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Ok, bon, c’est peut-être une idée folle, sans doute, comme tout ce qui me traverse l’esprit quand on y pense d’ailleurs, mais je sais pas pourquoi le destin veut me faire entrer dans cette école de chiens guides d’aveugles. J’en ai croisé un hier et ça m’a bouleversée, faut que je me calme avec ce petit coeur tout mou qui bat si fort dans ma poitrine. Je crois que les filles vont être folles à l’appart si je ramène un chien, mais merde, c’est pour une bonne action, j’ai besoin de me sentir utile, et puis ça veut dire aussi qu’on va le garder que sur une courte durée. Je sais pas combien de temps, mais je voudrais juste être famille d’accueil. J’ai toujours adoré les chiens, jamais pu en avoir, et merde, maintenant je suis assez mature - je crois - pour pouvoir m’occuper d’un chien. Donc je pense que c’est le moment.

Doucement je pousse la porte de l’école, évidemment, j’ai pas choisi la journée porte ouverte, je suis arrivée deux jours trop tard. Si j’avais eu mon illumination plus tôt aussi, ça aurait été plus simple. Mais au lieu de ça, j’entre dans un lieu que je ne connais pas, et l’inconnu, ça fait toujours un peu flipper. Je me racle la gorge, et m’adresse à la première personne que je croise. « Bonjour, je viens pour quelques renseignements et je… » « Adressez-vous à la jeune femme là bas, j’ai pas le temps. » Génial l’accueil. Je suis à deux doigts de faire demi-tour. Ces gens sont censés être bienveillants, là pour aider les malvoyants. Et bah nan. Je grogne un peu et hésite, puis finalement je m’avance vers la jeune femme en question. Le chien blanc à ses pieds me sent direct et je tends la main vers lui pour qu’il me sente, avant de m’adresser à celle que j’imagine être sa maîtresse. « Bonjour ! » Elle se retourne et je découvre son visage angélique, ses traits fins et juvéniles. Un sourire étire mes lèvres, légèrement. Je suis heureuse d’être tombée sur cette jolie rouquine au teint pâle. Ses yeux se calent sur le son de ma voix et je comprends en une fraction de seconde qu’elle ne me voit pas. « La vieille bique de l’accueil m’a envoyée vers toi, je voulais quelques renseignements, mais je voudrais pas te déranger… » Le tutoiement est venu naturellement, après tout, elle doit être un peu plus jeune que moi, ça me semblait logique. Je profite qu’elle ne puisse pas me voir pour détailler son visage grâcieux, elle est vraiment magnifique.

A mesure que je m’adresse à elle, je me rends compte qu’un sourire adorable prend place sur ses jolies lèvres bien dessinées. « Bonjour ! Susan peut-être un peu brut parfois, désolée si elle vous…t’as mis mal à l’aise, certaines personnes sont un peu débordée en ce moment ici. Mais ne t’inquiète pas, je suis à ta disposition, pour n’importe quoi. » Ouh… à ma disposition pour n’importe quoi ? Intéressant. Ok non, Zelda on se calme, elle est jeune, toute jeune, et… et quoi ? Comme si ça m’avait déjà dérangé auparavant. Je secoue un peu la tête pour chasser ces pensées de ma tête et m’apprête à lui répondre quand l’adorable chien blanc vient réclamer des caresses. « Apparemment Atlas aussi est à ta disposition. » Mon rire se mêle naturellement au sien et ma main dans les poils du gentil chien, je lui gratouille l’arrière des oreilles, ce qui semble lui plaire. « Je crois que j’ai le chien dans la poche, c’est déjà un bon point ! » Mais déjà un bon point pour quoi ? Pour arriver à conquérir le coeur de sa maîtresse ? Ok Zelda on arrête là les frais. Je soupire un peu pour moi même avant de reprendre la parole. « En fait, j’avais envie de faire une bonne action, j’adore les chiens mais j’ai jamais pu en avoir. Et je me suis dit qu’être une famille d’accueil pour un petit chien d’amour, ça pourrait être un bon début. » Je hausse les épaules et baisse les yeux sur le chien que je continue de gratouiller. « J’ai pas mal de temps pour m’en occuper, mais je sais pas du tout si y’a des trucs à savoir, des aptitudes à avoir, des critères… » Je fais une petite moue et redresse mon regard sur la rouquine aux yeux bleus. Je ne sais pas si elle est aveugle depuis longtemps mais une chose est sûre, elle ne semble pas mal porter son handicap, vu son sourire éclatant. Je suis presque paralysée par son aisance, ce qu’elle dégage, elle me fascine, me transporte. Je la trouve magnifique mais plus encore que ça, elle a un charisme de dingue. Même pas certaine qu’elle en soit consciente d’ailleurs.

