"Meow" said the cat (Asa & Liu)

J'ai poussé la porte de ce café que j'avais entrevu, en rentrant. Il était assez éloigné de la maison, mais pourquoi ne pas y aller à pieds ? Ca me ferait faire un effort, avant d'avoir ce fameux réconfort. Puis, y avait plus de café à la maison, alors ça faisait une très, très bonne raison de sortir.
J'ai commandé la boisson sacrée, avant de partir m'installer, gobelet à la main. J'avais le choix entre canapés et tables. Le choix était fait rapidement... Le canapé était confortable, le café bon et je voyais pas ce qui pouvait être mieux. Jusqu'à ce qu'une boule de poils gris monte sur la table face à moi et me fixe des petites billes qui lui servent d'yeux. Je le vois. Il s'avance vers mon café. Il va le boire. Non. Non non, tu bois pas là-dedans, j'te préviens. Je tends mon doigt vers lui pour le prévenir, comme je le fais avec les gamins. Il se frotte à mon verre et j'arrive pas à résister, je le caresse. Tu vas boire quand même, pas vrai ? Et il sors sa langue pour boire. Saleté de chat. Puis, pourquoi je parle à un chat, moi ?

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Il n'était jamais allé à celui de Londres, ni celui de Paris, alors l'Anglais c'était dit que maintenant qu'il est à Los Angeles, peut-être qu'il pourrait en profiter pour enfin rentrer dans un bar à chats ! Malgré son allergie, il aimait beaucoup les chats. Ses médicaments fonctionnaient généralement assez bien et il pouvait désormais s'en approcher sans avoir l'impression de mourir.
Il entre, et avant même de faire quoi que ce soit, il remarque un visage qu'il lui dit quelque chose. Il le dévisage pendant quelques secondes, essayant de se remémorer où est-ce qu'il l'avait vu. La réponse lui vint très rapidement. A l'observatoire, il y littéralement deux jours, c'était le prof des petits. Mais même, ce jour-là il se souvient qu'il avait l'impression de l'avoir déjà vu.
Il commande son café, et bien que ce ne soit pas trop son genre de venir déranger des inconnus, surtout des gars tatoués de 1m90 (dans un café à chat, en train de parler à un chat, mais quand même), il s'approche timidement. Il ne s'assoit pas en face, ce serait vraiment violer son espace personnel. Mais Asa devait avoir des réponses.

- Bonjour, désolé de vous déranger, mais il me semble qu'on s'est déjà croisé à l'observatoire de Griffith. J'étais l'animateur pour vos élèves...

Asa se sentait un peu stupide, et probablement était-il en train de rougir, déjà. Cela faisait un moment qu'il était à LA, ses connaître personne, et il avait dû s'habituer à jouer les sociables. Cependant aborder des gens restait toujours une activité en dehors de sa zone de confort.

Je continuais de fixer le chat. Il semblait prêt à tremper sa langue dans ma café une nouvelle fois, mais il tourna la tête au dernier moment, fixant quelque chose. Je ricanais. Bah alors, t'aimes plus le café, d'un coup ? J'suis sûr que, s'il en avait été capable, ce chat m'aurait regardé et aurait levé les yeux au ciel. Je repris mon verre pour boire après cette saleté de chat. Une voix se fit entendre, provenant de là où regardait la bête, et je manquais de m'étouffer. Bonjour, désolé de vous déranger, mais il me semble qu'on s'est déjà croisé à l'observatoire de Griffith. J'étais l'animateur pour vos élèves... Je clignais des yeux, la bouche ouverte, pendant une bonne minute. J'devais ressembler à un poisson hors de l'eau. J'essayais de comprendre ce qu'il me disait. Pas que c'était incompréhensible, mais disons que j'étais pas près à entendre autre chose que des miaulements voulant forcément dire vas-y, fais pas ta pute, donne ton café. Je finissais par hocher la tête lentement, comprenant petit à petit, avant d'ouvrir la bouche pour répondre. Oui... Oui, je me souviens. En même temps, c'était y a seulement quelques jours. Je m'excuse, d'ailleurs. Les petits étaient insupportables, ce jour-là. Ca a pas dû être très drôle pour toi. Bah oui, les petits avaient dû manger un kilo de sucre chacun, au p'tit dèj. J'avais même fait trois pauses clopes-café, pour tenir jusqu'à la fin de la journée, c'était dire...
Il était pas très proche, mais par réflexe je m'éloignais un peu. J'espère qu'il a pas remarqué. Ce serait gênant à expliquer. Je... Enfin, tu peux me tutoyer. Je dois pas être plus vieux que toi. Je rigole un peu, mais j'avoue que j'suis pas super à l'aise. On parle de quoi, avec des gens ?

