'cause my world goes crazy without you ☽ jollie #2

La même routine qui se répète inlassablement. Jour après jour. Nuit après nuit. A la fin de mon service au planet, j'ai pris la vulgaire habitude de sortir. Jusqu'au petit matin. Les soirées se suivent et se ressemblent étrangement. De la musique et beaucoup d'alcool. Le seul moyen de me sentir encore vivante. Et surtout d'oublier. Tout oublier pendant quelques heures. Ce soir là, je suis seule, accoudée au bar, lorsque je croise son regard. Mon cœur manque un battement et se serre légèrement contre ma poitrine. Zellie. Elle est là, juste là. Un peu plus loin avec des amies. Et même si je meurs d'envie d'aller la voir pour la retrouver, je me contiens. Par respect. Même si notre dernière confrontation s'est plutôt bien terminée, tout n'est pas encore officiellement arrangé entre nous. Elle a besoin de temps pour réussir à me pardonner. Et je me dois de respecter son choix. Rien ne m'empêche cependant d'essayer de chercher son regard, à plusieurs reprises. En réalité, je ne la quitte pas des yeux de toute la soirée. « Je peux t'offrir un verre ? » J'acquiesce simplement d'un hochement de tête sans réellement calculer le jeune homme qui vient de m'accoster. Règle numéro un ; ne jamais renoncer à un verre offert. Même si le mec ne vous intéresse aucunement. Sur le coup, un peu naïvement, je ne me doute absolument pas de ses mauvaises intentions et ne m'aperçoit pas de ce qu'il met à mon insu dans mon verre. Pour être honnête, là, tout de suite, il n'y a que Zellie qui compte. Le reste n'a que très peu d'importance. Je suis hypnotisée par la jeune femme, comme ensorcelée. C'est elle, il n'y a plus qu'elle. Après avoir bu quelques gorgées, je me sens rapidement pris d'un vertige. Ma vue se trouble légèrement et je commence à vaciller. Je ne comprends pas ce qu'il m'arrive. D'habitude, je tiens très bien l'alcool - sans doute même un peu trop. Mais là, c'est différent. Quelque chose ne va pas. « Attends deux secondes, je reviens. J'ai besoin d'aller aux toilettes. » J'articule difficilement ces quelques mots avant de m'éclipser tant bien que mal en direction des toilettes des filles. Mais le jeune homme a suivi le mouvement. « Je t'attends. » Il se plante juste devant la porte. Une fois seule, je me laisse glisser contre le mur des toilettes et m'écroule au sol. Qu'est-ce qui est en train de se passer ? J'essaye de calmer ma respiration mais je me sens de plus en plus mal. J'ai la sensation étrange que la réalité qui m'entoure se déforme sous mes yeux et je commence vraiment à paniquer. Les murs tournent et les objets deviennent flous. C'est à ce moment-là que j'entends la porte s'ouvrir. Je lève la tête sur le visage trouble qui se penche alors sur moi. « Zellie, c'est toi ? » Je ne suis pas vraiment certaine que ça soit elle. Peut-être que je suis juste en train de l'imaginer. Comme une illusion, un mirage.

Je ne me suis jamais sentie aussi mal en point. Et pourtant, il y en a eu des soirées arrosées. Ce n'est pas la première et ça ne sera très certainement pas la dernière. Mais jamais de cette ampleur. J’essaye de garder l'esprit ouvert et de réfléchir à ce qui peut me mettre dans un tel état. Et la seule chose qui me vient en tête, à cet instant, c'est cet homme. Le comportement étrange qu'il a eu quand il a décidé de me suivre jusqu'aux toilettes. Le verre qu'il a gentiment proposé de m'offrir. Merde. Je replie les jambes contre moi et les entoure avec mes bras. J'essaye de penser à autre chose, de calmer ma respiration... en vain. Ce connard a essayé de me droguer, c'est maintenant une évidence. Et il attend sagement que je ressorte pour lui tomber dans les bras. Ça me donne envie de gerber. Littéralement. A cet instant, le visage de ma belle-sœur apparaît comme le saint Graal. « Oui c'est moi Johan. Reste pas par terre comme ça. » Entendre la voix de Zellie me rassure instantanément. Comme s'il n'y avait qu'elle pour me faire sentir mieux. Elle m'aide à me relever légèrement pour que je puisse m’asseoir sur la lunette des toilettes. J'essaye de plonger mon regard dans le sien mais l'angoisse s'empare de mon corps. Je tremble, j'ai froid et j'ai l'impression de ne plus arriver à respirer. « Mais enfin, qu'est ce qui va pas chez toi pour te mettre dans des états pareils ? » La jeune femme ne comprend pas ce qu'il se passe. Elle pense que c'est de ma faute, que c'est moi qui me suis mise dans cet état volontairement. Mais c'est faux. Si je n'avais pas bu ce verre, on en serait pas là. Je sais que je fais tout et n'importe quoi ces derniers temps mais quand même. Je ne suis pas irresponsable à ce point. « Je... je voulais pas mais j'ai... » Les mots sortent difficilement de mes lèvres, par à-coups. « Je crois qu'il a mis quelque chose... dans mon verre. » Le ventre noué, les jambes qui flagellent, je m'accroche fermement à elle pour éviter de flancher mais ma tête tourne dans tous les sens. C'est dur de rester éveillée et de ne pas s'abandonner à perdre pied. Mais je lutte contre moi-même. « Je suis désolée... » Dis-je en soufflant légèrement. C'est la seule chose que je trouve à dire, bêtement. Je me sens terriblement honteuse de l'embarquer dans cette galère. Je suis en train de lui ruiner sa soirée. Mais je suis tellement rassurée de savoir qu'elle est là. Avec elle, je me sens en sécurité. Et je sais qu'elle me protégera quoi qu'il puisse se passer. « J'ai tellement froid. » Je grelotte, les mains glacées. Et pourtant, j'arrive en parallèle à transpirer de chaud. Un paradoxe de cet état second dans lequel je me trouve actuellement.

