de côté ses écrits et ses projets. L’intérêt de River pour la web-série avait tout de même fait son chemin, et elle avait passé les derniers jours à se demander si elle ne pourrait pas, en effet, se lancer dans quelque chose de plus personnel.
Mais l’idée était trop embryonnaire encore pour qu’elle s’attarde sur ce sujet.
« Anyway, I think I am not really allowed to talk about the show I may work on, » finit-elle par ajouter. « I think the woman… very hot woman who sponsored my job application, will send the Chinese Triads after me if I do tell anyone about the project. » Elle vérifia autour d’elles qu’elle n’avait offense aucun asiatique dans la rue.
Il ne faudrait pas qu’elle mette en colère les gens, ou la véritable Triade.
« What I can tell is… that the series doesn’t exist yet. It’s the adaptation of a comics, and I cannot say which one either. » Elle eut un sourire, fière de voir qu’elle arrivait tout de même à tenir sa langue – car croyez-le, cela relevait du miracle. « So if you’re not a reader, you probably don’t know about it. »
Et puis elle ne retint pas une plaisanterie supplémentaire, tout de même de bonne humeur en cette douce soirée d’été.
« You sure you’re not Al Capone’s great-grand daughter ? If you were, I could give you the details, providing that you protect me from the Triads. » Elle feint un air sérieux, retrouva son sourire bien trop rapidement, incapable de se composer un visage pendant plus de cinq secondes. « I fair you may try to hold me hostage for a very long time after that. And I have to say – I suck at being a criminal so I’d become a liability more than anything else. »
Elle n’avait pas fait attention au chemin qu’elles prenaient en discutant, se fiant pleinement à Eirlys et sa connaissance du quartier. Elle leur trouva un restaurant mexicain, comme on pouvait en trouver tant d’autres à Los Angeles : murs colorés, menus qui exhibaient en priorité les plats les plus populaires, à savoir des tacos et des quésadillas revisitées à la sauce américaine, et plus discrètement, des plats plus authentiques du Mexique.
Leur discussion se rompit alors qu’elles prenaient une table et commandaient – Emily demanda immédiatement un cocktail à base de Tequila, et elle commença à grignoter les chips et le guacamole qu’on leur donna pour patienter le temps qu’elles choisissent leur plat et qu’ils soient servis.
L’efficacité du serveur était impeccable, elles n’auraient probablement pas à rester très longtemps sur place et pourraient aller trouver un bar où s’amuser pour la soirée juste après.
« How did you end up working at a gym ? You were a rebellious girl in middle school and your parents thought you should do a combat sport to canalize your anger ? » demanda-t-elle une fois qu’elles eurent des boissons devant elle, à peine moqueuse.
Après tout, ce n’était pas le genre de carrière qu’on croisait tous les jours, et Eirlys ne dégageait pas ce côté rustre qu’on pouvait trouver chez les drop outs.
Et puis elle était curieuse, tout simplement, ce qui la rendait globalement d’assez bonne compagnie.
« What kind of gym, though ? » ajouta-t-elle dans la foulée.
Elle s’imaginait déjà une Eirlys qui, tel Daredevil, s’entraînait dans une salle de boxe, organisait des paris illégaux et jetait ses ennemis dans le ring pour les faire tabasser, tout en faisant tourner sa mafia d’une main de fer.
« Like… more of an ordinary gym, or do you actually do some kickboxing and just scare the hell out of all the newbies ? »
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"The only cure for suffering is to face it head on, grasp it round the neck and use it" [Emily&Eirlys]
Sam 15 Sep - 16:17
Creative writing. Elle était donc vraiment face à une écrivaine en herbe. Ce qui était plutôt cool, quand elle y pensait. Que ça ne soit pas son truc ne changeait rien au fait que ce qu’elle faisait était admirable. Elle ne comprenait pas par exemple comment sa sœur faisait pour avancer dans ses études qui semblaient si longues et si complexes. Il faut dire que ce qu’avait traversé la blonde ne l’avait jamais dirigé par la voix la plus longue qui demandait de rester dépendante de ses parents. Et au final elle avait trouvé une voix qui lui plaisait et lui permettait de faire quelque chose qu’elle aimait. Elle devait admettre avoir eu de la chance pour le coup.
