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planning our weddings. (ophélie)

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planning our weddings. (ophélie)
Lun 4 Juin - 2:45
Le mariage avait commencé à devenir une réalité le jour où son petit ami l’avait demandé en fiançailles et avait glissé un solitaire sur son annulaire gauche, devenant ainsi son fiancé. Mais il s’était bien plus concrétisé le jour où Elizabeth avait dû franchir la porte de cette entreprise d’organisation de mariages, pour aller voir une conseillère et lui exprimer ce qu’elle désirait. Lorsqu’elle s’était retrouvée face à Dakota – qui s’était présentée comme une simple stagiaire –, la blonde avait eu le sentiment d’être en train de vivre un mauvais rêve. Les mots lui avaient manqué pour exprimer ce qu’elle désirait vraiment pour le grand jour. Une arrivée en calèche ou en deltaplane ? Un lâché de colombes ou un message écrit par un avion dans le ciel ? Elle aurait pu faire les demandes les plus extravagantes du monde et les personnes travaillant à l’agence Dolce Vita n’auraient plus eu qu’à se plier en quatre pour satisfaire le moindre de ses désirs. Mais non, Elizabeth n’avait même pas été capable de dire en quelle saison elle préférait se marier. Alors qu’elle se trouvait face à Dakota, c’était comme si toutes ses envies lui échappaient, comme si elle était spectatrice du moment et ne parvenait pas à y participer. Aussi avait-elle fini par quitter la pièce en s’excusant de lui avoir fait perdre son temps. Cela avait été une erreur de maintenir ce rendez-vous alors que ni ses parents, ni son fiancé, ni ses futurs beaux-parents n’avaient pu se libérer pour se joindre à elle. Elizabeth n’avait eu de cesse de se répéter qu’elle aurait mieux fait de décommander le plus rapidement afin de fixer une autre date.

Ce soir-là, elle avait fondu en larmes lorsque sa mère avait décroché le téléphone au bout de la troisième sonnerie. Et si, finalement, elle n’avait pas été capable d’exprimer le moindre souhait, tout simplement parce qu’elle n’avait pas envie de se marier ? La voix de sa mère s’était alors mise à trembloter, elle aussi. Elle avait rassuré sa fille pendant des heures : c’était normal d’avoir peur de s’unir pour la vie, mais il fallait écouter le Seigneur. Celui-ci lui dictait la voie à suivre. Ce n’était pas par hasard qu’Elizabeth avait rencontré la famille de son fiancé à la paroisse du quartier dans lequel elle venait d’emménager pour faire ses études. Tout prouvait qu’il devait faire partie de son avenir. Elizabeth avait fini par acquiescer, plus parce qu’elle ne voulait pas tracasser sa mère, que parce qu’elle était convaincue par ses propos. Elle s’était alors ressaisie et avait fait bonne mine face à sa belle famille, leur assurant que son rendez-vous à l’agence Dolce Vita s’était très bien déroulé. Tout le monde avait semblé croire ses propos, jusqu’à ce que sa future belle-mère ne s’approche d’elle à la fin du repas pour lui faire une suggestion. Son autre fils n’allait pas tarder à se marier lui non plus et le mariage devait être organisé par la même agence. Pourquoi ne pas rencontrer l’autre future mariée en tête ? Seule à seule avec sa future belle-sœur ? Ce pouvait être une bonne façon de partager leurs craintes et de décompresser, toutes les deux. L’idée avait séduit Elizabeth, qui n’avait pas tardé à se rapprocher d’Ophélie.

La jeune française avait eu l’amabilité d’accepter qu’elles se retrouvent pour discuter autour d’un café. Elizabeth s’était donc déplacée jusqu’à l’un des Starbucks du quartier étudiant, là où elles avaient convenu d’un rendez-vous. A chaque fois qu’elle pensait au mariage, l’angoisse reprenait le dessus. C’était ce même stress qui l’avait incitée à se présenter plus tôt au lieu de rendez-vous. Alors elle avait commandé sa boisson avant de partir s’asseoir à une table, attendant patiemment que la rouquine ne passe la porte de la célèbre enseigne. Elizabeth espérait vraiment que le lieu de rendez-vous lui conviendrait. Ce n’était pas l’endroit dans lequel on servait les meilleurs cafés, mais l’ensemble de la chaîne avait l’avantage de présenter des locaux à l’ambiance détendue. Idéal pour se changer un peu les idées et sortir des repas de famille un peu trop coincés ou des restaurants aux multiples rangées de couverts. Au bout de quelques courtes minutes d’attente, la porte s’ouvrit enfin sur une chevelure de feu. Alors que la nouvelle arrivante tournait la tête dans sa direction, Elizabeth la reconnut immédiatement. « Eh, Ophélie ! Je nous ai gardé une table. » Elle lui avait dit ça avec un sourire. Heureusement, elle était suffisamment proche de la porte pour ne pas avoir à hurler à travers toute la pièce. Laissant ses affaires sur la table – après tout, elle ne s’éloignait pas bien loin –, elle se levait pour aller à la rencontre de la rouquine. « Ça fait plaisir de te voir. Tu veux quelle boisson ? Je vais te prendre ta commande. » Elles s’étaient déjà croisées quelques fois chez leurs fiancés, même si elle n’avait jamais réellement pris le temps de parler et d’apprendre à se connaître. Mais cela justifiait bien le fait qu’elles se tutoient. Du moins, c’était ainsi que la blonde envisageait les choses.
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planning our weddings. (ophélie)
Mer 6 Juin - 20:54
En pleine session d’examens de fin d’année, je n’ai pas le temps de penser à autre chose que les cours et les épreuves qui ne semblent pas vouloir en finir. Et je crois que c’était une bonne chose. Je ne pouvais pas me laisser distraire. Je ne pouvais pas penser au reste. Et quand je parle du ‘reste’ je parle surtout de mademoiselle Reeves. Dakota. Les examens ont été une distraction bienvenue quand je me suis rendue compte que toutes ces conversations jusqu’à pas d’heure avec la brune devenaient sérieuses. Peut-être un peu trop. Je crois que je prenais peur. Je prenais peur dans le sens où plus on se rapprochait derrière nos écrans, plus il me serait difficile de lui avouer la vérité sur ma réelle identité. Plus on se plaisait et plus il serait douloureux de faire face à la réalité. Comment allait-elle réagir en apprenant qui était vraiment red.queen.of.hearts ? C’était une question à laquelle je ne voulais pas trouver de réponse, pas encore. Trouver une réponse signifierait que tout s’effondrerait. Et je n’étais pas prête à voir ce petit bout de paradis et de liberté m’échapper des mains. Je savais bien qu’un jour viendrait où je n’aurais pas d’autre choix que de lui faire face et d’assumer mes mensonges. Comment allais-je pouvoir la regarder dans les yeux au prochain rendez-vous pour mon mariage ? Comment allait-on pouvoir être dans la même pièce, après la soirée en discothèque ? J’avais clairement dépassé une limite que je n’avais pas pensé franchir un jour. J’avais beau être malheureuse et me sentir prisonnière, avoir le béguin pour celle qui m’aidait à organiser mes noces n’était pas prévu. N’avait même pas été envisagé. Ça m’avait fait l’effet d’une bombe. C’était comme un doux retour en arrière sans le mal-être et les erreurs. C’était aussi un pansement sur la cicatrice de la perte de ma sœur. À ça non plus, je ne voulais pas penser.