Je suis ailleurs, comme sur une autre planète. Mon esprit dérive alors que je lutte pour garder les yeux ouverts. Ne surtout pas perdre connaissance. Mon état de somnolence se fait pourtant de plus en plus présent au fil des minutes. La drogue ingurgitée semble déjà être loin dans mon système et les effets deviennent très difficiles à contenir. La soirée aurait pu très mal finir si Zellie n'avait pas été là au bon moment, au bon endroit. Un signe du destin ? Peut-être, peut-être pas. Je ne suis pas vraiment en état de me poser la question. Je remercie simplement le ciel de l'avoir amené sur mon chemin. Sans elle, je ne sais pas ce que j'aurais fait. Après ça, je crois que je pourrais lui être redevable à vie. Même si ce n'est pas de ma faute, je ne peux m'empêcher de m'en vouloir. C'est plus fort que moi. Faut dire que Zellie n'a pas réellement besoin de ça en ce moment. Avec l'accident, les mauvais résultats des examens de Ryan, elle a d'autres choses à faire et à penser que de s'occuper de moi. Je suis un véritable boulet pour elle. Dans tous les sens du terme. D'autant plus quand on connait le conflit qui, malgré moi, nous unit. Mais ce soir, il n'est plus question de haine ou de colère. Rien de tout ça. « Ne t’excuse pas. C’est pas ta faute. Je vais t’aider, je suis là. » Sa présence à mes côtés se veut immédiatement réconfortante. Et comme par magie, je n'ai plus peur. Mon angoisse s'est envolée. Je me réfugie dans les bras de la jeune femme serrant fortement son corps contre le mien pour essayer de me réchauffer. La chaleur de sa peau me fait du bien. « J’ai une idée pour te soulager, mais ça va pas te plaire. » Je grogne légèrement en guise de réponse, incapable de prononcer un seul mot. De toute façon, je lui fais totalement confiance. « Il faut que tu évacues cette drogue, il va falloir que tu te fasses vomir. » Une grimace s'installe sur mes lèvres alors que je tente, accrochée à son bras, de me relever doucement. Ce n'est pas l'idée du siècle mais je n'ai pas vraiment le choix. Zellie a raison, il faut que je puisse évacuer la drogue de mon système. Et vomir sera certainement la solution la plus efficace pour ça. « Je suis là avec toi, je vais t’aider. » Zellie m'aide à m'installer à genoux devant la cuvette et me soutient de toutes ses forces pour me maintenir la plus droite possible. Sa main vient alors se poser dans ma nuque pour me tenir les cheveux. Heureusement, il ne me faut pas très longtemps avant de réussir à faire expulser tout le liquide avalé durant la soirée. C'est pas vraiment glamour comme scène mais là, on s'en fout. Je plonge mon regard dans celui de ma belle-sœur en guise de reconnaissance. Même si je ne suis pas encore capable de lui dire avec des mots, mes yeux essayent de lui faire comprendre ce que j'ai sur le cœur. « Je veux rentrer. » Je prends sa main dans la mienne pour qu'elle puisse me guider. « Partir le plus loin possible d'ici. » Les effets de la drogue finiront bien par s'estomper. Mais en attendant, je ne veux surtout pas me retrouver seule.

