i've got you under my skin. (cora)

Je sors mes jambes de la voiture, lisse les plis imaginaires de ma robe rouge, assortie à mon rouge à lèvres. Escarpins noirs aux pieds, sac à main en cuir beige, lunettes de soleil sur le nez et cheveux lâchés sur mes épaules. Oh ça, je le sais, j'ai bien le look de la côte californienne. Du moins de cette partie de la ville. Hollywood. Je soupire, première journée, du moins journée de reconnaissance. Amanda est chez mes parents, pourtant j'aurai bien eu besoin de ses sourires pour me motiver. J'appréhende, comme toujours. Mais ça ne doit pas se voir. Je dois me montrer forte, sûre de moi. Les lèvres pincées, je sors enfin de la voiture et claque la porte. C'est le moment, c'est parti. Les studios sont immenses et même si ceux en Italie sont conséquents, il faut bien avouer que ça na rien à voir avec ceux là. Je ne sais même pas en combien de kilomètres carré on peut le calculer tout ça. Déjà pour y entrer, j'ai du filer ma carte d'identité, au cas où. Au cas où de quoi, je ne sais pas. Mais je n'ai pas encore mon badge alors c'est avec un simple bout de plastique estampillé "visiteur" que j'entre dans la bâtisse. Les bureaux, le coeur de tout. Je n'ai pas vraiment de rendez vous, on m'a juste invitée à visiter mon futur lieu de travail. J'observe, je regarde. L'agitation y est présente. Je reconnais quelques acteurs de ci de là, mais je ne suis pas impressionnée pour autant. J'ai l'habitude. Ce ne sont pas des acteurs avec qui j'ai eu la chance de travailler mais bientôt j'espère. Mes lèvres laquées de rouge s'étirent en un fin sourire au fur et à mesure que j'avance. Mes talons résonnent, je ne passe pas inaperçu. Ce n'est pas bien grave, autant qu'on me remarque. On va me voir souvent par ici. J'avance toujours, j'observe toujours, je me fais remarquer toujours oui. Et puis je la vois. Je m'arrête, je me fige. Non, ce n'est pas possible, ça ne peut pas être elle. Cora Lorenzini. Non. Pas elle. Pas ici. Mes lunettes de soleil sont relevées sur ma tête me servant de serre tête. Et mes yeux eux, la fixe. Intensément. Quelqu'un vient me saluer mais je ne peux pas détacher mon regard d'elle. Rapidement, il comprend que mon intérêt est ailleurs et me souhaite une bonne journée. C'en est trop, je ne peux pas me laisser perturber de la sorte. J'avance vers elle, me fiche de la conversation qu'elle peut avoir. " Madame Lorenzini, puis-je vous parler un instant s'il vous plait ? En privé. " Mon ton est sec, cinglant presque malgré mon accent italien bien présent. J'ai les iris dirigés droit dans les siens. Je me retourne d'un coup, claquant à nouveau les talons sur le sol et me dirige vers une loge vide vu qu'aucun nom n'est apposé sur la porte. Parfait, il n'y a personne. Je souffle, j'entends ses pas qui me suivent. " Qu'est ce que tu fous ici ? " Dos à elle, je finis par lui faire face lorsque j'entends la porte qui se ferme.