Complètement épuisée, je sors de l’amphithéâtre après une énième épreuve. Jetant un coup d’œil à mon téléphone portable, je me rends compte que je risque d’être en retard à mon rendez-vous. Je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai accepté de rencontrer Elizabeth. J’aurais dû rentrer, m’accorder vingt minutes de sieste et me mettre à travailler pour les prochains examens. Mais comment dire non à celle qui allait devenir ma belle-sœur par alliance ? Mon fiancé avait un frère qui était sur le point, lui aussi, de se marier. Il aurait probablement été inconvenant de lui refuser une entrevue. Elizabeth m’avait toujours paru gentille, douce. Elle avait un joli sourire – rare, mais joli quand même. Elle était aussi très jeune : vingt-deux ans. Vingt-deux et, déjà, elle se mariait. Moi qui me sentais piégée à vingt-neuf ans bientôt. Alors je suppose que si elle avait demandé à me rencontrer, c’était bien parce qu’elle avait sûrement besoin de quelque chose même si ce n’était que des mots d’encouragement de ma part. Poussant la porte du Starbucks près du campus, je ne peux m’empêcher d’adresser un sourire à la blonde qui vient directement à ma rencontre comme si nous étions deux vieilles amies. « Bonjour Elizabeth, je la salue poliment. J’espère que je ne t’ai pas fait trop attendre, c’est toujours la folie pour rendre nos copies d’examens quand on est en amphi. » Je lâche un léger rire. Très vite, je prends le temps de réfléchir à ma commande avant de lui répondre. « Je vais prendre un Frappuccino chocolat, avec un muffin cheesecake à la framboise. Tiens, prends mon porte-monnaie et tu paieras le tout. Prends-toi ce que tu veux, la boutique toute entière si ça te dit. » Je lui adresse un clin d’œil rieur. « C’est moi qui invite. »
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planning our weddings. (ophélie)
Mar 26 Juin - 2:55
Lorsque le visage d’Ophélie était apparu de l’autre côté de la baie vitrée, cela avait crée comme une vague de soulagement dans le cœur d’Elizabeth. Une bouffée d’air sur laquelle elle ne pouvait décemment pas cracher, étant donné les pensées qui lui rongeaient l’esprit. Jusqu’alors, la seule en mesure de lui permettre de son quotidien morose et envahi de doute, c’était Blue. Malheureusement, cela faisait un moment que la blonde n’avait pas pu voir la vendeuse de comics. Sans doute que tout cela était un concours de circonstances, mais ça ne l’arrangeait pas le moins du monde. Au contraire, Elizabeth désespérait de ne plus recevoir aucun geste amical de personne. Ses amis de l’université ne comprenaient pas ses angoisses – s’ils étaient d’accord pour dire qu’elle était un peu jeune pour se marier, ils appuyaient surtout sur le fait qu’elle l’ait choisi, omettant complètement la pression parentale qui pesait sur les épaules de l’étudiante – et elle se retrouvait la plupart du temps sans aucun soutien. Son fiancé lui-même se faisait de moins en mois présent, comme s’il cherchait à fuir toutes les questions relatives au mariage. Mais c’était tant mieux, car au fur et à mesure que les jours passaient, il se montrait également plus agressif. Son ton se faisait cassant et chaque son sortant de sa bouche était une nouvelle pique à l’attention d’Elizabeth. Elle lui cherchait des excuses cependant. Le mariage était stressant pour lui aussi, et son tournoi de football américain ne devait pas rendre les choses plus faciles. Mais en vérité, elle était surtout soulagée qu’il soit un peu moins présent auprès d’elle, lui laissant le loisir de vivre un peu plus pour elle-même, sans avoir peur qu’il critique chacun de ses choix de vie – comme lorsqu’il avait fortement désapprouvé son choix de se mettre à lire des comics. « Bonjour Elizabeth. J’espère que je ne t’ai pas fait trop attendre, c’est toujours la folie pour rendre nos copies d’examens quand on est en amphi. » La voix douce de la rouquine trahissait sa bienveillance et la blonde se sentit obligée de chasser ses inquiétudes d’un revers de main, avant de répondre du tac au tac : « Oh non, ne t’en fais pas ! Je viens d’arriver. Ça doit à peine faire cinq minutes que je suis ici. » Ses lèvres s’étirèrent en un sourire chaleureux. Elle refusait l’idée même qu’Ophélie se sente coupable pour quoi que ce soit. Et pour cause, Elizabeth lui était énormément reconnaissante d’avoir bien accepté de vouloir se déplacer, surtout au milieu de sa période d’examens. D’ailleurs, la blonde ne tarda pas à lui proposer d’aller chercher leurs consommations, de quoi Ophélie se mette à l’aise et prenne un peu le temps de décompresser après le stress des examens. « Je vais prendre un Frappuccino chocolat, avec un muffin cheesecake à la framboise. Tiens, prends mon porte-monnaie et tu paieras le tout. Prends-toi ce que tu veux, la boutique toute entière si ça te dit. » La rouquine joignit le geste à la parole, lui tendant son porte-monnaie tout en lui adressant un clin d’œil. « C’est moi qui invite. » Elizabeth rit légèrement, mais finit par se mordre la lèvre inférieure lorsqu’elle se rendit compte qu’Ophélie était sérieuse. C’était plutôt inattendu étant donné qu’elles se connaissaient à peine. Mais il était vrai qu’elles n’étaient plus très loin de devenir belles sœurs, de former une famille. C’était complètement dingue, en y repensant. « Eh ! Je ne t’invite vraiment pas pour venir piocher dans ton portefeuille. Promis, c’était simplement par envie de te parler. » Elle finit tout de même par se saisir de l’objet qu’elle lui tendait, en remarquant qu’Ophélie restait avec le bras tendu dans sa direction. Arrivée au comptoir, elle fut heureuse de constater que seulement peu de personnes faisaient la queue. Ainsi, elle ne tarda pas à récupérer ce que souhaitait consommer Ophélie, ainsi qu’un caffé latté glacé pour elle, accompagné d’un donut au chocolat blanc. Elle se promit que la prochaine fois qu’elle verrait sa future belle sœur, ce serait à son tour de l’inviter, pour un juste retour des choses. « Voilà pour toi. » glissa Elizabeth en revenant, alors qu’elle déposait le plateau en face de la rouquine. Elle ne tardait pas non plus à lui rendre son porte-monnaie, préférant s’acquitter de cette tâche tout de suite avant de risquer de faire une bêtise. « J’espère que ça va te permettre de décompresser un peu après ton examen. Tu as fini au moins ? Enfin, c’était ta dernière épreuve ? » Elle avait commencé à parler avant même de prendre le temps de se glisser sur l’assise. Elle était impatiente d’entamer une réelle conversation, de briser la glace et d’ainsi se rapprocher d’Ophélie. Elizabeth était persuadée qu’elle était celle qu’il lui fallait pour surmonter ce passage effrayant de sa vie. Après tout, c’est ce qu’on lui avait suggéré. « J’avoue que je n’ai pas pensé à toutes ces histoires d’examens avant de demander à te voir. J’espère que je ne chamboule pas trop ton planning de révision, sinon on peut reporter ça à plus tard sans souci. » Elle lui adressait un nouveau sourire avant d’enrouler ses doigts autour de son gobelet, grimaçant légèrement sous la morsure du froid. « C’est notre future belle-mère qui m’a suggéré de te voir. J’avoue que sinon, je n’aurais pas forcément osé t’importuner pour si peu. » avoua-t-elle alors qu’elle se mettait à triturer la paille plantée dans sa boisson glacée.
