oops i dit it again (loan marley & rylee)

Les lèvres de cette gamine sont absolument divines. Je ne m’en lasse pas, depuis octobre qu’elle est arrivée, que j’ai finalement craqué pour ses beaux yeux… Les choses sont sensiblement différentes depuis que je vis à nouveau entre les mêmes murs que mon ex-femme, quelque chose se passe mais je ne saurai dire quoi. Pour autant, Marley reste la seule sur qui j’ai encore envie de poser mes lèvres. Ce soir, à peine eut-elle terminé son service que j’ai accueilli la jeune femme dans mon bureau pour un moment charnel hors du temps. J’ai toujours la sensation que ce genre de moments passés avec elle me permettent de m’évader plus qu’avec n’importe qui. Cette fois, personne ne nous a dérangées, et c’est tant mieux. En revanche, il est l’heure que j’aille faire la fermeture avec la nouvelle manager que je viens d’embaucher. « Tu fais quoi ? Tu rentres ? Ou tu veux m’attendre ? » Je m’approche de la brune, sourire aux lèvres, et glisse mes mains sur sa peau pendant qu’elle enfile son pull. « J’ai l’impression d’être jamais rassasiée de toi… » Mes lèvres viennent chercher son cou, attirées comme un aimant, puis ses lèvres, et je recule, Marley toujours dans mes bras, jusqu’à la porte. « Faut vraiment que j’y aille… » Je n’arrive pas à me séparer de ses lèvres. Une main toujours dans son dos, sous son pull, l’autre sur la poignée de la porte, j’ouvre cette dernière et vais pour reculer d’un pas quand je sens une présence qui me force à rompre le contact de mes lèvres contre celles de Marley. Je me retourne alors et tombe nez à nez avec ma fille aînée. Mon coeur s’emballe, merde. C’était pas prévu ça. « Rylee ?? Qu’est-ce que…? Tout va bien ? » C’est ça, fais comme si de rien n’était, mère indigne qui était en train de se taper la copine de sa fille !! Le regard que Rylee pose sur moi, puis sur Marley me fait penser qu’il y a autre chose de plus grave encore que le fait que je couche avec son amie. Non, il y a une déception dans ses yeux que je déteste voir. « Rylee ? » Elle ne répond toujours pas, ça s’annonce mal, très mal…

Rylee était prête à aller voir sa mère. Suite à la conversation  avec Stella au sujet de Marley lui avait ouvert les yeux. Elle n’avait vraiment pas à avoir peur de dire à ses mamans que finalement, elle n’était pas si attirée par les hommes qu’elle ne le croyait vraiment. C’était bête mais c’était ce secret qui la taraudait depuis l’arrivée de la brunette dans sa vie. Complètement déstabilisée, elle n’avait pas vraiment réalisé à quel point Marley avait bouleversé sa vie, et déclenchée quelque chose en elle. Stella, sa mère, avait été surprise en effet mais cela ne l’a pas non plus rendue moqueuse ou autre, ce que craignait en premier la jeune femme. Comment allait-elle démonter tout ce qu’elle claironnait depuis le début, comme étant attirée par les hommes et seulement par les hommes, surtout aux yeux de Marley. Pourtant, il y avait tellement de signe avant coureur. Comme elle en parlait à Loan à leur rendez-vous, de cette façon maladive qu’elle avait de venir au Planet pour être avec Marley, ou même de connaître les horaires de cette dernière pour lui proposer de sortir, en toute amitié, bien sur. Et puis, ce baiser. Il était désintéressée pour la brune, elle ne l’avait fait pour nous sortir d’une attaque en masse de gros lourds qui nous avait repéré mais pour Rylee, c’était la révélation. A tel point qu’elle pouvait passer des heures sur des photos où elles étaient prise ensemble… Ce qui lui avait valu d’être prise en plein flagrant délit avec sa mère adoptive. En général, elle faisait attention mais prise dans sa musique, Rylee n’avait pas entendu sa mère arrivée dans son dos. Malgré tout, cette situation avait vraiment débloqué la jeune fille qui avait finalement décidé d’attendre la fermeture du Planet, où elle savait retrouver sa mère. En passant par derrière, elle savait que cette porte restait la