Now, we're just strangers with memories • | ft. Rin

Now, we're just strangers
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Rin & Jay

Certains racontaient qu’on ne connaît qu’un seul véritable amour dans la vie et que tous les autres n’étaient en rien comparables au premier.  Si le second s’avérait être plus fort, cela signifiait que le premier n’était pas aussi vrai que ce que l’on pensait… Jay avait toujours songé ainsi, se disant que ceux qui osaient tromper leur amant n’avaient rien à envier, que leurs sentiments étaient mensongers et manquaient de sincérité. Lui était tombé amoureux qu’une seule fois et s’il avait déjà essayé de rencontrer quelqu’un d’autre, d’apprendre à refaire sa vie autrement, il n’y était jamais parvenu. Aucune de ses femmes ne valaient celle qui, des années auparavant, fut sienne… Il avait beau avoir tenté, tenir réellement à elles, ce qu’il éprouvait n’était pas de l’amour. Il les comparait toutes, n’étant jamais satisfait alors qu’il n’était pas capable de l’oublier. Ses proches le lui reprochaient parfois, le secouant en lui disant que ses sentiments d’antan ne pouvaient plus être ce qu’ils étaient auparavant. Plus de seize ans s’étaient écoulées depuis leur rupture, chacun avait refait leur vie de leur côté et selon eux, c’était improbable que de telles émotions persistent à exister à l’heure actuelle. Qu’est-ce qu’ils en savaient ? Leur vision de l’amour était éphémère, frivole et amusant… Quelque chose auquel on goûtait et si cela ne nous plaisait pas, on le jetait afin d’en tester un autre. Peut-être était-il un garçon naïf et trop innocent… Peut-être était-il trop prude également dans son interprétation néanmoins selon lui, il s’agissait simplement d’une sincérité pure. Rin avait été la seule à toucher son cœur, la seule à le rendre idiot et niais aussi parfois… Elle avait cette particularité à le faire sourire sans même être auprès de lui. Si aux yeux de tous, elle n’était qu’une fille parmi tant d’autres, pour lui, elle était unique.

« Ce n’était qu’un amour d’adolescent. » Lui répétait-on régulièrement. « Oublie la ! » Des mots qui étaient si faciles à prononcer mais si difficiles à mettre en œuvre. Qu’est-ce qu’ils en savaient à tous comment il se sentait ? Leur histoire n’avait duré qu’un an et demi cependant cela lui avait suffi largement pour tomber follement amoureux d’elle. Non, il ne s’agissait pas que de vulgaires sentiments qu’il pouvait envoyer en l’air rien qu’en claquant les doigts… Mais parce que personne n’était à sa place, personne n’était en mesure de comprendre comment il se sentait vraiment à ce sujet. Pourquoi l’avoir quitté dans ce cas ? Pourquoi l’avoir rejeté aussi violemment ? Parce que la culpabilité était plus forte que tout le reste, parce qu’il ne la méritait pas mais surtout parce qu’il avait peur de ce qui pouvait lui arriver si elle restait à ses côtés. Il n’avait pas supporté de voir sa famille tomber en déchéance à cause de son propre père, il n’avait pas supporté d’être la source de leurs problèmes alors qu’ils méritaient tout le bonheur du monde. Peut-être aurait-il dû agir autrement, lutter avec eux, les soutenir… Peut-être avait-il été lâche en réagissant de cette façon hors à cette époque, il n’avait pas su quoi faire d’autre. Rien que la regarder dans les yeux étaient devenus une tâche compliquée à accomplir, lui brisant un peu plus le cœur à chaque fois qu’il la contemplait. Ce n’était pas par manque d’amour, non, pas du tout… C’était par honte mais également parce qu’il l’estimait beaucoup trop pour vouloir être égoïste et rester auprès d’elle.

En toute honnêteté, malgré les années avaient passé, malgré ses sentiments qui refusaient de s’éteindre entièrement, il ne s’attendait pas à la recroiser un jour. Il ne l’aurait même pas espéré. Et pourtant… Elle était celle qui se tenait devant lui en cet évènement important pour son entreprise. Comment aurait-il pu ne pas la reconnaître ? Elle avait changé, oui, énormément… Mais avec la magie des réseaux sociaux, jamais il n’aurait pu passer à côté d’elle sans deviner qui elle était. Elle n’était plus la même qu’autrefois, elle s’était transformée en une belle et splendide jeune femme… Cet air de fille adolescente avait disparu pour laisser place à des traits plus tirés, plus féminin, avec un maquillage soigneusement choisi et qui la démarquaient, selon lui, de toutes les autres. Ses yeux n’avaient eu de cesse de la fixer sans qu’il ne daigne énoncer le moindre mot… La surprise était assurément trop grande pour qu’il parvienne à briser le silence si rapidement. Les secondes qui s’étaient écoulées avant qu’il ne se motive à parler lui avait semblé durer des heures, comme si soudainement, le temps s’était arrêté et que plus rien autour d’eux ne fonctionnait. Néanmoins, l’expression sur sa figure n’était en rien comparable à ce que le jeune homme ressentait vraiment, gardant un visage fermé et plein d’indifférence. Peu importait ô combien elle lui manquait, peu importait ô combien il était heureux et rassuré de la revoir, en aucun cas, il ne pouvait se permettre d’agir aussi irrationnellement. Tout avait changé depuis cette époque… Plus rien n’était pareil. Il n’était plus ce garçon chaleureux et dynamique qu’elle avait connu. S’il avait déjà honte de lui auparavant, c’était pire à présent et pour rien au monde, Jay souhaitait qu’elle découvre l’homme qu’il était désormais. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Avait-il fini par l’interroger d’une voix impartiale, ses prunelles s’égarant discrètement sur ses lèvres de façon à entrevoir sa réponse. A elle non plus, il ne serait plus jamais capable d’entendre le son de sa voix… Ce son si mélodieux qui l’avait fait chavirer tant de fois mais qui n’était aujourd’hui plus qu’un simple souvenir.  

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Rin & Jay

Le premier amour était quelque chose qui semblait vague a bien des personnes. Il n’était pas à confondre avec les émois adolescents ou les premiers baisers échangés en maternelle. En tout cas c’était le point de vue de Rin, elle avait mis son premier amour sur un piédestal et elle ne comptait pas l’en faire descendre. Si elle avait eu des relations tout aussi longues voir plus après lui, pas un seul instant elle n’avait trouvé quelqu’un qui arrive à la cheville de Jay. C’était sûrement injuste pour son fiancé, mais même lui ne faisait pas le poids face à son premier amour. Jay était ce qui l’avait rendu le plus heureuse quand tout autour d’elle s’effondrait et cela malgré le fait qu’il l’avait rejeté soudainement et violemment. Il avait certes brisé son cœur et anéanti l’estime qu’elle avait d’elle, mais la jeune femme s’était depuis lors persuadée qu’elle devait ce rejet à son statut social. C’était sûrement pour ça qu’elle, qui n’avait jamais été très bonne à l’école, avait redoublé d’effort pour être la meilleure, devenir quelqu’un, jusqu’à trouver sa passion. Elle lui devait son métier et son cabinet d’une certaine manière, car s’il ne l’avait pas mis face à la réalité de sa situation elle se serait contentée de ce qu’elle était capable de faire sans effort. Jay était et resterait dans bien des domaines, celui qu’elle préférait. Aucun garçon après lui n’avait réussi à la faire rire avec spontanéité ou à la faire rougir avec seulement une main dans les cheveux. Jay posait ses yeux sur elle et alors le monde entier disparaissait tout autour, plus rien n’existait que ces yeux noir en amende. Parfois, quand elle repensait au passé et à son futur, ces yeux noirs venaient la hanter, lui apportant un réconfort ou une nostalgie immense. Oublier Jay ? Elle ne se leurrait pas, elle n’en avait jamais été capable. Elle avait seulement laissé la vie passer, se contentant de le regarder sur les réseaux sociaux. Le voir changer, évoluer, gagner en taille et en masse, devenir un homme. 16 ans, c’était long et parfois tout lui revenait en mémoire avec la violence d’un ouragan, lui rappelant combien elle avait pu l’aimer. Depuis la demande en mariage, Jay ne faisait que lui revenir en tête avec un léger goût amer. Parfois elle aimait à penser que si les choses s’étaient mieux passée c’est avec lui qu’elle serait fiancée, peut-être même déjà mariée. Mais elle s’efforçait de pas être triste, elle avait sa vie, il avait sûrement la sienne. Il avait disparu de sa vie et n’était jamais revenu, c’était donc qu’il ne désirait pas avoir quoi que ce soit à faire avec elle.