Un éclat de rire trancha l'air. Cristallin mais en même temps bien audible. On pouvait décemment reconnaître la légère voix rauque à peine perceptible qui signait totalement la personnalité de ce rire. Les regards fusaient en direction de deux personnes dans les studios. Un grand homme immense qui était producteur de cinéma légendaire et à ses côtés, une femme qui lui arrivait jusqu'au torse mais qui en imposait tout autant. La célèbre agent Cora Lorenzini. L'italienne était venue rendre visite à son ami de longue date. Ils avaient déjà travaillé ensemble sur un film, Cora lui avait trouvé une actrice en or qui faisait les têtes d'affiches dans d'autres films en ce moment. Ça avait tout de suite collé entre eux. Lui, il était aussi chiant qu'elle ! A croire que l'italienne adorait s'entourer de personnes au tempérament bien apparent... Cette visite était aussi l'occasion pour Cora de pouvoir parler un peu de Eden, de toucher un ou deux mots sur elle. Elle voulait lui donner un petit coup de pouce pour son projet. C'était la moindre des choses et George était influent au sein de ce monde là. Cela faisait aussi plaisir de rendre les choses encore plus facile pour sa compagne. De toute façon, leur couple était en voie de guérison, il fallait continuer sur ce chemin là ! " Madame Lorenzini... " elle eut comme un raté. Son coeur avait cessé de battre pendant quelques secondes. Cette voix lui était familière. Comme un souvenir qui datait de huit années... Cora tourna son visage subitement. Elle était bien là. Devant elle. En train de lui parler. Avec son air de dragon qui l'engueulait déjà alors qu'elles venaient à peine de se revoir... Comme avant. "... puis-je vous parler un instant s'il vous plait ? En privé. " oui elle n'avait pas changé. Et Cora, elle, était complètement chamboulée, la regardant tourner les talons. George fut offusqué que la jeune femme l'ait coupé dans leur conversation. Il dit à Cora qu'il allait sortir cette femme de là pour qui elle se prenait ?! Cora stoppa George et lui dit que ce n'était rien, qu'elle allait gérer. Pas la peine de la sortir d'ici. Elle s’excusa auprès de lui, lui fit la bise et lui dit qu'elle lui téléphonera puis emboîta le pas de ce premier amour. Son cœur palpita de nouveau. Tellement vite, au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de la loge où elle était rentrée. C'était le moment. Elle entra à son tour et ferma la porte. " Qu'est ce que tu fous ici ? " Cora restait encore là contre la porte. Son iris ne la lâchait pas. Elle laissa le silence quelques secondes et essaya de sortir quelque chose « E... et toi ? Mais... » ouais elle essayait. Elle était sous le choc de la voir là devant elle après tant d'années. Elle parla en italien « Je te signale que je travaille dans ce milieu là, c'est normal que je sois là ! » rétorqua-t-elle, essayant de reprendre contenance. De toute façon avec Selena, c'était toujours combatif. Son cœur allait sortir de sa poitrine à force de tambouriner.

Je n'en reviens pas. Elle est là. Tel un fantôme du passé, elle est face à moi. Je ne peux pas faire comme ci je ne l'avais pas vu, je ne peux pas l'ignorer. Et en fait je ne le veux pas. Y'a trop de passif, trop de rancoeur, trop de non dit. Je sais que c'est moi qui ait mis fin à notre relation mais c'était de sa faute. Et maintenant, on se retrouve là, quelques années plus tard et je me sens encore totalement happée par son regard, par ses courbes, par tout ce qui fait que Cora est elle. Je n'ai jamais été attirée par les femmes, il n'y a eu qu'elle. Ca n'a toujours été qu'elle. C'est peut être ça qui me dérange le plus. De cette emprise qu'elle a sur moi, ce pouvoir qu'elle tient encore. Ma vie entre ses mains. Alors oui, je demande à lui parler, j'en ai besoin, c'est juste viscéral comme idée. J'entre dans cette loge, lui fait face, la toise. " E... et toi ? Mais... " Je me retiens de rire. C'est nerveux vraiment. La voir déstabilisée c'est grisant. Mais mon coeur loupe un battement quand elle reprend en italien. Bordel que cette langue est envoûtante