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planning our weddings. (ophélie)
Dim 1 Juil - 21:54
Je crois que ça me faisait du bien de voir Elizabeth. Ce n’était pas tant parce que je la connaissais bien ou que sa compagnie était agréable – je ne pouvais pas le savoir, je ne l’avais pas côtoyée assez pour ça – mais c’était surtout parce que j’en avais assez de m’enfermer entre quatre murs pour travailler. Pour oublier la réalité. Pour oublier le vide dans la maison, le vide dans ma poitrine. Pour oublier que je fais n’importe quoi, comme une pauvre gamine complètement paumée. Alors c’était une excuse comme une autre, une meilleure excuse que passer mon après-midi au bord de la piscine familiale. Une meilleure excuse que me plonger sous les couvertures, dans ma chambre, avec les volets fermés. Alors je ne savais peut-être pas ce que me réservait ce rendez-vous avec ma future belle-sœur par alliance ; je ne savais peut-être pas comment allait se passer ces quelques minutes avec elle. Il était évident que nous allions parler de nos futurs mariages respectifs et cette idée me déplaisait assez mais je ne pouvais pas blâmer Elizabeth de vouloir parler de ce qui serait le plus beau jour de notre vie. « Je n’ai pas insinué que tu voulais piocher dans mon portefeuille, c’est moi qui ai pris la décision de t’inviter, je rétorque d’un ton ferme avec un sourire cependant que je garde le bras tendu en sa direction. » Au moins, la laisser se charger des commandes allait me laisser le temps de respirer un peu, de me préparer mentalement à jouer à la parfaite petite fiancée heureuse en ménage.

Assise à la première table de libre avisée, j’ai mon portable entre les mains, ouvert sur ma conversation avec mademoiselle Reeves. J’hésite un instant à lui envoyer un message, juste un petit coucou, histoire de lui faire comprendre que je pense (beaucoup trop) à elle, histoire qu’elle pense à moi. Je commence à taper quelques mots quand j’aperçois la blonde qui revient, plateau en mains, alors je range mon téléphone après avoir effacé le message et m’efforce d’oublier que ça devient presque une torture de ne pas pouvoir lui parler, lire ses mots qui me font du bien. « Merci beaucoup, je fais en reprenant mon portefeuille. » Je m’accorde une longue gorgée de ma boisson avant de répondre, sourire rassurant aux lèvres. « Ne t’en fais pas, si je n’avais vraiment pas pu me le permettre je t’aurais demandé de décaler le rendez-vous alors pas de souci. Au contraire, c’est bien de pouvoir souffler un peu. J’en ai encore quelques-uns à passer. » Je laisse échapper un petit rire, comme pour la rassurer. Lui montrer qu’elle a eu une bonne idée en demandant à me rencontrer. « Tu ne m’importunes pas. Après tout, nous allons faire partie de la même famille, ce serait dommage de ne pas apprendre à se connaître plus, j’ajoute avec sincérité car je sentais au fond de moi que Elizabeth pouvait bien être la seule personne saine d’esprit dans toute cette folie. Alors dis-moi, comment tu vas ? »
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planning our weddings. (ophélie)
Dim 8 Juil - 3:12
Elizabeth s’était glissée derrière la table et avait aussitôt tendu son portefeuille à Ophélie. Elle ne voulait pas se lancer dans une conversation, la laisser s’animer et complètement oublier ce détail. Repartir avec le portefeuille de sa future belle-sœur au fond de la poche aurait été la meilleure façon d’établir de très mauvais liens dès le départ. Et la rouquine avait l’air bien trop gentille pour qu’Elizabeth envisage de se la mettre à dos. Elle pouvait facilement devenir une alliée dans ce monde un peu trop cadré et autoritaire. Au fond d’elle, la blonde avait le sentiment qu’Ophélie pouvait la comprendre. Parce qu’elles étaient deux filles qui avaient été embarquées là-dedans un peu par hasard, de ce que son fiancé lui avait raconté. Mais peut-être que la Chateaubriand arrivait à apprécier les préparatifs du mariage, ainsi que l’idée de se marier avec l’homme à qui on la destinait. Elizabeth, de son côté, n’était absolument pas sûre qu’il s’agissait de la vie qu’elle souhaitait mener. On l’avait poussée dedans, et elle s’était laissée porter par les choses. Mais plus les préparatifs du mariage avançaient, et plus Elizabeth freinaient des deux fers, persuadée d’emprunter la mauvaise voie. C’était pour ça qu’elle était ici, face à Ophélie. Pour écarter ses doutes. « Merci beaucoup. » lui disait la Chateaubriand en reprenant son portefeuille. Elizabeth lui adressait un sourire se voulant chaleureux, l’air de dire que c’était normal. Et pour cause, ça l’était. « Merci à toi pour avoir payé la commande surtout. La prochaine fois, c’est moi qui invite ! » Après tout, les gens avaient tendance à dire que les bons comptes faisaient les bons amis, et la blonde n’avait aucune envie de se mettre Ophélie à dos. Avant d’oser toucher à sa boisson, Elizabeth s’empressa de remercier la rouquine d’être venue à sa rencontre alors qu’elle était en pleine période d’examens. Elle était même un peu dérangée de la solliciter ainsi en pleines période de révisions, mais elle n’avait pas su être plus patiente. « Ne t’en fais pas, si je n’avais vraiment pas pu me le permettre je t’aurais demandé de décaler le rendez-vous alors pas de souci. Au contraire, c’est bien de pouvoir souffler un peu. J’en ai encore quelques-uns à passer. » La rouquine laissait échapper un petit rire. Sa sonorité était réconfortante. En fait, tout l’être d’Ophélie appelait à la confiance. Elizabeth était ravie qu’on l’ait orientée vers cette jeune femme qui avait l’air parfaitement équilibrée et compréhensive sur tout. « Tu ne m’importunes pas. Après tout, nous allons faire partie de la même famille, ce serait dommage de ne pas apprendre à se connaître plus. Alors dis-moi, comment tu vas ? » Rassurée, Elizabeth lui adressait un sourire avant de porter sa boisson à