Ça c'est une surprise. [Dakota & Lupita]

Depuis mon retour de l’armée j’avais un peu de mal à rester paisible plus de deux minutes. J’avais besoin de bouger, mais surtout, j’avais besoin de me changer les idées des événements auxquels j’avais dû faire face lorsque j’étais là-bas. Histoire de changer le mal de place je sortais assez souvent dans les bars du coin où je faisais également de belles rencontres, fille ou garçon. D’ailleurs ce soir-là n’en fit pas exception et même si l’alcool coulait dans mes veines, j’étais assez apte pour savoir que la fille qui se laissait aller au rythme de la musique contre moi était parfaitement mon genre. Je ne me gênais pas à mon tour pour poser mes mains sur ses hanches et bouger au même rythme qu’elle. La chanson n’avait même pas finis de jouer que nos lèvres étaient déjà soudées dans un long baiser auxquels nous ne voulions tout simplement pas mettre un terme. Son nom à la fille? Aucune idée, de toute façon rien ne nous garantissait qu’on allait se revoir. D’ailleurs au bout de quelques minutes c’est son amie qui vint la récupérer après qu’on eut échangé nos numéros puisqu’apparemment la jeune femme travaillait demain et son amie lui avait promis de pas la ramener trop tard… ou du moins c’est ce que j’avais cru comprendre avec tout le brouhaha de la pièce.

Encore une soirée. J’adore ça, je dois bien l’avouer. Même si mon job d’organisatrice de mariage est plaisant, j’aime revenir à mes premiers amours. Et la musique en fait partie. Mixer le soir, ça reste un de mes petits plaisirs. Je travaille ce soir, j’enchaîne les musiques, les mashups. Je ne fais jamais vraiment attention aux personnes présentes dans le bar, je les laisse profiter, danser, boire et s’amuser. Moi je m’amuse et je bois. Je danse aussi un peu.Mais je reste concentrée sur ce que je fais. Enfin ça, c’est jusqu’à ce que j’aperçoive une tête connue parmi les fêtards de ce soir. Je la vois, cette brunette. Et je ne la connais pas parce que j’ai couché avec elle cette fois ci. Non, c’est ma soeur. La plus grande de mes deux soeurs. Dans l’idée, ça n’est pas très étonnant qu’elle sorte s’amuser. Ce qui me fait tiquer le plus, c’est qu’elle se trémousse contre une fille. Oui, une fille. Ca aurait pu être une amie jusqu’à ce que je vois ce baiser. Définitivement non. Ca aurait été Nyx, j’aurai trouvé ça normal. Mais pas venant de Lupita. Alors je laisse mes platines à mon pote, qui me relève pendant mes pauses et lui dit qu’il risque de s’en occuper pendant un petit moment. Il est ravi mais ne comprend pas. Tant pis. Je m’approche de ma soeur et lui tape sur l’épaule. ” Hey Lou, t’es au courant que la personne à qui appartenait la bouche que tu dévorais a un vagin pas vrai ? “ Belle entrée en matière.

Maintenant que je me retrouvais toute seule sur la piste de danse je me demandais s’il valait pas mieux que je rentre me reposer un peu. Non pas que mon boulot était exigent en soi, mais histoire d’avoir une tête potable pour les clients qui viendrait prendre le petit dej demain matin. Je fu rapidement tiré de mes pensées lorsque j’entendis une voix familière résonner près de mon oreille. En tournant la tête je reconnu aussitôt ma sœur, Dakota. Putain. J’allais faire comme si de rien était, mais je restais figé par ses paroles qui confirmaient qu’elle n’avait rien manqué du spectacle.  « Je euh.. non c’est pas ça.. » Je passais une main maladroite dans mon cou en regardant un peu autour de moi comme si je cherchais un échappatoire – sauf qu’il n’y en avait pas.  « Puis qu’est-ce que tu fais ici toi? » Je savais bien que ma tentative de ramener le sujet sur elle ne risquait pas de fonctionner, mais au moins ça me donnait quelques secondes de répits. Mes sœurs ignoraient tout au sujet de mon histoire avec cette fille dans l’armée et je ne savais pas trop comment leur en parler non plus. J’ai tellement toujours eu les idées arrêtées au sujet de l’homosexualité et la bisexualité que ça risquait d’être difficile de défendre mon point cette fois.