dernière ouverte, une sorte de passage secret qu’elle avait trouvé ses six dernières années. Elle se dirigea directement dans le bureau de sa mère et poussa doucement la porte : « Faut vraiment que j’y aille... », elle entendit en ouvrant la porte alors elle s’apprêtait à repartir pour laisser sa mère tranquille. Rylee n’était pas bête, elle avait bien compris que sa mère avait besoin d’intimité. Dans sa tête, la blondinette n’était pas plus découragée mais le bref regard qu’elle avait jeté, la glaça sur place. Bouche-bée, elle restait dans l’embrasure de la porte. Elle se sentait complètement déstabilisée. Alors qu’elle se sentait si bien dans sa peau tout d’un coup se fut une véritable douche froide, une grosse gifle cinglante. Elle avait bien reconnu sa mère, embrassant la fille pour qui elle éprouvait des sentiments, Marley. Muette, elle entendait sa mère l’appelait alors elle se força à baisser les yeux, à pencher la tête en avant pour fixer ses pieds : « Rylee ? » Ce fut à cette dernière interpellation que la Kelley sortit de son mutisme : « Oui, oui. ça va. Je… » Elle manquait cruellement de répartie, d’autant qu’elle se retrouvait à ne plus savoir faire de phrases cohérentes : « .. Pardon. Je ne.. Enfin, je voulais passer… »

Bordel elle va finir par me tuer. J'ai l'impression de faire double service quand je viens bosser ici. Le premier, mon boulot de serveuse évidemment, celui pourquoi je suis payée. Et puis il y a comme ce soir, les moments privés, ceux dans le bureau de Loan plus privés. Vraiment plus privés. Je reprends mon souffle, commence à me rhabiller et cherche mon pull qui a volé un peu plus loin. Y'a pas à dire, l'empressement est toujours présent. Je le récupère, l'enfile mais une main se glisse sur ma peau. " Je peux t'attendre si t'as d'autres projets pour moi. C'est toi la boss tu sais... " Je souris, me colle un peu plus à elle et lui laisse le temps de parcourir encore quelque instants ma peau qui se consume encore après l'échange charnel. Je ne peux que comprendre ce sentiment qu'elle décrit. Moi non plus j'en suis jamais rassasiée et je le lui fais bien comprendre au moment où nos lèvres se rencontrent de nouveau. Je la laisse m'entraîner vers la porte, pose mes mains sur ses hanches de manière possessive. Je n'ai en aucun cas l'envie de la laisser filer et ce, même si elle me dit qu'elle doit y aller. Elle ouvre la porte et notre bulle éclate, le jeu devient dangereux mais il n'y a personne à cette heure là. Enfin, c'est ce que je pensais. Loan se décale brutalement et j'ouvre les yeux au moment où ce prénom est prononcé. Rylee. Et merde. Je pose mon regard sur elle mais n'entends pas grand chose à la conversation qui se déroule pourtant à quelques centimètres de moi. Mes oreilles bourdonnent et clairement, c'est le bordel. Je fixe ma meilleure amie avec cet air choqué qui réside sur son visage. En même temps j'avais peut être omis de lui préciser que je me tapais sa mère depuis le départ. Juste un léger oubli. " Je... " Oui, me voilà muette. Superbe. " Qu'est ce que tu fais ici ? " Je me reprends, parce que y'a pas le choix. Parce que cette conversation que je ne voulais pas avoir avec elle et bien, elle aurait lieu maintenant. " Enfin non c'est pas la question euh... " Evidemment elle est ici pour voir sa mère. Et dans un sens je me dis qu'il vaut mieux qu'elle n'arrive que maintenant. Parce que la voir entre mes cuisses pendant que je crie son nom aurait été encore plus inconfortable que la situation actuelle. " Un verre ? " En fait c'est pas une question. Je contourne Loan, du mieux que notre position actuelle peut me laisser le choix et je me dirige vers le bar. Moi j'en ai besoin. Et j'ai comme l'impression d'être de trop dans cette conversation mère fille finalement. Même si je suis totalement concernée par celle ci. J'attrape un verre que j'ai lavé y'a quelques dizaines de minutes et me sers une vodka pure. Oui, là il faut la dose.