Quand elle avait reçu l’invitation à une soirée d’une boutique dont elle était une fidèle cliente, Rin avait longuement hésité. Puis une de ses amies s’en était mêlée, argumentant que la nourriture serait gratuite et chère et qu’il fallait en profiter. C’était donc ensemble qu’elles s’étaient rendues à la soirée avec comme idée de bien s’amuser. Mais elle commençait à regretter, non pas qu’elle ne s’amuse pas ou que la nourriture soit dégoûtante, non tout était à la hauteur. Mais voilà, Il était là, cet homme qui n’avait pas d’égal à ses yeux. Face à elle, il la regardait aussi jaugeant peut-être les changements qui s’étaient opérés chez elle. Rin n’avait pas la sensation d’avoir énormément changé, mais elle était devenue une femme, tout comme il était devenu un homme. Il avait grandi un peu, mais ses yeux, ses yeux étaient toujours les mêmes. Deux immenses puits noirs dans lesquels elle se perdait, un vrai piège. Ils étaient plus proches maintenant sans qu’elle sache pourquoi et ses mains devenaient moites. La jeune vétérinaire se rappelait désormais des premiers moments passés avec lui, elle avait les mains moites, le cœur tambourinant et les yeux fuyants. 16 ans plus tard, c’était toujours pareil. Elle qui s’était construite une carapace pour se préserver devenait mollassonne rien qu’à la vue de son ex-petit-ami. Rin resserra ses doigts sur sa pochette et prit une profonde inspiration pour garder une contenance mais son cœur battait à tout rompre, le son de sa voix venait de lui rappelait pourquoi personne ne pouvait le surpasser. A son simple contact, elle redevenait l’adolescente légère et souriante. Pour ne pas montrer à quel point il la perturbait, la jeune femme baissa un peu ses yeux et remit une longue mèche brune derrière son oreille en gloussant doucement « J’ai reçu une invitation pour l’événement… ». Lentement, la jeune femme remonta ses yeux jusqu’à ceux de Jay, elle voulait conserver cette froideur et ce professionnalisme qu’elle instaurait avec tout le monde depuis lui, mais elle en était incapable et déjà une légère rougeur venait  colorer le haut de sa pommette gauche « Et toi ? Que viens-tu faire ici ? Je doute que tu sois un habitué… ».

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Rin & Jay

La vie pouvait réellement être cruelle lorsqu’elle le voulait… Pendant des années, il avait tout fait pour la fuir, pour que son chemin ne croise pas le sien mais voilà que le hasard forçait leurs routes à se rencontrer de plus bel. La culpabilité ne s’était jamais dissipée avec le temps, elle n’avait fait que s’accentuer autant que la haine qu’il éprouvait envers son père s’était amplifiée. Cet homme qui, indirectement lui avait retiré tout ce qu’il avait… Parce qu’il lui fallait un fautif pour tous ses malheurs, Jay n’avait pu faire autrement que de le choisir lui. S’il n’avait pas été aussi avide dans ses actions, s’il avait été juste et droit dans son travail, s’il n’avait pas utilisé des manigances déloyales et illégales pour s’en sortir, certainement qu’aucun d’entre eux n’en serait là aujourd’hui. Il n’avait jamais rien reproché à Rin, l’avait toujours accepté telle qu’elle était et la colère qu’elle avait pu avoir à son égard à l’époque était amplement justifié. Le jeune homme ne lui en avait pas voulu pour cela, il comprenait… Sa famille payait le prix d’une injustice que la sienne avait causé, il y avait de quoi être énervé et frustré… Elle pouvait bien croire qu’il l’avait rejeté pour leur différence de statut sociale, ce n’était pourtant pas le cas. Leurs parents pouvaient bien être à l’encontre de cette idylle, lui n’aurait certainement jamais fui pour si peu, préférant l’aimer en secret que la rejeter aussi brutalement. Elle n’avait pas idée d’ô combien ses sentiments pour elle étaient forts et intenses… Il n’avait d’yeux que pour elle et s’il avait choisi de l’abandonner, ce n’était pas parce qu’il ne l’aimait plus mais, au contraire, parce qu’il l’aimait trop. Un proverbe racontait que l’amour ce n’était pas toujours de retenir ceux qui nous sont les plus précieux mais de savoir les laisser partir… Ce n’était pas totalement faux. Rin était beaucoup trop importante à ses yeux pour qu’il puisse rester à ses côtés et voir sa famille se détruire à cause de son géniteur… Un fils comme lui n’avait aucunement sa place auprès d’elle. Il savait que s’il lui en avait parlé, son ex-petite amie aurait trouvé les mots pour le réconforter, pour le garder néanmoins lui ne le souhaitait pas. C’était sa décision… Un choix qu’il avait réfléchi longuement avant de le mettre à exécution toutefois il n’avait malheureusement pas pu s’y résigner… La voir souffrir lui était insupportable, la voir pleurer, perdre ce sourire qui la caractérisait lui avait déchiré le cœur un nombre incalculable de fois. Tout ce qu’il souhaitait était qu’elle soit heureuse, avec ou sans lui, ça n’avait pas d’importance. Alors oui, il lui avait tourné le dos puis était parti sans jamais se retourner, laissant en même temps une partie de lui qu’il n’avait jamais pu retrouver.

En l’espace de quelques secondes, le temps s’était arrêté, ses yeux refusant de la quitter du regard. Elle était si belle, tellement plus encore… Une véritable femme qui avait grandi au court des années. Des tas de questions arpentaient son esprit, souhaitant en apprendre sur ce qu’elle était devenue et comment elle allait à présent ; Est-ce que sa famille se portait bien ? Son père avait-il réussi à s’en sortir et trouver un autre travail ? Etaient-ils heureux maintenant ? Si aucune ne ses remarques n’avaient franchi ses lèvres, il l’espérait sincèrement. Grâce aux réseaux sociaux, il avait découvert plusieurs choses sur son ex-petite amie néanmoins il n’en connaissait que l’essentiel. Il y avait tant de détails qu’il aurait désiré savoir. Un fin soupir s’échappa de sa bouche à sa rétorque avant qu’il ne détourne un instant brièvement ses prunelles ailleurs dans la salle. Parmi toutes les sociétés qui existaient en Amérique, il avait fallu qu’elle soit invité à un évènement organisé par la sienne. « C’est mon entreprise. » Son expression ne changeait pas, restant toujours aussi froide et désintéressé. Une partie de lui aimerait rester avec elle aussi longtemps qu’on le lui permettait ; une autre avait envie de fuir loin, très loin, parce qu’être en sa présence était une vraie torture pour son âme. « Je travaille pour mon père. » Une réflexion qui n’était pas nécessaire d’être répliquée cependant le garçon l’avait fait exprès. Cette compagnie était certes une filiale de la grande entreprise de son géniteur, cela n’empêchait pas le fait qu’il en était le créateur, l’investigateur et aujourd’hui, le directeur. Monsieur Hwang n’était en rien lié à ses affaires, ne s’y mêlant pas si ce n’était pour les bénéfices que sa société en tirait. Plutôt que de chercher à être aimé, Jay faisait en sorte d’être détesté, montrant une nouvelle fois le camp qu’il avait choisi.

D’un signe de tête, il la salua avant de la devancer sans savoir ce qu’il en était pour elle. Ce n’était que lorsque ses iris croisèrent celles de son petit frère qu’il comprit qu’on l’appelait derrière lui. Le remerciant d’un sourire, il se retourna alors prestement, arquant ensuite un sourcil à cette jeune femme qui l’avait interpelé. Que voulait-elle de plus désormais ? Ses doigts s’emparèrent d’une coupe de champagne qu’il avala d’une traite, la dévisageant ensuite de ses yeux sombres. « Qu’est-ce qu’il y a ? » L’interrogea-t-il sous le regard surpris du plus jeune de la famille. Jay ne buvait pas énormément et surtout pas aussi rapidement. Ce geste était un signe que quelque chose clochait mais lui n’était pas en mesure d’en discerner la raison. Pas encore