Je rigole de la voir là. Je rigole surtout de l’avoir vu embrasser une fille. Ca m’étonne d’elle, ça c’est certain. Lupita est censée être hétéro et surtout elle m’a toujours reproché ma gaytittude. Donc là qu’elle se retrouve elle à partager sa salive avec une femme c’est surprenant. Et je ne me fais pas prier pour le lui faire remarquer d’ailleurs. Elle me voit, forcément et tente de se défiler. Oh pourtant elle me connaît, elle sait que ça ne sert strictement à rien ça. C’est pas ça qu’elle me dit. Ce qui me fit rire d’autant plus. ” Je bosse ici ce soir. “ Voilà ce que je fais ici moi. Mais ça ne répond pas à ma question pour autant. ” Et donc si ce n’est pas ça, tu m’expliques ce que faisait ta langue dans la bouche de cette nana ? Tu tentais de récupérer un truc qu’elle avait avalé de travers ? “ C’est ma grande soeur, la plus âgée de mes deux aînées d’ailleurs mais ça ne m’empêche pas de la taquiner comme si c’était elle la plus petite de nous trois. Elle sait que j’en démordrai pas. Que je ne la lâcherai pas tant qu’elle ne m’aura pas dit la vérité. Parce qu’elle semblait plutôt à l’aise quand même et l’autre ne l’a pas embrassé par surprise ou autre. Elle était clairement impliquée dans ce baiser.

Il faisait de plus en plus chaud et j’avais beau chercher une excuse valable pour expliquer ce qui venait de se passer un peu plus tôt, mais rien, rien qui convaincrait ma sœur. Elle qui m’avait toujours connu purement hétéro et acceptant plus ou moins les relations du même sexe, voilà qu’elle m’avait surprise à partager ma salive avec une autre. J’acquiesçais d’un signe de tête lorsqu’elle m’expliqua qu’elle bossait ici pour ce soir. Évidemment. Le baiser avait durer quelques secondes et il avait fallu que Dakota me remarque parmi la foule à ce moment précis. M’enfin, il fallait que je m’attende à ce que sa se sache un jour ou l’autre. Elle revint rapidement à la charge ne mâchant pas ses mots lorsqu’elle me demanda ce que ma langue faisait dans la bouche de l’autre fille. Je fuyais son regard quelques secondes, repoussant le plus possible le moment où j’allais devoir lui expliquer ce qui s’était passé lorsque j’étais allé dans l’armée. Ça impliquait de piler sur mon orgueil et je détestais ça, j’étais trop fière pour admettre que j’avais eu tort. « Te fou pas de moi. » lançais-je d’abord avant de venir croiser une nouvelle fois son regard. « C’est.. compliqué. Mais disons que pendant mon séjour dans l’armée ma mentalité a un peu changée. » Pas juste un peu si on considérait que j’avais moi-même eu une relation avec une fille, mais disons que je tentais de minimiser les réactions de ma sœur qui n’hésiterait pas de son côté à en rajouter. « Enfin.. je veux pas non plus te déranger pendant que tu travailles. » Elle allait surement devoir retourner s’y remettre, non? Puis ce serait une belle occasion pour m’éclipser par la suite! Pensais-je avec un brin d’espoir.

J’ai pas rêvé. Elle l’a embrassé. Ma soeur qui n’a pas cessé de nous faire des leçons de moral sur nos manières de vivre avec Nyx, galoche une nana. ” Te fou pas de moi. “ Oh que si je me fous d’elle. Parce que c’est bien plus drôle ainsi. Parce que c’est une situation totalement dingue. Et j’en profiterai le temps que ça durera. Je continue de la fixer du regard et la défie plus ou moins de me dire la vérité. Parce que je n’en démordrai pas. ” C’est.. compliqué. Mais disons que pendant mon séjour dans l’armée ma mentalité a un peu changée. “ Oh voilà quelque chose qui est intéressant et pas qu’un peu. ” C’est à dire ? “ Mais elle tente de m’échapper, elle tente de quitter cette conversation qui la met mal à l’aise. Oh comme je la comprends. Mais elle s’est mise toute seule dans cette situation tordue. ” Enfin.. je veux pas non plus te déranger pendant que tu travailles. “ J’éclate de rire avant d’agripper son bras. ” Pense pas pouvoir m’échapper comme ça toi. “ Oh ça, elle ne va pas me laisser sans réponses, hors de question. ” Allez viens prendre un verre. “ Je l’accompagne jusqu’au bar et commande deux verres, deux shooters pour que ça descende plus vite. Ca va peut être l’aider à se délier la langue même si dans certains cas elle n’en a pas besoin. ” Bon, raconte moi tout. Et pas de mensonges soeurette j’aime pas ça. “ Puis bon à quoi bon me mentir alors que je viens de voir visiblement la seule chose répréhensible - pour elle - que j’ai pu voir de toute sa vie.