« Je peux t'attendre si t'as d'autres projets pour moi. C'est toi la boss tu sais… » Un large sourire étire mes lèvres, j’ai l’impression que je ne serai jamais rassasiée de son corps, de ses baisers, tout en elle me fait fondre, c’est physique plus que toute autre chose, et j’en ai bien conscience. Les sentiments n’ont rien à voir là dedans, mais bordel ce qu’elle me rend folle. Je lui dis que je dois vraiment y aller, faire la fermeture, c’est important, ça reste mon boulot après tout. Mais lorsque j’ouvre la porte et que je tombe sur ma fille aînée, je comprends que quelque chose ne va pas. Bon ok, ça doit être bizarre de voir sa mère avec sa meilleure amie, je comprends, mais il y a autre chose, j’en suis sûre. « Oui, oui. ça va. Je… » « Qu'est ce que tu fais ici ? » Je fronce un peu les sourcils devant la désinvolture de Marley. J’imagine qu’elle est aussi mal à l’aise que moi, ou alors il y a des choses que je suis trop vieille pour comprendre ? « Enfin non c'est pas la question euh… Un verre ? » « Pardon. Je ne.. Enfin, je voulais passer… » Tout va trop vite, Marley s’éclipse déjà vers la salle principale et je me retrouve seule avec Rylee, avec la peur de comprendre ce que je ne voudrais pas comprendre. « Chérie ? » Je glisse mes doigts sous son menton et soulève son visage pour croiser son regard qu’elle cherche à détourner sans ménagement. « Je suis désolée, je voulais pas que tu assistes à ça, c’est… » C’est pas cool, c’est tout ce qu’elle veut. « Ça signifie rien, c’était juste comme ça… » Même si ça fait un moment que ça dure. Je lâche un petit rire nerveux. « J’imagine que ça doit faire bizarre de voir ta mère et ta meilleure amie mais je… » Cette fois son regard me fait comprendre qu’il y a autre chose, clairement. Elle m’en veut. « Rylee rassure-moi tu… enfin toi et Marley… » Je plisse un peu les yeux, cherchant à lui tirer les vers du nez, parce que je n’ai pas d’autres choix si je veux comprendre ce qui se trame dans la tête de ma fille.

Qu’était-il arrivé ? Rylee se posait énormément de question. Pourquoi était-elle venue exactement ? Et à quel moment s’était-elle dit qu’il était temps qu’elle parle ? Elle ne s’en souvenait plus, tout ce qu’elle voyait, même les yeux rivés sur ses pieds, c’était l’image de sa mère et de Marley en train de s’embrasser. Même en fermant les yeux, et en arrière plan, il y avait un vieux film en noir et blanc style “The Artist” qui tournait en boucle, en accéléré des deux jeunes filles, s’embrassant en boîte. Un déclic. Marley s’en allait, pour prendre quelque chose à boire, à croire qu’elle était au-dessus de tout ça. Boire un verre, oui, plusieurs même, pourquoi pas.. , s’était-elle dit mais elle n’avait pas vraiment bouger. « Chérie ? », une boule dans la gorge s’était formée dans sa gorge, elle était douloureuse parce qu’elle ne voulait jamais rien laisser paraître. Pourtant, c’était difficile, trop même. Lorsque sa mère tenta d’attirer son regard, en la tenant par le menton, Rylee gardait ses yeux rivés au sol. Si elle les bougeait, des larmes allaient forcément se former. Et puis, elle pensa à tout ce qu’elle avait dit à Casey, sur l’espoir qu’elle gardait que ses deux mamans se remettent ensemble, tout cela s’écroulait en réalisant que sa petite soeur avait raison. « Je suis désolée, je voulais pas que tu assistes à ça, c’est.. Ça signifie rien, c’était juste comme ça… » Une petite pause, la blondinette voulait en profiter pour quitter la pièce et sortir de cet enfer. Elle ne savait pas encore ce qu’elle allait bien pouvoir faire mais si elle craquait, elle allait regretter. Elle suppliait intérieurement sa mère de la laisser alors elle détacha son menton de sa poigne, douce. « J’imagine que ça doit faire bizarre de voir ta mère et ta meilleure amie mais je… » Inconsciemment, les yeux de Rylee s’étaient redressés dans ceux de sa mère. Ses yeux la brûlaient tellement : « Rylee rassure-moi tu… enfin toi et Marley… » « Non, je... »Sa voix s’étrangla, il n’y avait pas grand chose à dire après tout mais cela libéra ce qu’elle voulait contenir mais elle efface la larme d’un revers de manche : « Non, il n’y a rien.. et, il ne se passera jamais rien après ça... » Rylee se prit la tête entre ses bras, contournant sa mère, reniflant aussi, c’était fini, les vannes étaient ouvertes : « Pourquoi maman ? Pourquoi elle ? Depuis combien de temps ça dure ? » Elle avait vraiment peur des réponses mais à quoi ça servait de fuir finalement.

