la cité des mâles veille sur le quartier des lunes | losh

Les expressions sur leur visage. Déformées par la soif de savoir qui allait se faire tabasser la gueule sur ce round. Les billets étaient tendues, prêts à être misés. Les traders nourrissaient la foule qui était en délire. Certains étaient des personnes riches, d'autres avaient juste envie de ressentir de l'adrénaline face aux combattants qui ne retenaient pas leur coups dans ce tournois clandestins organisés dans un entrepôt dans le sud de la ville lumière. Le quartier sombre de la cité des Anges accueillait en son sein tout les bagarreurs - que ce soit des femmes ou des hommes - qui ne pouvaient se passer d’exulter leurs rages dans la cage. Il n'y avait pas de règles précises. Il pouvait y avoir des morts parfois. Sans pour autant le vouloir. Ou bien l'arbitre manquait aussi de surveillance. Tant que la foule criait, hurlait pour qu'ils se tapent dessus, c'était l'essentiel. Ambiance particulière pourtant Ash connaissait que trop bien cet endroit. Cela faisait un moment déjà qu'elle côtoyait ce milieu là et elle était une des favorites du public. Celle qui ne lâchait rien. Celle qui démolissait tout le monde avec sa fureur. D'ailleurs, elle était acclamée par l'amas de chair gueulant, jouissant de ce combat qu'ils leur offraient. Ash était face à un homme qui avait deux fois sa taille. A la carrure de Vin Diesel, il était colossal. Il la dominait totalement dans ce premier combat. En apparence. Pourtant, Ash n'abandonnait pas. Là, il venait tout juste de lui envoyer son poing dans la gueule qui la fit tomber en arrière. La faisant saigner du nez. Le colosse essaya de la maintenir au sol pour que l'arbitre puisse faire le décompte. Il n'avait pas été de main morte. Et il avait raison. Ash avait une sacré réputation. Et chaque adversaire qu'elle croisait, elle les mettait tous à terre. Malgré qu'elle soit en difficulté. Le poids qu'elle avait sur elle pesait. Certes. Mais cette boule de haine qu'elle avait en elle et ce qu'elle avait vécu était encore plus lourd que son adversaire. Elle sortit un râle venant de ses tripes, avant que l'arbitre n'arrive à dix. Ses jambes avaient entouré le bassin de la montagne et le regard de Ash le transperça tandis qu'elle lui mit un coup de boule en pleine tête. Le faisant reculer légèrement de son corps. Elle profita de cet instant pour pouvoir le faire pivoter et se mettre au dessus de lui et commença à enchaîner les coups de poings. Gauche, droite. Gauche, droite. Sans s'arrêter. La tête du mastodonte pivotait, suivant le rythme de ses coups qui commençait à être de plus en plus rapide. Tandis qu'elle gueulait en même temps qu'elle continuait sa frénésie. Son regard était complètement noir, fixé sur cette tête où le rouge vint parsemé sa peau qui s'écorchait à force de l'abattre ainsi. Et le public qui adorait ça. Enrageant encore plus la polonaise qui avait complètement oublié qu'il y avait du monde qui les regardait. Non, là, elle voulait le démolir. Rien de plus.

La sonnerie du téléphone s’était mise à retentir dans les locaux de la LAPD et le réceptionniste n’avait pas tardé à prendre l’appel. Un voisin mécontent appelait pour se plaindre du bruit sortant d’un entrepôt désaffecté. Il parlait de combats clandestins, d’une foule en délire et d’une musique mise bien trop forte. Ça avait l’air d’être quelque chose d’assez gros ; en tout cas, un rassemblement suffisamment important pour justifier le déplacement d’un bon nombre d’unités mobiles. Loïs était sortie de la salle de pause en trombe, sentant l’adrénaline se mêler à l’appréhension. Elle venait de prendre son poste après près d’une année à parcourir l’Europe et la reprise était assez difficile. Elle avait peur de mal faire, de rater les choses et de passer à côté de ce métier dont elle avait rêvé si longtemps. Mais il n’y avait pas d’inquiétude à avoir, Elise l’avait suffisamment bien préparée pour que tout se passe au mieux. Alors elle s’était laissée guider jusqu’à l’entrepôt qu’on leur avait désigné, en faisant semblant auprès de son collègue qu’elle était parfaitement à l’aise avec la situation. Les différentes unités parlaient entre elles sur leur fréquence radio cryptée, alors qu’elles approchaient du lieu-dit. Le plan était assez simple : ils allaient s’infiltrer à l’intérieur de la foule en tenue civile afin d’essayer d’attraper les organisateurs et les quelques parieurs clandestins, alors que d’autres attendraient à l’extérieur pour coincer ceux qui chercheraient à s’enfuir. Ce soir-là, le poste de police risquait d’être plein à craquer, avec de nombreuses personnes présentes en garde-à-vue. Alors que le moteur s’arrêtait, Loïs s’extrayait de la voiture pour rejoindre l’entrepôt. La musique, pourtant atténuée, lui paraissait déjà bien trop forte. Alors qu’elle pénétrait à l’intérieur, son corps entier semblait vibrer au rythme de la musique. Et surtout, les éclats de voix résonnaient à ses oreilles comme autant de coups de feu. Si elle n’était pas en service, elle pourrait sans doute adorer ce genre de soirée, mais cette fois-là, elle ne pouvait pas se permettre d’en profiter. Elle adressait à ses collègues un signe de la main avant de partir en direction du ring où deux combattants se rouaient de coups. Elle esquissait une grimace alors que le plus petit combattant se redressait pour donner un grand coup en direction du visage du plus grand. Les yeux de Loïs s’écarquillèrent alors qu’elle reconnaissait le combattant blond. La combattante, en fait. Elle avait admiré cette femme lorsqu’elle regardait ses combats à la télévision, et n’avait jamais cru la voir un jour. Surtout pas dans ce cadre-là, alors qu’elle était censée l’embarquer. Elle n’eut pas le temps d’y réfléchir davantage car déjà, ses collègues faisaient éteindre la musique et annonçaient sur les hauts parleurs que personne ne devait bouger. Sans réfléchir, Loïs s’approcha du ring pour souffler en direction d’Ash : « Par ici. » Elle lui faisait signe de la suivre en s’écartant rapidement du ring, soucieuse de ne pas être vue par ses collègues. Qu’est-ce qu’elle était en train de faire ? Elle aurait dû lui passer les menottes et la convier à faire un tour au poste de police, pas l’attirer au loin. « Grouille. » cria-t-elle par-dessus le vacarme produit par la foule, autant pour Ash que pour elle-même. Il ne fallait pas qu’elle prenne le temps de réfléchir.