La surprise, voire la gêne, Asa n'en était pas très sûr, était palpable chez le maître d'école. Il se dit qu'il n'aurait jamais dû aller déranger ce jeune homme. S'il était seul ici, c'était pour une bonne raison.

- Oh non, ça allait, répondit-il en souriant.

Il trouvait cela sympa de la part du type de s'excuser et de ne pas lui demander de dégager.

- C'était qu'une journée, vous c'est tous les jours, ça doit être bien pire !

Ce qui le rassura, c'est que la personne en face de lui ne semblait pas à l'aise. Et bien que ce soit la dernière des intentions d'Asa de se délecter de la gêne de quelqu'un d'autre pour assouvir son pouvoir sur celle-ci, cela le réconfortait parce qu'il se disait que s'il foirait quelque chose, peut-être que le professeur compatirait plus qu'il ne se moquerait de lui.
Il lui proposa alors de le tutoyer, peut-être justement pour moins se noyer dans les eaux troubles que sont les échanges sociaux.
Et cette voix, en plus de ce visage, voix qui ne s'était pas beaucoup adressée à lui deux jours auparavant, sonnait comme un déjà vu. Il était certain qu'il s'était déjà vu, à Londres, ou peut-être plus tôt à Los Angeles.

- Je pense si, sans vouloir t'offenser, répondit-il à propos de son âge. Je n'ai pas encore l'âge pour devenir professeur pour la petite enfance, plaisanta-t-il.

Mais ce n'était pas une blague, c'était la réalité, alors pourquoi rigolait-il ? Bref, il devait faire oublier sa pseudo-blague.

- Excuse-moi encore, s'empressa-t-il de dire, vraiment dis-moi si je te fais chier, mais c'est que l'autre jour déjà quand je t'ai vu—

Et là ça commençait déjà très mal, on aurait dit un pervers qui le stalk depuis deux jours et qui veut lui offrir un deuxième café dans lequel aucun chat n'aurait bu pour pouvoir le pécho.

- —j'avais l'impression qu'on s'était déjà croisé—

Ça ressemblait beaucoup trop à un mauvais jeu de drague et Asa se sentait vraiment trop stupide.

- —et ça m'a intrigué, et ça m'énerve aussi parce que j'arrive pas à savoir soit à qui tu ressembles, soit où est-ce qu'on s'est déjà vu ?

Asa priait tous les dieux et la Reine (non, fuck this bitch) pour ne pas se prendre un gros recal. Il était resté debout, et le resterait tant qu'on ne l'inviterait pas à s'assoir, comme on lui a si bien appris depuis qu'il est tout petit.

Oh non, ça allait. C'était qu'une journée, vous c'est tous les jours, ça doit être bien pire ! J'avais pas remarqué, mais ce type avait un accent qui se faisait bien entendre. J'arrivais pas à identifier de là où il venait, mais ça me disait quelque chose. Comme sa tronche. Elle me disait un truc, mais où je l'avais vue ? Après, j'avais pas bonne mémoire pour les têtes... En fait, j'avais pas bonne mémoire du tout. Je pense si, sans vouloir t'offenser. Je n'ai pas encore l'âge pour devenir professeur pour la petite enfance. Ah d'accord. Super sympa, le type. Qu'il dise que j'suis vieux aussi, ça fait plaisir. En même temps, venant d'un pré-pubère à la con, c'est sûr que j'étais vieux. Je hais les gamins, ils pourraient pas avoir cours pendant le week-end aussi ? Puis en plus, il se foutait de moi... Je marmonnais un truc qu'il allait sûrement pas entendre, mais tant pis. Super, ça fait plaisir...
Puis la blondasse se met à s'excuser. Il sait où il a mal, lui ? Excuse-moi encore, vraiment dis-moi si je te fais chier, mais c'est que l'autre jour déjà quand je t'ai vu... Je lève un sourcil. C'est vrai qu'il me dit un peu un truc, mais des blondinets dans son genre, y en à des poignées dans les rues. Et s'il veut me draguer, c'est pas avec cette vieille phrase toute pétée qu'il y arrivera, Raiponce. ...j'avais l'impression qu'on s'était déjà croisé et ça m'a intrigué, et ça m'énerve aussi parce que j'arrive pas à savoir soit à qui tu ressembles, soit où est-ce qu'on s'est déjà vu ? J'allais ouvrir la bouche, mais je l'ai refermée aussitôt. Il était toujours debout, et c'était en train de devenir extrêmement awkward, comme ça. Alors je fis une chose que je regrettais de suite. Mes yeux voyagèrent de lui à la place à côté de moi. C'était le plus que je pouvais faire, pour l'inviter à s'asseoir. Je me mettais tout au bout du sofa, histoire que, s'il décide à s'asseoir, il ne me touche pas. Pas moyen.
Je rapproche ma tasse de ma bouche une nouvelle fois. Le chat saute sur mes jambes et vient pousser ses pattes sur mon jean. Comme les chats le font, avant de téter leur mère ou de se coucher sur un plaid. J'suis pas une foutue couverture, mais c'est mignon, faut avouer. Je passe ma main entre ses oreilles, en fixant Raiponce. T'as pas mieux, comme plan drague ? Ok, tu me fais aussi penser à quelqu'un, mais j'sais pas qui, mais des gamins dans ton genre, ça court les rues. Et des mecs dans le mien aussi. Juste mon frère, tiens. Des grandes perches tatoués, t'en vois partout. On est pas une espèce en danger... Bon, ok, j'avais pas été super sympa. Mais merde quoi, j'suis pas vieux !