Avançant d’un pas tranquille elle laissa Emily développer sur la raison pour laquelle elle s’échinait à obtenir un doctorat. Sa confession fit hocher la tête à Eirlys. Elle comprenait ce qu’elle voulait dire. Ce n’était jamais drôle de se retrouver simple exécutant quand l’imagination courrait sur des cordes tendues que d’autres peinaient à simplement rejoindre. Elle hocha la tête.
« I actually do see what you mean, » confia-t-elle.
Elle ne pourrait par exemple pas se contenter de faire des reprises de musiques. Elle aimait composer, écrire ses notes sur une feuille, suivre la mélodie qui l’entraînait dans la nuit. C’était un acte de création assez similaire à l’écriture au final. Assez pour qu’Eirlys comprenne.
La blonde rit lorsqu’Emily évoqua la femme qui avait propulsé son CV en la décrivant comme canon, et comme apparemment suffisamment dangereuse pour qu’Emily conserve le secret professionnel qu’elle était supposée garder. Elle lui dit juste au final qu’il s’agissait de l’adaptation d’un comic, un univers qu’Eirlys connaissait assez mal en dehors des séries et des films mainstream aujourd’hui. La plaisanterie qui suivit fit de nouveau rire la blonde.
« Who said I needed to be Al Capone’s great-grand daughter to protect you ? » demanda-t-elle sur un ton plus joueur qu’autre chose, Presque du flirt. Ce qui n’était pas si étonnant que ça, Eirlys n’avait aucune idée de comment arrêter la machine à flirt qu’elle était, surtout pas en-dehors des situations sérieuses comme leur rencontre un peu plus tôt.

Une fois dans le restaurant mexicain elles passèrent leur commande tranquillement et s’installère à une table. Elle remercia le serveur qui s’occupait d’elle, toujours polie avec ceux travaillant dans les domaines du service. Pour avoir été barmaid, elle savait que c’était toujours quelque chose d’appréciable quand les gens se montraient aimables. C’était encore une autre histoire quand ils tentaient de la draguer, bien sûr, et qu’elle devait alors les repousser.
Elle prit également une chips avec un peu de guacamole et réfléchit à la question d’Emily, souriant même à son dernier commentaire.
« I’m more into taekwendo, but I do a bit of kickboxing too, yeah. I teach MMA, in fact, when I’m not coaching for the more… ordinary part of the gym. Which can be scary, I have to admit, but, usually I wait until they paid to begin the hard stuff, » plaisanta-t-elle.
Elle s’essuya les doigts sur une serviette et posa l’avant-bras sur la table, décontractée au fond de sa chaise, les jambes détendues.
« This said, I was pretty tamed in middle school. I begin to have troubled when I entered high school, but it was not until after the camp I took sport. I was looking for part time jobs and found one at the gym at the reception. I got some free classes, took them. I was lucky enough to be good and from there I became more and more involved. And I did some tai chi to manage my anger issues, yes, » avoua-t-elle finalement avec un sourire en coin. Ca n’avait toutefois pas duré, la musique restant finalement ce qui la calmait le plus sûrement. « It helped a little bit for when I was in quick thinking situations, but overall I always turn to music when I have trouble in my life. That’s my solace, » conclut-elle avec un sourire presque doux en songeant à sa plus grande passion. « The same way writing must be for you, I guess. »
Elle haussa les épaules et se redressa lorsqu’elle vit le serveur arriver avec leur nourriture. Elle s’interrompit le temps qu’il soit là, le remercia de nouveau, puis revint à Emily.
« You know, I’m sure I could teach you a thing or two so you can defend yourself against the scary hot lady who sponsored you if she ever turns against you. Or just to blow off some steam. Or if you ever write action scene I could give you some advice too, show you some good moves. Usually I give a discount to the member of the group too, because you know, sport can be really good in our situation. »
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"The only cure for suffering is to face it head on, grasp it round the neck and use it" [Emily&Eirlys]
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