Encore et encore. Elle ne s'arrêtait plus. Elle ne voyait même pas que tout autours d'elle ça devenait chaotique. La musique enlevée, une voix transperçant l'air, dans les hauts parleurs, disant que personnes ne devaient bouger. Mais Ash, elle, elle n'entendait plus rien. Tout le monde commençait alors à paniquer. Maintenant ils courraient partout. Et elle, qui était toujours sur son Goliath. Cependant, l'arbitre vint lui prendre le bras, essayant de la défaire de l'emprise qu'elle avait sur son adversaire qui était maintenant inconscient. Vu les nombreux coups qu'il avait reçu sur le visage. Ash tourna son visage plein de rage sur le mec qui vint l'arracher à sa proie. Et enfin elle vit ce qui se passait. C'était le désordre. Des flics qui arrêtaient certains, alors que d'autres essayaient de courir après les fuyards. « Par ici. » Ses pupilles se stoppèrent sur la personne qui venait de lui tendre une main. Elle ne l'avait jamais vu auparavant. Elle n'était pas une parieuse. En tout cas, Ash était assez physionomiste et cette femme n'avait pas l'air de côtoyer ce milieu là. « Grouille. » Ash cligna des yeux et l'arbitre l'avait déjà lâché pour s'enfuir lui aussi. Ash se releva à son tour. Elle était un peu sonnée, ses mains étaient en sang. Il avait la tête dure celui-là ! Même si elle avait gagné, il lui avait quand même laissé des séquelles. L'adrénaline et la volonté de ne plus se laisser faire s'étaient propagés dans son corps. C'était pour ça qu'elle l'avait complètement démoli. Elle rejoignit sans plus tarder la jeune femme, sortant de la cage. La foule était en délire mais l'ambiance était moins festive. A l'aide de l'inconnue, Ash avait pu éviter les flics habillés en civil qui avaient d'autres chats à fouetter. Et les deux femmes se retrouvèrent bien vite dehors, dans une rue pas très loin de l'entrepôt mais assez pour que personne puisse les rechercher. Pour l'instant. Ash s'assit sur le sol, haletante. Bordel ! C'était la première fois que ça lui arrivait ça. D'habitude les organisateurs des combats clandestins étaient tout de même assez discrets mais là, fallait croire que leur niveau de sécurité était complètement nulle. Ses pupilles se relevèrent sur la jeune femme et elle vit sa plaque qui était sur sa ceinture. Visible maintenant puisque Ash daigna enfin scruter qui était celle qui l'avait aidé à sortir de cette merde. Le silence s'était installé tandis que les gyrophares des flics sonnaient dans le quartier. Elle s'adossa contre la paroi du mur tout en regardant l'inconnue. « Pourquoi tu m'as aidé ? » lui lança-t-elle maintenant qu'elle savait qu'elle faisait partie des flics en civil.

Elle avait le palpitant qui battait de plus en plus vite dans le creux de sa poitrine. Ses oreilles étaient soumises à un affreux bourdonnement alors qu’elle courrait dans les couloirs du bâtiment désaffecté, entrainant Ash derrière elle. C’était l’adrénaline qui guidait ses pas. La raison s’était fait la malle il y a un moment, la laissant complètement désemparée. Loïs elle-même ne comprenait pas ce qu’elle faisait, ce à quoi elle jouait. Et seule la morsure de l’air extérieur venant effleurer son visage, parvint à la calmer quelque peu. Elle se tournait enfin vers la combattante, découvrant ses traits pour la première fois. Auparavant, elle ne l’avait vue qu’à la télévision. Ou là, il y a quelques minutes, le regard empli de haine alors qu’elle assenait d’innombrables coups à son adversaire. Mais là, assise sur le sol, la déesse guerrière reprenait une consistance humaine. En un sens, c’était encore bien plus impressionnant pour Loïs, qui peinait à ne pas détourner le regard. Elle était lieutenant de police et elle ne pouvait pas laisser ses passions prendre le dessus. Il était hors de question de passer pour une adolescente à deux doigts de perdre connaissance face à son idole de toujours. Même si c’était tentant de se laisser aller. « Pourquoi tu m'as aidé ? » La question était sortie d’un seul coup et Loïs ne l’avait pas vue venir. Pourquoi demandait-elle ça ? Il y avait des tas de gens présents dans la salle. Des parieurs, des supporters, des grosses semelles de la finance, qui n’avaient d’yeux que pour elle et se seraient fait un plaisir de la sortir de ce pétrin. Elle-même pouvait tout bien faire partie de cette masse là. Mais non. Elle intercepta le regard d’Ash accroché à sa ceinture, à l’endroit où elle accrochait fièrement son badge chaque fois qu’il lui fallait prendre son service. « Qui te dit que je t’ai aidée ? Peut-être que je t’ai entrainée là en sachant très bien que toute une équipe attendait pour t’encercler. » Elle haussait les épaules, cherchant à prendre un air désinvolte même si ses doigts venaient triturer malgré elle l’arme qu’elle portait à la ceinture. Pas qu’elle comptait sans servir, mais elle avait déjà vu Ash lorsqu’elle était déchainée, savait de quoi elle était capable. Alors se tenir là, debout face à elle, en faisant semblant de la menacer, ce n’était clairement pas la meilleure idée de l’année. « En vrai c’était totalement intéressé. Je regarde tes combats depuis des années à la télé. Si mes collègues t’embarquaient, c’était la fin de mon programme préféré. » Elle haussait les épaules avant d’écarter la main de son arme. « Mais j’espère que ça va rester entre nous. Je risque mon job bêtement juste pour sauver le tien. » Loïs vrilla alors son regard dans celui d’Ash, tentant de faire passer dans ce contact visuel tout ce qu’elle attendait d’elle. Normalement, c’était donnant-donnant. Si elle l’avait aidée, elle attendait de la combattante qu’elle en fasse de même. Mais au final, elle ne pouvait pas réellement attendre grand-chose d’elle. Ce qu’elle avait fait n’avait rien de normal. Elle était une mauvaise flic pour avoir agit ainsi, et cette constatation la meurtrissait bien plus qu’elle ne voulait bien se l’admettre.