dans sa bouche. " Je te signale que je travaille dans ce milieu là, c'est normal que je sois là ! " Evidemment, des excuses. On va dire que ça passe. Je dépose mes lunettes dans mon sac à main et replace mes cheveux derrière mes oreilles. " Ouais enfin c'est pas le seul studio au monde. " Non, clairement pas. Los Angeles est peut être le berceau du cinéma mais je ne pensais pas la croiser par ici. Je sais qu'elle a vécu aux Etats-Unis, lorsqu'on parlait. C'est juste déroutant. Nos univers se percutent, nos vies. Ma vie s'effrite. Mes certitudes également. Pourtant, je tente de ne rien laisser paraître. Je ne dois pas lui montrer le pouvoir qu'elle a encore sur moi même si la seule envie que j'ai actuellement c'est de foncer sur elle pour l'embrasser. " Je travaille ici également. Réalisatrice, comme quoi... " Je laisse échapper un rire. Il n'est pas nerveux celui là, il est sarcastique. " Bordel, faut qu'on se retrouve à bosser au même endroit. C'est une blague putain, c'est pas possible. " Le destin a un humour de merde, c'est définitif. " T'es là depuis longtemps ? C'est ici que tu es venue te réfugier après m'avoir brisé le coeur ? "

Son regard restait fixé sur ses pupilles émeraudes. Puis détailla le moindre trait de son visage. Le redécouvrant une nouvelle fois sans pour autant l'avoir oublié. L'italienne la trouvait toujours autant sublime qu'autre fois. Cette attraction que Selena exerçait sur elle revint subitement à la surface. Tapie au fond d'elle. Cora pensait que les sentiments qu'elle éprouvait pour son premier amour s'étaient tout simplement envolés depuis des années. Cependant, elle ne pouvait nier qu'à ce moment précis, elle était complètement chamboulée par sa soudaine apparition. Elle restait toujours contre la porte. Ne se remettant toujours pas que Selena soit devant elle. Cependant, Cora essayait de ne pas le faire paraître. Reprenant contenance en parlant dans sa langue natale. " Ouais enfin c'est pas le seul studio au monde. " Cora roula des yeux. Comme si c'était de sa faute si elle se retrouvait dans les studios de LA ! Et qu'elle était maintenant face à elle ! Non mais vraiment ! Bordel. Selena éveillait en elle cette sensation de faire un tir à la corde et ça sera la première qui flanchera qui aura gagné ! Comme avant. Son regard se fit plus intense, ancré dans son iris. " Je travaille ici également. Réalisatrice, comme quoi... " ah oui. Réalisatrice, rien que ça. Effectivement, elles allaient pas mal se fréquenter dans ce milieu. Ou du moins, elles allaient pas mal se voir. Merde. Son palpitant dégringola encore plus. " Bordel, faut qu'on se retrouve à bosser au même endroit. C'est une blague putain, c'est pas possible. T'es là depuis longtemps ? C'est ici que tu es venue te réfugier après m'avoir brisé le cœur ? " Quoi ? Cora fronça les sourcils puis se décolla de la porte, faisant un pas vers elle. Continuant à lui parler en italien. « Attends tu crois que ça me fait plaisir aussi de te voir ?! Tu crois que je n'ai pas eu le cœur brisé lorsque tu m'as demandé de partir ?!? » plus elle approchait de Selena, plus cette attraction se fit de plus en plus fiévreuse. « C'est bien joli de me foutre tout sur le dos...  » se stoppant lorsqu'elle se retrouva à quelques pas de son corps. De ses courbes tentatrices, de sa présence ensorcelante, d'elle tout simplement. Merde. « ... mais tu savais très bien avec qui tu étais ! Je n'ai jamais caché la conception que j'avais du couple ! Alors ne me renvoies pas tout sur la gueule !!! » elle reprit son souffle, son ton était sec mais en même temps empli de rage aussi. Car oui, effectivement leur histoire n'était pas du tout simple. Elle savait que Lena lui en voulait mais elle avait toujours été honnête avec elle et n'était jamais partie voir ailleurs malgré qu'elle aurait pu. Et elle savait que Lena avait du mal à la croire sur ça. Cora aussi avait essayé de la rassurer tant qu'elle pouvait. Cependant, leur relation était ainsi. Faite d'embûches dès le départ.  Et encore plus maintenant alors que Cora était avec Eden. Bordel.