Lorsqu'on lui fit signe, d'un regard, de prendre place, Asa s'exécuta timidement, restant sur le bord du siège. C'était plus simple pour ne pas faire de contact physique gênant, mais surtout plus simple pour fuir.
Puis, le gars lui répondit exactement ce qu'il craignait.
"T'as pas mieux comme plan drague ?" Asa ouvrit la bouche pour pouvoir rétorquer que ce n'en était aucunement un, en secouant la tête, mais le type ne s'arrêtait pas là. "Tu me fais aussi penser à quelqu'un..." Alors il n'était pas fou. Peut-être se sont-ils rencontrés dans une autre vie, une autre dimension ? C'est sûr en tout cas que ce gars-là est pas son âme soeur, vu son caractère de chien. Qu'est-ce qu'il faisait dans à café à chats, d'ailleurs ? Il les chasse ?
"Juste mon frère, tiens. Des grandes perches tatouées..."
Et là, dans l'esprit d'Asa, tout se mit en place. Ce n'est pas ce gars qu'il avait côtoyé, mais son frère !

- Morgan ? demanda-t-il d'un coup, balayant les remarques acerbes du tatoué.

Devant l'air interrogateur de son interlocuteur, Asa se sentit dans l'obligation de développer.

- Ton frère, il s'appelle Morgan ?

Il espérait qu'il avait tapé juste, sinon ce serait bien embarrassant pour lui, mais aussi pour le gars en face.

J'me sens de plus en plus mal, je fronce les sourcils, je croise les bras et mes mouvements sont tellement brusques que le chat se barre. Tant pis pour lui, il mettait tous ses poils sur moi de toute façon. Je sais pas d'où je le connais, mais en fait, j'ai pas tant envie de savoir que ça. Parce que ce gars, juste à le voir, il me fout en rogne. Puis il lance ce nom. Morgan ? Je fronce encore plus les sourcils. Il a très bien pu balancer un nom comme ça, au pif, et c'est le bon. C'est courant, Morgan, y en a soixante neuf dans chaque ville, j'suis sûr.  Ton frère, il s'appelle Morgan ? Ok, là, il doit me stalker, stalker ma famille, mes amis même si j'en ai pas, les gamins et tout le bordel. Ouais, il bosse dans l'observatoire, j'suis sûr qu'il en est capable. Ma respiration s'accélère sans que je puisse la contrôler, je m'éloigne un peu plus de lui mais je sens le vide sous la moitié de mes fesses. J'suis prêt à bondir, lui balancer le café à la tronche et m'enfuir en courant s'il le faut. J'suis vraiment pas rassuré.
Comment il sait, comment il sait, comment il sait... Comment tu sais ça ?! Je sais que j'suis sûrement en train de faire une scène pour rien. Certains se sont retournés pour nous dévisager, mais j'en ai rien à faire. C'est trop bizarre, comment il peut savoir ? C'est même pas mon vrai frère, il me ressemble pas tant que ça... T'es qui, au juste ? Tu lui veux quoi, à Morgan ?!

En plus de la gêne, l'irritation du gars commence à devenir palpable, et Asa s'en veut un peu. Pas d'avoir mis ce type dans cet état, mais que cet état ait fait fuir le chat. Et lorsqu'il lui pose la question, peut-être un peu trop spontanément, il aurait dû être plus subtil c'est vrai, il explose. Et il attire l'attention sur eux. L'anglais a un mouvement de recul. Il ne veut pas se lever et mettre ses bras devant son visage pour se protéger d'une quelconque attaque qu'il sent venir comme la grosse vague de la mer qui emporte tout sur son passage (et qui ramène les algues déglues sur les jambes par la même occasion), car ce serait malpoli, mais clairement il sent que c'est la meilleur option. Le blond se sent paniquer à son tour. Mais il garde la tête froide. Il a prit l'habitude avec les excès de colères inutiles de son père et les crises d'hystéries tout aussi inutiles de sa mère. Il prend donc un ton calme pour répondre à l'affolé.