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Rin & Jay

La première chose qui venait à l’esprit de Rin en voyant le visage de Jay était une myriade de souvenirs tous plus doux les uns que les autres. Leur rencontre, leurs conversations longues et passionnantes, leurs chamailleries et leurs taquineries. Tout ce qui se rapportait à lui était d’abord agréable et chaud. Elle redevenait une adolescente maladroite et gênée, peu sûre d’elle et hésitante. Il ne lui fallut pas longtemps pour se rappeler pourquoi elle était tombée amoureuse de lui. Ses yeux noirs et profonds avaient quelque chose d’envoûtant, malgré son air froid, il avait conservé cette petite étincelle qui l’avait toujours rendu spécial à ses yeux. Les années, au lieu d’avoir marqué son visage l’avait embelli et lui conférait un air masculin bien plus marqué. De le voir en costume, elle en eut des papillons dans l’estomac, elle n’aurait jamais imaginé qu’il puisse être plus beau qu’il ne l’avait été. De plus les photos sur son instagram ne lui rendait pas justice, il était tellement mieux en vrai, infiniment plus beau. Elle n’était d’ailleurs pas la seule femme à le remarquer, beaucoup de regards se tournaient vers lui, il était comme une planète au centre d’un système solaire, tout le monde gravitait autour de lui. Mais dans ses souvenirs, c’était déjà le cas à l’époque, les femmes le regardaient, le dévoraient du regard, sa beauté exotique ressortait souvent au milieu de tous ces visages occidentaux. Son sourire lui manquait, elle aurait adoré qu’il lui sourit mais elle n’oserait jamais lui demander une telle chose, d’ailleurs il n’avait pas de raison de vouloir lui sourire. Il l’avait rejeté, il lui avait tourné le dos quand elle avait eu besoin de lui. Il était vrai qu’elle n’était pas sans tort et qu’elle avait provoqué des disputes avec lui au sujet de tas de choses. Mais le contexte de l’époque ne l’avait pas aidé à relativiser alors. Peut-être qu’en réalité, il en avait eu assez de devoir la soutenir, de supporter ses malheurs. Elle ne savait pas vraiment les raisons de son rejet soudain de l’époque, mais elle s’en fichait aujourd’hui. S’en fichait-elle vraiment ? Bien sûr que non, mais il était plus facile de se persuader que c’était le cas. Parce qu’elle allait se marier et qu’elle était bien comme ça. Pourtant, dernièrement elle hésitait sans cesse, s’interrogeant sur son avenir et le revoir n’allait pas arranger ça, elle le savait déjà. Alors, l’air de rien elle garda son sourire professionnelle et sans âme pour tenter de garder cette apparence de perfection qu’elle s’était créée par sa faute. Montrer que rien ne l'atteignait était devenue bien plus facile que de se reposer sur les autres.

« C’est mon entreprise. Je travaille pour mon père. ». QUOI ?! Ses yeux s’écarquillèrent quelque peu de stupeur. Qu’est-ce qu’il racontait ? Il était tombé sur la tête depuis qu’il l’avait quitté ? Ou était passé sa volonté de réussir les choses par lui même ? De voir le monde avec ses propres yeux ? Lui qui rêvait de musique et d’indépendance, il s’était finalement fait happer par l’entreprise familiale. Une pointe de déception immense traversa son coeur et une douleur puissante se fit sentir dans tout son corps. Rin le regarda passer devant elle, stupéfaite. Ou était passé sa joie de vivre ? Son éternel entrain en chaque chose ? Ou était passé son Oppa, son tendre et doux Oppa. Qui était cet homme empli de froideur qui lui faisait face ? S’il ne l’avait pas interpellé, elle aurait cru qu’il s’agissait d’un homme au physique semblable tellement il n’avait rien en commun avec son premier amour. Elle en fut extrêmement triste et alors qu’il passait devant elle, la jeune femme se retourna pour regarder son dos, perdant son sourire. D’une petite voix fluette et faible elle l’interpella d’abord comme elle avait toujours eut l’habitude de le faire « Oppa... », puis elle se reprit d’une voix plus forte « Jay ! Je ne comprends pas. ». Ses yeux clignèrent d’incrédulité et pendant un instant elle crut qu’il allait l’éviter, finalement il se retourna. Elle ouvrit la bouche pour lui parler mais il attrape une coupe de champagne qu’il vida d’une traite. Il buvait en plus de ça ? Super… A quel point son père l’avait pourri ? Faisait-il les même combines atroces que son géniteur ? Détruisait-il des vies comme son père avait détruit la sienne ? Rin fronça finalement les sourcils et sa voix se fit plus dure. « Je vois que tu as fais des choix très judicieux Jay, me quitter t’aura au moins permis de te découvrir un penchant pour la bassesse et la destruction. Combien de personne t’as rendu alcoolique depuis que travailles avec lui ? Est-ce que ces gens savent à quel point vous êtes jusqu’au cou dans la malhonnêteté ? Ou sont passés tes rêves et ta droiture ? Quelle immense déception, quel triste constat… ». La main de la vétérinaire se resserra imperceptiblement autour de son verre, maintenant sa colère pour Jay lui revenait avec plus de force. « Je suppose qu’une fois débarrassé de moi, la copine gênante, la roturière, tu as pu accomplir des grandes choses. Après tout, être avec quelqu’un comme moi devait-être un vrai poids pour quelqu’un comme toi ? », elle partit d’un rire sarcastique et afficha sans hésitation une mine de dégoût. « Mais tu sais quoi ? Grâce à toi, j’ai pu accomplir des tas de choses, je suis vétérinaire, j’ai une clinique… je vais même me marier. Alors merci, merci d’avoir déserté ma vie comme un lâche. ». Chaque mot lui semblait cruel, elle savait qu’elle allait loin, qu’elle ne pensait pas une grande partie de ce qu’elle venait d’énoncer à voix haute. La femme forte et indépendante qu’elle était devenue, elle le lui devait, mais elle lui devait aussi sa peur des sentiments et son rejet des autres. Elle pleurerait une fois chez elle, en repensant à la douleur provoquée par cette soirée, mais là tout de suite elle afficha un sourire très faux « Oui vraiment, merci pour tout. »

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Rin & Jay

Malgré ce qu’il déclarait, malgré le fait qu’il soit contraint de travailler pour l’entreprise de son père, Jay n’avait jamais cessé d’haïr ce dernier. Il n’était en rien semblable à cet homme qui l’avait conçu et qui l’avait élevé… Il le détestait pour lui avoir retiré tout ce qu’il avait et bien trop brutalement à son goût. Comment pouvait-il ne pas le maudire alors que par sa faute son monde au complet avait été réduit au silence ? Devant Rin, il n’affichait rien, se donnant le mauvais rôle afin de l’éloigner le plus possible de cette vie qu’il menait… Il souhaitait qu’elle le maudisse, qu’elle le déteste et qu’elle l’oublie pour de bon. Dans le fond, elle avait raison dans ce qu’elle pensait. Ce premier amour qu’elle avait connu n’était plus, il avait disparu des années en arrière dans cet accident de voiture. Evidemment, Jay n’était pas ainsi avec tout le monde… Avec ses proches, il était incroyablement chaleureux, généreux, fidèle, avec souvent un tendre sourire au coin des lèvres. Hors, probablement que oui, cet éclat, cette petite étincelle qui le définissait tant auparavant, n’existait plus. Il n’avait plus ce côté pétillant de sa personnalité, s’étant transformé en un garçon plus calme, plus terre à terre, plus craintif aussi. Tous ceux qui l’avaient connu plus tard seraient certainement étonnés de découvrir quel adolescent par le passé. Il n’avait peur de rien, avec constamment un sourire communicatif qui égayait son visage, toujours prêt pour de nouvelles aventures, s’amusant à plaisanter ici et là. Il se moquait des différences de statut, il avait des tas de rêves, des tas de projets. Pas une seule fois, il n’avait mentionné vouloir reprendre l’entreprise de ses parents… Pour lui, c’était l’évidence même que son avenir serait dans les arts. S’il n’était pas doué pour le chant, il avait une passion énorme pour le violon et le piano, désirant même prendre cours de guitare. La musique, c’était son domaine. Il adorait ça et Rin avait pu le constater à plusieurs reprises grâce aux morceaux qu’il se plaisait à lui interpréter. Souvent, il se perdait dans ses histoires, déclarant qu’il irait étudier à l’étranger, rencontrerait les plus grands artistes puis finirait par être un musicien reconnu dans la terre entière. Ce n’était que de vagues idéaux, que des rêves d’adolescent mais au moins, il avait de quoi se projeter dans son futur. Sa passion pour la musique n’était plus à discuter, tous le savaient… Jay sans son violon ou son piano, c’était inimaginable… Certainement qu’il serait brisé si pour une raison quelconque, on lui retirait la musique.

