</brother_and_sister> (louison)

L’enfoiré !
Elle se cogne la tête contre son bureau devant elle. Et vraiment, elle a juste envie de trouver l’identité de ce foutu Hei_Shadow, ce Heimdall de malheur, pour aller lui exploser sa tête à lui contre son bureau. Ou contre quelconque autre endroit assez en coin pour que ça provoque une belle plaie ouverte au niveau du crâne. Oh, ce serait si bien.
Elle relève la tête pour regarder de nouveau son écran d’ordinateur. Il est noir. Juste. Noir. La tour est allumée, et tout le reste répond parfaitement bien, mais l’écran est noir. Et elle sait plus ou moins quoi faire pour régler ce problème. Mais c’est long. Et chiant. Et c’est évident qu’il le sait. Et elle sait qu’il a fait ça exprès pour cette raison là. Celle de l’emmerder profondément. Parce que ce virus est pas dangereux en soi. Il est juste très, très, très chiant. Et ça fait un bout de temps, finalement, qu’ils se sont rien envoyé de fondamentalement dangereux, qu’ils se sont rien envoyé de mortel pour leur système. Qu’il lui a rien envoyé qui puisse vraiment détruire tout à un point tel qu’elle ait à racheter un ordinateur. Mais c’est presque encore plus frustrant dans ce cas là. Parce que c’est chronophage, et qu’elle a des dizaines de commandes en attentes. Dont certaines ne sont pas en mesure d’attendre. Le divorce de cette femme est demain. Et elle a besoin de preuves contre son mari pour gagner l’assurance. Ou un truc comme ça. Louison a pas très bien tout compris. Les histoires de divorces, ça la déprime de toute façon.
Holly passe dans sa chambre pour l’embrasser sur la joue, et ça fait juste du bien. Parce que ça la fait redescendre de deux étages, que ça lui enlève ce stress hyper mauvais pour la santé, surtout mentale. Qu’elle peut maintenant juste souffler, prendre un grand bol d’air, et se lancer dans le reboot le plus chiant de l’univers.

Elle passe six heures dessus. Et vraiment, vraiment, elle a l’impression de revivre lorsque son bureau s’affiche devant elle, avec toutes ses applications, tous ses dossiers et toutes les preuves accumulée contre le mari, toujours là, comme elles étaient lorsque le virus est arrivé. Elle se remet rapidement au boulot. La vengeance, elle y pensera plus tard. Là, elle a des choses beaucoup plus urgentes à faire. Hei_Shadow et leur gueguerre de gamin, elle les remettra à dans deux jours. Elle ouvre internet, va sur Facebook. Facebook, ou l’endroit où on trouve des choses beaucoup trop compromettantes, sans même que la personne concerné ne soit au courant que ces choses existent. La reconnaissance faciale fait son oeuvre, et Louison se retrouve rapidement face à des centaines de photos de ce futur ex-mari qui ne se trouvent ni sur son compte, ni sur celui de sa femme.
Et vraiment, vraiment, il souhaite à sa femme de gagner le procès, le divorce, ou quoiqu’elle essaye de gagner. Certaines photos remontent à déjà plus de cinq ans. D’après la femme, ils sont mariés depuis six. Et alors que Louison pensait que ce serait au moins un tout petit peu compliqué. Qu’elle devrait au moins avoir à coder un chouilla pour dégoter des trucs. Elle est persuadée que ces photos là suffiront au juge pour la déclarer vainqueur, ou, innocente, ou déclarer l’autre coupable, qu’importe.
Certaines de ces photos sont même criminelles, genre, la loi et tout. Et Louison hésite pas une seule seconde avant de les sauvegarder dans son dossier “Police” dans ses Musiques. Alors que certains hacker s’amusent à avoir des dossiers cryptés aux noms débiles, elle, préfère la jouer à l’aiguille dans la botte de foin. Et la musique depuis plusieurs années, offre tant de mots de la vie de tous les jours comme noms de groupes ou titres de chansons, que c’est presque trop facile pour elle, de les cacher.