Pourquoi un flic se risquerait de l’aider ? Alors que tous ses collègues étaient en train d’arrêter les personnes qui participaient à ce combat illégal. Les parieurs, les organisateurs – du moins ceux qui n’avaient pas eu le temps de prendre la poudre escampette, Red, lui devait déjà être loin vu que c’est le leader de l’organisation il avait du être protégé par ses subordonnés -  même les gens du public. Alors pourquoi ce flic là l’avait aidé ? Assise par terre, son regard scruta la jeune femme, lui demandant franchement la raison de sa main tendue. « Qui te dit que je t’ai aidée ? Peut-être que je t’ai entraînée là en sachant très bien que toute une équipe attendait pour t’encercler. » Oui c’était possible. Mais illogique. Pour Ash du moins. Elle ne répondit pas, gardant toujours ses pupilles fixées sur elle. Remarquant qu’une des mains de l’inconnue vint trouver refuge sur la manche de son arme. Avait-elle peur ? Ash se décida à se lever enfin. Après qu’elle ait repris sa respiration normale. « En vrai c’était totalement intéressé. Je regarde tes combats depuis des années à la télé. Si mes collègues t’embarquaient, c’était la fin de mon programme préféré. » La polonaise sourcilla. Elle avait fait ça juste parce qu’elle n’allait plus la voir à la télé ?! Un sourire en coin vint apparaître sur ses lèvres tandis qu’elle leva une de ses mains pour se poser sur son front, cachant la moitié de son visage. C’était pas vrai. Juste pour ça ?! « Mais j’espère que ça va rester entre nous. Je risque mon job bêtement juste pour sauver le tien. » Elle releva le regard vers elle qui l’avait ancré dans le sien. Ash s’approcha d’elle, assez pour la faire reculer contre le mur derrière elle. Posant une main contre celui-ci, proche du visage de la flic. « Alors qu’est-ce que tu veux ? Tu veux que je te baise là maintenant ? C’est ça ? Pour te remercier de m’avoir sorti d’affaire ? C’est ça ? » Dans son iris sa haine s’y reflétait. « Tu as préféré me sauver que faire ton boulot ! Alors c’est parce que t’attend quelque chose ! » son autre main vint se positionner sur le mur aussi. Encerclant la jeune femme. Elle ne comprenait pas pourquoi elle avait fait ça ! Et l’excuse de l’émission c’était vraiment… n’importe quoi ! Alors du coup, Ash la provoquait. De toute façon, de nombreuses fans seraient prêtes à tout pour l’avoir dans leur lit. C’était peut-être pour ça qu’elle l’avait fait. C’était… c’était complètement n’importe quoi. « Dis moi comment tu veux que je te baise. Vas y je suis toute ouïe ! » lui cracha-t-elle avec hargne.

D’abord sur la défensive, Loïs se rendit compte que son comportement était ridicule. Autant dire la vérité avant qu’Ash ne se sente menacée. La free fighteuse n’avait pas tellement l’air d’être patiente et la lieutenante de police n’avait pas très envie de la laisser expérimenter ses techniques de combat contre elle. Alors quand elle vit la blonde se redresser, elle lui confessa les véritables raisons de ses agissements. Il y avait cette émission qu’elle regardait depuis des années et dans laquelle Ash apparaissait sans cesse. Loïs adorait la supporter derrière son écran. Mais lorsqu’elle vit le regard de la combattante remonter à la rencontre du sien, elle comprit que ce n’était pas la bonne chose à dire. Ash s’approchait d’elle comme un fauve prêt à se jeter sur sa proie. Malgré elle, la Garcia reculait, ses pieds se mouvant sans qu’elle n’ait l’impression de contrôler quoi que ce soit. Elle se retrouvait coincée contre le mur et la combattante ne tarda pas à poser une main sur les briques, son visage à quelques centimètres de celui de Loïs. « Alors qu’est-ce que tu veux ? Tu veux que je te baise là maintenant ? C’est ça ? Pour te remercier de m’avoir sorti d’affaire ? C’est ça ? » Sa voix était dure. Mais son regard était pire encore. Il transpirait de haine. « Tu as préféré me sauver que faire ton boulot ! Alors c’est parce que t’attend quelque chose ! » Elle accompagnait ses paroles d’un nouveau mouvement, venant plaquer sa deuxième main sur le mur. Ainsi, Loïs se sentait prise au piège, enfermée par la rage que laissait transparaître Ash. « Mais non, pas du tout. Arrête ! » La free fighteuse n’avait cure de ce que pouvait bien lui dire la lieutenante. Animée par la colère, elle semblait vouloir en découdre. Et Loïs savait bien qu’elle ne ferait jamais le poids face à elle. Elle déglutit avec difficulté, regrettant presque de ne pas avoir monté un véritable guet apens pour la coincer. « Dis moi comment tu veux que je te baise. Vas y je suis toute ouïe ! » lui cracha-t-elle au visage. Le cœur de Loïs s’emballait. Pas parce que cela l’excitait, loin de là. Parce qu’elle avait peur. Elle était même complètement terrifiée et avait conscience que ça se voyait dans son regard. Mais elle ne parvenait pas à dompter sa peur. « Je t’ai dit que je ne voulais rien de toi ! J’ai agi sans réfléchir, c’est tout. » se défendit-elle. Mais elle avait l’impression que cela ne changeait pas grand-chose. Ash n’y croyait pas. Fort heureusement, Loïs disposait encore de sa liberté de mouvement. Alors que sa main effleurait son arme, elle eut une idée. D’un mouvement, elle sortit son pistolet pour coller le canon de son arme contre le flan de la blonde. « Recule ! Recule putain ! Ou je tire. » qu’elle lui hurlait, à quelques centimètres du visage. Son arme était trop mal placée pour tuer la free fighteuse, mais à cet endroit, elle pouvait tout de même lui causer de graves blessures. Ce n’était pas du tout son intention, mais elle ne savait pas à quelle sauce la combattante avait prévu de la manger. « Je ne vais pas hésiter une seule seconde à le faire. Il n’y aura pas d’autre avertissement Ash. » Bordel. Elle n’en revenait pas. Elle rencontrait pour la première fois sa combattante préférée, et voilà qu’elle menaçait de lui tirer dessus au bout de quelques minutes à peine. C’était irréel.