ses lèvres. A vrai dire, elle ne savait que répondre à la question que lui posait Ophélie. Elle n’était pourtant pas bien difficile, mais la blonde était tellement perdue dans sa vie, que n’importe quelle question pouvait la mettre dans tous ses états. « Je vais bien, et toi ? » finit-elle par répondre avec un sourire alors qu’elle reposait son gobelet sur la table. Mais elle se rendit rapidement compte que cela sonnait faux, même pour elle. « En fait… Si j’ai demandé à te voir, c’est que je suis complètement perdue par rapport au mariage à venir. Je n’ai aucune idée de si ma vie prend une bonne direction ou non et ça me terrifie complètement. » Elle se mordit la lèvre inférieure, tandis qu’elle redressait son regard vers Ophélie, lui servant une petite moue. Elle espérait que sa future belle-sœur ne la jugerait pas pour ça. Mais il était trop tard pour reculer de toute façon, les mots avaient déjà été prononcés. « On m’a dit que ce serait une bonne idée d’en parler entre nous, puisque toi aussi ton mariage approche. Je ne sais pas s’il t’arrive d’être soumise au même genre de doutes ? » C’était possible après tout. Les amis d’Elizabeth n’avaient de cesse de lui répéter qu’il était normal de douter avant de se marier, parce que le mariage était synonyme de perte de liberté. Mais les choses devaient être plus simples quand on agissait en adulte. Du moins, c’est ce dont la blonde tentait de se convaincre, en vain. Voilà des semaines qu’elle se répétait qu’elle devait penser comme une personne mature, mais au final, elle se demandait toujours si la maturité changeait quoi que ce soit au résultat final.
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planning our weddings. (ophélie)
Mar 10 Juil - 11:01
Il y avait quelque chose de doux, chez Elizabeth. Quelque chose de tendre. Elle avait ce sourire qui ressemblait à un soleil à l’aurore. Quelque part, elle me rappelait un peu Claire. Elle me rappelait le sentiment de chaleur que j’éprouvais chaque fois que je restais aux côtés de ma sœur cadette. Cette pensée est aussi douloureuse que rassurante et j’essaye de la chasser. Chaque fois que le prénom de ma petite sœur traverse mon esprit, j’ai comme une pierre qui me tombe sur l’estomac. Lourde. Très lourde. Trop lourde, peut-être. J’essayais de sauver les apparences ; j’essayais de ne pas m’effondrer chaque jour qui passait. J’essayais. Mais il y avait ces moments-là, ces moments où le vide, le manque me prenaient par surprise et me fauchaient telle une vague glacée sous mes pieds. C’était comme si la terre s’ouvrait pour m’engloutir toute entière. J’ai souvent ressenti ça depuis notre arrivée à Los Angeles. Ce sentiment d’être prisonnière de ma propre existence, prisonnière de ma propre vie. De mon propre corps, aussi. Comme si mes parents m’avaient enfilé une camisole de force pour me tenir en laisse. Pour que je me tienne tranquille. Et Claire avait toujours été là pour me libérer, même si ce n’était qu’un minimum, même si ce n’était que pour quelques heures. Claire avait toujours réussi à me redonner le sourire. Mais maintenant qu’elle n’était plus là, j’avais la terrible impression que ma vie s’était soudainement transformée en un film en noir et blanc. Un film muet. Et je suis en train d’agiter les bras, je suis en train de hurler à pleine voix. En vain. Parce que personne n’entend et personne ne me voit.

En regardant dans les prunelles de la blonde, je remarque un peu les mêmes peurs, les mêmes interrogations. J’admire sa franchise, sa capacité à s’ouvrir à moi alors qu’elle ne me connaît même pas. Je suppose que c’est plus simple de m’avouer ses angoisses puisque nous traversons cette même épreuve, puisque nous allons toutes les deux nous marier. « C’est normal pour une jeune mariée de douter, j’affirme avec un sourire rassurant. C’est normal de se poser des questions, de se demander si c’est vraiment ce que l’on désire. C’est normal d’avoir envie de reculer, de faire machine arrière. Toutes les mariées doivent passer par ce moment de doutes durant la préparation, je crois que c’est inévitable. » À la seule différence que je ne voulais pas me marier. J’étais forcée d’épouser un fils de bonne famille pour le bon plaisir de Père qui mélangeait affaires et vie privée. Je soupire doucement, le regard baissé, avant d’avaler une longue gorgée de mon Frappuccino. C’est froid dans ma gorge et ça fait du bien. Je sais que Elizabeth voudrait être rassurée, qu’elle cherche en moi une oreille attentive mais je me sens incapable de lui donner ce qu’elle attend. Comment lui tendre la main quand j’étais moi-même en train de me noyer. « Écoute Elizabeth, je… » Fronçant les sourcils, je marque un temps d’arrêt comme si j’avais besoin de trouver les mots. Mais les mots étaient déjà tous là, coincés au fond de ma gorge, me réduisant au silence. « La vérité c’est que je ne pense pas pouvoir t’aider à calmer tes doutes quant à ton mariage, j’admets avec sincérité. Ce n’est pas que je ne veux pas t’aider, c’est juste que je ne peux pas. Je ne peux pas parce que je ne veux tout simplement pas de mon mariage. Tous tes doutes sont légitimes mais moi je ne les ai pas. Je ne les ai pas parce que je sais que je ne veux pas qu’on me passe la bague au doigt. » C’était presque libérateur de mettre des mots sur ma réalité. Un peu comme quand j’avais tout avoué à Henry ce soir-là, au téléphone, juste avant la disparition de Claire. « Mon mariage est un mariage organisé comme dans les années cinquante. Père me vend au fils d’un de ses partenaires d’affaires dans le seul but d’étendre sa compagnie et son portefeuille par la même occasion. » Je hausse les épaules, une grimace sur les lèvres. « Mais je crois que la question à te poser si tu veux être certaine de ce mariage c’est : est-ce vraiment ce que toi, et seulement toi, tu veux ? » Parce que la réponse me concernant était claire : non. Non, non et non.
