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There's no place like home [Ophélie & Henry]

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There's no place like home [Ophélie & Henry]
Jeu 10 Mai - 10:27

There's no place like home

Il ne se doutait de rien. L’âme était tourmentée, le cœur, meurtri. L’angoisse omniprésente. Durant le vol, il n’avait cessé de se tortiller sur son siège, ses doigts fins se croisant et se décroisant au rythme lent des minutes s’écoulant. Trop lentement. Henry trouvait le temps long. Il était encore tiraillé par son départ précipité, ses adieux malheureux avec Adam, et de ce qui l’attendait à Los Angeles. Il espérait, plus que tout, qu’une solution soit trouvée, que sa sœur puisse s’en sortir et revenir en pleine forme. Il avait, désormais, tant de projets pour ses sœurs. Il ne voulait plus les laisser seules. Il ne voulait plus vivre loin d’elles. Aussi, peu importe le combat à mener contre ses parents, contre Adam, Henry se sentait prêt à lutter. Il tenait à ne plus revivre une telle situation. À se trouver dans cet avion en direction de L.A, le cœur au bord des lèvres. À espérer ne pas arriver trop tard. À craindre le regard de ses proches, à une réaction disproportionnée ou mal calculée. L’étalement des années lui revenait à la figure. Il était parti depuis si longtemps. Il avait l’impression d’être passé à côté de tant de choses. Et ça, il n’y tenait plus. Pourtant, force est de constater qu’il luttait encore. Ses sentiments pour Adam étaient encore forts. Son absence lui faisait mal. Il aurait aimé l’avoir à ses côtés, sentir sa main se poser sur son épaule, se crisper légèrement pour lui faire comprendre qu’il n’était pas seul. Mais hélas, il ressentait le vide de son absence. Il lui manquait cruellement. Il n’avait même pas tenté de le joindre, ni même de l’accompagner à l’aéroport pour lui souhaiter bon voyage. Non Adam ne donnait pas de nouvelles, drapé dans sa dignité et son orgueil atteint. Pourtant, comme Henry avait essayé de lui expliquer, il ne faisait pas un choix entre lui et la famille. Oh non… Il se contentait juste de répondre à cet appel à l’aide, de faire ce qu’il aurait dû faire depuis bien longtemps. Et en cela, il avait du mal à trouver des excuses à son petit-ami.
Il lui fallait du temps.

Aussi, lorsque l’avion se posa en douceur sur le tarmac américain, Henry était plus que fébrile. Il ne pensa pas à allumer le téléphone. A vrai dire, il ne pensait qu’à une chose : arriver, prendre sa valise, sauter dans un taxi et retrouver Claire et Ophélie. Le scénario était si simple, bordé d’amour et d’impatience. Il était néanmoins heureux de les revoir. Elles avaient changé depuis, les photos en témoignaient. L’âge avait pris sa place. Lui-même s’était vu grandir, prendre d’infimes rides, un visage un peu moins enfantin, et cette fois-ci, un regard triste qui ornait son regard. Une fois en dehors de l’avion, Henry se précipita vers la réception des bagages. Il n’attendit pas trop longtemps pour récupérer sa valise où se trouvait ses biens les plus précieux. Peu d’habits, mais son appareil photo et tout son nécessaire pour promettre à Adam de merveilleux clichés. Il n’avait jamais foulé le territoire américain depuis que les Chateaubriand avaient élu domicile. Ce lieu était devenu un no man’s land, une terre devenue synonyme de souffrance et de souvenirs anciens. Henry avait, tout à coup, l’impression d’être en cage, pris dans les mailles d’un filet. Comme si le rejet datait d’hier. Il était, pourtant, de se retrouver pas de se remémorer.

Lorsqu’il aperçut le visage de sa sœur, au loin, son cœur fit un bond. Son ventre se contracta douloureusement. Il se sentait si peu de choses. Faible. Le cœur empli d’amour et de tendresse. Il aurait presque pu pleurer de joie à l’idée de revoir Ophélie. A vrai dire, sa présence occultait la vérité. Sa sœur ne devait pas l’attendre ici. Henry devait directement la rejoindre. Son visage paraissait éteint. Avait-elle un peu trop pleuré ? Sa peau paraissait si blanche et sa chevelure de feu contrastait fortement avec ce teint de porcelaine. « Ophélie… » Un souffle. Un murmure qu’elle seule pouvait entendre. Au milieu de ces corps s’emmêlant dans ces embrassades touchantes, lui était immobile, fixant le visage de sa petite sœur, le palpitant se lançant dans une danse folle. Comme si seul le regard de sa sœur pouvait tout expliquer. Comme si en un seul coup d’œil, Henry venait de comprendre la raison d’une telle venue, l’âme en peine, le cœur glacé, le sentiment que tout venait de s’écrouler.
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There's no place like home [Ophélie & Henry]
Jeu 10 Mai - 21:25
Un nouvel appel qui reste sans réponse. Je ne laisse même pas de message sur sa boîte vocale, parce que je ne sais plus quoi lui dire. Je n’ai plus la force de parler. Je ne sais pas ce que je fais. Je suis comme anesthésiée. Comme engourdie. Il y a comme un nuage cotonneux qui m’a enveloppée toute entière et je ne ressens plus rien. Je ne pense plus rien. À rien d’autre qu’à cette terrible vérité : Claire est décédée. Quand l’hôpital a téléphoné, j’ai d’abord cru que Mère avait mal compris, que les médecins s’étaient trompés. Puis il y a eu cette douloureuse réalisation, celle-là même qui vous fait un trou dans l’estomac. Celle-là même qui vous bousille le cœur comme si camion six tonnes venait de rouler dessus plusieurs fois. Ma sœur était partie. Pour toujours. J’avais pourtant toujours eu conscience qu’elle finirait par nous quitter, un jour. Le plus tard possible. J’avais pourtant toujours eu cette petite voix qui me disait que chaque jour était peut-être le dernier. Et aujourd’hui avait été le dernier. Sans m’en douter, ce matin, je me suis levée et j’ai pris mon petit-déjeuner. Depuis une semaine, déjà, Claire était hospitalisée alors je n’avais personne à qui parler le matin. Bien sûr je l’appelais, lui envoyais des messages mais ce n’était pas pareil. Ce n’était jamais pareil. Je lui avais promis de passer après les cours, de lui apporter des chocolats en douce. Je lui avais promis de rester jusqu’à la fin de l’heure des visites. Je lui avais promis tout un tas de choses. J’ai eu la chance de pouvoir la revoir, une dernière fois. De passer un peu de temps avec elle, une dernière fois. Mais c’était justement ça : une toute dernière fois.