Ash n’en croyait pas de ses oreilles. Elle était venue l’aider juste parce qu’elle était fan d’elle. Alors du coup, la polonaise n’hésita pas une seule seconde à la provoquer. C’était une grosse blague ! Vraiment ! De sa bouche sortait tout un tas de mots qui pouvait brusquer la flic et c’était totalement son attention. Elle la coinça contre le mur, les mains plaquées dessus, la femme de la force de l’ordre ne pouvait en aucun trouver une quelconque issue. Ash la tenait et crachait encore tout la rage qu’elle avait en elle alors que la brune lui rétorquait encore à nouveau que ce n’était pas du tout ça. Qu’elle n’avait pas du tout l’intention de vouloir quoi que ce soit d’elle. Mais Ash ne la croyait toujours pas. Ce n’était pas possible de faire une connerie pareille juste parce qu’elle adorait la supporter derrière son écran ! Oh bien sûr elle pouvait lui dire merci parce que si elle n’avait pas été là, Ash n’aurait peut-être plus de carrière après cette nuit là. Cependant, son esprit était complètement possédée par la colère. Alors que sa raison essayait tant bien que mal de revenir prendre le contrôle. Sans succès puisque la blonde lui lança encore sa haine en pleine gueule, lui demandant comment elle voulait qu’elle la baise. Son iris planté dans le sien, elle devina alors la panique qui se lisait dans ses pupilles ébènes. Ash fronça les sourcils. « Je t’ai dit que je ne voulais rien de toi ! J’ai agi sans réfléchir, c’est tout. » Non, ce n’était pas possible. « ARRÊTE DE TE FOUTRE DE MA GUEULE ! » son ton de voix était cru. Pourquoi elle n’admettait pas qu’elle attendait quelque chose dans le fond ! C’était vraiment n’importe quoi de risquer sa carrière de flic en la sauvant ainsi !! En faite, elle ne pensait pas que des personnes pouvaient faire ce genre de chose juste par pure gentillesse, compassion ou encore juste parce qu’on l’adorait pour son profil de combattante dans le milieu professionnel. Dans ce monde, il y avait toujours quelque chose que l’on attendait en retour. Elle en était persuadée. La noirceur dans son coeur l’envahissait depuis des années et la lumière peinait à filtrer à l’intérieur. Soudain, elle sentit la froideur du canon de l’arme de la flic rencontrer la peau de son flanc. « Recule ! Recule putain ! Ou je tire. » Son regard océan était toujours ancré dans le sien. Elle était en train d’agir à son tour. La combativité animée par la peur avait soudainement surgit en elle. Ash le voyait. A quelques centimètres de son visage. L’instinct de survie était là. « Je ne vais pas hésiter une seule seconde à le faire. Il n’y aura pas d’autre avertissement Ash. » La main de Ash se posa sur son bras et elle positionna le canon au niveau de sa poitrine. Visant le coeur. Et elle lâcha son bras. « Si tu veux que je ne me batte plus, c’est là qu’il faut tirer. » dit-elle, son ton s’était apaisée étonnement. Même si la frayeur se lisait dans son regard, Ash connaissait trop bien cette sensation de ne plus savoir quoi faire et de n’avoir plus d’autres choix que d’essayer de survivre. Elle savait que si elle faisait un geste trop agressif à nouveau, la flic allait tirer. « Tu as vraiment fait ça sans réfléchir ? C’est vraiment con. » souffla-t-elle mais elle n’avait toujours pas reculé. Non, elle ne reculera pas même devant un flingue.

Son souffle court trahissait sa peur, même si sa voix était ferme. Ses phalanges se serraient de plus en plus autour de la crosse de son pistolet alors qu’elle pointait le canon sur Ash. Le tout était de montrer qu’elle n’était pas intimidée, de prouver à la combattante qu’elle ne reculerait pas s’il lui fallait prendre le parti de tirer. Loïs ne voulait pas en arriver là. C’était sa première véritable mission depuis qu’elle avait pris possession de son poste de lieutenante de police et elle n’avait encore jamais tiré sur personne. Elle n’espérait pas avoir à commencer dès sa première sortie. S’il était si fréquent d’avoir à user de son arme, alors peut-être que ce métier n’était pas fait pour elle. Et pourtant, Ash l’incitait presque à tirer. Elle s’était saisie de la main de Loïs et la Garcia n’avait pas pu s’empêcher de frissonner à son contact, complètement impressionnée par la situation qu’elle était en train de vivre. La combattante l’avait amenée à positionner le pistolet de sorte à ce que le canon soit pointé sur sa poitrine. « Si tu veux que je ne me batte plus, c’est là qu’il faut tirer. » Effectivement, ce serait plutôt efficace. Loïs déglutissait alors que son regard passait de son pistolet au visage d’Ash. La blonde s’était soudainement calmée même si la peur se lisait dans son regard. L’arme tremblait dans la main de Loïs et elle fut obligée de l’appuyer contre le buste de la combattante pour ne pas perdre pied. Le canon était en contact direct avec sa potentielle première victime. « Tu as vraiment fait ça sans réfléchir ? C’est vraiment con. » ajouta Ash dans un souffle. Loïs se mordit la lèvre inférieure. Son interlocutrice marquait un point. « Je confirme que c’est vraiment con. Parce que oui, je maintiens que c’est juste l’ado à l’intérieur de moi qui a agit. Pas la flic. » Cette même adolescente qui pouvait passer des journées entières, postée devant son poste de télévision, à regarder les rediffusions des différents combats où Ash était bien trop souvent la vedette. En venir aux mains avec elle, c’était irréel. Lui tirer dessus, ce serait signer la fin d’une époque. Et Loïs n’était clairement pas prête pour ça. « Je n’ai vraiment pas envie de te tirer dessus. » finit par soupirer la lieutenante avant de baisser son arme, la remettant bien en sécurité dans son fourreau. A nouveau, elle se retrouvait à la merci d’Ash. La blonde pouvait la briser en deux en quelques secondes pour se venger d’avoir ainsi été menacée. « C’est la deuxième fois que je te sauve la mise dans la même soirée on dirait. Tu attends peut-être que je le fasse une troisième fois avant de me laisser partir ? Je ne pensais pas que c’était ton genre de jouer les princesses en détresse. » Loïs tentait de paraître sûre d’elle. Elle commençait à comprendre comment pouvait bien fonctionner Ash, mais elle n’était clairement pas psychologue et ne mettrait pas sa main à couper qu’il s’agissait là de la bonne marche à suivre.

Son arme était maintenant contre son cœur. Si elle faisait ne serait-ce qu’un geste brusque, la flic pouvait très bien tirer. Et peut-être en venir à bout de toute cette haine qui avait flétri son organe vitale. Le laissant presque inerte, ne laissant rien rentrer. Personne. Ses pupilles de la couleur du ciel ancrées dans son regard, elle ne reculait pas mais la flic semblait ne pas vouloir baisser les bras non plus même si Ash devinait encore la peur dans son iris. C’était vraiment trop con de faire ça juste parce qu’elle était fan d’elle… « Je confirme que c’est vraiment con. Parce que oui, je maintiens que c’est juste l’ado à l’intérieur de moi qui a agit. Pas la flic. » puis elle sentit le poids du canon de son arme délester sa poitrail. D’un sens même si elle était prête peut-être à ce que la flic tire, un certain soulagement envahissait son corps.   « Je n’ai vraiment pas envie de te tirer dessus. » le regard de la polonaise suivit la main de la jeune femme qui rangea son arme mortelle et remonta à nouveau vers ses yeux ébènes.   « C’est la deuxième fois que je te sauve la mise dans la même soirée on dirait. Tu attends peut-être que je le fasse une troisième fois avant de me laisser partir ? Je ne pensais pas que c’était ton genre de jouer les princesses en détresse. » non mais qu’est-ce qu’elle faisait là ?! Ash fronça les sourcils. « Je ne t’ai pas demandé de me sauver ! Et arrête de jouer la dure ! Parce que tu crois que de pointer ton arme sur moi me fait quelque chose ?! » une de ses mains frappa le mur. Ouais elle s’était calmée… Mais pourquoi elle lui disait ça aussi ! « Non mais j’hallucine ! Ça se voit à dix milles que t’es à la limite de te pisser dessus !!! » cracha-t-elle, haletante à nouveau. Puis son buste se recula. Et sa tête se tourna. « Tss. Franchement ce qu’il ne faut pas entendre des fois. » elle se recula, la proximité l’étouffait. Surtout que maintenant, elle savait pourquoi elle avait réellement tendu sa main. Elle ne voulait rien d’elle. C’était bien la première fois ça. « T’attend peut-être des remerciements mais je ne vais pas te remercier d’avoir risqué ta carrière. » dit-elle d’un ton neutre. C’était vraiment con même si au fond elle était reconnaissante qu’elle l’ait fait. Elle ne le dira jamais. Trop de fierté.