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planning our weddings. (ophélie)
Dim 29 Juil - 22:55
Les mots avaient eu du mal à s’échapper d’entre ses lèvres. Ophélie avait l’air gentille mais, malgré tout, elle appréhendait sa réaction. Elizabeth savait qu’il était déplacé d’avoir ce genre de pensées, de douter sur son mariage. Ses parents n’hésiteraient pas à lui remonter les bretelles si jamais elle leur faisait part de ses doutes. Alors elle n’osait même pas adresser un regard en direction de la rouquine, de peur de croiser un potentiel regard réprobateur. « C’est normal pour une jeune mariée de douter. C’est normal de se poser des questions, de se demander si c’est vraiment ce que l’on désire. C’est normal d’avoir envie de reculer, de faire machine arrière. Toutes les mariées doivent passer par ce moment de doutes durant la préparation, je crois que c’est inévitable. » Elizabeth redressait le visage, presque sans comprendre. Ce n’était pas du tout ce à quoi elle s’attendait. Bien au contraire. C’était comme si Ophélie était sur la même longueur d’ondes qu’elle ? Haussant les sourcils, elle lui offrit un regard interrogateur. Comme si elle n’était pas certaine d’avoir entendu. Comme si elle avait halluciné les propos qui étaient venus marteler ses tympans. « Écoute Elizabeth, je… » La blonde se redressait sur son siège. A l’écoute. Elle avait l’impression que la Chateaubriand s’apprêtait à lui dire quelque chose d’important. « La vérité c’est que je ne pense pas pouvoir t’aider à calmer tes doutes quant à ton mariage. Ce n’est pas que je ne veux pas t’aider, c’est juste que je ne peux pas. Je ne peux pas parce que je ne veux tout simplement pas de mon mariage. Tous tes doutes sont légitimes mais moi je ne les ai pas. Je ne les ai pas parce que je sais que je ne veux pas qu’on me passe la bague au doigt. » Les mots étaient sortis de la bouche d’Ophélie comme s’ils attendaient simplement de pouvoir trouver l’oreille attentive de quelqu’un. Comme s’ils avaient toujours été là, prêts à être prononcés. Elizabeth s’était figée dans son siège, incapable de dire quoi que ce soit. Elle voyait la rousse comme la future mariée parfaite, qui ne faisait aucun pli, à laquelle on ne pouvait rien reprocher. Ophélie avait été son modèle, en quelques sortes. Et puis d’un seul coup, tout s’écroulait. Elle n’avait fait que construire une image, bien loin de la réalité. « Mon mariage est un mariage organisé comme dans les années cinquante. Père me vend au fils d’un de ses partenaires d’affaires dans le seul but d’étendre sa compagnie et son portefeuille par la même occasion. » Elizabeth écarquillait les yeux. Elles n’avaient pas vraiment le même vécu, mais au final, leurs histoires se rapprochaient. « Mais je crois que la question à te poser si tu veux être certaine de ce mariage c’est : est-ce vraiment ce que toi, et seulement toi, tu veux ? » Cette fois, la blonde n’avait pas d’autre choix que de parler. Le regard interrogatif d’Ophélie laissait entendre qu’elle voulait une réponse et qu’Elizabeth ne pourrait pas simplement s’en tirer en écoutant la rousse parler. Malgré elle, la blonde lançait des regards craintifs de part et d’autre du Starbucks. Mais elle ne connaissait personne dans ce lieu. Il n’y avait pas d’inquiétude à avoir. Et ce n’était pas comme si Ophélie risquait d’aller tout répéter après ce qu’elle venait de lui confier. « Je ne crois pas que ce soit ce que je veux. Enfin, j’en suis même à peu près sûre. » Elle s’était tellement bridée par le passé que les mots avaient du mal à sortir. « Je connaissais déjà mon fiancé avant qu’il ne doive me passer la bague au doigt, mais lui comme moi, nous avons été forcés. Mes parents voulaient absolument que je finisse avec un fils de bonne famille, un garçon capable de respecter la religion, comme eux ils l’entendaient. » Cette même religion qu’elle n’était plus sûre de vouloir suivre. Ses parents avaient trop longtemps fait le choix de la suivre à l’extrême, la privant de bon nombre de loisirs qu’elle aurait aimé pouvoir expérimenter bien plus jeune. En réalité, ils étaient juste extrémistes, même si ce n’était pas facile à s’avouer. « Nous étions amis alors j’ai cru que nous pourrions nous aimer aussi. Mais ce n’est pas le cas. » Elle pinçait les lèvres, se sentant à la fois honteuse et soulagée de dire à voix haute ce qu’elle ressentait. Pourtant, ça devait crever les yeux de beaucoup. Depuis qu’il avait fait sa demande, son fiancé était devenu distant, un peu violent et faisait tout ce qu’il pouvait pour passer le plus de temps possible loin d’elle. « Alors, non. Je ne veux pas de ce mariage. » Elizabeth ne croyait plus, elle était sûre.
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planning our weddings. (ophélie)
Lun 30 Juil - 9:32
Je me rendais compte du bien que cela me faisait d’enfin pouvoir dire la vérité à propos de mon futur mariage. C’était comme si la chape de plomb qui m’empêchait de respirer s’était enlevée de sur ma poitrine. C’était comme si je me libérais d’un poids immense sur mes épaules. Je savais pourtant que ça ne changeait rien à ma situation et que j’étais toujours fiancée mais je me sentais mieux. Un peu mieux. J’avais trouvé en Elizabeth une oreille attentive, malgré tout. Je ne la connaissais pourtant pas et peut-être avais-je tort de me confier à elle mais je crois que c’était trop pour moi. J’avais besoin de mettre des mots sur la réalité de ma vie telle qu’elle était. J’avais besoin de le verbaliser pour enfin briser ce silence qui m’étouffait. La blonde en face de moi espérait trouver en moi quelque chose que je n’étais pas capable de lui donner – pas parce que je ne le désirais mais bien parce que je ne le pouvais pas. Je ne pouvais pas la rassurer, lui dire que tout irait bien ; je ne pouvais pas lui dire que ce serait le plus beau jour de sa vie et que tout serait absolument parfait comme dans les contes de fées. Non, je ne pouvais pas. Parce que, plus on se rapprochait de la date fatidique, plus j’avais l’impression de signer la fin de ma vie. C’était un peu comme monter à l’échafaud ; c’était un peu comme être condamnée à mort. C’était un peu comme être en prison et attendre son tour pour la chaise électrique. Et je me sentais un peu coupable de décevoir les attentes de Elizabeth. Je me sentais un peu coupable de ne pas être la mariée qu’elle attendait, qu’elle espérait peut-être. Mais je ne pouvais plus prétendre. Je ne pouvais plus mentir. Je n’en avais pas la force, pas aujourd’hui.