Rentrer, partir loin d'ici. Prier pour que tout ça ne soit plus qu'un mauvais souvenir. En réalité, je préfère tout faire pour ne pas penser à ce qui vient d'arriver. Même si je n'ai pas forcément envie de l'admettre pour le moment, je suis consciente d'avoir échappé au pire. De justesse. Et ce grâce à la présence héroïque de ma belle-sœur. Heureusement, maintenant, le plus dur est passé. Les effets de la drogue ne se sont pas encore totalement dissipés mais ce n'est plus qu'une question de temps. Là, tout de suite, j'ai envie de dormir. De rentrer chez moi. J'ai l'impression d'avoir vécu les montagnes russes en très peu de temps. C'est une sensation à la fois étrange et dérangeante. Je ne le souhaite à personne. Ces émotions jusque là encore inconnues ont eu le don de me retourner complètement le cerveau. « On va déjà commencer par aller chez toi pour se reposer. » Nous sortons des toilettes pour se faufiler tant bien que mal dans la foule. Je tiens la main de Zellie avec la ferme intention de ne jamais la lâcher. A cet instant, c'est elle ma sauveuse. Le guide sur lequel je peux me reposer. L'épaule et le soutien rassurant dont j'ai besoin. La musique tambourine violemment dans ma tête, et ça fait un mal de chien. Mais je me focalise sur chacun de mes pas, le regard fixé au sol. Les lumières tamisées et le monde qui nous entoure ne nous rendent pas la tâche facile mais c'est un énorme soulagement lorsque je sens la première bouffée d'air frais enivrer mes poumons. De l'air. Mon dieu que ça fait du bien. Je respire un grand coup, un peu plus sereine au fur et à mesure que nous avançons vers la voiture. « Allez Johan, encore quelques pas, nous y sommes presque. » Et finalement, je m'écroule de tout mon poids sur le siège passager. Le trajet se fait sans encombre. A ma grande surprise, la route ne me donne pas mal au coeur. Au contraire. J'ai l'impression que le ronronnement de la voiture me berce doucement. Une fois arrivées à destination, en sécurité, toute la pression accumulée redescend d'un seul coup. Je réalise peu à peu la scène que je viens de vivre. « C'est encore... tout bizarre, mais ça commence à aller mieux. » Ma tête ne tourne plus autant que tout à l’heure. Mais je suis encore brûlante. Sans doute le contre coup d'une montée de température. « Et maintenant, j'ai super chaud. » J'envoie valser ma veste avant de pouffer de rire. Un rire nerveux et incontrôlé. Je me sens tel un énorme paradoxe vivant. « Tu ne vas pas partir, hein ? » Dis-je en murmurant. Je regarde la jeune femme comme une petite fille à qui on ne peut rien refuser. Le regard de chien battu. Je ne veux surtout pas me retrouver seule. Je sais que Zellie a déjà fait beaucoup pour moi ce soir et c'est peut être mal placé de lui demander de rester, mais j'ai inévitablement besoin d'elle. Besoin de me sentir en sécurité à ses côtés.

Prolonger ce moment, ensemble. Rien que toutes les deux. Comme avant. Comme si l'accident n'avait jamais eu lieu. Comme si la haine et la colère n'existaient plus. Un retour en arrière où tout est possible. A cet instant, je ne pense plus à rien. Zellie est là et c'est le plus important à mes yeux. « T’en fais pas, je vais pas te laisser comme ça. » Je profite peut-être légèrement de la situation pour la garder le plus longtemps possible auprès de moi. Oui, coupable. Mais c'est plus fort que moi. Je ne veux pas la voir partir. J'aimerais pouvoir arrêter le temps pour profiter juste de l'instant présent. Profiter d'elle, de notre complicité. Effacer toutes mes erreurs, tout oublier. Je continue en parralèle de me déshabiller mais mes gestes ne sont pas très bien coordonnés. Je titube et elle me rattrape in-extremis. « Assied toi au bord du lit, je vais t'aider. » Je m’exécute sans rien dire alors que ma belle-sœur retire doucement mon pantalon. « Enlève aussi ton t-shirt, je vais t'aider à prendre ta douche. » Elle est vraiment parfaite de s'occuper de moi comme ça. Je ne lui en demande pas tant. Mais pourtant, je me laisse complètement faire. Pour mon plus grand plaisir. Je me retrouve rapidement en sous-vêtements devant la jeune femme. Une situation qui pourrait sembler un peu étrange sortie du contexte. Je n'ai pas vraiment l'habitude qu'une femme me déshabille sans rien attendre en retour. Et sur le moment, je me surprends à imaginer des choses. Des images viennent bousculer mon esprit sans que je puisse les contrôler. Elle, moi, ensemble. Partageant un moment de tendresse à la volée. Mon regard glisse inconsciemment sur les lèvres de ma belle-sœur. Là, tout de suite, je meurs d'envie de l'embrasser. Mais je n'ai pas les idées claires. L'alcool et la drogue me font complètement perdre la tête. Je ferme les yeux quelques secondes pour reprendre mes esprits. « Allez debout ma grande, à la douche ! » Zellie m'aide à me relever en me soutenant par les bras et m'accompagne jusqu'à la salle de bains. « C'est drôle, d'habitude, c'est pour me mettre dans leur lit que les femmes me déshabillent. » Merde, c'est sorti tout seul. Les mots ont dépassé ma pensée. L'ambiance devient soudainement quelque peu embarrassante. Je baisse les yeux, le regard gêné. Zellie ne semble pas très à l'aise maintenant. Merde. « Je devrais pouvoir y arriver toute seule... » Ou pas. Mais je préfère quand même pas pousser le vice de la situation trop loin. Pas après ce que mon esprit vient d'imaginer. Ça serait trop bizarre. « Ça va aller, merci. » En réalité, j'ai peur de me retrouver complètement nue devant elle et de faire une bêtise. De ne pas réussir à contrôler mes pulsions. Et ce n'est pas le moment de tout gâcher. « J'en ai pas pour longtemps. » Je ne veux pas qu'elle s'inquiète de me laisser toute seule. Normalement, ça devrait le faire. Si je me tiens bien aux parois de la douche, il ne devrait pas y avoir de problème.

