IN THE DARK • Loïs & Silas

Loïs avait longuement hésité avant de se rendre à l’activité. Bien s’habiller ou tenter d’être décontractée ? Le dilemme était réel. D’un côté, elle savait qu’elle serait dans le noir et qu’on ne verrait pas sa tenue, sauf au moment de sortir du restaurant, peut-être. De l’autre, elle se disait que justement, si elle sortait de là avec un sweat à capuche, elle risquait de faire fuir la personne face à elle. Elle avait fini par trancher en enfilant un pantalon noir avec un son débardeur préféré, dans les tons rouges pastels. Ça ne donnait pas l’impression qu’elle était en pyjama, et au moins elle serait à l’aise – déjà qu’elle ne verrait rien, elle ne voulait pas que la soirée se transforme en calvaire. Loïs s’était donc présentée au restaurant, où un serveur n’avait pas tardé à l’entraîner jusqu’à une table. Elle avait maladroitement pris place sur sa chaise, avant de remercier le serveur de l’avoir aidée à s’installer. « Je vais vous ramener votre partenaire. » l’avait-il informée. Très bien, elle était donc seule. Ses doigts parcoururent la table face à elle, pour tenter de se mettre en tête où étaient son verre et ses couverts. Enfin, des bruits de pas lui indiquèrent qu’on lui amenait un partenaire. « Bonsoir. Je m’appelle Loïs, et toi ? Enfin, on peut se tutoyer n’est-ce pas ? » Elle était peut-être un peu trop brutale, mais elle avait hâte de commencer à parler à son nouvel interlocuteur. Et puis, elle voulait découvrir la sensation de manger dans le noir. Elle était vraiment impatiente pour tout en ce qui concernait cette expérience.

C'est presque une aubaine pour lui ce dîner dans le noir complet au moins personne ne risque de reconnaître son visage. C'est quand même rare parce que les gens qui vont dans les restaurants chics ne passent pas leur temps derrière une console de jeu mais il arrive que parfois un fan de tekken le reconnaisse et le mouvement de foule arrive ; même sans le connaître les gens viennent près de lui histoire de prendre une photo avec une ' célébrité '. Pour l'occasion il a enfilé un jean serré, une chemise blanche et une veste de costard - chic mais sans trop l'être, après ça fait dîner d'entreprise ou demande en mariage la tenue complète. Silas se laisse guider par le serveur jusqu'à la table où une jeune femme l'attend, ça commence bien il arrive en deuxième c'est pas très galant. Mais il n'est pas galant, Silas. Moi c'est Silas, enchanté. Et ouais ouais on peut se tutoyer, je suppose que t'as pas cinquante ans et moi non plus alors passons sur ces vieilleries ! il sourit même si elle ne peut pas le voir dans le noir parfois ça s'entend dans la voix. Il essaie de trouver son verre, ses doigts le heurtent finalement. Il lâche un petit rire je m'excuse d'avance si je fais tomber quoique ce soit sur toi.

Elle tentait de se montrer prévenante, Loïs. Hors de question de passer un mauvais moment juste parce qu’elle n’avait pas fait le nécessaire pour mettre la personne en face à l’aise. Et puis, ils étaient dans le noir, c’était compliqué d’appréhender les réactions de la personne en face. Tout se passait dans la voix. Elle n’avait pas encore entendu celle de l’homme qui lui faisait face, mais elle ne voulait pas heurter quelqu’un qui pouvait être plus âgé qu’elle ou un peu vieux jeu. « Moi c'est Silas, enchanté. Et ouais ouais on peut se tutoyer, je suppose que t'as pas cinquante ans et moi non plus alors passons sur ces vieilleries ! » Elle entendait le sourire dans sa voix et cela la faisait sourire à son tour. Il était un peu direct, mais au moins, il ne se prenait pas la tête. Bon point pour lui. « Je m'excuse d'avance si je fais tomber quoique ce soit sur toi. » lui disait Silas alors qu’il se saisissait de quelque chose sur la table. Enfin, c’est ce que Loïs devinait au léger tintement qu’elle entendait. « Pas de souci, même si je t’avoue que je préférerais qu’on évite tout incident. » Après tout, ce n’était jamais agréable de se retrouver recouvert d’un contenu d’assiette ou de l’entièreté du liquide d’un verre. « D’ailleurs, est-ce qu’il y a une bouteille sur la table ? Les verres sont pleins ? » Elle n’avait vérifié que ce qui était tout juste face à elle, sans penser à étendre les mains un peu plus loin.