Elle reste stoïque quand quelqu’un toque à sa chambre, mais se dépêche de fermer le dossier Police et les autres concernant ce mari un peu trop friand des jeunots. Elle ouvre Youtube rapidement, met une chanson débile, et sourit en entendant la réflexion de Morgan. Elle hausse les épaules, se retourne sur son fauteuil tournant et se retrouve face à lui, sourire aux lèvres.
Il lui faut pas deux secondes pour se lever de son fauteuil et attraper Morgan dans ses bras lorsqu’il s’approche d’elle.
Sa mère, fan incontestable de la France l’a toujours habitué aux accolades. Et toute personne connaissant Louison a toujours été habitué à ses accolades, à elle.
Lorsqu’elle le lâche, elle le regarde avec ces yeux particuliers qu’elle réserve à Morgan, Thaïs, Liam et tout autres jeunes enfants de la famille King.

Comment tu vas ? Qu’est-ce que tu fais là ? Je te manquais ?

Elle accompagne la dernière question d’un clin d’oeil complice et d’une langue entre ses lèvres. Elle ressemble à une tête de smiley. Elle va se rasseoir sur son fauteuil. Elle aime la présence de Morgan, mais elle doit envoyer ce mail à sa cliente, la dead line est dans une heure. Si Morgan reste, elle le fera devant lui, et tant pis pour les questions qui pourraient venir.

Même concentrée face à son ordinateur, elle hésite pas à rire quand il lui répond. Elle sait qu’il se moque, parce que, vraiment, quand est-ce qu’ils sont pas en train de se moquer l’un de l’autre ces deux là ? Elle sent, plus que ne voit, sa langue se tirer. Elle est de nouveau face à son ordinateur, et vraiment, Morgan parle à son dos. Mais c’est pas réellement un problème. Quiconque la connaît bien sait que lorsque Louison est devant l’ordinateur, même si ce qu’ils ont a dire est hyper important, ils le diront face à son dos, plus que face à elle, réellement. Puis il explique ce qu’il fait là, et Louison hoche la tête, totalement compréhensive. Si elle écoutait vraiment ses cours, et faisait réellement ses propres devoirs, ça l’emmerderait forcément très rapidement. Heureusement, elle n’écoute pas ses cours, prend juste ceux du voisins, et ne fait pas ses devoirs, retravaille juste ceux de ce même voisin. Tant que personne ne s’en rend compte, vraiment, tout le monde est content.
Elle sourit quand il continue. Il veut pas la déranger, il est gentil. Il a toujours été gentil, Morgan. C’est genre, un peu comme une barbapapa. Collant, gluant, mais bon. C’est la personnification même d’une barbapapa, même.
Et elle finit par laisser tomber sa tête en arrière quand il parle de ce week-end. Faut pas penser le contraire, Louison adore les repas de famille. Mais tous les dimanche, c’est juste, beaucoup. Puis, elle se retrouve toujours à débarrasser. Genre. Tout. Le. Temps. Que ce soit avec les enfants King, ou avec les enfants de sa mère, ça dépend. Mais elle est toujours dans le duo qui débarrasse, et vraiment, juste, comment ça se fait ? C’est le truc le plus injuste de l’univers.

- Ouais. Enfin, prête. C’est un bien grand mot.

Elle se remet à pianoter assez rapidement. Pas grand chose, elle est plus dans le vrai piratage là. Elle doit juste écrire un mail, et l’envoyer à travers plusieurs proxi, pour qu’on la retrouve pas. Ca a rien de très technique.

- Tu veux venir voir c’que je fais ?