Je ne sais pas ce que je fais. Je ne sais pas ce que j’attends. J’entends le brouhaha de l’aéroport mais c’est comme si un voile assourdissait le bruit du monde. Je crois que j’ai besoin d’un miracle. Je crois que j’ai besoin de lui. Il m’a dit qu’il venait, alors je l’attends. Je vais l’attendre, jusqu’à ce qu’il arrive. Il m’a dit qu’il venait. Et il est le seul dont j’ai besoin aujourd’hui. Henry. Je ne sais pas pourquoi je suis allée en parler à Dakota sur ce fichu site de rencontres. C’était stupide. C’était nul. Je ne sais pas ce que je fais avec elle. Pourquoi je joue à ce jeu-là. Quand elle découvrira la vérité, elle ne comprendra pas. Elle ne voudra pas comprendre. Je suis fiancée. Elle organise mon mariage. Et elle est celle vers qui je me tourne alors que ma sœur vient de rendre son dernier souffle. Je suis folle. Je suis tarée. Je ne sais pas ce que je fais. J’attends. J’attends – quoi ? Un message, un appel. Un signe. Un rien. Quelque chose. J’attends. J’attends de ne plus être seule dans la nuit. J’attends de ne plus ressentir ce vide dans ma poitrine. J’attends que Dakota me réponde alors qu’elle devrait plutôt fuir. J’attends. Et alors, je le vois. Lui. Henry. « Henry. » Je crois que j’ai crié. Ou peut-être que j’ai murmuré son prénom. Je ne sais pas. Ce n’est pas important, pas vrai ? Il est là. Comme il a promis. Il est là. Mais trop tard. Il est là. Mais plus Claire. Je crois que je me mets à pleurer, parce que son visage disparaît soudainement. Il ne devient que cette masse rousse à travers le blanc. Henry est là. Tout va s’arranger. Alors je vais plonger dans ses bras pour le serrer de toute la force de mon désespoir, de ma tristesse. Il est mon seul pilier désormais. Je n’ai plus que lui. Je crois que je pleure un peu plus fort mais il y a tout le bruit des gens qui se retrouvent, des éclats de rire et des mots d’amour tout autour qui résonnent beaucoup trop. « Claire… Elle… elle est… » J’ai tant attendu ce moment. Le moment où mon frère reviendrait. Mais pas comme ça. Pas dans ces circonstances.
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There's no place like home [Ophélie & Henry]
Dim 13 Mai - 8:07

Et tout à coup, le monde paraît me devenir atroce...

Le fragile château de cartes s’écroulait. Sa vie paraissait si vaine tout à coup. La tristesse apparente sur le visage de sa sœur n’était que le reflet de la sienne. Ces retrouvailles possédaient un gout de cendres sur le bord des lèvres. Après tout, il avait rêvé de cette rencontre. Mais Claire était présente dans ce songe. En bonne santé. Et non pas dans un lit d’hôpital, au plus mal. Comme si la vie s’échappait lentement de son corps. Cette nouvelle lui jetait au visage le temps qu’il avait perdu. A retarder l’échéance. A trop attendre, désireux de ne pas affronter la réalité de la situation. Henry avait été lâche. Et il en payait le prix. De la pire des manières possible. Celle qui lui susurrait au creux de l’oreille qu’il ne pourrait jamais revenir en arrière, que le mot « fin » était tragique. C’était effectivement la fin d’un long voyage. Un beau rêve le menant vers le sol froid et dur du monde véritable. Il n’y avait point de beaux paysages, pas de villes à visiter, pas d’Adam pour le faire vibrer. Non. Rien que le visage d’Ophélie se tordant sous un immense chagrin. Et lui était là. Interdit. Hébété. Réalisant l’étendue de cette peine et tout ce qu’elle voulait dire. Son cœur était de glace alors qu’Ophélie essayait vainement de dire l’irrémédiable vérité. Cruelle et terrible. Il sentait déjà son estomac se tordre de cette indescriptible douleur. Et il prenait conscience de ce qu’elle essayait de lui dire.
Claire s’en était allée. Elle s’était endormie et désormais, elle marchait sur cette plage de sable fin, dans ce paradis céleste où les couleurs procuraient une intense chaleur, où le rejet et l’indifférence n’existaient pas, tout comme la maladie. Mais elle n’était plus là. Elle n’était plus de ce monde. De ce rire qu’il aimait tant, il ne l’entendrait plus jamais. Et aussi terrible que cette douleur paraissait être, Henry aurait aimé la voir une dernière fois, contempler son visage entourée de cette chevelure de feu semblable à la sienne. « Non… » Il fut seulement capable de murmurer cela, tant sa voix paraissait nouée. Ils étaient plantés là, au milieu des « je t’aime » et des retrouvailles heureuses. Seulement pour eux, la mort les accueillait. Celle de leur sœur bien aimée. « Non… » Il répéta ce mot dans une souffrance lui explosant à la figure. Il n’était pas prêt. Il n’avait pas souhaité les revoir ainsi. Et le chagrin arriva tel un raz de marée. Les yeux s’emplirent de larmes, autant que les mains se mirent à trembler. Il n’y avait pas de manuel ou de lexique pour gérer une telle douleur, pour encaisser une telle nouvelle. Il avait trop longtemps repoussé l’échéance mais ce n’était pas pour que Claire meure. Elle était censée être éternelle. Ils devaient se retrouver, ils avaient des projets. Mais pas ça. Il fit un pas en direction de sa sœur, comme un aimant s’attirant sur un autre. Ses bras s’enroulèrent autour des épaules d’Ophélie et il la serra fort. « Je suis arrivé trop tard… » Les mots furent bredouillés dans un tel accès de peine qu’il ne prit guère le temps de réfléchir si Ophélie l’avait entendu ou non. Il était tellement malheureux Henry. Il ne pensait à rien d’autre, en dehors de ce qu’il ressentait actuellement. La perte d’un être cher. La perte d’une personne qui n’aurait pas dû mourir à un âge aussi jeune, qui l’attendait pourtant. Et il n’avait pas tenu sa promesse. Les larmes roulèrent sur ses joues, brûlantes. Et il enserra un peu plus sa prise autour d’Ophélie. Il était désolé mais il avait conscience que ce n’était pas les mots à entendre. Les regrets allaient venir mais il n’était pas encore prêt. Il se contentait juste d’encaisser la nouvelle, de pleurer dans les bras d’Ophélie. « Elle n’avait pas le droit de s’en aller… » Les mots sortaient de sa bouche dans une telle profusion, que cela en était presque confus. Irréel. L’incompréhension était totale. Il ne s’attendait pas à une telle nouvelle
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There's no place like home [Ophélie & Henry]
Dim 13 Mai - 15:39
Pendant longtemps, depuis le départ de Henry, j’ai imaginé son retour. J’ai imaginé le jour où il reviendrait dans ma vie. Dans nos vies. Je me fichais bien de ce que Père et Mère désiraient ou avaient dit à son sujet – Henry était et serait toujours mon grand-frère. Rien de ce qu’ils pourraient faire changerait ce fait. Le même sang coulait dans nos veines. On se ressemblait tellement : cette même chevelure de feu, ce petit nez en trompette, cette peau pâle ne supportant pas tellement le soleil. Chaque fois que je me regardais dans le miroir, je voyais un peu de mon frère. Je n’avais pas oublié Henry, durant toutes ces années. Il avait été là malgré son absence. Et chaque soir j’avais prié. J’avais prié pour que le lendemain soit le jour où il reviendrait enfin. Le jour où je le reverrais. Tant de fois, je me suis vue lui sautant dans les bras, embrasser ses joues ; tant de fois, je me suis vue lui sourire, lui crier qu’il m’avait manqué. Et je m’étais toujours dit que ce jour viendrait. Je m’en étais persuadée. Et puis les jours étaient passés. Les jours s’étaient transformés en mois, les mois en années. Les années en décennies. À chaque appel, à chaque lettre, j’ai attendu que mon frère me dise les mots magiques. « Je rentre à la maison. » En vain. Henry n’était jamais revenu à la maison. Jusqu’à ce soir. Jusqu’à mon appel de détresse, jusqu’à ce que ma colère, mes larmes ne le poussent dans le premier avion pour Los Angeles. Est-ce que je lui en voulais de ne pas être rentré plus tôt ? Non. Je comprenais. Sa vie loin de notre famille a dû lui être profitable. Si seulement il avait pu nous emmener, Claire et moi, avec lui.