Je n’arrive plus à savoir dans quel état je me retrouve. Si je suis heureuse ou non. Si je suis en colère ou non. J’ai l’impression qu’une multitude de sentiments se télescopent dans ma tête. La situation est risible. Putain de risible même. Il faut que je me retrouve à bosser au même endroit qu’elle. Dans le monde entier. Dans la même ville. Dans le même studio. Dans le même domaine. Bon, le domaine je le savais. Vu que je connaissais son métier de base. Mais en attendant, tout le reste n’est qu’une putain de surprise assez dérangeante. “ Attends tu crois que ça me fait plaisir aussi de te voir ?! Tu crois que je n'ai pas eu le cœur brisé lorsque tu m'as demandé de partir ?!? “ Je me crispe. Non, je ne pense pas qu’elle l’ait eu. C’est peut être une réaction enfantine, mais pour moi, j’étais la seule à souffrir dans l’histoire. Elle se rapproche, je me fige. Crispée et figée. Quel beau tableau que voilà. " C'est bien joli de me foutre tout sur le dos... " Ouais c’est le cas. Je grimace. " ... mais tu savais très bien avec qui tu étais ! Je n'ai jamais caché la conception que j'avais du couple ! Alors ne me renvoies pas tout sur la gueule !!! " Ouais, ça je le savais, mais ça n’excuse en rien le fait que j’ai été blessée. Je croise les bras sur ma poitrine, je sens mes ongles qui s’enfoncent dans mes avants bras. Je me retiens de hurler, c’est franchement pas facile. La mâchoire serrée, je prends une profonde inspiration. ” Excuse moi d’avoir été assez conne pour penser que tu tenais suffisamment à moi pour revoir tes principes hein. “ Mon ton est cinglant et comme à chaque fois que je m’énerve, je parle en italien. C’est plus facile. Mes mains ainsi bloquée, ça m’empêche de parler ouvertement, de faire ces gestes qui caractérisent et sont un putain de stéréotype sur les italiens. ” Tu comptais vraiment continuer comme ça jusqu’à quand ? Que j’aurai patienter encore et encore jusqu’à me retrouver un beau matin seule parce que t’aurais trouvé mieux ailleurs ? C’est ça ? Non, c’est sur on a pas la même définition du couple mais je ne te demandais pas de m’épouser non plus. Juste d’être là comme une nana en couple. J’avais l’impression d’être plus un plan cul qu’autre chose. “ Depuis que je l’ai quitté, j’ai eu largement le temps de retourner encore et encore la situation dans ma tête. J’ai peut être fini par me faire des idées fausses ou avoir légèrement modifié la réalité pour ne plus souffrir. Me dire que le problème ne venait pas de moi. Et c’est ma fierté qui parle plus que tout le reste.

Pourquoi elle s’était rapprochée ? Parce que là, c’était encore plus rude. Tout ses muscles étaient tendus. Selena lui faisait encore tellement d’effets tout compte fait. Elle ne s’attendait pas à ce chamboulement là. Elle pensait que tout les sentiments qu’elle avait pu éprouver pour elle étaient bels et bien partis d’elle. Cependant, tout son être prouvait le contraire. Sinon, elle n’aurait peut-être pas été si véhémente que maintenant. Peut-être qu’elle aurait été plus pragmatique. Non mais quelle foutaise ! Bien sûr que non comment pouvait-elle l’être face à son premier amour ?! C’était complètement puéril de penser à ça ne serait-ce qu’une seconde ! Qui n’aurait pas été aussi tendu face à la première personne qui avait fait battre votre cœur ? Et puis ce n’était pas comme si leur histoire était simple non plus. Du coup, elle aussi rageait. Comme si leur histoire n’avait pas connu de fin tout compte fait car là, elles réglaient clairement leurs comptes. Cependant, malgré cette tension, Cora ne pouvait décemment pas nier que Lena la subjuguait toujours autant. L’animant entièrement. Bordel. ” Excuse moi d’avoir été assez conne pour penser que tu tenais suffisamment à moi pour revoir tes principes hein. “ arf ça, ça faisait mal tiens. Elle sentait la pointe du couteau s’appuyer