C'est compliqué de se repérer par contre, dommage qu'il ne soit pas un chat. Il ne voit rien dans le noir et il est obligé de poser ses mains au ralenti presque sur la table pour éviter de provoquer une catastrophe, d'ailleurs il s'excuse d'avance si ça arrive. Silas qui s'excuse pour quelque chose c'est qu'il est vraiment de bonne humeur, d'habitude il ne s'excuse jamais. Il pourrait casser la jambe de quelqu'un que ça le ferait sûrement grimacer - ou rire - mais il ne viendrait pas s'excuser. Quoi ? Tu n'as pas envie d'être trempée de champagne ? Je suis étonné. petite plaisanterie, personne n'a envie de se retrouver trempé. Il sait pas comment elle est habillée en plus mais imaginez avec un jean skinny la sensation après est horrible ça colle à la peau. Attend je pars à la découverte de la table. il remonte sa main, ses doigts touchent l'assiette, il réussit à attraper le verre et le bout de ses doigts rencontrent un liquide les verres sont pleins mais je ne sais pas de quoi. Il fallait le deviner à l'odeur et au goût là. Il bouge la main pour toucher ce qui lui semble être un pichet d'eau. L'eau est à ta gauche. il bouge sa main gauche à lui pour toucher une bouteille et le vin à ta droite, enfin je suppose que c'est du vin.

Selon ses premières impressions, Silas était une personne agréable. La personne avec laquelle elle pourrait passer une soirée plus qu’agréable. Enfin, c’était son ressenti. Il avait de l’humour, une voix agréable et un peu de répondant. De grandes qualités aux yeux de Loïs. « Quoi ? Tu n'as pas envie d'être trempée de champagne ? Je suis étonné. » La Garcia laissait échapper un léger rire, tout en secouant la tête. « Je sais, je ne suis pas la partenaire la plus marrante qui soi. » Elle le pensait vraiment. Enfin, elle se doutait que sa compagnie ne devait pas être insupportable – du moins osait-elle l’espérer –, mais en même temps, elle se connaissait. Terre à terre, parfois trop sérieuses… Cela pouvait dégoûter du monde. « Attend je pars à la découverte de la table. » lui signifiait Silas d’une voix déterminée. « Les verres sont pleins mais je ne sais pas de quoi. » Ah, une surprise ? Loïs laissait ses phalanges parcourir la table, la pulpe de ses doigts rencontrer le tissu de la nappe, avant que finalement, la paume de sa main ne vienne épouser la forme d’un verre, bel et bien rempli. « L'eau est à ta gauche. » Elle portait le verre à ses lèvres tandis qu’elle l’écoutait parler. « Et le vin à ta droite, enfin je suppose que c'est du vin. » Il lui suffisait de tremper le bout de ses lèvres pour percevoir l’onctuosité et l’acidité de l’alcool. « C’est bien du vin. Du rouge. C’est ce qu’il y a dans le verre aussi. » Et quelque part, ce n’était pas étonnant. De ce qu’elle en savait, c’était courant dans les grands restaurants de commencer par ce genre d’alcool, même si elle avait tendance à préférer le côté fruité d’un bon vin blanc. « T’es plutôt doué pour les descriptions, en vrai. » constatait Loïs en reposant son verre à bonne distance, derrière l’assiette, pour être certaine de ne pas le renverser. Elle avait été prudente, soucieuse de ne pas faire subir une catastrophe au pauvre Silas qu’elle venait à peine de rencontrer. « Si tu devais te décrire, physiquement, qu’est-ce que tu dirais ? » La description du caractère viendrait plus tard. Loïs savait à quel point il était dur de se cerner soi-même à ce niveau-là, alors que Silas s’était déjà vu dans un miroir, il pouvait se décrire sans mal.