Mais voilà que rien ne s’est passé comme je l’avais imaginé. Voilà que mon frère est revenu mais c’est finalement ma sœur qui est partie. Pour toujours. Pourquoi est-ce que je ne pouvais pas les avoirs tous les deux dans ma vie ? Pourquoi choisir ? C’était injuste. Si injuste. L’étreinte solide de douleur de mon frère m’entoure et je me sens paradoxalement un peu mieux. Comme si ma propre souffrance disparaissait un peu, comme absorbée par Henry. Mes sentiments sont devenus les siens et sa souffrance devient la mienne. Bien sûr que Claire n’avait pas le droit de nous laisser ; bien sûr qu’elle n’avait pas le droit de partir. Mais nous savions tous que ses jours étaient comptés – alors pourquoi était-il si douloureux de la perdre aujourd’hui ? « Je suis désolée… je murmure dans le creux de son épaule. » Je suis désolée de ne pas t’avoir dit la vérité tout de suite. Je suis désolée de t’avoir arraché à ta vie. Je suis désolée de t’avoir obligé à revenir ici. Je suis désolé d’avoir mis tant de temps à t’avouer combien nous avions besoin de toi. Je suis désolée de ne pas avoir été une bonne petite sœur pendant toutes ces années loin de toi. J’aurais voulu que Henry puisse revoir Claire, une dernière fois. J’aurais voulu revoir ma famille au complet, une dernière fois. « Je suis tellement contente que tu sois là, Henry… » Tout irait mieux, avec lui à mes côtés. J’aurais au moins mon frère avec moi pour traverser cette épreuve. Ni lui ni moi ne pouvions compter sur nos parents. Ce n’était pas des parents – pas pour nous. Et tant que Henry serait là, je me sentirais protégée. Invincible. Il trouverait une solution, à tout. À presque tout, je ne peux m’empêcher de penser avec amertume.
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There's no place like home [Ophélie & Henry]
Mer 16 Mai - 12:14

Under cloud, beneath the stars
Over snow on winter's morn
I turn at last to paths that lead home.


Il était anéanti. Jamais il n’avait connu pareille douleur. Jamais, il ne s’était senti dans un tel état de faiblesse. Pourtant, Henry avait souffert et il en portait encore les stigmates. Ces cicatrices invisibles à l’œil nu. Elles ne disparaîtraient jamais. Elles faisaient écho à sa peine, celle ayant accaparé son cœur dès lors qu’il fut mis à la porte par ses parents. Cette douleur-là résidait encore. Elle semblait ne jamais vouloir s’estomper. Et actuellement, elle était devenue plus grande, envahissant chaque partie de son esprit où résidait joie intense et le simple bonheur d’être en vie. Cette nouvelle le foutait par terre, elle faisait mal. Terriblement. Et il était terrassé par cette masse ayant pris place dans son estomac. Il n’était pas bien, et si les bras d’Ophélie lui apportaient un peu de réconfort, il était bien maigre cependant. Il n’avait imaginé des retrouvailles de cette manière. Et il ne tenait pas à entendre sa sœur lui dire qu’elle était désolée. Il ne voulait pas. Ces mots n’avaient rien à faire dans la bouche de sa sœur. Il s’en tenait responsable. La culpabilité gagnait du chemin, autant que le remords. Et puis tous ces regrets. Il prenait conscience de ce qu’il avait perdu. Et tôt ou tard, il allait s’en mordre les doigts. C’était triste. Tellement triste. « Ce n’est pas à toi d’être désolée… S’il y a bien quelqu’un qui devrait l’être, c’est moi. » Réussit-il à murmurer, son souffle venant se poser sur cette épaule qu’il retrouvait. Sa petite sœur. Sa petite fée. La princesse au visage souriant, témoin d’une douce existence passée qu’il avait, jadis, connu. Elle avait grandi. Mais elle demeurait la même. Celle qui était contente de le voir, renforçant ce lien entre eux. Il la serra un peu plus fort, presque comme s’il tenait à la briser entre ses doigts. Mais il en avait terriblement besoin. Il avait perdu Claire, il ne tenait pas à ce qu’il en soit de même pour Ophélie. « Je le suis également… Même si, j’aurais préféré que ce soit dans d’autres conditions. » La vois si misérable témoignait de ce qu’il ressentait. Un mélange d’horreur allié à un chagrin immense. Cependant, savoir que sa sœur n’avait aucune mauvaise émotion à son égard, qu’elle demeurait contente qu’il soit là, lui permit de se détacher d’elle délicatement. Juste assez pour avoir son visage en face du sien, pour pouvoir lui permettre de balayer d’un geste doux les larmes coulant sur ses joues. « Et je suis là, maintenant… » Ajouta-t-il, conscient que la joie ne serait pas témoin de ces retrouvailles. Elles étaient si ternes et humides. « Tu n’es plus seule, ma petite fée… » Pourtant, ils l’étaient quelque part. Claire n’était plus là. Il y avait un vide et pourtant, l’aéroport était peuplé de gens, d’inconnus, heureux de se revoir. Les visages paraissaient moins tristes que ceux des Chateaubriand. Les larmes tombaient. Ces retrouvailles étaient teintées d’amertume. Et dans les bras de sa sœur, Henry se raccrochait à ce qu’elle représentait pour lui.