Morgan est le seul qu’elle laisse voir ce qu’elle fait. Elle l’avait jamais fait jusqu’à maintenant, osant pas trop. Voulant pas trop, non plus. Mais aujourd’hui, pourquoi pas. C’est pas comme si elle hackait des trucs de bad-ass ou que c’était trop illégal. Elle a juste été chercher la tête de quelqu’un sur Facebook. Elle est pas trop chaude pour lui montrer les photos, parce que, vraiment, ce mec est un connard, et un criminel. Parce que les jeunes filles sur ces photos ne sont pas majeures. Elle laisse une petite place devant l’ordi pour qu’il passe juste un peu sa tête, et continue de taper son mail. Un truc très simple :
“Bonjour, voilà ce que j’ai trouvé sur votre futur ex-mari. J’attends le reste du paiement d’ici demain.
Bonne fin de journée.”
Elle joint les photos une par une, avec un code, pour éviter que quiconque puisse les remonter jusqu’à un dossier quelconque de son ordinateur, doit les ouvrir, pour ça. Et finalement, envoie le mail après cinq minutes. Elle tourne sa tête pour voir le visage de Morgan pas trop loin du sien, qui regarde son écran.

- Alors. Les sucettes, hein ?

Elle est obligé, de lancer le sujet. Parce que come on, really ? Il aurait pu faire mieux, comme métaphore. Il vaut mieux que ça, vraiment.

C’est toujours moins fatiguant quand y’a que les King. Mais quand même. Puis même si Louison les adore, elle a pas forcément envie de passer tous ses dimanches avec eux. Et pas parce que c’est des enfants adoptés, ou parce que c’est une famille recomposée, non. Juste parce qu’elle a vingt-quatre ans. Et le dimanche, elle préfèrerait, parfois, être autre part. Y’a de rares fois où elle a pu amener ses amies les plus proches à un repas de famille, et où elle se sentait moins seule, mais c’est pas assez. Genre, certains dimanche, elle voudrait pouvoir les passer à faire la grasse mat et se lever qu’à 14h. Bah avec le repas du dimanche, elle peut pas. Et quand le repas n’est pas chez les King, il est chez sa mère. Et parfois, c’est les deux. Et alors que du coup, ils ont tous plus ou moins dès dimanche à eux, Louison, c’est pas son cas. Mais elle sourit à la réflexion de Morgan, parce qu’il le sait pas ça, lui. Puis, elle est pas sûre qu’il comprendrait que la famille, c’est bien, mais pas à outrance. Elle est persuadée que si Morgan pouvait rester vivre au domicile familial toute sa vie il le ferait. Rien que pour être avec sa fratrie le plus longtemps possible. Les King sont des gens aimants, en général. Mais Morgan, c’est juste encore un cran au dessus.
Louison est qu’à moitié étonnée quand il fait pas de réflexion sur les photos. Peut-être qu’il y fait même pas attention. Puis il est trop petit, trop jeune, pour comprendre ce qu’elles veulent dire. Et à quel point ses photos sont dangereuses. Illégales. Sa femme, à l’homme sur la photo, aura dans sa main une arme bien plus puissante que n’importe quelle arme à feu, lors du procès. Surtout qu’elle l’a pas demandé Louison, mais elle pense que c’est une histoire de garde. Le père n’aura jamais la garde de ses enfants avec des photos comme celles-ci.
Puis Louison lance le sujet qu’elle attendait de pouvoir aborder avec lui depuis quelques jours. Ses photos instagram, et ses captions. C’est pas possible. Louison se doute qu’il a quelqu’un dans sa vie, ou dans son lit, pour écrire des trucs pareils, et comme la grande soeur qu’elle est. Elle a envie de tout savoir. Et de surtout ne rien savoir. Mais Louison est curieuse, c’est dans sa nature. Le piratage, peut-être. Et elle arrive pas à se retenir de lui poser la question qui lui semble la plus appropriée à ce moment là. Plutôt que de lui demander de but en blanc de lui parler de sa vie amoureuse, elle préfère lui dire qu’elle est terrorisé par ce qu’il poste. Ce qui, en soi, n’est pas complètement faux.
Sa réponse la fait lever les yeux au ciel, et elle se lève de sa chaise pour venir s’asseoir à côté de lui. Elle secoue la tête, incrédule. Il est pas sérieux, c’est débile comme réponse. C’est du Morgan, clairement, mais ça reste débile.
Et finalement, il lui parle d’elle, et de ses réactions. Et Louison s’allonge un peu sur son lit, à côté de là où est assis Morgan.