Elle la provoquait. C’était complètement stupide. Mais quelque part, Loïs avait compris que c’était ainsi que fonctionnait Ash, que c’était la bonne marche à suivre pour qu’elle comprenne que la lieutenante de police n’était pas effrayée. Pourtant, à l’intérieur, elle était morte de peur. Elle l’avait vue se battre un nombre incalculable de fois sur son écran de télévision et savait de quoi elle était capable. Elle n’avait pas besoin d’une illustration pour comprendre à quel point elle pouvait être dangereuse. Mais la technique semblait fonctionner, au moins un peu. « Je ne t’ai pas demandé de me sauver ! Et arrête de jouer la dure ! Parce que tu crois que de pointer ton arme sur moi me fait quelque chose ?! » Ash venait frapper son poing contre le mur, juste à côté du visage de Loïs. La Garcia restait de marbre, ne clignait même pas des yeux. Pourtant, à l’intérieur, elle se sentait complètement défaite. Elle restait pourtant persuadée qu’il ne fallait montrer aucun signe de faiblesse, même si elle pouvait avoir tort. « Non mais j’hallucine ! Ça se voit à dix milles que t’es à la limite de te pisser dessus !!! » Touchée. Pourtant, Loïs ne bougea pas. Et ce fut Ash qui finit par se reculer, tourner la tête.  « Tss. Franchement ce qu’il ne faut pas entendre des fois. » Cette fois, la combattante se reculait complètement, laissant à la lieutenante de police le loisir de respirer. Et elle ne s’en fit pas prier. Laissant un soupir s’échapper d’entre ses lèvres, elle avait vraiment l’impression de se remettre à respirer après de longues minutes passées en apnée. « T’attend peut-être des remerciements mais je ne vais pas te remercier d’avoir risqué ta carrière. » Loïs se décollait du mur, venant épousseter ses vêtements et réajuster sa ceinture, sur laquelle son insigne était toujours fièrement accroché. Stupide truc qui avait sans doute attisé la colère d’Ash. « J’attends rien du tout. Ce matin, en me levant, je ne savais même pas que j’allais te rencontrer pour la première fois. Et je t’avoue que je ne m’attendais pas à ce genre de première rencontre. » Elle tirait sur les manches de sa chemise, tentant d’en enlever les plis. Elle était bien froissée. Ses collègues allaient remarquer tout de suite qu’elle avait eu une altercation. « Je m’imaginais plutôt le truc un peu bateau. Sortie de ring, une photo tendue pour avoir un autographe à accrocher dans un coin de ma chambre. Le truc à regarder avant de m’endormir en me disant que c’était le plus beau jour de ma vie. Une connerie comme ça. » Loïs relevait la tête en direction d’Ash et elle ne put s’empêcher de rire en imaginant sa réaction. C’était plus fort qu’elle, c’était complètement nerveux. « Mais me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. Cette rencontre là sera cent fois mieux à raconter à mes futurs gosses. Enfin, faut encore qu’on se sorte complètement de là pour en garder un souvenir positif. » Parce que même si elle trouvait son travail stressant, Loïs ne pouvait s’empêcher d’angoisser à l’idée de perdre son poste. Après tout, elle s’était battue pour l’avoir, ce n’était pas pour tout foutre en l’air quelques mois après avoir enfin pris ses fonctions – même si elle ne regrettait pas d’avoir aider Ash. Il fallait tout de même qu’elles s’éloignent de là avant que l’un des collègues de Loïs ne débarque et décide d’emmener la combattante au poste, avant de révéler la complicité de la lieutenante à leur supérieur.