Il ne compta pas les secondes, les minutes s’écoulant inexorablement. Avoir Ophélie contre son cœur lui fit du bien, laissant le temps au chagrin de devenir moins étouffant. Moins  paralysant aussi. Le hall paraissait moins empli, bien qu’il subsistait encore quelques âmes. Henry s’était assis, Ophélie à ses côtés. Il aurait pu lui proposer de boire quelque chose pour se remettre de cette terrible nouvelle. Mais il n’y avait pas pensé. Il se contentait de reprendre un peu contenance, de relever le regard clair vers les prunelles sombres de sa sœur, la dévisageant. « Je ne sais même pas par où commencer… » Parce qu’il avait des questions. Ophélie avait beaucoup à lui dire, notamment tout ce qu’elle avait passé sous silence. Mais il ne savait pas ce qui était véritablement la priorité. Courir voir sa sœur à l’hôpital n’était plus une nécessité. Elle devait se trouver à la morgue et cette seule pensée lui déclencha une désagréable sensation de brûlure à l’estomac. « J’étais convaincu d’avoir du temps pour la voir. J’ai trop tardé, mais… » C’était si difficile de venir. Il avait eu peur. D’affronter ses parents. De revivre ce qu’il avait enfoui au fond de lui durant toutes ces années. En récupérant bout de verre par bout de verre, Henry avait su réparé ce miroir qu’était son âme. Brisée et désormais rafistolée. « Est-ce… Est-ce qu’ils savent que je viens d’arriver ? » Perdu, Henry ne savait plus quoi dire pour meubler le temps et s’empêcher d’éprouver trop de regrets.
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There's no place like home [Ophélie & Henry]
Sam 19 Mai - 9:25
Maintenant que Henry était de retour, tout allait s’arranger. Il ne pourrait peut-être pas ramener Claire parmi eux, mais tout allait s’arranger. J’en suis certaine. J’ai besoin d’y croire, j’ai besoin d’espérer. Sinon, que me resterait-il à part mes pauvres yeux tout secs pour pleurer ? C’était une pensée qui m’effrayait terriblement. Je ne voulais pas imaginer ce qu’il serait advenu de moi si je n’avais pas eu mon frère pour m’épauler. Si je n’avais pas eu son corps pour faire barrage à toutes ces émotions trop violentes. Non, je n’étais plus seule. Alors pourquoi est-ce qu’il y avait ce trou énorme dans ma poitrine ? Pourquoi est-ce que je me sentais vide, malgré tout ? La perte de Claire resterait comme une cicatrice, une blessure à jamais ouverte. Qu’allait-il se passer demain, après-demain ? Dans un an, dans cinq ? Toutes ces questions auxquelles j’avais refusé de répondre jusqu’à présent. Toutes ces questions qui faisaient sens, maintenant. Je me serre un peu plus contre Henry, me baignant dans la chaleur suffocante de ses bras. Je sais qu’il avait lui aussi besoin d’être rassuré, que je lui dise qu’il ne lui fallait pas culpabiliser. Mais j’avais la gorge trop serrée pour parler. J’avais comme une main sur mon cou qui m’empêchait de respirer. « Tu ne pouvais pas savoir, Henry… Elle… » Même dire son prénom à voix haute me semble impossible. « Elle allait un peu mieux ces derniers temps… » Et tout s’était dégradé si vite. Tout était allé de mal en pis. Peut-être que c’était de ma faute. Peut-être que j’aurais dû appeler Henry plus tôt, lui parler de mon mariage plus tôt. Peut-être alors qu’il aurait pu revoir Claire une dernière fois, lui dire au revoir et se préparer à son prochain départ.

« Non, je ne leur ai rien dit, j’avoue, une grimace me déformant les lèvres. De toute façon, je ne leur laisse pas le choix. Tu as le droit d’être là. Tu dois être là. » J’ai besoin de toi, pensé-je désespérément cependant que mes côtes semblaient se resserrer douloureusement sur mes poumons. Je m’en fichais pas mal de ce que diraient nos parents. Je m’en fichais pas mal qu’ils ne soient pas d’accord. Henry était mon frère, il était le frère de Claire – nous avions besoin l’un de l’autre pour commencer notre deuil. Nous avions tous les deux perdu une sœur. Et Henry resterait autant de temps qu’il le faudrait, peu importe ce que nos parents en pensaient. De toute façon, je ne voulais pas les voir. Pas ce soir. Pas maintenant. Je n’étais pas prête à leur faire face. Parce qu’il y avait tellement de colère qui bouillonnait en moi que je n’étais pas certaine de pouvoir contenir ce flot de pensées terribles. On était censés avoir déménagé spécialement ici parce qu’ils pouvaient soigner Claire, c’était ce que Mère avait dit, le regard brillant d’espoir et le sourire presque fou d’y croire. J’y avais cru aussi. Mais les médecins de Los Angeles n’avaient rien pu y faire, pas plus que ceux en France. Claire était partie. « Qu’est-ce qu’on va faire maintenant, Henry ? » Ma voix tremble et j’ai comme la sensation de ne plus savoir comment parler, comment user des mots pour transcrire ma pensée. C’est comme si le traumatisme avaient atteint la plus basique de mes facultés. « Qu’est-ce qu’on va devenir ? » Je suppose qu’il n’y avait pas de réponse véritable à ça. On allait devoir vivre au jour le jour pendant un temps, essayer de survivre à des heures bien sombres et difficiles. Puis un jour viendrait où l’on se lèverait et où le soleil brillerait un peu plus fort que d’habitude. Et alors la vie recommencerait, doucement. Parce que la vie continuait. Tout le temps.
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Lun 21 Mai - 9:08
Elle m'emmène avec elle,
Je t'emmène avec moi,