Son monde s’était littéralement écroulé. Se réveiller sans être en mesure de discerner le moindre son, est-ce que tous savaient ce qu’on ressentait ? Est-ce que tous savaient à quel point il avait voulu mourir et hurler par tant d’injustice ? Ce n’était ni des jours ni des mois qui lui avaient fallu pour se relever mais bel et bien des années. La musique, il l’avait machinalement abandonné, directement mis de côté, ne touchant pas à un piano avant un long, très long moment. Le goût de la vie, il ne l’avait plus, ignorant ce qu’il était censé faire maintenant qu’il résidait dans un univers où il n’entendait plus. Sans sa mère et son frère, certainement que Jay ne se tiendrait pas debout fièrement en ce jour important. C’étaient eux qui l’avaient redressé quand il était au plus bas, c’étaient eux qui l’avaient secoué et obligé à faire quelque chose de son existence. A cette époque, il n’était plus rien, plus qu’une vulgaire coquille sans âme… Plus rien ne semblait avoir de sens. Tous ses projets, ses rêves avaient été réduit à néant ; la fille qu’il aimait n’était plus auprès de lui et cet homme qu’il avait admiré tant de fois était devenu bien moins qu’un simple inconnu à ses yeux. Alors, qu’était-il censé faire ? Il ne le savait pas et à l’heure actuelle, il l’ignorait toujours. Il s’était contenté de suivre ce chemin tracé devant lui, n’ayant de motivation pour rien d’autre si ce n’était, peut-être, celle de rivaliser avec son géniteur. Il voulait découvrir ce qu’il manigançait, pouvoir révéler ses méfaits au monde entier et le punir pour tout le mal qu’il avait fait. C’était son père, oui, cependant il n’était plus en mesure de le considérer comme tel. Et ce, depuis bien longtemps déjà.

Il savait qu’en émettant une telle réflexion, cela décevrait son ex-petite amie et c’était le pourquoi il n’avait pas hésité à le faire. Sa famille lui avait déjà fait assez de mal comme ça, il était préférable qu’elle le déteste et ne soit plus mêlée à sa vie. C’était le choix qu’il avait fait seize ans plus tôt et pour rien au monde, il ne désirait revenir dessus. Pourtant, malgré lui, lorsque son frère lui avait indiqué discrètement qu’on l’avait interpelé, il n’avait pas résisté à se retourner. Juste une fois, après il se promettait qu’il partirait. Son regard s’était aussitôt posé sur elle, détaillant pendant quelques secondes, avec précision, chaque trait de sa figure. Que cela soit la forme de ses yeux, celle de ses lèvres, ou encore la légère rondeur de ses joues, la couleur de sa peau, il ne manqua aucun détail. Probablement qu’après ce soir, il ne la verrait plus jamais devant lui alors même si ce n’était qu’un court instant, il souhaitait s’imprégner de l’image qu’elle lui offrait. Peu importait ô combien le poids de ses mots le torturaient, ô combien lire ses reproches sortir de sa bouche lui martelaient le cœur, il s’y était préparé. « Ce n’était que des passe-temps. » Des douloureux mensonges qu’il parvenait à déclarer avec une impartialité si puissante qu’on ne pouvait que le croire. Et pourtant… Dieu seul savait à quel point, en cet instant, Jay souhaiterait se réfugier sous terre puis ne plus jamais en ressortir. Sans le savoir, Rin le touchait là où ça faisait le plus mal. Ses rêves, il ne les avait pas abandonné parce qu’il le voulait… Mais parce qu’il n’avait pas eu le choix.

Alors qu’elle riait sarcastiquement, lui n’avait pu s’empêcher de lui arborer une esquisse tout aussi narquoise à la suite de ses paroles. « Parce que tu te croyais si importante ? » Et elle l’était. Tellement plus encore, à un point que même s’il savait qu’elle avait quelqu’un dans sa vie, apprendre qu’elle allait se marier lui avait asséné un énième coup dans la poitrine. Sincèrement, il était heureux pour elle, c’était tout ce qu’il lui souhaitait mais il était triste de ne pas pouvoir être celui à qui elle dirait « oui ». Il s’y était résigné il y a déjà longtemps cependant ça n’empêchait pas que ça faisait mal. « Je suis ravi d’avoir pu t’apporter quelque chose. » Son sourire était faux, aussi sarcastique que ce rire qu’elle avait échappé quelques instants plus tôt… Sa façon à lui de lui dire qu’il se fichait bien de ce qu’elle faisait de sa vie et qui était l’homme qu’elle comptait épouser. « Félicitation pour ton mariage. » Se saisissant d’une autre coupe de champagne, il la leva en sa direction, trinquant dans le vide pour accompagner ses dires. La vie était d’un ironique, vraiment. En cette soirée, il la détestait plus que les autres jours.

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Rin & Jay

Rin avait mis des années avant de réellement s’intéresser aux études. A l’école, comme au collège ou au lycée, elle n’avait jamais excellé. Elle s’était toujours contentée du minimum n’ayant aucune perspective d’avenir en tête, elle était bien décidée à prendre ce que la vie lui donnerait après son Bac si jamais elle l’obtenait. N’étant pas une bonne élève elle n’avait jamais eu envie de se tuer à la tâche pour réussir. Elle qui était bien plus douée de ses mains n’était pas décidée à plonger son nez dans des livres pendant des années. La jeune femme avait toujours préféré fabriquer des choses, les réparer, dessiner ou encore coudre, que de faire des maths et de l’anglais. Elle s’amusait bien mieux comme ça. Si ses parents avaient eu les moyens, elle aurait adoré faire de la musique, alors quand Jay s’était amenée avec son piano et son violon elle avait été comblée. Elle avait été plus comblée encore de le découvrir si doué et si plein de possibilité d’avenir. Elle qui n’avait jamais eu de goût prononcé pour la musique classique s’était mise à l’adorer au travers de ce garçon. Quand il touchait à ses instruments, elle y ressentait tellement d’amour qu’elle ne pouvait s’empêcher de l’écouter des heures durant. Rin, après l’avoir longuement observée était absolument sûre qu’il lui fallait un métier comme celui là et de le voir si passionnée pour quelque chose, elle s’était mise elle aussi à chercher ce qui la passionnait. Mais rien ne lui venait jamais en tête. Et puis était arrivé le temps de prendre des décisions, mais sa rupture avec Jay lui avait laissé un goût amer et elle qui était bien décidé à ne pas prolonger plus longtemps le calvaire qu’était les études pour elle, ne trouva rien de mieux que de s'inscrire dans une école de médecine. Pourquoi avait-elle fait ce choix ? Au premier abord, elle aurait dit qu’elle avait décidé au hasard, mais avec le recul elle savait que plusieurs paramètres étaient entrés en compte. Tout d’abord, elle était absolument persuadé que son statut social entrait en cause dans sa rupture avec Jay et un bon métier lui semblait être une excellent vengeance. Mais il y avait aussi son incroyable capacité à se servir de ses mains et finalement, quand elle s’en donnait la peine, son esprit logique en faisait une jeune femme bonne en science. Ce fut la découverte de sa terminale, quand elle se décida enfin à se mettre à étudier. Les sciences étaient son péché mignon, comment n’avait-elle pas pu s’en rendre compte ? Parce qu’elle n’avait pas de but sûrement. Mais Jay lui en avait donné un indirectement et d’élève médiocre elle avait finalement réussi à intégrer une école de vétérinaire. Elle était extrêmement fière de sa réussite et dans un coin de sa tête, aussi fâchée après lui qu’elle le soit, cette victoire elle la devait à Jay. S’il ne l’avait pas quitté elle n’aurait pas trouvé d'autre but à sa vie que de rester toujours auprès de lui. Grâce à la douleur qu’il lui avait infligée, il l’avait réveillé et elle avait compris qu’elle devait viser haut, être son seul patron pour que jamais des gens comme son père à lui ne puisse lui faire du mal. Rin avait souffert de cette rupture, peut-être plus qu’elle n’avait pu souffrir de l’alcoolisme de son père. Car elle ne pouvait pas reprocher une faiblesse psychologique, alors qu’elle pouvait reprocher la lâcheté. Car oui, à ses yeux, Jay avait fait preuve de lâcheté envers elle, ne désirant pas être confronté aux erreurs de son père, ne désirant pas avoir à soutenir sa petite amie. Finalement elle lui en voulait, sans pour autant le détester. Si elle ne le détestait pas c’était sûrement parce qu’elle avait pitié de lui et dans un sens c’était presque pire. La pitié était un sentiment qui lui semblait bien négatif et réducteur.