Non, elle n’allait pas la remercier. Alors qu’elle pourrait. Un ‘merci’ c’était quoi ? Juste un petit mot qui ne demandait pas beaucoup d’efforts à sortir. Ce n’était pas comme si c’était une longue phrase à n’en plus finir. Non, juste cinq lettres à sortir. Et pourtant la polonaise n’allait pas le faire. Non, elle ne cautionnait pas le fait que la flic aurait pu perdre son boulot parce qu’elle avait sauvé ses miches. Ça aurait été de sa faute si ça avait été le cas et ça, elle ne pouvait l’accepter. C’était en faite ça la vraie raison de sa colère. Elle ne voulait pas être celle qui aurait pu compromettre un avenir certain. A une personne qui faisait tout son possible pour essayer de faire tourner ce monde dans le bon sens. Enfin, essayait puisque Ash n’était pas non plus dupe, elle savait qu’il y avait des pourris dans ce genre de métier aussi. Mais celle là qui était face à elle semblait avoir un bon fond. Ash s’en était rendue compte après s’être déchargée sur elle avec son franc parlé et son attitude menaçante. Néanmoins, elle n’allait toujours pas la remercier. « J’attends rien du tout. Ce matin, en me levant, je ne savais même pas que j’allais te rencontrer pour la première fois. Et je t’avoue que je ne m’attendais pas à ce genre de première rencontre. » Ash tourna sa tête à nouveau vers elle, posant son regard sur le sien. Elle en n’avait rien à foutre que les gens soient déçues lorsqu’ils la rencontraient. Elle ne cachait pas sa combativité à ses fans. Ils savaient que ce qu’elle reflétait dans ses combats était la personne qui était face à eux. Elle n’allait pas changer car elle ne cherchait pas être adulée. « Je m’imaginais plutôt le truc un peu bateau. Sortie de ring, une photo tendue pour avoir un autographe à accrocher dans un coin de ma chambre. Le truc à regarder avant de m’endormir en me disant que c’était le plus beau jour de ma vie. Une connerie comme ça. » sérieux ? Même lorsqu’elle sortait du ring, Ash ne faisait pas ce genre de chose. Elle avait une réputation de dure à cuir qui ne s’attardait pas sur ce genre de futilité. Cependant, elle avait quand même énormément de fans malgré tout et les séances d’autographes, elle le faisait lors des rencontres officiels mais ça, c’était parce qu’elle était obligée. Pour sa carrière du moins.   « Mais me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. Cette rencontre là sera cent fois mieux à raconter à mes futurs gosses. Enfin, faut encore qu’on se sorte complètement de là pour en garder un souvenir positif. » elle était drôle cette flic. Elle continuait dans sa connerie au lieu de la laisser là en plan. Une main se posa sur son visage en secouant la tête, baragouinant quelque chose en polonais puis soupira et posa à nouveau ses pupilles sur les siennes. « Tu vis vraiment dans un monde de bisounours ma parole. Et je ne suis pas la parfaite sportive qui fait des sourires à tout bout de champs devant un appareil photo aux personnes qui viennent me voir. Fallait le savoir si t’étais vraiment une fan. » elle inspira puis regarda vers la rue où les lumières des gyrophares claquaient contre les murs des bâtisses environnantes. Il y avait encore des cris qui venaient de l’entrepôt, des flics mais aussi des gens qui voulaient s’enfuir. « Ouais vaut mieux se barrer si tu veux encore avoir la chance de tout raconter à tes futurs gosses. » elle entendit des pas venant vers elles et d’instinct, Ash prit la main de la flic pour décamper un peu plus loin dans la ruelle et tourner vers une autre allée étroite qui était dans l’obscurité. Elle plaqua la flic contre le mur et se rapprocha pour se confondre à elle et ne bougea plus tandis qu’un spectateur fit son apparition sur le chemin et disparut en allant tout droit, suivi par deux flics qui lui courraient après. Ash tourna sa tête vers la voie, essayant d’écouter s’il y en avait d’autre derrière, restant toujours à proximité de la flic. « C’était moins une. » souffla-t-elle. Heureusement que le mec n'avait pas décidé de tourner dans la même ruelle qu'elle - de toute façon c'était une impasse - et qu'il avait été tout droit. Sinon là, ça aurait été merdique pour elles.

Au fur et à mesure que les secondes passaient, Loïs avait de plus en plus la sensation de comprendre comment Ash pouvait bien fonctionner. Elle la taquinait alors sans retenue, se foutant même ouvertement d’elle. Elle savait que la combattante n’était pas du genre à prendre la pause à côté de ses fans en sortant du ring, à adresser des sourires gentils en signant quelques autographes… Mais c’était amusant de prétendre le contraire. C’était pourtant comme jouer avec le feu et Loïs savait que la réaction d’Ash pouvait être à la hauteur de ses paroles. En un rien de temps, elle pouvait la clouer au sol et la rouer de coups. Puisque Loïs avait rangé son arme, elle n’aurait même pas le temps de la sortir à nouveau avant de perdre connaissance sous les poings de la combattante. Heureusement, Ash semblait quelque peu plus calme, même si elle venait plaquer ses mains sur son visage, grommelant des paroles en une langue que Loïs ne comprenait pas. Quelque chose d’Europe de l’Est, sans doute. Mais ça lui importait peu. Elle la fixait, attendant sa réaction. Sur ses gardes tout en étant plus détendue qu’auparavant. Après tout, il n’y avait plus grand-chose à craindre. C’était comme si elles venaient de lier un pacte, à leur façon. « Tu vis vraiment dans un monde de bisounours ma parole. Et je ne suis pas la parfaite sportive qui fait des sourires à tout bout de champs devant un appareil photo aux personnes qui viennent me voir. Fallait le savoir si t’étais vraiment une fan. » Loïs esquissait un sourire qu’elle s’empressa de venir cacher derrière sa main, accompagnant son geste d’une fausse toux. Elle ne voulait pas que la combattante pense qu’elle se foutait d’elle. Ce n’était pas le cas. Elle trouvait simplement adorable la façon qu’elle avait de se défendre. « T’en fais pas, je me doutais que t’étais du genre à vendre tes propres autographes sur ebay à un prix exorbitant, juste pour te faire de la thune. » commentait Loïs. Dernier essai de taquinerie qu’elle se permettait avant de passer une main sur son visage, tentant de retrouver ses esprits. Elles n’étaient pas encore sorties d’affaires et il n’était pas temps de divaguer. Ses collègues devaient encore être en train de quadriller la zone, à la recherche des dernières personnes n’ayant pas eu l’intelligence de réellement se faire la malle. Et lorsqu’ils auraient fini, ils allaient se mettre à chercher après elle, leur lieutenante disparue. Ce qui n’augurait rien de bon. « Ouais vaut mieux se barrer si tu veux encore avoir la chance de tout raconter à tes futurs gosses. » finit par lâcher Ash, en référence aux paroles que Loïs avait pu avoir. La lieutenante de police aurait bien pu prendre le temps de lui sourire si des bruits de pas ne s’étaient pas fait entendre au bout de la ruelle. C’était clairement le signe qu’il était de fuir. Ash l’avait également compris, puisqu’elle ne tarda pas à lui agripper la main pour l’entrainer plus loin, dans un lieu un peu plus obscur. Plus adéquat pour passer inaperçu. En un instant, Loïs se trouva plaquée contre le mur tandis qu’Ash collait son corps contre le sien. Elle faillit protester mais de nouveaux bruits lui intimèrent de s’abstenir. Un homme fit son apparition sur la route, courant sans se soucier des zones d’ombre ou de lumière, passant devant leur ruelle sans s’y arrêter. Erreur stupide. Deux agents que Loïs connaissait bien firent leur apparition à sa suite, et le poursuivirent jusqu’à disparaître de son champ de vision. Alors qu’elle ne le voyait plus, ni ne les entendait, elle se rendit compte qu’elle s’était mise à retenir sa respiration. Comme si cela pouvait changer quelque chose. Comme si elle-même était une criminelle en fuite. Son regard se porta sur Ash, qui vérifiait, la tête tournée vers le bord de la ruelle, que personne d’autre n’allait apparaître.  « C’était moins une. » finit-elle par souffler. « J’ai failli croire que tu venais te coller à moi pour me faire des avances, parce que t’étais déçue que j’essaye pas de te mettre dans mon lit tout à l’heure. » lui glissa Loïs. Sans doute pour détendre l’atmosphère, puis pour se détendre elle-même. Mais aussi pour signifier à Ash qu’elle se trouvait un peu trop près à son goût. Se détachant de la combattante, elle s’épousseta finalement. « Mais merci. » Elle avait dit ça sans la regarder. Parce que c’était tout simplement plus facile ainsi. Loïs poussa un soupir avant de redresser la tête, vrillant ses prunelles à l’endroit où elle devinait le regard d’Ash. « Ceci étant dit, j’ai une idée pour nous sortir d’affaire. Le meilleur moyen de ne pas se faire prendre, c’est de ne pas avoir l’air coupable. » En tout cas, de son côté, elle ne chercherait jamais à arrêter quelqu’un ayant l’air parfaitement innocent, au milieu d’une foule de coupables. C’était mieux de s’occuper des gros poissons, pour la prime, en tout cas. Et elle imaginait sans mal que ses collègues se trouvaient dans la même position qu’elle. « Tiens, prends ça. Enfin, enfile-le je veux dire. » glissa-t-elle à Ash alors qu’elle lui tendait sa veste d’uniforme, qu’elle venait de retirer. « Ah et pour les cheveux… » Elle réfléchit quelques instants, avant de se souvenir de la casquette qu’elle avait accrochée à sa ceinture pour se fondre dans la foule. Un couvre-chef fournit par la police elle-même, ça pouvait être une bonne option pour passer inaperçues, non ? Elle décrocha la casquette de sa ceinture pour venir la positionner d’elle-même sur la tête d’Ash. « Parfait. Comme ça, tu devrais passer incognito. Allez, suis-moi. » Ses doigts vinrent effleurer ceux de la combattante, exerçant une légère pression pour lui intimer de la suivre, tandis qu’elle sortait de la ruelle. Sa tête était connue, si Ash la suivait avec un semblant d’uniforme, cela devrait suffire à ce qu’elle n’attire pas trop l’attention. « On va récupérer une voiture. Après quoi, j’aurais juste à te déposer plus loin et tu seras de nouveau libre. » C’était risqué, mais le jeu en valait probablement la chandelle. Se saisissant de son talkie walkie, Loïs en activa de nouveau le son, avant de presser le bouton pour parler. « A toutes les unités, ici la lieutenante Garcia. Je m’apprête à prendre un véhicule pour entamer une poursuite. Un agent est avec moi. Terminé. » Elle coupa la communication avant de remettre le talkie walkie à sa ceinture. Les voitures se trouvaient à deux rues de là. La sienne, particulièrement. Il leur suffisait de grimper à l’intérieur.