doucement sur la surface de son organe vitale. ” Tu comptais vraiment continuer comme ça jusqu’à quand ? Que j’aurai patienter encore et encore jusqu’à me retrouver un beau matin seule parce que t’aurais trouvé mieux ailleurs ? C’est ça ? Non, c’est sur on a pas la même définition du couple mais je ne te demandais pas de m’épouser non plus. Juste d’être là comme une nana en couple. J’avais l’impression d’être plus un plan cul qu’autre chose. “ et cette pointe qui s’engouffrait encore plus dedans, plus profondément, déchiquetant la surface lisse jusqu’à presque lui couper le souffle. Elle entrouvrit les lèvres. « Comment tu peux oser me dire ça ? » Elle fronça les sourcils. Dans son iris le chagrin se reflétait, coléreux, se plantant droit dans le sien. « J’ai passé mon temps à te rassurer tout le temps quand je rentrais de voyage ! Je ne suis jamais allée voir ailleurs alors que oui j’aurais très bien pu ! Je t’ai montré combien tu comptais pour moi ! » sa voix se cassa légèrement. Non, elles étaient deux, ce n’était pas que de sa faute ! Et sa fierté jouait beaucoup aussi. « Tu m’as demandé de partir au moment d’une dispute et je l’ai fait parce que j’en ai eu marre d’avoir toujours eu à me justifier que je ne suis pas allée voir ailleurs !! » De dehors on pouvait bien entendre qu’il ne valait mieux pas rentrer dans cette loge. En plus, en parlant en italien comme ça, ça impressionnait ceux qui passaient juste devant la porte, fuyant à tout prix l'endroit parsemé de mines.

Elle m’agace, bordel qu’elle m’agace. J’en peux plus de tout ça, j’en peux plus de cette discussion. Je sais que c’est moi qui l’ai provoqué, je sais que c’est moi qui suis allée la chercher. Mais ça n’empêche que la je suis fatiguée, épuisée et qu’elle me fout les nerfs en pelote. Mes mots sortent sans que je ne les contrôle. Je l’accable de tous les maux, mes maux. Mais je ne peux pas faire autrement. Ca fait trop longtemps que je garde tout ça enfoui en moi. Ca fait trop longtemps que ma tristesse, ma colère et mon désarroi ne se percutent dans ma tête et m’empêchent d’avancer. J’ai enfin l’occasion de mettre les choses à plat. Je peux enfin lui dire tout ce que je ressens. Mais le principe d’une conversation, c’est évidemment qu’on me réponde. Et elle le fait bien sur, je n’en attendais pas moins d’elle. ” Comment tu peux oser me dire ça ? J’ai passé mon temps à te rassurer tout le temps quand je rentrais de voyage ! Je ne suis jamais allée voir ailleurs alors que oui j’aurais très bien pu ! Je t’ai montré combien tu comptais pour moi ! “ Je sais qu’elle n’est jamais allée voir ailleurs, là est pas le soucis. Enfin pour moi c’était pas ça pour le coup. Pourtant elle semble le comprendre de la sorte. Parce qu’elle continue. ” Tu m’as demandé de partir au moment d’une dispute et je l’ai fait parce que j’en ai eu marre d’avoir toujours eu à me justifier que je ne suis pas allée voir ailleurs !! “ Je souris, c’est un réflexe, un tic nerveux. Un putain de tic nerveux. ” Je ne t’ai jamais accusée d’être allée voir ailleurs. C’est pas ça le soucis. “ Non, clairement pas. ” Mais c’est tout le reste. Au final tu vois, je crois que j’aurai préféré que tu me trompes. Parce que j’aurai su comme ça que le problème venait de moi. “ Y’a une logique derrière tout ça. Même si je suis peut être la seule à pouvoir la déceler ayant eu le temps de me faire à l’idée. ” De toute façon tout est dit. T’es pas faite pour l’engagement alors que moi oui. On avait rien à faire ensemble, j’aurai du le comprendre bien plus tôt. Être un vrai plan cul, sans attaches, sans sentiments, voilà ce qu’on aurait du faire. “ Pourtant je sais que ce n’est pas ce que je voulais. Ni maintenant, ni à l’époque. Je ne peux pas oublier ces moments qu’on a passé toutes les deux. Mais vu qu’y repenser ça fait mal maintenant, à quoi bon finalement.