- Tu sais, t’es un bébé encore pour moi. Je t’ai connu bébé, je t’ai changé tes couches à une époque. C’est compliqué de voir que tu grandis. Puis, franchement. Tu postes ces photos, c’est comme si tu voulais provoquer quelqu’un, tu sais ? Comme si t’étais dans une relation et que tu lui envoyais des messages par les photos, c’est hyper étrange pour une grande soeur de voir ça. Comme si tu te mettais à écrire des sextos et que tu me les mettais sous l’nez, tu vois ?

Et c’est exactement ce qu’elle ressent. Elle est morte de rire, quand elle voit les images, mais tellement mal à l’aise à la fois. C’est tout sauf agréable.
Puis Morgan, c’est son petit frère bébé. C’est juste bizarre de voir son instagram se remplir entre souvenirs d’enfances et textos plus que suggestifs.

Peut-être qu’elle a pas envie qu’il grandisse. Et vraiment, ce serait logique. Parce que, qui a envie de voir quelqu’un qu’ils ont pris dans leur bras étant enfant grandir ? Personne. Elle se souvient encore de l’odeur des couches, elle demandait à son père si elle pouvait l’aider à le changer. Et vraiment, après quelques fois, elle a arrêté, elle supportait plus, ça sentait trop mauvais. Puis enfants, ils ont parfois pris des bains ensemble. Et ça l’a jamais dérangé. Parce que c’était son baby bro. Et que c’est normal avec son baby bro. Mais voir ces images, là, c’est. Ca casse cette image. Puis, c’est pas comme si c’était des belles images développant l’amour, et prouvant de la sincérité entre deux personnes. Nope. Nope, c’est clairement des images qui provoquent l’excitation, le désir, l’envie de l’autre de la personne concernée. Parce que Louison en est sûre, il y a quelqu’un de concerné. Un garçon, ofc. Avec Morgan, ça pourrait pas être une fille. Alors ce qu’il lui répond, quand il lui dit qu’il a pas de mec. Louison achète pas. Le croit pas une seule seconde. Elle fait genre, répond pas. Mais vraiment, quel mauvais menteur. Très, très mauvais menteur. Elle le sent s’allonger à côté d’elle, et il se remet à parler. Et elle sait tout ça. Elle sait que c’est plus un enfant. Qu’il est majeure. Qu’il a probablement, oui, une vie sexuelle. Mais elle refuse d’intégrer ça comme un fait, refute tout ça. D’ailleurs, elle a déjà oublié ce qu’il vient de dire. Fichier à la corbeille et corbeille vidée. C’est con que ce soit pas si simple, la gestion des souvenirs.
Et il continue de parler, mais il la regarde maintenant. Et Louison l’écoute attentivement. Parce qu’elle croit pas une seule seconde qu’il soit célibataire actuellement, pas une seule seconde. Et qu’elle est sûre que si elle le laisse juste parler, à un moment il va faire une bourde. Louison comprend pas. S’il est en couple, et si c’est assez sérieux pour qu’il l’annonce (plus ou moins), sur les réseaux sociaux, pourquoi il l’a pas encore présenté à la famille ? Tout l’monde sait qu’il est gay. Et c’est certainement pas la famille King qui va le juger pour ses préférences sexuelles. Ah. Ce serait le comble du mauvais goût s’ils se décidaient à refuser ça. Puis ils l’ont déjà accepté, de toute façon. Tout le monde sait que Morgan est homosexuel. Tout le monde.
Il recommence à lui sortir des conneries, sur l’instant T, sur qui il voyait à l’époque ou qui il voyait pas. Qu’il s’en souvient plus. Louison y croit pas. Morgan est un type bien. Elle est persuadée qu’il se souvient de toutes les relations qu’il a eu, de quand elles ont commencé, et de quand elles se sont terminées. C’est ce qu’elle se plait à penser, au moins.
Elle se retourne finalement vers Morgan, se mettant dans la même position que lui, pour se retrouver face à lui, à sa hauteur.