Elle la regarda sourire masquant ça dans sa main, en plus elle faisait mine de tousser. Après lui avoir dit qu’effectivement elle n’était pas du genre à faire la pose avec les fans en sortant du ring. Elle se foutait de sa gueule ou quoi ? Du coup, l’expression sur son visage retrouva sa rudesse. « T’en fais pas, je me doutais que t’étais du genre à vendre tes propres autographes sur ebay à un prix exorbitant, juste pour te faire de la thune. » elle serra la mâchoire. Et en plus la flic se permettait de la taquiner. Mais là, Ash n’était pas réceptive. Et puis de toute façon elle ne rigolait pas avec les gens qu’elle ne connaissait pas. Pour percer cette carapace qu’elle avait, il en fallait. Il n’y avait que Dani qui avait réussi et Shane parfois quand elle le voulait. Ça l’énervait qu’elle la taquine comme ça, comme si elles avaient élevées les cochons ensembles. Ok elle lui avait sauvé la mise mais fallait pas non plus qu’elle s’attende à ce que la polonaise soit hyper sympa avec elle. D’ailleurs elle allait rétorquer encore une fois, histoire de continuer ce jeu de ping pong mais en fait les cris venant de l’entrepôt l’avaient alerté. Il valait mieux partir d’ici. Elles étaient encore trop vulnérables là où elles étaient. Du coup elle l’entraîna dans une ruelle plus sombre. Elle la plaqua. Se colla à elle pour dissimuler leur silhouette dans l’obscurité afin de ne pas se faire voir par le mec qui se faisait courser par deux flics. « J’ai failli croire que tu venais te coller à moi pour me faire des avances, parce que t’étais déçue que j’essaye pas de te mettre dans mon lit tout à l’heure. » la polonaise tourna son regard vers elle. C’était vrai qu’elle était quand même proche d’elle. « Tss. Comme si tu m’intéressais dans un moment pareil. » rétorqua-t-elle avec son accent polonais, avant que la flic finisse par se détacher d’elle. « Mais merci. » un haussement de sourcil vint apparaître sur son front. Là, c’était elle cette fois-ci qui leur avait sauvé les miches. « Ceci étant dit, j’ai une idée pour nous sortir d’affaire. Le meilleur moyen de ne pas se faire prendre, c’est de ne pas avoir l’air coupable. » ah ? Elle était quand même curieuse de connaître quelle issue y avait dans cette situation. « Tiens, prends ça. Enfin, enfile-le je veux dire. Ah et pour les cheveux…» son iris la scruta en train de retirer sa veste de flic et lui tendre ainsi que la casquette. Ah d’accord. Elle était vraiment pas comme tout les flics celle-là. Ash enfila la veste et mit la casquette sur sa tête « Parfait. Comme ça, tu devrais passer incognito. Allez, suis-moi. » « Tu te rends compte que tu t’enfonces encore plus dans ta connerie ? Enfin bon. » mais elle était quand même reconnaissante. Bon, elle n’allait pas le dire. Non, elle, elle préférait envoyer des piques. Mais finalement, elle la suivait quand même dans sa connerie. De toute façon, elle n’avait pas trop le choix. En deux deux elle se ferait prendre toute seule vu que la police avait tout encerclé dans les environs. Ajustant sa visière, elle emboîta le pas de la jeune femme « On va récupérer une voiture. Après quoi, j’aurais juste à te déposer plus loin et tu seras de nouveau libre. » comme si c’était chose aisée en disant ça comme ça. « Ouais, je te guiderais vers ma moto que j’ai garé à l’écart de l’entrepôt. » elles se montrèrent enfin à la vue de tous. Les regards des flics qui étaient dans le coin se posèrent sur elles d’ailleurs. Ash baissa légèrement la tête pour ne pas être repérée. « A toutes les unités, ici la lieutenante Garcia. Je m’apprête à prendre un véhicule pour entamer une poursuite. Un agent est avec moi. Terminé. » Garcia ? Ash releva sa tête subitement, regardant la flic de dos. Garcia, comme Nieves Garcia ? La femme de Dani ?! Elles arrivèrent alors devant un véhicule et entrèrent à l’intérieur. Ash tourna son visage vers la flic. « Tu connais Dani ? » demanda-t-elle instantanément. Ça se trouve elle ne faisait pas partie de la famille de Nieves, il y en avait pleins des Garcia mais bon, ça l’avait démangé cette question.