Des passe-temps ? Elle n’y croyait pas une minute. Toute personne qui avait connue Jay à cette époque aurait eu la même certitude que lui. Il suffisait de le voir devant un piano ou un violon pour comprendre que ce garçon était fait pour la musique. Elle n’avait jamais rien vue illuminer son regard plus qu’un instrument de musique. Alors un passe-temps ? Non vraiment, il se payait sa tête. Elle avait envie de lui plonger la tête dans le saladier de punch, de lui casser ce satané verre de champagne sur la tête, de lui hurler de se réveiller, de lui faire bouffer ses chaussures par les narines. A quel moment il était devenu aussi détaché et idiot ? Ou était passé son adorable Jay ? Elle ne pouvait pas croire que cet armure de froideur sans âme qui lui faisait face était l’homme qu’elle avait aimé. On aurait dit une coquille vide. Il y avait tout, l'apparence, la voix, certes plus grave mais toujours si douce et les souvenirs communs. mais c’était comme s’il était mort de l’intérieur, comme s’il n’y avait plus rien à sauver de l’époque. C’était si douloureux pour elle, mais à bien y réfléchir, elle était aussi vide que lui. L’image de perfection qu’elle s'escrimait à conserver la rendait tout aussi vide et fausse que lui, alors pouvait-elle lui faire la leçon ? Pas vraiment. Le sourire qu’il lui rendit ne la surprit pas le moins du monde, c’était attendu au vue de son comportement général depuis qu’ils avaient commencé à parler. Importante ? Bien sûre qu’elle avait pensé l’être, sinon pourquoi était-il resté avec elle plus d’un an et demi ? D’un coup elle doutait, c’était comme mille aiguilles qui venaient de se planter dans son corps. Sûrement que si elle avait été seule, sa main se serait porté à cet endroit juste pour vérifier qu’il battait encore, mais à la place elle resserra ses doigts blanchis sur le tissus noir de sa robe. Il ne pouvait pas réellement penser ce qu’il venait de dire, il ne pouvait pas réellement l’avoir oublié avec tant de facilité. Dans un coin de sa tête, elle n’avait pas un instant cessé de croire qu’il y avait quelque part une infime possibilité pour qu’il lui explique un jour pourquoi il l’avait rejeté. En grandissant elle avait finit par laisser cette possibilité de côté. La partie de son cerveau qui avait regardé trop de film à l’eau de rose avait bêtement espéré que le jour ou ils se reverraient, Jay lui expliquerait les raisons de son rejet soudain. Mais on était pas dans un film et la réalité la frappait une fois de plus en plein visage. Pourtant, elle se contenta d’appuyer sa main sur la table pour ne pas montrer à quel point ses paroles la touchait. Non, sa nouvelle arme de combat était ce sourire façonné de toute pièce qui lui permettait de faire bonne figure en toutes circonstances. Elle n’avait jamais été plus heureuse qu’en ce moment d’être capable de mentir sur ses émotions. Son regard était fuyant et perdu et ses jambes chancelantes, mais son sourire, lui ne tressaillait pas. « Importante ? Voyons Opp… Jay, j’ai toujours su que tu finirais comme ton père et il n’y a rien de plus important dans sa vie que de gagner de l’argent au dépens des autres. ». L’avait-elle réellement pensé ? Non. S’il y avait une conviction qu’elle avait toujours eu au sujet de cet homme c’était que jamais il ne reproduirait les erreurs de son paternel, qu’il filerait droit parce qu’il avait toujours été quelqu’un de bien. Mais désormais, elle ne voulait plus y croire. Il venait de lui prouver au combien le garçon qu’elle avait connu était mort. Rin enroula doucement ses doigts délicats autour d’une coupe de champagne qu’elle serra doucement, tentant de masquer le tremblent auquel elle était en proie. Hors de question qu’il décèle la moindre parcelle de trouble chez elle. Une fois de plus elle prit à parti de rire et son air se fit plus malicieux, dans l’unique but de rajouter du poids à son mensonge. « Oh ne prends pas la grosse tête, tu ne m’as pas apporté tant que ça non plus, je me suis construite grâce à toi, le reste je l’ai accompli seule. », sur ce point c’était bien vrai, mais le lui dire lui semblait bien plus cruel. Quelque part, elle espérait lui causer de la peine par tous les moyens possibles, mais il était impossible de déchiffrer chez cette version 2.0 de Jay une quelconque réaction. La jeune femme bu une longue gorgée de champagne pour se laisser du temps et enfin se redressa un peu, parce qu’elle s’était voûtée et voyait cette position comme un signe de faiblesse. Droite comme un piquet, le menton relevé elle planta son regard sur lui, avançant d’un pas pour que leur conversation reste plus intime « Tu sais… Jay, tu n’as été qu’une passade. Il n’a pas été si difficile pour moi de t’oublier, après tout, nous étions des enfants et soyons sincères, nous avons toujours su que rien ne fonctionnerait entre nous. ». Cette proximité nouvelle était sa façon à elle de tenter de le déstabiliser, elle prit la coupe de champagne qu’elle avait abandonné pour la finir après avoir imité son geste « A ta réussite fabuleuse et aux vies que tu détruiras dans le futur, puisses-tu devenir encore plus riche sur le dos des malheureux. ».

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Rin & Jay

Ce n’était pas parce qu’il gardait une expression impassible que la situation ne l’affectait pas. C’était même tout le contraire. Plus les secondes s’effaçaient, plus des milliers de lames attaquaient son cœur, c’était affreux. Certes, Jay ne s’en prenait qu’à lui-même, il était celui qui avait pris une telle décision et il s’interdisait d’être égoïste. Rin avait refait sa vie désormais, qui serait-il pour se permettre de s’immiscer en sachant d’avance tous les problèmes qu’il lui apporterait ? Ce n’était pas grave si lui souffrait, sa vie ne pouvait de toute façon pas être pire que ce qu’elle était à présent. Dans le fond, il savait que si la jeune femme apprenait la vérité, elle comprendrait et se tiendrait à ses côtés. Probablement qu’elle détesterait son père à sa place, qu’elle le maudirait et lui souhaiterait tous les malheurs du monde… Probablement même qu’elle culpabiliserait, qu’elle se reprocherait de ne pas avoir été là ou dieu ne savait quoi d’autre. Elle en avait déjà assez fait pour lui alors que sa famille, elle, n’avait pas hésité à brisé la sienne… Il n’avait pas envie d’être un poids pour elle. Il était celui qui aurait dû la protéger, qui aurait dû empêcher un tel drame arriver et avec un père comme le sien, il n’en était pas capable. Peu importait si c’était douloureux, si chaque mensonge qu’il lui lançait le ronger à cause de leur cruauté, il n’avait pas le choix que de garder la face devant elle. Rin devait croire qu’elle n’était plus rien à ses yeux, qu’il avait changé et qu’il l’avait oublié depuis longtemps. Quelles foutaises. En seize ans, il n’avait pas été fichu de trouver une petite amie digne de ce nom, incapable de tenir avec une plus de quatre mois, n’étant jamais satisfait de ce qu’on lui offrait. Il mimait l’innocent, ne pas comprendre alors qu’il savait qu’elles ne lui convenaient pas parce qu’aucune d’entre elles ne valait son premier amour. Ses sentiments étaient restés intactes malgré les années et il n’avait jamais réussi à les surmonter. Un jour, peut-être, y parviendrait-il… Ce jour, où, elle appartiendrait pour de bon à un autre et que le point final de leur histoire aurait été posé. Oui, peut-être. Elle allait se marier, c’était ce qu’elle avait déclaré et certainement qu’aujourd’hui, il n’avait désormais plus d’autres choix que de se faire une raison.

Un léger rictus franchit ses lèvres sans qu’il n’affiche réellement le fin fond de ses pensées. « Tant mieux alors. » Certainement qu’il aurait dû être blessé par ses premiers mots néanmoins aussi vantard que cela puisse paraître, il n’avait pas pu y croire. Il savait que son ex-petite amie mentait sur l’importance de leur relation passée comme lui l’avait fait plus tôt. Leur amour était vraie, tous ceux autour d’eux auraient pu le confirmer… Ils se complétaient, étaient d’une complicité à toute épreuve, une idylle qu’on enviait et qu’on appréciait regarder de loin. Une idylle qui donnait envie de tomber amoureux à son tour. Puis, si elle songeait réellement ses paroles, elle n’aurait jamais eu une telle réaction quelques instants plus tôt. A l’époque, il n’aspirait à rien d’autres qu’à ses rêves… Il ne ressemblait en rien à son père, avait des convictions opposées à ce dernier et il clamait souvent qu’il n’avait pas l’intention de travailler pour son entreprise. Le business, le management, le marketing aussi, tout ça ne l’avait jamais intéressé… Hors, il était directeur aujourd’hui. Pour sûr que oui, la vie était d’un ironique.