Je crois que je marque un point auprès de la jolie rouquine à l’instant même où elle comprend que son chien m’a déjà adoptée. N’allons pas trop vite dans les sous entendus, je ne suis là que pour avoir des renseignements. D’ailleurs, je ne tarde pas à lui expliquer la raison de ma venue. Je ne suis peut-être pas la meilleure personne qui soit au niveau stabilité pour avoir un chien, mais ça, je le garde pour moi. Elle n’a pas besoin de le savoir, et en plus de ça, ce nouvel arrivant pourrait bien me faire changer mes habitudes, ce qui ne serait pas un mal quand on y pense. « Si tu as réussis à passer l’épreuve d’Atlas, je me dois de t’accorder un entretien, mais ne restons pas au milieu de la voie, on peut s’asseoir un peu plus loin. » Je hoche la tête machinalement, même si je me rends compte que ça sert vraiment à rien et que je suis conne de faire des gestes puisqu’elle ne peut pas les voir. Les habitudes.

Nous prenons place un peu plus loin sur un banc, et je la laisse me parler de ce qu’elle doit me parler, me mettre en garde, j’imagine, et m’expliquer la marche à suivre pour faire une adoption de ce type, les risques que ça comporte etc… Je suis très attentive, enfin j’essaie, un peu perturbée par le fait qu’elle me regarde sans me regarder. Mais en même temps, j’ai le plaisir de pouvoir l’observer, regarder chacun des traits de son visage sans qu’elle n’ait l’impression que je suis du genre bizarre. « Et le plus important, lui fournir plein d’amour, ces chiots ne sont peut-être plus allaités avec leur mère, mais ils demandent beaucoup de temps et d’attention. » Je souris en la regardant caresser son chien, qui vient réclamer des câlins de mon côté désormais. « Oui, comme n’importe quel animal d’ailleurs. C’est pas une décision à prendre à la légère. » Sauf que moi, je suis pas non plus le genre de fille super réfléchie. Mais cette fois, j’aimerai faire les choses bien. « Il faut comprendre que s’occuper d’un chiot pendant une dizaine de mois est pas seulement compliqué à cause des besoins de l’animal, mais aussi pour quand il devra partir. Tu vas t’attacher à lui et tu ne pourras pas le garder, ça peut être très dur si tu n’es pas prête, s’occuper d’un chien qui plus tard améliorera la vie d’un aveugle est admirable. Mais cela ne vaut pas le coup si cela te rend malheureuse après, mais si tu es toujours partante, je serais heureuse de t’aider à faire cette formidable bonne action. » L’air très sérieux de la jeune femme sur toute cette dernière tirade me compresse un peu la cage thoracique. C’est vrai que ces boules de poil, on s’y attache, et ça risque d’être forcément dur plus tard de devoir m’en séparer. « Je crois que j’ai envie d’essayer. J’y pense depuis quelques temps et je crois que c’est le moment pour moi, être responsable d’une petite boule d’amour comme ça… » Je gratouille les oreilles d’Atlas en souriant. « Et puis qui sait, peut-être que je pourrai garder contact avec le futur propriétaire du chien, pour voir le chien de temps en temps une fois qu’il aura été réadopté ? C’est possible ça ? »

Je me sens le besoin de poser des questions, après tout, je suis là pour ça, et qui de mieux que cette jolie demoiselle pour répondre à mes questions. Je ne dis pas que quelqu’un qui ne serait pas aveugle n’aurait pas été à même de me renseigner, mais je me dis que elle, avec son chien guide, elle sait mieux que quiconque de quoi elle parle. La voilà qui répond à ma question, assez vaguement puisqu’elle est incapable de me dire précisément ce que réserve l’avenir, et c’est entièrement logique quand on y pense. Tous les êtres humains sont différents, et il est normal qu’on ne puisse pas prévoir si le propriétaire du chien me laissera ou non voir cette boule de poil que j’aurai éduqué pour lui. Je parle au futur parce que je crois que ma décision est déjà prise. « Je comprends oui, on verra bien alors ! » J’espère seulement que j’aurai un peu de chance à ce propos, mais je fais confiance en la vie, jusqu’à présent, elle ne m’a pas trop déçue. « Sinon nous avons aussi d’autres offres, tu pourrais être maison de retraite d’accueil, gérer un vieux chien dont le propriétaire ne peut pas s’occuper. C’est gratifiant, mais ça peut être dur aussi à cause de la fin de vie, j’avoue que s’occuper d’un chien est plus glamour. » J’ai un petit mouvement de recul mais heureusement elle ne peut pas le voir. Je secoue la tête vivement. « Non non, enfin j’adore les chiens, même vieux, mais je préfère encore me séparer d’un chien en bonne santé plutôt que d’avoir à vivre la mort d’un chien que j’aurai aimé. » Je soupire un peu et hausse les épaules. « Après tout, c’est plus facile de se séparer d’un chien en sachant qu’il aura une autre vie avec un autre propriétaire, plutôt que de le voir mourir. Enfin, c’est ma vision des choses… » Je ne remarque que trop tard que mon terme employé pourrait être un peu maladroit. Mais après tout, je suis maladroite.