Il lâche un petit rire, glisse sa main derrière sa nuque. Il ne sait pas pourquoi elle se dévalorise comme ça mais il reste persuadé qu'elle a tord, pour l'instant il la trouve plutôt rigolote. Même si ça ne sert à rien parce qu'elle ne peut pas le voir il secoue la tête négativement. Ce soir je suis le seul juge pour savoir si tu es marrante ou non. heureusement qu'elle n'a aucune idée de qui elle a en réalité en face d'elle à savoir un gamin de vingt-deux ans sous médicaments pour lui éviter de faire une crise meurtrière. Rien de rassurant en somme mais le traitement est efficace sinon il ne serait pas à cette table présentement. Il lève ses mains pour les passer au dessus de la table afin de se repérer, de donner des indications à son interlocutrice qui s'occupe, quant à elle, de savoir ce qu'il y a dans son verre. Une connaisseuse en vin ? mais peut-être que c'est un goût qui se reconnaît dès la première gorgée, Silas n'est vraiment pas un expert en alcool. Il esquisse un sourire à la question de sa partenaire. Je dirais que je suis plutôt beau gosse. il lâche un petit rire parce qu'après tout elle lui a tendu la perche. Silas passe son temps à se vanter, parfois - souvent - c'est insupportable de faire face à quelqu'un d'aussi égocentrique et sûr de lui. Il se mord l'intérieur de la joue, passe sa main dans les cheveux. Je mesure 1m80, je suis brun avec les yeux marrons tout ce qu'il y a de plus normal. Je maintiens que je suis plutôt beau gosse, je vais souvent à la salle de sport. La peau trop blanche parce que je suis danois, là j'ai les cheveux plaqués en arrière mais parfois j'ai une mèche. il rigole parce qu'il se sent quand même un peu idiot à se décrire comme ça et toi ?  

Il avait l’air plutôt flatteur, le genre de personnage sûr de lui. Et c’était agréable. « Je dirais que je suis plutôt beau gosse. » Il riait et Loïs se joignit volontiers à lui. Elle trouvait sa confiance en lui assez adorable. C’était même complètement craquant. « Je mesure 1m80, je suis brun avec les yeux marrons tout ce qu'il y a de plus normal. Je maintiens que je suis plutôt beau gosse, je vais souvent à la salle de sport. La peau trop blanche parce que je suis danois, là j'ai les cheveux plaqués en arrière mais parfois j'ai une mèche. » Elle hochait la tête, tentant de se faire une image mentale de ce à quoi il pouvait bien ressembler. Et c’était vrai qu’il était plutôt beau gosse. « Et toi ? » Forcément, la question se retournait contre elle. Elle l’avait cherchée. Prenant quelques instants pour réfléchir, elle finit par répondre : « Je suis un peu plus petite que toi. Un mètre soixante-dix, pour être précise. Cheveux bruns lâchés, qui forment des boucles, yeux marrons, peau teintée par mes origines mexicaines. Allure sportive. » Elle haussait les épaules, sachant pourtant pertinemment qu’il ne pouvait pas la voir. Elle faisait ça pour elle-même, parce qu’elle hésitait sur ce qu’elle pouvait ajouter ou non. C’était assez étrange. « Je dirais pas que je suis belle gosse, mais si je ressemble vraiment au reste de ma famille, je dois avoir un certain charme. » Elle riait. Ça sonnait si faux entre ses lèvres. « Je suis lieutenante de police à la LAPD et ça a tendance à surprendre les gens. La plupart du temps, j’en suis la première surprise. » A vrai dire, elle ne savait pas si elle avait choisi ce métier juste pour embarrasser son père et sa belle-mère, ou si c’était ce qu’elle souhaitait vraiment. Mais dans tous les cas, elle en était là à cet instant. « J’ai toujours eu le fantasme d’avoir un rendez-vous galant avec un criminel sans le savoir. Un peu comme dans les films, l’histoire d’amour impossible. Dans le noir comme ça, ce serait le scénario parfait. » Elle ne savait pas pourquoi elle disait ça. Enfin, si, elle le disait parce que c’était vrai. Mais elle n’avait pas prévu de le dire. « Serais-tu le criminel de mes fantasmes ? » demandait-elle sur un ton sérieux. Elle laissait passer quelques secondes et puis, elle se mit à rire. C’était plus fort qu’elle.