Marley s’éclipse et je me retrouve seule avec Rylee, comprenant bien que quelque chose cloche. Quelque chose que je ne saisis pas encore tout à fait. Pourtant, ça devrait être évident, mais mon cerveau occulte totalement cette hypothèse. Alors je m’excuse, j’essaie de capter son regard, son attention. Je déteste voir ma fille comme ça, elle est la prunelle de mes yeux, et mon coeur se serre de la voir aussi mal, sans que je n’arrive encore à comprendre pourquoi. Mais d’un seul coup, un éclair de lucidité, et je lui demande si Marley et elle partagent quelque chose de plus qu’une amitié profonde. « Non, je… » Mon souffle est pendu à ses lèvres, j’attends qu’elle me dise, qu’elle parle, qu’elle explose, sans doute. Rylee n’est pas du genre à exploser facilement, ni même souvent, elle est plutôt le genre de jeune femme à se renfermer, garder tout pour elle. « Non, il n’y a rien.. et, il ne se passera jamais rien après ça… » Je fronce les sourcils, j’ai peur de comprendre, peur de saisir le sous-entendu de cette phrase. Elle me contourne et entre dans le bureau. Je la suis et referme la porte derrière nous, avant de prendre conscience qu’elle est en train de pleurer. Merde. « Pourquoi maman ? Pourquoi elle ? Depuis combien de temps ça dure ? » J’ouvre la bouche pour répondre mais rien ne sort. Je soupire et secoue la tête. « Je… ça n’a pas d’importance depuis quand ça dure. Je te l’ai dit, ça ne signifie rien. » Je ne sais pas encore si Rylee est peinée parce qu’elle a peur pour ma relation avec sa 2ème maman, ou si elle l’est parce qu’elle a des sentiments pour Marley. Je retourne tout dans ma tête, je réfléchis, repense à nos discussions sur la jeune femme. Rylee n’a toujours eu que des petits amis, mais pourquoi ne pourrait-elle pas tomber amoureuse d’une femme après tout ? Je serre un peu les mâchoires et soupire encore. « Rylee… tu es amoureuse d’elle ? » Elle fuit mon regard et je m’approche davantage en cherchant à croiser le sien. Elle ne répond rien, et ça me suffit à comprendre. « Comment j’aurai pu le deviner ? Comment j’aurai pu ne serait-ce qu’imaginer que tu… merde Rylee… » Je passe nerveusement mes mains sur mon visage en soupirant, puis dans mes cheveux. « Je pouvais pas savoir. Et elle, elle savait ? Est-ce qu’elle sait ? » Je ne supporterai pas de savoir que Marley était au courant et qu’elle a continué se se laisser séduire, de séduire à son tour, que ce soit moi ou d’autres. Cette situation me révolte, je me sens mal, mal pour ma ville d’abord, mais mal pour moi aussi. Pourquoi faut-il que je me foute toujours dans des situations de merde ?

Il fallait bien que Rylee se raccroche à quelque chose. Lorsqu’elle avait des déceptions amoureuses ou des peines de coeur, elle allait directement pleurer dans les bras de Loan. C’était leur petit truc en plus, l’épaule que sa mère lui donnait à chaque fois lui donnait l’impression d’être protégée, sécurisée et soutenue. Elle sentait cette bouée lui échappait à mesure qu’elle essayait de sortir de cette fichue situation. Elle se voyait déjà en train de pleurer, malheureuse comme les pierres mais sur quelle épaule allait-elle bien pouvoir pleurer ? Il n’y en avait plus, elle n’avait plus celle qui la rassurait. Perdue, elle bégayait et hésitait, elle ne savait même plus faire des phrases complètes. Elle voyait les points de suspension après chacune de ses phrases. C’était réellement frustrant, ça et le bourdonnement dans ses tympans. En lâchant les larmes qui menaçaient de s’écraser sur ses joues depuis le début, elle se sentit presque libérée et c’est à ce moment-là que les mots s’enchaînaient de manière plus fluide. Pourquoi elle, pourquoi sa mère ? Elle aurait pu accepter d’entendre que Marley sortait avec n’importe qui mais pourquoi sa propre mère ? C’était une image qu’elle voulait se sortir de la tête mais cela se révélait vraiment difficile. « Je… ça n’a pas d’importance depuis quand ça dure. Je te l’ai dit, ça ne signifie rien. » «Tu ne peux pas dire une chose pareille maman, tu ne peux pas, c'est trop facile…» De nature calme et