Je suis pourtant prête à l’aider, autant que je le peux. Je suis prête à la conseiller, à l’écouter autant qu’elle le veut. Si j’étais malheureuse de mes fiançailles, ce n’était pas obligé que la blonde le soit également. Peut-être que ma future belle-sœur par alliance était nerveuse parce qu’elle voulait que absolument tout soit parfait pour le grand jour. Parce qu’elle désirait que cette date soit la plus mémorable possible pour elle comme pour son futur époux. C’est en tout cas ce que je me dis, aussi suis-je un peu étonnée de la voir soudainement plus tendue et à l’affut, comme si elle guettait les oreilles indiscrètes. Je fronce légèrement les sourcils, me penchant un peu plus vers Elizabeth. « Tout va bien, Elizabeth ? je demande, l’air inquiet. » Et, finalement, quand la vérité tombe de ses lèvres, je me rends compte que nos situations sont similaires sans être exactement pareilles. J’avais toujours su que ma future belle-famille avait ce côté très pieux et je ne m’y étais pas franchement intéressée parce que je n’en voyais pas l’intérêt. Mais comprendre que la religion était alors au cœur de la décision de ce mariage avait quelque chose d’encore plus déstabilisant. À croire que nos familles avaient une machine à voyager dans le temps et étaient tout droit issues du Moyen-Âge. Compatissante, je tends la main pour attraper la sienne en sentant son trouble et ses inquiétudes. « Je suis désolée qu’ils t’obligent à vivre ça, toi aussi, je souffle discrètement pour qu’elle seule m’entende. C’est injuste. » Mais quelle solution pouvions-nous apporter à cette situation incongrue ? Nous n’avions pas les moyens de nous enfuir ; nous n’avions nulle part où nous réfugier. Notre famille nous traitait comme des marchandises et une part de nous savait que nous devions l’accepter. Même si je refusais de l’admettre, je savais que si je tournais le dos à mes parents, je ne sais pas ce que je deviendrais. Comment terminer mes études ? Comment trouver un travail décent ? Où vivre ? Comment survivre et pendant combien de temps ? Elizabeth et moi étions coincées. Coincées dans une existence que nos parents contrôlaient. « Parfois, je m’imagine être comme Julia Roberts et planter mon fiancé à l’autel pour m’enfuir à cheval, j’admets en riant légèrement. D’autres fois, j’ai juste envie de hurler merde à tout le monde et de claquer la porte de chez moi sans me retourner. » Je soupire, les épaules courbées. « Je n’ai tellement pas envie de ce mariage que même mes amies de la fac de médecine ne sont pas au courant. Je n’ai voulu inviter personne. Il n’y aura personne qui m’est véritablement proche à mon mariage. » À part Henry et Cléo. Deux personnes. Deux personnes au milieu d’une foule de trois cents inconnus. « Peut-être qu’on devrait le couper l’herbe sous le pied et se marier toutes les deux avant que nos fiancés ne nous passent la bague au doigt, plaisanté-je comme dans l’espoir de rendre l’air plus respirable. » Ça aurait été si amusant de créer à nouveau le scandale dans ma famille. Une fois encore, je serais la honte ultime chez les Chateaubriand. Ou peut-être feraient-ils comme ils ont fait avec Henry : faire comme si je n’avais jamais existé. Faire comme si je n’étais pas leur fille.
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planning our weddings. (ophélie)
Lun 27 Aoû - 13:03
Ce n’était pas facile de mettre des mots sur ce qu’elle vivait, de se confier. Pendant des mois, Elizabeth avait tenté de se persuader qu’elle voulait de ce mariage. Que même si la décision n’était pas venue d’elle, au fond, on n’avait fait que lui adresser un simple coup de pouce pour la propulser dans les bras de cet homme pour lequel elle éprouvait des sentiments trop timides pour les remarquer d’elle-même. Ça avait été rassurant pendant quelques temps. Cela lui avait permis de fermer un peu les yeux sur les atrocités qu’il lui lançait au visage, sur les pensées arriérées qu’il continuait de véhiculer quand bien même elle essayait de se détacher de tout ça. Et puis, un jour, elle avait ouvert les paupières et cela avait été comme une révélation. Blue à elle seule n’était pas parvenue à lui faire ouvrir les yeux sur ce fiancé trop violent dans ses actions. Et de toute façon, cela n’aurait servi à rien. Parce que pendant des semaines, Elizabeth avait tenté de faire taire ses pensées négatives, ses envies de mettre un terme à cette mascarade insensée. A vrai dire, face à Ophélie, c’était la première fois qu’elle osait mettre des mots sur la situation qu’elle vivait. Elle sentit la main de l’étudiante en médecine se poser sur la sienne et Elizabeth s’autorisa finalement à redresser la tête dans sa direction. « Je suis désolée qu’ils t’obligent à vivre ça, toi aussi. C’est injuste. » Eli hochait la tête. Effectivement, c’était injuste, mais c’était la vie qu’il leur fallait mener. Elles n’avaient pas tellement d’échappatoire, elles étaient coincées dans cette situation. Condamnées à devenir belles-sœurs, en quelques sortes. Evidemment, ce n’était pas la perspective d’inscrire Ophélie dans sa famille qui déplaisait à Elizabeth, mais celle d’avoir l’impression d’être enfermée en prison juste parce qu’on lui aurait passé la bague au doigt. « Parfois, je m’imagine être comme Julia Roberts et planter mon fiancé à l’autel pour m’enfuir à cheval. D’autres fois, j’ai juste envie de hurler merde à tout le monde et de claquer la porte de chez moi sans me retourner. » Elizabeth laissa échapper un léger rire. Elle aussi aurait aimé être cette version de Julia Roberts. Malheureusement, elle ne se sentait capable d’aucune des deux propositions avancées par Ophélie. C’était toujours compliqué de tourner le dos à sa famille. « Je n’ai tellement pas envie de ce mariage que même mes amies de la fac de médecine ne sont pas au courant. Je n’ai voulu inviter personne. Il n’y aura personne qui m’est véritablement proche à mon mariage. » La gorge d’Elizabeth se serra à cette révélation. C’était triste. Bien trop triste pour qu’elle prenne cette information sans sourciller. Elle fixait sa future belle sœur sans parvenir à déceler ses lèvres tant sa gorge était nouée. « Peut-être qu’on devrait le couper l’herbe sous le pied et se marier toutes les deux avant que nos fiancés ne nous passent la bague au doigt. » avança finalement Ophélie, sur le ton de l’humour. Pourtant, Elizabeth s’en sentit un peu mal à l’aise. « Je… Euh… Ça pourrait être une bonne solution aussi. » bafouilla-t-elle en rougissant