Haussant les épaules à la suite de ses propos, il exprima une indifférence des plus totales, mimant se ficher entièrement du fait de lui avoir apporté quelque chose ou non. Ce qui en réalité, n’était pas tout à fait faux. Il n’avait jamais considéré leur rupture comme une bonne expérience… C’était ce qu’il aurait le plus voulu éviter. Il savait que Rin en avait aussi pâti énormément, qu’avant d’en arriver où elle était à présent, elle avait dû en voir des difficultés. Mais, bien qu’il ne pouvait pas l’avouer à haute voix, il était vraiment fier de ce qu’elle était devenue. Fier qu’elle ait finalement pu s’en sortir, qu’elle ait pu se trouver une passion, un objectif et avoir réussi dans sa vie.
Sans jamais la quitter du regard, il lisait chacune des paroles qu’elle lui énonçait et qui le blessait bien plus que ce qu’il ne laissait paraître sur sa figure. Il savait qu’il n’était pas une passade mais il savait que oui, cela n’aurait jamais pu fonctionner. Seulement, ce n’était pas ce qui l’avait blessé, non, mais les derniers mots que sa vis-à-vis avait prononcé. Il ignorait, si elle pensait ou non ce qu’elle racontait, toutefois dans tous les cas ça faisait mal… Jamais, il ne serait ce genre d’individus, encore moins après ce qu’il avait traversé. « Je te remercie. » Hors de question de montrer que ça l’atteignait. Son sourire était des plus faux tandis qu’il avalait, une nouvelle fois, d’une traite sa coupe de champagne. Lui en voudrait-on s’il partait maintenant ? Certainement. Il était le directeur, l’organisateur de cet évènement, il ne pouvait pas déjà s’en aller.

L’alcool commençait déjà à avoir effet sur lui, sa tête lui tournant légèrement et la chaleur lui montant doucement aux joues. Il ne buvait pas souvent alors il ne supportait pas beaucoup ce genre de boissons… Un détail de plus qui sembla alerter son petit frère qui n’attendit pas plus pour se presser à ses côtés. « Ça va ? » L’interrogea-t-il en posant une main sur son dos pour indiquer sa présence, plaçant son visage de façon à ce que Jay puisse le voir. « Oui, très bien. » Dit-il d’une esquisse peut-être un peu trop fausse. Un geste qui motiva l’autre garçon à dévisager la jeune femme face à lui, comme si observer cette dernière lui donnerait une réponse. « C’est Rin. Tu te souviens de Rin. Bah, elle est là. » Il rigola sur ses propos, tant tout lui paraissait invraisemblable. Était-ce un rêve ou un cauchemar ? Il ne savait plus. « Vaguement ouais. » Rétorqua Hayden, de son nom, d’un ton sarcastique, détournant aussitôt ses yeux en direction de la vétérinaire. Il la détailla avec plus d’intérêt alors qu’une lueur indescriptible, plus froide, se percevait dans ses pupilles. « Qu’est-ce que tu veux ? Si c'est pour les étrennes, on a déjà donné » Son frère avait toujours été ainsi, jouant grandement sur le sarcasme lorsqu’il reprochait quelque chose à quelqu’un. Depuis l’accident, probablement même avant, il avait commencé à vouer une rancœur envers cette jeune femme… Elle avait blessé Jay, cette personne la plus importante à ses yeux et quoi que ce dernier ait pu lui faire, il n’était pas en mesure de lui pardonner.

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Rin & Jay

La vie n’était pas un long fleuve tranquille comme se plaisait à le faire croire toutes ces séries et films idiots qui défilaient sur les écrans des cinémas et télévisions du monde entier. Monsieur Darcy n’était qu’un bouffon inventé par une jeune femme en mal d’amour et rêvant de l’homme idéal et Elizabeth Bennet une magnifique imposture de la femme indépendante et féministe. Il n’y avait pas de Roméo et Juliette, Tristan et Iseult pouvait aller se rhabiller, quant à Blanche Neige, elle aurait eu mieux fait de mourir dans la forêt bouffé par les animaux que de tomber sur le Prince charmant. Il n’y avait pas de compte de fée, il n’y avait pas de fin heureuse. Rin estimait que l’amour était un mensonge constant et que le mariage consistait en un accord entre deux personnes consentante dans le but de construire un avenir commun. Peut-être avait-elle perdue son romantisme en perdant Jay, mais c’était ainsi qu’elle voyait sa vie. Elle aimait son fiancé, il était rassurant et présent, il était sécurisant, lui apportait une stabilité et oui, sur le long terme, c’était une union fiable, sans vague houleuse et sans risque. Certes cette vision de la chose faisait peine à entendre et on l’aurait sans doute trouvé sans coeur il elle avait énoncé cette pensée à voix haute, mais à ses yeux, il valait mieux prévoir l’avenir que le subir. Elle n’avait pas vu venir les choses avec Jay parce qu’elle lui avait trop fait confiance, avait donné sans compter et sans attendre en retour. Et cet amour idéaliste lui était revenue dans la face avec la violence d’une porte que l’on claque à votre nez. Hors de question donc qu’elle commette une telle erreur deux fois. Il lui avait fallu des années pour être à nouveau d’aplomb face aux hommes, des années pour construire une relation stable et sécurisante. La jeune femme ne désirait plus s’égarer avec des sentiments amoureux trop fort. Non décidément ce qu’elle avait avec son fiancé lui convenait très bien comme ça. Rien à voir avec ces palpitations, ces petites aiguilles qui la parcourait, ces papillons dans le ventre qui lui donnait la nausée, rien à voir avec ces mains moites et cette difficulté à réfléchir. L’amour, ça rendait malade. Jay la rendait malade. Alors elle crachait son venin, enchaînant les atrocités, dans l’unique but de le blesser et peut être un peu pour vider son sac. Bien qu’elle ne pensât pas la moitié de ce qu’elle lui disait, elle ressentait une énorme satisfaction rien qu’à l’idée que ce qu’elle puisse dire lui cause ne serait qu’un peu de tort. Pourtant il ne réagissait pas, encaissant toutes les atrocités qu’elle pouvait bien lui lancer. Même sa dernière phrase ne sembla pas l’ébranler plus que ça. Son regard froid braqué sur elle et ses lèvres étirés en un sourire tout aussi sarcastique que le siens. Comment en était-il arrivé là ? Pourquoi était-elle celle qui souffrait le plus quand lui n’avait visiblement pas mal vécu sa rupture. Plus de seize ans après elle souffrait encore rien qu’à sa vue, alors que lui se comportait de la manière la plus normale possible, comme s’il ne l’avait pas rejeté violemment, comme s’il ne l’avait pas humiliée, comme s’il n’avait pas piétiné ses sentiments. Oui, plus elle lui parlait et plus la douleur était vive, plus la douleur était vive et plus sa colère qu’elle avait enfoui refaisait surface.

Rin aurait pu partir, se sauver, son amie aurait compris. Mais c’était sans compter sur sa farouche volonté à vouloir rester près de Jay encore une seconde. Encore une minute. Encore une heure. Pourquoi se faire du mal plus que nécessaire ? Pourquoi désirer lui parler encore et encore même si c’était pour se dire des méchancetés ? Pourquoi ? Elle s’apprêtait à en rajouter une couche, juste pour le plaisir de l’entendre encore, de le regarder encore et ce peu importait qu’il soit désagréable avec elle. Mais un jeune homme pointa le bout de son nez. Elle ne s’était pas attendu à le voir débarquer. Hayden. Il avait tant grandit, il était devenu beau. Presque autant que son frère, mais il avait des traits encore bien enfantin. Il serait pourtant tout aussi bel homme que son frère, c’était évident. La jeune femme le salua poliment quand Jay indiqua sa présence à son frère. Mais ce dernier se montra cruellement impoli « Qu’est-ce que tu veux ? Si c'est pour les étrennes, on a déjà donné ». La jeune femme manqua de s’étouffer avec la gorgée de champagne qu’elle venait d’avaler. De quoi parlait-il ? Pour le coup, elle ne pu cacher sa stupeur. La moutarde lui monta au nez, ses joues prirent une teinte rose significative de son énervement. Du plus loin qu’elle s’en souvenait, il lui avait toujours été impossible de masquer sa colère lorsqu’elle éclatait. Instantanément ses yeux lançaient des éclairs et son visage virait au rouge pivoine, indiquant une tempête imminente. Si elle ne s’était pas trouvé en société, sûrement qu’elle lui aurait écrasé son poing dans la figure, lui aurait plongé la tête dans le punch ou l’aurait fait manger sa chaussure. Non pas sa chaussure, il s’agissait d’escarpins en cuir italien et elle y tenait. Toujours est-il qu’elle prit une profonde inspiration et serrant la mâchoire siffla entre ses dents. « C’est terriblement culotté de me faire passer pour la méchante de l’histoire. », ses yeux lançant des éclairs se posèrent sur le visage de Jay et elle fronça les sourcils « Je vois qu’en plus de ça tu t’es bien gardé de dire la vérité. C’était sûrement plus facile de me faire passer pour la méchante de l’histoire. C’est vrai après tout, je n’ai absolument pas souffert de cette situation, non d’ailleurs je m’en suis remise très vite. ». La colère perçait dans sa voix alors qu’elle essayait de se contenir, ses poings étaient tellement serrés qu’elle sentait ses ongles se planter dans sa peau, il fallait qu’elle se calme. Aussi ferma-t-elle les yeux un instant pour se pincer l'arête du nez. Un mal de tête incroyable commençait à la gagner et elle aurait bien eu besoin de s'asseoir. Mais elle refusait de se montrer plus faible qu’elle ne l’était en cet instant. « Je suis là par pur hasard, je n’attends plus rien de Jay, rassure-toi. » dit-elle en reposant ses mains le long de son corps, fermant doucement ses poings afin de masquer les dégâts causés par ses ongles sur sa peau. Après sa rupture avec Jay, c’était devenu une habitude. Dès que le stress, la peur, la colère montait en elle, instantanément ses ongles venaient se loger dans sa peau, et ce peu importe qu’elle les coupa court ou pas. Avec les années, de petites cicatrices discrète avaient finit par parsemer sa peau. Elle ne l’avait plus fait depuis un long moment, si bien que la douleur lui sembla bien plus vive que dans le passé, cependant elle l’ignora, se concentrant sur les deux frères.

