Balance ton quoi | Lyla

« Eh debout ! » Le bout du balai frappa Ohana en pleines côtes. Elle se redressa brusquement et foudroya la femme de ménage d’un regard encore endormi. Bordel, elle ne pouvait pas dormir tranquillement dans les coulisses ? C’était sa loge après tout, elle pouvait y faire ce qu’elle voulait, inclus foutre un matelas par terre et y habiter comme une sans-abri. Oui parce que clairement, elle n’était pas retournée dans la nouvelle colocation, pour deux raisons. Elle était rentrée beaucoup plus tôt que prévue et ne voulait pas débarquer avant sa fête surprise de retour -Elle imaginait déjà les confettis et l’alcool- et aussi parce qu’elle n’avait pas prévenu les filles, et ne voulait pas répondre aux questions.

« Range ton arme femme ! » lâcha-t-elle en se redressant, dans un caleçon trop grand et dans un t-shirt qui couvrait à peine sa peau. La femme de ménage arqua un sourcil et reposa le balai dans le seau.« T’as deux minutes pour foutre le camp. » Ohana leva les yeux au ciel et mima grotesquement un salue de remerciement. La porte claqua et elle s’étira comme un chat, ramassant ses affaires pour les fourrer dans sa valise. Ranger c’était pour les faibles, on l’avait forcé à le faire quand elle travaillait dans le monde de la mode, mais maintenant elle n’en avait plus rien à foutre. Elle se frotta les yeux et attrapa un pantalon, un pull, une paire de baskets. Ca lui prit une grosse minute pour tout enfiler, elle venait à peine de mettre sa casquette que la femme de ménage revenait à l’attaque. « Je m’en vais ! Range ton balai ! » Sac à dos sur l’épaule, elle se précipita le plus loin possible de la loge.

Elle s’affala sur le banc et but une gorgée de café dans un soupir. Bordel, elle avait encore besoin de dormir. Elle avait passé la soirée de la veille à retrouver des amis dans un peu tous les bars de Los Angeles. Bon l’avantage c’était qu’elle avait strictement payé aucun verre, mais ça piquait les yeux et le foie de pas pouvoir tout évacuer par le repos. Puis merde dormir seule elle commençait à détester ça ! Elle voulait un vrai matelas confortable, elle aimait pas coucher avec les ressorts du machin qui lui servait de lit. Elle attrapa son sac à dos et l’ouvrit d’une traite pour se saisir d’un dossier abîmé. Elle jouait les détectives privés Ohana depuis qu’elle avait trouvé les lettres de sa mère biologique. Elle cracha un nuage de fumée électronique et se pencha sur ses pattes de mouche. « Bordel faut que j’arrête d’écrire bourrée… » Il y avait le nom de son père, les quelques amis de ce dernier et ça s’arrêtait là. Non clairement elle craignait comme détective, c’était ridicule, mais elle avait chopé les photos de ses conquêtes, notamment de celle de sa mère. Quelle beauté, elle allait pas cracher dessus.

Un aboiement lui fit redresser la tête. Un chien lui faisait face. « J’ai déjà un chien chez moi sorry. » Elle lui fit signe de dégager mais il ne bougea pas d’un pouce, au contraire, il s’avança et chopa le dossier dans sa gueule avant de déguerpir. « CONNARD ! » Elle se redressa brusquement, renversa son café, son précieux. Putain de chien ! Elle se mit à courir après lui, bondit par-dessus les buissons, aussi agile qu’une championne olympique d’athlétisme. Elle commençait à cracher ses poumons quand l’animal ralentit l’allure comme pour la narguer. Bon… Elle allait tenter le tout pour le tout ! Dans un cri ridicule et surtout cassé à cause de sa voix fatiguée, Ohana se jeta sur l’animal et le saisit par le flanc, elle mordit clairement la poussière mais le garda contre lui. « Je t’ai enfoi… » Elle fit face à une paire de chaussures et leva lentement son regard dans un sourire des plus innocents. « Bonjour ? »