légèrement. « C’est vraiment quelque chose que tu serais capable de faire ? Te marier avec une femme ? » Elle avait conscience que cette question pouvait paraître un peu étrange, mais en même temps, elle avait entendu tellement de choses sur les personnes homosexuelles au cours de son éducation, qu’elle était un peu étonnée qu’Ophélie n’ait pas été élevée avec les mêmes préjugés. « Enfin, pas que j’insinue que ce ne soit pas quelque chose de convenable, loin de là. C’est juste que… Mes parents sont très portés sur la religion. Un peu trop d’ailleurs. Ils sont même un peu extrémistes et ont essayé de m’apprendre que les personnes du même sexe n’avaient rien à faire ensemble. J’ai bêtement cru que c’était pareil pour la famille de nos fiancés ou pour la tienne. » Sinon ils ne se trouveraient pas tous embarqués dans ce même bateau, si ? Elle regrettait un peu ses propos maladroits et appréhendait la réaction d’Ophélie, aussi s’empressa-t-elle d’ajouter. « Il y a encore peu de temps, j’étais amie avec… cette fille. Elle travaillait dans une boutique de comics et représentait sans doute tout ce que mes parents détestaient. Elle était attachée aux super-héros, faisait du skateboard alors que c’était une femme, était habillée comme elle en avait envie et surtout, elle était lesbienne. » Elizabeth pinçait les lèvres. Elle ignorait pourquoi c’était si facile de se confier à Ophélie, mais en tout cas, ça l’était. Face à elle, elle avait l’impression d’être incapable d’arrêter de parler. « Elle me tournait autour et j’ai eu du mal à le comprendre. Mais une fois que je l’ai remarqué, je crois que j’ai aimé ça. J’aurais voulu tenter quelque chose, mais j’ai eu peur et depuis, elle n’est plus là. Enfin, elle s’est lassée de la situation, ce que je comprends. » Elle parlait en regrettant presque instantanément ses paroles. Elle n’était même pas sûre de ce qu’elle avançait, ni du fait qu’elle ait réellement sentie la moindre attirance pour Blue. Mais sa langue se déliait sans qu’elle ne puisse l’empêcher de susurrer ces mots d’une voix presque honteuse.
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planning our weddings. (ophélie)
Ven 2 Nov - 11:07
Lorsque j’ai lancé l’idée de l’épouser elle plutôt que mon fiancé, je n’avais pas vraiment pensé à cette option très sérieusement. Je n’avais pas pensé non plus que j’allais choquer Elizabeth même si j’aurais dû m’y attendre. Venant d’un monde comme le nôtre, il était évident que l’homosexualité ‘était mal vue. Qu’il était inconcevable pour des familles comme les nôtres que les descendants puissent être en couple avec des personnes de même sexe. Et je ne suis pas étonnée de voir la jeune femme se troubler légèrement, l’entendre bafouiller. Je me sens sourire, un peu amusée avant de répondre : « Pourquoi pas ? Je sais que ça les emmerderait, et j’avoue que je suis assez défiante pour en venir là. » Je me mets à rire, de bon cœur. Et la jeune femme ne semblait pas se rendre compte que ma famille ressemblait beaucoup à la mienne. « Mon père a mis mon frère à la porte quand il a appris qu’il est gay, je continue, la mine plus renfermée. Alors, crois-moi, tu as bien cru quand tu t’imaginais que ma famille était également croyante, pratiquante et surtout arriérée. » Ça avait été une si grande blessure pour moi. Pour mon frère aussi, évidemment. Et maintenant que je n’avais plus rien à perdre, si ce n’est mon petit confort personnel, qu’est-ce qui me retenait de tout envoyer balader ? Qu’est-ce qui me retenait de ne pas leur dire leurs quatre vérités et partir, loin de cette prison dorée ? La peur, très probablement. La lâcheté. Parce que le petit confort personnel était quand même quelque chose de très apprécié et appréciable dans une vie quotidienne. Je me rendais compte que la pauvre Elizabeth était embarquée dans un tourbillon similaire au moins, vivant une histoire au moins aussi tristement pathétique que la mienne. Je me sentais proche de cette fille que je ne connaissais même pas ; je me sentais proche de cette fille qui vivait le même cauchemar que moi.

Et la proximité semblait réciproque lorsque je l’entends se confier. Ses aveux me semblent intimes et je suis touchée qu’elle se sente assez en confiance pour me dire tout ça. Je me permets de lui adresser un sourire empli de compassion, comme pour lui dire que je comprenais ce qu’elle avait vécu. « Tu as eu peur par rapport à quoi ? Par rapport à toi ou à ta famille ? » Je penche la tête sur le côté, pensive. « Il n’y a pas de mauvaise réponse, les deux sont compréhensibles. Se découvrir une attirance pour les personnes du même sexe est toujours un moment bouleversant. Et quand on vient d’une famille comme les nôtres, c’est d’autant plus difficile. » La honte qui se distillait dans les veines, les questions sans réponses, les inquiétudes. Et personne avec qui en parler, personne pour écouter. Personne pour apaiser les craintes alors que tout se bousculait. « Tu n’as plus contact avec cette fille ? Vous avez juste… arrêté de parler et tu n’as jamais cherché à la recontacter ? » Je comprenais qu’elle ait eu peur ; je comprenais qu’elle ait pris la fuite. Mais Elizabeth ne pourrait pas vivre dans la fuite toute sa vie durant. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle s’accepte aussitôt et juste parce que je lui disais que ce n’était pas un drame. « Je sais que ce que je vais dire ne changera rien et qu’il n’y a pas de formule magique pour ces situations mais… » J’hésite à me pencher par-dessus la table pour lui attraper la main. Nous ne nous connaissons pas tant que ça et je ne voudrais pas qu’elle se sente envahie dans son espace personnel et privé. « Être attirée par une femme ne fait pas de toi une mauvaise personne. Tu ne fais rien de mal en pensant à cette fille ou même à une autre. Tu as le droit de te poser des questions sur ta sexualité, tu as le droit d’aimer les hommes et les femmes ou juste les hommes ou juste les femmes. Peu importe. » L’important était qu’elle se sente bien dans sa peau. Et elle avait besoin d’entendre que quelqu’un était de son côté. Que quelqu’un était prêt à l’écouter et l’épauler. « Tu ne dois rien à tes parents, à ta famille concernant la personne que tu aimes, je confirme avec assurance. C’est toi, juste toi. Et la personne avec qui tu choisiras de partager ton intimité. Quelle qu’elle soit. » En souriant, je me permets finalement de tendre la main et de la poser sur son avant-bras dans un geste tendre et affectueux.