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Rin & Jay

Le plus dur dans cette histoire n’était pas tant de devoir faire semblant – peut-être un peu – mais c’était de devoir observer chacune de ses réactions, lire sur ses lèvres des mots qu’il n’aurait jamais espéré entendre un jour. Leur amour d’antan était si loin à présent et se rendre compte de cette réalité lui brisait le cœur. Parfois, il aimerait pouvoir revenir en arrière, réparer les erreurs de son père, prendre soin d’elle comme il ne l’avait jamais fait et lui prouver encore et encore ô combien il était fou d’elle. Quand il la contemplait aujourd’hui, il avait envie de lui crier la vérité, de lui expliquer ce qu’il en était vraiment et pourquoi il se comportait aussi cruellement avec elle. Mais, il ne le pouvait pas. C’était purement égoïste de s’immiscer dans son existence après toutes ces années, de troubler son bonheur et de faire comme si c’était normal. Il se l’était promis il y a seize ans de ne plus jamais la laisser se tenir auprès de lui, de l’éloigner le plus loin possible de sa vie et il refusait de briser cette promesse maintenant. Il n’en avait pas le droit puis de toute manière, quoi qu’on en dise, Jay avait changé. Il n’était plus le même garçon qu’elle avait connu autrefois. Elle l’ignorait, elle ne savait pas que chacune des paroles qu’elle lui crachait à la figure touchait son point le plus sensible et dans un sens, c’était mieux qu’elle ne le découvre pas. Du plus profond de son cœur, le garçon espérait sincèrement que Rin n’apprenne jamais toute la vérité, qu’elle puisse l’oublier et refaire sa vie comme elle avait prévu de le faire avant que leurs routes ne se rencontrent ce soir. Certes, c’était douloureux pour lui cependant il irait bien, il s’en sortirait. Du moment qu’elle était heureuse de son côté, c’était tout ce qui lui importait… Si elle vivait bien, si son fiancé la traitait correctement, il promettait de ne pas être malheureux et d’aller de l’avant lui aussi. Aujourd’hui serait le jour où il clôturerait enfin le dernier chapitre de leur histoire… Parce qu’elle avait quelqu’un d’autre, parce que c’était son devoir de passer à autre chose puis d’arrêter de s’enfermer dans un passé qui n’existait plus.

Hors, c’était une chose beaucoup plus facile à dire qu’à faire. On ne pouvait pas rayer d’une traite un amour qui avait été aussi intense que le leur. L’amertume que Rin éprouvait à son égard, le jeune homme pouvait entièrement la ressentir et ça ne faisait que le blesser un peu plus. Faire semblant n’était pas aussi facile qu’il n’y paraissait hors pas à un seul moment Jay ne flancha… Son seul tort dans son comportement avait été assurément cet alcool qu’il n’avait pas hésiter à boire aussi rapidement, à deux reprises. Tous ceux qui le connaissaient savaient d’avance qu’une telle attitude de sa part n’était pas normale, qu’elle était signe d’un mal profond qui l’accaparait, d’un stresse qu’il n’était pas en mesure de gérer et qu’il ignorait comment évacuer. La raison pour laquelle Hayden s’était d’ailleurs pressé auprès de lui, non pas sans foudroyer la vétérinaire du regard après avoir connu son identité. Sa colère se lisait à des kilomètres… Il n’avait même pas besoin d’entendre le son de sa voix pour le deviner. Chacune de ses réactions le démontrait. Il ne souhaitait pas la faire passer pour la méchante… Il n’avait jamais changé la version des faits non plus et s’il avait répété à son petit frère que Rin n’était pas la fautive, il ne pouvait pas l’empêcher de lui en vouloir. Probablement que si les rôles étaient inversés, s’il avait assisté à la descente en enfer de son cadet, il l’aurait aussi détesté. A peine la jeune femme eut haussé le ton que, par pur réflexe, d’un naturel protecteur, Hayden s’était placé devant lui, appréciant moyennement la manière dont cette fille s’adressait à son aîné. Encore une chose qui différait d’ailleurs du passé… Jay était celui qui avait toujours surprotégé son cadet, s’inquiétant pour pas grand-chose, prêt à tout lâcher juste pour s’assurer de sa sécurité… Comme ce jour où le plus jeune avait tenté de fuguer dieu ne savait où. Mais voilà que désormais, les rôles étaient inversés. « Et bien au moins, ça vous fait un point commun. » Avait alors machinalement répondu Hayden ensuite, son sarcasme ne l’ayant toujours pas quitté. Il savait que c’était faux, que Jay n’avait jamais été en mesure de l’oublier toutefois par fierté pour celui-ci, il n’avait pu s’empêcher de dire quelque chose. Cette femme ne savait rien et elle se permettait de critiquer… Elle avait souffert, oui, et alors ? Elle n’était pas là pour relever son ex-petit ami quand il était au plus bas de son existence et qu’on lui avait tout enlevé : Son amour, ses rêves, sa passion, son ouïe. « Parfait, j'imagine que tu seras trouver la sortie sans notre aide du coup. » Certainement que le plus âgé aurait dû intervenir, dire quelque chose néanmoins celui-ci paraissait ailleurs ; les effets secondaires de l’alcool sûrement. « On y va ? » Ses doigts lui tapotèrent une nouvelle fois le dos afin de l’inciter à partir sans que le directeur ne daigne bouger pour autant. « Déjà ? Tu ne veux pas lui parler ? Ça fait longtemps. » Un rire nerveux, un brin moqueur, accompagna instinctivement ses propos ; il n’y avait aucun doute quant au fait que les deux verres qu’il avait avalé cul sec à l’instant plus ce qu’il avait bu en apéritif, étaient la raison d’un tel comportement. « Jay, tu commences à être ivre. Allons ailleurs. » Une lueur inquiète brillait dans ses pupilles à cause de la condition actuelle de son grand-frère. Quelle idée avait-il eu de s’enfiler aussi prestement ces boissons alors qu’il ne tenait pas à l’alcool…

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Rin & Jay

Le mensonge n’avait jamais été dans sa nature, petite fille elle était incapable de fabuler comme le font la plupart des enfants. Non pas qu’elle n’ait pas d’imagination, mais elle avait toujours prit un grand coin à séparer la réalité du fictif. Pour autant elle n’avait pas un esprit particulièrement terre à terre et il lui arrivait de rêvasser à des tas de choses impossibles. Mais l’honnêteté avait toujours était un de ses fondamentaux. Il n’y avait eu aucun besoin de lui inculquer, elle avait toujours fait preuve de droiture. C’était sûrement pour ça qu’elle se rappelait de son premier mensonge. Alors que l’alcoolisme de son père sévissait et qu’elle se sentait au plus bas de son moral Jay lui avait demandé comment elle allait et le sourire aux lèvres, la jeune fille avait assuré que tout était parfait tant qu’il était là. Il y avait un fond de vérité là dedans, car avec lui près d’elle, elle se sentait apte à affronter son père et ses démons, mais elle savait aussi qu’elle déprimait de voir son paternel s’enfoncer toujours plus loin. Alors oui, elle avait dit quelque chose qu’elle pensait, mais qui n’était pas vrai, rien n’allait plus. Son deuxième mensonge fut pour son père « Non Papa, il n’y a plus d’alcool dans la maison et il est trop tard pour aller à l’épicerie. ». Un mensonge plein de bonnes intentions, alors en était-il vraiment un ? A partir de là, elle comprit une chose, parfois pour se préserver il valait mieux embellir la réalité, plutôt que de mentir ou que de dire la vérité. Et elle n’avait plus jamais arrêté de le faire, préférant sourire que de dire qu’elle allait mal, qu’elle était fatiguée, qu’elle avait pleuré toute la nuit. C’était devenue une seconde nature, à tel point qu’elle était intimement persuadée de ne pas mentir, non « elle embellissait la réalité ». Mais à cet instant précis, devant son ex-copain et son petit frère, elle mentait. Elle mentait comme elle respirait. Elle mentait comme jamais elle n’avait été capable de mentir. Il était impossible d’embellir la réalité. Il fallait la cacher, l’enterrer au fond d’un trou et ne jamais lui montrer. Ne jamais montrer combien elle avait souffert. Combien il lui avait été dur de l’oublier. Combien parfois elle regrettait l’époque ou ils étaient de simples adolescents. Combien tout son être lui manquait. Combien elle avait rêvé de ses bras, encore jusqu’à maintenant et combien elle avait honte de tout ça. Le mensonge était devenu, en l’espace d’un instant, son arme la plus redoutable contre les frères Hwang.