La présence de ma belle-soeur est rassurante. La sentir là, près de moi, a un effet apaisant sur moi. Ça a toujours été comme ça avec elle, depuis toujours. Elle est capable de me faire sentir mieux en un regard, en un sourire. Comme si elle avait une sorte de pouvoir surnaturel sur moi. C'est bluffant, impossible à expliquer. C'est quelque chose qui se ressent avec le coeur. Il faut le vivre et le ressentir pour comprendre. Je profite de ce moment sous la douche pour essayer de retrouver mes esprits. L'eau tiède qui ruisselle sur ma peau me fait un bien fou. Je sens peu à peu les effets de la drogue se dissiper de mon système. Même si je reste encore un peu sous le choc de ce qu'il s'est passé. Je me sens comme désabusée, trahie. Humiliée. Ça fait peur de se dire que quelqu'un a eu l'intention d'abuser de moi. Et qu'il était à deux doigts de réussir sa mission si Zellie n'avait pas été là. Au bon moment, au bon endroit. « Je suis là quand tu vas sortir, fais attention de ne pas glisser. » La voix de la jeune femme me fait sortir de mes pensées. Je n'ai pas vu le temps passer et je suis restée un bon moment sous la douche. Les cheveux mouillés, le corps trempé, je sors la tête de la douche et Zellie se précipite à mon secours. Je me sens beaucoup mieux, mais je ne peux m'empêcher de profiter un peu de la situation. Je veux profiter au maximum de ce moment d'harmonie entre nous, consciente que dès demain les choses reviendront certainement à la normale. « Attends. » Elle me tend une serviette et m'enroule dedans pour m'aider à me sécher. « Je vais te sécher, ça ira plus vite pour pas que tu attrapes froid.» Je frissonne un peu, il faut quelques secondes à mon corps pour s'adapter à la température. Zellie vient alors me frotter le dos, les bras et les jambes. Cette proximité ne me laisse pas indifférente. Et cette fois-ci, j'ai les idées claires. C'est peut être ça le problème. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment, mais sentir sa peau frôler la mienne à plusieurs reprises est agréable. C'est une sensation que je ne contrôle pas. Je me laisse complètement faire à son contact laissant glisser mon regard sur son corps. Un petit sourire en coin s'installe à la commissure de mes lèvres. La voir dans un de mes pyjamas est une vision plutôt séduisante. « C’est bon, tu es sèche. Je t’aide à mettre ton pyjama et hop au lit. » Elle s’exécute fuyant mon regard. Je la laisse faire sans broncher avant de me diriger dans la chambre. « Tu peux dormir avec moi, tu seras mieux que sur le canapé. » Je m'écroule sur le lit, épuisée de toutes ces émotions. D'un regard, j'invite Zellie à se coucher elle aussi. « Une super-héroïne comme toi a le droit au meilleur des privilèges. » Dis-je en rigolant légèrement. Finalement, je m'allonge en posant la tête sur l'épaule de ma belle-soeur. « Merci d'avoir été là, Zellie. Merci pour tout ce que tu as fait pour moi, vraiment. » Je lui en serais éternellement reconnaissante. « Tu ne peux pas savoir comme ça me fait du bien de te retrouver... » Même si c'est que pour l'espace d'une soirée, de quelques heures. Je me contente de tout du moment que je peux l'avoir à mes côtés. Après quelques secondes à peine, la fatigue semble déjà s'être emparée de moi. Je ne mets pas longtemps avant de rejoindre les bras de Morphée.