Elle réfléchissait à toute vitesse. Enfin, non. Elle ne prenait pas réellement le temps de réfléchir, de se poser pour penser aux conséquences de ses actes. Les mots se déversaient tous seuls d’entre ses lèvres tandis qu’elle sentait que son cerveau s’échauffait. Elle avait l’impression d’avoir aider des gens à fuir toute sa vie, mais c’était normal, après tout. Loïs connaissait les procédures d’intervention, les failles à exploiter dans le système. Avec le grade qu’elle avait, elle était plus haut placée que bon nombre des agents intervenants dans ce hangar, ce qui lui permettait de ne pas avoir à trop rendre de comptes. Si elle annonçait qu’elle partait avec une voiture de fonction pour réceptionner des gens un peu plus loin, qui allait lui dire de s’arrêter et de faire machine arrière parce qu’il y avait plus important ailleurs ? Personne. Ou en tout cas, elle ne concevait pas ce retournement de situation, ne prenait absolument pas en compte l’éventualité que cela puisse arriver. « Tu te rends compte que tu t’enfonces encore plus dans ta connerie ? Enfin bon. » lui glissait Ash, l’air de sous-entendre qu’elle était une imbécile, qu’elle n’avait pas à vouloir l’aider. Pourtant elle ne l’envoyait pas voir ailleurs, comme une façon d’admettre qu’elle avait besoin de Loïs. La lieutenante de police lui adressait un regard en coin tandis que sa mâchoire se serrait. « L’avantage, c’est qu’on est deux à faire des conneries. » Ash était célèbre, elle pouvait avoir ce qu’elle voulait en un claquement de doigts. La célébrité était devenue son quotidien, l’argent devait couler à flot, et pourtant, elle était là à s’investir dans des combats clandestins, mettant bien plus sa liberté en jeu que n’importe quel titre de championne. « Ouais, je te guiderais vers ma moto que j’ai garé à l’écart de l’entrepôt. » D’un signe de tête, la lieutenante de police acquiesça. Au moins, Ash avait eu la présence d’esprit de se garer à l’écart, ce qui leur permettrait d’accéder à sa moto sans avoir à croiser d’autres agents de la LAPD. Se servant de son talkie walkie, Loïs finit par prévenir ses collègues qu’elle prenait son véhicule pour s’éloigner – ainsi, personne ne s’inquiéterait ou les prendrait en filature. Alors qu’elle parlait à l’attention de ses collègues, les deux femmes montèrent dans la voiture et Loïs ne tarda pas à mettre le contact une fois la communication coupée. « Tu connais Dani ? » laissa échapper Ash d’une voix étonnée. Levant un sourcil, Loïs se tourna vers la combattante. « Dani Hawkins ? Bien sûr. C’est ma tante. » répondit-elle du tac au tac, parlant sous le coup de l’étonnement. Jamais elle ne se serait attendu à ce que cette femme, héroïne télévisée, plus une entité qu’une personne réelle, puisse connaître Dani. « Mais attends, comment t’as fait le lien ? » lâcha-t-elle en secouant la tête, se rendant compte de l’absurdité de la situation. Ça n’avait aucun sens. Loïs avait l’habitude de passer son temps chez Dani et Nieves en étant plus jeune. Elle s’était calée un millier de fois sur leur canapé pour regarder en direct les combats dans lesquels apparaissaient Ash, allant même jusqu’à les repasser plusieurs fois en replay. Et jamais Dani n’avait évoqué la possibilité qu’elle puisse connaître la combattante préférée de sa nièce. « Et comment tu connais Dani, surtout ? » Elle avait des centaines de questions à poser, tant elle était interloquée par cette information. Loïs était tellement surprise qu’elle envisageait qu’il s’agisse d’une simple coïncidence, qu’elles ne parlaient pas de la même Dani. Son attention était tellement concentrée sur cette étrangeté qu’elle ne faisait pas avancer la voiture, gardant son regard résolument ancré sur le visage d’Ash.

« L’avantage, c’est qu’on est deux à faire des conneries. » bon elle marquait un point. C’était vrai que les combats illégaux n’étaient pas franchement la meilleure idée qu’ait eu la polonaise. Cependant, cette connerie là n’engageait qu’elle. Alors que là, la flic se mouillait pour quelqu’un d’autre. Elle n’était pas obligée mais elle le faisait quand même et elle était persévérante en plus de ça. C’était plutôt ça que voulait insinuer Ash. Elle roula des yeux et finit par abdiquer tout de même. Lui disant qu’elle allait la guider vers sa moto garée à l’écart de l’entrepôt. Elle n’était pas sotte et elle avait ce mécanisme à chaque fois qu’elle partait pour faire ses combats clandestins. Afin de ne pas se faire pincer comme dans ce genre de situation par exemple. Au moins sur ça, elle avait tout de même réfléchi un peu sans vraiment imaginer qu’un jour ou l’autre ça allait lui arriver de ce retrouver dans ce pétrin. Elle suivit la lieutenant mais lorsque celle-ci avait annoncé son nom de famille au talkie-walkie, Ash ne put qu’être surprise. Une fois installée dans le véhicule, la blonde lui demanda directement si la flic connaissait Dani. « Dani Hawkins ? Bien sûr. C’est ma tante. » les pupilles de Ash ne cessèrent de la fixer. Ah ouais, d’accord. Fallait qu’elle tombe sur la nièce de Dani… Parfois le destin pouvait réserver de sacrées surprises. « Mais attends, comment t’as fait le lien ? » Ash resta stoïque un instant. « Et comment tu connais Dani, surtout ? » voilà la question qu’elle avait anticipé. C’était sûr que la flic allait la poser. « Je suis sortie avec Dani avant qu’elle soit avec Nieves. Mais elle reste mon amie, voir même ma meilleure amie maintenant. » dit-elle de but en blanc. Hé merde, Dani ne serait sûrement pas contente que sa nièce l’aide à s’enfuir d’un combat illégal. Surtout que cette dernière n’était pas vraiment fana de ce que faisait Ash en dehors du ring. Déjà que sa vie professionnelle avait été la raison de leur rupture à l’époque. Étant donné que Dani avait peur pour Ash. Elle allait encore ouvrir la bouche lorsqu’un agent toqua à la vitre côté conducteur. Ce qui fit que Ash tourna subitement sa tête pour ne pas qu’il voit son visage, rabaissant légèrement la visière de sa casquette. « Putain tu pouvais pas démarrer avant que ce genre de truc n’arrive. » murmura-t-elle entre ses dents à l’intention de la Garcia. Sûrement qu’il devait se demander ce qu’elles faisaient là à attendre au lieu de poursuivre en voiture les supposés fuyards.