- T’es un menteur Morgan. Un très mauvais menteur. Tu sais que je peux juste, super facilement hacker ton téléphone et voir à côté de quel contact t’as mis un petit coeur, hein ? J’suis sûre que t’as mis un petit coeur à côté du prénom de ton mec. C’est o-bli-gé.

Louison plisse les yeux, sonde le visage de son petit frère, essaye de voir la moindre réaction. Parce que, si elle trouve pas avec qui il sort, au moins, elle veut l’affirmation de sa part qu’il sort avec quelqu’un. Et qu’il fait pas ça juste pour afficher qu’il a une sexualité grandissante.

Louison, ça l’a toujours fait rire, la prévisibilité de Morgan. C’est qu’il est hyper facile à lire. Et elle a pas besoin d’hacker dans quoique ce soit pour découvrir des trucs qu’il cache. Parce qu’il est incapable de les cacher. Il a cette tête de puppy qui fait que lorsqu’il ment, c’est évident. Et Louison, ça la fait juste marrer. A chaque fois. Parce qu’elle s’en amuse. Elle a pas besoin d’hacker son portable, ni son ordinateur, ni même de jouer des jeux de manipulation pour qu’il lui dise la vérité, parce que la vérité se lit sur son visage. Morgan a quelqu’un dans sa vie. Et ce quelqu’un, manifestement, il veut le garder pour lui, cacher. Loin des regards. Peut-être qu’il est tellement canon qu’il a peur que sa fratrie s’intéresse un peu trop à lui. Ou peut-être qu’il le considère pas assez pour le présenter à sa famille. Peut-être qui préfère attendre de voir si vraiment ça marche avec lui avant l’épisode “parents”. Et ohla, que Louison le comprend, si c’est ça. Elle a présenté qu’une personne à son père et sa mère, et du coup, à tous les King, aussi, et finalement. La rencontre a eu beau s’être parfaitement passée, il a rompu quelques jours plus tard. Parce que : “Ta famille est vraiment trop chelou, j’suis désolée.” Louison lui a demandé d’aller se faire voir dans le trou d’un yeti, et a hacker son compte FB pour y poster des licornes un peu partout. Homophobe de merde.
Alors ouais, Louison le comprend. De vouloir attendre. Pour les parents, du moins. Mais elle ? Il a pas besoin d’attendre pour lui présenter, à elle. Elle lui donnera son premier avis. Et elle lui dira si oui ou non, elle pense qu’ils peuvent être ensemble. Et elle sait déjà sur quoi elle se basera. S’il est beau mais con, ce sera next. S’il est moche mais intelligent, next. Il faut un garçon parfait. Sinon, ce sera pas assez bien. C’est aussi simple que ça.
Il essaye de lui mentir, comme elle se doutait qu’il le ferait. Et c’est amusant, de le voir essayer de se défendre, et de lui dire le contraire. Elle sait, déjà. Il pourrait lui dire que c’est faux cinquante fois qu’elle le croirait pas, une seule fois. Le truc, c’est qu’elle a pas non plus trop envie de pousser. Enfin. Si. Mais pas maintenant. Elle aura tout le temps du monde de lui en reparler. Peut-être le mettre sous le fait accompli un jour, en le croisant avec son mec. Ou peut-être lui foutre la pression à un repas de famille le dimanche, en en parlant assez finement pour qu’il soit le seul à comprendre quoi elle parle. Elle verra. Elle a plein de technique dans sa poche pour lui faire vomir la vérité.
Sa question la prend de court, et l’étonne, aussi. Elle se rallonge sur le dos, hausse les épaules. Non. Elle voit personne. Elle a pas vraiment envie d’en parler. C’est pas que ça la dérange, non. Mais Louison aime pas parler de sa situation actuelle avec les hommes. Parce qu’elle couche avec eux, n’a pas de réelles relations. Qu’ils sont amis, ou connaissances, qu’ils passent une fois dans son lit et c’est basta. Alors elle finit par secouer négativement la tête.