introvertie, elle n’était pas du genre à faire des scènes. Elle gardait tout pour elle mais aujourd’hui, la seule qui pouvait l’écouter et comprendre, était l’objet de son mal être. Est-ce qu’elle savait qu’elle était tombée amoureuse de Marley depuis le début de leur échange sur internet? Qu’elle était d’abord tombée amoureuse de sa facilité à décrire ses émotions en écrivant ? Même le fait d’ignorer les appels de son petit ami actuel ne lui donnait aucun remords quand il était question d’aller au Planet pour la voir. Elle recula de quelques pas, la bataille était rude dans son cerveau mais elle ne pouvait pas mentir, pas à sa mère alors elle devina. Sans qu’elle n’avait eu à dire quoique ce soit et elle sentit les reproches dans la voix de sa mère : « Comment j’aurai pu le deviner ? Comment j’aurai pu ne serait-ce qu’imaginer que tu… merde Rylee… » « Parce que j’aurai dû deviner que tu te la tapais c’est vrai..» Elle n’arrivait pas à exploser, c’était plus fort qu’elle alors qu’au fond, Rylee n’avait qu’une envie, tout dévaster sur son passage mais c’était beaucoup trop. Elle contourna sa mère et elle lui répondu en lui faisant volte face : «Qu’est-ce que ça change si elle était au courant ou non ? Qu’est-ce qui te fera déculpabiliser exactement ? Non elle n’en savait rien mais aujourd’hui, je te remercie maman, ta fille vient de se faire salement humilier et grâce à toi ! » Elle tourna les talons et quitta le bureau mais avec tout ça, elle avait littéralement oublié la présence de Marley. En fouillant rapidement dans sa mémoire obstruée par la colère et l’humiliation qu’elle vivait actuellement, elle se rappela qu’elle était allée préparer quelque chose à boire. Pour sortir, elle tomba nez à nez avec elle mais ne la regarda même : « Je ne bois pas au fait mais c’est vrai que je suis insignifiante pour toi, tu as oublié ce détail !» claqua t-elle en voyant les trois verres sur le comptoir.

« Tu ne peux pas dire une chose pareille maman, tu ne peux pas, c'est trop facile… » Trop facile ? Trop facile ? J’ai envie de rire, de rire nerveusement tellement ses mots ne veulent rien dire. Elle voudrait quoi ? Que je compte le nombre de fois où j’ai couché avec son amie sans même savoir une seule seconde que ça aurait pu avoir un impact sur ma propre fille ? Evidemment que je n’aurai jamais fait ça si j’avais su que ça blesserait Rylee, évidemment que j’aurai repoussé les avances de Marley ou que je me serai rendue inaccessible malgré mon attirance pour elle. Pour ne pas voir cette haine naissante dans les yeux de ma propre fille. Manquait plus que ça. Comme si ça ne suffisait pas que Casey m’en foute plein la gueule et que Joy suive son exemple, voilà que Rylee va se ranger de son côté. Est-ce que c’est le bon moment maintenant pour sombrer dans l’alcool ? J’entends déjà Ellen me dire que c’est la solution de facilité mais franchement, qu’est-ce que je dois faire maintenant que je sais que la dernière personne qui me soutenait encore, me déteste plus que n’importe qui ? « Parce que j’aurai dû deviner que tu te la tapais c’est vrai… » Aie. Merde. « Qu’est-ce que ça change si elle était au courant ou non ? Qu’est-ce qui te fera déculpabiliser exactement ? Non elle n’en savait rien mais aujourd’hui, je te remercie maman, ta fille vient de se faire salement humilier et grâce à toi ! » Je serre les mâchoires. « Rylee attends, s’il te plait ! » Je fais quelques pas mais je comprends bien vite que ça ne servirait à rien de la retenir. Pour dire quoi ? Faire quoi ? Il est trop tard pour regretter mes actes, même si au fond, je ne pouvais pas deviner que ma fille avait des sentiments pour Marley. Bordel mais pourquoi la vie est-elle si rude avec moi depuis des années ? Je suffoque, prends mon visage entre mes mains et retourne dans mon bureau pour m’effondrer. Parce que je ne trouve la force que pour ça. Quoi que je fasse, rien ne pourra réparer la blessure qui vient de se faire dans le coeur de ma fille, et je m’en voudrai toute ma vie d’être à l’initiative de ça, même si je n’en étais pas consciente une seule seconde.