Pourquoi maintenant ? Alors que tout commençait à aller mieux entre Eden et elle. Pourquoi le destin voulait encore lui faire passer des épreuves ? Elle n’avait pas besoin de ça. C’était déjà assez difficile comme ça au sein de son couple qui se retrouve tout juste… Et puis les mots de Lena étaient durs à encaisser. On dirait que la cicatrice qu’elle lui avait laissé au coeur s’était ré ouverte soudainement. Lui faisant ressentir une douleur qu’elle pensait avoir oublié depuis des années. Du moins, depuis qu’elle avait refait sa vie avec Eden. Mais non. Elle se tenait là debout face à elle et Lena avait toujours ce magnétisme sur elle. Même si ses mots la blessaient profondément. Bien sûr que l’italienne répondit. Cora ne pouvait rester impassible face à son premier amour qui lui crachait tout son venin. Toute la haine qu’elle avait contre elle. Et ça allait loin. Non, Cora ne comprenait pas pourquoi elle lui jetait la pierre sur l’échec de leur histoire passée. Elle qui lui avait dit quelle genre de femme elle était. Elle qui avait été honnête sur ses sentiments envers elle même si l’engagement à cette époque n’était vraiment pas son idéal dans une relation amoureuse. Et pourtant, elle s’était engagée avec elle. Son coeur du moins. C’était pour ça aussi qu’elle lui disait encore qu’elle ne l’avait pas trompé. En vérité, ce qu’elle lui reprochait vraiment c’était le manque de confiance qu’elle avait en elle et aussi le fait qu’elle ne comprenait pas que son boulot était tout de même sa réussite. Et qu’il fallait l’accepter telle qu’elle était. Discussion de sourd puisque Cora n’entendait pas vraiment ce que lui reprochait Lena en même temps. ” Je ne t’ai jamais accusée d’être allée voir ailleurs. C’est pas ça le soucis. “ Cora sourcilla. Comme si ça n’avait pas été des sources de disputes constantes lorsqu’elle revenait de voyage.  ” Mais c’est tout le reste. Au final tu vois, je crois que j’aurai préféré que tu me trompes. Parce que j’aurai su comme ça que le problème venait de moi. “ Quoi ? Mais bon sang !! Qu’est-ce qu’elle disait comme connerie là ?! ” De toute façon tout est dit. T’es pas faite pour l’engagement alors que moi oui. On avait rien à faire ensemble, j’aurai du le comprendre bien plus tôt. Être un vrai plan cul, sans attaches, sans sentiments, voilà ce qu’on aurait du faire. “ Son cœur se serra de plus en plus. Son iris s’émut légèrement. Elle ne pouvait pas dire ça. C’était… Son corps se rapprocha d’elle, grignotant ces quelques centimètres de distances qui les séparaient, sa main droite vint se nicher dans son cou et ses lèvres se posèrent contre les siennes. Un élan de spontanéité. Cora voulait qu’elle se taise. Elle voulait qu’elle arrête de dire que leur histoire n’était qu’une mascarade. Car ce n’en était pas une pour elle. C’était la première fois qu’elle avait aimé profondément et viscéralement une personne. Ce n’était pas une histoire où on pouvait cracher dessus et la piétiner en mille morceaux comme elle venait de le faire. Son baiser devint intense. Redécouvrant des saveurs du passé qu’elle avait tant aimé. Les lèvres de Lena voluptueuses et enivrantes, comme dans ses souvenirs. Puis elle se stoppa soudainement. Se rendant compte de ce qu’elle était en train de faire. L’image de Eden vint se fracasser dans ses pensées comme un verre qui éclate sur le sol. Merde ! Elle se dégagea de ce premier amour qui la rendait encore folle malgré tant d’années de séparations. Elle lui montra son dos. « Je dois y aller. » lui dit-elle en italien. Elle ne pouvait pas lui expliquer clairement pourquoi elle avait fait ça. C’était pour lui montrer combien ses sentiments avaient été forts ? Mais pourquoi elle lui dirait ça alors qu’elle était folle amoureuse de Eden ? Merde. D’ailleurs elle ne lui laissa même pas le temps de rétorquer qu’elle passa la porte de la loge, disparaissant à nouveau des pupilles de Lena.