- Nope. Mais j’ai une némésis. Tu sais, comme les super héros là. J’ai mon superméchant à moi. C’est cool non ?

La relation de haine et de conflit qu’elle entretient avec Hei_Shadow, est probablement, ironiquement, la relation la plus stable qu’elle ait, en ce moment. Amicalement, elle a Holly. Familialement, elle a toute sa famille. Mais dans les relations plus “particulières”, y’a que lui, qui reste, toujours, dans son esprit. Nuits et jours.

Louison se rend compte assez vite qu’elle aurait peut-être pas dû amener sa rixe avec Hei_Shadow dans la conversation. Déjà parce qu’au final, elle a pas envie d’en parler. Ni envie d’y penser. Et aussi parce qu’elle a cette impression beaucoup trop étrange qu’elle y pense un tout petit peu trop, en ce moment. Plus que ce qu’elle devrait, en tout cas, c’est sûr. Et comme elle a tendance à s’énerver quand elle pense un peu trop à lui, bah elle est un peu trop souvent en colère. Peut-être qu’elle est maso. Elle se demande ça souvent en ce moment. Entre le fait qu’elle soit toujours en train de ramener un truc qui lui fait du mal sur le devant de ses pensées, et sa relation avec Silas qu’est franchement weird, peut-être qu’en fait, elle aime bien souffrir Louison. Peut-être que ça la fait kiffer. Rah, elle aime pas ça. Vraiment pas. Penser comme ça, c’est dérangeant, pour tout le monde. Elle voit son frère réfléchir, et lève un sourcil. Elle voit pas ce qu’il y a de difficile à comprendre, ni pourquoi il réfléchirait à ce qu’elle vient de dire. Elle aurait préféré jamais le dire, d’ailleurs. Elle aimerait pouvoir avoir une façon de retourner dans le temps et ne pas en parler. Il répète le mot némésis, et Louison hausse les épaules, le regard collé à son plafond. T’façon, elle a décidé qu’elle en dirait pas plus. Officiellement, parce que ce serait dangereux pour Morgan d’en savoir plus. Officieusement, parce qu’elle a pas envie de parler de cet enfoiré avec quiconque. Et Louison regarde un instant son frère comme si trois têtes venaient de pousser à côté de la sienne, et rigole à sa question. Non, non, le seul super pouvoir qu’il ait est celui de la connerie. Et de l’égocentrisme. Et de la vantardise. Mais c’est des pouvoirs de super connards ça, pas de super-héros.
Elle hoche la tête, oui, ça a un rapport avec le hacking. Et oui, elle fera attention. Ca fait déjà plusieurs mois qu’elle fait attention, ça va pas changer maintenant. Et se tourne sur le côté, pour être plus ou moins face à Morgan, qui est encore perché sur son coude, et elle lui sourit.

- T’inquiète pas p’tit frère, je fais toujours attention.

Son sourire s’élargit un peu, et elle vient prendre la joue de Morgan entre ses doigts pour la tirer un peu.

- Tu t’inquiètes pour moi, c’est trop mignon.

Elle rigole, se remet sur le dos, et tourne juste la tête pour regarder Morgan, soulève plusieurs fois ses sourcils à la suite, comme pour annoncer qu’elle va dire une bêtise, et remettre la conversation là où l’intéressait.

- Alors, ce mec. J’le connais ?