C'est clairement le bordel. Non, c'est bien pire que ça. C'est l'enfer. Je n'ai jamais vu le mal en couchant avec Loan. Certes c'est ma patronne et alors. Non pour ce côté là on s'en fiche, c'est comme ça, on est grandes majeures et vaccinées toutes les deux. Donc non, ça n'engage à rien. Le seul soucis c'est Rylee. Enfin, ce n'est pas un soucis, c'est ma meilleure amie. Donc oui, je me tape la mère de ma meilleure amie. Mais bon... Encore une fois où est le mal ? J'ai beau me retourner ça dans la tête encore et encore je me dis que y'a pas mort d'homme. Oui c'est peut être bizarre mais bon, je ne compte pas l'épouser, faut pas déconner. Je suis trop jeune pour ça je veux juste m'amuser. Ca n'a jamais été une histoire sérieuse on en avait conscience. Putain que c'est compliqué. Je sors les verres et m'en sers déjà un. Je le bois cul sec, comme ça, c'est fait. De toute façon la mère et la fille ont visiblement des choses à se dire. Je n'entends que des bribes de la conversation alors je n'y comprends pas grand chose. Et au fond, je m'en fous ce n'est pas mon problème. Je ne me dédouane pas, je suis autant responsable que Loan dans l'histoire si ce n'est plus ayant fait le premier pas. Mais leur relation passe avant. Je ne suis que la pièce rapportée. J'espère juste ne pas perdre mon boulot c'est que je me plais bien par ici. Je me ressers un verre et une tête apparaît. Rylee. Pas de Loan en vu. Mince, ça n'a pas du bien se passer. La blonde semble encore bien remontée et visiblement, le second round est pour ma pomme. Je souffle à sa remarque. " Je sais mais ça ne te ferait pas de mal là non ? " Je passe ma main dans mes cheveux terriblement mal à l'aise. Comment ne pas l'être. " Ecoute... C'était rien, enfin on s'amusait juste. Je ne compte pas devenir ta belle mère hein ! " Je lâche un rire, je tente de dédramatiser la situation. Pas certaine que ça fonctionne. " Enfin voilà ça change rien... " Ah ça... j'en mettrais pas ma main à couper.

Rylee aurait voulu crier plus fort. Rylee aurait voulu en dire encore plus mais impossible. C’était contre sa nature et elle n’avait qu’une seule envie, partir, partir très loin d’ici et tenter d’oublier ce mauvais moment. Cette scène qui se déroulait en boucle dans sa tête. Elle le désirait vraiment mais en arrivant dans la salle ouverte à la clientèle, elle se figea un instant. Marley était toujours là. Au départ, la blonde avait pensé à une technique de fuite. D’après ce qu’elle savait de sa meilleure amie, elle était passée maître dans l’art de fuir sans laisser de trace mais qu’allait-elle lui dire ? Ce n’était pas le moment d’avoir un deuxième round, Rylee était épuisée et elle avait besoin de prendre du recul pour réfléchir. Et puis ses yeux tombèrent sur les trois verres. Elle n’arriva pas à cacher sa frustration et sa colère. Marley n’avait pas retenue l’idée qu’elle ne buvait jamais, que sa seule et unique drogue, c’était le café noir. Alors, aussi sèche que possible, Rylee lui rappela qu’elle ne buvait jamais. « Je sais mais ça ne te ferait pas de mal là non ? » Elle se ferma aussitot en croisant les bras sous sa poitrine tandis que la belle brune se passa une main dans ses cheveux. Rylee hésita. Marley aurait pu lui faire avaler n’importe quelles couleuvres mais elle préférait sortir la même carte que sa mère : « Et bien, si ça ne change rien à tes yeux, Marley, je vous laisse à vos petits jeux ! Salut ! » Le bras de Rylee se tendit sur les shooter qu’elle fit valser de l’autre côté du bar. Lorsque les verres explosèrent sur le sol, elle était déjà à la porte mais n’avait pas cillé en partant.

Je lui propose un verre. Parce qu’elle en a bien besoin. Parce que c’est loin d’être une conversation facile. Mais elle ne semble pas encline à accepter ce foutu verre. Je me sens totalement démunie, je dois bien l’avouer. Rylee est peut être la personne dont je suis la plus proche et j’ai l’impression de la perdre. Et je ne veux pas. J’ai juste du mal à comprendre ce qui l’énerve autant. Je sais que c’est sa mère avec qui j’ai couché mais tout de même… Enfin c’est rien de sérieux. C’était juste comme ça même si je ne peux pas dire que je n’ai pas apprécié. Loin de là. Sauf que je sais que maintenant ce ne sera plus possible. Vu la réaction de Rylee, je ne sais pas si je serai capable de continuer ni même Loan. Notre but n’est pas de blesser Rylee, loin de là. Ou de ne plus le faire quoiqu’il en soit. Parce qu’elle croise ses bras, parce qu’elle se renferme sur elle et ce n’est jamais bon. Je commence un peu à la connaître et je n’ai clairement pas envie de la perdre. Mais je ne sais pas quoi dire ni faire, c’est trop le bordel actuellement dans ma tête. Une phrase, une petite pique et les shooters ont atterri sur le sol. Je regarde les bouts de verre s’éparpiller alors que la porte se ferme sur ma meilleure amie en colère. ” Et merde. “ Je soupire, me dirige vers la réserve pour récupérer un balai et une pelle et me fous à quatre pattes pour ramasser les débris répandus par terre. Je tente de récupérer le maximum d’éclats mais entends des pas arriver vers moi. ” Attention ! “ D’un coup de tête je lui indique ma pelle déjà bien remplie et viens récupérer un morceau de verre juste à côté de son pied. Un dernier coup de balai et je pense avoir fait le maximum. Je jette tout ça dans la poubelle, toujours sans un mot. Je ne sais pas où commencer. Alors je ressors deux verres et la regarde suspicieuse avant de les poser sur le bar. ” Je peux les poser sans crainte où tu comptes les balancer comme ta… Rylee ? “ J’ai du mal là, tout de suite à associer les deux femmes. Un peu de recul ne me ferait pas de mal. ” Désolée… Ca risque d’être plutôt tendu entre vous. Je ne comprends pas pourquoi elle s’est énervée comme ça. “ Je remplis mon verre de tequila, fais de même avec le second avant de boire le mien cul sec.