Il espère s'être assez bien décrit mais franchement c'est pas un exercice facile. Rapidement il ne sait pas quoi dire de plus et renvoie donc la question à la jeune femme, il est curieux et il veut quand même se venger pour lui voir torturé les méninges à chercher quoi dire pour se décrire. Silas se penche légèrement en arrière et passe sa main dans ses cheveux, un sourire se dessine sur ses lèvres alors qu'il tente de se faire une vision de sa partenaire du soir. Elle a l'air plutôt agréable à regarder de ce qu'il peut imaginer. Je réclame un rendez-vous en plein jour pour voir ce certain charme mexicain. la suite de ses propos par contre ça le refroidit direct même si il ne laisse rien paraître. Elle est lieutenante de police, il pouvait pas plus mal tomber avec ses agissements à la con, si elle savait ce qu'il avait fait dans sa vie entière sans doute qu'elle lui mettrait les menottes et pas pour une séance façon christian grey mais pour aller en prison sans passer par la case départ. Pour retrouver confiance il lâche un petit rire, de toute manière son aveu sur son fantasme est plutôt marrant quoiqu'un peu bizarre quand même. Je suis gameur professionnel, pas vraiment criminel. de multiples hack, un suicide programmé, des vidéos filmées à l'insu des personnes présentes dessus ... si, c'est un criminel mais il n'est bête. Ou peut-être que j'en suis un mais je serai idiot de l'avouer devant une lieutenante de police, non ?

C’était toujours intéressant de voir comment les gens se présentaient d’eux-mêmes. Au-delà de la description physique, cela était souvent révélateur de leur état d’esprit et de leur confiance en soi. Silas avait l’air d’être un type plein d’assurance, cachant son arrogance sous de l’humour. C’était le genre de mec qui attirait les filles comme des mouches, de ce que Loïs en savait. Et pourtant, il était là, à prendre part à une croisière pour célibataires, à participer à une activité clairement orientée pour ceux étant réellement célibataires. C’était étrange. C’était intriguant. Et Loïs ne tarda pas elle-même à se prendre au jeu. « Je réclame un rendez-vous en plein jour pour voir ce certain charme mexicain. » commenta Silas, signe qu’il avait accroché à l’hameçon. « Ce serait avec plaisir. » Comme une invitation susurrée du bout des lèvres, pour lui témoigner qu’elle aussi, aimerait avoir un autre rendez-vous avec lui. Peut-être même prolonger celui-ci, si la soirée continuait aussi bien ? Elle verrait. Avant d’en arriver à ce genre de finalité, elle se laissait porter par ses pensées, parlant peut-être un peu trop, se relevant toujours un peu plus. Elle en venait à parler de ses fantasmes, même si cela semblait un peu trop prématuré. « Je suis gameur professionnel, pas vraiment criminel. » Elle faillit lui répondre que c’était dommage. Mais Silas ne lui en laissa pas le temps. « Ou peut-être que j'en suis un mais je serai idiot de l'avouer devant une lieutenante de police, non ? » Il éveilla soudainement sa curiosité. S’il lui avouait ce genre de choses, il ne faudrait pas longtemps à Loïs pour le retrouver. Il lui avait donné son prénom, lui avait offert un portrait robot parfait et lui avait même confié son métier. Elle connaissait jusqu’au son de sa voix. Alors effectivement, ce ne serait pas malin de sa part de faire ce genre d’aveu, même si cela pouvait être particulièrement excitant. « Ce ne serait pas très malin, en effet. » Portant ses phalanges sur son verre de vin, elle en but une gorgée avant de le reposer, prenant le temps de réfléchir. « Ceci étant dit, comme je viens de t’avouer qu’il s’agissait d’un de mes fantasmes, rien ne me garantirait que tu ne le dises pas dans l’unique but de me séduire. » C’était également possible. « Et je n’aurais aucune preuve de tes aveux car je n’ai même pas pensé à prendre mon téléphone avec moi pour t’enregistrer. Au final, ce serait moi qui passerais pour l’idiote si je le racontais à mes collègues. C’est un risque que je ne préfère pas prendre. » Au final, tout ce qui se passait dans ce restaurant restait dans ce restaurant, non ?