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planning our weddings. (ophélie)
Mar 16 Avr - 3:27
Ophélie semblait être la reine de la provocation, toujours en proie à une envie grandissante de se dresser contre la volonté de ses parents afin de faire ses propres choix. C’était surprenant quand on avait l’habitude de voir son air de poupée, mais après la surprise, c’était plutôt plaisant. Elizabeth se sentait quelque peu brusquée mais finalement, elle était bien plus en confiance qu’elle ne l’avait jamais été. Suffisamment pour se mettre à se confier à une jeune femme qu’elle ne connaissait que de vue, encore quelques instants auparavant. « Tu as eu peur par rapport à quoi ? Par rapport à toi ou à ta famille ? Il n’y a pas de mauvaise réponse, les deux sont compréhensibles. Se découvrir une attirance pour les personnes du même sexe est toujours un moment bouleversant. Et quand on vient d’une famille comme les nôtres, c’est d’autant plus difficile. » Elizabeth pinçait les lèvres le temps d’assimiler les paroles d’Ophélie. La discussion était surréelle, lui donnait envie de prendre la fuite. Pourtant, elle savait qu’il fallait se faire violence et affronter la vérité telle qu’elle était. « Un peu les deux, j’imagine ? Quand on a grandit au milieu de personnes qui répétaient sans cesse que les gays allaient finir brûlés par les flammes de l’Enfer… Ce n’est jamais très avenant. » Elle aimait bien tout ce qui était barbecue, feux de la Saint Jean et compagnie, mais étrangement, l’Enfer ne l’attirait pas plus que ça. Elle laissait échapper un léger rire avant de replacer une mèche de cheveux derrière son oreille, tentant de dissimuler son malaise dans le même temps. « Tu n’as plus contact avec cette fille ? Vous avez juste… arrêté de parler et tu n’as jamais cherché à la recontacter ? » La blonde pinçait les lèvres, secouait la tête, sans jamais croiser le regard de la Chateaubriand. C’était compliqué à admettre, mais les évènements n’avaient pas joué en sa faveur et elle n’avait jamais eu le temps de se faire à ses sentiments contradictoires. Elle n’y pouvait rien. « J’ai tenté d’aller la voir plusieurs fois à sa boutique de comics. Elle n’était jamais là et le patron a fini par me dire qu’elle avait quitté son boulot, qu’elle avait déménagé. Son numéro n’était plus attribué… Je n’avais aucun moyen de la retrouver et je ne sais même pas ce qui s’est passé. » Elizabeth haussait les épaules malgré son estomac qui se tordait sous l’effet de l’angoisse. « On m’a proposé de lancer un avis de recherche sur Twitter. Mais je n’aime pas vraiment courir après les gens. Et ça n’aurait rien changé si ça avait été un homme. » Elle laissait échapper un soupir. Après tout, ce n’était que la stricte vérité. Personne ne méritait qu’elle se traîne par terre pour obtenir un peu d’attention. On lui avait demandé de se soumettre à tellement choses dans sa vie que jamais elle ne se réduirait à se soumettre à la pitié des autres, à devoir chercher un peu plus de leur bon vouloir. « Je sais que ce que je vais dire ne changera rien et qu’il n’y a pas de formule magique pour ces situations mais… » Ophélie prit le temps de faire une pause, sûrement pour reprendre son souffle, avant de continuer. « Être attirée par une femme ne fait pas de toi une mauvaise personne. Tu ne fais rien de mal en pensant à cette fille ou même à une autre. Tu as le droit de te poser des questions sur ta sexualité, tu as le droit d’aimer les hommes et les femmes ou juste les hommes ou juste les femmes. Peu importe. » Les mots d’Ophélie lui faisaient l’effet d’un raz-de-marée qui venaient chambouler son esprit et lui retourner les trippes. Ses paroles étaient encourageantes et pourtant, elles laissaient à Elizabeth l’impression d’être un peu vaseuse et encore un peu plus perdue dans sa vie. Alors ainsi, elle avait le droit ? « Tu ne dois rien à tes parents, à ta famille concernant la personne que tu aimes. C’est toi, juste toi. Et la personne avec qui tu choisiras de partager ton intimité. Quelle qu’elle soit. » La rousse posait finalement sa main sur celle de la Garfield, comme une ultime conclusion à sa tirade. Elizabeth se raidit d’un seul coup. Elle ne s’attendait absolument pas à cette proximité. Celle-ci ne la dérangeait pas vraiment, mais cela restait surprenant venant de la demoiselle Chateaubriand. La blonde sentait ses pommettes se tenter de rouge, comme si son corps cherchait à souligner son désarroi. « Je… Merci. Je pense que j’avais besoin d’entendre ça. Mais j’ai aussi besoin d’un peu de temps pour… Assimiler. » Elle retirait sa main de dessous celle d’Ophélie, récupérait son sac et se levait de sa chaise. « Je te remercie de bien avoir voulu m’accorder un peu de ton temps. Cependant, il faut que j’y aille. Désolée de ce départ précipité mais j’ai besoin de prendre l’air. Et, euh… D’aller étudier. » Quelle idiote, pourquoi prendre la fuite face à Ophélie qui était pourtant si gentille ? Il fallait dire que la vérité était parfois dure à prendre en compte, qu’il lui fallait un peu de temps seule pour réfléchir à tout ce qu’elle venait d’entendre et elle n’était pas capable de s’imprégner d’une seule idée révolutionnaire supplémentaire. Elizabeth adressait ainsi un sourire d’excuses en direction d’Ophélie avant de pivoter sur ses talons et de sortir du café. Comme le voulait la bienséance, elle lui envoyait toutefois un message pour lui énoncer une dernière fois à quel point elle avait été ravie de la croiser.
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