Je tourne en rond dans mon bureau, je retourne tout dans ma tête en essayant de trouver une solution, quelque chose qui pourrait éviter que ma fille ne m’en veuille pas, ou pas trop longtemps. Je dois la convaincre que je n’étais pas au courant, que… merde, ça sert à quoi de me déculpabiliser comme ça ? Elle a mal, elle a été blessée, et c’est bien ça le pire. J’entends un bruit de débris, la porte de mon bureau étant restée ouverte. Mon coeur se serre et je me laisse à imaginer la scène qui peut bien être en train de se dérouler dans la pièce principale de mon bar. Je déteste cette sensation. Finalement, je choisis d’aller voir, au cas où, et je trouve Marley à quatre pattes en train de ramasser des morceaux de verre. Elle me somme de faire attention et je la laisse terminer avant de la regarder nous servir deux verres, a moins qu’ils ne soient pour elle ? Je soupire un peu, restant immobile. « Je peux les poser sans crainte où tu comptes les balancer comme ta… Rylee ? » Ma fille. Elle peut le dire. « C’est bon. » Je ne vois pas quoi dire de plus que ça, je suis triste, en colère, en colère contre moi mais aussi contre elle. « Désolée… Ca risque d’être plutôt tendu entre vous. Je ne comprends pas pourquoi elle s’est énervée comme ça. » Je lâche un rire nerveux. « Parce qu’elle tient de sa mère, et que j’aurai sans doute réagi de la même manière à sa place. » Je passe une main dans mes cheveux et bois cul sec le verre qu’elle vient de me servir. « Comment tu as pu ne pas te rendre compte qu’elle avait des sentiments pour toi Marley…? » Je la regarde cette fois, plonge mon regard dans le sien en attendant une réponse. « J’ai beau très bien connaître ma fille, elle a son jardin secret, et ses sentiments pour toi, elle m’en a jamais parlé. Mais de toute évidence, c’est le cas. Elle se serait jamais énervée de cette manière sinon. » Je serre un peu les mâchoires. « Dis-moi que tu l’ignorais… » Oui, parce que ça me rassurerait de savoir qu’elle n’a pas joué avec Rylee, passant outre les sentiments de la blonde, en continuant de coucher avec moi. Ce serait malsain, et vraiment moche.