À trop espérer, Henry était tombé. Il avait tout faussé. Claire était partie. Et l’inévitable douleur l’accompagnait. Elle semblait si vorace. Il avait l’impression d’être dépossédé de tout, pourtant, Ophélie était à ses côtés. Elle semblait ne pas lui en vouloir. De toute façon, était-il fautif ? Henry était convaincu que oui. Même si réellement, il ne pouvait être tenu responsable de l’éloignement que son exil avait généré. Le véritable fauteur de trouble n’était nul autre que son père. Ainsi que sa mère. En se délaissant du fils, ils avaient éclaté leur famille. Tout allait si mal depuis. Vivre loin de Lille et de Los Angeles lui avait permis de s’éloigner de cette aura étouffante. Cependant, il était là désormais. Et il se rendait compte combien il suffoquait par ici. Pourtant, la présence de sa sœur l’aidait. À ne pas trop souffrir. À ne pas croire qu’il était pleinement responsable. Pourtant, il savait qu’il aurait dû venir plus tôt. Il avait préféré tempérer le caractère impétueux d’Adam, de trouver une solution dans l’ultimatum imposé. « J’ai trop tardé. » Dit-il simplement, même si sa sœur lui confirma que Claire, avant de mourir, allait mieux ; Et puis, elle était partie. Et désormais, il fallait réfléchir en tant que deux. Henry avait autant besoin de sa sœur, qu’elle de lui. Il ne comptait pas la laisser seule. Il voulait l’aider, la libérer de l’emprise familiale. Il le souhaitait ardemment. D’autant plus que ses parents ignoraient qu’il était là. « Tu as bien fait de ne rien leur dire. Ils auraient été capables du pire pour m’empêcher d’être là. » Sauf qu’au lieu de serrer fort un corps empli de fièvre, mais également de vie, Henry allait devoir pleurer une âme partie trop tôt. Et affronter le regard de son père et de sa mère. « Mais maintenant, je suis là. Je ne les laisserais pas m’abattre. Je serais là. » Aux côtés d’Ophélie. Lui tenant la main, la serrant fort pour lui rappeler qu’il ne partirait pas tant qu’elle ne sera pas complètement heureuse.
Il s’en faisait la promesse.

Mais pour l’heure, ils étaient tout simplement anéantis. Le cœur vacillait. L’âme pleurait encore. Il avait l’impression que Claire pouvait surgir à tout instant, avec son sourire et sa joie de vivre. Celle qui avait toujours été capable d’attirer l’attention des parents par son regard angélique et son statut de petite dernière. Si seulement il pouvait encore avoir la possibilité de la revoir, ne serait-ce pour lui combien il l’aimait. Et combien il n’avait jamais cessé de penser à elle, et à Ophélie. Maintenant, ils étaient là, dans ce hall, assis et abattus. À se poser la question de ce qu’ils allaient devenir. « Nous allons être forts. » Mais il n’était pas convaincu. « Et nous allons sourire, parce que je pense que Claire l’aurait voulue. » C’était si simple à dire. Mais il y avait tant de facteurs rendant les choses plus compliquées. « Mais surtout, nous serons ensemble. Je te promets de ne plus te laisser seule, Ophélie. » Et il le promettait. Tant pis si Adam le prenait mal. Tant pis, s’il continuait à persister dans son ultimatum. Henry avait juste besoin de sa sœur. Il avait besoin de panser ses blessures. Il avait besoin de croire en ce dernier membre de sa famille pour aller bien. « Je pourrais aussi te proposer de tout quitter et de t’en aller parcourir le monde à mes côtés. » Il eut un sourire triste, sachant que ça n’était pas aussi simple. Chacun avait choisi sa voie. Il fallait juste coexister d’une certaine façon. « Mais pour l’instant, nous penserons très fort à notre petite sœur chérie… » Et il ne tenait pas à penser à l’aspect matériel, de où il dormirait, de la qualité du cercueil, de la musique à l’enterrement. Non, il pensait juste à l’instant. « Et il faudra que tu m’expliques tout ce qu’il s’est passé aussi… Mais nous avons le temps, encore. » Il n’était pas prêt de partir. Claire s’en était allée rendant l’urgence, caduque. Désormais, il voulait juste se centrer sur Ophélie. Elle avait dit avoir besoin de lui. Le reste devenait secondaire. Comme s’il arrivait à gérer la douleur, et ce deuil si neuf. Comme si Henry réalisait qu’il s’était bien endurci bien avant Ophélie, et ce, depuis quelques années déjà.

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There's no place like home [Ophélie & Henry]
Mar 29 Mai - 17:24
Quelque chose s’était brisé, ce soir. J’ai pourtant toujours su que Claire nous quitterait un jour ; j’ai toujours su que ce moment viendrait. Mais pouvait-on seulement se faire à l’idée de perdre un membre de sa famille ? Est-ce qu’on pouvait seulement comprendre qu’un vide allait se créer dans notre vie, pour toujours ? Non. On ne pouvait pas. Je ne pouvais pas. Et pourtant, nous étions là. Lui et moi. Mon frère et moi. Henry et moi. Qu’allait-il se passer ensuite ? Qu’étions-nous censés faire désormais ? Avancer, continuer ? Comment pouvait-on ? Claire était partie. Pour toujours. Je ne pouvais pas avancer. Je ne pouvais pas dire que demain, le soleil se lèverait à nouveau. Pour l’instant, j’avais juste l’impression que jamais la nuit ne finirait. C’était comme si l’obscurité s’était affaissée sur moi, sans crier gare. Et elle m’écrasait, m’écrasait encore. M’écraserait peut-être toujours. Heureusement que mon frère était là, je crois que je me serais complètement effondrée sinon. C’était un miracle que je tienne encore debout. Peut-être était-ce Henry qui me soutenait. Me portait. « Je ne veux plus jamais que tu repartes, je lâche dans un gémissement douloureux, les yeux brûlants de larmes. Je ne veux pas te perdre toi aussi. » Parce qu’alors, je serais complètement seule. Parce qu’alors, ce serait un abysse sans fond. Alors l’éventualité de parcourir le monde aux côtés de Henry me paraît délicieuse et je me permets un sourire. C’était une jolie idée, malgré tout. Qu’est-ce qui me retenait ici, finalement ? Plus rien. Certainement pas nos parents. « Parcourir le monde avec toi, ce serait fabuleux. Mais peut-être que je devrais finir mon année de médecine avant, ris-je légèrement au travers de larmes chaudes qui m’inondent les joues. » C’était peut-être ce que je devais faire : partir. Partir aussi loin que je le pouvais. Que pouvait-il arriver ?