Si elle avait eu une soeur ou un frère, sûrement qu’elle aussi aurait pris son partie. Ou peut-être pas. Il était si compliqué de comprendre l’amour fraternel quand on avait nous même aucune idée du sentiment provoqué par l’arrivé d’un être qui partageait le même héritage génétique. Alors oui, Hayden protégeait son frère bec et ongles. Seulement Jay n’avait pas l’air d’avoir besoin d’aide. Il n’était pas malheureux, il n’était pas au fond du gouffre, il était même visiblement très bien. Et elle allait bien, tout du moins s’évertuait-elle a le croire. Comment expliquer sinon ses insomnies soudaine à l’idée de se marier ? Ses inquiétudes constantes quant à son avenir ? Ses nombreux rêves ou Jay figurait toujours plus net ? Il avait fallu qu’elle dise « Oui. » pour se rappeler pourquoi personne d’autre n’avait eu cet effet sur elle en dehors de lui. Cette euphorie que l’on ressent en compagnie de l’être aimé. Ce qu’elle ressentait en cet instant. Mais elle ne voulait plus l’aimer, elle avait donné, elle avait trop donné. Il était hors de question qu’elle foute en l’air son futur mariage stable, sécurisant, pour un vulgaire amour d’enfance. Car oui il s’agissait d’enfance, elle était une enfant. Peut-être avait-il était son premier sur tous les plans, mais il aura aussi été le dernier à la faire souffrir de la sorte, elle refusait de le laisser s’immiscer encore dans sa vie pour tout piétiner. Sa mâchoire se serra encore plus et ses ongles vinrent à nouveau se loger dans sa peau fraîchement ouverte. Son mal de tête lancinant l’empêchait de réfléchir clairement, c’était toujours comme ça quand elle devenait de plus en plus énervée et stressée par un situation. La colère montait doucement jusqu’à envahir son corps et alors un mal de tête monstrueux lui prenait et elle était incapable d’y voir clair. Elle savait qu’elle aurait dû aller consulter pour ce genre de migraine violente mais il était hors de question qu’elle aille parler de son père devant un psy ou de de sa vie même. Son petit frère employait un ton condescendant avec elle qui l'horripilait au plus haut point, elle n’était réellement plus en position de réagir de manière rationnelle. Tout ce qu’elle voulait désormais c’était partir, rentrer chez elle et s’allongeait dans le noir après une bonne dose de médicament. Mais elle voulait le voir, encore, rien qu’encore un peu, juste une seconde de plus et tant pis si ça faisait battre son coeur bien trop fort à son goût. Tant pis si sa colère redoublait avec la force d’un ouragan. Lorsque Jay reprit la parole, ses yeux l’observèrent, intrigués. Il avait voulu l’éviter, maintenant il voulait lui parler, était-ce une blague ? Voilà, elle n’avait plus envie de le voir. C’était bon, elle avait eu sa dose, il fallait qu’elle s’échappe qu’elle se sorte de cette situation bien trop douloureuse. Sa migraine lui martelait les tempes avec force maintenant, elle appellerait un taxi, tant pis pour sa voiture mais elle ne pouvait pas prendre le volant alors qu’elle y voyait presque trouble. Se pinçant une nouvelle fois l’arête du nez elle soupira plus fort « Je ne veux pas te parler plus longtemps Jay. Mon coeur est trop fatigué de t’aimer, laisse-le tranquille. ». Sur ses mots elle ouvrit sa pochette pour en sortir son téléphone pour appeler son amie et se sauver de cet enfer dans lequel elle avait mis les pieds. Elle savait pourtant que c’était une mauvaise idée de venir. La prochaine fois, pour sûre qu’elle écouterait son sixième sens.

Now, we're just strangers
with memories

Rin & Jay

Quand Jay avait demandé à son frère s’il ne souhaitait pas lui parler, ce n’était pas parce qu’il le désirait réellement, c’était ironique et nerveux. Pas contre elle, non, mais contre la vie qui semblait se plaire à le torturer et lui faire du mal. Une partie de lui aurait voulu profiter de ce moment encore quelques secondes de plus néanmoins une autre avait envie de s’enfuir très loin de cette salle puis ne plus jamais y mettre les pieds. La voir était douloureux, cela lui brisait le cœur parce qu’on lui rappelait en pleine face que cette femme, il ne l’aurait jamais. Il n’avait pas cessé de jouer les indifférents, d’être horrible avec elle et si les mots qu’elle lui avait balancé était mérité, ça l’avait blessé bien plus que ce que le garçon n’avait affiché extérieurement. Jay n’était plus aussi fort qu’il l’était autrefois, il était beaucoup plus fragile et vulnérable… Un détail que Rin ignorait complètement et selon lui, c’était mieux ainsi. Il aurait aimé être en mesure de jouer la comédie jusqu’au bout, ne pas boire aussi lamentablement devant elle cependant ça avait été machinal de réagir de cette manière. Ce n’était pas tant parce qu’il espérait oublier au travers l’alcool, il n’était pas pour ce genre de choses, cela avait juste été un réflex. Le besoin de boire une boisson quelconque pour se désaltérer, pour hydrater sa gorge qui lui paraissait si sèche… Hors, parce qu’il était si facilement ivre, trois verres au total en ce début de soirée avait suffi pour le déstabiliser. Des souvenirs de l’époque lui revenaient en pleine face, tel un coup de poignard plantait au milieu de la poitrine… Dans ces moments-là, il s’interrogeait souvent sur sa vie. Qu’avait-il fait de si mal pour qu’on le martyrise à ce point ? Peut-être lui remettait-on sur le dos les fautes commises par son propre père. Il n’en savait rien toutefois si c’était le cas, ce n’était pas juste. Jay avait toujours eu bon cœur, il avait ses défauts bien sûr seulement jamais, ô grand jamais, il ne voulait détruire la vie des autres pour gagner un peu plus d’argent. Il n’avait pas cette cruauté en lui et Rin avait raison sur une chose, c’était bien l’un des seuls traits de sa personnalité qu’il garderait pour toujours. Certes, il lui faisait croire le contraire à présent néanmoins au fond de lui, il était réellement telle qu’elle l’avait décrit.

Si jusque-là, le directeur était parvenu à suivre leur conversation, les derniers mots que son ex-petite amie avait échappé, il ne les avait pas entendu. Placé derrière son frère, l’esprit quelque peu ailleurs, il n’avait pas eu l’automatisme de regarder en leur direction et suivre le mouvement des lèvres de la jeune femme. Tout allait bien trop vite pour qu’il réussisse à se concentrer comme il le désirerait, troublé par le déroulement des évènements. Lui ce qu’il voudrait s’était se réfugier au fond d’un trou et ne plus jamais en ressortir. Du moins, pas avant un moment. Hors, si lui n’avait pas été en mesure d’écouter ses paroles, ce n’était pas le cas d’Hayden qui n’avait guère pu effacer l’esquisse sarcastique qui étirait ses traits. « Plisse un peu les yeux. Fais une moue plus peinée. Avec un peu plus de conviction dans la voix. Et t’y es, tu le tiens. » Jamais, il n’avait cessé avec son ton plein d’ironie et moqueur. Qu’elle se mette en victime autant de fois qu’elle le souhaitait, lui n’avait aucunement l’intention de la plaindre. La laissant partir, le plus jeune n’attendit pas une seconde de plus que de sa main posée sur le dos de son aîné, il le motiva à quitter la pièce à son tour. Il allait devoir appeler leur mère, lui expliquer que Jay ne se sentait pas bien et qu’ils avaient dû s’en aller… C’était un évènement important pour ce dernier, il n’avait pas envie qu’il soit gâché.