- Je m'appelle Asa, commence-t-il, les mains devant lui qui font signe au garçon de se clamer, Asa Lockhart. Et rien, je ne lui veut rien, juste lui passer le bonjour. On s'est connu il y a quelques années, je ne sais pas s'il se souvient de moi...

Ses explications terminés, il bois une gorgée de son café tout en surveillant la réaction de son interlocuteur.

Contrairement à ce que j'aurais pu penser, Raiponce ne s'énerve pas. Je comprends pas, j'suis en train de péter un câble et lui il reste calme ? Y a pas beaucoup de gens qui y arrivent. C'est qu'il doit pas être si menaçant que ça. Puis je crains pas grand chose, avec un étudiant. Je me contente de décroiser les bras, mais je baisserais pas ma garde pour autant. Ca reste louche qu'il ait reconnu mon frère à travers moi comme ça. A surveiller. Je m'appelle Asa. Asa Lockhart. Non, sans blagues. Tu t'es déjà présenté à l'observatoire, j'te rappelle. Je marmonne mon nom, parce qu'il l'a peut-être oublié. Même si ça me semble pas possible s'il se souvient de mon frère, il y a plusieurs années, mais pas de mon nom donné il y a trois jours. Liu. Il continue sur sa lancée, les mains face à lui, pour me montrer qu'il va rien me faire sûrement. Et rien, je ne lui veut rien, juste lui passer le bonjour. On s'est connu il y a quelques années, je ne sais pas s'il se souvient de moi... Ca me calme un peu. Son attitude et ses paroles, mélangées, ensembles, je veux dire. Même si j'suis pas tout à fait sûr de si je le crois ou pas. Je me rassois, parce que rester debout c'est chiant et y a plus d'intérêt. Plus besoin de s'enfuir loin loin. Je peux pas te dire s'il se souvient de toi, je suis pas lui. Et c'est vrai. J'peux toujours lui demander la prochaine fois qu'on se voit, au repas de famille. Mais ce serait bizarre de lui faire hey, j'ai rencontré un mec, Asa, il te passe le bonjour, tu te souviens de lui ? Non, ce serait juste trop bizarre. J'essaie de me calmer en maintenant un peu la conversation. Je lui pose des questions qui pourrait me faire savoir s'il ment ou, au moins, si je le crois. Vous vous êtes connus où ? Enfin, comment ? Voilà une question qui devrait l'embêter ! S'il ment, il réfléchira et bougera dans tous les sens. Bien joué, moi.

Après s'être présenté à nouveau, en effet, il semblait qu'ils avaient besoin d'une nouvelle base, c'est pas comme s'ils étaient potes là tout de suite, Liu, le gars, quel drôle de nom on dira, se rassoit doucement. Bien, Asa se sentait déjà moins menacé maintenant qu'ils étaient à hauteur égale. (En effet, ils étaient tous les deux très grands.) Sa réponse est logique, peut-être un peu trop stupidement logique. Bien sûr qu'il n'était pas son frère, il n'avait pas besoin de le lui rappeler. Asa se retient de rouler des yeux d'évidence, il ne voulait pas relancer son interlocuteur dans une de ses crises bizarre de maniac. Clairement, le gars avait un problème, dont il n'était pas au courant quelques cinq ans auparavant. Il voyait que Liu se méfiait. Alors, n'ayant aucune raison de se cacher par ailleurs, il répondit la vérité, le plus clairement possible.

- Comme tu peux l'entendre, je ne suis pas d'ici. Mais adolescent, je suis venu en vacances à LA et j'ai rencontré Morgan, et on est vite devenus amis.

Omettre certains détails n'étaient pas du mensonge. Surtout si ça part d'une bonne intention. Pas sûr que Liu veuille savoir les détails de la nature de leur relation, pas sûr qu'il veuille entendre "ouais j'ai baisé (avec) ton frère" de la part d'un inconnu qui lui donnait de l'anxiété.

- Je suis déjà passé par chez vous et on s'est croisé là, il me semble.

Bon, il n'était pas très précis dans ses explications finalement, mais déjà dire qu'il était venu chez lui alors qu'il n'a pas trop l'air de lui faire confiance n'était pas forcément la meilleure approche du sujet. De quoi rendre monsieur Liu, frère de Morgan, encore plus parano. Et ses gestes fluides des mains, pour accompagner ses explications, inspirer confiance et paraître maître de soi ne pouvait pas masqué le fait qu'il mentionné l'endroit où il habitait cinq ans auparavant.