Elle me rassure quant au fait que je ne serai pas seule, elle m’explique que je peux rencontre d’autres familles d’accueil, que je peux poser toutes les questions que je veux, et je souris, même si c’est frustrant qu’elle ne puisse pas voir. « tu ne seras pas seule, je m’en assurerais personnellement. » « C’est gentil… » Je continue de gratouiller Atlas et lorsqu’elle veut en faire de même nos mains se frôlent et je retire immédiatement la mienne, un peu gênée. « Pardon, il est tellement doux qu’on a envie de le caresser pendant des heures. » Je ris un peu avant de reprendre. « Merci en tout cas, enfin, d’être aussi disponible tout ça. Je crois que ma décision est prise. Tu sais s’il y a un délai ? Je dois faire quoi avant de pouvoir accueillir un petit bébé d’amour ? » Je crois que je suis même impatiente.

Je vois bien qu’elle est gênée par ce contact impromptu, et ses joues rougissantes en sont la preuve. Elle est vraiment trop mignonne. « Aucun problème, ce n'est qu'un contact, je pense être assez dur à cuir pour survivre, mais attention, Atlas est un vrai piège à papouille, tu pourrais ne plus te passer de lui après. » Je ris à nouveau et continue de gratouiller les poils du chien, mon regard alternant entre ce dernier et le visage angélique de la jeune femme se trouvant face à moi. « Tout le plaisir est pour moi, tu sembles gentille et motivée et tu dois sûrement être un délice à côtoyer, c'est important pour moi, donc je te serais disponible autant qu'il le faudra. » J’arque un sourcil face à l’aveu de la jeune femme, ou plutôt les mots qu’elle emploie. Un délice à côtoyer hum ? « Merci beaucoup, je compte bien en profiter ! » J’entre dans ce petit jeu de séduction, que c’en soit un ou non, ça m’amuse plus qu’autre chose. Je ne peux pas le contrôler, je suis comme ça. « Tout d’abord tu devras remplir un formulaire, qu’on sache qui tu es, puis on regardera si tu n’es pas ficher pour maltraitance sur animaux ou quelque chose dans ce genre. Si ton profil correspond à nos attentes, on te rappellera et tu pourras venir chercher un des chiots, ensuite tu resteras en contact avec le centre, rien de bien plus compliquer. D’ailleurs, je m’appelle Noa, comme ça tu sais, plus pratique. » Mauvaise habitude de hocher la tête pour tout et n’importe quoi avant de répondre. Je crois que c’est un réflexe humain. Bref, je souris et lui réponds sans tarder. « Ça va, j’ai pas peur que vous découvriez des trucs glauques à mon propos, je suis blanche comme neige ! » Oui enfin, à ce propos, comme je dis si bien. Mais bon j’ai pas de casier ni même d’antécédents graves alors bon. « Oui, Noa, j’avais retenu, c’est un joli prénom. Et pour rimer, le mien c’est Zelda ! » Je ris un peu de mon petit rire enfantin et retire ma main du chien avant qu’il ne me lèche tout l’avant bras. « Alors je te laisse me guider vers le formulaire que je dois remplir ? » Je me lève et la laisse en faire de même. Studieuse, je remplis le formulaire et j’entends que quelqu’un a besoin de Noa. Je relève les yeux vers elle et elle semble hésiter à y aller, sans doute pour rester avec moi. Je trouve ça trop mignon. « Je laisse mon numéro sur le formulaire. Si tu veux le récupérer, ça me ferait plaisir que ce soit toi qui m’appelle pour me dire quand je peux revenir chercher un chiot ! » Je viens poser naturellement ma main sur son bras et m’approche doucement pour lui offrir une étreinte amicale et chaleureuse. « Merci en tout cas, et à bientôt Noa ! » Je la laisse repartir en soupirant un peu, finis de remplir le formulaire et rentre chez moi, tentant au maximum de garder pour moi ce secret de manière à garder la surprise pour mes amies et colocataires.