Je ne sais pas ce que je fous ici. Pourquoi je ne suis pas encore partie. Non, en fait je ne peux pas parce qu'il faut que je nettoie. Foutue conscience professionnelle. Mais le bar n'a pas à pâtir de tout ce merdier. " C’est bon. " Bon, déjà elle ne m'obligera pas à nettoyer de nouveau le sol. J'suis pas payée pour passer mes journées à quatre pattes non plus. Je pousse doucement le verre vers elle et attrape le mien pour le boire cul sec. Je ne veux pas me noyer dans l'alcool, je ne veux pas me servir de ce prétexte. Mais là, j'en ai sacrément besoin. Je me confie à Loan, lui expliquant que je ne comprends pas forcément la réaction de Rylee. Qui pourrait m'en blâmer non ? Enfin, c'est ce que je pense mais ça ne semble pas être au goût de tout le monde et certainement pas au goût de la blonde qui me fait face. " Parce qu’elle tient de sa mère, et que j’aurai sans doute réagi de la même manière à sa place. " Bon d'accord, j'ai couché avec la mère de mon amie mais putain j'ai tué personne merde. Mon verre reposé sur le comptoir, je penche la bouteille pour m'en resservir un. Sauf que la voix de Loan me fait dévier de ma trajectoire et l'alcool atterrit sur le comptoir. " Comment tu as pu ne pas te rendre compte qu’elle avait des sentiments pour toi Marley…? " Dans un bruit d'exaspération je redresse la bouteille et attrape une éponge pour nettoyer la connerie que je viens de faire. " Que... " Elle rigole hein pas vrai ? Elle rigole là. " J’ai beau très bien connaître ma fille, elle a son jardin secret, et ses sentiments pour toi, elle m’en a jamais parlé. Mais de toute évidence, c’est le cas. Elle se serait jamais énervée de cette manière sinon. Dis-moi que tu l’ignorais… " En fait je suis définitivement stupide. Moi qui ai fuit Sacramento pour me faciliter la vie, pour ne plus me prendre la tête, pour que tout soit simple, je pense que je me suis fourvoyée. " Mais bien sur que je l'ignorais ! " Ma voix s'emporte et se brise. " Je... Non, elle n'est pas amoureuse de moi, elle a aucun sentiment. " Il se peut que je refuse cette éventualité en fait. " Elle est hétéro Rylee, elle me l'a répété tellement de fois que ça résonne encore dans ma tête. Alors non, c'est pas possible... " Cette fois ci, c'est l'effet inverse. Plus je parle, moins ma voix n'est puissante et s'étouffe dans un murmure. " Je crois que je vais rentrer... Enfin si tu n'as plus besoin de moi. D'ailleurs je comprendrais si tu veux que je parte d'ici... définitivement. " J'ai que ce boulot, je n'ai pas les moyens de payer mon appartement sans mon salaire d'ici. Bien sur je pourrais chercher autre chose mais ce sera compliqué de trouver un équivalent.

Marley n’a pas l’air de comprendre ce que je suis en train de lui dire, comme si elle refoulait la compréhension des sentiments de ma fille envers elle. Personnellement, si j’avais compris plus tôt, il est évident que j’aurai arrêté de coucher avec Marley. Je ne suis pas certaine que j’aurai parlé de tout ça à ma fille, mais de toute manière, la question ne se pose plus désormais. Cependant, je dois en avoir le coeur net, et je me dois de poser la question à mon employée. Je sais qu’elle est jeune, un peu je-m’en-foutiste sur les bords, mais c’est important pour moi de savoir qu’elle n’a pas volontairement choisi de continuer sa petite escapade avec moi dans l’idée de faire du mal à Rylee. « Mais bien sur que je l'ignorais ! » Elle s’énerve, et je ne la lâche pas des yeux, la sondant pour voir ce qui peut bien se passer derrière ses paroles. Elle est nerveuse. Il y a de quoi l’être. « Je... Non, elle n'est pas amoureuse de moi, elle a aucun sentiment. » Je fronce cette fois les sourcils. Ça ne lui suffit pas la scène qui vient de se passer sous nos yeux, les regards aussi tristes que perdus de Rylee face à la situation ? Visiblement, non. « Elle est hétéro Rylee, elle me l'a répété tellement de fois que ça résonne encore dans ma tête. Alors non, c'est pas possible… » Je soupire cette fois d’exaspération. « Arrête de te voiler la face Marley ! C’est ridicule. » Et en plus ça m’agace. Rylee a beau avoir été hétéro jusqu’à maintenant, il se trouve qu’elle est tombée amoureuse d’une fille, ce sont des choses qui arrivent. Mais de toute évidence, pas la bonne vu comme Marley régit. « Je crois que je vais rentrer... Enfin si tu n'as plus besoin de moi. D'ailleurs je comprendrais si tu veux que je parte d'ici... définitivement. » Je soupire légèrement et secoue la tête à la négative. Je suis à fleur de peau, énervée par ce qui vient de se passer, je m’en veux beaucoup et je n’ai pas de raison de lui en mettre plein la gueule, on est deux fautives. « Arrête tes bêtises. » Ma voix est un peu moins agressive qu’un peu plus tôt. « Tu sais très bien que tu peux continuer de bosser ici, enfin si t’en as envie, c’est toi qui décide. Mais si je peux te donner un conseil, essaie de lui parler, ne perds pas trop de temps. » Je vais devoir appliquer ce conseil pour moi-même, avant que ma fille ne me déteste pour le restant de ses jours. Je laisse Marley quitter le bar et je ferme derrière elle. Je n’ai pas envie de rentrer ce soir, je dormirai sur le canapé de mon bureau, ce ne sera pas la première fois de toute manière…