Je ne voulais pas penser à tout ce qui viendrait demain. À comment ma vie allait changer. À combien Claire allait me manquer. Ce n’était pas possible. Ce n’était pas possible d’imaginer un futur où elle ne serait plus là. Je laisse l’odeur de mon frère m’envelopper comme un cocon, comme pour me rassurer. Comme pour me réconforter. Je pense à tout ce que je voudrais lui dire, tout ce que je devrais lui dire. Je pense à tout ce qu’il a manqué. « Ce qu’il s’est passé ? » Je sens comme une boule dans ma gorge, m’empêchant de bien respirer. Henry allait avoir honte de moi ; Henry allait être déçu de moi. « Henry, j’ai fait des bêtises… » Et ce n’était là qu’un euphémisme. Parce que si j’avais été assez intelligente pour ne pas faire l’idiote, pour ne pas me laisser embarquer dans des situations beaucoup plus grandes que moi, je n’en serais pas là. Nous n’en serions pas là. « Henry, c’est… C’est de ma faute, tout ça… » La culpabilité me semble soudainement écrasante, comme si une pierre venait de me tomber sur l’estomac. Lourde. « Nous n’aurions pas déménagé à Los Angeles si je n’avais pas été aussi stupide. On aurait pu rester en France. Claire détestait Los Angeles et… et… » Un sanglot m’étrangle, m’empêche de continuer. J’ai du mal à respirer. C’était de ma faute si nous nous retrouvions là, mon frère et moi, à pleurer la perte d’un être qui nous est cher. « Quand tu as quitté la maison, je leur en ai tellement voulu… Je leur en ai tellement voulu de m’avoir privé de mon grand-frère, lâché-je d’une voix rauque. Je leur en voulais tellement que j’ai déconné. J’ai fait n’importe quoi, et… » Et je m’étais perdue en route. Et mes parents m’avaient remise sur le droit chemin. Et j’avais maintenant un avenir tout tracé devant moi – un avenir complètement gâché parce que je vais épouser quelqu’un que je n’aime pas. Que je n’aimerai probablement jamais.
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There's no place like home [Ophélie & Henry]
Jeu 14 Juin - 6:12
Oublie ton chagrin, surtout ne crains rien,
Je prends en main, ton destin...


Le malheur s’abattait sur lui. Son cœur lui faisait mal, et assis aux côtés de sa sœur, Henry essayait d’émerger. Tant bien que mal. Difficilement. Avec le sentiment de n’arriver a rien. Pourtant, il voyait grand pour sa soeur, il espérait pouvoir l’aider. Il lui proposa d’ailleurs de parcourir le monde à ses côtés, de ne plus être éloignés l’un de l’autre. Il avait perdu Claire et il ne tenait pas à perdre Ophélie. Il ne lui restait qu’elle comme famille. Et il y avait fort longtemps qu’il avait cessé de penser à ses parents en tant que tel. Le lien de chair subsistait mais l’amour, lui, avait définitivement rendu les armes. Il éprouvait, pour eux, de l’indifférence. Et il ne faisait aucun doute sur ce qu’il ressentirait quand Ophélie lui dévoilera tout ce qu’il ignorait. Mais pour l’heure, il était le rêveur pensant sauver sa sœur en m’extirpant de Los Angeles. Mais hélas, ce n’était pas aussi simple que ça. « Alors, j’attendrais que tu finisses tes études... » Il était décidé à ne pas la laisser toute seule. À veiller sur elle, la culpabilité était si forte qu’il était convaincu que ne plus voyager ne lui manquerait plus. Il n’y avait plus que sa sœur. Était-ce une forme de syndrome du survivant ? Il l’ignorait. Il se pensait toujours égoïste, réalisant avec horreur combien il était trop tard, combien Ophélie pouvait tout à fait se mettre en colère et lui balançant son inactivité, des dernières années à la figure. Mais elle n’était pas comme ça. Elle était cet Ange, ce modèle de douceur qu’il avait toujours chéri. « De toute façon, je serais à tes côtés quoi qu’il arrive. J’ai assez fait de bêtises comme ça... » La mine était si triste en disant cela. Il pensait chacun de ses mots, convaincu de sa propre atrocité. Si seulement... Si seulement...

Naturellement, il en vint à parler de ses parents. L’épineux problème qui persistait. Tout ce qu’il ignorait. Henry avait besoin de connaître ce détail. Il ne connaissait que le mariage arrangé et la maladie de Claire mais d’après ce que sa sœur lui avait dit, il y avait plus. Assez pour plonger sa sœur dans un désarroi immense. Il apprenait ainsi que le départ pour les Etats-Unis avaient été voulu à la suite d’une action de sa sœur. Laquelle ? Il ignorait. Visiblement quelque chose dont elle était peu fière. Toutefois, il avait l’impression de se revoir lorsqu’elle parlait de son départ à lui, de ce ressenti qu’il avait eu au fond de son cœur, à leur en vouloir. Il n’avait pas fait de bêtise. Il y avait eu Ella pour ne pas le faire sombrer. Et à nouveau, il culpabilisait. Tout ceci lui renvoyait au visage cette absence. Il s’était éloigné par peur de revoir ses parents et de vivre le rejet. Mais en faisant cela, il avait négligé ses deux petites sœurs. « Je nourrissais l’espoir que ça se passe bien pour vous deux. De toute façon, lorsqu’on se parlait par webcam, j’étais persuadé que tout allait bien, que vous étiez heureuses. Bien sûr, nous étions éloignés mais après...  » Il se tut. Pensif. Triste. « J’ai peut-être un peu trop cru en la bonté de nos parents. » Sa main vint prendre celle de sa sœur, qu’il serra doucement, caressant sa peau avec son pouce. Le visage était tiré, portant les marques du chagrin. La boule dans sa gorge était immense. Les yeux, humides. Il savait qu’un long moment à pleurer l’attendait. La culpabilité le noyait doucement. « Mais je suis là, maintenant ma petite fée. Je ne partirais plus. Nous serons unis pour Claire. Nous serons forts pour elle. Et surtout, si tu le souhaites, je t’aiderais à te délivrer de l’emprise parentale... Il n’est jamais bon de vivre dedans... » Il était amer en disant cela. Bien sûr, il avait eu ce rêve d’être aimé et accepté par ses parents. Mais c’était une illusion, une chimère. « Et ce mariage, alors... Qu’est ce donc cette histoire !? » Parce qu’elle le lui avait clairement expliqué et il ne comprenait pas. Depuis quand les parents se décidaient-ils à décider du choix de compagnon de leurs propres enfants ?
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There's no place like home [Ophélie & Henry]
Ven 15 Juin - 10:35
Je sentais toute la culpabilité qui écrasait Henry dans sa voix mais, égoïstement et sans honte, je n’essayais pas de le rassurer, de lui dire que ce n’était pas de sa faute si tout ça était arrivé. Égoïstement, je le laissais croire en toutes ces bêtises alors que rien de tout ça n’était vrai. Mon frère n’était pas responsable de la mort de ma sœur, il n’était pas responsable des décisions stupides de nos parents. Mon frère n’était pas responsable de ce que j’avais fait pour ruiner la réputation de mes parents. Au contraire, j’étais bien plus fautive que lui dans l’histoire. J’étais celle qu’il fallait blâmer. J’étais celle qui devait porter la culpabilité. Et c’était sûrement parce que ce poids devenait trop lourd pour mes faibles épaules que je laissais Henry en partager la charge – injustement. C’était peut-être parce que je me sentais trop anéantie ce soir que je le laissais prendre un peu de cette chape de plomb pour un peu mieux respirer. Demain, je m’en voudrai de ne pas avoir su le rassurer ; demain, je m’en voudrai de l’avoir laissé se mettre en faute à cause de ma lâcheté. Mais ce serait demain. Demain était un autre jour. Demain, le soleil se lèverait. Je ne voulais pas penser à demain, je ne voulais pas penser à maintenant. La douleur était trop cuisante pour ça. J’avais l’impression d’être comme broyée de l’intérieur. Et si Henry n’avait pas été là, je me serais probablement effondrée sur place. Je n’avais qu’une seule envie : m’allonger à même le sol et puis me rouler en boule pour pleurer jusqu’à ce que mes yeux soient complètement desséchés. Jusqu’à ne pleurer que de la poussière. Jusqu’à ce que la souffrance et le vide ne se retrouvent complètement noyés. « On était heureuses quand on pouvait enfin te parler, je lâche entre deux reniflements. On avait l’impression que tu étais un peu là, avec nous. » Le reste du temps, la vie me paraissait insupportable à la maison. À devoir obéir au doigt et à l’œil, à devoir acquiescer sans commenter. À devoir être vendue pour des affaires de gros sous sans pouvoir me rebeller.

Rien que les mots de mon grand-frère semblent déjà me rassurer. J’aime à penser qu’il pourra m’aider à me défaire de cette emprise qu’ont mes parents sur moi depuis notre arrivée à Los Angeles. J’aime à penser qu’il pourra me sauver – comme il le faisait autrefois, dans nos jeux, et qu’il était ce super-héros que j’attendais. Je devrais sûrement me sentir honteuse d’avoir besoin d’un homme pour me sortir du pétrin, mais il s’agissait de mon grand-frère. Quelle jeune fille n’avait pas besoin d’un grand-frère ? « J’espère que tu le pourras aussi… Je suis lasse de devoir leur obéir comme un vulgaire toutou… » Je me sens soupirer de dépit, affirmant un peu plus la prise de mes doigts sur les siens. Comme si j’avais peur qu’il s’en aille ; comme si j’avais peur qu’il disparaisse à nouveau. Maintenant qu’il était de retour, je ne voulais plus le revoir partir. J’avais besoin de Henry à mes côtés. J’avais besoin qu’il reste là même si je savais pertinemment qu’il avait toute une vie en dehors de moi. Une vie dont je ne faisais pas partie. Il avait dû tout quitter, pour moi. Une raison de plus à toute cette culpabilité. Je me tends alors légèrement lorsqu’il me parle de mon futur mariage et détourne le regard. Le paysage semble soudainement tellement intéressant que je me perds dans l’observation d’une plante verte à côté. « C’est Père, il a… Il a décidé de m’offrir au fils de l’un de ses futurs associés qui cherche à investir de gros sous dans la compagnie, j’explique d’un ton morne. C’est une sorte d’arrangement, je suppose. Et je n’ai pas pu refuser ou m’y opposer. » Malgré toute l’envie qui m’avait prise aux tripes lorsque Père me l’avait annoncée. J’avais eu une telle envie de hurler, de pleurer de rage et de dépit. C’était une telle injustice. Il ruinait ma vie, sans se soucier de ce que ça me faisait. Mais je supposais que si je lui avais alors sorti cet argument, je sais très bien ce qu’il m’aurait répondu : tu as ruiné cette famille avant moi, Ophélie, il est temps pour toi d’assumer tes actes et d’en affronter les conséquences. Qu’est-ce que j’aurais pu répondre à ça ? Rien. Il n’y avait rien à répondre. « Je ne veux pas l’épouser, Henry… je plaide, telle une enfant. Je ne veux pas me marier… » Je suis trop jeune et surtout pas amoureuse de lui. Je veux être libre.
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There's no place like home [Ophélie & Henry]
Ven 22 Juin - 8:44
La lune trop blême pose un diadème sur tes cheveux roux


Il avait tant de questions, tant d’émotions. Tout se contenait en lui, menaçant d’exploser. Il était las. Il avait terriblement besoin de dormir un peu, de se reposer, d’oublier un peu. Ça n’apaiserait rien, il le savait mais ça pouvait lui suffire à souffrir un peu moins. Le temps d’un repos éphémère avant que l’irrémédiable douleur ne revienne. Claire n’était plus là. C’était ainsi. C’était atroce et voilà qu’il découvrait que sa sœur souffrait plus que de raison. Qu’au delà du chagrin de l’être parti trop tôt, il y avait toute cette pression qu’elle subissait, qu’elle lui avait caché avant de finir par s’effondrer, lui révélant tout ce que ses parents faisaient. Quel était donc ce besoin de briser des vies ? Henry ne pouvait comprendre. Au travers de ses voyages dans le monde, il avait découvert combien un coeur sincère pouvait vivre en harmonie. Il les avait vu... Ces gens, vivant de rien, capable de sourire et de donner plus que ce qu’ils avaient. Henry en avait été bouleversé. Il avait su se pardonner à lui-même. Malgré cela, il avait été aveugle, incapable de voir combien Adam lui, n’avait pas su faire la paix avec son passé, s’auréolant de bonheur pour mettre de côté cette rancoeur. La mettre à part, mais la garder quand même. Ça lui avait pété à la figure, quand l’ultimatum avait été posé. C’était ça ou rien. C’était ses sœurs ou lui. Il n’avait pas réfléchi longtemps. Et en écoutant Ophélie, il se félicitait de cette bonne décision. Ça n’apaisait rien mais au moins, il se faisait cette promesse de l’aider. « À quel moment Père comprendra qu’il est temps de lâcher la bride à ses enfants ? » Le ton de sa voix était amer. Il avait tant de rancœur. « Tu ne l’épouseras. On s’y opposera. À deux, on est plus forts... » Puis il répondait à sa promesse. « Nous devons être heureux pour Claire. C’est tout ce qui importe. Et un jour, lorsque le coeur sera moins lourd et endeuillé, tu prendras le temps de m’expliquer tout ce qui ne va pas dans cette famille. » Il avait le sentiment qu’à trop questionner Ophélie, elle finirait par s’écrouler. L’heure était à Claire...

En guise de conclusion, il enroula un bras autour des épaules de sa cadette, déposant un baiser tendre sur sa tempe. Il resta ainsi, éprouvant la chaleur de ce sang, cette chair qu’il affectionnait tant. « On devrait quitter cet endroit... On va finir par être suspects. » Il se redressa en soupirant. Puis, doucement, il se leva, tendant sa main à sa petite sœur. « J’ai pris un hôtel non loin de là où tu vis, je suis à côté de toute manière. » Il avait terriblement besoin de se reposer, d’appeler Adam. Il en profita pour allumer son téléphone, laissant le réseau venir. « Tu sais... Je suis terriblement terrifié à l’idée de leur faire face... De ce qu’ils pourront dire ou faire ... J’espère que Père et Mère sauront être silencieux et ne pas faire d’esclandre en public. » Il ne savait pas ce qui avait été dit pour justifier la soudaine disparition du fils prodige et tant aimé. L’unique héritier des Chateaubriand. Son portable vibra mais il fut attristé de voir qu’il ne s’agissait pas d’Adam, mais d’une amie lui demandant s’il était bien arrivé. Les yeux ternes, il se contenta de sourire à sa sœur, juste pour le principe de ne pas rester sans réaction.
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There's no place like home [Ophélie & Henry]
Dim 24 Juin - 10:17
Il y avait beaucoup de choses à faire, beaucoup de choses à penser. Demain, ai-je alors pensé, l’esprit embrumé par la douleur. Ce soir, Henry comme moi n’avions juste pas la force de faire face à la réalité. Je crois que c’est comme si nous venions d’être arrachés à nos vies respectives ; je crois que c’est comme si nous avions tout perdu, tout à coup. C’était trop dur et c’était trop violent. Je suppose que c’était ce qu’il se passait lorsque l’on perdait un être cher. Je suppose que c’est ce qui arrive quand une famille vole en éclats. Soupirant légèrement, je trouve refuge au creux de la chaleur de mon frère comme quand j’étais petite – quand je m’imaginais que ses bras étaient ma forteresse et que rien ni personne ne pouvait m’y atteindre. Mon aîné avait raison lorsqu’il disait qu’il nous fallait d’abord guérir des blessures causées par la parte de Claire ; il avait raison lorsqu’il disait que le moment n’était pas à parler de nos parents mais à entamer notre deuil et embrasser notre chagrin. Je n’étais de toute façon pas assez forte pour cette conversation. Je n’étais pas assez forte pour lui avouer à quel point j’avais tout gâché. Je ne voulais surtout pas que Henry soit déçu de moi, de sa petite sœur. Je ne voulais pas qu’il me voie pour ce que j’étais, au fond : une petite idiote écervelée et égoïste. J’étais heureuse de le retrouver mais avec son retour revenaient les souvenirs de Lille, de France, de ces erreurs commises dans ce qui me semble être une toute autre existence.

Toujours serrée contre lui, accrochée à son corps comme une naufragée à sa bouée, j’acquiesce lorsque Henry me propose de rentrer à son hôtel. Mon corps hurle de fatigue en plus de la douleur et mes jambes vont bientôt lâcher. « Tu dois être épuisé après ton voyage, je commente en fronçant les sourcils. Est-ce que tu as mangé ? Tu veux qu’on s’arrête en chemin acheter quelque chose ? On peut se prendre un burger, sur la route. » Je n’avais pas faim. Bien au contraire, il me semblait qu’une main enserrait mon estomac et le tordait dans tous les sens. Et rien qu’à penser à de la nourriture, j’avais cette nausée qui remontait jusqu’à ma gorge, déposait sur ma langue un goût acide et dégueulasse de bile. « Tant qu’il y aura du monde autour pour les observer, ils ne diront rien, le rassuré-je avec un petit reniflement méprisant cependant que j’imagine mes parents ignorer leur fils pour ne pas créer d’esclandre. Ils ont bien trop peur des scandales, alors ils feront comme si tu n’étais pas là. » Comme ils ont fait semblant que Henry, leur fils aîné, n’existait pas pendant toutes ces années. « Et même s’ils osent dire quoi que ce soit, je leur arrache la langue. » Ils ne méritaient pas d’avoir un fils comme Henry. Henry aurait mérité de meilleurs parents, une meilleure famille. Trop petite à l’époque, je n’avais pas pu le protéger de Père. Alors je m’étais promis que Claire n’aurait jamais à souffrir de leur bêtise. Mais elle n’était plus là désormais – alors qu’Henry, oui. Et il avait déjà assez souffert de la famille Chateaubriand. Père et Mère n’étaient plus en droit de le tenir éloigné de moi ou de cette ville.
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